Sous quelles conditions l'individu (18/25 ans) est prêt
à ouvrir la porte de sa vie privée au marketing social? 1
Contribution de Recherche
Sous quelles conditions l'individu (18/25 ans) est-il
prêt à ouvrir la porte de sa vie privée au marketing
social?
Sous quelles conditions l'individu (18/25 ans) est prêt
à ouvrir la porte de sa vie privée au marketing social? 2
Sommaire
1- Les obstacles au dévoilement
a) Définition de la vie privée
b) La protection de la vie privée
c) Les données, une valeur majeure pour les
entreprises
d) Les préoccupations des internautes
2- Le «privacy paradox» des réseaux
sociaux
a) Le comportement des utilisateurs 18/25 ans
b) La «publicité de la vie privée»
c) Les limites de cette publicité de soi
d) La nécessité d'être sur les
réseaux sociaux pour les entreprises
3- Les conditions du dévoilement des
données
a) L'utilisation des réseaux sociaux qui doit
être faite par l'entreprise
b) Le «privacy paradox» et le «privacy
calculus»
c) Favoriser le dévoilement
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Introduction
La vie privée est l'un des concepts les plus importants
pour chaque Homme, par tous les moyens, on souhaite se protéger et
garder une zone d'ombre auprès des autres. Mais les entreprises ont le
besoin d'informations pour générer de la valeur (vendre,
fidéliser,...). La volonté des deux camps est complètement
différente. Il faut donc pour tout un chacun trouver un
équilibre. De plus, l'arrivée des réseaux sociaux est
complètement paradoxale pour les internautes puisque le principe de ces
plateformes est de se dévoiler. Pourtant, elles ont du succès.
Facebook, leader incontesté des réseaux sociaux, possède
plus d'un milliard d'utilisateurs. Les internautes ne souhaitent plus donner
leurs informations personnelles sur internet mais le font sur les
réseaux sociaux. Alors comment faire pour qu'ils ouvrent la porte de
leur vie privée aux entreprises sur les réseaux sociaux? Pour
répondre à cette question, nous avons réalisé une
étude quantitative (questionnaire) sur des utilisateurs français
entre 18 et 25 ans pour comprendre ce qui peut les influencer dans la
décision de se dévoiler.
Pour une meilleure argumentation, nous avons divisé le
travail en trois parties. Tout d'abord, nous essaierons de comprendre les
obstacles au dévoilement des individus, puis nous analyserons le
«privacy paradox» des réseaux sociaux et nous
développerons la manière de faciliter le dévoilement.
I- Les obstacles au dévoilement
De nos jours, le marketing a besoin d'informations
précises sur ses prospects/clients, mais les individus sont
réticents à donner leurs informations car ils souhaitent
protéger leur vie privée. Dans cette partie nous tenterons de
comprendre pourquoi les individus ne dévoilent pas leurs
données.
a) Définition de Vie privée
La vie privée est un terme très important que l'on
utilise tous les jours et que l'on souhaite par tous les moyens
protéger. Mais, il est très difficile de le définir ou de
le délimiter. Pendant de nombreuses années, les gouvernements ont
eu beaucoup de mal à définir ce terme, qui selon Warren et
Brandeis (1890) est le droit le plus valorisé par les Hommes
civilisés. Sachant qu'il y a nécessité pour chacun de se
retirer, de s'isoler,... (Tocqueville, Montaigne, Churchill), le gouvernement
souhaite protéger les individus contre les diverses intrusions dans leur
vie privée. Mais pour cela, il faut délimiter les contours de ce
terme. Ainsi, l'article 2 de la directive de l'Union Européenne
précise qu'«on entend par donnée à caractère
personnel, toute information concernant une personne physique identifiée
ou identifiable, directement ou indirectement, notamment par
référence à un numéro d'identification ou à
un ou plusieurs éléments spécifiques, propres à son
identité physique, physiologique, psychique, économique,
culturelle ou sociale». Rappelons qu'une directive européenne est
une ligne à suivre par chacun des membres de l'Union, ou chaque pays
doit appliquer une loi en fonction de celle-ci. Au fil des années le
problème de définition se fait de plus en plus ressentir ou
plutôt l'absence de définition devient flagrante. La
volonté de définir ce terme est donc une priorité. Selon
Badinter (1968), «La vie privée c'est tout ce qui n'est pas la vie
publique de l'individu». Ë l'image de cette définition, la
notion de vie privée reste toujours aussi floue et vague.
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Aujourd'hui, avec le développement des nouvelles
technologies, les intrusions sont de plus en plus importantes d'où la
nécessité pour les gouvernements de s'adapter et de
protéger leurs citoyens. On constate que chaque pays possède une
conception différente de la vie privée et pourtant internet n'a
pas de frontières. Par exemple, en Union Européenne, il existe
une certaine volonté de réguler toute cette circulation de
données à travers des directives alors qu'aux États-Unis,
c'est l'autorégulation qui est de rigueur. Le développement
d'Internet et la mondialisation, font que nous possédons toutes nos
données enregistrées sur au moins un fichier. C'est donc à
chaque individu de choisir ce qu'il veut donner, sachant qu'il y a toujours une
différence entre la définition légale et l'image
perçue par les individus. Si les gouvernements ont du mal à
définir ce terme, nous imaginons mal la population le faire. En effet,
il caractérise ce terme comme étant très subjectif.
C'est-à-dire que chacun précise lui-même les limites de sa
vie privée. On peut parler d'une liaison entre les deux termes «vie
privée» et «liberté». Ainsi l'information
demandée par les institutions se heurte au droit de chacun d'être
laissé tranquille, à part, s'il en fait la demande (permission
marketing). «Il faut laisser l'individu tranquille» (Chupin,
2002).
On peut définir ce concept par une zone fondée sur
le secret alors que la vie publique a pour but la transparence. L'envie et
l'idée de se protéger sont au centre des attentions même si
le mur du respect de la vie privée est remis en cause. «La
transposition progressive du web privée vers le web public vient
à la fois de la volonté des internautes et de l'évolution
des plateformes» (livre: Marketing des réseaux sociaux, Loukouman
Amidou, 2012). En effet, avec l'arrivée du web 2.0, on constate que les
limites ont été modifiées et que chacun accorde moins de
préoccupations à l'un des droits les plus fondamentaux.
Cependant, il est à noter dans l'étude
quantitative, que les individus font tout de même attention à leur
e-réputation, puisque 94% des répondants ont déjà
cherché leur nom sur google et 95% ouvrent leur page Facebook uniquement
à leurs amis. Ces chiffres montrent qu'ils connaissent les dangers que
représente une transparence sur le web. S'ils protègent leurs
comptes, c'est qu'ils ne souhaitent sûrement pas que l'on voit toutes les
données personnelles répertoriées. On peut faire ce
constat car 84% des répondants ne désirent pas que leur futur
employeur voit leur profil Facebook.
Les utilisateurs souhaitent protéger leurs données
contre toutes les intrusions, ils veulent être tranquilles. Ainsi, chaque
entité qui récupère des données devrait informer
les personnes quant à l'utilisation qui en sera faite. «Le concept
de protection (ou respect) de la vie privée a été
défini comme la capacité de l'individu à contrôler
la collecte et l'utilisation de ses informations personnelles» (Westin,
1967). «Il faut savoir si les individus sont informés de la
collecte et de l'utilisation de ses informations personnelles» (Foxman et
Kilcone, 1993). Donc l'enjeu majeur pour le gouvernement est de mettre en place
des lois visant à réguler la collecte et l'utilisation des
données.
b) La protection de la vie privée
Les informations sur les individus sont devenues une vraie mine
d'or pour les entités. Cela se confirme par la volonté des
gouvernements à vouloir réguler ce marché. «Le but de
toute association politique est la conservation des droits naturels et
imprescriptibles de l'Homme. Ces droits sont la liberté, la
propriété, la sûreté et la résistance
à
l'oppression.» (Conseil constitutionnel, 1999) ou (article 2
déclaration des droits de l'Homme, 1789).
