«Presse et organe de régulation au
Burundi. Contribution à une analyse critique de la relation entre
la Radio Publique Africaine et le Conseil National de la Communication
».
Sous la direction de :
Dr. J.-M. KATUBADI BAKENGE
Mémoire présenté et défendu
publiquement en vue de l'obtention du grade de Licencié en
Communication Sociale
- 1 -
1 R. MANOFF, Jeux de rôles : Le
rôle potentiel des médias dans la prévention des conflits
et la gestion, Track two, Université de Cape town, 1998, p.12.
EPIGRAPHE
« Quand ils sont conformes aux normes professionnelles,
les médias ont en soi une influence positive sur la résolution
des conflits et la consolidation de la paix ».1
- 2 -
DEDICACES
A la grande famille SEREMBA NDENDERE ; SENDET ; KABASSELE BONI
;
Aux familles RUGUSA NDENDERE et BISIMWA Charles qui m'ont
donné le sens de la vie et compté toujours parmi les leurs.
Qu'ils sentent que leur générosité et abnégation
ont été de grand secours dans l'élaboration de ce travail
et la poursuite de nos études.
Que tous trouvent en cette oeuvre de mes durs labeurs
l'expression de ma profonde gratitude et la moisson du fruit auquel leurs
sacrifices ont contribué.
SHUKURU SEREMBA Hubert
- 3 -
REMERCIEMENTS
Au terme de notre travail de fin d'études de Licence en
Communication Sociale, nous avons le plaisir d'adresser nos sentiments de
reconnaissance au Professeur J-M. KATUBADI BAKENGE qui, malgré ses
multiples occupations, a bien accepté de diriger le présent
mémoire.
Nous exprimons nos sincères remerciements à tous
les professeurs qui enseignent à l'Université du Lac Tanganyika
au département de sociologie et communication sociale pour la formation
académique dont ils nous ont fait bénéficier.
Nous remercions aussi toutes les personnes qui ont
contribué à sa réalisation. Que tous ceux qui se sont
rendus disponibles pour nous fournir des sources tant orales qu'écrites
trouvent ici l'expression de nos vifs remerciements.
Un grand merci à toutes les personnes qui, de
près ou de loin, nous ont accordé leur soutien tant
matériel que moral pour sa mise au point.
- 4 -
SIGLES ET ABREVIATIONS
ABR : Association Burundaise des
Radiodiffuseurs
APB : Agence de Presse Burundaise
Art. : Article
CENI : Commission Electorale Nationale
Indépendante
CNC : Conseil National de la Communication
CVR : Commission Vérité et
Réconciliation
DVD : Digital Vidéo Disc
ETB : Ecole Technique de Bubanza
Etc. : etcétéra (Ainsi de
suite)
FFB : Fédération de Football
Burundais
FM : Fréquences Moyennes
GDEL : Grand Dictionnaire
Encyclopédique Larousse
http// : hyper text Transfer Protocol
LDGL : Ligue des Droits de la Personne dans
la région des Grands Lacs
Me : Maître
N° : Numéro
NTIC : Nouvelles Technologies de
l'Information et de la Communication
ONG : Organisation Non Gouvernementale
ONU : Organisation mondiale des
Nations-Unies
O.P.B : Observatoire de la Presse au
Burundi
OUA : Organisation de l'Union Africaine
p. : page
PACAM : Programme Commun d'Appui aux
Médias
pp. : de la page...à la page...
RPA : Radio Publique Africaine
RTNB : Radio Télévision
Nationale Burundaise
TFI : Télé France
Internationale
TV : Télévision
U.B.J : Union Burundaise des Journalistes
ULT : Université du Lac Tanganyika
www : world wide web (Toile d'Araignée
mondiale)
Op.cit. : Opere Citato (Ouvrage
déjà cité)
PUF. : Presse Universitaire
Française
- 5 -
TABLE DES MATIERES
EPIGRAPHE - 1 -
DEDICACE - 2 -
REMERCIEMENTS - 3 -
SIGLES ET ABREVIATIONS - 4 -
TABLE DES MATIERES - 5 -
INTRODUTION GENERALE - 7 -
1. Enonciation et justification - 7 -
2. Problématique - 8 -
3. Formulation des hypothèses - 9 -
4. Objectifs de recherche - 9 -
5. Méthodologie du travail - 10 -
6. Délimitation du sujet - 15 -
7. Subdivision du travail - 15 -
CHAPITRE PREMIER : SUPPORTS CONCEPTUELS ET THEORIQUES
- 16 -
I.1. Théorie : Définition et
application - 16 -
I.1.1. Le concept de « Crise » - 16 -
I.1.2. Le concept de « Confiance ». - 18 -
I.1.3. Le concept de « Liberté » - 18 -
I.1.4. Le concept d' « Organe de régulation
» - 21 -
I.1.5. le concept de « Communication » - 22 -
I.1.6. Le concept d' « Information » - 25 -
I.1.7. La désinformation - 26 -
I.1.8. La sous-information - 27 -
I.1.9 La surinformation - 28 -
I.1.10. Le concept de « Média » - 28 -
I.1.11. Le concept de « Presse » - 30 -
I.1.12. L'éthique et la déontologie
professionnelle des médias - 31 -
I.2. Les théories - 31 -
I.2.1. Considération générale - 31 -
I.2.2. La Doctrine Autoritaire - 32 -
I.2.3. La Doctrine libertariènne - 33 -
I.2.4. La Doctrine libérale - 34 -
I.2.5. La Théorie de la responsabilité sociale
des médias - 35 -
I.3. Conclusion partielle - 37 -
- 6 -
CHAPITRE DEUXIEME : PRESENTATION DU PAYSAGE MEDIATIQUE
- 37 -
BURUNDAIS. - 38 -
II.1. Présentation des organes de la presse
burundaise. - 38 -
II.1.1. La presse écrite - 38 -
II.1.1.1. Le cadre légal et réglementaire de la
presse burundaise - 40 -
II. 1.1.2. La déclaration universelle des droits de
l'homme de 1948 - 40 -
II. 1.1.3. Le pacte international relatif aux droits civils
et politiques - 40 -
II. 1.1.4. La charte africaine des droits de l'homme et des
peuples de 1981. - 41 -
II. 1.1.5. La loi sur la presse du 27 Novembre 2003. - 41
-
II. 1.2. Les radios - 42 -
II. 1.2.1. Les radios publiques - 43 -
II.1.2.2. Les radios privées - 44 -
II. 1.3. La Télévision - 44 -
II.2. Présentation des Associations de la
presse au Burundi. - 45 -
II. 2. 1. L'Observatoire de la Presse au Burundi - 45 -
II. 2. 2. L`Association Burundaise des Radiodiffuseurs - 46
-
II. 2. 3. L'Union Burundaise des Journalistes - 46 -
II.3. Présentation du cadre de recherche - 47
-
II.3.1. Présentation de la radio Publique Africaine
(RPA) - 47 -
II. 3.2. Le Conseil National de la Communication (CNC) - 55
-
II.4. I.3. Conclusion partielle - 68 -
CHAPITRE TROISIEME : ANALYSE ET INTERPRETATION DES
RESULTATS - 69 -
III.1. Présentation du terrain de l`enquête - 69
-
III.2. Cadre méthodologique - 69 -
III.2. 1. Méthodes et Approches - 69 -
III.2. 2. Téchniques - 74 -
III.2. 3. Déroulement de l'enquête - 76 -
III.3. Résultats des entretiens avec les
représentants des organes et médias du Burundi ...- 81 -
III.4. Analyse qualitative des résultats
d`enquête - 83 -
III.5. Discussion et validation des hypothèses de
recherche. - 90 -
CONCLUSION GENERALE ET SUGGESTIONS - 92 -
BILBIOGRAPHIE - 97 -
ANNEXES - i -
- 7 -
INTRODUTION GENERALE
1. Enonciation et justification
Le sujet de notre travail est intitulé «
Presse et Organe de régulation au Burundi. Contribution à une
analyse critique de la relation entre la Radio Publique Africaine et le Conseil
National de la Communication. ».
L'examen de ce sujet nous permettra de contribuer à la
compréhension de la nature des relations entre le Conseil National de la
Communication et les médias privés en général et la
RPA en particulier. Ces relations doivent être fondées sur des
valeurs de probité et de transparence pour espérer bien servir le
public.
En effet, à travers cet intitulé, nous nous
proposons d'analyser la situation polémique qui a souvent
caractérisé les relations entre la Radio Publique Africaine et le
Conseil National de la Communication au Burundi.
Le sujet nous a beaucoup intéressés suite au
rôle important que jouent respectivement les médias et le Conseil
National de la Communication (CNC) dans le traitement de l'information
donnée au public et dans la régulation des médias.
Au Burundi, le Conseil National de la Communication entre
souvent en désaccord avec les médias privés en ce qui
concerne le traitement et la diffusion de l'information.
En matière de communication, la régulation des
médias s'avère très primordiale car dans la
responsabilité sociale des médias, ceux-ci sont
considérés comme une arme à double tranchant. De fait,
s'ils sont mal utilisés les médias peuvent engendrer le
désordre social.
La cacophonie médiatique provoquée par les
censures et les déclarations intempestives des abus des médias
privés ne nous a pas laissés indifférents. C'est pour
cette raison que le public ne cesse de se poser des questions relatives au
fonctionnement du Conseil National de la Communication et à la
liberté dont doivent bénéficier les médias au
Burundi.
Ces questions exigent des réponses qui pourront bien
servir des chercheurs intéressés par la problématique de
la nature de la relation entre les médias burundais et le Conseil
National de la Communication (CNC), le rôle joué respectivement
par les médias et le Conseil National de la Communication dans la
diffusion de l'information au public et dans la régulation des
médias.
- 8 -
2. Problématique
Le développement des médias s'insère dans
les grandes découvertes qui caractérisent la civilisation
industrielle. Aussi, l'individu a-t-il besoin d'informations
perpétuellement renouvelées et actualisées pour être
à mesure de répondre aux sollicitations d'un monde en continuelle
évolution. PINTO R., fait savoir que : « Notre
société a besoin d'un compte rendu exact et précis des
événements du jour. Nous avons besoin de savoir ce qui se passe
dans notre ville, dans notre région, dans la nation. Nous avons besoin
d'informations sûres concernant les autres pays
».2
Au Burundi, si le libéralisme médiatique de 1992
a permis l'émergence d'une presse pluraliste, il a parfois
favorisé, voire exacerbé les discours les plus radicaux ;
certains médias prêchant ouvertement la haine et la
xénophobie à l'endroit de telle ou telle
communauté.3
En réagissant contre la dérive médiatique
des années 1994-1995, la ligue des journalistes burundais avec le
concours de l'Unesco s'est engagée à redéfinir le
rôle joué par les professionnels des médias. Une nouvelle
génération des médias vit le jour avec la naissance des
radios indépendantes. En 1998, les Journalistes burundais adopteront un
code d'Ethique et de Déontologie professionnelle afin de responsabiliser
davantage les Journalistes burundais dans l'exercice de leur
métier4. C`est avec l`avènement de la
démocratie que les instances de régulation sont apparues au
Burundi comme ailleurs en Afrique dans les années 1990.
Le Burundi dispose d`un organe de régulation depuis
1992 : le Conseil National de la Communication. Les objectifs de la
création du CNC était de garantir le pluralisme médiatique
et la diversité de l`information, de réduire le monopole de
l`Etat sur le secteur médiatique. Au Burundi, le CNC rencontre des
difficultés comme d`autres instances en Afrique. Les professionnels des
médias ont accusé et accusent toujours le CNC
d`incompétence et d`être l`instrument du pouvoir en place. Sous un
autre aspect, le CNC rencontre des difficultés de l`insuffisance des
moyens matériels et financiers pour son bon fonctionnement.
2 R. PINTO, La liberté d'opinion et
d'information, Paris, Montchrestien, 1995, p. 35.
3 Ligue des Droits de la personne dans la
région des Grands Lacs, Etat des médias dans la région
des grands lacs, Kigali, Décembre, 2004, p. 17.
4 Idem.
- 9 -
Selon les réponses des enquêtes faites
auprès des responsables des médias et de leurs associations, en
dépit de l'adoption du code de déontologie et la connaissance de
la nouvelle définition des droits et de devoirs du journaliste, les
professionnels des médias privés ne font pas confiance à
la façon dont le CNC traite les différends qui opposent la RPA
à des personnes qui se sentent lésées par des publications
de ce média. D'autres problèmes soulevés à cette
fin, sont des lacunes constatées dans son fonctionnement et le manque
d`indépendance. C`est ce constat qui nous pousse à analyser la
nature des rapports que le CNC entretient avec la RPA. Celle-ci pose à
notre étude les questions suivantes :
- Dans le contexte de pluralisme médiatique, quel
rôle doivent jouer le CNC et la
RPA ?
- A quoi est liée la situation de conflit souvent
observé dans les rapports entre le Conseil National de la Communication
et la Radio Publique Africaine?
Formulation des hypothèses
R. OUIVY et L.V. CAMPENHOUDT considèrent que
l'hypothèse est : « une proposition provisoire, une
présomption qui demande à être vérifiée
».5
En vue donc de répondre aux questions
susmentionnées, nous proposons les hypothèses ci-après
:
- Le conflit observé ces derniers temps entre le
Conseil National de la Communication et la Radio Publique Africaine, est
dû d'une part à l'usage abusif de la liberté de la presse,
d'autre part à la volonté manifeste de l'enfreindre.
- La solution à cette situation de conflit passe par la
régulation de la liberté de la presse dans le strict respect par
le CNC et la RPA des textes de régulation en vigueur.
3. Objectifs de recherche
L'actuel paysage médiatique burundais montre que les
régulateurs sont souvent méprisés, craints ou
décriés par les milieux journalistiques et médiatiques.
Aussi sont-ils perçus avant tout comme des censeurs, des policiers du
secteur des médias, voire comme des instruments politiques
menaçant la liberté d'expression car ils ne parviennent pas
à démontrer qu'ils sont avant tout des outils au service de la
consolidation de la démocratie et
5 R.OUIVY et L.V.CAMPENHOUDT, Manuel de recherche
en sciences sociales, Paris, Dunod, 2è éd. 1995,
p. 15.
- 10 -
des instruments nécessaires de responsabilisation des
acteurs de la communication. Ce travail poursuit deux objectifs :
4.1. Objectif général
L'objectif général de ce travail est de
provoquer une réflexion critique sur les enjeux de régulation et
de professionnalisation des médias, transformés aujourd'hui par
le manque d'expérience et le développement des nouvelles
technologies de l'information et de la communication.
4.2. Objectifs
spécifiques
Ceux-ci sont d'un triple ordre :
Renseigner le lecteur sur le rôle et les attributions du
CNC dans la régulation de la profession des journalistes.
Apporter une contribution à la formation d'une presse
responsable et indépendante au Burundi.
Permettre à chacune des ces institutions (médias
et organes de régulation) de réfléchir sur la
manière d'exercer son métier.
5. Méthodologie du travail
Selon M. GRAWITZ, la méthodologie est : « une
branche de la logique qui étudie les principes et les démarches
de l'investigation scientifique et de ses méthodes
».6
Littéralement la méthodologie est
considérée comme une science ou le discours (logos) sur la
méthode, la cartographie des méthodes ou tout simplement la
méta-méthode ou méthode des méthodes. C'est
pourquoi la méthodologie est importante.
En effet, lorsqu'on travaille sur un domaine, on peut
établir une suite de questions à se poser, des personnes à
aller voir et à interroger, d'informations à collecter,
d'opérations à effectuer, en vue de faire des choix. Cette
pratique permet au chercheur de mener de manière plus efficace une
étude en vue de résoudre le problème. Nous pouvons donc
dire que la méthodologie est cette systématisation de
l'étude, indépendamment du thème à étudier
lui-même.
6 M. GRAWITZ, Lexique des sciences sociales,
Paris, Dalloz, 8ème édition, 2004, p. 274.
- 11 -
Dans cette optique d'ailleurs, Balle définit la
méthodologie comme « ensemble de méthodes et techniques
de recherche appliquées à l'étude d'un domaine particulier
».7 Dans ce travail, nous allons utiliser les
méthodes et techniques suivantes : a)
Méthode
Le mot méthode, vient du grec ancien (methodo)
qui signifie la poursuite ou la recherche d'une voie pour réaliser
quelque chose. Le mot est formé à partir du préfixe
(meta, meth) c'est-à-dire « après ou qui suit
» et (odos) « chemin, voie, moyen ».8 Pour
GRAWITZ, la méthode est : « un ensemble d'opérations
intellectuelles pour lesquelles un disciple cherche à atteindre une
certaine fin, une découverte ou une preuve de vérité
».9 Nous utilisons, dans ce travail les
trois modèles paradigmatiques :
- l'historicisme : le paradigme lié à la
recherche de l'essentiel.
- le fonctionnalisme : le paradigme de type
déterministe.
- l'herméneutique analytique : le paradigme de
type qualitatif.
a.1. L'historicisme :
Il est l'avatar sociologique des philosophies de l'histoire.
C'est une conception
commune aux théories sociologiques selon laquelle
l'histoire des sociétés, leur évolution, leur succession
sont soumises à des lois. Ce paradigme explique de façon
objective que le passé est radicalement différent du
présent et qu'il ne peut être appréhendé qu'en
fonction de son contexte propre.10
Nos sociétés humaines donnent une place centrale
à l'idée d'un devenir qui ouvre sur un futur qui n'est inscrit
nulle part à partir d'un passé qui n'agit que par le sens qui lui
est donné. Ce modèle paradigmatique offre donc l'avantage de
sortir d'un opportunisme conjoncturel, d'en tirer les conséquences du
fait qu'il est impossible de comprendre certains objets étudiés
par les sciences de l'information et de la communication si l'on ne fait pas un
retour sur le passé voire sur un passé lointain, de satisfaire
enfin à l'exigence épistémologique qui consiste à
se départir de la « normalité » apparente du
présent pour examiner ce qui , dans le passé constitue un
héritage structurant ce présent.
7 F. BALLE, Médias et
Société, Paris, Montchrestien, 9ème
éd., 1999, p. 775.
8
http://fr.wwikipedia.org/wiki/Méthode.
/Consulté le 02 Septembre 2012. 9Ibid.
10 Microsoft® Etudes 2008[DVD]. Microsoft
Corporation, 2007.
- 12 -
Pour de plus amples renseignements sur ce paradigme, la notion
du fonctionnalisme nous sera très indispensable.
a.2. Le fonctionnalisme:
Cette théorie conçoit la société
comme un ensemble d'éléments fonctionnant en vue de se maintenir
entre eux, et dont la perturbation d'un élément peut produire le
dysfonctionnement des autres. L'apport de cette théorie à notre
travail est capital, elle nous permet de comprendre que la vie d'une
société tient à la dialectisation du fonctionnement et
du dysfonctionnement. Toutefois, nous devons être
prudents. En fait, la critique Durkheimienne nous renseigne que «
la plupart des sociologues croient avoir rendu compte des
phénomènes une fois qu'ils ont fait voir à quoi ils
servent, quel rôle ils jouent. Au contraire, il faudrait, pour expliquer
une institution, considérer tout d'abord ses causes, les conditions
d'apparition qui lui ont donné naissance. Il se peut qu'au cours du
temps les fonctions aient changé : [...], l'organe est
indépendant de la fonction, c'est-à-dire que, tout en restant le
même, il peut servir à des fins
différentes.11
Dans la même conception, MARGARET Mead, recommande aux
chercheurs de ne pas éluder la question des fonctions. Cependant, il
propose deux conditions pour en faire bon usage :
- D'abord, éviter l'erreur de prétendre qu'une
institution a une fonction par rapport à la totalité sociale. La
société n'est pas homogène car, les sous-systèmes
sont tellement multiples qu'un élément peut être
fonctionnel dans un sous-système et dysfonctionnel pour les autres.
- Puis, faire une distinction éclairante entre les
fonctions manifestes et les fonctions latentes. Par exemple, un élu du
peuple a pour fonction de voter les lois, mais il peut dans certaines
circonstances, assurer des fonctions latentes comme celles de servir de relais
pour une propagande idéologique pour un parti politique.
Les réflexions sur les fonctions, permet de nous
éclairer sur les formes d'actions entreprises par toute institution
malgré ses limites. Le paradigme du fonctionnalisme ne peut être
éliminé de la démarche de l'anthropologie de la
communication.
11 E. DURHEIM, Les règles de la
méthode sociologique, 1895, cité dans, Dictionnaire de
sociologie, p.184.
- 13 -
a.3. L'herméneutique analytique
Dans ce travail, nous nous servirons de la méthode
herméneutique qui, selon Paul RICOEUR, tire son origine du grec
hermeneuiein qui se traduit par « expliquer ». Chez les
théologiens, elle est une science de la critique et de
l'interprétation des textes bibliques.
Les philosophes, quant à eux, la définissent
comme une théorie de l'interprétation des signes comme
éléments symboliques d'une culture.12 En fait, Paul
RICOEUR ne s'éloigne pas du tout des Théologiens quand il
définit l'herméneutique comme une science, une technique
d'interprétation des textes,13 du sens propre,
l'herméneutique recherche de la portée des textes qui
procède par observation, analyse et interprétation. L'essentiel
est donc de comprendre le processus par lequel la configuration des textes sert
de médiateur entre la préfiguration du champ pratique et sa
réfiguration par la réception de l'oeuvre.
Les principaux postulats que nous pouvons retenir de
l'herméneutique sont les suivants :
- La réalité sociale cache toujours son sens.
- Les faits proviennent de l'interaction entre les membres
d'une structure.
- Le paradoxe des faits sociaux évolue par le fait de
contradiction.
Dans ce contexte, il nous sera utile de ressortir des faits
significatifs et explicatifs susceptibles de fournir des preuves et servir
d'arguments par rapport à nos préoccupations. Etant donné
que ce travail est une recherche du sens du principe de l'analyse des relations
entre un organe de régulation et un média, le recours au
constructivisme est nécessaire car ce dernier stipule que le sens n'est
pas un donné, mais plutôt une émergence par rapport au
contexte. Sous cet angle, Roland Barthes montre que le sens du texte n'est pas
un axiome, il n'est pas donné mais se construit selon le
locuteur.14
Ainsi, dans ce travail, la méthode herméneutique
nous permettra d'analyser les résultats des entretiens tenus avec les
différents responsables de certaines radios privées, du CNC, les
organes d'autorégulation des médias au Burundi (l'O.P.B.) et les
syndicats des journalistes (l`UBJ).
12 Dictionnaire Encyclopédique, Petit
Larousse illustré, Paris, 2007.
13 P. RICOEUR, cité par Innocent OLENGA
LUMBAHEE, dans, Dépénalisation des délits de presse en
RDC : Analyse de l'action des JED. Approche sociologique du droit de
l'information. Mémoire de Licence, IFASIC, 2010, p. 2.
14 R. BARTHES, cité par EKAMBO J-C, dans,
Paradigmes de communication, Ifasic, éditions, Kinshasa, 2004,
p. 95.
- 14 -
b) Techniques
Les techniques sont définies comme : «
procédé ou ensemble des procédés mis en oeuvre
pour obtenir un résultat déterminé dans un domaine
particulier ».15 Grawitz les définit comme «
des outils mis à la disposition de la recherche et organisés
par la méthode dans ce but ».16
Pour notre travail, nous retenons les deux techniques de
collecte de données suivantes : la recherche documentaire et
l'observation directe :
? La Recherche documentaire
Elle nous permet de consulter les différents documents
comme les rapports, les travaux de recherche, les mémoires, les articles
de revue ainsi les ouvrages en rapport avec le sujet.
? L'Observation directe
L'observation, dans le sens général, est la
technique la plus usuelle de recueil et d'analyse des données verbales
et non verbales. Elle permet un travail sur le comportement manifeste
plutôt que sur des déclarations de comportement.
L'observation directe, quant à elle, consiste à
observer les phénomènes que l'on étudie dans le lieu et
l'instant où il se produit. Il s'agit d'une observation
systémique pratique dans le cadre défini d'une recherche, selon
les règles précises et en vue de tester des
hypothèses.17
Dans ce travail, l'observation directe nous permettra de nous
rendre compte de la situation par des visites à la RPA, à
l'Observatoire de la Presse Burundaise, à l'Union Burundaise des
Journalistes et au Conseil National de la Communication.
L'observation directe sera épaulée par
l'entretien qui nous aidera à recueillir les éclaircissements
auprès des responsables de la RPA, du CNC, de l'U.B.J et de l'O.P.B.
De plus, pour avoir des plus amples informations, nous aurons
à recourir à l'enquête par questionnaire dont nous nous
servirons dans la collecte des données auprès des professionnels
des médias privés et d'autres membres de ces organes : (O.P.B et
U.B.J).
15 Microsoft® Etudes 2008[DVD]. Microsoft
Corporation, 2007.
16 M. GRAWITZ, op.cit. p. 334.
17
http://www.inh.fr/enseignements/idp/outils/etude_marche/observationpsycho_socio.pdf./consulté,
le 20 Sept. 2012.
- 15 -
6. Délimitation du sujet
Délimiter un sujet consiste à circonscrire son
champ d'étude dans le temps et dans l'espace. Ceci dépendra des
objectifs poursuivis par le chercheur et les entraves qu'il va rencontrer au
cours de ses investigations.
Sur le plan temporel, nous allons donc travailler sur une
période quinquennale. C'est-à-dire, allant de 2007 à 2011
pour des raisons d'actualité et de précision.
En ce qui concerne le plan spatial, notre étude se
limitera au territoire Burundais plus précisément à
Bujumbura où siège le CNC, la RPA, ainsi que les organes pris
comme échantillon d'enquête (O.P.B et U.B.J).18
7. Subdivision du travail
Notre travail est subdivisé en trois chapitres :
Le chapitre premier parlera de supports théoriques et
conceptuels en rapport avec notre sujet de recherche. Cela implique les
définitions des différents concepts-clés figurant dans
cette recherche. Ce chapitre présentera également la
définition des différentes théories de communication en
rapport avec ce travail.
Le chapitre deuxième parlera de la présentation
du paysage médiatique Burundais. Il nous sera aussi très utile de
faire une succincte présentation des organes vers lesquels notre
enquête sera orientée.
Le chapitre troisième se penchera sur la
démarche méthodologique. Ce chapitre sera clôturé
par une analyse critique et l'interprétation des résultats
obtenus dans l'enquête menée. Le chapitre se terminera par des
suggestions à l'endroit du Conseil National de la Communication (CNC),
des médias privés et du pouvoir en place.
18 O.P.B, U.B.J, ABR, le choix de ces
différentes associations se justifie par le travail qu'elles font dans
le sens de fonctionnement de médias.
- 16 -
CHAPITRE PREMIER : SUPPORTS CONCEPTUELS ET
THEORIQUES
Le mot concept, vient du latin « conceptus
», qui signifie « action de contenir », ou même
encore, « pensée ou conception de l'esprit ». Comme tout
langage scientifique, la sociologie use des concepts spécifiques qui
désignent soit des relations abstraites (comme déterminations,
fonctions, structures), soit des êtres concrets (individus, groupes,
associations), soit des processus (interactions, mutations), soit des
propriétés (dominants, dominés) ou des types de pratiques
(travail, éducation, interactions symboliques, etc.).
Dans cette logique, précisons que seule la
définition nous permet de dire ce qui fait qu'une chose est ce qu'elle
est. Elle en envisage l'essence. Mais comme il existe plusieurs genres de
définitions, dans ce travail il nous faudra trouver celles qui
couronnent l'objet considéré. Ainsi, le concept ne saurait
être une simple copie de la réalité. Le concept est une
construction symbolique. Il importe de rendre compte du travail de construction
qui le rend pleinement intelligible.
I.1. Théorie : Définition et application
La théorie est définie comme une connaissance
spéculative, idéale, indépendante des applications. Elle
est un ensemble de lois systématiquement organisées, soumises
à une vérification expérimentale et qui vise à
établir la vérité d'un système
scientifique19. Est-il possible et utile de proposer une ou
plusieurs définitions de la théorie allant au-delà de ce
qui a été esquissé dans le liminaire ? Proposer une seule
définition du concept n'est pas illégitime mais présente
le risque de fermer le débat avant qu'il ne soit engagé.
