1.3. Problématique du développement
urbain au Niger et la nécessité d'un Agenda 21 local pour la
ville de Niamey
Au Niger, les villes constituent des moteurs de croissance
économique et contribuent significativement au développement
socio-économique, national et local. Elles absorbent une grande partie
de l'accroissement démographique, permettent la création
d'emploi, et la réalisation d'importantes économies pour le pays.
Mais depuis quelques années, la dégradation
accélérée de l'environnement dans et autour des centres
urbains en pleine expansion constitue un frein à leur contribution au
développement et affecte en premier lieu les populations urbaines les
plus démunies et notamment les couches sociales vulnérables (les
personnes âgées, femmes et les jeunes). Selon le rapport du Profil
du secteur Urbain du Niger (IAGU/ONU-HABITAT, 2005), cette dégradation
de l'environnement résulte principalement de :
- L'infestation des plans d'eau par des végétaux
flottants nuisibles ; - La prolifération de déchets plastiques et
ordures ménagères ;
- Les impacts divers induits par certaines unités
industrielles ; - L'érosion des eaux de ruissellement ;
11 Manuscrit auteur, publié dans "Colloque
Propedia - Observatoire économique des banlieues, Paris : France
(2009)
- L'abattage massif des arbres pour le besoin du bois de
chauffe.
Les outils d'adaptation d'une démarche Agenda 21local
pour la ville de Niamey au Niger Page 10
Ainsi la production des déchets solides et
ménagers au Niger serait de 0,65 kg/hab./jour pour les grandes villes et
de 0,30 kg/hab./jour pour les petites et moyennes villes. La ville de Niamey
à elle seule produit plus de 350000 tonnes/an de déchets solides
et ménagers (CNEDD, 2012).
L'abattage massif des arbres pour le bois de chauffe
accélère le phénomène de dégradation de
l'environnement. En 2004, la consommation du bois énergie est
estimée à 0,6 kg/personne/jour en
milieu urbain et de 0,8 kg/personne/jour en milieu rural. Le
bilan consommation/ accroissement soutenu en bois énergie est
négatif et ce déficit pourrait atteindre 4 millions de tonnes en
2015 si des mesures ne seront prises (CNEDD, 2012).
Par ailleurs, le processus de
décentralisation12 qui est en marche au Niger depuis
plusieurs années,
mérite d'être soutenu et dynamisé.
Plusieurs domaines de compétences de l'Etat sont
transférés aux
collectivités territoriales dans le cadre de la
décentralisation. Ainsi la loi 2002-13 du 11 Juin 2002 en son article 12
a transféré plusieurs responsabilités aux
collectivités territoriales dont celles environnementales notamment le
domaine foncier des collectivités, la planification,
l'aménagement du territoire et l'urbanisme, l'Environnement et la
gestion des ressources naturelles.
L'appui de l'Etat aux collectivités locales n'est pas
à la hauteur des attentes pour relever les énormes
défis liés au démarrage des nouvelles
communes qui ont du mal à formuler et piloter des politiques locales de
développement. De plus, l'appui des partenaires s'est
opéré depuis plusieurs années sans réelle
coordination entraînant souvent des duplications et des gaspillages.
Cette absence de plan de développement local concerté est un des
facteurs majeurs limitant les possibilités de mobilisation des
communautés dans la mesure où la participation des populations ne
peut s'obtenir qu'à travers l'existence d'objectifs de
développement qui emportent leur adhésion.