En France, les administrations avaient décidé de
créer de grandes bases de données autour d'identifications
massives afin d'améliorer la connaissance et le contrôle de la
population, car elles se souciaient peu du respect de la vie privée.
Cependant lorsque le gouvernement a constaté que les administrations
elles-mêmes empiétaient sur la vie privée des individus,
ils ont créé en 1978, la loi «informatique et
liberté». L'enjeu de la loi «informatique et
liberté» est «d'assurer les conditions de maîtrise des
personnes, en leur reconnaissant un droit à déterminer l'usage
qui doit être fait des données» (Belen, 2005). Par ailleurs,
pour faire de même dans le secteur privé, la loi
«informatique et liberté» crée la Commission Nationale
de l'informatique et des Libertés (CNIL). «L'informatique doit
être au service de chaque citoyen. Son développement doit
s'opérer dans le cadre de la coopération internationale. Elle ne
doit porter atteinte ni à l'identité humaine, ni aux droits de
l'Homme, ni à la vie privée, ni aux libertés individuelles
ou publiques» (Article 1, CNIL). Comme on peut le voir dans ce premier
article, la CNIL met l'accent sur l'élaboration et l'utilisation des
fichiers. L'article 25 nous indique l'importance de la loyauté dans
cette démarche et permet l'application de sanctions pénales.
«La collecte de données opérée par tout moyen
frauduleux, déloyal ou illicite est interdite». L'article 31 lutte
contre toute discrimination à l'égard des données,
«il est interdit de mettre ou de conserver en
mémoire informatisée, sauf accord express de
l'intéressé, des données nominatives qui, directement ou
indirectement font apparaître les origines raciales ou les opinions
politiques, philosophiques ou religieuses ou les appartenances syndicales ou
les moeurs des personnes...»
L'article 17 de la directive Européenne 95/46/CE met en
garde le responsable du fichier qu'il doit bien protéger et
sécuriser ses bases de données. «Le responsable du
traitement doit mettre en oeuvre les mesures techniques et d'organisations
appropriées pour protéger les données à
caractère personnel contre la destruction accidentelle ou illicite, la
perte accidentelle, l'altération, la diffusion ou l'accès non
autorisé, notamment lorsque le traitement comporte des transmissions de
données dans un réseau...»
Selon la directive, tout individu possède le droit
d'information préalable (article 10), le droit d'accès aux
données (article 12), le droit de contestation et de modification et le
droit d'opposition (article 14), le principe de loyauté du traitement,
du respect de sa finalité, la conservation nécessaire à la
réalisation de la finalité (article 6), le principe de
consentement (article 7). La directive insiste sur la notion de consentement
qu'elle définit comme «Toute manifestation de volonté,
libre, spécifique et informé par laquelle la personne
concernée accepte que les données à caractère
personnel la concernant fassent l'objet d'un traitement» (article 5,
directive 95/46/CE).
La directive 2002/58/CE prend en compte les nouvelles pratiques
sur internet. Ainsi, il est désormais illégal d'envoyer des mails
à des fins commerciales sans le consentement préalable de
l'internaute. De plus, celui-ci doit avoir le droit de s'y opposer facilement
et sans frais. Cette directive déclare son objectif dans l'article 40,
il «importe de protéger les abonnés contre toute violation
de leur vie privée par des communications non sollicitées».
La difficulté des gouvernements est de taille puisque, ils doivent sans
arrêt mettre à jour leurs textes, car l'évolution des
nouvelles technologies de l'information et de la communication modifie le mur
de la vie privée. Ainsi le 6 aout 2004 une loi appelée «la
Loi sans nom du 6 aout 2004» réécrit complètement la
loi «informatique et liberté». Cette loi «autorise
largement la collecte automatisée de données à
caractère personnel,
notamment par l'État et les ayants droits. L'internaute
n'a le droit de demander l'effacement des données le concernant que si
celles-ci sont fausses». Cette loi a aussi mis en place l'Opt-in, ainsi
elle exige un accord explicite (action de cocher une case) de la
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part du consommateur afin de lui envoyer des courriels
publicitaires. On peut constater que les instruments juridiques
Européens sont beaucoup plus contraignants mais cette méthode
porte ses fruits puisque la demande d'informations aux internautes dans ces
pays est beaucoup moins exigeante.
Mais le développement des nouvelles technologies ne
possèdent pas que des points positifs puisque de plus en plus de
logiciels pirates sont créés, donc pour punir ces comportements
illicites, il existe la loi LCEN du 21 juin 2004 dans son article 46 qui
stipule qu'«il est interdit de mettre à disposition et même
de détenir (donc même d'inventer) un programme permettant de
s'introduire dans un système informatique».
Dans notre étude quantitative, il est important de
souligner que seul 12% des répondants pensent être informés
des lois sur la vie privée des individus. Cette faible connaissance des
lois en vigueur peut expliquer le fait que les individus sont moins
préoccupés par leurs données personnelles.
Désormais, les entreprises veulent avoir le maximum de données
sur les internautes, mais ces derniers commencent à prendre conscience
de l'utilisation de ces données par les entreprises. Il y a donc une
nécessité pour tous de trouver un équilibre. Il est donc
important pour les entreprises de mettre en place une stratégie
relationnelle pour instaurer une relation de confiance.
c) Les données, une valeur majeure pour les
entreprises
Internet a complètement changé notre
société, de manière plus ou moins essentielle pour chacun.
La stratégie des entreprises n'a pas été
épargnée par ce changement. En effet, le web est devenu au fil
des années une composante essentielle de la communication des
entreprises. Mais, le défi pour les entreprises est plus important, car
il faut désormais adapter sa stratégie à ce nouveau moyen
de communication.
Cette stratégie passe toujours par le marketing qui se
réjouit de l'arrivée des nouvelles technologies de l'information
et de la communication (NTIC) puisqu'il lui permet de collecter et de stocker
d'avantages d'informations. Depuis que l'offre est supérieure à
la demande et qu'il est plus facile de produire que de vendre, la fonction
principale des entreprises est le service marketing. Ainsi, c'est lui qui
permet à l'entreprise de vendre, mais pour pouvoir vendre, ce service a
besoin d'informations. En effet, le coeur du métier de marketer est de
traiter les informations sur les clients afin de répondre à la
demande et donc de proposer des offres adéquates. Le marketing se
nourrit d'informations et sans informations, il n'y a pas de marketing donc pas
de vente. C'est la raison pour laquelle, l'information est devenue une
marchandise importante, on parle même de capital très
recherché ou de facteur clé de succès. Il existe un vrai
marché de l'information où les données se vendent à
des prix variés en fonction de la précision de celles-ci. Il y a
donc nécessité pour chaque firme d'avoir le maximum
d'informations avec le plus de précisions sur chaque prospects/clients,
afin de leur proposer des offres répondant à leurs attentes et/ou
pour pouvoir les louer ou les vendre.
Malheureusement, l'enjeu est tellement important que les
entreprises n'hésitent plus à utiliser des moyens plus ou moins
illégaux afin de collecter/utiliser les données. Il y a
désormais une telle pression commerciale que la législation a mis
en place des lois sur le respect de la vie privée des individus, qui
sont considérées comme une barrière déguisée
au commerce. Mais, la législation ne peut interdire ou limiter ce
marché à fort potentiel, «les États ne peuvent
restreindre ni interdire la libre circulation des données à
caractère
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personnel pour des raisons relatives à la protection
assurée en vertu du paragraphe 1» (Article 1, directive 95/46/CE).