Dans ce chapitre, nous proposons d'abord de définir les
concepts clés de notre travail, puis nous présenterons le cadre
de référence, celui des théories qui seront
utilisées. I.1.1. Le concept de « Crise »
Le terme de crise est polysémique. Il est défini
tantôt comme : une brusque variation qui intervient dans le cours d'une
maladie, une manifestation aiguë d'une affection (Cas de la crise
cardiaque ou psychologique), tantôt une période de trouble,
d'instabilité, de tension dans l'évolution d'une
société ou d'une institution (cas de la crise sociale),
tantôt l'intervalle entre la chute d'un gouvernement et son remplacement
par un autre (cas de la
19 Dictionnaire Encyclopédique, Petit
Larousse en couleur, Paris, 1999, p. 977.
- 17 -
crise politique ou ministérielle),20
tantôt une rupture d'équilibre entre la production et la
consommation (cas de la crise économique).
K. Marx, tend à élargir la signification du
concept car, selon les formulations du Manifeste du parti communiste,
le mode de production capitaliste et d'exploitation du prolétaire est
structurellement, un régime de crise sociale. Lorsqu'elle est
vécue, la crise sociale déchire les liens féodaux et
oppose propriétaires aux non propriétaires. Cette crise
s'intensifie avec le développement des forces productives et conduit
à une révolution par le passage de la crise sociale à la
crise politique.
Max Weber, plus attentif aux cultures et aux valeurs, fait du
messianisme un exemple privilégié des crises sociales. Celui-ci
surgit souvent à la suite des troubles sociaux et contradictions entre
les valeurs. Dans ce sens, le messianisme apparait non comme symptôme de
la crise, mais aussi son mode provisoire de résolution.
E. Durkheim, s'évertue à diagnostiquer des
conditions sociales et économiques pour décrypter le concept de
crise. Selon lui, en effet, la crise sociale a pour fondement l'autonomisation
de la sphère économique et de la croissance de la division du
travail. Elle peut plonger la société dans une situation
d'anomie, souvent révélatrice de pathologie sociale.
Les sociologies contemporaines, sans proposer une
réponse uniforme, insistent soit sur les aspects sociopolitiques et les
rapports de pouvoir (M. Crozier, 1970)21 ; soit sur les aspects
structurels de la division sociale (P. Bourdieu, 1989) 22; soit sur
les conflits de valeurs, d'identités. Force est de reconnaitre qu'un
certain recul dans le temps est indispensable pour mesurer exactement
l'importance et l'essence véritable d'une crise sociale.
Le concept de crise élucidé, seule la crise
définie comme « une période de trouble,
d'instabilité, de tension dans l'évolution d'une
société, d'une institution », nous intéressera
dans ce travail. Il répond au mieux à la quintessence de notre
sujet : « Presse et Organe de régulation au Burundi.
Contribution à une analyse critique de la relation entre la RPA et le
CNC ».
20 Dictionnaire Encyclopédique, Auzon,
Paris, 2004. p. 366.
21 M. CROZIER, cité dans, Dictionnaire de
sociologie, Seuil, Paris, 1999, pp. 122-123.
22 BOUDIEU P., cité dans, Dictionnaire de
sociologie, Seuil, Paris, 1999, pp. 122-123.
- 18 -
I.1.2. Le concept de « Confiance ».
Du latin, confidetia, désigne « le fait
de se fier à quelqu'un ou à quelque chose », ou « le
fait d'attendre de l'autre des comportements favorables par opposition aux
conduites de méfiance ». Ainsi, la confiance peut être
définie comme le sentiment de compter sur quelqu'un ou sur quelque
chose.23
L'opposition « Ami-ennemi » évoque la
distance entre le milieu où se déroulent les interactions non
menaçantes et le milieu dont on se méfie. La famille ou la
communauté dessinent communément les lieux de rapports confiants.
Bien qu'elle fasse partie des évidences de la vie quotidienne, la
confiance reste une composante importante des activités sociales et
donne lieu à des multiples interventions visant à la
vérifier, à la développer ou à en sanctionner
l'absence dans les différents secteurs d'activités.
Le mouvement dit des « relations humaines
»24 a fortement souligné l'importance, pour le
fonctionnement des organisations, des rapports de confiance ou de
méfiance établis entre les différentes catégories
de l'entreprise. Une plus grande marge de liberté et d'initiative des
agents peut être assurée par un degré élevé
de confiance réciproque.
I.1.3. Le concept de « Liberté »
Liberté vient du latin libertas, de liber
et signifie « liberté ». Le mot se définit non de
façon abstraite et spéculative, mais en fonction des conditions
sociopolitiques et juridiques.
Ainsi, au sens social et politique, la liberté est
conçue comme une question politique, inséparable de la question
de l'autorité, de l'ordre et de la loi. Mais on ne peut éviter de
voir que cela implique une définition de l'homme comme sujet autonome et
source de sa loi.
C'est pourquoi, le concept de liberté est défini
comme une absence d'entraves, un état d'une personne qui n'est pas
soumise à la servitude, d'un être qui n'est pas captif, ou d'un
animal qui vit en liberté.
Montesquieu précise que : « la liberté
est le droit de faire tout ce que les lois permettent ; et si un citoyen
pouvait faire ce qu'elles défendent, il n'aurait plus de liberté,
parce que les autres auraient tout de même ce pouvoir ».
25
Au sens juridique, la liberté est définie comme
la faculté pour un citoyen de faire tout ce qui n'est pas contraire
à la loi et qui ne nuit pas à autrui.
23 Dictionnaire Encyclopédique,
Ibid.
24 Marcel, MAUSS, cité dans, Dictionnaire
de sociologie, Seuil, Paris, 1999, pp. 101-102.
25 De l'esprit des lois, cité
dans, Dictionnaire de sociologie, Seuil, Paris, 1999, p.
46.
- 19 -
La notion de la liberté dite publique est liée
dans son origine à celle de limitation de l'Etat. Est libre un Etat qui
reconnait aux individus une zone d'action privée, un domaine
réservé à l'intérieur duquel la puissance publique
ne peut pas intervenir. Au contraire un Etat est dit totalitaire s'il ne
reconnait pas la distinction d'une vie privée et celle publique.
D'autres théories affirment que l'intervention de l'Etat peut dans
certaines circonstances libérer les individus de l'oppression des
puissances privées ; à cet effet, l'intervention de l'Etat n'est
plus considérée comme un danger, mais comme un
bien.26
Généralement, la revendication de la
liberté a toujours été une revendication de citoyen
plutôt que de l'homme privé, ce qui conduisait naturellement
à mettre au premier plan les libertés civiques essentielles sur
lesquelles repose tout régime démocratique. Nous
étudierons successivement les libertés de la pensée ou
plus exactement de son expression et de sa communication sous une forme de
liberté de la presse et d'expression.
La liberté d`expression est le droit pour toute
personne de penser comme elle le souhaite et de pouvoir exprimer ses opinions
par tous les moyens qu`elle juge opportuns, dans le domaine de la politique, de
la philosophie, de la religion, et de la morale.
Considérée comme une liberté
fondamentale, la liberté d`expression est inscrite dans la
déclaration universelle des Droits de l`Homme (ONU, 1948, art.19) :
« Tout individu a droit à la liberté d`opinion et
d`expression, ce qui implique le droit de ne pas être
inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et
de répandre, sans considération de frontière, les
informations et les idées par quelque moyen d`expression que ce soit
».27
Dans le même sens, Emmanuel DERIEUX, affirme que la
liberté d`expression est « la faculté d`agir, de sa propre
initiative, sans y être contraint ni en être empêché
par quelques personnes, puissances ou autorités qui n`auraient pas
été formellement habilitées, ou qui n`interviennent pour
des motifs au-delà des limites ou selon les moyens autres que ceux qui
lui ont été conférés ».28C'est pour
cela que la liberté d`expression a comme corollaire la liberté de
presse, la liberté d`association, la liberté de réunion,
la liberté de manifestation mais aussi le respect d`autrui.
Elle est souvent restreinte par certaines conditions
particulières qui interdisent l`incitation à la haine raciale,
nationale ou religieuse et l'appel à la violence physique contre les
26 Nous allons enrichir ce débat
ultérieurement dans les définitions des paradigmes ou
théories.
27 CNC, Art.19 de la Déclaration
Universelle des Droits de l`Homme, ONU, 1948.
28 Emmanuel DERIEUX, cité dans, La
déontologie des médias, Paris, PUF, Que sais-je ?, 2è
éd. 1997, p. 33.
- 20 -
individus. Arrêtons-nous un instant sur un des
corollaires de la liberté d'expression : la liberté de la presse.
Qu'est ce que la liberté de la presse ? Quels enjeux comporte son
analyse ?
En 1793, Kant affirme déjà que la liberté
de la presse est le palladium de la liberté. Il n'a
évidemment pas tort. Car la liberté de la presse est
nécessaire pour le professionnel des médias qui dans l'exercice
de son métier doit éclairer le peuple sur la matière dont
l'Etat est gouverné, sur la nature des institutions et le contenu des
lois de la République. Ainsi donc, la vocation première du
professionnel des médias est d'exercer la liberté de communiquer
en vue d'informer la population sur la société et le monde. Ceci
n'est possible que dans un espace politique où les droits du citoyen
sont respectés. Car l'instauration d'une dictature laïque ou
théocratique, monarchique ou impériale, militaire ou coloniale,
bourgeoise ou prolétarienne s'accompagne toujours de la suppression de
la liberté de parole et de la presse. Cette idée vient
légitimer le postulat qui dit que, sans communication libre, il n'y a
pas de société, donc pas de survie prolongée de
l'individu.
Il est vrai qu'il n'y a pas de liberté réelle
sans limite, aussi, il ne peut y avoir de responsabilité sans
liberté. Le professionnel des médis a besoin de la liberté
vis-à-vis de l'Etat et des propriétaires des entreprises pour
mieux exercer son métier. Sans être donc absolue, la
liberté de la presse est toutefois confrontée aux
différentes entraves techniques, politiques, économiques,
culturelles et médiatiques.29
A la lumière de ce qui précède, nous
pouvons définir la liberté de la presse non comme
supplément de la négation de la censure, mais comme l'affirmation
d'une tâche à remplir : satisfaire le droit à l'information
de chaque citoyen, le droit d'être informé bien et aussi le droit
d'avoir accès aux médias.
Sinon, la confusion à ce niveau aura pour effet de
confiner l'éthique à la conscience individuelle, en rendant
virtuellement non imputables les journalistes qui se réfugient
29 Les technologies sont
présentées comme entraves dans le sens qu'elles
élargissent l'espace de publication où n'importe qui peut publier
sans être identifié. Quant à l'entrave
politique, dès la naissance de la presse son
développement a été freiné par le souverain et ses
tribunaux. Actuellement, l'Etat essaie de censurer ou d'orienter l'information.
L'entrave économique, beaucoup de médias sont
utilisés pour des fins de faire des profits. L'entrave
culturelle, en Afrique tout comme dans les pays musulmans, les
traditions, le statut des femmes, la loyauté envers la tribu font
aujourd'hui les débats contradictoires aux médias. Dans l'entrave
médiatique, les Us et les Coutumes journalistiques
constituent un obstacle majeur à la déontologie (manque
d'imagination, etc.).
- 21 -
derrière leur liberté d'expression et de la
bonne conscience qu'ils s'en font.30 De même, la mise en place
d'outils déontologiques sans effectivité réelle
relève d'une démarche cosmétique qui dissimule mal la
même confusion de valeurs et de fonctions.
I.1.4. Le concept d' « Organe de régulation
»
Le terme régulation vient du verbe «
Réguler », qui signifie « Déterminer, Orienter ou
Contrôler ». Dans le sens de la profession, la régulation
doit être comprise comme « un moyen d'assurer le fonctionnement
correct et harmonieux d'un système libéralisé ou
déréglementé ».31Dans le domaine
médiatique, la régulation est une tâche. A ce titre, elle
consiste à assurer entre le droit et l'obligation de chacun le type
d'équilibre voulu par la loi ».32 Aussi faut-il pour
plus d'approfondissements, l'aborder sous une double approche : l'approche
économique et l'approche philosophique :
? L'approche économique
Cette approche précise que l'organe de
régulation doit encourager les initiatives privées
développées par ce même marché sans s'y substituer.
Dans le fonctionnement du marché, la concurrence parfaite suppose que
les acheteurs et les vendeurs soient parfaitement informés de leurs
prétentions respectives. Le système de prix est l'instrument qui
permet d'assurer l'information des uns et des autres sur les conditions du
marché, la publicité étant un moyen supplémentaire
utilisé par les vendeurs pour informer les acheteurs.33
? L'approche Juridique
Le système d'information orienté vers la
direction et le marketing, repose sur une conception rationnelle de
l'entreprise : les circuits sont définis de façon à
collecter les informations pertinentes et à les mettre au moment
opportun à la disposition des responsables, afin de leur permettre de
prendre des décisions satisfaisantes.
Nemo rappelle que : « l'intérêt
général consiste à créer et à maintenir les
conditions propices aux échanges »,34 afin de
réaliser les conditions de la concurrence parfaite. Pour y arriver,
l'Etat veillera donc à la régularité des échanges
sans s'ingérer dans leurs contenus.
30 G. GIROUX, La déontologie
professionnelle dans le champ du journalisme. Portée et limite,
communication, XXII, n°2, 1991, p.134.
31 J.C GUYOT et L.A TAO, La Régulation
des médias : principes, fondement, objectif et méthodes,
Institut Panos Paris, 2007, p. 12.
32 V. DABO, L'évolution de l'organe de
régulation des médias au Sénégal, Bruxelles,
éd. De l'Université, 1994, p. 25.
33 J. MARCHAL, Les mécanismes des prix,
Librairie de Médicis, 2è éd. 1948, pp. 320- 337.
34 Ph. NEMO, La société de droit
selon F.A. Hayek, Paris, PUF, 1988, p. 176.
- 22 -
Signalons que, parmi les instruments de cette
régulation figurent les organes administratifs nécessaires pour
faire respecter l'encadrement juridique, les principes dans lesquels les divers
acteurs de chaque secteur spécifique évoluent. C'est le cas du
Conseil National de la Communication au Burundi.35
En principe, le rôle de ces instances de
régulation des médias est aussi de faire évoluer la
réglementation originaire au caractère général et
impersonnel. Il s'agit de trouver l'équilibre entre la
réglementation et la régulation sans quoi, « le trop
plein de réglementation et le défaut de régulation
produisent en effet, un singulier glissement vers le terrain juridique
».36 Ce qui explique de nos jours le recours de la plupart
des médias burundais auprès des instances juridictionnelles
(parquet) au Burundi pour régler les conflits qui les opposent aux
pouvoirs publics. BELCROS estime que l'autonomie des organes de
régulation risque d'enlever aux autorités politiques tout
repère pour adapter les normes réglementaires aux
évolutions et à terme entraîner un conservatisme.
L'instance de régulation a aussi pour mission de déposer au
pouvoir politique des adaptations périodiques de la régulation.
C'est pourquoi la régulation ne supprime pas la nécessité
d'une réglementation dont l'initiative et a fortiori la
responsabilité reviennent directement au pouvoir politique (le parlement
ou l'exécutif).
En effet, pour exercer leur mission, ces instances
indépendantes de régulation jouissent d'un pouvoir
réglementaire « dérivé et subordonné
»,37 mais « complémentaire »,38
à la régulation originaire qui les a créés.
L'intérêt de cette situation est de « ne pas bloquer
l'évolution ultérieure par l'imposition des critères
étroits ou rapidement obsolètes surtout dans les domaines
à forte évolution technologique ».39
I.1.5. le concept de « Communication »
Le mot « communication » revêt une
pluralité de sens et chaque auteur tente une définition en
fonction du domaine qu'il aborde. Ainsi, la « communication » vient
du latin
35 Le Conseil National de la Communication « CNC »,
en sigle est l'organe de régulation des médias au Burundi. Nous
en parlerons en détail ultérieurement dans le second chapitre car
il fait l'objet de nos préoccupations dans ce travail.
36 B. DELCROS, Le dur chemin de la
régulation, entretien avec J-F LACAN, Médias
pouvoir, n°29, Janvier 1993, p. 51.
37 Idem.
38 R. WANGERMEE, Les instances de
régulation de l'audiovisuel, Médias et service public,
Bruxelles, Bruylant, 1992, p. 306.
39 J-P. SIMON, Tirs croisés sur la
force, Médias pouvoirs, n°29, Janvier, Paris, 1993,
p. 57.
- 23 -
« communicare » qui signifie d'abord,
« mettre en commun », en suite « entrer en relation », et
enfin «faire connaitre ».
Selon le grand dictionnaire encyclopédique, «
la communication est la transmission à travers un canal d'un message
entre un émetteur et un récepteur (suivant une technique) qui
possède en commun ou au moins particulièrement un code
nécessaire à la transmission du message ».40
Dans le même sens, BERTRAND, J. C. affirme que « la
communication permet d'établir une relation entre les personnes, les
objets ou entre les personnes et les objets. Elle désigne soit l'action
de communiquer, soit le résultat de cette communication
».41
Ainsi, le verbe communiquer d'où dérive le mot
communication, est pris comme un acte fondamental, un besoin de tout un chacun.
Communiquer avec son prochain est une nécessité au même
titre que la nécessité physique de se nourrir ou de s'abriter.
Donner une seule définition de la communication est une tâche
difficile à réaliser. Cependant, les définitions
enlèvent toute confusion pouvant subvenir entre communication et
information à cause de la multiplication des informations issues des
moyens de communication.
En effet, chacun des divers domaines de la communication en
donne une définition spécifique dans son champ. La
définition la plus simple est celle où la communication est
définie comme : l'acte de transmettre l'information, des idées,
et des attitudes d'un individu à l'autre.42
Il faut donc souligner que la communication est un
énorme parapluie qui couvre et influence tout ce qui se passe entre les
êtres humains. Par ailleurs, elle n'est pas seulement du domaine humain,
elle porte également sur les animaux. La danse des abeilles devant la
ruche, la réaction d'un baromètre avec variation
atmosphérique, les cris d'un nouveau-né sont autant des figures
qui s'apparentent à un processus de communication.
Selon la situation à laquelle on veut répondre,
la communication entre les hommes peut s'exercer sous différentes
formes. Ainsi, on parle de communication verbale, non verbale,
interpersonnelle, de masse ou de groupe.
40 Grand Dictionnaire Encyclopédique,
Larousse, Tom3, Paris, Librairie Larousse, 1982, p. 2436.
41 J. C. BERTRAND, Théorie de
communication, Paris, Librairie Larousse, 1985, p. 63.
42 W. K. AGEE et al, Introduction aux
communications de masse, Bruxelles, De Boeck-wesmavel SA, 1989, p. 32.
- 24 -
? La communication verbale
Elle fait appel à l'usage de la parole et de
l'écrit en plus des signes linguistiques. Ainsi, dans ce cas, on recourt
plus fréquemment à l'utilisation d'une langue ou
généralement d'un langage. C'est pourquoi lorsque nous nous
adressons à des camarades, nous utilisons des mots et des phrases
susceptibles d'être compris par nos interlocuteurs.
? La communication non verbale
Cette forme de communication s'oppose à la
communication verbale ; elle repose sur des gestes, des mimiques qui traduisent
nos émotions et nos réactions.
A chaque instant, nous passons notre temps à sourire ou
à grimacer, à applaudir, à siffler, à nous serrer
la main d'un cher ami, à lever le doigt pour répondre à
une question posée en classe.
? La communication interpersonnelle
Elle est basée sur l'échange entre un
émetteur et un récepteur. Dans ce cas, le nombre de
récepteurs est réduit à une seule personne. Cette
communication n'a sa pleine valeur que dans la mesure où elle permet de
transmettre des informations à autrui et, le feed-back est
quasi-systématique.
? La communication de groupe
C'est une communication qui part d'un émetteur
s'adressant à une catégorie d'individus bien définie par
un message ciblé. Par exemple, la communication faite au cours d'une
réunion d'information ou de formation. Toutefois, la communication de
groupe est complexe et multiple du fait qu'elle est liée à la
taille du groupe, la fonction du groupe et à la personnalité des
membres qui le composent.
? La communication de masse
La communication de mass ou mass média (le mot
utilisé en français et issu du mariage de l'anglais mass et du
latin media pluriel de medium), désigne des techniques de diffusion de
messages, liés au progrès scientifico-technique.
Média, désigne les supports : presse,
radio, cinéma, télévision, et aujourd'hui les nouvelles
techniques de communication, liées à l'informatique et à
la révolution du numérique (NTC). Mass, désigne
les récepteurs et les effets sur eux des médias. Cette forme de
la communication utilise un émetteur (ou ensembles d'émetteurs
liés entre eux) s'adressant à
- 25 -
tous les récepteurs disponibles. Avec cette pratique,
elle permet d'atteindre le maximum de gens en même temps.
Ce type de communication de masse est défini par
WARREN, K. AGEE comme «un processus qui consiste à faire
connaitre des informations, des idées et des attitudes à un
public nombreux et diversifié par l'entremise des médias
créés à cette fin ».43
I.1.6. Le concept d' « Information »
Selon le Dictionnaire de sociologie, l'information,
du latin « informare », signifie façonner, former. Dans le
domaine de la communication de masse, l'information consiste en un processus
dont la finalité est de modifier l'environnement cognitif des agents.
En ce sens, informer implique le transport d'une
quantité donnée d'informations d'un lieu Emetteur à un
lieu Récepteur, par le moyen d'un support. Dans un autre sens,
l'information est prise comme un élément de connaissance
susceptible d'être codé pour être conservé,
traité ou communiqué. Utilisé au pluriel, le terme «
information » désigne une émission
télévisée ou radiodiffusée résumant les
dernières nouvelles de l'actualité. Exemple, quand on dit
à quelqu'un qu'il écoute chaque jour les
informations.44
La définition du Dictionnaire Encarta, vient
appuyer cette dernière définition de l'information en la
comprenant comme « une nouvelle de l'actualité rapportée
par un Journaliste de la presse écrite, de la radio ou de la
télévision ou même un renseignement d'ordre privé
(sur quelque chose) ».45
Francis BALLE affirme que « l'usage a consacré
le mot information dans la langue anglaise comme en français, en italien
ou en espagnol, pour désigner tantôt les nouvelles portant sur
l'actualité (les news), tantôt des renseignements ordonnés
et souvent quantifiés, des données concernant certaines
activités économiques ou sociales, tantôt les savoirs ou
les savoirs en général ».46 Il faut faire
remarquer que la notion d'information recouvre à la fois les
données, la connaissance, et les nouvelles.
L'information en tant que contenu des médias est
synonyme de nouvelles. Sous cette considération, est appelée
justement information, celle qui répond aux questions suivantes :
43 Warren K. GEE, et al. op.cit., p. 34.
44 Dictionnaire de sociologie, Seuil, Paris,
1999, p. 91.
45 Microsoft® Etudes 2008[DVD]. Microsoft
Corporation, 2007.
46 F. BALLE, Médias et
Sociétés, Paris, Montchrestien, 1999, 9è éd.
p. 775.
- 26 -
Qui ?, Quoi ?, Quand ? Et Où ? Mais
également à des compléments : Comment ?, et
Pourquoi ?
L'information prise dans son sens strict peut, en effet,
être définie comme la circulation d'informations dont le contenu,
transporté d'un lieu à un autre, modifie et enrichit la «
connaissance » qu'ont les agents sociaux de leur monde. C'est une
activité dont on peut concevoir qu'elle engendre des informateurs
professionnels, agents de transmission d'un savoir.47Un média
de qualité est celui qui donne la bonne et vraie information. Pour ce
faire, il ne doit pas seulement être régulé par l'esprit du
marché, mais aussi par le respect de la loi et de la déontologie
s'il veut diminuer le nombre de bavures, d'inflations et de
désinformations.
Ces trois dernières décennies, le crédit
des journalistes a sensiblement diminué alors qu'a grandi le malaise au
sein du public. Les abus et les critiques n'ont pas cessé depuis et loin
de se limiter à l'audiovisuel, ils concernent aussi la presse
écrite. Suite aux dérives de l'information, une crise de
confiance s'est installée entre public et médias, public et
journaliste. La plupart de spécialistes des médias proposent
aujourd'hui un renforcement de la déontologie et invoquent la
nécessité de réinsuffler une exigence éthique dans
les médias.48
I.1.7. La désinformation
La désinformation vient du verbe «
désinformer ». Désinformer, explique Philippe Breton, c'est
couvrir un mensonge avec les habits de la vérité. En
démocratie, où les entreprises manipulatoires sont légion,
la désinformation est la reine des techniques visant à tromper
l'opinion.49 Celles-ci sont, selon, YAHYA EL YAHYAOUI50,
de quatre ordres :
a) L'image manipulée, information hors contexte.
b) La propagation.
c) La non information absolue.
d) La non information relative.
47 Dictionnaire de sociologie,
op.cit., p. 91.
48 Deux exemples peuvent expliquer ce constat :
- Le cas comme la fausse interview de Fidèle CASTRO par
le présentateur vedette de TFI, Patrick Poivre d'Arvor, les explications
de la profanation du cimetière Carpentras ;
- Après l'invention du « charnier de Timisoara
», la couverture médiatique de la « Tempête du
désert », en 1991, a cristallisé les critiques relatives au
traitement de l'information.
49 Philippe BROW. Cité par Ignacio Ramonet,
dans, La tyrannie de la communication, p. 105.
50 Yahya EL YAHYAOUI, cité par, J-L
SERVAN-SCHREIBER dans, Le pouvoir d'informer, Paris, Robert Laffont,
1972, p. 223.
- 27 -
a) L'image manipulée, information hors
contexte
L'image à la télévision étant une
image fabriquée, on peut la manipuler en l'orientant dans le sens de la
vérité qu'on veut démontrer au public. De même, au
niveau de l'information, les dires du Journaliste peuvent s'appuyer sur un
différent du contexte original du témoin.
b) La propagation
La propagation, c'est le traitement d'un fait par plusieurs
médias en ignorant les autres faits, si importants soient- ils, pour ne
rester qu'en retrait de l'actualité. Elle s'avère ici comme un
cercle vicieux qui uniformise et nivelle les productions médiatiques. La
pratique de la propagation est souvent faite pour des raisons commerciales et
de concurrence. C'est de la non information absolue au niveau de plusieurs
médias.
c) La non information absolue
Cette technique consiste à supprimer volontairement
une information. L'information bannie est sur le registre de la
sous-information, tandis que, l'information choisie au détriment de
celle-ci se trouve sur celui de la surinformation.
d) La non information relative
La non information sur certains aspects d'un fait accentue
l'importance des aspects traités du même fait. Ainsi, les aspects
non traités subissent la sous-information, tandis que les aspects
traités subissent la surinformation.
Cette distinction nous amène à deux autres
concepts qui sont les suivants : la sous-information et la surinformation.
I.1.8. La sous-information
L'être humain peut être sous informé par
manque de poste récepteur (Télévision, ordinateur, radio)
ou par manque d'argent pour se procurer un journal.
Ici, la situation se présente autrement. La sous-
information est liée au traitement tronqué des nouvelles par les
médias qui peuvent occulter les faits. La sous information est donc une
« information tronquée, voire inexistante sur des sujets importants
».51
51 L'occultation peut être due à
l'ignorance du professionnel des médias ou résulté d'un
acte volontaire. Dans ce dernier cas, elle est entretenue par la ligne
éditoriale pour sauvegarder les intérêts particuliers des
détenteurs des médias et ainsi, d'avoir, comme le dit Brecht,
« la main haute sur des sources d'information où l'organe de presse
ne réside pas seulement, en effet, dans la possibilité que cela
donne de diffuser des nouvelles mais aussi et peut -être surtout d'en
bloquer le flot ».( cfr. J.C BERTRAND, dans Théorie de
communication, Paris, L.Larousse, 1982.).
- 28 -
I.1.9 La surinformation
Le mot surinformation lui-même découle de «
surinformer », qui signifie donner trop d'informations à quelqu'un,
ou au public dans un domaine quelconque par rapport à son importance
réelle.52 Aujourd'hui, « non seulement trop
d'informations se déversent sur nos têtes, mais cette douche se
produit souvent ».53 De fait, le niveau atteint en
quantité d'informations par les médias est tel que l'audience ne
peut pratiquement consacrer aucun temps à analyser l'information et
à fabriquer leurs idées. A ce sujet, J-L SERVANSCHREIBER
écrit «... plus la capacité de l'information devient
énorme, plus il n'y a pas grand-chose à dire ou que la
qualité de ce qui est dit se dilue ».54
Généralement, la surinformation peut porter soit sur quelques
aspects d'un sujet, soit sur des thèmes connus.
