CONCLUSION GENERALE ET SUGGESTIONS
En intitulant notre sujet de mémoire : «
Presse et organe de régulation au Burundi. Une analyse critique
de la relation entre la RPA et le CNC », nous avons
été attirés par l'importance des médias dans une
démocratie pluraliste et la situation de conflit qui prévaut
actuellement dans le paysage médiatique burundais entre les
médias privés et l'instance de régulation.
C'est au 21ème siècle que
l'importance de la presse s'est accrue. « Elle sert ou dessert le
pouvoir suivant qu'elle est pour ou contre lui, fait des critiques sur les
problèmes économiques, sociaux et politiques. C'est pourquoi
d'aucuns affirment que la presse est devenue le quatrième pouvoir
».140
Les médias en général constituent un
facteur de mobilisation des masses, de motivation des individus, de
consolidation des changements sociaux et de réduction des distances
géographiques, sociales et culturelles.
Ils sont indispensables dans la communication politique.
Ainsi, les dirigeants politiques passent par eux pour faire connaître
leurs activités et défendre leur cause. Quand un citoyen est
informé, il peut s'acquitter convenablement de ses devoirs.
La radio est le média le plus écouté au
Burundi. C'est un outil d'information utilisé par la population. Par sa
mission d'informer, de former et d'éduquer la population, la radio joue
un grand rôle dans la promotion de la paix, de la démocratie et
des droits de l'homme. C'est un outil de communication accessible à un
large public qui contribue à la transformation de la
société burundaise.
En travaillant sur « la presse et organe de
régulation au Burundi. Contribution à une analyse critique de la
relation entre la RPA et le CNC », nous avons voulu
vérifier si le paysage médiatique burundais favorise l'exercice
de la liberté de la presse. Le constat montre que, malgré son
importance, la presse entre souvent en désaccord avec le pouvoir en
place. Ce qui explique les difficultés d'exercer véritablement
ses diverses missions sociales tant qu'est suspendue l'épée de
Damoclès sur la tête de chaque journaliste. Ainsi, maintenir la
législation liberticide actuelle prêterait d'une part à
l'arbitraire des juges soumis aux
140 I. OLENGA LUMBAHE, Dépénalisation des
délits de Presse en République Démocratique du Congo :
analyse de l'action de journaliste en danger (JED). Approche sociologique
du droit de l'information, Mémoire de Licence, IFASIC, 2010.
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injonctions permanentes des pouvoirs politiques et, d'autre
part à une autocensure excessive des journalistes, par crainte des
sanctions et représailles des forces politiques.
Par contre, on peut se poser la question suivante : comment
les radios privées peuvent- elles contribuer à l'instauration de
la culture, de la bonne gouvernance au Burundi si toute imputation des faits
précis, même vrais, peut, à tout moment, conduire le
journaliste en prison pour « imputation dommageable » ou «
diffamation » ?
Pour débattre provisoirement de cette question, nous
avons postulé les deux hypothèses ci-après :
- Le conflit observé ces derniers temps entre le
Conseil National de la Communication et la Radio Publique Africaine, est
dû d'une part à l'usage abusif de la liberté de la presse,
d'autre part à la volonté manifeste de l'enfreindre.
- La solution à cette situation de conflit passe
par la régulation de la liberté de la presse dans le strict
respect par le CNC et la RPA des textes de régulation en
vigueur.
Pour débattre de la question de recherche et
évaluer les hypothèses de ce travail, nous avons subdivisé
celui-ci en trois chapitres dont voici les grandes articulations :
Le chapitre premier a concerné les supports conceptuels
et Théorique. Ce chapitre a été consacré aux
définitions des concepts clés et a proposé le cadre de
référence, notamment les théories qui ont
été utilisées dans le travail.
Le chapitre deuxième a été
consacré à la présentation du paysage médiatique
burundais. Il a présenté le paysage médiatique et a mis
l`accent particulier sur les radios publiques et privées. Il a
présenté aussi les textes nationaux et internationaux qui
régissent ces organes. Les instances de régulation et celles
d`autorégulation ont été présentées aussi
dans ce chapitre. Un grand détail a été
réservé au Conseil National de la Communication et à la
Radio Publique Africaine.
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Le chapitre troisième a porté sur l'Analyse et
l`interprétation des résultats. Il présente six grands
points et quelques sous points en son sein. Les grands points sont les suivants
:
La présentation du terrain de l`enquête, le cadre
méthodologique (méthodes et approches), les techniques, le
déroulement de l`enquête, l`analyse qualitative des
résultats de l`enquête et la validation des hypothèses de
recherche.