Les données sont des «biens informationnels ayant une valeur
marchande qui doivent circuler librement dans le territoire de l'Union dans le
cadre d'un marché unique pour éviter les disparités
économiques et concurrentielles, tout en faisant l'objet d'une
protection des droits et libertés fondamentales» (Paragraphe 1,
directive 95/46/CE). Mais ce marché n'est pas soumis à
l'autorégulation comme aux États-Unis, il est
règlementé afin de protéger la confidentialité des
informations et la tranquillité des individus. Selon la loi
n°2004-801, le régime de formalité va aussi dépendre
du caractère sensible des informations. «Les données
sensibles sont celles qui font apparaître, directement ou indirectement,
les origines raciales ou ethniques, les opinions politiques, philosophiques ou
religieuses ou l'appartenance syndicale ou qui sont relatives à la
santé ou à la vie sexuelle de la personne» (article 8 de la
loi n°2004-801).De plus, la législation insiste sur le principe de
finalité qui permet d'informer l'internaute en amont de la durée
de conservation et des destinataires des résultats du traitement
informatique. L'enjeu de la législation est d'assurer aux personnes une
maîtrise de leurs données et de déterminer de l'utilisation
qui doit être faite. Cela passe par une information en amont. Selon le
droit, la personne reste la titulaire légitime de ses
éléments.
Si les individus sont aussi méfiants c'est parce qu'ils ne
sont pas informés au préalable de l'utilisation de leurs
données. Il y a nécessité alors pour les entreprises
d'informer l'internaute en amont afin d'installer une relation
équilibrée. De plus, les entreprises doivent respecter le
principe de finalité afin de demander que les informations soient en
relation avec la transaction en cours. Il y a nécessité pour
chaque firme de changer sa stratégie et de passer de la
collecte/utilisation de données autorisées à celles
souhaitées par les internautes. Pour l'entreprise, l'enjeu est triple
(Stratégique, réglementaire, et éthique) car les
consommateurs sont de plus en plus informés de l'importance des
données. Donc la collecte et l'utilisation des données
représentent de grands défis pour les managers d'aujourd'hui.
Par ailleurs, depuis quelques années, un nouveau
phénomène émerge: les réseaux sociaux. Ces
plateformes ont complètement transformé la façon pour les
entreprises de communiquer sur le web. Selon Loukouman Amidou dans son livre
«Marketing des réseaux sociaux», «l'objectif de ces
plateformes est de fidéliser le plus de membres pour avoir des leviers
de monétisation plus importants. En effet, elles proposent de nombreux
services marketing complémentaires afin d'optimiser leurs
communications. Ce sont des opportunités supplémentaires pour les
entreprises, mais pour une utilisation de façon efficiente, il faut
mettre en place une stratégie sociale Média afin de choisir les
bons pôles de présence.
Stratégie de communication ou Marketing
Stratégie digitale
|
|
Stratégie Sociale média
|
Les niveaux de la stratégie (Marketing des
réseaux sociaux, Loukouman Amidou)
Mais dans cette stratégie sociale média, il faut
surtout prendre en compte le concept de Seth Godin développé dans
son livre «permission marketing» qui nous montre l'importance
d'obtenir l'autorisation de la cible avant de mettre en place des relations
d'échanges. Les préoccupations des individus ne cessent de
s'accroître et ils s'informent de plus en plus entre eux. Il est donc
impératif pour nous d'analyser les préoccupations
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pour pouvoir répondre aux problématiques de cette
recherche.
d) Les préoccupations des internautes
Nous avons pu voir, au travers des parties
précédentes la volonté importante de la part des
gouvernements de réguler ce marché afin de protéger la vie
privée des individus. Mais, malgré toutes ces lois, les menaces
persistent et évoluent. On parle même d'un lien entre
l'évolution des technologies et les menaces. En effet, internet facilite
de nombreuses intrusions dans la vie des individus, car il est désormais
plus facile de collecter des informations et de les stocker.
On a pu aussi constater la volonté grandissante des firmes
d'avoir toujours plus d'informations précises sur chaque internaute.
Cette volonté se traduit parfois par des effets pervers dus à
l'utilisation, parfois abusive des données. C'est-à-dire que
cette utilisation peut être soit embarrassante (envoi de mails non
sollicités,...) ou soit dangereuse (usurpation d'identité, vol,
...) pour les internautes. «Nouvel environnement pour des comportements
non éthiques» (Roman, 2006). Tous ces effets pervers sont connus,
ainsi les internautes sont beaucoup plus préoccupés par leurs
données personnelles. L'individu, conscient que ses données
peuvent être utilisées de façon abusive, se protège
en évitant de se dévoiler.
En effet, les individus se protègent de cette façon
car soit ils sont pessimistes quant à l'efficacité des solutions
de contrôle qu'ils peuvent avoir sur leur vie privée, soit ils ne
peuvent pas compter sur les institutions qui eux-mêmes utilisent ces
pratiques de façon abusives, soit ils n'ont pas confiance en
l'efficacité de la loi. Ce qui fait que certains sont de moins en moins
coopératifs. De plus, les internautes voient la collecte et
l'utilisation de données comme une «invasion à leur vie
privée»; certains emploient même le mot
«agression». A travers ces mots, on constate une réelle
inquiétude du côté des internautes qui pensent ne plus
avoir de libertés, tellement ils sont surveillés. Ils pointent du
doigt les entreprises car ils estiment qu'internet a permis aux entreprises
d'avoir des pratiques de collecte et d'utilisation plus aisées et qui
sont plus envahissantes pour eux (collecte plus fréquente, questions
plus personnelles, finalité pas toujours explicite). En effet, les
internautes attachent une importance au degré de sensibilité des
données demandées, au type et à la quantité de
données sollicitées, à la confidentialité, à
la finalité (chaque information demandée doit être en
rapport avec la transaction). Néanmoins, il est important que chaque
collecte de données puisse informer en amont l'internaute de
l'utilisation qui sera faite de ses informations et une totale transparence est
requise. Car comme nous avons pu le constater dans notre étude, 25% des
internautes français entre 18 et 25 ans ne connaissent pas les lois en
matière de respect de la vie privée, sachant tout de même
que 59% estiment être un peu au courant, d'ou la nécessité
pour chacun d'un point de vue éthique d'informer les internautes.
Wang et Wang (1998) ont élaboré une typologie des
six principales préoccupations:
- La collecte (trop de données demandées ou trop
personnelles)
- Le stockage non autorisé (confidentialité et
intégrité)
- Les erreurs (altération volontaire ou non des
données)
- L'accès (personnes non autorisées qui ont
accès aux données)
- Utilisation interne (réception d'offres non
sollicitées ou non désirées)
- Le transfert (vente des données à d'autres
entreprises ou organismes)
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Lancelot Miltgen (2006) a découvert quatre pratiques
susceptibles d'entraîner des
réactions négatives de la part des internautes:
- L'absence ou le manque de garantie en matière de
confidentialité des données
- La sollicitation de données trop personnelles
- La sollicitation de données non pertinentes en rapport
avec la transaction en cours
- Le fait pour les individus d'entrevoir plus de risques à
répondre que de bénéfices à en
tirer.
Les entreprises doivent prendre en compte les
préoccupations afin de retourner la situation et de réinstaller
un équilibre entre les deux parties. Car selon un sondage de Microsoft
en 2010, 61% des français sont inquiets que les informations qu'ils
laissent sur internet soient vues par des entreprises. Ce sondage est quelque
peu angoissant car les français n'ont plus confiance dans la
manière des entreprises de traiter leurs données. Dans ce
sondage, il est important de souligner que les entreprises se placent à
la deuxième position juste derrière les pirates (75%).
