Le rôle de l'Armée dans la pacification des nations. Cas de la RDC et du Rwanda( Télécharger le fichier original )par Dieu Merci BYANGOY Université de Lubumbashi - Licence en relations internationales 2011 |
SECTION II. ARMÉE RWANDAISELes Forces armées rwandaises (FAR) représentent l'armée du Rwanda sous le régime de Grégoire Kayibanda, puis de Juvénal Habyarimana. Cette armée était composée presque entièrement des Hutu, selon l' ethnisme en vigueur au Rwanda de 1959 à juillet 1994. En 1975, deux ans après le coup d'État de Juvénal Habyarimana, un accord d'assistance militaire est signé entre la France et le Rwanda. Dès le début de la guerre civile au Rwanda en octobre 1990, les FAR subissent une défaite, malgré la mort de Fred Rwigema, chef du FPR, qui est aussitôt remplacé par Paul Kagamé. La France envoie un contingent bien équipé pour aider les FAR à stopper le FPR. C'est l' Opération Noroit. Pour réorganiser les FAR, la France décide de mettre en place un détachement d'aide militaire dont la fonction est de former les hommes des FAR. Ce détachement d'aide militaire en vient à former indirectement les miliciens Interahamwe. Les FAR, composées en 1990 d'environ 5000 hommes, comptent plus de 50 000 hommes en 1994. Les soldats de cette armée Hutu sont les initiateurs du génocide de 1994 contre les Tutsi et les Hutu modérés. Dès le début des tueries, le FPR lance une offensive qui lui permet de gagner du terrain rapidement. Les FAR, mobilisées par le génocide trop loin du front, ne réagissent pas assez rapidement pour contrer l'attaque du FPR. Malgré leur supériorité numérique (le FPR ne compte que 15 000 hommes), les FAR sont mises en déroute. Elles entraînent dans leur sillage la milice Interahamwe et des centaines de milliers de civils Hutu qui fuient l'avancée du FPR. Des éléments de cette armée sont encore en fuite au Zaïre (aujourd'hui République démocratique du Congo), notamment au sein des FDLR, et dans divers autres pays africains. Depuis 1994 et la prise du pouvoir par le FPR, l'armée du Rwanda s'appelle l'Armée patriotique rwandaise, dite APR. Son nom actuel est les Forces rwandaises de défense (FRD). Selon un récent rapport de la CIA, le Rwanda se trouve au premier rang mondial des pays qui dépensent le plus dans l'achat de l'armement. En 2006, il a consacré 13,30% de son Produit Intérieur Brut (GDP=Gross Domestic Product) aux dépenses militaires.47(*) Pour avoir une idée de la monstruosité de ces dépenses, les États-Unis ont dépensé sur la même période, 4,06% de son PIB, la Chine 4,30% alors que la moyenne mondiale se situe à 2,00%. Avec son arsenal, le Rwanda peut se permettre de désorganiser ses voisins impunément : en 2006, le Burundi n'a consacré que 5,90% des son PIB aux dépenses militaires ; l'Ouganda 2,40% et la République Démocratique du Congo 2,10%. 48(*) Un autre fait à souligner est que ces dépenses militaires du Rwanda se font au détriment de la population. Ainsi, alors que le secteur de l'agriculture occupe 80% de citoyens rwandais, le budget alloué au Ministère de l'Agriculture pour 2007 est de 19, 542 milliards contre 43, 02 milliards pour les dépenses militaires et 35,84 milliards de francs rwandais pour les services de sécurité (Les Points Focaux n° 285, du 22 au 28 Juin 2007). Les conséquences seront désastreuses pour le Congo. Il va donc continuer la guerre. Or, Kagame est un militariste. Sa doctrine est fondée sur la guerre préventive et celle de paix armée qui provient de la doctrine selon laquelle la force militaire est la première ou la principale garantie pour maintenir la paix. En août 1993, au cours d'un séminaire pour le comité central du FPR, Kagame a fait un exposé sur sa pensée militaire. Il avait dit : « Nous ne sommes pas nombreux. Nous ne pouvons en aucune manière nous défendre de façon passive. Notre seule façon de nous défendre est de prendre l'initiative et d'attaquer. Notre seule force est l'infanterie avec des armes légères, c'est le mouvement et la surprise pour prendre l'ennemi de flanc ou de revers. Il faut avancer en cercle, prendre l'ennemi en tenaille, encercler ses forces par une guerre de mouvement. Le Rwanda ne peut jamais être attaqué, nous devons faire la guerre sur le terrain des autres. » Or Kagame estime qu'un danger pour son régime ne peut venir ni du Burundi, ni de l'Ouganda, ni de la Tanzanie, mais uniquement du Congo. Les autorités congolaises doivent prendre au sérieux cette considération dans leur politique de défense. * 47Cité sur sadie.markandbeth.net * 48 Cité sur www.musabyimana.be |
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