Au cours de cette enquête menée via les
entretiens, le questionnaire et l`accumulation de la documentation, nous avons
constaté que sur certains cas, le CNC a adressé directement des
sanctions de suspension à la RPA sans adresser d'abord des mises en
garde. D'autres sujets de polémique que le CNC devrait résoudre
par ses qualités d`instance de régulation ont été
transférés directement aux instances judiciaires.
Dans une profession comme celle du journalisme, Il est fort
probable de commettre des bavures. L`important c`est de reconnaitre les fautes
que l`on a commises. Ceci n`est pas le cas à la RPA. Quelques
dérapages ont été constatés dans le traitement et
la diffusion des informations par le CNC, hélas la RPA n`a pas fait ce
que la loi lui exige et comme le lui proposait le CNC.
Le respect de la loi dans la promotion du métier reste
l'un des moyens efficaces pour rendre effective la liberté de la presse.
Pour ce faire, nous proposons :
? Aux professionnels des médias :
- La Responsabilité : le journaliste doit
faire preuve d'équité, d'exactitude, d' l'honnêteté,
d'indépendance et de décence. La vérité reste son
principe directeur.
- L'Exactitude : les professionnels doivent se garder
des inexactitudes, des négligences, des partis pris. Ils doivent
reconnaitre toute erreur importante et la corriger rapidement et
visiblement.
- L'Intégrité : le journaliste doit se
forcer de traiter tous les problèmes sans parti pris et doit
présenter sans passion les sujets soulevant controverses.
- L'Indépendance : les journalistes doivent
être libres de toute obligation vis-à-vis de leurs sources
d'information et protagonistes de l'actualité.
- L'Equilibre : les journalistes ont le devoir
d'informer le public sur toute la vie sociale.
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- La sélection de l'information : elle doit
toujours tenir compte de ces critères du choix de l'information :
l'importance, l'intérêt humain, l'actualité, la
proximité, etc.
- Les Moyens pour Assurer la Responsabilité
sociale des Médias. M*A*R*S : ces moyens sont non gouvernementaux.
Il s`agit par exemple de l'éducation (le public et les
journalistes doivent être éduqués) ; de la critique
(afin d'améliorer le fonctionnement, les journalistes doivent
s'autocritiquer) ; de l'observation systématique (monitoring,
comme les produits des médias sont nombreux celui-ci s'avère
important pour se rendre recompte des omissions) ; l'accès aux
médias (indispensable pour que chaque groupe de la population
puisse rectifier des erreurs des médias et combler leurs erreurs).
? A l'instance de régulation des médias
:
- Bien jouer son rôle tout en respectant les textes
régissant la presse au Burundi tant nationaux qu'internationaux ;
- En cas de litiges, soit entre média et pouvoir,
média et individu, la neutralité oblige pour bien trancher
l'affaire comme l'exigent les textes ;
- Ne pas avoir l'habitude de rendre responsable sans preuve
tout le corps des médias.
- Asseoir sa responsabilité tout en respectant la Loi
afin d'assainir le clivage sur le paysage médiatique.
? Au pouvoir en place :
- De faire des amendements de la loi régissant la
presse au Burundi pour l'intérêt de tous ;
- De ne pas nommer les membres de l'instance de
régulation des médias par décret présidentiel. Pour
garantir l'aspect de sa neutralité, l'Etat devait se débarrasser
de cette étiquette et laisser le choix des représentants du CNC
au corps des journalistes.
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- De songer à l'octroi des faveurs aux médias
privés (les exonérations, et autres aides) et à la
promulgation d'une loi pour la mise en place de fonds d'aide de fonctionnement
à tous les médias sans discrimination aucune.
- De comprendre que la politique est une affaire de tous les
burundais et a fortiori des journalistes.
Il est à signaler qu'au terme de ce travail
scientifique, nous n'avons pas exploré tous les aspects de la relation
qui existent entre le CNC et la RPA. Nous n'avons fait que baliser le chemin
à d'autres chercheurs. C'est la raison pour laquelle nous leur
suggérons de s'orienter vers d'autres aspects que nous n'avons pas pu
faire comme par exemple :
- L'Analyse comparative de la relation entre les médias
privés et les différentes équipes du CNC.
- Le rôle que joue l'instance d'autorégulation
dans les différends entre l'instance de régulation et les
médias au Burundi.
- l'importance des médias dans la communication
politique et la communication électorale.
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