Il est nécessaire de bien comprendre et de bien cerner ce
phénomène de vie privée car il est primordial pour chacun
de nous. Bien évidemment, nous avons tous envie d'avoir nos propres
moments, notre vie secrète. C'est pour cela que les gouvernements du
monde tentent par tous les moyens de permettre aux individus d'avoir cette vie
intime. Mais le marché de l'information est devenu si important pour les
entreprises et même pour les administrations qu'il est difficile de
pouvoir établir un équilibre. Malheureusement, l'arrivée
des nouvelles technologies de l'information et de la communication n'arrangent
pas les affaires des internautes puisqu'elles augmentent les intrusions dans la
vie privée des consommateurs. Mais ils sont de plus en plus
informés des pratiques des firmes et deviennent de plus en plus
préoccupés par leurs données personnelles. Car
désormais, ils savent que le marché des données est un
marché à fort potentiel. Il est donc important pour les
entreprises de comprendre les préoccupations des individus afin de
réinstaller un climat de confiance. Avant de comprendre comment les
entreprises peuvent obtenir l'accord des internautes de divulguer leurs
informations, nous allons découvrir le «privacy paradox» des
réseaux sociaux.
II- Le «privacy paradoxÈ des réseaux
sociaux
Dans la première partie, nous avons pu découvrir
à quel point les individus sont de plus en plus conscients des pratiques
des entreprises. Donc, ils sont de moins en moins aptes à donner leurs
informations personnelles. Mais l'arrivée du web 2.0 avec ses fameux
réseaux sociaux entraîne des comportements complètement
irrationnels que nous allons essayer de comprendre dans cette partie. Pour nous
aider, nous avons réalisé une étude quantitative sur les
internautes français entre 18 et 25 ans.
a) Le comportement des utilisateurs français 18/25
ans
Selon, une étude officielle de Facebook en 2012, nous
sommes 26 millions d'utilisateurs en France. Parmi ceux-ci, les 18/24 ans sont
les deuxièmes plus présents avec 25% d'audience, juste
derrière les 25/34 ans (26%). Donc les 18/34 ans représentent la
moitié de la population de Facebook. Dans cette étude,
portée plus généralement sur les 18/25 ans, l'objectif est
de mieux comprendre leurs comportements. Nous avons donc réalisé
un
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sondage quantitatif, basé sur un questionnaire en ligne.
Cette étude a recueilli 330 réponses d'internautes
français âgés entre 18 et 25 ans.
Nous pouvons constater que la tendance est à la
mobilité. En effet, 98% possèdent un ordinateur portable, 79%
possèdent un Smartphone, et 74% possèdent une connexion internet
illimitée. Les jeunes internautes contrairement au début du
siècle possèdent désormais tous les moyens pour toujours
être connectés (seul 19% possèdent un ordinateur de
bureau).
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Cette connexion permanente fait que 94% se connectent tous les
jours sur Facebook, et seul 1% n'a pas de compte. On peut donc en
déduire que Facebook devient un outil indispensable pour cette
population qui ne peut plus s'en passer. Ce réseau social
représente aujourd'hui plus d' 1 milliard de «citoyens».
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Juste derrière, il y a Google + (réseau social de
Google) qui est son concurrent direct, mais 36% des jeunes n'y ont pas de
compte et 18% ont des comptes qui sont inactifs. Cependant, cette population
utilise les réseaux sociaux comme un divertissement puisque les
réseaux sociaux professionnels ne sont pas aussi populaires qu'on le
croit. En effet, 55% des internautes n'utilisent pas Linkedin (dont 44% n'ont
pas de compte) et 66% n'utilisent pas Viadeo (dont 55% n'ont pas de compte).
Rappelons que Linkedin est le leader mondial des réseaux sociaux
professionnels et Viadeo, le leader en France des réseaux sociaux
professionnels.
Par ailleurs, un phénomène émerge avec
force, c'est le «microblogging»: «messages plus courts (140
caractères), plus instantanés et bien mieux pensés pour
être produits en mobilité» (Loukouman Amidou, 2012). Le
leader incontesté de ce phénomène est «Twitter»
avec plus de 100 millions d'adeptes dans le monde et un peu plus de 3 millions
en France. Sur ce réseau, les Hommes sont majoritaires avec 79,1% et les
15/25 ans représentent 49% des utilisateurs. Mais, dans notre cible, ce
réseau reste encore loin derrière Facebook, puisque 64%
n'utilisent pas ce réseau (dont 49% qui ne possèdent pas de
compte). Néanmoins, l'arrivée du réseau social Instagram a
fait un boom à tel point qu'il a été racheté par
Facebook le 9 avril 2012. Ce réseau social «est une application et
un service de partage de photos» (Wikipédia) disponible uniquement
sur Smartphone. Mais, 67% de nos internautes ne l'utilisent pas dont 57% n'ont
pas de compte. C'est une application née en 2010, élue en 2011
application de l'année par Apple, et possède déjà
18% des utilisateurs 18/25 ans français qui se connectent tous les jours
(3% de plus que Twitter).
Pour mieux comprendre la limite de la vie privée des
internautes 18/25 ans Français, nous leur avons posé quelques
questions sur diverses pratiques utilisées par Facebook. 72% ne
souhaitent pas que Facebook puisse informer leurs amis de l'endroit où
ils se situent, seuls 17% sont d'accord avec cette action. 49% ne veulent pas
informer leurs amis de la musique qu'ils écoutent contre 25% qui le
veulent bien. D'autre part, quand on demande si Facebook doit indiquer les
centres d'intérêts de chacun, la réaction de notre
échantillon est mitigée (38% sont d'accord contre 33% qui ne le
sont pas et 28% n'y prêtent pas d'importance). On remarque le même
effet pour la recommandation de page (32% sont d'accord contre 31% pas d'accord
et 37% n'y prêtent pas d'importance). Cependant, les internautes sont
majoritairement d'accord quand c'est «youtube» qui leur recommande
une vidéo (62% contre 11%). On peut constater à partir de tous
ces chiffres que, les internautes sont d'accord seulement quand ils ont un
bénéfice. Par exemple sur youtube, ils veulent bien la
recommandation car ils gagnent du temps sur la recherche (2ème
11
moteur de recherche après google). De plus, on constate
que 38% souhaitent indiquer leurs centres d'intérêts mais il y a
quelques années la tendance ne devait pas être la même. On
peut donc penser que d'ici quelques années le pourcentage
élevé des personnes contre le fait de mettre leur position
géographique sur Facebook, sera réduit.
b) La «publicité de la vie
privée»
Les réseaux sociaux sont des lieux virtuels où des
communautés d'individus se forment. «Une communauté est donc
un groupe de personnes ayant des points communs qui les relient entre
elles» (Loukouman Amidou, 2012). On y retrouve une communauté
importante qui augmente de manière fulgurante avec une véritable
diversité culturelle. Contrairement à tout ce qu'on a vu dans la
première partie, sur ces réseaux, les individus n'hésitent
pas à se dévoiler. C'est pour cette raison que nous parlerons de
publicité de la vie privée. Ce qui intéresse les
utilisateurs, c'est tout ce qui gravite autour des personnes, ainsi l'objectif
de chacun étant d'être visible. Mais, il est aussi utilisé
pour garder le contact avec ses amis. La base de ce modèle de
réseau social s'appuie sur l'Ubiquité et
l'immédiateté. En effet, les internautes ont plusieurs comptes
sur des réseaux sociaux différents, voire parfois sur un
même réseau. Pour être visible, l'immédiateté
est indispensable, par exemple sur Facebook, il faut au minimum un poste par
jour mais sur Twitter, il en faut au moins 2 ou 3 tweets. Cette volonté
de visibilité force les individus à tout dévoiler sur eux
afin d'intéresser leurs communautés car l'algorithme de Facebook
met en avant les messages ayant le plus d'interactions (j'aime, partage,
commentaire, etc...). Devenir populaire voire célèbre au sein de
sa communautaire est vraiment une priorité pour les utilisateurs, ils
ont le besoin d'appartenance. De plus, avoir beaucoup d'amis est une condition
de popularité car plus on a d'amis et plus notre message est susceptible
d'être vu. L'individualité au sein des réseaux sociaux est
bien présente au milieu de l'aspect relationnel puisque chacun dit tout
de lui.
