PROCESSUS D'URBANISATION ET AMENAGEMENT DE L.A
PROVINCE DE L.'ESTUAIRE.
Pcessus urbanison et anagem de la ovince
lEstuae.
UNIVERSITE OMAR BONGO
FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES DEPARTEMENT DE
GEOGRAPHIE
OPTION : AMENAGEMENT DU TERRITOIRE ET DEVELOPPEMENT
LOCAL.
Présenté par :
NTSEBE ONONO MINKO Donald.
Sous la Direction de : Rano-Michel
NGUEMA Ph.D Géographie, Maitre-
Assistant (CAMES)
OCTOBRE 2010
2
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
Sommaire
Dédicaces ..ii
Remerciements iii
INTRODUCTION GENERALE ..1
PREMIERE PARTIE : LE PROCESSUS D'URBANISATION DANS LA
PROVINCE
DE L'ESTUAIRE 13 Chapitre 1 : Historique de
l'urbanisation et croissance démographique des villes de la
province de l'Estuaire .15
I- Des villes de la colonisation aux communes de pleine exercice
15
II- La croissance démographique des villes de la province
de l'Estuaire 20
Chapitre 2 : Bilan de l'urbanisation et les politiques
mises en place pour le
développement des villes de la province de l'Estuaire
29
I- Bilan de l'urbanisation dans la province de l'Estuaire 29
II- Les différentes politiques d'aménagement
régional et études urbaines de la
province de L'Estuaire 33
DEUXIEME PARTIE : IMPACT DE L'URBANISATION SUR
L'AMENAGEMENT
DE LA PROVINCE DE L'ESTUAIRE .44 Chapitre 3 :
Déstructuration et écarts socio-économique et
démographique dans la
province de l'Estuaire
|
.46
|
I- Un développement des villes sans progrès
socio-économique
|
..46
|
II- Un système urbain déséquilibré
|
58
|
III- Un développement des villes et dégradation
de l'environnement
|
..61
|
|
Chapitre 4 : Les perspectives de développement et
d'aménagement de la province de
l'Estuaire 69
I- Amélioration du cadre de vie et de conditions
d'existence des populations
urbaines de la province de l'Estuaire 69
II- Mise en place des pôles de peuplement et
amélioration des écosystèmes
urbains 81
CONCLUSION
|
|
GENERALE
|
86
|
BIBLIOGRAPHIE
|
..94
|
ANNEXES
|
. .101
|
Table des illustrations
|
106
|
Tables des matières
|
108
|
3
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
Dédicaces
Je dédie ce travail à ma
précieuse famille, particulièrement ma mère .74ENZENE
3-1enriette, mon père ONONO .741.NXO Gabriel pour leur soutien moral et
financier qu'ils n'ont cessé de m'apporter tout au long de mes
études. .2l mes frères et soeurs et à tous mes
promotionnaires et amis étudiants du département de
Géographie.
4
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
Remerciements
Un adage malien dit K qu,à
vouloir énumérer ses amis on court le risque
d,augmenter le nombre de ses ennemis ». Tous ceux qui ne seront
pas cités se croiront en effet dans ce dernier lot.
Je tiens à exprimer mes sincères
remerciements à monsieur NG UE.M.A Rano-,.Michel qui a accepté de
diriger cette étude en y apportant conseils, critiques,
réflexions et soutiens dans la réalisation de ce
travail.
.Mes remerciements vont également à
l'endroit des élus locaux de la province de l'Estuaire, notamment les
.Maires pour l'accueil et la disponibilité dont ils ont fait preuve
durant notre enquête de terrain. Il s'agit de :
- .M. Pierre NZE ,ON.A l'édile de la commune
de . Cango ;
- .M. .André ELL.A NDONG, .Maire de la commune
de Ntoum ;
-.M. Séraphin .MEDICO COLLINS, .Maire de la
commune du Cap-Estérias ; -.M. Christian .Aimé ONGUILI, .Maire
adjoint de la commune de Cocobeach ;
-.M. ,BE. C.ALE .Maire adjoint de la commune de
Ndzomoé ;
-.M. Louis Roger ,E'VIN.A Chargé
d'études au secrétariat général de la
commune d'Owendo ;
-.Monsieur le chef de service de l'urbanisme
à l'hôtel de ville de Libreville.