1) la surinformation de quelques aspects d'un
sujet
Informer de façon abondante sur certains aspects d'un
sujet plutôt que d'autres, est un moyen de masquer d'autres aspects plus
importants, plus polémiques, ou clarificateurs. Ce n'est pas que l'on
n'informe pas sur ces aspects, mais l'espace qui leur est octroyé est
trop petit comparativement à celui consacré aux autres aspects
qui passent pratiquement inaperçus aux yeux du grand public. Elle se
matérialise par une grande quantité répétitive de
certaines informations données, sans entrer réellement dans le
fond du problème, sans esprit critique de la version des faits.
2) La surinformation sur des thèmes
connus
Certains sujets jugés importants par les médias,
sont l'objet d'une grande importance. L'objet est de détourner
l'attention du public sur d'autres faits et réalités bien plus
importants pour la vie des personnes et de la société. On
détourne l'attention du public de ses arguments et on l'oriente vers
d'autres.
I.1.10. Le concept de « Média »
Un média est une entreprise industrielle qui par des
moyens techniques spécifiques diffuse simultanément ou presque,
un même message à un ensemble d'individus
éparpillés. Dans l'usage courant, seuls les journaux, les
magazines, la radio et la télévision remplissent
52 Grand Dictionnaire Encyclopédique
Larousse, Tome9, Paris, Librairie Larousse, 1985, p. 320.
53 J-L SERVAN-SCHREIBER, op.cit. p. 305.
54 Ibid. p. 422.
- 29 -
cette condition et peuvent être appelés des
médias. Voyons ce que disent à ce sujet les quelques auteurs
désignés ci-dessous.
Selon Jérôme BOUDON, pour définir
convenablement le mot média, il faut tenir compte de quatre dimensions,
à savoir : les techniques, l'organisation, le contenu, et le public
».55 Dans l'entendement de cet auteur, on ne peut pas
définir les médias sans parler des techniques de fabrication et
de diffusion de messages identiques, diffusés avec rapidité,
simultanéité, et régularité au près d'un
public vaste. Chaque média, selon son organisation, a sa manière
de le faire. La presse, la photographie, la cinématographie, la radio,
la télévision ont trouvé de nouvelles possibilités
à cet égard. L'histoire des médias à ce point de
vue, correspond à un enrichissement continu.
Pour Gérard MERMET, le média est « Tout
support de diffusion de l'information (geste, voix, lettre, livre, journal
écrit, téléphone, internet, radio, disque,
télévision, cinéma, etc.,...) servant
d'intermédiaire pour transmettre le message à l'intention
d'individus ou d'un groupe large ».56 Cette
définition prend la notion de médias dans son ensemble. C'est
pourquoi, elle se limite quasiment à une description et omet les
différentes formes que peuvent prendre les médias.
Dans une toute autre acception, le canadien Marshall MAC
LUHAN, conçoit le medium comme le message dont les effets sur l'individu
ou sur la société dépendent du changement d'échelle
que produit chaque nouvelle technologie, chaque prolongement de
nous-mêmes dans notre vie.57 Ainsi, pour lui, les moyens de
communication et de diffusion déterminent le mode de penser et d'agir de
la société. Ils influencent la culture d'une
société et la transforment.
De plus, MAC LUHAN donne la double distinction suivante des
médias : les médias chauds et les médias froids.
Selon lui en effet, « Les médias chauds
découragent la participation du public, alors que les médias
froids au contraire la favorisent. Il en va de soi qu'un média chaud
comme la radio, le cinéma [...], sert des effets très
différents de ceux d'un média froid comme le
téléphone, la télévision,...
».58
55 J. BOUDON, Introduction aux médias,
Paris, Montchrestien, 2000, p. 11.
56 G. MERMET, Democrature : comment les
médias transforment la démocratie ?, Paris, Aubier, 1987, p.
238.
57 M. MAC LUHAN, Pour comprendre les
médias, Paris, 2è éd., Manuel Seuil, 1968, p. 25.
58 Idem.
- 30 -
Francis BALLE, quant à lui, définit le
média comme « une technique ou ensemble de techniques
permettant aux hommes de communiquer l'expression de leurs pensées
quelles que soient la forme et la finalité de cette expression
».59
I.1.11. Le concept de « Presse »
La presse vient du latin presso, qui signifie «
presser », « serrer ». Elle désigne d'abord la machine ou
l'ensemble d'équipement permettant d'imprimer des journaux.
L'usage a fini par imposer une acception plus large. Ainsi,
elle désigne l'ensemble des publications nées de l'imprimerie,
les institutions, leur mode de fonctionnement, leur influence sur chacun de
nous, sur la société.60
Il faudra attendre le XIXe siècle, pour qu'il y ait la
révolution industrielle et les lois sur la liberté d'expression,
pour que naissent ensemble la presse et le journalisme moderne. C'est
après 1950, que pour la première fois dans l'histoire de la
presse, des nouvelles d'actualité, considérables ou
dérisoires, ordinaires ou spectaculaires, sont divulguées
auprès d'un public de lecteurs beaucoup plus nombreux, dans des
délais toujours raccourcis et selon une technique industrielle et soumis
aux lois de l'économie marchande.61
Les médias sont si différents qu'il faut
envisager une déontologie à géométrie variable. La
distinction est évidente entre presse écrite et média
audiovisuel ; entre média public (sous contrôle de l'Etat),
média commercial (sous contrôle de l'argent) et média
privé à but non lucratif.
Cependant, la distinction fondamentale existe entre la presse
d'information générale, aujourd'hui relativement neutre à
laquelle se réfèrent la plupart de codes et, par ailleurs, la
presse d'opinions (religieuse, ethnique, partisane) qui, pour des raisons
idéologiques ou politiques, peut déformer la
réalité.62Cette presse peut taire les idées
adverses, se montrer injuste, insultante même sans pour autant être
autorisé à mentir ou par, exemple, inciter à la haine
raciale ou à la violence. C'est pour cette presse d'opinions avant tout
qu'existent les garanties de liberté de la presse, parce qu'elle
répugne à une partie de la population et souvent aux pouvoirs en
place.
59 F. BALLE, Médias et
Société, Paris, 6è éd., Montchrestien, 1920,
p. 26.
60 Jean MEYNAUD cité, dans, Dictionnaire
sociologique, 1999, p. 418.
61 François CHAZEL, cité, dans,
Dictionnaire de sociologie, 1999, p. 418.
62 Le code journalistique du Kansas, 1910.
- 31 -
Il existe également une presse
spécialisée. Son matériau vient en grande partie de
pigistes dont il n'est pas facile de vérifier la probité. Ses
revenus proviennent d'annonceurs spécialisés. A côté
d'elle, il faut mentionner la presse d'entreprise et de collectivités
locales dont les « relations publiques restent l'unique appui
».63
I.1.12. L'éthique et la déontologie
professionnelle des médias
Le terme Ethique vient du grec « ethos »
qui signifie « coutume », « usage »,
« caractère », c`est-à-dire, les principes
d`évaluation de la conduite humaine, parfois appelés moeurs du
latin « mores », et par extension, étude de tels
principes. Ainsi, le terme éthique implique une démarche
individuelle, elle est également l`action de fraternité envers
l`autre. J.C. GUYOT et L. A. TIAO nous font savoir que l`éthique
consiste en une adhésion volontaire à des valeurs
hiérarchisées en systèmes dans le but de faire du
bien.64
A l`instar de l`éthique, la déontologie se
définit traditionnellement comme la science des devoirs qui impose
l`exercice d`une activité. Il existe une déontologie de
profession de santé et celle de profession sociale. Cette
dernière nous permet de réfléchir sur les conditions de
faisabilité de la liberté d`expression et d`information. Elle
constitue la base normative de toute profession. Dans le domaine
médiatique, la déontologie est l'ensemble des principes et des
règles établis par la profession, de préférence en
collaboration avec les usagers, afin de mieux répondre aux besoins
divers des groupes dans la population.
I.2. Les théories
I.2.1. Considération générale
Le terme théorie, vient du latin theoria qui
signifie « recherche spéculative » et repris du grec
theôria « action d'observer ». Dans ce sens, deux
formes de théories peuvent être distinguées :
? Les théories les plus générales et
englobantes
Ces théories sont l'exemple de la théorie
évolutionniste, matérialiste dialectique, fonctionnaliste,
structuraliste, etc. Elles ont pour ambition d'offrir une explication
générale des phénomènes et un cadre d'analyse des
pratiques sociales.65 Ainsi entendue, la théorie n'est pas un
corps des connaissances, mais un système cohérent de conjonctures
orientant la
63 Olson MANCUR, cité, dans, Dictionnaire
de sociologie, Seuil, Paris, 1999, p. 418.
64 J. C. GUYOT et L. A. TIAO, La régulation
des Médias : principes, fondements, objectifs, et méthodes,
Institut. Panos Paris, 2007, p. 12.
65 Thomas S. KUHN, cité dans, Dictionnaire
de sociologie, Seuil, Paris, 1999, pp. 535-536.
- 32 -
recherche par voie de déduction dans l'étude des
données. Elles se formulent par des concepts privilégiés,
des hypothèses, qui orientent la construction intellectuelle des objets
et la recherche des explications, qui restent confrontées à
l'obligation de vérification.66
? Les théories « à moyenne
portée »
Ces théories de R. K MERTON se proposent, non de
construire des explications universelles, mais de fournir des hypothèses
partielles plus aisément révisables et contrôlables. Pour
MERTON, de telles théories, construites à partir de la
codification des résultats, doivent être suscitées,
corrigées et vérifiées par la recherche empirique. Ainsi,
une théorie des conflits sociaux, de la bureaucratie, du chômage
dans une société donnée n'a pas pour vocation de fournir
des explications universalisables, mais de répondre à des
problèmes circonscrits et vérifiables.67
Si nous pouvons chercher la distinction entre ces deux types
de théories, elle n'est cependant pas rigoureuse. Des théories
à moyenne portée ne sont pas sans conséquences pour
l'élaboration éventuelle de théories
générales. Nous en parlons à travers les doctrines
suivantes : doctrine autoritaire, doctrine libertarienne, doctrine
libérale et doctrine de la responsabilité sociale des
médias.
I.2.2. La Doctrine Autoritaire
En Europe la doctrine autoritaire a été connue
jusqu'au milieu du XIXème siècle et au
XXème siècle. L'Etat fasciste a repris les usages des
monarchies absolues. Dans ce régime, d'ordinaire, les médias
demeurent des entreprises privées à but lucratif, mais les
autorités en censurent les contenus. L'information et le divertissement
peuvent être subversifs.
Ici la condition est que les idées
véhiculées soient conformes aux intérêts du pouvoir.
Pas de presse d'opposition, pas de débat politique, certaines
catégories de faits divers, signes de dysfonctionnement, sont
strictement interdits. La presse qui devait se révéler comme l`un
des plus grands ferments d`émancipation de l`histoire et dont le nom
même parait à beaucoup inséparable de celui de
liberté est pourtant née, et vécu longtemps sous des
régimes qui avaient l`autorité pour fondement. Ces modes de
gouvernement et de statut de l`information qui en découlent, sont
d`ailleurs loin d`avoir entièrement disparus.
66 Pierre ANSART, cité dans, Ibid.
67 Robert K. MERTON, cité dans,
Ibid.
- 33 -
Cette théorie se fonde sur une autorisation
préalable relative à l`opportunité de l`expression
publique, individuelle, à son contenu et à ses formes
matérielles. La liberté et la responsabilité sont soumises
à un régime de contrôle a priori exercé par les
autorités politico-administratives. Ainsi, donc, le régime
autoritaire de la régulation et de la communication est
caractérisé par une compréhension substantielle et
individuelle de la souveraineté politique déniant toute autonomie
de critique et d`initiative aux gouvernés.68 En ce qui
concerne les médias, le pouvoir politique leur impose les moyens de
diffusion suivant les lignes d`une politique fixée par lui. Cette
conception est à la fois totalitaire et idéologique. L`Etat exige
en effet, l`alignement total de l`information sur l`idéologie du
parti.
I.2.3. La Doctrine libertarienne
Etymologiquement, ce terme vient de l`anglais «
libertarian » qui est la traduction du français libertaire,
lui-même issu du latin « liber », libre.
Les libertariens désignent des libéraux radicaux
qui prônent la liberté absolue des individus de faire ce qu`ils
veulent de leur personne et de leur propriété avec pour
conséquence qu`ils n`empiètent pas sur cette même
liberté des autres.
Pour les libertariens, toute interaction entre humains doit
être volontaire et consensuelle. Prendre l`initiative de la force
physique contre une autre personne ou la propriété de celle ici,
commettre une tromperie contre toute personne constitue une violation de ce
principe. Bref, l`usage de la force est donc illégitime, sauf pour se
défendre.
La position de cette doctrine vis-à-vis de l`Etat fait
apparaître deux grandes tendances : Le minarchisme et
l'anarco-capitalisme.
- le minarchisme considère que les
pouvoirs de l`Etat devraient être restreints, s`apparentant ainsi au
libéralisme classique.
- l`anarco-capitalisme prône la
suppression des pouvoirs de l`Etat et l`instauration d`un droit
privé.
En principe, la doctrine libertarienne se caractérise
par la reconnaissance générale de la liberté individuelle,
d`expression, des opinions et des informations. C`est pour cette raison que
cette conception prône l`absence de tout contrôle préventif
sur la liberté d`expression et place la conscience individuelle du
Journaliste au centre de ce qui est publié
68 Maison de la presse, Les médias
et le processus électoral, Bujumbura, n°1, Janvier-Avril 2010,
pp. 80-81.
- 34 -
ou diffusé. C`est ainsi que les libertariens
considèrent illégitime et liberticide toute forme
d`autorité. Celle-ci est toujours interprétée comme une
ingérence dans l`exercice de la liberté d`expression du
Journaliste. 69
Cette doctrine fait de la liberté de la presse une
valeur cruciale de la démocratie. Les Journalistes rendent compte
librement de ce qu`ils observent. Cette liberté permet aux
différents points de vue de coexister et de s`affronter dans la
sphère publique.
« La liberté d'expression sert de paradigme
journalistique, dans la mesure où elle accrédite un statut, pour
le journaliste qui ne serait pas distinct de celui de tout citoyen qui
revendique la même liberté ».70
Certains reprochent au renouveau éthique dans les
médias de porter atteinte à l'exercice de la liberté
d'expression et de réduire la diversité des points de vue
exprimés. Cette critique est effectuée depuis « une
conception libertarienne du journalisme ».71 Cette
théorie se déclare conforme à l'idée
exprimée par MILTON dans son ouvrage intitulé : « Aeropacita
pour la liberté d'imprimer sans autorisation, ni censure (1644) ».
En revanche, si « la théorie libertarienne du journalisme »
formulée par MERRILL n'est pas dépourvue de règles
éthiques (soit l'objectivité ou l'honnêteté), elle
préfère laisser le marché, juge ultime des abus
éventuels.
En ce sens, les libertariens optent pour le rejet de tout
pouvoir, c'est-à-dire la contrainte qui peut provenir de l'Etat, mais
aussi des journalistes institués collectivement dans des organisations
professionnelles et cherchent à imposer à leurs confrères
des codes d'éthique et des organes d'autorégulation.
I.2.4. La Doctrine libérale
Cette doctrine est proche de la conception libertarienne sans
être aussi radicale que celle-ci. Contrairement aux libertariens, les
libéraux reconnaissent l`intervention de l`Etat pour autant qu`elle se
limite à la logique du marché. Les libéraux, contrairement
aux libertariens, acceptent seulement que dans les aspects physiques, les
médias peuvent être régulés par le pouvoir
politique. (Les aides matérielles, la libre circulation des
69 Idem.
70 G. GIROUX, La déontologie
professionnelle dans le champ du journalisme. Portée et limites,
Communication, XXII, n°2, 1991, p.134.
71 J.C MERRILL, Three theories of press
responsability and the advantages of pluralistic individualism, in D.
ELLIOTT éd. Responsible journalism, Beverly Hills, sage, 1986,
p.51 et
sq. et J.C. MERRILL, Press councils and
ethical codes are dangerous control mechanism, in E.E. DENNIS& J.C.
MERRILL, Basic issues in mass communication. A debate, Newyork, Macmillian
publishing campany, 1984, p. 162.
- 35 -
marchandises dans le pays, etc.). Toute intervention
dans le contenu, c`est-à-dire dans les aspects symboliques de la
liberté de la communication est combattue72
La doctrine libérale reconnait la liberté
à tout individu de publier ce qu`il sait et ce qu`il pense par quelque
moyen que ce soit. Ceci est un droit imprescriptible de tout être humain.
Il ne peut être restreint d`aucune façon, ni sous aucun
prétexte sauf en cas de force majeure. Selon cette doctrine donc, il
faut que tous les faits soient rapportés et que toutes les opinions
soient placées sur « le marché des idées ».
L'être humain est capable de discerner la vérité. Si l'Etat
laisse faire, tout ira pour le mieux. Cette idée illusoire n'a pas
résisté à la commercialisation croissante de la presse au
XXème siècle : devenait bon ce qui était
profitable et toutes les entreprises tendent naturellement à la
construction. Ainsi, le pouvoir d'informer, de fixer les thèmes du
débat national, risquait de tomber dans les mains de quelques
propriétaires qui n'étaient pas élus, ni forcément
experts ou soucieux de servir le public.
La théorie libérale ne serait plus qu'une
fiction insatisfaisante parce qu'inapte à fournir une
compréhension adéquate de la réalité de nos
sociétés démocratiques et illégitime parce que
constituant un obstacle philosophique au développement du débat
public. Contrairement à elle, la théorie de responsabilité
sociale des médias peut favoriser la revalorisation du régime
démocratique dans ses composantes essentielles.
I.2.5. La Théorie de la responsabilité
sociale des médias
Ce concept est né d'une perception plus réaliste
de la nature humaine et de l'économie. L'expression fut lancée
aux Etats-Unis par une « commission sur la liberté de la presse
»,73 qui rassemblait des personnalités
extérieures au milieu de la presse. Selon cette doctrine, il est
préférable que les médias ne soient pas la
propriété de l'Etat, ni même sous son contrôle.
En principe, les médias ne sont pas des entreprises
commerciales ordinaires dont le succès puisse se mesurer aux profits.
Qu'elles recherchent la rentabilité, c'est normal, mais il leur faut
assurer les « imputabilités »,74
c'est-à-dire admettre qu'ils sont responsables envers les divers groupes
sociaux, dans le sens de répondre à leurs besoins et
désirs.
72 Idem.
73 Sous la présidence de R.M. Hutchins,
recteur de l'Université de Chicago-d'où le nom de commission
Hutchins.
74 Ce mot peu courant, traduit le terme anglais «
accountability ».
- 36 -
Au cas où les citoyens deviendraient mécontents
du service qui leur est fourni, les médias devaient agir. Il est
préférable qu'ils s'amendent eux-mêmes. Si ce n'est pas le
cas, il serait nécessaire et légitime que le parlement et
d'autres organes de régulation interviennent. C'est d'ailleurs souvent
pour éviter une telle intervention que les médias se soucient de
déontologie.
Il faut noter que l'on ne rencontre pas ces quatre
régimes de presse75 à l'état pur. En
régime autoritaire, les citoyens ont toujours eu accès à
des médias clandestins. Dans les démocraties libérales, on
a toujours jugé qu'il était dans l'intérêt
général de réglementer l'activité des
médias, même aux Etats-Unis.
MERRILL, le théoricien de la conception
libértarienne de la presse, critique « le raisonnement utilitariste
social » développé à l'égard de la presse et
dénonce la conception « élitiste » qui sous-tendait en
réalité la théorie de « la responsabilité
sociale » des médias. Cette théorie ne serait rien d'autre
qu'un subterfuge par lequel des groupes ou des personnes de l'élite
chercheraient à façonner la presse selon leur propre
image.76 Et pourtant, la responsabilité sociale des
médias rappelle souvent qu'un bon journal doit faire preuve
d'équité, d'exactitude, d'honnêteté, du sens de
responsabilités, d'indépendance, et de décence. Son
principe directeur reste la vérité, c'est-à-dire, il doit
éviter des pratiques qui nuiraient à sa capacité.
Rappelons en outre que l`opposition entre libéralisme
et autoritarisme, si elle garde une valeur symbolique autant que pratique, est
incapable d`expliquer les situations d`aujourd`hui, encore moins apte à
fournir des modèles pour celles qui s`annoncent déjà pour
demain. Les législations de type libéral ont tellement
minimisé la responsabilité sociale des organes de presse qu`elles
ont abouti à la déconsidération de la fonction
d`information par la recherche exclusive du profit et la tendance au monopole.
Le rôle des médias de masse dans une démocratie n`est pas
aussi clair qu`on se l`imagine, bien que son importance soit
généralement admise. En fait, on pourrait dire que les
médias sont ballottés entre la liberté de la presse et la
responsabilité sociale. La doctrine de la responsabilité sociale
des médias insiste sur l`obligation pour les médias d`être
justes envers toutes les couches de la
75 Les quatre régimes dont nous parlons dans
ce travail, il s`agit du régime autoritaire, régime
libéral, régime libertarien et régime de la
responsabilité sociale des médias.
76 J.C. MERRILL, cité in Th. L. GLASSER,
Press responsibility and first amendment values, in D. ELLIOTT,
éd., Responsible journalism, Bevery Hills, sage, 1986, p. 85.
- 37 -
société et de protéger les groupes
défavorisés notamment en leur permettant de s`exprimer.
L`information que reçoit la lectrice ou le lecteur, ce dernier l`utilise
pour forger une opinion personnelle et lui permet de jouer pleinement son
rôle de citoyen. Grâce à la bonne information, le citoyen
prend conscience des mutations conceptuelles et institutionnelles qu`impose
l`émergence des sociétés de masse ainsi que les grandes
étapes de la société industrielle qui les a
suscitées.
Dans le contexte de ce travail de recherche, les doctrines
dominantes de l`information ne sont peut-être vues que comme la
justification des rapports de forces ayant existé et qui existent
encore. De la sorte, Il n`empêche que ces théories ne
déterminent à leur tour des comportements et suscitent des forces
nouvelles capables de renverser l`état actuel des choses.
I.3. Conclusion partielle
Le régime libéral reconnait la liberté
à tout individu de publier ce qu`il sait et ce qu`il pense par quelque
moyen que ce soit. Ceci est un droit imprescriptible de tout être humain.
Dans un régime autoritaire au contraire, les médias demeurent des
entreprises privées à but lucratif, aux mains du pouvoir en place
dont les autorités en censurent les contenus. Les libertariens se
présentent comme des libéraux radicaux. Ils prônent la
liberté absolue des individus de faire ce qu`ils veulent de leur
personne et de leur propriété avec pour conséquence qu`ils
n`empiètent pas sur cette même liberté des autres. Pour
eux, toute interaction entre humains doit être volontaire et
consensuelle. Prendre l`initiative de la force physique contre une autre
personne ou commettre une tromperie contre toute personne constitue une
violation de ce principe.
Le régime de la responsabilité sociale des
médias insiste sur l`obligation pour les médias d`être
justes envers toutes les couches de la société et de
protéger les groupes défavorisés notamment en leur
permettant de s`exprimer.
Dans le paysage médiatique burundais le régime
libertarien et celui de la responsabilité sociale des médias
seraient indispensables hélas, ils sont encore loin d`être acquis.
Les éléments caractérisant le paysage médiatique
burundais seront détaillés dans le chapitre deuxième
où nous parlerons des Médias, de l`Instance de régulation
des médias (le CNC), des organes d`autorégulation (l`OPB) et
d`autres organes opérant dans le secteur médiatique (l`ABR) et
des syndicats (l`UBJ).
- 38 -
CHAPITRE DEUXIEME : PRESENTATION DU PAYSAGE
MEDIATIQUE
BURUNDAIS.
Ce deuxième chapitre présente le paysage
médiatique et met l'accent particulier à la fois sur les radios
publiques et privées qui diffusent les nouvelles. Il faut signaler que
la radio diffusion burundaise est diverse et variée. Cette
diversité et cette variété s'expliquent par l'existence
des radios privées, des radios publiques, des radios internationales et
des radios communautaires, des studios de production et très peu de
médias en ligne.
II.1. Présentation des organes de la presse
burundaise.77
II.1.1. La presse écrite
La presse écrite est un tout autre type de technologie
de l'information ayant la vocation de transmettre l'information à un
vaste ensemble de personnes (comme la population d'une ville à une autre
ou d'un pays à un autre).
La population burundaise utilise la presse écrite pour
s'informer. Ainsi, les gens qui ont les moyens et la culture de lire font
recours aux journaux écrits tant publics que privés pour
s'informer de la situation qui prévaut dans le pays et dans le monde
surtout en période de crise.
En effet, la presse est surtout un moyen d'information et
d'expression des citadins. En Afrique, sa faible pénétration chez
les ruraux ne tient pas seulement aux difficultés de distribution en
dehors des capitales où elle est publiée ou à son prix,
mais à des problèmes culturels. L'alphabétisation est
faible dans les campagnes et peu de journaux sont publiés en langues
africaines et leur contenu correspond principalement aux préoccupations
des lecteurs citadins.
Il existe deux sortes de presse écrite au Burundi
:
a) la presse écrite publique
Même si les quotidiens paraissent la partie la plus
importante de la presse parce qu'ils fournissent les informations les plus
fraîches, la presse quotidienne est pauvre.
La presse écrite publique suit dans son
évolution la voie tracée par son propriétaire qui est
l'Etat burundais. Cette presse bénéficie de l'appui humain,
matériel et technique de l'Etat.
77 P. ALBERT, La presse, Paris, PUF, 1988, p.
35.
- 39 -
La presse écrite publique connaît une situation
financière difficile. Prenons l'exemple du Renouveau, qui pour couvrir
ses dépenses, se réserve des pages importantes aux publications
des offres d'emplois et des marchés publics pour les ONG et les
institutions multilatérales, les grands projets d'Etat, etc. Il passe
souvent sous silence des questions importantes de la société
comme la corruption, les tueries, les conflits fonciers, la crise
économique au grand dam du public.78
b) la presse écrite privée
A l'époque du parti unique « Uprona », le
Burundi n'a connu qu'un seul journal privé, le journal Catholique «
Ndongozi ». Ce dernier a vu le jour en 1954 et fut suspendu de 1979
à 1988.79 De ce fait, les partis politiques furent
considérés en 1992 comme les premiers pionniers de la presse
écrite privée. D'ou, la naissance de nouveaux journaux comme :
L'Indépendance, le Carrefour des idées,
l'Aube de la démocratie, Nturenganywe, l'Etoile et la Nation.
Athanase NTIYANOGEYE, fait savoir qu'après l'assassinat
du Président Melchior Ndadaye le 21 Octobre 1993, beaucoup de journaux
sont nés dans la logique de mener un combat politique. Ils
étaient caractérisés pour la plupart par des appels
à la haine ethnique et par des excès de langage.80
L'actuel paysage médiatique a connu une
évolution en ce qui concerne le pluralisme médiatique. Voici
quelques titres de la presse écrite privée présents dans
le paysage médiatique burundais: « l'Hebdomadaire », «
l'Arc-en-ciel », « Ubuntu-lumière Infos », « Iwacu
Burundi », « Ubumwe », « Ndongozi y'Uburundi» de
l'Eglise catholique du
78 Pour illustrer cette affirmation ces applications voici
quelques numéros du Journal « Le Renouveau ». Le
n°8473. 35è Année, sorti, le Mercredi 26
Décembre 2012. Contient 15 pages dont, 3 pages de Reportage, 1 page de
Société, 3 pages de Genre, 1 page de Santé, 5 pages de
Publicité, 1 page d'Information pratique, 1 Page d'International.
Le n° 8488, 35è Année, sorti, le
Mercredi 16 Janvier 2013. Avec au total 15 pages dont, 1 page de
Société, 2 pages de Santé, 1 page d'Information pratique,
7 pages de Publicité, 1 page d'International, 1 page de Culture, 1 page
de Coopération, 1 page de Justice. Le n° 8469,
35è Année, sorti Jeudi, le 20 Décembre 2012. Il
est composé de 15 pages dont, 3 pages de Reportage, 1 page de
Coopération, 7 pages de Publicité, 3 pages de Politique, 1 page
d'Information pratique. Au n° 8494, 35è Année,
publié Jeudi, le 24 Janvier 2013. Avec 19 pages dont, 3 pages de
Reportage, 1 page de Politique, 12 pages de Publicité, 2 pages de
Société, 1 page d'Information pratique, 1 page
d'International.