Quelle est la raison qui poussent les 94% d'internautes à
se connecter chaque jour sur Facebook?
Les utilisateurs de ces réseaux sociaux ont le besoin de
voir vivre les autres et de s'identifier à eux car en effet, ils se
connectent juste pour connaître les activités de leurs amis. De
plus, on observe qu'il y a une construction du «moi» à travers
le regard des autres puisque chaque internaute publie des statuts afin d'avoir
des commentaires. Cependant la volonté de chacun d'être visible a
complètement transformé les limites du mur de la vie
privée. On voit que des multitudes de données plus ou moins
privées y sont échangées sans aucune précaution.
Certaines informations privées dans la vie réelle deviennent
publiques sur les réseaux sociaux. La vie privée et les secrets
laissent place à la vie publique et à la transparence. On note un
réel plaisir chez les internautes à devenir visibles et
transparents aux yeux de tous. On peut déduire que les internautes ont
confiance en ces réseaux sociaux qui ont pourtant de faibles moyens de
contrôle et de sécurité. Comme on l'observe dans notre
étude, 95% des internautes protègent leur profil en ne donnant
accès qu'à leurs amis. Ainsi, ils veulent que les informations
partagées puissent rester uniquement au sein de leur communauté.
En effet, seul 7% seraient d'accord d'ouvrir leur profil à leur futur
employeur. Donc ils savent parfaitement, que les informations qu'ils publient
sur leur profil Facebook relèvent de leur intimité. Même
les personnes les plus méfiantes de leurs données
n'hésitent pas à se dévoiler sur leurs profils personnels.
Cependant, on constate que même si la frontière s'est
transformée, ils sélectionneront toujours ce qui est partageable
de ce qui ne l'est pas. Selon Danah Boyd la devise est «public by default,
private when necessary».
12
c) Les limites de cette publicité de soi
De nombreux utilisateurs ressentent la volonté de laisser
une trace de leur existence, de leur histoire, de leur passage sur terre
à travers l'immortalité de l'information. Les réseaux
sociaux représentent un lieu où l'objectif est d'être
visible. Pour l'être, les individus possèdent sur ces
réseaux de nombreux amis mais ces amis ne reflètent pas
forcément leur cercle d'amis réel. En effet, selon les chiffres
officiels donnés par Facebook en 2012, le nombre d'amis moyen par
utilisateur s'élève à 177 amis. Cependant, selon une
étude de Robin Dunbar on peut entretenir une relation stable avec
seulement 150 personnes. Donc, il est impossible de croire qu'on peut rester
amis avec autant de personnes (177 personnes), sachant que de nombreuses
personnes dépassent les 500 amis sur Facebook. Ce
phénomène s'explique soit par le fait que dans notre
société, il suffit juste d'avoir parlé une fois à
une personne pour la rajouter comme amis Facebook, soit par le simple fait
d'inviter des amis d'amis à être amis, soit en acceptant les
invitations d'internautes qu'on est même pas sûr de
connaître. Mais de nombreuses études nous montrent qu'on
éprouve beaucoup plus de satisfaction en petit groupe et que les
relations proches ne se font que en «face à face».
Par ailleurs, Il ne faut pas oublier que Facebook est sur
internet et que toutes les données des utilisateurs sont stockées
sur des serveurs. Les individus exposent leurs données personnelles
comme s'ils étaient dans leur journal intime et pensent être
à l'abri des regards et sans tenir compte des conséquences. Mais
rappelons que les dangers présents dans la vraie vie le sont aussi sur
le web. Malgré le fait que l'utilisateur reste le seul maître de
ses publications sur les réseaux sociaux, cela ne suffit pas car c'est
une maitrise illusoire. En effet, il suffit juste d'un logiciel pirate ou d'un
de vos contacts qui exploitent vos données de façon
malveillantes.
Désormais avec toutes les informations sur le profil des
internautes, on peut créer des fiches détaillées sur eux.
Cette transparence de leur vie amène donc à avoir une meilleure
surveillance, et un contrôle fiable de chacun, ainsi chaque individu
devient complètement traçable. Cependant sur les réseaux
les infractions civiles (violation des droits d'auteur,....) et pénales
(atteintes aux personnes, et aux biens,....) y sont présentes. Parmi les
atteintes aux biens, les plus fréquentes sont l'usurpation
d'identité ou violation d'identité, de données, et les
fraudes monétaires. D'autre part, la traçabilité peut
engendrer des vols avec ou sans violence, par exemple faire savoir sur les
réseaux que vous êtes en déplacement peut informer les
voleurs que votre maison est libre. Tous ces dangers propulsent le droit vers
de nouvelles réalités parfois difficiles à prendre en
compte. De plus selon la politique Facebook, le droit appliqué est celui
de la Californie. Ce qui n'est pas rassurant quand on sait qu'aux
États-Unis s'est l'autorégulation qui prime, et ce modèle
n'est pas rassurant quand on voit les pratiques des entreprises.
Néanmoins les utilisateurs se livrent autant car ils
pensent qu'il s'agit d'espace complètement privée. Mais ils ne
savent pas que les moyens de recueil sont très pointus et de telle sorte
à ce que les individus ne puissent pas les détecter. Par exemple:
le RSN transforme toutes les conversations privées en ensemble de
données numériques faciles à collecter et à
réutiliser. Le bug informatique de Facebook en France (septembre 2012)
à sûrement augmenté la méfiance de certains
utilisateurs envers ces réseaux, puisque des conversations
privées datant de 2007/2009 ont réapparu sur le mur de certains
utilisateurs.
Et pour ne pas arranger les choses, tout ce qui est publié
ne peut disparaître. Cette immortalité des informations devrait
faire réfléchir les internautes sur ce qui est publiable ou non.
De plus les données publiées peuvent être utilisées
par des tiers pour un autre usage que celui prévu et donc peut porter
préjudice à la personne émettrice. Un autre
problème important se soulève, celui de l'âge car de
nombreux contenus circulent, et beaucoup ne sont pas appropriés aux
mineurs. Sachant que selon la politique de Facebook, on peut s'inscrire
à partir de 13 ans mais jusqu'à 18 ans l'autorisation des parents
est requise.
d) La nécessité d'être sur les
réseaux sociaux pour les entreprises
Nous avons pu constater que seul 1% de notre échantillon
ne possédait pas de compte sur Facebook, sachant que ce questionnaire
s'est réalisé en ligne par chaque répondant. Internet
représente en France le 4ème pôle d'investissement
publicitaire pour les entreprises. Or le fait qu'internet soit un média
déjà très important, les réseaux sociaux
constituent un choix stratégique pour ces entreprises. En effet, de
nombreuses entreprises réfléchissent à
l'opportunité d'investir sur ces nouveaux supports de communications.
Mais, la présence sur ces réseaux n'est pas si simple à
mettre en place. L'internaute est devenu «consomm'acteur» et a le
besoin de s'informer et de partager, ce qui représente une
opportunité comme une faiblesse pour l'entreprise. Ne pas être
présent sur les réseaux sociaux est un choix stratégique
mais limite la capacité à répondre rapidement en cas de
crise. Quand l'entreprise choisit d'avoir une présence sociale, elle
doit mettre en place une stratégie sociale média en plus de sa
stratégie digitale. Il est important de souligner que peu importe la
stratégie, la présence média se construit grâce au
long terme, donc les bénéfices ne sont pas immédiats.