Or Le développement durable tant prôné par
l'Etat nigérien ne peut devenir réalité qu'à partir
du moment où il est approprié par les collectivités
locales et les acteurs locaux qui sont identifiés dans l'Agenda 21 de
Rio comme des acteurs-clés de la promotion du développement
durable. En effet, l'Agenda 21 local constitue une stratégie et des
programmes d'actions permettant de redynamiser le
territoire, de lui donner un second souffle qui ne
relève pas uniquement du développement économique mais
intègre le développement social et la protection de
l'environnement pour répondre aux différents enjeux auxquels il
est confronté. Ces enjeux sont ceux de l'organisation et de
l'aménagement de l'espace, du développement
socio-économique (lutte contre les inégalités et
l'exclusion, amélioration de la qualité de vie, des conditions de
travail, accessibilité aux équipements et services urbains...),
des
12 La Loi n° 2002 - 013 du 11 Juin 2002 portant
transfert de compétences aux régions, départements et
communes
Les outils d'adaptation d'une démarche Agenda 21local pour
la ville de Niamey au Niger Page 11
déplacements et de la mobilité, de
l'éco-gestion des ressources naturelles, de l'énergie et des
déchets et des enjeux globaux et planétaires, en ce qui concerne
les villes et agglomérations. C'est pourquoi, ce thème a
suscité un intérêt pour permettre au Niger de tendre vers
une concrétisation de ses engagements pour un développement
durable et faire face aux enjeux environnementaux.
Le choix pour Niamey comme ville qui servira de test n'est pas
fortuit. En effet, elle est l'une des quatre villes13
érigées en communes à statut particulier et les communes
les composant en arrondissements communaux depuis Septembre 201014.
Ce statut particulier confère à ces quatre villes une
organisation toute différente des autres municipalités
résultant de la transformation des communes dont le fonctionnement
était autonome en arrondissements qui sont des structures
administratives déconcentrées de la ville et dépourvus de
la personnalité morale et de l'autonomie budgétaire (Ville de
Niamey,2012).
La ville de Niamey regroupe le plus grand nombre d'habitants,
d'industries, d'infrastructures, d'équipements et de services urbains ;
donc la plus exposée aux risques environnementaux. La récente
réorganisation15 des services de la ville justifie davantage
la mise en place d'un agenda 21 local d'autant plus qu'elle a permis la
création d'une direction dénommée « Direction
générale du Développement et de la prospective (DGD/P)
» qui à son sein héberge un service du
développement durable.
En dépit du fait que l'environnement soit
affecté par le développement urbain économique, il est
important de noter que ce dernier est conditionné par la
disponibilité et la qualité des ressources environnementales
(UN-HABITAT/UNEP, 1998). Or dès 1992, l'action locale est
identifiée pour son efficacité au regard des enjeux
environnementaux à travers la promotion de l'Agenda 21 local pour
traduire en actions les objectifs du développement durable. De ce fait,
les autorités locales devraient revoir leur politique de planification
en portant une attention particulière à l'environnement. Ainsi
ils auront répondu aux recommandations de la déclaration de Rio
de 1992. En effet, la conciliation de l'économique, du social et de
l'environnement permettrait de résoudre les conflits existants autour de
l'accès aux ressources naturelles mais aussi d'éviter les risques
environnementaux récurrents (les inondations, le risque pour la
santé publique etc.). D'où la nécessité pour les
autorités municipales de prendre en compte davantage les questions
'environnementales et l'implication des acteurs pour arriver à cette
fin.
13 Ces quatre villes sont : Niamey, Maradi, Tahoua et
Zinder.
14 Ordonnance 2010-56 du 17 septembre 2010, portant
érection des Communautés Urbaines de Niamey, Maradi, Tahoua et
Zinder en communes à statut particulier ou villes et les communes les
composant en arrondissements.
15 Arrêté du Maire de la ville
N°00007/M/PCVN du 13 JAN 2012 modifiant et complétant
l'arrêté N°00088/CVN/SG du 10 Octobre, portant
création et organisation de services de la ville de Niamey.
Les outils d'adaptation d'une démarche Agenda 21local pour
la ville de Niamey au Niger Page 12
L'on pourrait alors se poser la question : Comment rendre
effective l'implication des acteurs locaux et la prise en compte des questions
environnementales dans un contexte de développement durable de la ville
de Niamey ?
Hypothèse
La démarche Agenda 21 local est adaptée à
la ville de Niamey pour impliquer davantage les acteurs locaux et
résoudre les problèmes environnementaux du territoire.
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