Au n° 8508, 35è Année,
publié Mercredi, le 13 Janvier 2013. Il a 15 pages dont, 1 page de
Santé, 2 pages de Politique, 7 pages de Publicité, 2 pages de
Reportage, 1 page d'Information pratique, 1 page de Société, 1
page d'International.
79 Signalons que Ndongozi fut suspendu en 1979 par
le pouvoir en place, suite aux raisons politiques. A cette époque, il ya
eu des malentendus entre l'Eglise Catholique et l'Etat burundais. Il
réapparait vite en 1988 suite à des échéances
électorales qui étaient fixées en 1993, lesquelles ont
poussé les déclenchements rapides du souhait de la population
d'avoir le moyen d'expression politique et de lutte électorale.
80 A. NTIYANOGEYE, Le paysage médiatique du
Burundi, Bujumbura, 2008, p. 21.
- 40 -
Burundi, « Rumurikirangabo », « Ikiyago c'Inama
nchingamateka »,« Inama
nkenguzamateka y'Uburundi », « Tribune Libre des
travailleurs », « Agipress photo», « Syfia Grands Lacs
», « Imboneza News», « Horugavye », « le
Nationaliste », « Infos Ijambo » et « Gutwara Neza »,
« Burundi Eco ». Il existe l'Agence de Presse Burundaise (APB), et
à côté de cette agence publique, il y a également
des agences de presse écrite privée comme « Net press
», «
Zoom.net », «
Burundi.net » , « Aginfo
», etc.
En plus de ces agences de presse privées, il existe des
sites web où on peut trouver des dossiers d'actualité comprenant
des rubriques diversifiées comme des rubriques de politique,
d'économie, de société, de sécurité, de
diplomatie, de documentaire et de culture.
II.1.2. Le cadre légal et réglementaire de la
presse burundaise
Il existe aujourd'hui des textes juridiques internationaux qui
reconnaissent la liberté de la presse. Ces textes figurent dans des
préambules des différentes constitutions du Burundi.
II. 1.3. La déclaration universelle des droits de
l'homme de 1948
Elle a été adoptée le 10 Décembre
1948 par la 3ème assemblée Générale des
Nations Unies. Elle consacre en son art.19, le principe de la presse dans les
termes suivants : « Tout individu a droit à la liberté
d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être
inquiété pour ses opinions et le droit de chercher, de recevoir
et de répandre sans considération de frontière ,les
informations et les idées par quelques moyens que ce soit
».81
II. 1.4. Le pacte international relatif aux droits civils
et politiques
Adopté en 1966, le pacte entre en vigueur en 1976. Il
stipule en son art.19 ce qui suit : « Nul ne peut être
inquiété pour ses opinions, toute personne a droit à la
liberté d'expression. Ce droit correspond à la liberté
d'expression, à la liberté de recherche, à la
liberté de recevoir et de répandre les informations et les
idées de toute nature sans considération de frontière sous
une forme orale, écrite, imprimée et par tout autre moyen de son
choix ».82
Le Burundi, comme d'autres pays avant lui, a ratifié ce
pacte le 14 Mars 1990. Depuis 1992, le pays s'y réfère dans
l'élaboration de ses textes constitutionnels.
81 CNC, Art.19 de la Déclaration
Universelle des Droits de l'homme.
82 Idem.
- 41 -
II. 1.5. La charte africaine des droits de l'homme et des
peuples de
198183.
La charte a été adoptée lors du
18ème sommet des chefs d'Etats de l'OUA tenu à
Nairobi en Juillet 1981. Elle stipule en son art.9 que : «
Toute personne a droit à
l'information, a droit d'exprimer et de diffuser ses opinions
dans le cadre des lois et
règlements ». Cette charte a
été ratifiée par le Burundi, le 28 Juillet 1989 et depuis
1992, il
s'y réfère encore dans l'élaboration des
textes constitutionnels.
II. 1.1.5. La loi sur la presse du 27 Novembre 2003.84
Cette loi détermine les dispositions légales et
réglementaires régissant :
- Le processus de communication (les droits et devoirs des
journalistes).
- La réglementation des publications et de la diffusion
des informations.
- Le contenu de la presse (le droit de réponse, le droit
de rectification).
- Les délits de presse et les sanctions y relatives.
- Les différentes interdictions, etc.
L'art.3 de cette loi, stipule que dans l'exercice de ses
activités, le journaliste a le droit
d'accéder aux sources d'informations, d'enquêter et
de commenter librement sur des faits de
la société.
Toutefois, dans l'expression de cette liberté, il est tenu
au respect des lois et des
règlements.
L'art.8 indique de son côté que le journaliste n'est
pas tenu de révéler ses sources
d'informations.
83 CNC, Archives sur les droits de l'homme et du
peuple.
84 A. NTIYANOGEYE, op.cit., p. 56.
- 42 -
II.1.2. Les radios
II. 1.2.1. Les radios publiques85
Le Burundi compte 2 radios publiques, à savoir :
? La radio nationale
? La radio NDERAGAKURA
a) La radio nationale
D'après les archives de cette radio,
confectionnées sous forme de répertoires au Burundi, un projet de
radio diffusion vit le jour en 1959. Il fut d'abord question de la
création d'une station de radio au Ruanda-Urundi, territoire alors sous
tutelle belge, sous le nom de radio-Usumbura.86
En avril 1960, les premières émissions
expérimentales furent entendues depuis Usumbura, mais la puissance de
l'émetteur ne permettait pas la couverture de tout le pays.
Les objectifs de cette radio étaient uniquement
coloniaux. Ainsi, au départ, une forme de communication pour que toute
la colonie soit au courant des mêmes institutions émanant de la
métropole. De cette façon, dans les émissions, on voulait
réaliser une certaine intégration régionale par le biais
de la radio.
Ainsi donc, créée en 1959, la radio Usumbura a
commencé à émettre en 1960. En 1961, elle est devenue
réellement nationale.
b) La radio
NDERAGAKURA87
La radio scolaire NDERAGAKURA est une radio publique
appartenant au Ministère de l'éducation nationale dont la
responsabilité est confiée au Bureau d'éducation rurale
(BER). Elle émet sur tout le territoire du Burundi.
Créée en 2000, elle a pour mission de promouvoir
les actions de l'éducation au Burundi à travers ses
émissions présentées sous forme de jeux et concours sur
différents cours enseignés à l'école primaire.
Par ses émissions, elle comble déjà les
manquements dus aux problèmes de recyclage et de formation continue des
enseignants. La radio ne traite pas des nouvelles.
85 J. BIGIRIMANA, Impact des émissions
radiophoniques sur le public de Bujumbura : cas des émissions «
KUNAMA » de la radio ISANGANIRO et « AKARIKUMUTIMA » de la
RTNB, Bujumbura, ULT, 2005, p. 31.
86 RTNB, Archives sur la station de radio au
Rwanda-Urundi.
87 CNC, Rapport de 2009-2011 sur le paysage
médiatique burundais.
- 43 -
II. 1.2.2. Les radios privées
En plus de la radio nationale et de la radio Scolaire
NDERAGAKURA, une dizaine de radios privées locales émettent sur
le territoire burundais, sans compter les stations étrangères.
Les différentes stations de radio privées locales ont des
programmes divers et des lignes éditoriales différentes.
La loi sur la presse du 25juin 1975, stipule en son art.6 que
:
« Les Journalistes burundais doivent toujours oeuvrer
en âme et en conscience, conscients des idéaux du parti seul
organe responsable de la vie nationale.88
En juillet 1996, sous Pierre BUYOYA II, la sortie du
décret-loi sur la presse bien que contraignant, n'a pourtant pas
empêché le développement du pluralisme radiophonique.
Pendant cette période, en effet, plusieurs médias ont
été créés. Citons à titre d'exemple, la
radio culture en 1997, la radio IVIZIGIRO en 2002, la radio
RPA en 2001, la radio ISANGANIRO en 2002, la radio
Renaissance en 2004, la radio IJWI RYAMAHORO en 2006, la
radio SALAMA en 2007 et la radio Rema FM en 2008.89
Ces radios privées viennent rompre le monopole jus
qu'ici détenu par la RTNB dans l'information de la population. C'est
pour cette raison que ces radios se sont érigées des lignes
éditoriales pour être proches de la population et lui fournir une
information équilibrée. Ceci s'explique par le fait que la
population burundaise suit plus le journal et les émissions
radiodiffusés que ceux télévisés. Deux raisons
principales pour l'expliquer :
- d'abord, trop d'émissions se passent en langue
nationale contrairement aux journaux dont beaucoup sont écrits en
français ;
- puis, la radio est un média chaud, alors que le
journal est appelé média froid.90
Le paysage médiatique montre que les médias
privés sont à la recherche de la liberté d'expression et
d'opinion. C'est pourquoi la plupart des radios nationales ont fait de la
quête de la liberté d'expression et d'opinion un cheval de
bataille.
Ainsi, le paysage médiatique ne cesse de s'épanouir
malgré les entraves.
88 CNC, Art.6 de la loi sur la presse du
25Juin, 1976.
89
http://www.panosparis.org/fichierProdFR/fichierProd1352.pdf.
/ consulté, le 12 Décembre 2012.
90 Le média chaud donne des facilités
aux clients dans la compréhension du contenu. Le média froid,
quant à lui, pour comprendre son contenu demande aux clients
d'être d'abord disponible et fournir beaucoup d'attention. Si l'on
prenait l'exemple du journal ou de la Télévision comme
média froid, pour comprendre son contenu, le lecteur doit rendre
disponible son temps, c'est-à-dire, le lecteur ou
téléspectateur ne peut pas à la fois lire le journal ou
regarder la télévision en même temps qu'il fait autre chose
si non il ne doit pas bien comprendre le contenu. La radio
considérée comme média chaud n'empêche pas
l'auditeur à écouter et faire autre chose. On peut conduire en
écoutant de la musique, en suivant les informations, ou on se balade
avec un post récepteur radio.
- 44 -
II.1.3. La Télévision
Au Burundi, comme dans beaucoup des pays africains, la TV
reste un medium inaccessible et cher. C'est en date du 1er
Décembre 1984 que le Burundi a inauguré une chaîne
nationale de TV. Presque trente années de diffusion des programmes sur
l'éducation, le développement, l'information et le divertissement
grâce au financement du gouvernement français.
Aujourd'hui, le pays connaît une mutation très
rapide en matière des chaînes de TV. Actuellement, il est
doté de quatre stations de TV notamment, la TV nationale qui est la
chaîne publique et trois autres TV considérées comme les
chaînes privées : Télévision Renaissance, Salama
et Héritage.
a) La télévision
Renaissance
Cette chaîne a été créée
après la radio Renaissance et a débuté ses
activités en 2007. Sa ligne éditoriale se résume en
quelques mots : « la voix de la citoyenneté ».
Les problèmes de la société constituent
le principal domaine d'intervention de cette chaîne.91
b) La télévision
SALAMA
Elle a commencé à travailler le 10 janvier
2009, sous forme d'essai qui s'est achevé avec le moi de Juin 2009. Sa
ligne éditoriale est : « la réconciliation nationale et
le développement ».
c) La télévision
Héritage92
Cette dernière est une chaîne à vocation
chrétienne. Elle a débuté ses activités au moi de
Mars 2008. Ses programmes sont essentiellement centrés sur la parole de
Dieu. Selon les propos du responsable de cette chaîne, Héritage
est un média qui contribue au changement politique dans le pays via
les émissions de prédication diffusées.
91 Propos recueillis au près d'Innocent
MUHOZI. Directeur de la TV Renaissance à l'occasion de la réunion
du CNC et les responsables des médias au centre communautaire, Jeudi, le
11 août 2011. L'échange était centré sur La
liberté de la presse et ses limites.
92 J. BIGIRIMANA, Impact des émissions
radiophoniques sur le public de Bujumbura : cas des émissions «
KUNAMA » de la radio ISANGANIRO et « AKARIKUMUTIMA » de la
RTNB, Bujumbura, ULT, 2005, p. 31.
- 45 -
II.2. Présentation des Associations de la presse au
Burundi.
II. 2. 1. L`Observatoire de la Presse au Burundi93
Au moment de la révision du code d'éthique et de
déontologie de la presse burundaise le 27 Février 2004, les
professionnels des médias tant publics que privés ont
souhaité la mise en place d'un cadre favorisant l'éclosion d'une
presse qui garantit à la fois la liberté de la presse et la
responsabilité des médias pour informer le public de
manière équilibrée, impartiale, rigoureuse et neutre.
Ce voeu avait été également
exprimé lors des Etats Généraux de la communication tenue
à Bujumbura en Décembre 2003.
Ainsi, l'Observatoire de la Presse au Burundi (O.P.B) est venu
répondre de manière adéquate aux soucis exprimés
par les uns et les autres. Sa création remonte en 2005.
Cette institution est dotée d'une mission, dont voici
les grandes préoccupations :
- Contribuer à faire respecter par les médias le
code d'éthique et de déontologie de la presse en suivant
régulièrement le contenu des médias tant publics que
privés ; faire des observations et des recommandations pertinentes
à l'endroit des journalistes et des médias qui s'écartent
des règles de déontologie professionnelles et en élaborer
des rapports à l'Union Burundaise des Journalistes ;
- Participer activement à la défense et à
la promotion de la liberté de la presse et du droit public à
l'information ;
- Assurer la fonction du tribunal des pairs.
Pour bien mener cette tâche, l'O.P.B a mis en place une
grille d'observation des contenus des médias mettant en évidence
les manquements ci-après :
1. Le déséquilibre dans le traitement
2. Le mauvais traitement de l'information
3. La non séparation des faits et des commentaires
4. La confusion entre l'information et la publicité
5. L'exagération des faits, le sensationnalisme à
outrance
6. Le recours à des méthodes déloyales pour
accéder à l'information
7. L'incitation à la haine, à la révolte,
ou à la violence, à l'apologie du crime
8. La diffamation
93
http://www.burunditransparence.org/presse_burundaise_loi.html./
consulté, le 12 Décembre 2012.
- 46 -
9. L'atteinte aux bonnes moeurs
10. Le plagiat
II. 2. 2. L`Association Burundaise des
Radiodiffuseurs94
L'Association Burundaise des Radiodiffuseurs (ABR) est
considérée comme la voix des entreprises de presse au Burundi.
Elle a été créée en 2003 à partir de la
volonté des radios burundaises de se doter d'un outil
représentant leurs intérêts et assurant la protection de la
radiodiffusion auprès de la population, des institutions nationales, des
partenaires nationaux et internationaux.
Elle s'adresse à toutes les radios burundaises,
publiques ou privées, associatives ou confessionnelles, pour autant
qu'elles soient membres de l'association.
L'ABR représente également la radiodiffusion
burundaise auprès des organisations internationales avec comme objectif
l'amélioration des capacités de production et de diffusion.
Cette association représente et défend encore
les intérêts de ses membres dans tous les domaines importants de
la radiodiffusion, en développant, pour eux exclusivement des actions de
formation, de lobbying ou des activités thématiques.
De plus, l'ABR assure un lobbying constant au près des
acteurs nationaux et internationaux impliqués dans la radiodiffusion
afin d'offrir au paysage radiophonique burundais un cadre de travail et
d'expression le plus professionnel possible.
II. 2. 3. L'Union Burundaise des Journalistes95
La création de l'Union Burundaise des Journalistes
(U.B.J), en sigle le 04 Octobre 2009, s'inscrit dans le cadre de naissance d'un
syndicat libre des journalistes au Burundi.
Les professionnels des médias oeuvrant au Burundi ont
décidé d'enterrer l'ancienne Association burundaise des
journalistes (ABJ) au profit d'un syndicat national libre et indépendant
des journalistes professionnels et assimilés, dénommé
"Union burundaise des journalistes" (U.B.J).
94 Les renseignements sur la création de l'ABR
tirés sur le site de l'ABR/
http://www.abr.bi/qui.html./
consulté, le 20 Décembre 2012.
95 Les renseignements sur la création de de
l'U.B.J trouvés sur le site :
http://
www.arib.info/index.php?option=com_content&task=view&id=6296. /
consulté, le 20 Décembre 2012.
- 47 -
Des statuts de l'U.B.J ont été adoptés le
même jour au cours d'une Assemblée générale
constituante à laquelle ont pris part environ 200 journalistes des
secteurs tant public que privé dans les enceintes de la Maison de la
presse du Burundi.
La rencontre a, en outre, débouché sur la mise
en place des organes dirigeants de l'U.B.J, constitués d'une
Assemblée générale, un comité exécutif, un
comité de surveillance et des commissions techniques en charge,
notamment, de l'éthique et de la déontologie, de l'information et
de la formation, des affaires socioprofessionnelles et de la discipline, du
Genre et de l'environnement ou encore de la prévention et la lutte
contre le VIH/SIDA.
L'U.B.J a pour objectifs principaux de protéger et de
renforcer les droits et libertés des journalistes tant de la presse
publique que privée.
Elle entend aussi encourager les médias à
défendre la liberté de la presse et la justice sociale,
l'indépendance du journalisme, spécialement à travers des
activités de contrôle des violations des droits des
journalistes.
A ce sujet, l'art.3 des statuts stipule que « le syndicat
(U.B.J) a pour objectifs principaux de protéger et de renforcer les
droits et libertés des journalistes professionnels et assimilés,
tant de la presse publique que privée».96
Au chapitre du régime disciplinaire, les statuts
prévoient des sanctions graduées allant de l'avertissement au
blâme en passant par la suspension et la radiation selon la lourdeur des
fautes, comme les actes de trahison, la divulgation des secrets, le fait de
nuire aux intérêts du syndicat, la diffamation des
confrères ou encore le non respect de l'éthique et de la
déontologie professionnelle.
II.3. Présentation du cadre de recherche
II.3.1. Présentation de la radio Publique
Africaine
1. Historique
La R.P.A a été agréée en Janvier
2001. Ses émissions débutent en Mars 2001. Elle se définit
comme une radio éducative des masses populaires. Elle privilégie
la méthode participative qui favorise donc l'information horizontale,
c'est-à-dire une information interactive.
La RPA donne la parole au peuple. C'est de cette vocation
qu'elle tire son nom « la radio publique africaine » et se
veut être « la voix des voix des sans voix ».
96 Maison de la presse, Les Statuts
régissant l'Union Burundaise des Journalistes au Burundi, 2011.
- 48 -
Alexis SINDUHIJE est le créateur de la radio. Il en est
également le premier Directeur. La création de la RPA est le
fruit d'une simple idée : le peuple burundais n'a pas où exprimer
ses doléances, ses aspirations, ses souffrances et sa vision concernant
la vie sociopolitique du pays en vue de contribuer à son
édification.
En 2005, la RPA a joué un rôle majeur dans la
conscientisation et la participation du peuple burundais aux différentes
échéances électorales.
Aujourd'hui, elle continue à diffuser des
émissions en rapport avec la vie sociale, l'actualité
quotidienne, scientifique, même si, la majorité de ses
émissions sont en rapport avec l'actualité de la vie
politique.
2. Mission :
- Promouvoir plus de justice et d'égalité surtout,
en faveur des sans voix.
- Promouvoir auprès des gouvernements et des citoyens
la rationalité dans la gestion de la chose publique.
- Contribuer à la conscientisation des citoyens sur leurs
droits et devoirs.
- Stimuler l'exercice de la liberté d'expression chez les
burundais.
Eric MANIRAKIZA résume la portée de cette
mission à travers les valeurs suivantes : la justice, la
tolérance, la solidarité et l'égalité. «
Nous croyons, dit- il, en la justice sociale, en une société qui
met en avant les valeurs d'égalité, de justice, de
solidarité et de tolérance. Nous oeuvrons pour une
société responsable où les mandataires publics sont
redevables devant son peuple. Nous voulons contribuer à la promotion
d'un citoyen libre, consciencieux et respectueux de ses devoirs, attaché
à ses droits et à ceux des autres ».97
Ces propos d'Eric MANIRAKIZA corroborent les objectifs que la
RPA s'est fixés à savoir :
- La mise en place de la radio dénommée Radio
Publique Africaine, la voix des voix des sans voix.
- La création des stations des radios communautaires
appelées Radios Publiques Africaines, à NGOZI, RUYIGI et
MAKAMBA98
- Initier un projet Tanganyika Studio, comme outil technique
performant de l'audiovisuel du pays et de la région des grands lacs.
97 Propos recueillis lors de l'entretien tenu avec
le Directeur de la RPA, Eric MANIRAKIZA, en Avril 2010.
98 Depuis 2006, seule la station de Ngozi est
opérationnelle.
- 49 -
3. Mode de fonctionnement
Selon Eric MANIRAKIZA, la RPA n'a pas de bailleurs
institutionnels qui prennent
en charge les frais de fonctionnement et les salaires de son
personnel. Ses financements
viennent des organisations nationales et internationales par
demande selon les besoins que
nous leur exposons.
La même source nous apprend que les responsables de la RPA,
consacrent beaucoup
de leur temps à élaborer des projets de
financement. Ce qui les empêche de se concentrer
sur le travail d'investigation journalistique.
Le budget qui doit couvrir toutes les activités annuelles
peut s'élever à six cent
soixante mille dollars américains (660.000$). Or,
présentement les frais de fonctionnement
de la RPA s'élèvent à cent cinquante mille
dollars américains.
D'autres bailleurs de fonds existent. Nous pouvons citer :
- Open Society Institutes (de la fondation SOROS de Grande
Bretagne)
- La Coopération Belge.
- l'Union Européenne.
- Cordaid Hollande.
- Le Gouvernement Suédois (passant par PNUD).
- Développement et Paix (ONG Catholique Canadienne).
- CMC (ONG Catholique Hollandaise).
Au Burundi, la RPA entretient le partenariat avec les ONG
suivantes :
- Law group.
- Care International.
1. La ligne éditoriale
En vue de collecter et de traiter les données de sa ligne
éditoriale « la voix des sans
voix », la RPA a toujours privilégié
l'approche participative.
Elle tend le micro aux composants les plus démunis de la
société. Par sa liberté de
ton, elle a violé bien des tabous (...). Il convient de
rappeler que cette audience lui a valu
depuis 2002, les menaces régulières des pouvoirs
même si elle a suscité l'admiration des
auditeurs.99
99 G. MFURANZIMA, cité par Filip REYNTJENS et
S. MARYSSE dans, L'Afrique des Grands Lacs : dix ans de transitions
conflictuelles, Paris, Harmattan, 2006, p. 101.
- 50 -
2. Les émissions en direct
Parmi les émissions en direct qui passent à la
RPA, on peut citer :
Woterera iki, Ijambo ni rwanyu, Abaduseruka, Kabizi, Eureka
je trouve
? WOTERERA IKI :
Créée il ya plus de cinq ans, l'émission
passe en direct tous les dimanches à partir de 7h du
matin. Cette émission aborde la plupart des sujets
d'actualité.
L'animateur de l'émission a habituellement un à
trois invités sur le plateau. Le
téléphone de l'émission est ouvert aux
auditeurs qui souhaitent intervenir au cours de
l'émission pour échanger avec les
invités.
? IJAMBO NI RWANYU
Créée il ya plus de cinq ans, l'émission
est animée sous forme de débat autour des
thèmes d'actualité à caractère
politique, économique, sanitaire et éducatif.
? ABADUSERUKA
L'émission est vieille de trois ans. Elle débat ou
traite essentiellement des questions
ou thèmes portant sur les deux chambres du parlement
burundais : le Senat et l'Assemblée
Nationale. Les élus du peuple rendent des comptes sur les
promesses électorales.
? KABIZI
L'émission est consacrée substantiellement aux
questions politiques. C'est la libre
antenne ouverte aux hommes politiques de la mouvance et de
l'opposition. L'émission est
souvent le champ de confrontation entre la RPA et le CNC.
3. Grille de programmes de la RPA
La Radio Publique Africaine dispose dans sa grille des
programmes une partie importante consacrée aux informations. Elle est la
seule radio au Burundi qui, pendant la journée diffuse les flashes
d'informations toutes les heures en Kirundi, Swahili et Français.
- 51 -
Les programmes sont répartis comme suit :
HEURE
|
LUNDI
|
MARDI
|
MERCREDI
|
JEUDI
|
VENDREDI
|
SAMEDI
|
DIMANCHE
|
|
5H00
|
INDICATIF D'OUVERTURE
|
|
5H10
|
AMATANGAZO
|
AMATANGAZO
|
|
5H35
|
IBIHAYANISHWA
|
|
5H45
|
AMAKURU MUKIRUNDI
|
|
6H00
|
COMMUNIQUE
|
|
6H10
|
PUBLICITE
|
|
6H15
|
|
|
JOURNAL PARLE EN FRANÇAIS
|
|
6H30
|
|
|
6H40
|
PUBLICITE
|
|
6H45
|
TAARIFA YA HABARI
|
|
7H00
|
|
RENCONTRE ET
|
|
|
AMATANGAZO
|
|
|
|
7H15
|
|
PROFILS
|
|
|
7H30
|
|
IVYANDITSWE
|
UTERERIKI
|
|
|
|
SANS FRONTIERE
|
GILBERT
|
|
7H40
|
ACTUALITE /VOIX D'AMERIQUE
|
|
|
|
|
|
PIGISTE
|
|
|
7H55
|
|
PUB
|
|
|
|
NOA
|
|
|
|
|
|
|
|
|
BON
|
|
|
|
|
|
|
|
|
GO
|
MICHEZO
|
INKINO
|
MICHEZO
|
INKINO
|
|
|
|
8H00
|
II
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
MASUDI
|
ACHILLE
|
MASUDI
|
ACHILLE
|
|
VOA(DEBAT POLITIQUE)
|
|
|
DE
|
|
|
|
|
|
|
|
|
5H4
|
|
|
|
|
|
|
|
|
0
|
|
|
|
|
|
|
|
8H10
|
TRANSITION MUSICALE
|
|
|
|
|
|
|
TUJAHE
|
|
|
ABADUSERUKIRA
|
|
|
8H15
|
|
|
|
|
|
|
GRAND-LAC HEBDO
|
|
|
INK
|
|
VOA
|
|
|
NIBIZI SERGE
|
|
|
|
ORA
|
|
|
|
|
|
REVUE DE
|
LA
|
|
MU
|
|
|
|
MILINDIMO YA
|
|
PRESSE/HERMES
|
|
|
TIM
|
MUKENYEZI
|
SANS
|
E.A.MUSIC
|
PWANI
|
|
|
|
|
A
|
RAMIRIZA
|
FRONTIE
|
AISHA
|
AISHA
|
|
|
|
8H45
|
|
FRANCINE
|
RE
|
|
|
|
|
|
|
ALO
|
|
PIGISTE
|
|
|
|
|
|
|
YS
|
|
|
|
|
|
|
|
9H00
|
AMAKURU/IJWI RY'AMERIKA
|
|
|
|
|
|
EN TOUTE
|
|
|
|
|
|
|
|
|
INTIMITE
|
|
|
|
MUGAN
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
KUMURIRI
|
|
|
GA
|
|
|
KAZOZ
|
|
JABO J MARIE
|
|
|
|
|
KORICUJEJWE
|
TUJENGE TAIFA
|
|
IBIDUKIKIJE
|
|
MAMERT
|
|
9H30
|
|
|
|
A
|
|
|
|
|
|
|
FIDELITE
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ALEXIS
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JOSELYNE
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ONGEA
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EMILE
|
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ALEXIS
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10H00
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FLASH EN KIRUNDI/ FRANÇAIS/SWAHILI
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MUSIQUE
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10H06
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PUB
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KABIZI/SERGE
|
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MUSIQUE
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10H10
|
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11H00
|
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PUB
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CUKUCUKU
|
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11H10
|
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|
|
|
PUB
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RPA MUSIQUE
|
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11H15
|
AKAYABAGU
|
PUB ET
|
|
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11H30
|
|
COMMUNIQUE
|
|
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11H35
|
|
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|
AMATANGAZO/COMMUNIQUE
|
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45
|
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MACHOC
|
|
12H00
|
|
COMMUNIQUE
|
|
12H15
|
IBIHAYANISHWA/PUBLICITE
|
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12H30
|
AMAKURU MU KIRUNDI
|
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- 52 -
12H50
|
COMMUNIQUE/PUBLICITE
|
13H00
|
JOURNAL EN FRANCAIS
|
13H20
|
PUBLICITE
|
13H30
|
TAARIFA YA HABARI
|
13H50
|
PUBLICITE
|
NOA BONGO I DE 12H5O
|
PUB
|
14H00
|
ACTUALITE DEUTSCHE-WELLE
|
VOA/KIRA
|
BIRANDAMBIVE
|
14H15
|
EUREKA
JE
TROUVE
|
14H30
|
EUREKA JE TROUVE INNOCENT VALENTIN
|
TUVAGE AMAGARA VACU/RITA
|
EUREK
A JE TROU VE
|
VAGA MUGANGA FRANCINE
|
UBUGIRIGIRI FLORINE
|
15H00
|
AKAMU NA
OLIVIER
|
LES OUBLIES SANDRIN
|
KARAMIRIZA FRANCINE
|
AHIW ANVU HERM ES
|
INTAHE PARFAIT
|
TOP ELEVEN PAGGIO
|
KAZE KIBONDO ESPERANCE
|
15H30
|
TUBASHI GIKIRE
ALOYS
|
CHEMSHA BONGO
|
UN MONDE...