Avant tout, il est important de choisir les bons réseaux sociaux en
fonction de sa stratégie sociale média. En revanche une marque ne
peut pas être positionnée sur tous les réseaux sociaux car
il faut rappeler qu'un compte inactif renvoie à une image
négative (e-réputation). Ce qui veut aussi dire qu'il faut savoir
se désengager d'un réseau qui n'est pas pertinent. Sur les
réseaux sociaux, la présence d'une marque doit être
organisée afin d'engranger le maximum de bénéfices. Mais,
les bénéfices ne sont pas uniquement la transformation unique.
L'objectif des marques est de créer de l'engagement de la part des
internautes, pour cela les entreprises doivent écouter afin de mieux
comprendre et être pertinentes. C'est à dire, qu'elles doivent
comprendre les attentes des internautes pour leur proposer des contenus en
réponse à leurs attentes. Les utilisateurs des réseaux
sociaux n'attendent pas que les marques parlent d'elles mais leurs racontent
des histoires ou leurs proposent des contenus utiles, amusants,
intéressants.
5 4 3 2 1
5 = Obtenir une communauté impliquée
4 = Tirer parti de sa communauté
3 = Alimenter sa communauté
2 = Être présent pour contrôler sa
communauté
1 = Être présent malgré soi
13
Pyramide de présence sur les médias sociaux
(Loukouman Amidou,2012)
14
Sur ces plateformes deux notions sont importantes: il faut
exister en temps réel (immédiateté) et dans la
durée (long terme). L'enjeu pour l'entreprise est le même que
celui des utilisateurs, c'est à dire être visible. Pour cela la
marque a besoin d'engagement de la part de sa communauté.
«Individus qui se fédèrent autour d'une marque en apportant
notamment leurs contributions au sein des espaces
conversationnels» (Loukouman Amidou, 2012). Il y a 3
éléments importants dans la construction d'une communauté:
les liens, les individus, les contenus. En d'autres termes, le défi pour
les entreprises est de pouvoir chaque jour rendre le contenu visible et
attractif pour avoir le plus de viralité possible. «La
viralité est la capacité d'un contenu à être
diffusé par les internautes auprès de leurs amis. Un contenu est
viral à partir du moment où le receveur trouve un
intérêt à relayer ce contenu auprès de son
réseau.» (Loukouman Amidou, 2012). Il faut donc proposer à
sa communauté d'interagir avec la marque afin d'impliquer leurs
réseaux directement ou indirectement.
Désormais, les internautes font face à
l'infobésité, c'est la surabondance d'informations sur Internet.
En effet, internet possède tellement d'informations que même les
moteurs de recherche n'arrivent plus à trouver la bonne information,
donc on passe plus de temps à rechercher la bonne information
qu'à la consommer. On peut donc déduire que l'entreprise doit
amener l'information aux clients et permettre aux membres de sa
communauté de se fidéliser sur le canal le plus approprié
à ses attentes. Mais, la marque doit posséder un endroit qu'elle
peut maîtriser à 100%. Facebook l'a bien compris et à
créer les «Pages» où les marques ont une totale
maîtrise. C'est pour communiquer avec ses fans, clients, membres à
l'inverse du profil où l'on peut communiquer uniquement avec son
réseau d'amis. Sur le profil le réseau d'amis est limité
à 5000 alors que sur la «fan page», il est illimité.
Les internautes devenus «consomm'acteurs» avec
l'émergence du web 2.0 ont des super-pouvoirs qui leur permettent de
partager, commenter, éditer,... auprès d'autres utilisateurs. Et
selon plusieurs études, la majorité écoute le web avant
d'acheter un produit. Sachant que l'information venant d'un autre internaute a
plus de crédibilité que celle venant de la propre marque. Ainsi
ils considèrent les réseaux sociaux comme un lieu de libre
parole, il est très mal vu de supprimer un commentaire, ou de ne pas y
répondre. Il est nécessaire pour les entreprises de mettre en
place dans la stratégie sociale média, des réponses aux
diverses interrogations. La marque doit en permanence s'interroger sur la
pertinence de ses contenus, rien ne doit être laissé au hasard.
En résumé, l'entreprise doit tout d'abord
écouter pour pouvoir animer sa communauté afin de
générer de l'engagement et de la visibilité puis elle doit
classer et enregistrer toutes les informations afin de proposer du contenu qui
réponde aux exigences des internautes. Cependant la problématique
principale pour les entreprises n'est pas de trouver des données mais de
les interpréter de façon efficiente.
Sur la population étudiée les entreprises se
doivent d'être présentes sur les réseaux sociaux car on a
pu constater que les utilisateurs 18/25 ans étaient très
présentes et cela même tous les jours. De plus, malgré
leurs préoccupations sur leurs données personnelles sur les sites
d'e-commerce, on voit qu'ils n'hésitent pas à se dévoiler
sur ces fameux réseaux sociaux que certains considèrent comme un
«journal intime.» Ce dévoilement est une aubaine pour les
entreprises qui doivent mettre en place une stratégie afin de pouvoir
avoir de la visibilité sur ces réseaux. Mais l'attention est de
rigueur car pour les internautes c'est avant tout un lieu de divertissement
où le permission marketing prime. Nous allons tenter de voir par la
suite comment les entreprises doivent s'y prendre pour que les utilisateurs
18/25 ans puissent les accepter dans leurs centres d'intérêts.
15
III- Les conditions du dévoilement
Dans cette partie, nous allons répondre à la
question de recherche en prenant en compte tous les facteurs vus
précédemment dans la première et deuxième partie.
Nous allons donc découvrir comment utiliser les réseaux sociaux
de façon efficiente, puis nous développerons les concepts
«privacy paradox» et «privacy calculus», et pour terminer
nous analyserons quels sont les éléments à mettre en place
par les entreprises pour convaincre.
a) Utilisation des réseaux sociaux qui doit
être faite par les entreprises
Comme nous avons pu le découvrir
précédemment, choisir d'aller sur les réseaux sociaux doit
faire l'objet d'une stratégie sociale média en plus de la
stratégie digitale. Les entreprises se doivent de
réfléchir sur la stratégie à mettre en place et des
réseaux sociaux à cibler. Dans tous les cas, elles doivent
impérativement écouter et comprendre leurs cibles afin de pouvoir
communiquer avec elles. Mais, sur ces plateformes, il n'est pas facile de
communiquer, car il faut trouver le juste équilibre pour être
visible. Si on parle trop, ton message à un effet négatif et on
perd des fans et vice versa si on ne parle pas assez, on n'aura pas de
visibilité. De plus, chaque plateforme a ses spécificités,
par exemple sur Facebook selon une étude de «
pagelever.com», les
dernières interactions ont lieu en moyenne 22 heures 51 minutes
après la publication du statut. Pour les entreprises, l'un des avantages
les plus pratiques pour les entreprises est d'être présent sur ces
plateformes pour effectuer un ciblage extrêmement précis. Comme on
peut le voir sur cette capture d'écran ci-dessous prise dans le
«gestionnaire de publicités» Facebook, une publicité
dirigée vers les 18/25 ans peut toucher en France environ 10 455 860
personnes.
Il est facile de vouloir communiquer, mais créer une
communauté, être visible, avoir de l'engagement, tout cela demande
du temps, de la régularité, et le savoir-faire.
Mais comment communiquer sur les réseaux sociaux? On ne
cesse de nous dire qu'il faut privilégier les statuts qui provoquent de
l'engagement, mais qui sont-ils? Loukouman Amidou, nous propose les
caractéristiques des formats multimédia à compléter
par des formats rédactionnels:
- Image type photo: format très attractif pour
l'engagement mais pas nécessairement viral. - Image type infographie:
Très virale, car elle explique de manière visuelle des concepts -
Vidéo: L'un des formats qui se partage le plus, mais ne permet pas de
lecture
transversale
- Audio/podcast: Souvent supplanté par la vidéo
- Présentation: utiliser par les professionnels pour
présenter du contenu et le rendre viral.
