III.2. Essai d'explication des résultats
découlant de la littérature.
Comment peut-on comprendre cette situation qui parait à
première vue difficile à cerner ? Comment expliquer l'influence
faible sinon très faible qu'a la connaissance du trachome sur le
comportement des personnes ?
Ce résultat semble «incompréhensible puisque
la connaissance d'une maladie « devrait normalement» avoir un impact
fort sur le comportement des personnes dans ce sens qu'elles chercheront
à éviter les comportements à risque dans le but
d'éviter la maladie.
i. Prise en compte du niveau de vie.
Si la plupart des mesures à adopter paraissent simples
(lavage régulier des mains, du visage, propreté des toilettes,
etc.) d'autres n'en sont pas moins complexes ; par exemple la construction
d'une latrine
Mémoire de fin de formation I5I Edem Kossi
Kludza, INEF 5AGEP, Février 2013
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Connaissance et comportement vis-à-vis du
trachome: la situation de la région de Diourbel en 2011
convenable. Ainsi certaines bonnes habitudes à adopter
ne dépendent pas seulement du bon vouloir des ménages mais aussi
des moyens financiers adéquats pour la réalisation des travaux
nécessaires. Même si laver régulièrement les mains,
le visage, les latrines/toilettes parait très facile et simple, encore
faut-il bénéficier d'un approvisionnement en eau satisfaisant.
Les personnes vivant dans les campagnes où l'approvisionnement en eau
n'est pas tache aisée, peuvent « connaitre » le trachome et
être disposées à faire des changements dans leur
hygiène de vie dans le but de se protéger contre le trachome mais
ne pas pouvoir y arriver faute des moyens financiers. Comme quoi vouloir n'est
pas forcément pouvoir.
ii. Prise en compte des éléments
psychosociologiques.
Quels sont les facteurs qui déterminent le comportement
d'un individu et qui l'amènent à adopter un comportement sain ? A
cette question, la psychologie nous livre quelques éléments
d'explications. Il est à retenir qu'éduquer n'est pas
prescrire.
Selon Brigitte Sandrin-Berton23 dans
L'éducation du patient au secours de la médecine, «
L'éducation n'est pas une potion que le médecin prescrit, que
l'infirmière administre et que le patient ingurgite. L'éducation
est une aventure humaine ». Ainsi d'autres facteurs autres que
l'éducation, en d'autres termes la connaissance ou l'information,
doivent être pris en compte dans le changement du comportement des
personnes. Les trois principaux facteurs sont :
a. Les facteurs de motivation : Ce sont eux qui incitent
à entreprendre une action. Il s'agit de la connaissance du
problème de santé, du traitement et prévention,..., mais
aussi des représentations et croyances à propos de la maladie.
Ils portent aussi sur les projets de vie des individus. La santé n'est
pas un but en soi mais le moyen de réussir ses projets. Les
caractéristiques personnelles des individus - sexe, âge, niveau
d'instruction, expériences antérieures, statut socio
économique et autres - ne doivent pas être négligées
à ce niveau car influençant l'individu.
b. Les facteurs facilitant ou freinant les comportements : Il
ne suffit pas d'avoir envie d'adopter ou d'essayer un comportement. Il faut que
nous en ayons les moyens et la capacité. On relève ici des
éléments comme les savoir-faire, habiletés, la
disponibilité des ressources (par exemple l'eau, les latrines
adéquates,...)
23 Médecin de santé publique,
directrice du comité régional d'éducation pour la
santé (Cres) Languedoc-Roussillon, France
Connaissance et comportement vis-à-vis du
trachome: la situation de la région de Diourbel en 2011
Mémoire de fin de formation I5I Edem Kossi
Kludza, INEF 5AGEP, Février 2013
c. L'influence des autres : Elle est loin d'être
négligeable. L'attitude de notre entourage va nous pousser à
poursuivre ou abandonner notre action. Cet entourage comprend, le/la
conjoint(e), la famille, les amis, les médias à travers les
campagnes publicitaires et aussi les professionnels de santé par leur
capacité d'écoute, de compréhension et
d'accompagnement.
Cette théorie est aussi partagée dans le livre
Le trachome et les femmes, Arriver à l'équité entre
les hommes et femmes par le biais de l'implémentation de CHANCE.
Les auteurs de ce dernier soulignent que la première étape du
changement de comportement est de passer de l'état où les
avantages d'un comportement donné ne sont pas connus à celui de
la connaissance de celui-ci et de ses avantages. A partir de ce moment, la
personne envisage le comportement et l'intention de l'adopter. Après
cette période d'intention qui diffère d'une personne à
l'autre, l'individu commence à exécuter le comportement et
ensuite encourager son entourage à faire de même.
Tous ces éléments psychosociologiques pourraient
donc expliquer ce résultat final où l'influence de la
connaissance du trachome sur le comportement est aussi si faible.
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Connaissance et comportement vis-à-vis du
trachome: la situation de la région de Diourbel en 2011
Conclusion
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