§ 4. Maîtrise de
l'immensité spatiale
Ø Maîtrise infrastructurelle de
l'espace
Au point de vue géographique, la RDC est un espace
éclaté dont l'épine dorsale est le fleuve Congo. Le centre
du pays correspond à la cuvette, constituée d'étendues
forestières et marécageuses où domine la puissance du
vide. A cause de ce vide central, la RDC est un espace
discontinu (à cheval sur l'équateur et les tropiques) et
largement ouvert à l'extérieur, aussi bien, par
l'excentralité de sa capitale Kinshasa que par le basculement
géopolitique des provinces frontalières enclavées (les
plus peuplées et les plus actives économiquement), vers l'Afrique
centrale, la région des Grands lacs, l'Afrique australe, le Golfe de
Guinée.
Il en résulte que la construction à grande
échelle et sur la longue durée des infrastructures
routières, ferroviaires, fluviales, lacustres, aériennes, est la
condition sine qua non de maîtriser l'immensité spatiale de la
République Démocratique du Congo
Ø Maitrise militaire de l'espace
A la maîtrise infrastructurelle,
s'ajoute la maîtrise militaire de l'immensité spatiale congolaise.
Dans ce but, la modernisation de l'armée républicaine suppose une
nouvelle configuration de la géographie militaire de la RDC, axée
sur la mobilité des commandements militaires interarmées au
détriment de la fixité des régions militaires.
L'armature conceptuelle des commandements militaires
interarmées est la mobilité, la flexibilité et la
polyvalence. Placés sous l'autorité du chef d'état major
général des armées, les commandements militaires
interarmées ont pour mission la connaissance et l'anticipation, pour
garantir l'efficacité des fonctions stratégiques. A cette
fin, il est nécessaire de créer six commandements
interarmées dotés chacun des moyens de riposte air/terre/mer,
proportionnels à la nature des menaces, des vulnérabilités
et d'appui tactique en première ligne, selon les scénarios
préétablis, en lieu et place de six anciennes régions
militaire.
Dans cette optique, la nouvelle géographie militaire de
la RDC se présenterait de la manière suivante : le commandement
interarmées Nord (la province de l'Équateur, la Province
Orientale et leurs provinces démembrées par la
décentralisation) avec Kisangani comme pivot ; le commandement
interarmées Est (les trois provinces du Kivu) avec pivot à
Bukavu; le commandement interarmées Sud (le Katanga et ses provinces
démembrées) avec pivot à Lubumbashi; le commandement
interarmées Centre (le Kasaï Occidental, le Kasaï Oriental et
leurs provinces démembrées) avec pivot à Kananga; le
commandement interarmées Ouest (le Bas-Congo, le Bandundu et les
provinces démembrées) avec pivot à Kikwit; le commandement
interarmées de la province capitale, avec pivot Kinshasa.
Une nouvelle cartographie militaire doit passer au peigne fin
les massifs montagneux, les plateaux, les massifs forestiers, le fleuve et ses
affluents, la savane, les lacs, la cuvette et ses marais, le climat, la
végétation, les hautes terres, les groupements humains et
animaux, les zones d'activités industrielles, économiques,
commerciales, touristiques, artistiques, intellectuelles, les noeuds de
communication, les sites minières et énergétiques, etc.
Le défi est de faire de la connaissance et de la
pratique militaire de l'espace national, l'une des tâches primordiales de
la défense nationale. En effet, la connaissance et la pratique
militaires de l'espace sont des ingrédients susceptibles de
débusquer l'ennemi, d'établir les cantonnements, de mettre les
forces en ordre de bataille, de peaufiner les cibles militaires et non
militaires, les villes et les campagnes, etc.
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