16
Les animations faites par les entreprises ont pour objectif de
générer de l'engagement, elles ne doivent surtout pas utiliser un
ton publicitaire ou commercial. Ses statuts rédactionnels doivent
souvent être complétés par du multimédia, selon
plusieurs analyses ce sont les statuts avec images qui ont le plus d'impacts.
Pour permettre aux internautes de donner leurs avis, la marque doit mettre des
informations que seule elle possède. Il faut faire en sorte de donner
à l'utilisateur un intérêt à s'associer à un
contenu qu'il trouve pertinent. Mais il faut aussi fidéliser sa
communauté pour créer de l'engagement, cela passe par
l'immédiateté et la flexibilité. L'entreprise doit
répondre aux fans ou montrer que la question a bien été
prise en compte. Elle devrait aussi établir une charte
déontologique afin de mettre des règles de bonne conduite sur les
publications mises sur la page. D'autre part, Facebook permet aux entreprises
de mesurer les statistiques de la «Fan page» à travers
Facebook insight. Ces chiffres doivent permettre aux entreprises de voir
qu'elles sont les statuts qui engendrent le plus d'engagement ou ceux qui ont
le plus de viralité. Par contre, il est important pour les entreprises
d'analyser ses résultats en fonction des objectifs fixés.
Par ailleurs, une pratique est très utilisée par
les entreprises et très appréciée par les consommateurs,
ce sont les jeux-concours. Celle-ci est un prétexte pour
générer de l'engagement puisque les consommateurs sont
très attirés par les gains à gagner.
|
Mais, la palme d'or revient aux jeux sur les réseaux
sociaux, puisque aujourd'hui ils attirent des millions de personnes. C'est une
vraie opportunité pour les marques car désormais on peut soit
insérer de la publicité au sein des jeux, soit créer son
application, soit acheter des biens virtuels au sein des jeux. Toutes ces
solutions permettent à Facebook d'être le leader des
réseaux display devant Yahoo et Google.
|
Toujours en second derrière Facebook pour les entreprises,
Twitter reste l'une des applications emblématiques derrière
Facebook avec 105 millions d'utilisateurs dont 49% de 15/25 ans. Son principe
est de partager de l'information rapidement à travers de courts messages
(moins de 140 caractères). On peut dire que son objectif est atteint
puisque, c'est la source d'information la plus rapide et la plus grande lors
d'un évènement. C'est l'outil par excellence pour faire des
recherches dans le présent. Ainsi, l'avantage de l'utilisation de ce
réseau pour les entreprises est l'identification des cibles potentielles
(personne qui parle du produit), l'avis des consommateurs sur les produits ou
la marque. Par contre, sur Twitter on ne peut pas se permettre de ne pas
être visible, il faut au minimum deux à trois tweets par jour. Car
pour être influent auprès de sa communauté, il faut avoir
un grand nombre d'abonnés, d'où la nécessité de
créer de l'engagement. Mais, le compte Twitter se doit aussi
d'être crédible, et pour cela il faut qu'il y ait un bon rapport
entre abonnement et abonné.
En effet chaque plateforme de réseau social possède
ses spécificités, pour chaque plateforme choisie par
l'entreprise, elle doit s'y adapter.
17
Réseaux sociaux
|
Caractéristiques
|
Google +
|
Réseau social de Google
|
Paper li
|
Outil permettant de se créer un journal
personnalisé à partir des comptes Twitter
|
Scoop it
|
Leader de la curation
|
Linkedin
|
Leader mondial des réseaux sociaux professionnels
|
Viadeo
|
Leader en France des réseaux sociaux professionnels
|
Instagram
|
Application permettant le partage de photos
|
b) Le «privacy paradox» et le «privacy
calculus»
Malgré tous les dangers évoqués
précédemment, certains internautes aiment ce média pour la
collecte de données puisqu'ils estiment avoir plus de libertés de
choix grâce à l'absence directe de l'interlocuteur qui n'est donc
pas là pour les influencer. De plus pour eux, les questionnaires sont
plus faciles et plus rapides à remplir. Mais ces personnes sont de plus
en plus rares, pour laisser place à des personnes soucieuses.
Heureusement pour les entreprises que les personnes sensibles et
préoccupées par leurs données acceptent parfois de donner
sans motif leurs informations personnelles, c'est le «privacy
paradox».
Avec l'arrivée du web 2.0, ce terme a pris une toute autre
dimension puisque les réseaux sociaux sont un exemple pur de
«privacy paradox» où le principe de base est de se
dévoiler afin d'avoir de la visibilité. De plus, les individus
devenus consomm'acteurs ont la volonté de se faire entendre.
Par ailleurs, l'incertitude contribue aussi à ce
phénomène puisqu'elle amène des comportements paradoxaux.
Soit parce que les individus n'ont pas toutes les informations et sont
obligés d'arbitrer au cas par cas ou soit car une fois connectés,
ils n'hésitent pas à se dévoiler.
Mais, nous nous devons de prendre chaque étude avec des
pincettes puisque selon les observateurs, les internautes
révèlent beaucoup plus d'informations qu'ils ne veulent le dire.
«Ces contradictions et ce décalage entre ce que les individus
pensent (leurs opinions), ce qu'ils disent faire (leurs déclarations) et
ce qu'ils font dans la
réalité» (Lancelot Miltgen, 2009). Tout cela
nous montre à quel point les individus soucieux de leur vie
privée arbitrent au cas par cas et tout peut influencer leur
décision de façon positive ou négative. Néanmoins,
ils sont soucieux, sensibles et ils savent qu'ils peuvent prendre des mesures
vis à vis de leurs informations personnelles mais pourtant ils
s'abstiennent de le faire («control paradox»). Le manque de temps et
le scepticisme sont les deux principales raisons qui font qu'ils n'utilisent
pas ces moyens. Pourtant la plupart d'entre-eux sont prêts à
reconnaitre que si la relation entre le demandeur d'information et le donneur
est aussi déséquilibrée, c'est de la faute des deux. Car
ils estiment que la responsabilité de l'usage des données est
partagée entre l'individu et l'entreprise.
Nous avons aussi étudié, les informations (mail,
nom, adresse, code postal, téléphone, Date de naissance) que les
internautes veulent bien donner lors de la création d'un compte. On voit
très clairement que le mail, est l'information la moins privée ou
du moins
18
la plus publique pour eux. Dans tous les cas, plus de 90% des
répondants donnent leur mail, sauf quand il faut laisser un commentaire
où ils ne sont que 80% ou pour participer à un forum où
ils sont à 89% d'accords. Cependant dans cette étude, à
part le mail, les répondants ne souhaitent pas donner plus
d'informations sur eux. En effet, c'est seulement quand il faut postuler
à une offre de stage ou d'emploi qu'ils souhaitent donner toutes ces
informations, à savoir leur mail (98%), leur nom (86%), leur adresse
(65%), leur code postal (64%), leur téléphone (73%), et leur date
de naissance (65%). Sinon, il n'y a que l'achat de produit qui permet de donner
en plus du mail (92%), le nom (68%) et le code postal (54%). Néanmoins,
le téléphone et l'adresse, sont les informations les plus
difficiles à donner pour les utilisateurs 18/25 ans car ils obtiennent
les plus mauvais pourcentages à chaque fois. Ainsi lorsqu'il faut donner
ces données pour laisser un commentaire, obtenir une application
gratuite, participer à un forum, obtenir une newsletter, et
découvrir les produits/services, ils ne sont même pas 10% à
donner leur numéro de téléphone ou leur adresse
postale.
