INTRODUTION GENERALE
1. Enonciation et justification
Le sujet de notre travail est intitulé «
Presse et Organe de régulation au Burundi. Contribution à une
analyse critique de la relation entre la Radio Publique Africaine et le Conseil
National de la Communication. ».
L'examen de ce sujet nous permettra de contribuer à la
compréhension de la nature des relations entre le Conseil National de la
Communication et les médias privés en général et la
RPA en particulier. Ces relations doivent être fondées sur des
valeurs de probité et de transparence pour espérer bien servir le
public.
En effet, à travers cet intitulé, nous nous
proposons d'analyser la situation polémique qui a souvent
caractérisé les relations entre la Radio Publique Africaine et le
Conseil National de la Communication au Burundi.
Le sujet nous a beaucoup intéressés suite au
rôle important que jouent respectivement les médias et le Conseil
National de la Communication (CNC) dans le traitement de l'information
donnée au public et dans la régulation des médias.
Au Burundi, le Conseil National de la Communication entre
souvent en désaccord avec les médias privés en ce qui
concerne le traitement et la diffusion de l'information.
En matière de communication, la régulation des
médias s'avère très primordiale car dans la
responsabilité sociale des médias, ceux-ci sont
considérés comme une arme à double tranchant. De fait,
s'ils sont mal utilisés les médias peuvent engendrer le
désordre social.
La cacophonie médiatique provoquée par les
censures et les déclarations intempestives des abus des médias
privés ne nous a pas laissés indifférents. C'est pour
cette raison que le public ne cesse de se poser des questions relatives au
fonctionnement du Conseil National de la Communication et à la
liberté dont doivent bénéficier les médias au
Burundi.
Ces questions exigent des réponses qui pourront bien
servir des chercheurs intéressés par la problématique de
la nature de la relation entre les médias burundais et le Conseil
National de la Communication (CNC), le rôle joué respectivement
par les médias et le Conseil National de la Communication dans la
diffusion de l'information au public et dans la régulation des
médias.
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2. Problématique
Le développement des médias s'insère dans
les grandes découvertes qui caractérisent la civilisation
industrielle. Aussi, l'individu a-t-il besoin d'informations
perpétuellement renouvelées et actualisées pour être
à mesure de répondre aux sollicitations d'un monde en continuelle
évolution. PINTO R., fait savoir que : « Notre
société a besoin d'un compte rendu exact et précis des
événements du jour. Nous avons besoin de savoir ce qui se passe
dans notre ville, dans notre région, dans la nation. Nous avons besoin
d'informations sûres concernant les autres pays
».2
Au Burundi, si le libéralisme médiatique de 1992
a permis l'émergence d'une presse pluraliste, il a parfois
favorisé, voire exacerbé les discours les plus radicaux ;
certains médias prêchant ouvertement la haine et la
xénophobie à l'endroit de telle ou telle
communauté.3
En réagissant contre la dérive médiatique
des années 1994-1995, la ligue des journalistes burundais avec le
concours de l'Unesco s'est engagée à redéfinir le
rôle joué par les professionnels des médias. Une nouvelle
génération des médias vit le jour avec la naissance des
radios indépendantes. En 1998, les Journalistes burundais adopteront un
code d'Ethique et de Déontologie professionnelle afin de responsabiliser
davantage les Journalistes burundais dans l'exercice de leur
métier4. C`est avec l`avènement de la
démocratie que les instances de régulation sont apparues au
Burundi comme ailleurs en Afrique dans les années 1990.
Le Burundi dispose d`un organe de régulation depuis
1992 : le Conseil National de la Communication. Les objectifs de la
création du CNC était de garantir le pluralisme médiatique
et la diversité de l`information, de réduire le monopole de
l`Etat sur le secteur médiatique. Au Burundi, le CNC rencontre des
difficultés comme d`autres instances en Afrique. Les professionnels des
médias ont accusé et accusent toujours le CNC
d`incompétence et d`être l`instrument du pouvoir en place. Sous un
autre aspect, le CNC rencontre des difficultés de l`insuffisance des
moyens matériels et financiers pour son bon fonctionnement.
2 R. PINTO, La liberté d'opinion et
d'information, Paris, Montchrestien, 1995, p. 35.
3 Ligue des Droits de la personne dans la
région des Grands Lacs, Etat des médias dans la région
des grands lacs, Kigali, Décembre, 2004, p. 17.
4 Idem.
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Selon les réponses des enquêtes faites
auprès des responsables des médias et de leurs associations, en
dépit de l'adoption du code de déontologie et la connaissance de
la nouvelle définition des droits et de devoirs du journaliste, les
professionnels des médias privés ne font pas confiance à
la façon dont le CNC traite les différends qui opposent la RPA
à des personnes qui se sentent lésées par des publications
de ce média. D'autres problèmes soulevés à cette
fin, sont des lacunes constatées dans son fonctionnement et le manque
d`indépendance. C`est ce constat qui nous pousse à analyser la
nature des rapports que le CNC entretient avec la RPA. Celle-ci pose à
notre étude les questions suivantes :
- Dans le contexte de pluralisme médiatique, quel
rôle doivent jouer le CNC et la
RPA ?
- A quoi est liée la situation de conflit souvent
observé dans les rapports entre le Conseil National de la Communication
et la Radio Publique Africaine?
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