UNE HISTOIRE/J
|
NYAGI RA TUBA NE
|
|
FORUM ECO
|
16H00
|
|
FLASH EN KIRUNDI/ FRANÇAIS/SWAHILI
|
|
KORICUJEJWE FIDELITE
|
NOMUKURAHE GILBERT
|
16H10
|
NTIMUT
|
SHIRUKUBUTE
|
|
PIGIST E KIR
|
FASHUKIZE CROIX ROUGE
|
16H30
|
WINUBE
|
|
IHURIRO
|
ABATA
|
|
NVUNGANIRA TUBANE
STUDIO TUBANE
|
16H40
|
VANESS A
|
MUSIC
|
ACHILLE
|
NGAM UCO VANES SA
|
AKARERE
|
16H55
|
MUSIC
|
MUSIC
|
MUSIC
|
MUSIC
|
MUSIC
|
GOSPEL
PARFAIT
|
16H55
|
|
PUBLICITE
|
EN SWAHILI
|
|
NYEGANYEGA ESPERENCE
|
17H00
|
|
TAARIFA
VA HABARI VA
|
DEUTSCHE-WELLE
|
|
17H20
|
PUBLICITE
|
17H30
|
|
|
TAARIFA
YA HABARI
|
|
17H50
|
PUBLICIT E
|
NOA BONGO II DE 17H40
|
|
PUBLICITE
|
NOA BONGO I DW-W
|
18H00
|
|
|
|
JOURNAL EN FRANCAIS
|
18H20
|
|
|
PUBLICITE
|
|
18H30
|
TAARIFA VA
|
HABARI VA SAUTI
|
VA AMERIKA
|
|
19H00
|
|
|
AMAKURU
|
MU KIRUNDI
|
19H20
|
|
|
PUBLICITE
|
|
20H00
|
|
|
AMATANGAZO §
|
COMMUNIQUE
|
20H10
|
MUSIC
|
|
MUSIC
|
MUSIC
|
|
MUSIC
|
MUSIQUE
|
MUSIQUE
|
20H30
|
|
JOURNAL EN
|
FRANCAIS DE LA VOIX
|
D'AMERIQUE
|
21H00
|
|
PUBLICITE
|
|
|
NTUSAMARE GIL BERT
|
AKAHISE
|
21H05
|
|
|
KABIZI/SERGE
|
|
21H30
|
LES OUBLIES/SAND
|
UN MONDE... UNE
HISTOIRE/J
|
21H55
|
PUB
|
22H00
|
UMURIR IMVVI KURI
|
ABATANGAM UCO
VANESSA
|
NOMUKURAHE GILBERT
|
KAZOZA
|
SALON CULTUREL
|
WEEK END SHOW PAGGIO
|
22H15
|
ANCIENS SUCCES
ALEXIS
|
22H30
|
RPA PAGGIO
|
AKAKERA ALOVS
|
|
MUGAN GA
ONGEA
|
OLIVIER
|
22H55
|
E.SANTE (DW-w)
|
ÉCODEV
(DW-w de
|
LEARNING BV
EAR
|
LEARNIN
G BV
|
PUB
|
LEARNING BV EAR
DE 14H20/DW-
|
LEARNING BV EAR de
19H30
|
- 53 -
|
|
19H30)
|
DW-W 19H43
|
EAR/DW - W(19H4 3)
|
|
W
|
|
23H1O
|
SPORT RPA
MASUDI /ACHILLE
|
CLUB DE LA
PRESSE
|
ABADUSERUKIR A
SERGE
|
MUSIQU E
|
TEMPON de la soirée
|
NKINA NKEBURA
|
UTERERIKI
|
23H30
|
IJORORY IZA
MASHOC
|
O.G.L/Ines
|
24HOO
|
FERMETURE DE LA RADIO
|
LA R.P.A VEUT OEUVRER POUR UNE SOCIETE JUSTE, SANS
VIOLENCE, SOLIDAIRE ET PROSPERE.
NOUVELLE GRILLE DES EMISSIONS À PARTIR DU 1
JANVIER 2013
(1) . La grille de programmes trouvée sur le site de la
Radio Publique Africaine : www.rpa.bi/
54
4. Organigramme de la Radio Publique
Africaine
Association (A.G)
Représentant Légal
Comité Exécutif
Directeur
Chargé des Projets
DAF
Service des Programmes
Service Technique
Service des Nouvelles
Service Commercial
Personnel
(2). Nous avons obtenu cet organigramme du Directeur de la
RPA, lors de la visite En 2013.
55
1) L'Assemblée Générale : est un organe
supérieur de la radio.
2) Le Représentant Légal : représente la
radio devant la loi.
3) Le Comité Exécutif : il est l'organe qui
désigne le Directeur et se charge de contrôler les
activités de la radio.
4) Le Directeur : veille au respect de la vision de la radio,
il est l'interlocuteur des partenaires, gère la radio administrativement
et le contenu éditorial.
5) Les autres exécutent la vision et les programmes
diffusés par la Direction, ils participent aussi dans les discussions
pour planification.
II. 3.2. Le Conseil National de la Communication (CNC)
1. Naissance et
Evolution100
Le Conseil National de la Communication(CNC) est un organe
constitutionnel et de régulation. Il est nommé par décret
ou par des lois ordinaires. Le CNC a été institué suivant
l'article 26 de la constitution de mars 1992, la loi sur la presse du 26
novembre 1992. Il est doté d'un pouvoir de décision en
matière d'autorégulation et de gestion des organes de presse.
Athanase NTIYANOGEYE écrit que le premier Conseil
National de la Communication a été nommé en janvier
1993.
Il eut comme président le Docteur Aloys KAMURAGIYE et
vice-président le père Liboire KAGABO.
Le 1èr Conseil National de la Communication
n'a presque rien laissé à son actif à cause de la
situation de crise socio politique dans laquelle il a fonctionné.
Le 2ème CNC fut nommé par
Décret N°100/30 du 23 mars 1995. Il a été
présidé par un Journaliste de formation Simon NKURURU.
On notera à l'actif du 2ème CNC, la
suspension de sept journaux privés qualifiés de médias de
la haine par Radio Sans Frontière en 1996. Il s'agit de l'Aube de la
Démocratie (pro Frodebu), du Carrefour des idées (pro Uprona), de
la Nation (pro Parena), de l'Etoile (pro Parena), du Miroir (pro Frodebu), de
l'Eclaireur (pro Frodebu), du Témoin nyabusorongo (pro Frodebu).
100 A. NTIYANOGEYE, Le paysage médiatique du
Burundi, Bujumbura, 2008, p. 60.
56
Le 3ème CNC nommé selon le
Décret n°100/05 du 12 août 1998, était
présidé par Apollinaire NCUTINAMAGARA. Pas de
vice-président. Rien n'est à noter à son actif car il
n'était pas équipé d'outils lui permettant de bien
fonctionner.
Le 4ème CNC est nommé en novembre
2001. Il eut comme président Monsieur Jean-Pierre Manda, et son
vice-président, Monsieur Jean-Berchmas KABURUNDI. Au cours de son
mandat, le 4ème CNC a suspendu en 2003 pendant quelques jours
les radios RPA et ISANGANIRO pour violation de la loi en rapport avec la
régulation des médias.
En février 2005, il suspend L`agence Net Press et la
RPA. Net Press pour avoir écrit dans
sa dépêche du 19 janv. 2005, des propos diffamatoires et
outrageants à l'encontre du Président de la Commission Nationale
de Réhabilitation des Sinistrés(CNRS), Monsieur
Frédéric BAMVUGINYUMVIRA. A la RPA le CNC reprochait d'avoir
diffusé des informations sur l'état actif du Gouvernement,
incitant à « l'incivisme ». la RPA a diffusé en effet :
« l'Etat yari yapfuye none yazutse », en français, «
l'Etat était mort, il vient de ressusciter ».
Le 5ème CNC voit le jour en 2005. Il a
été Présidé, par Monsieur Thaddée SIRYUMUNSI
secondé par l'Abbé Emmanuel MUYEHE.
L'actuel Conseil National de la Communication a
été nommé le 9/février 2011. Son Bureau a
été constitué le 04 février 2011. Celui-ci s'est
fixé pour mission de garantir la liberté de la presse dans le
respect de la loi, de l'ordre public et des bonnes moeurs de jouer le
rôle consultatif auprès du Gouvernement en matière de
communication.
Il faut rappeler que l'actuel Conseil National de la
Communication (CNC) est régi par la loi n°1/18 du 25 septembre 2007
qui l'institue comme autorité administrative indépendante
chargée de veiller à la liberté de la communication
écrite et audiovisuelle dans le respect de la loi, de l'ordre public et
des bonnes moeurs. Tous les médias oeuvrant sur le territoire burundais
rentrent dans son champ de compétence quel que soit leur statut
juridique. La même loi définit sa composition, son organisation et
son fonctionnement.
Le rapport de monitoring, des auto-saisines et des plaintes
sur les activités réalisées par l'actuel CNC montrent que
ce dernier par rapport aux CNC précédents a le minimum d'outils
de travail pour donner un résultat satisfaisant bien que des lacunes ne
manquent pas.
'0' Nous nous référerons essentiellement au
rapport triennal du CNC 2009- 2011 pour parler du fonctionnement, de la
composition du CNC, du respect de la déontologie et de la loi sur la
presse.
57
2. La responsabilité du
CNC'0'
La loi confie à l'actuel CNC la mission principale
d'assurer, d'une manière générale, le respect de
l'expression pluraliste des courants de pensée dans la presse et la
communication. C'est un Conseil qui dispose d'un pouvoir de décision en
matière de respect et de promotion de la liberté de presse, tout
en jouant un rôle consultatif auprès du gouvernement en
matière de communication.
Dans son art.6, cette loi assigne aux membres du CNC cinq
missions :
- Garantir l'indépendance, notamment en matière
d'information, des médias publics et privés ;
- Garantir le libre accès aux sources d'information
;
- Garantir de façon équitable le libre
accès des partis politiques, des syndicats, des associations et des
citoyens aux moyens tant publics que privés d'information et de
communication ;
- Garantir l'utilisation rationnelle et équitable des
médias tant publics que privés par les institutions publiques
chacune en fonction de ses missions constitutionnelles ;
- Veiller au bon fonctionnement des médias et faire
respecter les engagements contenus dans leurs cahiers des charges.
3. Composition du CNC
L'actuel CNC est formé de quinze membres. Le
législateur a voulu que ces membres soient choisis dans le secteur de la
communication et dans les divers milieux utilisateurs des médias, selon
l'intérêt qu'ils portent pour la communication, la liberté
de presse, d'expression et d'opinion.
Les membres du CNC sont nommés par le Président
de la République en concertation avec les vice-présidents de la
République. Une fois nommés, les membres du Conseil
élisent un Bureau Exécutif de cinq membres composé d'un
Président, d'un vice-président, d'un secrétaire
exécutif, d'un trésorier et d'un conseiller juridique.
Tous les membres du Bureau Exécutif ont un mandat
permanent, tandis que les dix autres sont non-permanents.
58
4. Fonctionnement du CNC
La gestion quotidienne du Conseil est assurée par le
Président assisté d'autres membres du Bureau exécutif.
Le Conseil peut recourir à des commissions de travail
ad hoc ou permanentes pour l'examen des dossiers qui ont un
caractère particulier.
Le Bureau du secrétariat exécutif dépend de
deux services et une commission :
- Le service du monitoring de la presse audiovisuelle ;
- le service du monitoring de la presse écrite ; la
communication et la documentation.
Le CNC dispose en son sein d'un Conseiller juridique qui est
aussi un membre permanent du Conseil. Les décisions du Conseil National
de la Communication se prennent en Assemblée Plénière. En
cas d'urgence, le Président du CNC peut prendre des mesures transitoires
à l'encontre d'un médium fautif quitte à ce qu'elles
soient confirmées ou infirmées par l'Assemblée
Plénière.
59
5. Organigramme du Conseil National de la
Communication
Cadres du Monitoring
Membres du Bureau Exécutif
Membres du Bureau Central
Secrétaire
Attachée Administrative
Planton
Chauffeurs
(3).Trouvé au CNC en 2013.
60
Le CNC a également créé en son sein en
2008 quatre sous-commissions de travail, des sous-commissions ouvertes aux
compétences extérieures :
1) pour la formation continue des professionnels des
médias ;
2) pour la carte de presse ;
3) pour le fonds de promotion des médias ;
4) Pour les droits d'auteurs.
Le développement du Conseil National de la
Communication nécessite la mise en place d'un secrétariat
d'instruction des plaintes. Celui-ci est une structure technique
évoluant administrativement au sein du CNC et chargée de
l'examen.
6. Rapports d`activités du CNC
(2009-2011)
Les activités réalisées par le Conseil
National de la Communication dans le domaine de la régulation se sont
matérialisées par des décisions prises sur base des
rapports de monitoring, des auto-saisines et des plaintes. Ainsi, le service de
monitoring du Conseil National de la Communication produit à la fin de
chaque mois des rapports sur les contenus des médias audiovisuels,
écrits et électroniques. Ce travail d'analyse porte sur les
thématiques exploitées dans les médias : le respect du
pluralisme de la loi, de la déontologie et d'autres aspects relatifs aux
principes de l'exercice de la profession de journaliste.
6.1. Des thématiques
traitées
Les médias burundais informent le public sur des sujets
variés. Le service de monitoring du CNC a constaté qu'au cours de
l'année 2011, la politique, la sécurité et la justice ont
été des thèmes largement exploités dans les
médias nationaux. Ceci s'explique par l'environnement socio-politique du
moment dominé par les questions de sécurité et de justice.
D'autres sujets ont été soit moyennement traités (cas de
la santé, de l'intégration régionale et de
l'économie.), soit inexistants (comme la protection de l'enfance dans
les informations et programmes des médias). Les médias nationaux,
fait remarquer le CNC, doivent traiter des sujets liés tout aussi bien
à la sécurité, à la politique, à la justice
qu'à la santé, à l'économie, à la protection
des enfants et à l'intégration régionale. Le public a
besoin d'être informé sur ces divers sujets pour sa culture et son
acquisition des connaissances.
Le monitoring du CNC reproche à certains médias
de livrer des informations au public sans investigations et analyses
approfondies au préalable. Ce qui sans doute édulcore
61
la réalité socio-politique et ne permet pas au
public d'en avoir une meilleure compréhension.
a). Du respect du principe du pluralisme et de
l'équilibre de l'information
L'art.6 alinéa 3 de la loi régissant le Conseil
National de la Communication stipule : « En matière
décisionnelle, le Conseil a pour mission de Garantir de façon
équitable le libre accès des partis politiques, des syndicats,
des associations et des citoyens aux moyens tant publics que privés
d'information et de communication ».
C'est en vertu de cette disposition légale que se fonde
l'observation du CNC sur le pluralisme et l'équilibre de l'information
dans les médias.
Aussi, les rapports de monitoring ont-ils montré que
certains médias donnent plus de temps d'antenne, de parole et d'espace
aux activités des institutions publiques et aux représentants de
certains partis politiques en défaveur d'autres opinions. Par contre,
d'autres médias accordent leur espace médiatique et beaucoup de
temps d'antenne aux partis politiques de l'opposition ainsi qu'aux militants de
la société civile, mais en faisant fi de l'opinion. Les auditeurs
de ces médias ont droit à l'information issue de la confrontation
pour bien apprécier la situation socio-politique du pays.
Il faut ajouter à ce constant le
déséquilibre dans le choix des invités aux
émissions données via certaines radios. Des pareils
choix discréditent les émissions de ces médias et leurs
animateurs.
b) Du respect de la déontologie et de la
loi sur la presse
En analysant le contenu du rapport de monitoring du CNC de
2009-2011, nous constatons que d'une façon générale, les
médias ont essayé de travailler professionnellement pendant le
premier trimestre de 2011, alors que le second trimestre de cette année
a été marqué par des dérapages. Ce sont surtout des
dossiers en rapport avec la justice, la sécurité qui ont connu
beaucoup de dérapages.
62
Ces derniers sont liés à la violation du code de
déontologie et à la loi sur la presse au Burundi.102
Les principaux dérapages relevés sont :
b.1. Le déséquilibre de
l'information
C'est le dérapage qui a été le plus
commis par la plupart des médias. Ce manquement concerne l'imputation
des faits à des personnes physiques ou morales sans la reproduction de
la version des intéressés sur les faits en question. Il a
été observé sur les médias audiovisuels,
écrits et même électroniques, dans les journaux comme dans
les émissions.
b.2. L'exagération des faits
Ce dérapage consiste dans le fait de ne pas rapporter
les faits comme tels alors que ces derniers sont obligatoires. Le journaliste
les amplifie, dénaturant ainsi la qualité de l'information. Il y
a également le manque de distinction clairement établie entre les
faits et commentaires. Des propos pareils ont été relevés
dans certains médias audiovisuels et écrits.
b. 3. Des propos aux caractères diffamatoires et
pouvant constituer une offense
aux institutions publiques
Ce sont des informations qui ont été
publiées ou diffusées dans les médias contenant des
accusations sans justification à l'endroit des autorités
publiques. Le CNC a relevé ce genre de propos dans la presse
audiovisuelle, écrite et sur internet, dans les journaux comme dans les
émissions.
102 L'observation du CNC décrite dans ce travail fait
référence à la disposition légale de la Loi du 27
Novembre 2003. Rappelons que conformément aux souhaits des
professionnels des médias et du gouvernement Burundais, cette Loi a
été modifiée, votée et promulguée par le
Président de la République en 2013. LOI N°1/11 DU 4 JUIN
2013 PORTANT MODIFICATION DE LA LOI N°1/025 DU 27 NOVEMBRE 2003 REGISSANT
LA PRESSE AU BURUNDI.
Hélas, les articles récemment amendés
n'ont pas été bien accueillis par les professionnels des
médias. Ces articles paraissent étrangler quelques droits des
professionnels des medias et leur liberté d'expression. D`autres
personnes, comme le 2ème vice-président du
sénat estime que ces amendements sont contraires aux textes qui
régissent le travail. Comment peut on exiger à un journaliste
d`aller étudier six ans pour avoir son bac alors qu`il a suffisamment
d`expériences dans ce métier? La carte de presse qu`il paye
devait être validée en fonction de sa durée de contrat, en
cas de faute la carte lui est retirée. Infliger des amendes exorbitantes
en cas de délit tue la profession. Les délits de presse seraient
jugés devant la justice et non au CNC, obliger les journalistes à
révéler leurs sources met en danger la profession car personne ne
doit plus donner son information. Ces postulats montrent que le journalisme
devient un des métiers les plus difficiles et dangereux au Burundi comme
ailleurs. A des telles situations on doit beaucoup s`attendre à des
résultats négatifs que positifs car si les journalistes refusent
catégoriquement de s`exécuter, le bras de fer s`engage entre ces
derniers et le pouvoir en place. Cependant, les deux cotés ont
l`intérêt à trouver un modus vivendi en se
référant notamment à la constitution et aux textes
internationaux déjà ratifiés. (cfr. La nouvelle Loi.
Art.7, 9, 10, 16, 17, 18, 19, 20, 57,58).
63
b. 4. Des propos pouvant porter atteinte à la vie
privée
Il s'agit des propos en rapport avec la vie privée des
personnes qui ont été diffusées surtout dans certaines
radios103. Des informations d'intérêt public ont
été mêlées à la vie intime des individus.
b. 5. Des propos pouvant constituer des appels à
la désobéissance
civile ou à la révolte
Ce sont surtout des déclarations des hommes politiques
susceptibles de soulever le
public contre le pouvoir ou à le pousser à
dénigrer ce dernier.
Ces propos ont été diffusés et
publiés dans la presse audiovisuelle et écrite
privée.104 6.2. Des plaintes
La plainte est une parole, un cri, un gémissement
provoqué par une douleur physique ou morale. Dans le sens plus large,
les plaintes sont des mécontentements que l'on exprime ou une
récrimination. Ce sont des dénonciations en justice, d'une
infraction par la personne qui en a été la
victime.105
Le CNC a analysé et conclu les dossiers de plaintes
déposés par les tiers à son siège. Certains
dataient de l'année 2010, d'autres ont été
déposés au cours de l'année 2011. Le Conseil
s'était fixé comme objectif d'épuiser tous ces dossiers
avant l'année 2012. Cela n'a pu l'être à cause du
départ du Conseiller Juridique et de l'absence du secrétariat
d'instruction. Voici quelques plaintes ainsi que des solutions :
? Plainte du Chef de Zone MIVO, Monsieur Soter NDIKUMANA
contre la Radio Publique Africaine (RPA)
Cette plainte datait du 7octobre 2010. La RPA avait
diffusé que le chef de zone MIVO de la Commune et Province NGOZI,
percevait des amendes sans quittance, auprès des éleveurs faisant
paitre les vaches sur les pâturages brulés. Selon la même
information, le Chef de Zone MIVO partageait cet argent avec le Chef de poste
de la même localité.
Le Conseil a constaté que l'information diffusée
avait été déséquilibrée car, ni la version
du Chef de Zone MIVO, ni celle de Chef de poste n'ont été
livrées au cours de la même édition. La RPA devait ainsi
diffuser un rectificatif.
103 Selon le rapport triennal du CNC de (2009-2011), ce cas a
été constaté à la RPA, à la Radio ISANGANIRO
et à la Radio Rema FM.
104 Selon le rapport triennal du CNC de (2009-2011), ce cas a
été constaté à la RPA, à la Radio ISANGANIRO
et à la Radio Rema FM, Bonesha FM, dans le Journal Arc-en-Ciel et Voix
de l`enseignant.
105Dictionnaire Encyclopédique, Auzon,
Paris, 1991.
64
Mais comme la plainte datait de longtemps, le Conseil a
décidé de classer sans suite ce dossier tout en déplorant
cet état de fait. Parallèlement, un blâme a
été adressé à la RPA lui rappelant que
l'équilibre de l'information doit être respecté
rigoureusement.
? Plainte de Monsieur Emmanuel GAHOMERA contre la Radio
Publique
Africaine/ RPA
L'affaire concernait le conflit foncier. Dans la diffusion de
l'information sur ce dossier, la RPA avait affirmé que Monsieur
Alexandre GAHOMERA, soit disant propriétaire de ladite maison
était incapable de se procurer une paire de chaussures.
Le Conseil a constaté que le dossier datait de
l'année 2010 et a recommandé au Conseiller Juridique de contacter
Monsieur GAHOMERA pour lui demander s'il tenait toujours à son dossier
en vue de le clôturer. Malheureusement, ces contacts ont
été infructueux.
? Plainte de Monsieur Anselme NYANDWI, Directeur
Général de l'usine de café
« Imbo Coffee Company » contre la RPA
La plainte était en rapport avec une information qui
avait été diffusée sur la Radio Publique Africaine faisant
état d'une attaque des bandes armées à l'usine de
café (Imbo Caffee Campany) d'un certain NYANDWI Anselme. Selon
l'information, « des sacs de café avaient été
emportés par les bandes armées au cours de cette attaque et
vendus en RDC ».
Les éléments d'investigation ont montré
que l'attaque en question n'avait pas eu lieu contrairement à ce
qu'avait diffusé la RPA. Ainsi, l'information était par
conséquent :
? Déséquilibrée
: la version du Directeur Général de l'usine n'avait pas
été diffusée sur ce dossier (art. 8 du code de
déontologie de la presse Burundaise) ;
? Mensongère : n'ayant pas
privilégié la recherche de la vérité (art.3 du code
de la déontologie).
Ainsi, le Conseil a recommandé à la RPA de
produire un rectificatif mentionnant l'information fausse diffusée comme
le stipule l'art.43 de la loi régissant la Presse au Burundi, et
à la partie civile de saisir la juridiction compétente pour la
réparation civile (dommage et intérêt) conformément
à l'art.44 de la loi régissant la Presse au Burundi.
65
? Plainte du Bureau Presse et Communication de la
Présidence de la République contre le site
www.cosome.bi de la
COSOME
La plainte concernait la dénaturation par le site
www.cosome.bi de la COSOME d'une
information qui avait été publiée sur le site
www.presidence.bi de la
présidence de la République. L'information était relative
aux contributions d'un montant de soixante millions (60 Millions) de Francs
burundais pour la construction de la permanence du Parti CNDD-FDD à
KARUSI.
Le Conseil a constaté que les faits ci-hauts
décrits sont contraires au prescrit de l'art.9 de la loi
régissant la Presse au Burundi qui recommande aux journalistes de
respecter le code de déontologie qui, à son tour, en son art.8
dispose de la séparation des commentaires des faits.
Ainsi, le Conseil a recommandé au site :
www.cosome.bi de produire un autre
rectificatif indiquant clairement la matière qui avait été
maladroitement rapportée, l'information initiale dénaturée
et sans source.
? Plainte du Directeur de l'Ecole Technique de Bubanza contre
le journal «Voix de l'enseignant » et la Radio Bonesha FM
La plainte est déposée le 23 juin 2011. En
effet, le Directeur de l'Ecole Technique de BUBANZA (ETB) Tharcisse NIYONGABO a
porté plainte contre le journal « Voix de l'enseignant » du
syndicat CONAPES pour avoir publié une information diffamatoire et la
radio BONESHA FM qui l'avait relayée dans l'émission revue de la
presse.
L'information parlait d'un montant de 25 Millions de francs
burundais déboursés par le Directeur pour l'extension de
l'école sans traçabilité dans les comptes de
l'école.
Le Conseil a constaté un déséquilibre de
l'information car, la version de l'accusé n'a pas été
diffusée (art.8 du code de Déontologie de la Presse).
Ainsi, le Conseil a recommandé au journal Voix de
l'Enseignant et à la Radio Bonesha FM de respecter l'équilibre de
l'information.
? Plainte du Comité Technique chargé de la
préparation de la mise en place de la Commission Vérité et
Réconciliation contre la RPA
La plainte a été déposée alors que
le CNC s'était déjà saisi du dossier et rendu public un
communiqué de mise en garde, il a décidé de
transférer les autres aspects de la plainte au Ministère Public
conformément à l'article 12 alinéa 2 de sa Loi organique
qui stipule que :
66
« le Conseil peut aussi saisir le Ministère Public
pour des cas plus graves dont les sanctions ne sont pas prévues dans les
délits de presse mais pouvant menacer la profession.
? Plainte de Madame Lydia NSEKERA, Présidente de la
Fédération de Football
du Burundi contre le journal Arc-en-ciel
La plaine concernait une information qui avait
été publiée dans le journal Arc-en-ciel, dans son
numéro 357 du 14 octobre 2011. En effet, dans un éditorial
intitulé : « Lydia NSEKERA, un porte-malheur pour le football
burundais ? », Arc-en-ciel avait écrit des propos qui ont
offensé la Présidente de la FFB. Après analyse du contenu
de l'éditorial, les membres du Conseil ont constaté que des
propos diffamatoires, injurieux et portant atteinte à l'honneur et
à la dignité de Madame Lydia NSEKERA, avaient été
publiés en violation des articles 9 et 10 de la Loi régissant la
presse au Burundi.