Je remercie également .Mme .MOUSS.A'VOU Ida
Rachelle (Conseillé technique du .Ministre de l'Equipement des
Infrastructures et de l'.Aménagement du Territoire) pour ses
précieuses orientations, sans oublier .M. OB.A.ME NGO.ME Jean (Directeur
provinciale de l'Urbanisme), .M. 3-fugues Cyrille ENGO .ASSOU.MOU
(Chargé d'étude du Directeur de l'.Aménagement du
Territoire) et .M. Gérard.ASSOU.MOU (agent au Centre de Documentation de
l'.Aménagement du Territoire).
Enfin, je tiens à remercier tous ceux qui,
de près ou de loin, ont participé à l'élaboration
de ce mémoire de maîtrise.
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
5
INTRODUCTION GENERALE
6
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
Justification du choix du sujet ;
1- Intérêt du sujet
L'intérêt de notre étude a
été axé sur plusieurs domaines : scientifique, social et
académique. Sur le plan scientifique, la province de l'Estuaire a fait
l'objet de plusieurs études et publications1 : (Guy LASSERRE,
1958), (ESSOGO-BA MINTSA, 1999) (OSSAVOU NTOUTOUME 2003), (Rano-Michel
NGUEMA, 2007).
Toutes ces publications se rattachaient soit à
l'extension de la ville de Libreville en rapport avec sa
périphérie, soit sur les problèmes fonciers et de
rénovation urbaine, soit entre autre sur les causes et les
conséquences de la croissance urbaine et des inégalités
intra régionales de la province. La particularité de notre
étude est que nous l'élargissons à toutes les villes de la
province de l'Estuaire, notamment sur leur capacité à organiser
ce territoire au plan social, économique et environnemental. En effet,
il s'agira de mettre en oeuvre un cadre théorique de connaissances,
destiné aux pouvoirs publics et aménageurs qui pourront
s'intéresser sur la problématique de l'organisation d'une
région ou province à travers les villes.
Sur le plan social et spatial, la province de l'Estuaire est
marquée par des disparités intra communales .Il s'agira de
proposer des solutions qui vont dans le sens de l'amélioration des
conditions de vie des populations, pour ainsi promouvoir un aménagement
harmonieux de l'espace de cette province.
Sur le plan académique, la situation socio
économique de la province au « prisme de son aménagement
», n'a pas beaucoup été analysée. A cet effet, ce
travail pourrait servir de support par la quantité et la qualité
des données chiffrées, des tableaux et des cartes pour les
études ultérieures sur la province.
2-Objectif de l'étude.
La présente étude s'adresse à un large
public : d'abord, l'Etat dans son rôle de planificateur et d'impulseur de
la politique nationale d'aménagement du territoire, les
collectivités locales. Ensuite les hommes politiques en ce sens qu'ils
marquent de leurs empruntes sur l'édification ou non d'une ville pour
des fins électoralistes, puis les
1 Il faut retenir que la grande partie des travaux qui
ont été réalisés dans cette province ne
concernaient que le domaine urbain et tournaient qu'autour de la ville de
Libreville et les problèmes qu'elle engendre.
7
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
populations qui bénéficient d'une manière
ou d'une autre, des transformations des deux premiers cités.
Par cette étude, nous voulons apporter une contribution
à l'édification nationale d'une pensée scientifique saine
et objective. Enfin, notre étude a pour but de : -Apprécier la
valeur et l'importance des actions d'aménagement menées jusque
là par l'Etat dans l'optique d'une meilleure organisation de ce
territoire.
-Décrypter au niveau de la province de l'Estuaire, les
apports évolutifs et limites des politiques d'aménagement du
territoire.
-Proposer les voies et moyens en vue de parfaire et de
normaliser les actions aménagistes au Gabon et particulièrement
dans la province de l'Estuaire.
3-Objet et champ d'étude.