Cependant les personnes soucieuses de leurs données sont
prêtes à se dévoiler à condition d'en tirer des
bénéfices. Les internautes sont pour la plupart informés
des pratiques des entreprises et surtout de l'importance de ces données
pour elles. En outre les internautes n'hésitent plus à calculer
les avantages qu'ils peuvent en tirer (Çprivacy calculus»). En
effet certaines personnes ne se dévoilent que si les avantages sont plus
importants que les risques. Donc pour certains la valeur perçue de
l'échange est primordiale (différence entre ce qui est
perçu et ce qui est donné). Donc il est important pour les
entreprises de bien comprendre les perceptions des individus car ce qui peut
être bénéfique pour l'entreprise ne l'est peut être
pas pour l'individu. Plus la valeur perçue de l'échange est
importante et plus les individus se dévoilent. Même les plus
soucieux acceptent parfois, s'il y a un réel intérêt
à le faire. C'est la raison pour laquelle nous avons
décidé de demander aux 18/25 ans les bénéfices
qu'ils souhaitent avoir. On voit dans cette étude qu'il n'y a pas de
bénéfice vraiment plus important que d'autre à part le
service personnalisé avec 33% d'avis favorable. Pour le reste, on voit
que c'est un jugement plutôt subjectif, ainsi après le service
personnalisé se positionnent les facilités de paiement (20%),
puis le bon de réduction (16%), et le bon cadeau (15%). Il faut noter
que 17% sont prêts à fournir pour une autre raison que les quatre
évoquées. Sur ces 17%, 89% ont précisé la raison,
ainsi 37% (17 répondants) disent qu'ils ne donnent sous aucune condition
leurs données personnelles, 35% le feront pour une offre de stage ou
d'emploi. De nombreux travaux en plus de cette étude nous montrent que
les individus sont plus facilement enclins à donner leurs informations
personnelles en échange d'avantages. Il est très important de
noter que pour certains internautes le dévoilement est un divertissement
alors que pour d'autres c'est l'occasion de profiter d'avantages diverses.
c) Favoriser le dévoilement
Nous avons vu comment les entreprises se doivent d'être sur
les réseaux sociaux et surtout nous savons que la décision de
fournir des données peut être influencée. Maintenant nous
allons tenter de découvrir comment mettre le consommateur en situation
favorable pour qu'il donne ses informations. La première des choses est
qu'il est important pour les entreprises d'avoir de l'empathie et de pouvoir se
mettre à la place des internautes afin de comprendre comment se passe la
décision de fournir des données. Ainsi les individus
présents sur la toile font face à des critères de
décisions qui peuvent dépendre de leur individualité, leur
environnement ou le contexte de la demande.
19
D'un point de vue individuel, la décision de fournir des
données est influencée par la situation dans laquelle il se
trouve lorsqu'il est sollicité. De plus, les traits de
personnalité (une demande peut être plus ou moins sensible selon
la personne), les valeurs (ne donne jamais cette information),
l'expérience en matière d'internet et de collecte (envoie de
spams intempestifs), l'image de soi, l'importance du regard des autres sont des
critères très subjectifs mais qui ont beaucoup d'importance dans
la décision finale. Celle-ci dépend aussi et surtout du lieu
où se positionne le mur de la vie privée pour chaque individu.
D'autre part, l'environnement des individus joue aussi un
rôle dans la décision. Les plus influents sont la technologie, la
culture, le Bouche à oreille (BAO). Comme on a pu le voir, les
internautes sont une partie prenante de l'entreprise, et leurs commentaires
sont beaucoup plus importants que ceux des entreprises, c'est la raison pour
laquelle sur les réseaux sociaux il est impératif de bien soigner
son image, en répondant aux commentaires et même aux plus
difficiles. L'entreprise doit s'adapter à la technologie et à la
culture alors que le BAO qui est difficilement contrôlable, elle doit
tout mettre en oeuvre pour réparer les dégâts.
Il y a aussi le contexte dans lequel la demande d'informations
est formulée. Certaines informations sont plus sensibles que d'autres en
fonction des internautes, car chacun choisit ce qu'il inclut ou pas dans sa vie
privée. Mais certaines informations sont plus sensibles en fonction du
contexte. Selon certains observateurs, aucune donnée n'est
considérée comme privée, cela dépend juste du
contexte. C'est pour cela que les entreprises se doivent d'étudier aussi
le degré d'intimité perçu dans un contexte donné.
Car les internautes peuvent changer de niveau de préoccupations en
fonction de la situation.
Au travers de ces critères de décision
complètement subjectifs, l'enjeu de l'entreprise est de construire des
bases de données sans porter de préjudices aux internautes. Elle
doit donc rassurer les clients sur l'utilisation loyale de ses données
pour instaurer un climat de confiance, ils y sont très attentifs (la
simple notion respect du droit à la vie privée engendre de la
confiance).
Les managers se voivent désormais dans l'obligation de
collecter ce qui est raisonnable et non tout ce qui est légal. Ainsi
l'individu doit avoir «1) le droit à l'information, 2) le droit au
consentement, 3) le contrôle sur l'utilisation ultérieure des
données et sur les intrusions non désirées» (Caroline
Lancelot Miltgen, 2011). De plus, toujours selon Caroline Lancelot Miltgen, les
demandes ont plus de chances d'aboutir si quatre conditions sont
réunies:
1) Les renseignements demandés sont perçus comme
peu sensibles
2) Ils peuvent contrôler l'utilisation future des
données
3) Les informations demandées sont jugées
pertinentes pour la transaction en cours
4) Ils ont le sentiment qu'ils ont plus à gagner
qu'à perdre en fournissant ces données.
Devant la complexité de la création d'une base de
données de qualité, les entreprises se doivent de mettre en place
une stratégie de recueil pour anticiper les perceptions, les attitudes
et les comportements. ll faut donc:
- Instaurer une politique de respect de la vie privée
(demande légale et raisonnable) pour mettre en confiance
- Collecter uniquement les informations en rapport avec la
transaction en cours
- Informer de l'utilisation «loyale» qui sera faite des
données en amont.
Avec une utilisation efficiente des réseaux sociaux, la
prise en compte des perceptions et des préoccupations par les
entreprises, favoriseront une demande
20
d'information moins pressante et moins intrusive, ce qui donnera
alors de meilleures bases de données en terme de qualité et
d'audience.
Conclusion
Le marché des données est un marché en or
pour les entreprises, on voit son influence à travers la volonté
des gouvernements à vouloir le réguler. Mais, il a des
conséquences néfastes sur les internautes puisque cette
volonté de collecter des données empiète sur la vie
privée des consommateurs. Cependant, ils commencent à comprendre
que donner des informations peut être très dangereux sur internet
donc ils se protègent par l'action de ne plus se dévoiler. De
plus, par la même occasion, ils comprennent aussi le
bénéfice fait par les entreprises grâce à leurs
données. Mais, l'arrivée des réseaux sociaux change la
donne, puisque sur ces plateformes, l'objectif est de se dévoiler afin
d'avoir la meilleure visibilité possible. Un comportement
complètement paradoxal puisque même les personnes les plus
soucieuses de leur vie privée n'hésitent pas à se
dévoiler sur ces réseaux comme si c'était leur journal
intime. Il est donc important pour les entreprises de créer des comptes
sur ces réseaux sociaux afin d'appliquer une permission marketing
efficace. Mais, s'inscrire sur les réseaux sociaux est facile mais
encore faut-il choisir les bons réseaux, avoir de la visibilité,
générer de l'engagement,... Tout cela se met en place grâce
à une stratégie complémentaire à la
stratégie digitale, appelée stratégie sociale
média. Sur ces réseaux, l'important est de générer
de l'engagement de la part de sa communauté. Ainsi avec une bonne
utilisation de ces réseaux sociaux, les internautes s'identifieront
à la marque et seront plus aptes à se dévoiler.
Par ailleurs, la décision de dévoilement se
réalise en fonction de plusieurs critères (environnementaux,
individuels, contextuels, etc...) mais l'entreprise se doit d'influencer cette
décision afin qu'il n'y ait pas d'incertitude chez le donneur. Mais la
difficulté pour les entreprises est de se faire accepter sur les
réseaux sociaux pour les utilisateurs
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