Ainsi, le Conseil a décidé d'adresser une mise
en garde au journal Arc-en-ciel, précisant qu'une récidive
conduirait à des sanctions plus contraignantes.
1. 3. Des
sanctions
Une sanction est une action positive ou négative par
laquelle la société approuve ou désapprouve un
comportement jugé par référence à ses normes. Au
sens plus étroit, la sanction est une action négative
appliquée à la suite d'une procédure de jugement et par
une instance légitime par référence à des normes
explicites.106 Face aux manquements observés dans
différents médias, le CNC a d'abord privilégié le
dialogue par des réunions d'échange. Mais, des sanctions ont
été aussi prises pour des cas graves ou des récidives. Ces
derniers vont d'une mise en garde à une suspension.
a. Mises en garde
Le terme « mise en garde » vient de l'expression
« mettre en garde ». Mettre quelqu'un en garde, c'est le
prévenir de ce qui se passe, l'informer par avance, l'avertir. C'est
empêcher quelque chose de se produire en prenant des précautions,
des mesures nécessaires.107
Une mise en garde a été adressée à
la RPA pour la diffusion des informations faisant état des personnes
victimes de justice populaire. Le CNC a constaté que des telles
informations peuvent inciter les citoyens à se faire justice.
106 Dictionnaire de sociologie, Seuil, Paris, 1999, p.
469.
107 Dictionnaire Encyclopédique, op.
cit., p. 798.
67
Une autre mise en garde a été adressée
à la même radio pour avoir diffusé des propos pouvant
inciter à la haine ethnique à propos de certains membres du
Comité Chargé de la préparation de la mise en place de la
Commission Vérité et Réconciliation (CVR).
Une mise en garde officielle a été
adressée par le CNC à la Radio Bonesha FM suite aux propos
d'incitation à la révolte et à la
désobéissance civile diffusés au cours de
l'émission « Mubivuzeko iki ? » du 29 juin 2011. Cette mise en
garde concernait aussi le journal de matinée du 4 juillet 2011, qui
contenait des propos offensants à l'égard des Institutions de la
République.
Une mise en garde a été adressée à
la radio Isanganiro pour avoir diffusé dans le journal du 25 juillet
2011, des propos offensant Maître Isidore RUFYIKIRI à l'endroit
des magistrats.
Des mises en garde ont été adressées aux
radios RPA, Isanganiro, Bonesha FM, Rema FM, à la Radio
Télévision Renaissance et au journal Iwacu, pour avoir
diffusé et publié le 24 août 2011 des propos de Monsieur
Léonce NGENDAKUMANA, pouvant porter atteinte à l'ordre et
à la sécurité publics.
Une mise en garde a été donnée à
la radio REMA FM pour diffusion des propos malveillants à l'encontre de
Maître Isidore RUFYIKIRI dans le commentaire du journal du soir du 29
juillet 2011.
Une mise en garde a été adressée au
journal Arc-en-ciel pour des propos diffamatoires, injurieux portant atteinte
à l'honneur et à la dignité de la présidente de la
FFB, qui avait été publié dans le numéro 357 du 14
octobre 2011.
Une autre mise en garde a été adressée
à la RPA et un blâme à la radio CCIB FM+ le 26 novembre
2011, pour avoir diffusé des propos diffamatoires à l'endroit des
Institutions Publiques.
b. De la suspension
La suspension vient du verbe « suspendre ». Ce verbe
a comme synonyme « attacher », « fixer en haut ». Sous un
autre angle ce terme signifie une interdiction temporaire par mesure
disciplinaire d'exercer une activité ou une profession.
68
Un seul cas de suspension a été
décidé par le Conseil National de la Communication au cours de
l'année 2011. L'émission « Kabizi » de la Radio
Publique Africaine a été suspendue pour 4 jours de non
diffusion108.
II.4. Conclusion partielle
Le paysage médiatique burundais a beaucoup
évolué ces quinze dernières années. La Radio
Télévision Nationale n'a plus le monopole de l'information. La
presse burundaise a démontré qu'elle était capable de
travailler au renforcement de la démocratie. Ceci s'est confirmé
pendant les élections de 2005 et 2010 où les médias ont
contribué à l'organisation des élections
démocratiques, libres, transparentes et apaisées quoique sans
quelques dérapage comme cela a été démontré
à travers les rapports du CNC. Les médias privés ont
été ceux avec qui le CNC a le plus entretenu des relations
conflictuelles.
L'Analyse et l'interprétation des résultats de
nos investigations menées au CNC et à la RPA vont nous permettre
de scruter davantage le caractère conflictuel des relations entre cet
organe de régulation et ce média privé.
108 La décision a été prise au cours de
l'Assemblée Plénière Extraordinaire du 25 Avril 2011. Au
cours de cette Assemblée, un seul point était inscrit à
l'ordre du jour, à savoir : « l'état d'avancement de
l'exécution des décisions issues de l'Assemblée
Plénière du 24 mars 2011 » au cours de laquelle il
était aussi question d'assurer le suivi de l'émission «
KABIZI » afin d'éviter les dérapages. Le Conseil, lors de
l'Assemblée du 25 Avril 2011, a constaté que la situation n'avait
pas changé. Par contre la RPA a été surprise en flagrant
de récidivisme. La radio a diffusé en date du 21 avril 2011, des
accusations graves et gratuites à l'endroit du chef de l'Etat. Par
conséquent, le Conseil a décidé de suspendre
l'émission « Kabizi » pour quatre jours de non diffusion.
69
CHAPITRE TROISIEME : ANALYSE ET INTERPRETATION DES
RESULTATS
Comme l'indique son intitulé, ce chapitre analyse et
interprète les résultats obtenus au cours de la recherche en vue
de contribuer à une analyse critique des relations entre la Radio
Publique Africaine et le Conseil National de la Communication. Avant cette
analyse, nous aurons à définir le cadre méthodologique de
notre travail. Ce chapitre reflète le déroulement de
l`enquête sur le terrain, analyse les rapports, les interviews, entrevues
du CNC et les différents points de vues des professionnels des
médias et organes pris pour échantillonnage.
III. 1. Présentation du Terrain de
l'enquête.
L`enquête de notre travail s`est effectuée
à Bujumbura au siège de différents organes oeuvrant dans
le domaine des médias. Nous avons ciblé la RPA comme média
privé, le CNC comme instance de régulation, la Maison de la
presse où se trouve le siège de l`UBJ, l`OPB et l`ABR.
III. 2. Cadre méthodologique.
La méthodologie est une étude
systématique, par observation de la pratique scientifique, des principes
qui la fondent et des méthodes de recherche qu'elle utilise. Pour ce
faire, elle est l'ensemble de méthodes et techniques d'un domaine
particulier.109 Ceci définit le cadre méthodologique
de notre champ de recherche qui rappelle les techniques et les méthodes
utilisées durant notre recherche. Celles-ci nous guideront dans
l`analyse et d`interprétation qualitative des résultats de
l`enquête. Les mêmes résultats nous permettront de confirmer
ou d`infirmer nos hypothèses de recherche.
III. 2.1. Méthodes et Approches
Les méthodes et les approches empiriques que nous
allons utiliser, se nourrissent de différentes disciplines et affirment
très clairement leur encrage sociologique. Elles sont fondées sur
les caractères avec les acteurs et prouvent la nécessité
complémentaire des visées descriptives et
interprétatives.
1) Méthodes
Dans la rédaction scientifique, la question de la
méthode apparait comme une question d'organisation des stratégies
appropriées à l'objet qu'on veut étudier. Pour utiliser
correctement une méthode, il faut connaitre ses principes et ses
exigences.
109 Dictionnaire Encyclopédique, petit Larousse
en couleur, 1991, p. 634.
70
Pour Descartes, les intelligences ne diffèrent que par
les méthodes qu'elles utilisent sans cependant prétendre que la
méthode remplace l'intelligence et le talent, reconnaissant qu'elle a
pour effet de discipliner l'esprit.110
D'après Jolivet, la méthode est l'ordre qu'il
faut imposer aux différentes démarches nécessaires pour
atteindre une fin donnée. Appliquée à la science, cette
définition générale devient la méthode scientifique
de celle qui procède par démonstration et recourt aux
critères de l'évidence intrinsèque.
Kambaji wa Kambaji, quant à lui, conçoit la
méthode comme une démarche à la fois théorique et
appliquée. Elle est une démarche de l'esprit, un mode de
raisonnement d'un ensemble d'opérations, de principes et de
stratégies ; un ensemble logique que le chercheur doit adopter en
fonction de la nature de son analyse et de ses objectifs, et qu`il doit
appliquer tout au long de sa recherche pour une intelligence approximative de
la réalité sociale.111
R. PINTO et M. GRAWITZ définissent la méthode
comme l'ensemble d'opérations mises en oeuvre pour atteindre un ou
plusieurs objectifs, un corps de principes présidant à toute
recherche organisée, un ensemble de normes permettant de
sélectionner et de coordonner des techniques. Elles constituent de
façon plus ou moins abstraite, concrète, précise ou vague,
un plan de travail en fonction d'un but.112
En synthétisant ces points de vue, nous pouvons dire
que la méthode est un chemin intellectuel qui permet de relier l'objet
d'étude aux objectifs tout en démontrant les fondements de cette
liaison. Elle est une démarche à la fois théorique et
appliquée au moyen duquel l'esprit se déploie par le biais des
outils de collecte et de sélection (techniques) pour atteindre de
manière approchée, les objectifs qu'on s'assigne au départ
de la recherche. Dans cette recherche, nous allons utiliser la méthode
qualitative dont voici la triple dimension explicative : l'historicisme, le
fonctionnalisme et l'herméneutique.
110 Descartes, cité par Mascotsh NDAY WA MANDE dans,
Memento des Méthodes de recherché en sciences sociales et
humaines, CRESA/ ISES, 2006, p. 32-35.
111 KAMBAJI WA KAMBAJI, cité par M. GRAWITZ dans,
Traité de Sciences politiques, Paris, PUF, 1985, p. 117.
112 R. PINTO et M. GRAWITZ, Traité de Sciences
politiques, Paris, PUF, 1985, p. 117.
71
a) L'Historicisme
C'est une croyance qu'on atteint une compréhension
adéquate de la nature d'un phénomène et une meilleure
appréciation de sa valeur si l'on prend en considération la place
qu'il a occupée et le rôle qu'il a joué dans un processus
de développement.113
Dans une recherche sociale, l'historisme nous impose de tenir
compte du contexte
historique de l'objet étudié pour en
déterminer la signification. Cette méthode va nous aider
à rédiger le travail à la lumière des analyses
historiques des différents événements qui ont
caractérisé et influencé le Conseil National de la
Communication (CNC) et la Radio Publique Africaine (RPA) depuis leur naissance
jusqu'aujourd'hui. Cette approche nous permettra de saisir toutes les
dimensions de faits et phénomènes afin de les restituer dans leur
totalité.
b) Le fonctionnalisme
Le fonctionnalisme est une théorie ethnologique et
sociologique tendant à rapporter les phénomènes sociaux
aux fonctions qu'ils assurent.114 Nous avons choisi cette
théorie parce qu'elle représente une orientation scientifique qui
rapporte les phénomènes sociaux aux fonctions que les
médias et les instances de régulation et celles
d'autorégulation servent.
Les fonctions des médias au Burundi comme ailleurs
restent les mêmes. Parmi elles citons les plus courantes :
- Observer les alentours
Le code qui traite de cette catégorie insiste sur la
personnalité du journaliste. Ainsi, celui-ci « doit refuser la
subordination contraire à la ligne éditoriale de son entreprise
de presse et n'accepter des directives rédactionnelles que celles
émanant de la rédaction.
- Donner une image du monde
Nous sommes convaincus que l'essentiel des connaissances de
l'homme et de l'humanité provient des médias. C'est pour cette
raison que : « les journalistes doivent s'abstenir de tout traitement
tendancieux de l'information.
113 Mandelbaum, cité par M. GRAWITZ, Ibid.
114 Dictionnaire de Sociologie, op.cit., p. 227.
72
RUZUMILOWICZ écrit que : « le rôle des
médias ne doit pas se voir restreindre seulement à l'avancement
d'un ordre politique démocratique, mais plutôt à la
recherche de transparence et de vérité.115
- Servir de forum
En principe les médias sont un espace public, une
espèce d' « agora ». A ce titre, ils doivent présenter
divers points de vue sur de grandes questions d'actualité. De la sorte,
ils doivent permettre aux différents groupes sociaux de pouvoir
s'exprimer sur des questions ou tout au moins d'y répondre quand ils
sont mis en cause.
C'est pour cette raison que le journaliste « doit
s'imposer une rigueur dans le choix des termes et éviter tout
décodage entre le titre et le contenu ou toute exagération des
faits ».116
c) L'Herméneutique.
Evan PALMANS définit l`herméneutique comme :
« une analyse qualitative qui se base sur l'interprétation et
l'analyse de ce que les gens font et disent sans trop mesurer ou faire des
analyses numériques».117 Dans ce travail, ce
paradigme est indispensable dans ce sens qu'il invite les observateurs du
social à adapter une posture essentiellement descriptive et
antiréductionniste. C'est-à-dire, le chercheur se met
sérieusement à l'écoute de la parole des acteurs (les
échantillons). Cette prise en compte de leurs dires ne veut pas dire que
le chercheur souhaite se remplacer par ses intervenants, mais plutôt, il
cherche à s'ouvrir largement avec le moins de préjugés. En
effet, les approches constituent le fondement heuristique de notre vision
sociologique. Ces dernières ne sont pas seulement des repères,
mais bien plus, elles sont des dispositions de ces recherches qui doivent nous
orienter dans la découverte, dans la problématique et dans
l'interprétation des faits et phénomènes.
Cette approche nous permettra de nous rendre compte de ce qui
se passe sur le paysage médiatique en nous renseignant au près de
la population cible (notamment la RPA, le CNC, l'O.P.B, l'A.B.R et l'U.B.J.) et
d'analyser les résultats y obtenus.
115 B. ROZUMILOWICZ, Democratic change : a theorical
perspective, dans Media Reform, Democratizing the media, democratizing
the state, prépéré par Price E., Monoroe, Beata
Rozumilowicz, Stephan G. Verhulst. London: Routeledge, p. 9.
116 CNC, La loi no. 1/025 du 27 Novembre 2003,
régissant la presse au Burundi
117 E. PALMANS, Média et politique en situation de
crise : le cas du Burundi, Thèse de Doctorat, Antwerpen,
Université, 2008, p. 34.
73
2) Types d'approches
BLUMER fait remarquer que «le chercheur peut avoir
accès à ces phénomènes privés qui sont les
productions sociales signifiantes des acteurs que s'il participe (...) au monde
qu'il veut étudier».118 Ainsi, pouvons- nous,
à la limite de cette observation, parler de quatre types d'approches
:
a) L'approche compréhensive
L'approche compréhensive nécessite le recours
à un processus d'empathie (...) donc à un processus subjectif.
Elle permet de comprendre un fait humain en tant qu'objet.119 Nous
pouvons signifier que toute tentative interprétative est «
refiguration ». Pour reprendre le terme de Paul RICOEUR, la refiguration
c'est la recomposition par le chercheur d'une composition des
acteurs120. Pour nous, la compréhension ne doit donc pas
s`attacher à saisir le contexte historique original dans lequel l`objet
se meut, mais plutôt à saisir l`objet à partir de l`univers
dans lequel se passent les interactions des sujets comprenant et
interprétant.
b) Approche situationnelle
Cette approche se caractérise de toute zone
matérielle, spatiale et temporelle où des acteurs se trouvent
mutuellement en possibilité d'interagir.121 Pour clarifier
quelque peu des notions utilisées dans cette approche, nous proposons
les définitions suivantes122 :
- Le contexte : ce sont des circonstances et des
tendances globalisantes (politiques, économiques, sociales, culturelles,
historiques etc.)
- Cadre : ce sont le moment et l'endroit où se
déroule l'acte.
Cette approche sera indispensable pour vérifier si les
initiatives consensuelles des organes syndicaux et d`autorégulation des
médias suffisent pour organiser de façon satisfaisante la
profession et lui imposer une déontologie.
118 Blumer, cité par G. DEREZ dans, Méthodes
empiriques de recherche en communication, Paris, De Boeck, 2009, p. 44.
119 E. MORIN cité par G. DEREZ, op. cit., p.
45.
120 Léon BENIER, écrit que « la meilleure
façon de fonder ou de refonder la connaissance des
réalités sociales, c'est de partir des savoirs du sens commun
dont tous les individus disposent par rapport à leurs propres
réalités, histoire, lieu d'insertion dans le champ social. (cfr
son ouvrage, Les conditions de la preuve dans une démarche
qualitative à base de récit de vie. Dans Lessard, Goyette,
Boutin, 1950, p. 45.
121 E. GOFFMAN, cité par G. DEREZE, op.cit., p.
47.
122 Hymes cité par G. DEREZ, op.cit., p. 47.
74
c) Approche dynamique
Cette approche traite des aspects les plus contemporains de
nos sociétés, ce qui se voit actuellement au coeur de la
stabilité et de la turbulence de notre société. Nous
l'utilisons ici dans le sens Saussurien, où elle prend alors la
durée en considération en ce qu'il donne sens, modèle,
dans un contexte de ce qui se passe aujourd'hui sur le paysage
médiatique Burundais.
Dans un tel contexte, l`analyse dynamique du CNC et celle de
la RPA s`avère importante pour vérifier les différentes
formes des relations ayant déjà existées entre ces deux
organes.
d) Approche réflexive
Cette approche prend en considération le rôle de
l'observateur au terrain, son action dans le processus de recherche. Il est
prié d'être honnête dans son regard. Pour aboutir à
cette fin, il doit s'analyser soi-même avant tout autre processus.
Connaissant que nous ne pouvons pas travailler sur la
réalité dans sa totalité, l`approche réflexive nous
renvoie à une réalité reconstructive en fonction d`une
part, des objectifs que nous poursuivons, d`autre part, à des
propriétés sociales inhérentes à l`instrument
d`observation.
III.2.2. Techniques
Les techniques sont des instruments de mesure et de
repérage des phénomènes sociaux ; elles servent donc
à la récolte des données et à leur
dépouillement.
Pour Kabamba MBIKAY, la technique la plus en vue est
l'observation des faits sociaux. Elle implique que l'on choisisse, l'on
sélectionne et l'on isole ceux-ci. Elle peut en effet, être
fortuite ou systématique. Dans le premier cas, elle est
spontanée, c'est-à-dire non soumise à une rigueur
technique quelconque. Dans le second cas, elle conduit sur la base de
techniques élaborées au préalable.123
Pour collecter les données, nous nous sommes servis de
quelques techniques notamment : l`analyse documentaire, l`observation directe,
le questionnaire, l`entretien (interview, entrevue). Il s'agit d'une
étape au cours de laquelle nous avons observé les
phénomènes étudiés de manière
spontanée après une descente sur terrain.
123 Kabamba MBIKAY, cité par Mascotsh NDAY WA MANDE
dans, Memento des Méthodes de recherché en sciences sociales
et humaines, CRESA/ ISES, 2006, pp. 34-35.
75
a) L'Analyse documentaire
Elle est considérée comme une plate tournante
entre deux moments de systématisation de recherche. Elle permet au
chercheur de rassembler ou de revérifier ses données
collectées au cours de son enquête grâce à des
techniques bien déterminées.124
Au cours de la recherche nous avons fait recours à des
sources écrites dans les bibliothèques comme les ouvrages
généraux en rapport avec la radio. Nous avons aussi
consulté des rapports des séminaires et ateliers de formation des
médias relatifs à la couverture médiatique des
élections. Les autres sources sont notamment les dictionnaires, les
encyclopédies, les mémoires, les journaux, les décisions,
les codes de conduite des médias, l'Internet, etc.
b) L'Observation directe
Elle est une forme de recueil d'information qui
procède d'un regard étudié, mais pas ce qui doit
être étudié dans cette situation. L'observateur note,
enregistre tout ce qu'il voit et ce qu'il entend tout en s'abstenant de toute
intervention du moins volontaire.
Dans le cadre de notre recherche, nous avons observé
ce qui se déroulait autour de nous, dans notre environnement et
écouté ce qui se passait ailleurs par les témoins
oculaires ou par la radio sans nous contenter d'un seul message. Nous nous
sommes inspirés des travaux menés par des spécialistes des
enquêtes et des instruments de recherche en sciences sociales.
Nous avons procédé à l'écoute des
journaux parlés et des animations d'antennes lors des différentes
synergies des radios enregistrées au studio de l'ABR/CERA. Cette
technique nous a aidés à confronter les différents points
de vue relatifs au travail accompli par les radios lors de la couverture des
élections de 2010. Après la comparaison, nous avons fait la
synthèse.
c) Le questionnaire
Ce sont des entretiens conduits au moyen d'un questionnaire
standardisé ou différent selon les orientations. Dans cette
optique, nous avons utilisé le procédé de collecte dans le
but d'explorer la façon dont les différents groupes qui ont
constitué nos échantillons perçoivent le problème
existant sur le paysage médiatique burundais.
124 Mascotsh NDAY WA MANDE, Memento des Méthodes de
recherche en sciences sociales et humaines, CRESA/ISES, p. 35.
76
d) L'entretien
Il consiste à interroger des individus pour qu'ils
donnent eux-mêmes les informations nécessaires à l'analyse
d'un problème particulier.
A la différence de la première,
l'enquêteur est tenu à intervenir et se limite au recueil d'une
information verbale. Pendant cet entretien, nous avons recueilli les
différents points de vue des responsables des institutions que nous
avons pris pour échantillon et nous avons rencontré quelques
experts en matière de la communication pour enrichir et confronter les
réponses trouvées au près de nos enquêtés.
III.2.3. Déroulement de l`enquête
Au cours de cette enquête, nous avons accumulé
une documentation originale et importante à partir de l`observation des
situations particulières d`entretien au près des informateurs.
La collecte de données a été
réalisée sur base d`un questionnaire adressé à la
RPA, au CNC, à l`UBJ, à l`ABR et à l`OPB. Par rapport
à notre échantillon, les questions orales et les interviews non
structurées ont été réalisées et
notées sur un fichier des réponses d`interview que nous avons
sélectionnées. Le questionnaire élaboré,
résulte d`une pré-enquête réalisée au
près des professionnels des médias, des syndicats de
journalistes, de l` instance de régulation et celle
d`autorégulation.
1. La Pré- enquête
La pré-enquête est une étape de recherche
préparatoire organisée avant la mise en place d'un dispositif
plus étendu. Elle est menée pour vérifier la
faisabilité de l'enquête proprement dite et éventuellement
à améliorer les objectifs.
a) Population d'étude
CHACHAT définit la population d'étude comme :
« un ensemble d'individus auxquels s'applique
l'étude».125 Les limites de cette population et ses
caractéristiques sont définies en fonction des objectifs de
l'enquête.
125 CHAUCHAT, cité par Byanikiri KASHIRA dans, La
communication au campus de Kisangani, TFC, UNIKIS, FPSE, 2004, p. 8.
77
Selon N. LESELBAU, La population sur laquelle porte
l'enquête est considérée comme « un ensemble
humain caractérisé dont on cherche à connaître les
opinions, les besoins, les réactions,... ».126
Pour R. MUCCHELLI, « la population d'étude est
l'ensemble des personnes sur les quelles porte l'enquête et qui constitue
une collectivité ».127 Constatant que notre
enquête concerne les organes de presse, nous avons eu à nous
adresser aux Syndicats des journalistes, Opérateurs en matière de
radiodiffusion, Institutions publiques (le CNC), à la RPA, et avons
choisi quelques journalistes selon leurs positions d'appartenance. Sachant que
l`information est quasiment inaccessible à l`évidence, nous avons
d'abord sollicité un accord préalable avec les organes
concernés. Ils nous ont annoncé qu`ils vont répondre
favorablement à nos préoccupations.
a) Le terrain d`enquête
Comme nous ne pouvons pas mener notre enquête sur toute
l`étendue de la Mairie de Bujumbura compte tenu du temps et des moyens
limités, nous avons choisi comme terrain d`enquête trois quartiers
de la commune ROHERO dans la ville de Bujumbura : Rohero II, quartier INSS et
quartier ASIATIQUE. Le choix de ces trois quartiers se justifie par
l`emplacement des nos échantillons.
Quant aux techniques, nous avons distribué les
questionnaires d`enquête à la Maison de la presse où se
trouve le siège de l`UBJ, L`ABR et l`OPB. Nous avons aussi
adressé à la fois des questionnaires et mené des
entretiens au près de la RPA, du CNC, de l`UBJ, de l`ABR et de l`OPB.
Tous ces organes sont localisés géographiquement dans la commune
de ROHERO au centre de la ville de Bujumbura.
b) Le cadre de l`enquête
J. L. L. DELBAYE, définit le cadre de l`enquête
comme : « l`ensemble de personnes dont on veut connaitre les opinions
».128 Pour le cas de notre travail, le cadre de
l`enquête se réfère à la profession des journalistes
des médias privés, des syndicats des journalistes, aux instances
de régulation, d`autorégulation et aux associations des radios.
En effet, nous avons
126 N. LESELBAU, Le professeur mène l'enquête :
Guide de l'enquête psychosociologique, in rencontres
pédagogique n° 6, INRP, Paris, 1977, p. 198.
127 R. MCCHELLI, Les questions d'enquête
psychosociale, Paris, P.U.F, 1989, p. 146.
128 L.J.L. DELBAYLE, Introduction aux méthodes des
sciences, Paris, éd. Privat, Toulouse, 1978, p. 47.
78
choisi de mener notre enquête sur une petite population
que nous avons prise pour échantillonnage.
c) L`échantillonnage
Pour YATES, l'objectif essentiel de tout
procédé d'échantillon est d'obtenir un échantillon
qui, compte tenu de sa taille limitée reproduit, les
caractéristiques de la population, particulièrement celles qui
intéressent le chercheur de manière aussi précise que
possible.129
G. DE LANDSHEERE, définit « l'échantillon
» comme étant « le choix d'un nombre limité
d'individus ou d'événements dont l'observation permet de tirer
des conclusions générales applicables à la population tout
entière, à l'intérieur de la quelle le choix a
été opéré ».130
En partant de cette dernière définition, notre
échantillon a été composé de 5 journalistes dont, 1
du journal Iwacu, 4 de la RPA, le Secrétaire de l'ABR, le
Président de l'U.B.J, le président de l'O.P.B, le Directeur de la
RPA et la Secrétaire du CNC. Cependant, pour enrichir notre connaissance
en matière du droit à la communication, nous avons eu recourt aux
interventions des quelques spécialistes en ce domaine.
d) La taille de l`échantillonnage
La taille de l`échantillon nous permet de
déterminer l`effectif choisi pour chaque catégorie de profession.
Pour ce faire, R. MUCCHELLI nous avise que la taille de l`échantillon
peut revenir à 1/10eme, 1/100eme,
1/200eme ou 1/1000eme(...), de la population
totale.131Évidemment, dans une recherche scientifique, il est
souvent difficile voire, impossible d`interroger toutes les personnes pouvant
vous renseigner sur le sujet de recherche. Appliquant ce principe dans notre
travail, nous avons pris pour l`échantillon 5 organes dont une radio, un
organe de régulation, un syndicat, un organe d`autorégulation et
un autre oeuvrant en matière des radiodiffuseurs. Pour
représenter ces organes, nous avons pris quelques personnes : la RPA a
été présentée par son Directeur et ses 4
journalistes, l`UBJ présentée par son président, l`ABR par
son secrétaire, l`OPB par son président et le CNC par la
secrétaire du président du CNC.
129 Cité par M. KATALAY ELWA, Le secteur informel de
l'emploi à Kisangani : besoin de formation chez quelques
employés, mémoire en psychologie, UNIKIS, FPSE, 1989, p.
48.
130 G. DE LANDSHEERE, Introduction à la
méthodologie de la recherche en éducation, Paris, P.U.F,
1975, p, 251.
131 R. MUCCHELLI, Le questionnaire dans l`enquête
psycho-sociaux, ESF, Paris, 1995, p. 20.
79
2. L`enquête proprement dite
Cette étape de recherche est sans doute la plus
indispensable au cours d'une recherche sociologique. Pour mener à bien
cette investigation, nous avons eu recourt à l'enquête telle que
comprise par Philippe GAILLARD : « L'enquête a pour but
l'étude approfondie d'un problème et plus souvent
économique, politique, social ou culturel». Pour ce faire,
l'enquêteur se rend sur terrain, fait des contacts directs avec les
informateurs.
a) Le déroulement de
l`enquête
Les conditions de réalisation de l`enquête ont
été une première composante de nos préoccupations.