L'objet de notre mémoire est l'étude du rapport
entre la dynamique urbaine de l'organisation de l'espace de la province de
l'Estuaire à travers le rapport dialectique,
Urbanisation/Aménagement. Ces deux thèmes retiennent l'attention
du géographe en tant qu'aménageur et de la géographie en
tant que profil disciplinaire fondamental qui, en amont, renseigne tout
l'édifice conceptuel et théorique dont l'aménagement du
territoire se nourrit en aval en tant que pratique
professionnelle2.L'objet de notre étude est plus exactement
de montrer si le processus d'urbanisation a eu impact réel sur
l'aménagement et le développement de la province de
l'Estuaire.
L'urbanisation, rappelons-le, est un processus de
développement des villes, en nombre d'habitants, en superficie
bâtie, en termes aussi de mode de vie3. Au Gabon et plus
précisément dans la province de l'Estuaire, le nombre de communes
a augmenté grâce aux différentes réformes
administratives qui se sont succédées dans le pays. Aujourd'hui,
cette province compte officiellement sept (7) communes de plein exercice,
même si certains de ces villes n'ont pas l'étoffe d'un centre
urbain.
S'agissant de l'aménagement de l'espace de la province
de l'Estuaire, retenons que ce concept insiste plus sur la transformation
concrète de la surface de la terre, la
2M-L ROPIVIA, Manuel d'épistémologie de
la science géographique : Ecocide et déterminisme anthropique,p
53
3Y. Lacoste, De la géopolitique aux
paysages : dictionnaire de la géographie, A. Colin, p.398.
8
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
création d'équipements, d'installations
spécifiques dans une région. Il s'est substitué à
la notion de « mise en valeur »4, plus floue.
Enfin, l'étude du phénomène de
développement des villes a recours au concept d'urbanisation.
Il introduit notre étude dans le champ de la géographie urbaine
et de l'économie urbaine. Celui d'aménagement de l'espace
qui nous sert de guide à cette étude, l'inscrit dans le
champ de l'aménagement du territoire, en passant tout naturellement par
l'aménagement urbain. Tous ces champs donnent à notre objet
d'étude une complexité, dont chaque approche s'inscrit dans un
cadre global d'un espace considéré comme lieu de production et
d'interactions5.C'est donc dire que notre mémoire se situe
à la confluence des études d'aménagement urbain et plus
largement d'aménagement du territoire.
4Les fondements de la géographie, cours
téléenseignement D. Crozat, 2002-2003, Université M. de
Montagne Bordeaux 3, p.41
5 J. DEBRIE et B. STECK, l'espace
géographique, l'enclavement , réévaluation
théorique et application à l'Afrique de l'ouest,
éditions, Berlin Reclus, tome 30,n°1, 2001,p.27.
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
9
Carte n° 1 : Carte administrative de la
province de l'Estuaire.
10
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
II- Position du problème
1-Formulation de la problématique
La dynamique d'urbanisation est un phénomène
majeur en aménagement du territoire pour la plupart des pays en voie de
développement. En Afrique noire, le Gabon, par exemple se
démarque par la rapidité et l'ampleur de sa croissance urbaine :
le pourcentage de citadins est passé de 20 % en 1960 à
près de 80% aujourd'hui6. Aux facteurs explicatifs
traditionnels de l'urbanisation (schémas urbains hérités
de la colonisation ; exode rural ; immigration,...), un facteur conjoncturel
revêt une importance particulièrement importante au Gabon : le
boom pétrolier. A partir de 1973, la manne financière offerte par
ce dernier a servi de « matrice urbaine » : mobilisation des services
publics, activités de production, construction d'édifices,
création d'emplois salariés.
Cependant, ce processus d'urbanisation ne s'est pas produit de
manière équilibrée sur le territoire national et notamment
dans la province de l'Estuaire où on peut observer les problèmes
structurels tels que : les inégalités entre villes et entre les
villes et les campagnes et un exode rural massif en direction de la capitale
politique. Libreville regorge la totalité des activités
génératrices d'emplois, tandis que les autres villes de cette
province en sont dépourvues. Ainsi, l'Estuaire apparaît
aujourd'hui comme un archétype de la province
macrocéphalique7.