Il était question de préciser le lieu où va se
dérouler l`entretien, sa durée, le nombre d`enquêtés
et leur nature. Ce sont ces quelques éléments qui ont
influencé notre enquête.
Nos relations avec les enquêtés n`étaient
pas comme des relations entre un médecin et son patient. Ce type de
relation est contractuel. C'est le patient qui cherche son médecin.
Dans une recherche scientifique, c`est le chercheur qui
sollicite son enquêté, il lui demande de l`information, alors que
lui l`enquêté n`a a priori aucun intérêt à
répondre. Au cours de notre enquête, nous avons recouru à
l`entretien semi-dirigé, c`est-à-dire, nous avons laissé
le temps à l`enquêté de s`exprimer, nous n`intervenions que
dans les faits pour contribuer à sa structuration. Quelques
caractéristiques ont influencé notre relation avec les
enquêtés notamment la caractéristique physique
d`appartenance à une communauté de l`EST en RDC. D`abord, le
président de l`OPB ne voulait pas nous recevoir sous prétexte
qu`il avait beaucoup à faire. Puis, il a accepté de nous accorder
quinze minutes d`entretien quand il a appris que nous sommes Congolais
ressortissants de la partie sud du Kivu où il a vécu aussi.
Les données obtenues au CNC au cours de
l`enquête, au lieu de nous fournir des informations pertinentes sur la
problématique, ces informations ont masqué davantage les
véritables relations existantes entre ces deux organes (RPA et CNC).
Au cours de l'enquête, nous avons pu constater que, les
enquêtés comme l`ABR, l`UBJ et la RPA ont vite adapté notre
ligne de conduite en fonction de la situation d`entretien. Ils ont ressenti
cette relation comme une voie pour s`adresser aux responsables politiques et
ceux de l`instance de régulation. Ils ont compris que peut être
leur discours
80
prendra une tournure revendicative, protestataire quand ils se
perçoivent comme des porte-parole d`une catégorie
professionnelle.
D`autres enquêtés à l`OPB et à la
RPA ont éprouvé la nécessité de faire bonne figure,
donc de présenter une image positive d'eux-mêmes ou de leur
institution devant des étrangers, ce qui leur a permis de structurer
leurs comportements et attitudes.
Des réponses obtenues au cours de l`enquête ont
dépendu également de certaines caractéristiques que nous
avions énumérées comme par exemple : la
disponibilité des enquêtés, leurs motivations, leur
intérêt et l`importance qu`ils ont accordés aux questions
posées, le sentiment qu`ils ont eu de leurs propres compétences,
leurs capacités à maîtriser la langue française et
à se souvenir de la matière apprise à l`école.
b) Les difficultés rencontrées
Les premières entraves rencontrées au cours de
notre enquête résident au niveau de données
enquêtées. Nous avons travaillé sur des données qui
n`ont pas été conçues pour ce travail. Ce qui nous a
poussés à penser que nos besoins ne seront pas satisfaits par les
informations que nous livrent nos échantillons. Les informations ont
été données sous forme inappropriée. Par exemple,
les indicateurs d`un même phénomène variaient, les
unités territoriales dans lesquelles sont publiées les
informations n`étaient pas superposables à celles qui
correspondent à notre sujet d`enquête.
Sous un autre angle des difficultés, sur cinq
questionnaires distribués, seuls quatre ont trouvé l'audience au
près de la RPA, l'U.B.J, l'O.P.B et à l'ABR. Le cinquième
questionnaire adressé au CNC a trouvé une fin de non recevoir.
Voici en substance, le jugement du président du CNC porté sur le
sujet de notre travail qui justifie son refus de nous accorder l'entretien :
« quelle relation voulez- vous dire ? Les relations entre ces deux
institutions ont été bonnes, sont bonnes et seront toujours
bonnes », « quel genre d'analyse vous voulez faire en cette
matière en tant qu'étudiants » ? Néanmoins, nous nous
sommes entretenus avec la secrétaire du président du CNC qui nous
a renseignés sur quelques préoccupations de notre recherche.
c) Procédé de
dépouillement
Il est à signaler que le dépouillement de notre
questionnaire a tenu compte de la variable catégorie
socioprofessionnelle. De cette variable nous avons dégagé des
variables telles que la catégorie d'opérateur dans la
radiodiffusion, l'organe de presse, l'organe de
81
régulation, en fin les syndicats des journalistes.
Apres la collecte des données, les informations obtenues sur base d`un
questionnaire, des interviews et entrevues ont été
sélectionnées et soumises à une analyse critique afin de
dégager un maximum d'informations et un nombre des conclusions.
III.3. Résultats des entretiens avec les
représentants des organes et médias du
Burundi
1. Résultats de l`entretien avec la
secrétaire du président du CNC
Au cours de cet entretien avec la secrétaire du CNC,
nous avons voulu savoir s`il est vrai que l`année 2011 était une
année pendant laquelle la politique, la sécurité et la
justice ont dominé les informations et les programmes à la RPA.
La secrétaire du président du CNC nous l`a confirmé en
disant que cela se justifie par l`environnement politique qui prévalait
dans le pays car des cas d`insécurité ont été
observés dans différents endroits du pays et des interpellations
des journalistes par la justice ont accrue pendant la même
période.
La RPA diffuse beaucoup d`informations, avez-vous
enregistré quelques unes faisant état des personnes victimes de
justice populaire, des propos pouvant inciter à la haine ethnique ? Des
tels cas ont été enregistrés et des plaintes des personnes
qui se sont senties lésées par des informations diffusées
à la RPA. Il s'agit notamment des commentaires sur la constitution de la
commission vérité et réconciliation(CVR), de la plainte du
chef de zone Mivo, Soter NDIKUMANA, de la plainte d`Alexandre GAHOMERA et de
celle d`Anselme NYANDWI.
2. Résultats de l`entretien avec le Directeur de
la RPA
Au siège de la RPA, nous avons pris contact avec 4
journalistes et le Directeur de la RPA. Nous avons demandé à ce
dernier s`il existe des plaintes déposées au CNC par les
individus contre la RPA pour raison de diffamation. Le Directeur nous l`a
confirmé mais, en disant que beaucoup d`elles sont fantaisistes
(certaines personnes sont manipulées pour se plaindre contre la RPA).
Nous lui avons demandé si les rectifications sont
faites en cas de dérapages. Il nous a dit que Ça se fait quand
c`est nécessaire, `c'est-a-dire, lorsque le déséquilibre
est ostentatoire. Dans beaucoup de différends qui opposent la RPA aux
plaignants, le CNC est toujours partial. C'est pourquoi le Directeur de la RPA
suggère que le CNC respecte la loi et fasse la promotion du
métier afin de bien assumer ses responsabilités. Nous, en tant
que
82
professionnels des médias, nous reprochons au CNC sa
passivité et le fait de se laisser manipuler par les décideurs
politiques.
A la question de savoir si les mobiles de suspension de
l`émission « kabizi » pendant quatre jours en 2011
étaient fondés, le Directeur de la RPA a répondu que cette
suspension était illégale car elle satisfaisait au désir
personnel du Ministre de l`intérieur. Celui-ci avait intimé
l'ordre aux médias de ne pas diffuser des informations sur les massacres
de Gatumba. La RPA ne peut pas se soumettre à des lois illégales.
Nous demandons au CNC de rendre effective la liberté de la presse. Pour
ce faire, le CNC doit appliquer la loi dans toute sa rigueur.
3. Résultats de l`entretien avec le
Président de l`OPB
Pour ce qui est de déséquilibre de
l`information constaté à la RPA par le CNC, le secrétaire
de l`OPB confirme cet état des choses. Le constat a montré que
sur 745 sujets 419 ont concerné la ville de Bujumbura et 2 de la
province de Cankuzo. Mais la situation commence à s`améliorer.
Les sujets à caractère économique prédominent sur
la politique à partir de l`événement de l`incendie du
marché central survenu le 24 avril 2013. Toutefois, la RPA est devenue
la première radio au Burundi à diffuser des informations sur des
sujets divers.
4. Résultats de l`entretien avec le
Secrétaire de l`ABR
En ce qui concerne le déséquilibre de
l`information à la RPA, le secrétaire de l`ABR nous a dit que
cette situation est courante non seulement à la RPA, mais aussi dans
toutes les radios au Burundi. A titre d`exemple, en 2005, la RPA n`a pas
respecté les principes du pluralisme et d'équilibre de
l'information pendant la campagne des élections. C'est la raison pour
laquelle lors des élections de 2010, le CNC a rencontré les
représentants des médias et des partis politiques pour l'adoption
des textes réglementant les médias en période
électorale en les exhortant à bien assurer une couverture
médiatique des meetings organisés par les partis politiques et
les indépendants en lice. Si les élections de 2010
s`étaient bien passées, c`est grâce à la plus grande
rigueur du CNC dans la collecte, le traitement et la diffusion de
l'information.
Le constat du CNC à la RPA n`est pas fallacieux car les
propos incitant les électeurs à la haine ethnique et
régionale, aux divisions liées à l'appartenance politique
et au
83
trouble de l'ordre public pendant la campagne
électorale et le jour du scrutin ont été constatés
en 2005.
5. Résultats de l`entretien avec le
Président de l`UBJ
A l`UBJ nous nous sommes entretenus avec le Président
et le secrétaire de cet organe. Nous avons demandé au
président les raisons qui peuvent motiver la RPA, selon le constat du
CNC, de diffuser des informations sur les personnes victimes de justice
populaire, sur les propos de certains membres de la Commission
Vérité et Réconciliation pouvant inciter à la haine
ethnique. Il nous a dit que cela incombe aux critères de
sélection de l'information définis à la RPA.
Au sujet de manque du pluralisme, de peu d'importance
accordée à l`information institutionnelle et de bas niveau de
formation de certains journalistes de la RPA, le président de l`UBJ a
reconnu la véracité de ce constat, et attesté
implicitement les accusations du CNC contre ce média.
III.4. Analyse qualitative des résultats
d`enquête132
Dans ce travail, seule l'analyse qualitative a guidé
notre lecture des faits observés sur terrain. Nous pouvons distinguer
trois niveaux d`analyses:
- Les cadres institutionnels de l`observation : ils
déterminent pour une part l`étendue et la nature des
données factuelles. Ici, nous allons analyser les fondements
théoriques et les conditions pratiques de mise en oeuvre de certains
moyens d`investigation.
- La conservation et la diffusion des faits par les
enquêtés.
- La description du paysage institutionnel qui nous a permis
de comprendre certaines difficultés rencontrées pour rassembler
les données nécessaires à ce travail.
En effet, la méthode fonctionnaliste nous a aussi
permis d'analyser les travaux réalisés par le Conseil National de
la Communication en matière de régulation en rapport avec les
émissions qui ont été censurées à la RPA.
Plus haut, nous avons porté une analyse sur les travaux de couverture de
cette radio selon les rubriques organisées dans une grille.
L'enquête menée auprès de notre
échantillon nous a révélé la réalité
des cas de déséquilibre dans le traitement et la diffusion de
l`information reprochés aux médias par le CNC. A ce propos,
Innocent NSABIMANA, secrétaire de l'O.P.B nous a
révélés qu'il y a déjà amélioration
remarquable dans le travail des médias. La prédominance de sujet
à
132 Maison de la presse, l`émission Club de la presse,
reproduite dans, journal Iwacu, le 26 Avril 2013.
84
caractère économique sur la politique, se
justifie par l'événement de l'incendie du marché central
survenu le 24 février 2013. Sur 745 sujets diffusés dans les
informations par les radios privées, 419 ont concerné la seule
ville de Bujumbura contre 2 pour la province de CANKUZO.
Edouard MADIRISHA, journaliste au groupe de la presse du
journal « Iwacu », affirme que la couverture médiatique
réserve la belle part à la mairie de Bujumbura par manque de
moyens. Selon lui, trois raisons expliquent cette couverture médiatique
limitée à la ville de Bujumbura : d'abord le manque des moyens,
ensuite le déroulement des événements importants à
Bujumbura et enfin le respect du fameux critère de proximité.
François BIZIMANA, journaliste à la radio
culture affirme que, le problème de financement pose toujours
problème pour couvrir toutes les régions du Burundi.
En ce qui concerne le déséquilibre du temps
d'antenne, pour Simon KURURU, consultant formateur en journalisme et
communication, les journalistes de la RPA en 2010 ont donné plus
d'espace d'expression aux politiciens du mouvement ADC Ikibiki qu'aux autres
responsables des mouvements politiques. D'où le
déséquilibre dans la distribution du temps de parole.
De plus, l'information sur l'existence des plaintes
déposées auprès du CNC par les plaignants contre la RPA a
été confirmée par le Directeur de ce média.
Toutefois, fait remarquer ce dernier, sur bon nombre des cas de plaintes
déposés, la plupart d'entre eux sont sans preuves. C'est ce qui
explique souvent leur retrait après analyse et constat de manque des cas
avérés de diffamation.
Pour étayer ce constat, nous pouvons insister sur les
trois cas d`informations diffusées par la RPA et contre lesquels
certaines personnes ont porté plainte auprès du Conseil National
de la Communication. (cfr. Chap. deuxième sur les plaintes). Cas de la
Plainte du Chef de Zone MIVO, Monsieur Soter NDIKUMANA contre la RPA,
cette information s`est avérée déséquilibrée
car la RPA devrait diffuser les propos de deux personnes : une version pour le
Chef de Zone MIVO, une autre pour le Chef de poste de la même zone ou en
faire un rectificatif comme l`exige la loi en cas d'une erreur par
mégarde.
La Plainte de Monsieur Emmanuel GAHOMERA contre la RPA.
La RPA a diffusé dans l`information que Monsieur Alexandre
GAHOMERA, ne pouvait pas être propriétaire de la maison dont ils
se disputaient, car il était même incapable de se procurer une
paire de
85
chaussures. C`est une affirmation gratuite. La RPA devrait
fournir des preuves suffisantes montrant qu`il y a eu des investigations qui
ont été faites sur ce dossier et dont le résultat est
fiable.
La Plainte de Monsieur Anselme NYANDWI, Directeur
Général de l'usine de café « Imbo Coffee Company
» contre la RPA. Au cours de l'édition d`information la RPA
parle de l`attaque des bandes armées à l'usine de café
(Imbo Caffee Campany ) et des sacs de café emportés et vendus en
RDC. Apres des investigations, le CNC conclut que cet évènement
n`a pas eu lieu. Au nom du principe de la vérification de l'information,
la RPA devrait interroger son correspondant dans la zone et tendre le micro au
propriétaire de l`usine afin de s`exprimer sur ce sujet.
La Plainte du Comité Technique chargé de la
préparation de la mise en place de la Commission Vérité et
Réconciliation contre la RPA. Dans un éditorial, la RPA a
montré que cette commission chargée de la préparation de
la mise en place de la Commission Vérité et Réconciliation
était déséquilibrée en ce qui concerne le clivage
ethnique au Burundi. La RPA a assumé ses responsabilités en
informant le public sur le fonctionnement de la société
burundaise. Rappelons qu` un medium est un chien de garde qui surveille notre
environnement. Il nous met au courant de tout ce qui se passe tant dans notre
société qu`ailleurs.
Le rapport de monitoring du CNC du mois de 2009- 2011, montre
que la fréquence des informations politiques en termes de pourcentage
à la RPA équivaut à 25,9% et 14% des informations non
politiques. Le même constat est fait à l`ABR quand son
secrétaire affirme que la RPA enregistre quelques fois des manquements
graves au règlement du métier comme : le sensationnalisme,
l`exagération dans les commentaires, la diffamation, la provocation et
la violation de la vie privée. Si la RPA arrive à se tirailler
avec le CNC, c`est parce que cet organe dépend toujours du pouvoir en
place et ses décisions dépendent du même pouvoir. Ce qui
fait que la RPA n`ait plus confiance en CNC. La loi du 27 nov. 2003 stipule en
son Art. 58 que : « Le Conseil National de la Communication,
après trois mises en garde, peut suspendre ou interdire la circulation,
la distribution ou la vente de journaux, de périodiques ou de tout autre
support d'information, la diffusion d'une émission, l'exploitation d'une
station de radio ou de télévision ou d'une agence de presse quand
ils violent les dispositions prévues aux articles 17, 18 et 19 de la
présente loi ».
86
Nous avons constaté que beaucoup de sujets de
polémique entre le CNC et la RPA étaient liés au non
respect par le CNC des procédures dans la prise de décision. De
fois, les mesures de suspension étaient prises à la suite des
mises en garde. En 2011, le CNC a suspendu l'émission KABIZI de la RPA
pour une durée de quatre jours. Le président de l'O.P.B, dit
à ce propos que, cette suspension est survenue suite à une
interdiction illégale de ne pas diffuser des informations sur le
massacre de GATUMBA après l`interdiction du Gouvernement. Le Directeur
de la RPA a souligné que la RPA ne peut pas se soumettre à une
loi illégale. Les journalistes ont le droit de rechercher les faits et
de les publier. Me Gérard NTAHE, reconnaît que la loi interdit de
révéler le secret de l'instruction pré-juridictionnelle.
Mais, il nuance en expliquant que les vrais détenteurs de ce secret ne
sont pas les journalistes, même s'il leur est interdit de faire
état du contenu du dossier en instruction devant l'OPJ ou l'officier du
ministère public : « Il est interdit de publier ces documents
ou d'en faire état en disant tel officier du ministère public a
convoqué telle personne et tel jour pour lui demander ceci ou cela et a
répondu ceci ou cela».133
G. NTAHE constate plutôt que ce sont les gens de la
justice qui participent à l'instruction qui ne doivent pas violer le
secret et non les journalistes. Selon cet avocat, les journalistes peuvent
être poursuivis pour complicité s'ils poussent les gens tenus au
secret de dévoiler le contenu de l`instruction.
Les journalistes, poursuit G. NTAHE, ont parfaitement le droit
et même l'obligation de rechercher les faits et de les publier :
« C'est leur travail. On ne pouvait pas les poursuivre pour avoir
publié les fruits de leur investigation». Toutefois, avertit,
NTAHE, l'enquête médiatique n'a pas d'objectif de venir attribuer
à des gens innocents des crimes ou à innocenter les criminels. Si
ce cas s'avère, les médias doivent être poursuivis pour
imputation dommageable ou propagation de fausses nouvelles mais non pour avoir
violé le secret d'instruction. Nous sommes intéressés par
la recherche de la vérité. Il n'y a pas de faute qui impliquerait
qu'on demande des sanctions envers les médias : « Si on pense
qu'il y a faute parce que certains avaient demandé qu'on ne parle pas de
GATUMBA, c'est une grosse erreur d'interprétation ». Le
président de l`OPB estime que la volonté de certaines
institutions ne peut pas être au dessus de la loi : « Si c'est
cela qui se fait, on est rentré dans
133 Propos trouvés sur le site du journal IWACU :
www.iwacu.bi/ consulté, le 26/05/2013
87
autre chose ».134 En outre, Il
rappelle que les journalistes sont seulement intéressés par la
recherche de la vérité sur le massacre de GATUMBA. Il
espère que le Conseil National de Sécurité(CNS) est, lui
aussi, intéressé par la vérité : « Il n'y
a pas de raison qu'il y ait confusion ou animosité quelconque entre nous
».135 Il demande qu'on n'invente pas des fautes qui n'ont
pas eu lieu parce que quelqu'un veut orienter les choses à sa
façon ou à son rythme.
Le professeur Pascal RWANKARA affirme qu'il est souvent revenu
sur les droits et les limites de l'exercice de la liberté d'expression
et le rôle que doivent jouer les uns et les autres dans le processus
d'informer : il a donné comme exemple de limite, le fait de ne pas
publier les informations d'une enquête en cours : « mais il faut
savoir qu'il existe l'enquête journalistique qui est différente de
celle judiciaire ».136
Le Président de l'Association Burundaise des
Radiodiffuseurs, voit chez les journalistes la responsabilité morale de
proposer au public des informations justes et constructives, mais ils n'ont pas
le droit de lui ôter son droit le plus précieux, la liberté
d'expression.
Selon lui donc, « On n'a pas l'impression que les
journalistes mettent de l'huile sur le feu, qu'ils disent tout ce qu'ils
veulent ou qu'ils constituent le problème pour le pays. Le
problème est plutôt nos relations avec les pouvoirs publics qui
devraient être facilitées par le CNC ». Mais nous avons
constaté que tous sont conscients de l'existence de la divergence des
points de vue sur les actions entre les médias et les autorités
administratives. A notre avis, les préalables sont de deux ordres :
d'abord la viabilité économique des organes de presse et puis le
respect du statut du journaliste. Cette logique de réhabilitation de la
fonction de journaliste qui doit également intégrer de
façon sérieuse les conditions de travail de celui-ci, est un
élément de garantie pour la communauté nationale. Car, la
pratique de la vertu suppose un minimum de bien-être. Ce qui,
aujourd'hui, est loin d'être l'apanage du journaliste burundais et encore
moins de celui des organes de presse privés. Actuellement la RPA compte
35 journalistes au total embauchés uniquement sur base du courage, de la
détermination, de l'engagement et de la formation.
134 Idem.
135 Idem.
136 Maison de la Presse, Elément enregistré au
studio Ecole CERE/ABR, 2011.
88
Les médias cherchent à découvrir le
nouveau territoire d'information : soit la vie privée des
personnalités publiques ou les scandales liés à la
corruption et à l'affairisme.137
Par conséquent, suite à l'insuffisance de moyen
et la volonté accrue de la recherche du scoop, les médias tombent
souvent dans « le Mimétisme médiatique ». Ce genre de
mimétisme est considéré comme une fièvre qui
s'empare soudain des médias et qui les pousse dans l'urgence la plus
absolue. Cette situation délirante provoque un effet boule de neige et
fonctionne comme une auto-intoxication : plus les médias parlent d'un
sujet, plus ils se persuadent collectivement que ce sujet est indispensable,
central, capital, mieux ils lui consacrent assez de temps, de moyens et de
journalistes. C'est le cas constaté à la RPA : La page politique
et celle sécuritaire conduisent ce média à
l'hyper-émotion. Cette figure se caractérise souvent par la
surinformation. Elle existe aussi dans beaucoup de médias et reste la
spécialité des journaux d'une certaine presse démagogique
qui joue facilement avec le sensationnel, le spectacle et le choc
émotionnel.
Autre raison pouvant pousser le média à
commettre des bavures et à se laisser séduire par le sentiment,
réside dans la contradiction permanente qu'entretiennent le temps
médiatique et le temps politique. Les fondateurs de la démocratie
ont voulu que le temps médiatique soit lent pour permettre aux pressions
de s'apaiser et à la raison de s'imposer. C`est ainsi que le CNC ne veut
pas que la RPA s`investisse dans les dossiers en instance judiciaire. A
défaut de la diffusion des résultats hypothétiques de
l`enquête policière, la RPA veut mener ses enquêtes et
publier les résultats à la fraîcheur des
événements. C`est le principe des médias de rechercher
l'instantanéité (le scoop, le Brookings news), dans tous les
domaines. Le choc de ces deux temporalités des dérapages peuvent
se révéler fort dangereux lorsqu'ils impliquent des
considérations politiques, xénophobes et racistes. S'informer
n'est pas seulement s'intéresser à certains domaines importants
comme la politique, l'économie, la culture, l'écologie, c'est
aussi s'intéresser à l'information elle-même, à la
communication. Et pour cela, il est nécessaire que les médias
analysent leur fonctionnement. Aujourd'hui tout le monde les voit, les observe,
les analyse. De nombreux dossiers montrent assez clairement qu'ils ne sont pas
parfaits.
Au Burundi, après publication d'une information, la loi
accorde un droit de réponse (Art.38) à une partie
lésée par un article d'un journal ; elle exige le droit de
rectification
137 Ignatio RAMONET, La Tyrannie de la communication,
Paris, Galilée, 1999, p. 22.
89
(Art.43) et réparation des dommages et
intérêts (Art.44). Au sujet du droit de réponse
stipulé à l'art. précédent, la loi dit ceci :
« sans préjudice des autres voies de droit, toute personne
physique ou morale citée nominativement ou implicitement
désignée dans un écrit périodique, illustré
ou pas dans une émission radiodiffusée ou
télévisée, a le droit de requérir l'insertion ou la
diffusion d'une réponse dans le même périodique ou la
même émission.138 Le code de déontologie
s'inscrit dans cette logique lorsqu'il admet à l'art.4 que, «
le journaliste a le devoir de rectifier dans les meilleurs délais et
dans la forme appropriée toute nouvelle et information qui se
révèlent fausses. »139
En effet, nous pouvons affirmer que la question du code de
déontologie de la presse burundaise se situe à deux niveaux : le
fondamental et le quotidien
- Le fondamental : c'est l'esprit et la lettre du code.
Celui-ci en effet, ne pouvant pas tout prévoir, on fait
généralement appel au bon sens.
- Le quotidien : relève de son interprétation et
de son application par le journaliste.
138 La loi n°1/025 du 27 Novembre 2003 régissant
la presse au Burundi. La LOI N°1/11 DU 4 JUIN 2013 stipule que : Article
48 : Le droit de réponse consiste pour une personne morale ou physique
lésée à s'exprimer sur une opinion ou une information qui
a porté atteinte à sa personne et à ses
intérêts. Article 49 : Sans préjudice des autres voies de
droit, toute personne physique ou morale citée nominativement ou
implicitement désignée dans un écrit périodique,
illustré ou pas, ou sur internet, ou dans une émission
radiodiffusée ou télévisée, a le droit de
requérir l'insertion ou la diffusion d'une réponse dans le
même périodique ou dans la même émission. Article 52
: L'insertion ou la diffusion de la réponse peut être
refusée quand elle : a) est injurieuse ou contraire aux lois et aux
bonnes moeurs ; b) met un tiers en cause sans nécessité ; c) n'a
pas de rapport immédiat avec le texte ou le programme qui l'a
suscitée ; d) est rédigée ou livrée dans une langue
autre que celle du journal ou l'organe de diffusion ;
e) dépasse l'espace occupé par l'article ou la
durée du programme mis en cause.
139 Article 55 : Tout organe de presse ou de communication qui
sert de support à la commission de l'un des délits visés
à l'article 18 et 19, doit réparer les dommages causés,
les montants et les modalités sont fixés par la juridiction qui a
qualifié et statué sur le délit en question.
90
III. 5. Discussion et validation des hypothèses
de recherche
Apres analyse et interprétation de nos
résultats, l`étape de la validation des hypothèses est la
partie la plus importante car nous aurons à confirmer, infirmer ou
nuancer nos deux hypothèses.
Les données recueillies à partir des
réponses aux questionnaires d`enquête et aux entretiens tenus,
nous ont conduits à confirmer, à infirmer, à nuancer nos
hypothèses de recherche. Celles-ci étaient énoncées
comme suit : Le conflit observé ces derniers temps entre le Conseil
National de la Communication et la Radio Publique Africaine, est dû d'une
part à l'usage abusif de la liberté de la presse, d'autre part
à la volonté manifeste de l'enfreindre.
- La solution à cette situation de conflit passe par la
régulation de la liberté de la presse dans le strict respect par
le CNC et la RPA des textes de régulation en vigueur.
Apres analyse et interprétation des résultats de
l`enquête, nous confirmons nos hypothèses pour des raisons
suivantes : la plupart de nos enquêtés reconnaissent qu`en cas de
différends entre la RPA et des tiers (dépositaires des plaintes
au CNC), beaucoup de décisions prises par le CNC n'ont pas
été conformes à la loi. Le CNC suspendait la RPA sans lui
adresser les mises en garde. Des fois, il accusait la RPA de délit
d`incitation à la haine ethnique alors que les propos diffusés
par la RPA ne revêtaient pas ces caractères. En effet, nous
confirmons la première hypothèse.
91
Pour ce qui est de la deuxième hypothèse, il est
à remarquer que certains des membres de l`équipe du CNC et ceux
de la RPA n`ont pas une bonne compréhension des contenus des textes qui
régissent leurs professions. Ce qui explique les besoins des
spécialistes qui peuvent expliquer certaines expressions conceptuelles
comme : propos diffamatoires, injurieux, pouvant constituer des appels à
la désobéissance civile ou révolte, pouvant constituer une
offense aux institutions publiques ; l'exagération des faits, porter
atteinte à la vie privée, à l'honneur, incitation à
la haine, etc. Quelques constats sur le CNC et la RPA : A la Maison de la
presse, nous avons eu une confirmation que le CNC manque de
l`indépendance dans sa façon de réguler, il ne peut pas
être indépendant dans la mesure où ses membres permanents
sont nommés par l`Exécutif et de surcroit, sur base de
critères d`appartenance politique. Ceci explique le manque de rigueur
dans la lecture des textes tant nationaux qu`internationaux.
A la RPA nous avons constaté aussi le manque de rigueur
au niveau de recrutement de son personnel. Le niveau d`études ne compte
pas beaucoup, il suffit seulement d`être éloquent et clairvoyant
pour devenir journaliste à la RPA. C`est compliqué pour quelqu`un
qui n'a pas le niveau d'études de comprendre le contenu de la loi. Par
conséquent, il lui est difficile de distinguer ce qui est délit
de presse de ce qui ne l'est pas. Nous pouvons ainsi confirmer notre
dernière hypothèse qui dit que, La solution à cette
situation de conflit passe par la régulation de la liberté de la
presse dans le strict respect par le CNC et la RPA des textes de
régulation en vigueur.
92
CONCLUSION GENERALE ET SUGGESTIONS
En intitulant notre sujet de mémoire : «
Presse et organe de régulation au Burundi. Une analyse critique
de la relation entre la RPA et le CNC », nous avons
été attirés par l'importance des médias dans une
démocratie pluraliste et la situation de conflit qui prévaut
actuellement dans le paysage médiatique burundais entre les
médias privés et l'instance de régulation.
C'est au 21ème siècle que
l'importance de la presse s'est accrue. « Elle sert ou dessert le
pouvoir suivant qu'elle est pour ou contre lui, fait des critiques sur les
problèmes économiques, sociaux et politiques. C'est pourquoi
d'aucuns affirment que la presse est devenue le quatrième pouvoir
».140
Les médias en général constituent un
facteur de mobilisation des masses, de motivation des individus, de
consolidation des changements sociaux et de réduction des distances
géographiques, sociales et culturelles.
Ils sont indispensables dans la communication politique.
Ainsi, les dirigeants politiques passent par eux pour faire connaître
leurs activités et défendre leur cause. Quand un citoyen est
informé, il peut s'acquitter convenablement de ses devoirs.
La radio est le média le plus écouté au
Burundi. C'est un outil d'information utilisé par la population. Par sa
mission d'informer, de former et d'éduquer la population, la radio joue
un grand rôle dans la promotion de la paix, de la démocratie et
des droits de l'homme. C'est un outil de communication accessible à un
large public qui contribue à la transformation de la
société burundaise.
En travaillant sur « la presse et organe de
régulation au Burundi. Contribution à une analyse critique de la
relation entre la RPA et le CNC », nous avons voulu
vérifier si le paysage médiatique burundais favorise l'exercice
de la liberté de la presse. Le constat montre que, malgré son
importance, la presse entre souvent en désaccord avec le pouvoir en
place. Ce qui explique les difficultés d'exercer véritablement
ses diverses missions sociales tant qu'est suspendue l'épée de
Damoclès sur la tête de chaque journaliste. Ainsi, maintenir la
législation liberticide actuelle prêterait d'une part à
l'arbitraire des juges soumis aux
140 I. OLENGA LUMBAHE, Dépénalisation des
délits de Presse en République Démocratique du Congo :
analyse de l'action de journaliste en danger (JED). Approche sociologique
du droit de l'information, Mémoire de Licence, IFASIC, 2010.
93
injonctions permanentes des pouvoirs politiques et, d'autre
part à une autocensure excessive des journalistes, par crainte des
sanctions et représailles des forces politiques.
Par contre, on peut se poser la question suivante : comment
les radios privées peuvent- elles contribuer à l'instauration de
la culture, de la bonne gouvernance au Burundi si toute imputation des faits
précis, même vrais, peut, à tout moment, conduire le
journaliste en prison pour « imputation dommageable » ou «
diffamation » ?
Pour débattre provisoirement de cette question, nous
avons postulé les deux hypothèses ci-après :
- Le conflit observé ces derniers temps entre le
Conseil National de la Communication et la Radio Publique Africaine, est
dû d'une part à l'usage abusif de la liberté de la presse,
d'autre part à la volonté manifeste de l'enfreindre.
- La solution à cette situation de conflit passe
par la régulation de la liberté de la presse dans le strict
respect par le CNC et la RPA des textes de régulation en
vigueur.
Pour débattre de la question de recherche et
évaluer les hypothèses de ce travail, nous avons subdivisé
celui-ci en trois chapitres dont voici les grandes articulations :
Le chapitre premier a concerné les supports conceptuels
et Théorique. Ce chapitre a été consacré aux
définitions des concepts clés et a proposé le cadre de
référence, notamment les théories qui ont
été utilisées dans le travail.
Le chapitre deuxième a été
consacré à la présentation du paysage médiatique
burundais. Il a présenté le paysage médiatique et a mis
l`accent particulier sur les radios publiques et privées. Il a
présenté aussi les textes nationaux et internationaux qui
régissent ces organes. Les instances de régulation et celles
d`autorégulation ont été présentées aussi
dans ce chapitre. Un grand détail a été
réservé au Conseil National de la Communication et à la
Radio Publique Africaine.
94
Le chapitre troisième a porté sur l'Analyse et
l`interprétation des résultats. Il présente six grands
points et quelques sous points en son sein. Les grands points sont les suivants
:
La présentation du terrain de l`enquête, le cadre
méthodologique (méthodes et approches), les techniques, le
déroulement de l`enquête, l`analyse qualitative des
résultats de l`enquête et la validation des hypothèses de
recherche.
Au cours de cette enquête menée via les
entretiens, le questionnaire et l`accumulation de la documentation, nous avons
constaté que sur certains cas, le CNC a adressé directement des
sanctions de suspension à la RPA sans adresser d'abord des mises en
garde. D'autres sujets de polémique que le CNC devrait résoudre
par ses qualités d`instance de régulation ont été
transférés directement aux instances judiciaires.
Dans une profession comme celle du journalisme, Il est fort
probable de commettre des bavures. L`important c`est de reconnaitre les fautes
que l`on a commises. Ceci n`est pas le cas à la RPA. Quelques
dérapages ont été constatés dans le traitement et
la diffusion des informations par le CNC, hélas la RPA n`a pas fait ce
que la loi lui exige et comme le lui proposait le CNC.
Le respect de la loi dans la promotion du métier reste
l'un des moyens efficaces pour rendre effective la liberté de la presse.
Pour ce faire, nous proposons :
? Aux professionnels des médias :
- La Responsabilité : le journaliste doit
faire preuve d'équité, d'exactitude, d' l'honnêteté,
d'indépendance et de décence. La vérité reste son
principe directeur.
- L'Exactitude : les professionnels doivent se garder
des inexactitudes, des négligences, des partis pris. Ils doivent
reconnaitre toute erreur importante et la corriger rapidement et
visiblement.
- L'Intégrité : le journaliste doit se
forcer de traiter tous les problèmes sans parti pris et doit
présenter sans passion les sujets soulevant controverses.
- L'Indépendance : les journalistes doivent
être libres de toute obligation vis-à-vis de leurs sources
d'information et protagonistes de l'actualité.
- L'Equilibre : les journalistes ont le devoir
d'informer le public sur toute la vie sociale.
95
- La sélection de l'information : elle doit
toujours tenir compte de ces critères du choix de l'information :
l'importance, l'intérêt humain, l'actualité, la
proximité, etc.
- Les Moyens pour Assurer la Responsabilité
sociale des Médias. M*A*R*S : ces moyens sont non gouvernementaux.
Il s`agit par exemple de l'éducation (le public et les
journalistes doivent être éduqués) ; de la critique
(afin d'améliorer le fonctionnement, les journalistes doivent
s'autocritiquer) ; de l'observation systématique (monitoring,
comme les produits des médias sont nombreux celui-ci s'avère
important pour se rendre recompte des omissions) ; l'accès aux
médias (indispensable pour que chaque groupe de la population
puisse rectifier des erreurs des médias et combler leurs erreurs).
? A l'instance de régulation des médias
:
- Bien jouer son rôle tout en respectant les textes
régissant la presse au Burundi tant nationaux qu'internationaux ;
- En cas de litiges, soit entre média et pouvoir,
média et individu, la neutralité oblige pour bien trancher
l'affaire comme l'exigent les textes ;
- Ne pas avoir l'habitude de rendre responsable sans preuve
tout le corps des médias.
- Asseoir sa responsabilité tout en respectant la Loi
afin d'assainir le clivage sur le paysage médiatique.
? Au pouvoir en place :
- De faire des amendements de la loi régissant la
presse au Burundi pour l'intérêt de tous ;
- De ne pas nommer les membres de l'instance de
régulation des médias par décret présidentiel. Pour
garantir l'aspect de sa neutralité, l'Etat devait se débarrasser
de cette étiquette et laisser le choix des représentants du CNC
au corps des journalistes.
96
- De songer à l'octroi des faveurs aux médias
privés (les exonérations, et autres aides) et à la
promulgation d'une loi pour la mise en place de fonds d'aide de fonctionnement
à tous les médias sans discrimination aucune.
- De comprendre que la politique est une affaire de tous les
burundais et a fortiori des journalistes.
Il est à signaler qu'au terme de ce travail
scientifique, nous n'avons pas exploré tous les aspects de la relation
qui existent entre le CNC et la RPA. Nous n'avons fait que baliser le chemin
à d'autres chercheurs. C'est la raison pour laquelle nous leur
suggérons de s'orienter vers d'autres aspects que nous n'avons pas pu
faire comme par exemple :
- L'Analyse comparative de la relation entre les médias
privés et les différentes équipes du CNC.
- Le rôle que joue l'instance d'autorégulation
dans les différends entre l'instance de régulation et les
médias au Burundi.
- l'importance des médias dans la communication
politique et la communication électorale.
97
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IFASIC, Mémoire de Licence, 2010.
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presse, le 20 Février 2013.
2. MANIRAKIZA Eric, entretien tenu à la RPA, en Avril
2010.
3. MANIRAKIZA Eric, entretien tenu à la RPA, le
15/05/2013.
4. MUHOZI Innocent, entretien tenu à la
Télé. Renaissance, le 11/05/ 2013.
5. NDARUGIRIRE T., entretien tenu à la Maison de la
presse, le 25/05/2013.
6. NIBARUTA C., entretien tenu à la Maison de la presse,
le 15/3/2012.
G) Les Sites Web
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médias :
http://
www.iwacu-burundi.org/spip.php? Art 623.
2. Définition de la méthodologie :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Méthodologie.
3. Naissance et Evolution de l`ABR :
http://www.abr.bi/qui.html.
4. La création de l`UBJ :
http://www.arib.info/index.php?option=com_content&task=view&id=6296.
5. La loi no. 1/11 du 4 Juin 2013 :
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burundaise loi.html.
101
6. La technique d`observation directe :
http://www.inh.fr/enseignements/idp/outils/etude_marche/observationpsycho_socio.pdf.
7. Le début du pluralisme au Burundi :
http://www.panosparis.org/fichierProdFR/fichierProd1352.pdf.
H) Les lois et codes
1. La loi sur la presse du 25Juin, 1976.
2. La loi n°1/025 du 27 Novembre 2003 régissant
la presse au Burundi.
3. Le code journalistique du Kansas, 1910.
4. La loi n°1/11 du 4 Juin 2013 régissant la
presse au Burundi.
I) Autres documents
1. CNC-Le Régulateur, Mensuel d'information,
N°23/Janvier 2012, publié dans l'Editorial : Les médias
: Un gène pour la justice burundaise.
2. Maison de la presse, Les médias et le processus
électorale, Bujumbura, n°1, Janvier-Avril 2010.
3. Maison de la Presse, Elément enregistré au
studio école CERA/ABR, 2010.
4. Ministère de l'Information, Document de Politique
sectorielle (2006-2010), Bujumbura, Mars 2006.
5. RTNB, Archives sur la station de radio au
Rwanda-Urundi.
102
ANNEXES
103
A. QUESTIONNAIRES D'ENQUETE
Ces questionnaires, élaborés dans le cadre de
notre travail de fin de cycle, visent à recueillir les informations sur
la régulation des médias. Tout en vous remerciant
déjà, nous vous prions de bien vouloir répondre aux
questions posées le plus sincèrement possible. Nous vous
garantissons de l'objectivité de cette enquête, dont les
données recueillies seront strictement utilisées à des
fins de recherches.
Questionnaire d'Enquête I
I. Eléments d'identification
a) Institution : Association Burundaise des
Radiodiffuseurs. (ABR)
b) Catégorie : Opérateur dans les
radiodiffusions.
II. Questionnaire proprement dit
1. En observant le paysage médiatique actuel au
Burundi, on constate que la nature de rapports entre le CNC et les
médias privés en particulier est adversative. Pouvez-vous nous en
dire un mot ?
2. En rapport avec l'éthique et la déontologie :
a) quel commentaire faites-vous sur les médias burundais
privés dans leur couverture médiatique lors des élections
de 2010.
b) Quel en a été en particulier de la RPA lors
desdites élections ?
3. Quel est votre domaine d'intervention en matière
médiatique ? comment vous y prenez-vous ?
4. Pouvez- vous nous faire un rapport succinct de vos
réalisations durant les années :
a) 2007 ;
b) 2008 ;
c) 2009 ;
d) 2010 ;
e) 2011
104
Questionnaire d'Enquête II.
I. Eléments d'identification
c) Institution : Union Burundaise des
Journalistes (UBJ)
d) Catégorie : Syndicat national des
Journalistes
II. Questionnaire proprement dit
1. La plupart des médias privés burundais, y
compris la RPA, font face à un problème de financement. Cette
situation ne peut- elle pas être à la base de leur marchandisation
et leur non respect du code de déontologie journalistique ?
2. L'actualité sur la nouvelle loi de la presse
modifiée et votée dernièrement au parlement suscite encore
le débat dans les milieux des professionnels des médias.
a) Quelle a été votre réaction par rapport
à cette modification ?
b) En rapport avec la profession et le public
bénéficiaire de l'information, quels avantages ou
désavantages présente-t-elle?
3. Lors de ses visites rendues à certains médias
privés, le CNC n'a pas été satisfait de la prestation de
leurs services et de la qualité de l'information donnée au
public. Pour le cas de la RPA, par exemple, il a été
constaté ce qui suit:
- Le problème d'accès à l'information
institutionnelle.
- Le manque du pluralisme et moins d'espace pour l'information
institutionnelle. - Le sensationnalisme parfois.
- Le manque de journalistes qualifiés.
En tant que syndicat national des journalistes, quelle
solution le CNC peut-il proposer pour résoudre ces problèmes ?
Qu'elle est votre point de vue ?
4. Dans son plan triennal, le service du monitoring du CNC
fait remarquer que durant l'année 2011, la plupart des médias
nationaux ont consacré leurs informations à la politique,
à la sécurité et à la justice.
a) Qu'en dites-vous ?
105
b) Dans le cas de la RPA, comment le CNC peut-il justifier
une telle pratique journalistique ?
c) Quelle appréciation faites-vous personnellement de
la grille de programmes de la RPA ?
5. Le même rapport atteste que des cas de violation de
la déontologie et de la loi régissant la presse au Burundi ont
été commis par certains des médias. Sur quoi se fonde
d'après vous, le CNC pour livrer son constat sur quelques cas de
dérapage suivants :
a) Le déséquilibre de l'information ;
b) L'exagération des faits ;
c) Des propos à caractère diffamatoire et
pouvant constituer une offense aux institutions publiques ;
d) Des propos pouvant porter atteinte à la vie
privée ;
e) Des propos pouvant constituer des appels à la
désobéissance civile ou à la révolte.
6. La RPA avait diffusé des informations faisant
état des personnes victimes de justice populaire.
a) Pouvez-vous nous relater brièvement des raisons
profondes d'une telle diffusion?
b) D'après vous, quels articles ont violé la loi
sur la presse au Burundi ?
7. Les rapports entre le CNC et les médias
privés, sont souvent tendus. A quoi une telle situation est-elle
liée ?
8. Les médias privés ont toujours demandé
que l'Etat leur accorde des faveurs (exonérations et autres aides) dans
le cadre du métier. Existe-t-il une loi pour la mise en place d'un fonds
d'aide au fonctionnement des médias ?
5. Quelle est la vision du CNC ? Quelle valeur défend-il
?
4. Le même rapport atteste que des cas de violation de la
déontologie de la loi cadre régissant la presse au Burundi ont
été commis par certains des médias. Sur quoi se
106
Questionnaire d'Enquête III
I. Eléments d'identification
a) Institution : Observatoire de la Presse au
Burundi (OPB)
b) Catégorie : Organe
d'autorégulation des médias
II. Questionnaire proprement dit
1. La plupart des médias privés burundais font
face à un problème de financement. Cette situation ne peut-elle
pas être à la base de leur marchandisation et non respect du code
de déontologie journalistique ?
2. Lors de ses visites rendues à certains médias
privés, le CNC n'a pas été satisfait de la prestation de
leurs services et de la qualité de l'information donnée au
public. Pour le cas de la RPA, par exemple, il a été
constaté ce qui suit :
- Le problème d'accès à l'information
institutionnelle (institutions publiques) ;
- Le manque du pluralisme et moins d'espace pour l'information
institutionnelle (en rapport avec le pouvoir en place) ;
- Le sensationnalisme parfois ;
- En tant qu'organe régulateur des médias, que
pouvait faire le CNC en pareille
situation ?
3. Dans son plan triennal, le service du monitoring du CNC
fait remarquer que, durant l'année 2011, la plupart des médias
nationaux ont consacré leurs informations à la politique,
à la sécurité et à la justice.
a) Qu'en dites- vous ?
b) Dans le cas de la RPA, par quels arguments le CNC
justifie-t-il ce constat ?
c) Quelle appréciation faites-vous personnellement de
la grille de programme
de la RPA ?
107
fonde, d'après vous le CNC pour livrer son constat sur
les quelques cas de dérapage suivants :
a) Le déséquilibre de l'information ;
b) L'exagération des faits ;
c) Des propos à caractère diffamatoire et
pouvant constituer une offense aux institutions publiques ;
d) Des propos pouvant porter atteinte à la vie
privée ;
e) Des propos pouvant constituer des appels à la
désobéissance civile ou à la révolte.
5. La RPA avait diffusé des informations faisant
état des personnes victimes de justice populaire.
a) Pour quelles raisons la RPA a-t-elle diffusé ces
informations ?
b) D'après vous, la diffusion a-t-elle
été faite dans le respect de la loi cadre sur la presse au
Burundi ?
6. Les rapports entre le CNC et les médias
privés sont souvent tendus. A quoi une telle situation est-elle
liée ?
7. Les médias privés ont toujours demandé
que l'Etat leur accorde des faveurs (exonérations et autres aides) dans
le cadre du métier. Existe-t-il une loi pour la mise en place d'un fonds
d'aide au fonctionnement des médias ?
8. D'après le CNC, il existe actuellement un clivage
dans le paysage médiatique burundais. Quel est votre point de vue sur
cette observation ?
9. Le rapport du CNC fait état de plaintes des
individus contre la RPA pour le non respect de la déontologie et de la
loi régissant la presse au Burundi. Quelle est votre opinion sur les
diffusions de la RPA à la base des plaintes et la décision du CNC
qui en est suivie ?
108
10. En tant qu'organe d'autorégulation dans le domaine
médiatique, quelle appréciation pouvez-vous porter sur les
prestations du CNC ?
11. Pouvez-vous nous faire un rapport succinct de vos
réalisations en rapport avec la déontologie et la liberté
de la presse pendant ces 3 dernières années (2009-2011) ?
Questionnaire d'Enquête III
I. Eléments d'identification
a) Institution : Média
b) Catégorie : Radio privée
(RPA)
II. Questionnaire proprement dit
1. Pouvez-vous nous faire une brève explication sur les
émissions :
a) Woterera iki
b) Ijambo nirwanyu
c) Abaduseruka
d) Kabizi
6. Existe-t-il d'autres émissions en directe sur la RPA
non citées ?
a) Que sont- elles ?
b) Qu'elle est le programme de diffusion de chacune ?
7. Quelle est la grille de programmes de la RPA ?
8. « La voix des sans voix », est- il votre ligne
éditoriale ou seulement votre slogan. Comment différenciez-vous
ces deux concepts ?
9. L'actuel paysage médiatique burundais ne semble pas
favoriser l'exercice de la liberté de la presse.
a) Que peut faire d'après vous, le CNC pour rendre
effective la liberté de la presse ?
109
b) Que peut faire le CNC afin que vous assumiez vos
responsabilités en tant que professionnel des médias ? Que
reprochez-vous au rôle assumé par CNC en tant qu'organe de
régulation ?
10. Quelle est le nombre exact de journalistes fonctionnaires
de la RPA ? Sur base de quels critères la RPA recrute-t- elle ses
journalistes ?
11. Il existe des plaintes déposées au CNC par
les individus contre la RPA pour diffamation :
a) Que répondez-vous aux plaintes ?
b) Aviez-vous souvent rectifié vos propos selon les
exigences de la loi cadre sur les médias et le code de
déontologie ?
c) Quelle appréciation faites- vous du rôle
joué par le CNC dans les différends qui ont opposé la RPA
aux plaignants ?
12. En 2011, le CNC a suspendu l'émission « KABIZI
» pour une durée de quatre jours. Quelles ont été les
motivations ?
13. Quelle est votre organigramme ?
14. Pouvez-vous nous dire un mot sur chacune des chambres de
l'organigramme ?
Questionnaire d'Enquête IV
I. Eléments d'identification
a) Institution : Conseil National de la
Communication
b) Catégorie : Organe de
Régulation des médias
II. Questionnaire proprement dit
20. Dans votre plan stratégique triennal de 2009-2011,
certaines actions comme vous le dites dans ce rapport, n'ont pas
été réalisées. Et vous aviez promis de les
réaliser en 2012, bientôt on est en 2013. Qu'avez-vous
réalisé pendant cette période en rapport avec votre
mission de garantir la liberté de la presse ?
- Le manque du pluralisme et moins d'espace pour l'information
institutionnelle ;
110
21. « Garantir de façon équitable le libre
accès des partis politiques, des syndicats, des associations et des
citoyens aux moyens tant publics que privés d'informations et de
communication », revient à la mission du CNC.
a. l'avez- vous déjà fait ?
b. Comment vous le faites ?
22. L'actualité sur la nouvelle loi de la presse
modifiée et votée dernièrement au parlement est à
la une aux médias.
a. Quelle a été votre réaction par rapport
à cette modification ?
b. En rapport avec la profession et le public
bénéficiaire de l'information, quels avantages ou
désavantages présente une telle modification ?
23. Les Etats Généraux des médias et de
la communication ont eu lieu, le 4 et le 5 mars 2011. Ils avaient comme
objectifs:
- La révision de loi régissant la presse au
Burundi et l'aspect de dépénalisation des délits de presse
;
- La mise en place de la loi régissant l'accès
à l'information ;
- l'élaboration d'une stratégie de formation des
professionnels des médias, la relance d'une école des
journalistes, centre de formation des médias et un niveau de master
complémentaire en journalisme.
5. Quelles stratégies proposez-vous pour aboutir
à des résultats escomptés ? Où en êtes-vous
maintenant ?
6. Après une visite du CNC effectuée aux
médias privés, quelques problèmes pouvant affecter la
qualité d'information ont été constatés. Par
exemple à la RPA, on a pu constater :
- Le problème d'accès à l'information
institutionnelle ;
111
- Le sensationnalisme parfois ; - Moins des journalistes
formés
a) Comment le CNC parvient-il à calculer la proportion
du temps d'antenne accordé aux différents intervenants aux
médias ?
b) Le CNC, en tant qu'organe régulateur et responsable
des ces médias, qu'a-t-il proposé face à ce constat
à la RPA ?
24. L'année 2011, était une année
à laquelle la politique, la sécurité et la justice ont
dominé les informations et les programmes sur les médias
burundais. Constate le service du monitoring du CNC. Si l'on considérait
le cas de la RPA, quels éléments pouvant justifier ce constat
?
25. Le même rapport constate que quelques
dérapages ont été commis en violation de la
déontologie et de la loi sur la presse au Burundi. Donnez-nous les cas
enregistrés à la RPA et les articles violés en rapport
avec :
a) Le déséquilibre de l'information ;
b) L'exagération des faits ;
c) Des propos à caractère diffamatoire et
pouvant constituer une offense aux institutions publiques ;
d) Des propos pouvant porter atteinte à la vie
privée ;
e) Des propos pouvant constituer des appels à la
désobéissance civile ou à la révolte.
26. La RPA avait diffusé des informations faisant
état des personnes victimes de justice populaire, des propos pouvant
inciter à la haine ethnique à propos de certains membres
constituant la Commission Vérité et Réconciliation
(CVR).
a) Pouvez-vous nous relater brièvement des raisons d'une
telle diffusion ?
b) A quel moment de la diffusion la RPA a-t-elle violé la
loi sur la presse au Burundi ?
27. La nature des rapports entre le CNC et les médias
privés, en particulier la RPA est adversative. Pouvez-vous nous en dire
un mot ?
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28. Les médias privés ont toujours
demandé que l'Etat leur accorde des faveurs (exonérations et
autres aides) dans le cadre du métier. Ya-t-il eu une loi
promulguée pour la mise en place d'un fonds d'aide de fonctionnement
?
29. Quelle est la vision du CNC ? Quelle valeur défend-il
? B. CORRESPONDANCE
SHUKURU SEREMBA Hubert Bujumbura, le 25 octobre 2012
RUBONEKA MUSABWA Laurent Etudiants en Communication
Sociale/FSSPA
Année : 2009-2010/Jour
Université du Lac Tanganyika
A Monsieur le Président du Conseil National de la
Communication (CNC) à Bujumbura
Objet : le vrai sens de notre sujet de Mémoire
Monsieur le Président,
Notre sujet ne reflète aucune ambition que celle de
mener une enquête scientifique. Les relations dont nous parlons dans ce
sujet ce sont celles qu'entretiennent les médias burundais en
général et en particulier les médias privés avec
l'instance de régulation ayant en son sein la mission capitale d'assurer
à toute la presse le respect de l'expression pluraliste des courants de
pensée dans ladite presse et la communication.
113
Le cas échéant, l'actuel paysage
médiatique burundais nous oblige en tant qu'étudiants
mémorands de faire une analyse sur les cinq missions confiées au
CNC et voire si ces dernières se réalisent en bonne et du
forme.
En effet, quelques questions de savoir si les médias
privés et ceux appelés « publics »
c'est-à-dire gouvernementaux, sont-ils considérés de
plain-pied en rapport avec ce que nous appelons l'interventionnisme
gouvernemental.
Ces genres de questions nous amèneront à
l'analyse des contenus des médias et voire s'il y a ingérence
permanente du CNC dans le traitement de l'information. Cette analyse nous
permettra d'enlever les contradictions s'il y en a, dans les textes
régissant la profession journalistique notamment : l'Ethique et la
Déontologie ainsi que la loi cadre du 27 Novembre 2003 régissant
la presse au Burundi.
Nous tacherons aussi de tirer les lacunes que rengorge cette
Loi et si sa révision renforcera, assurera plus la liberté de la
presse ou répondra positivement aux préoccupations des
antagonistes (médias, gouvernement, CNC, et la population en
général)
En fin, les informations du monitoring du CNC en rapport avec
la violation des règles d'Ethique et de Déontologie, les
délits de presse en général nous amèneront à
une analyse concrète des décisions prises par le CNC, si ces
dernières sont arbitraires comme le déclarent certains
responsables des médias privés ou s'elles sont d'une grande
importance dans le sens de limiter les dérapages médiatiques.
Notre choix porté à la RPA se justifie seulement par le fait
qu'elle est une radio privée et la plus écoutée au
Burundi, ainsi qu'en raison de ses journalistes qui comparaissent le plus
souvent pour des raisons d'enquête sur leurs publications.
Le choix du CNC n'est autre que sa seule présence en
tant que l'organe de régulation au Burundi.
Tout en espérant que notre lettre retiendra votre
attention, nous vous souhaitons une bonne compréhension.
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