C'est à travers ce constat, que les pouvoirs publics
vont décider en 2002, de la mise en oeuvre d'une nouvelle politique
d'aménagement du territoire, fondée non seulement sur la
préparation de l'après pétrole et la lutte contre l'exode
rural8, mais aussi sur la création de 6 zones
économiques régionales, dont le couloir «
Transgabonais » ; et la constitution de pôles d'activités et
de bassins d'emplois (organisation de la production et valorisation des
ressources agricoles, d'élevage, forestières, ...). Des actions
ont été initiées pour corriger ces
déséquilibres intra-communales. Celles-ci ont consisté en
l'exécution de projets agricoles de grande envergure et
d'opérations de développement intégré (HEVEGAB,
CIAM, Bananeraie de Ntoum...) et la création des communes (les villes
d'équilibre) pour contrebalancer la
6 Op. Cit. p.28
7 S. LEROY « Structures et dynamiques de l'espace
gabonais », in Mappemonde 2/1995, p.44
8République gabonaise, Coordination du système des
Nations Unies, Libreville, décembre 2001, p.12
11
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
trop grande prégnance de Libreville. Mais ces projets
n'ont pas donné des résultats escomptés.
Au regard de l'importance accordée au
phénomène de l'urbanisation et de l'organisation de l'espace de
la province de l'Estuaire, de nombreuses interrogations se dégagent.
Mais la question centrale est la suivante : Est-ce que la dynamique
d'urbanisation survenue ses dernières années a permis d'organiser
la province de l'Estuaire de façon harmonieuse et
équilibrée ?
2-Recension des écrits antérieurs
Afin de mieux cerner notre problématique, nous avons eu
recours à plusieurs types d'ouvrages à savoir : les publications
officielles, les ouvrages généraux, des revues, les articles, des
thèses et mémoires. Documents dans lesquels nous avons pu
extraire des informations qui nous ont permis de bien affiner notre
étude.
Dans l'ouvrage de NZUZI LELO, intitulé
Urbanisation et aménagement en Afrique noire, paru en
1989, l'auteur fait, en quelque sorte, un historique de l'urbanisation en
Afrique noire, des époques anciennes à nos jours9.
Puis il dresse un bilan des difficultés de cette jeune urbanisation et
critique enfin les différentes politiques d'aménagement et
études urbaines caractérisées par les écarts entre
prévisions démographiques et réalités sur le
terrain.
Ensuite, dans l'article de H.C ENGO ASSOUMOU ayant pour titre
« Voirie et structures urbaine à Libreville », in
Villes en parallèle /villes du Gabon, N° 40-41, paru en
2007, l'auteur rappelle que le manque de voies de communication a
engendré la forte urbanisation que nous observons aujourd'hui à
Libreville.
Puis, dans l'ouvrage de VENNETIER .P, titré Les
villes d'Afrique tropicale , publié en 1994, l'auteur
révèle que l'urbanisation a engendré les
déséquilibres internes que l'on observe dans les pays d'Afrique
tropicale, dans la mesure où, seules les villes côtières
ont drainé population et activités économiques.
Par ailleurs, nous nous sommes imprégné des
articles de Djibril DIOP, intitulé Urbanisation et dynamiques
urbaines dans la région de Matam : état des lieux et
perspectives, où nous avons pu cerner non seulement le contexte
et l'évolution de la dynamique urbaine dans la région de Matam,
mais aussi les contraintes et les
9NZUZI LELO, 1989, Urbanisation et
Aménagement du Territoire en Afrique noire, paris, Sedes, p.41
12
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
perspectives de la dynamique urbaine dans cette région.
Et celui de ONDAMBA OMBANDA, intitulé
Urbanisation, extrait de l'Atlas du Gabon où nous
avons pu comprendre le processus d'urbanisation au Gabon ; les facteurs de
création des villes et les caractéristiques de cette
urbanisation.
Enfin, nous nous sommes intéressé au travail
d'OSSAVOU NTOUTOUME (R.B) dans Disparités intra régionales au
Gabon : le cas de la province de l'Estuaire, où il mentionne que la
croissance urbaine qu'a connue cette région, s'est faite de
manière inégale, dans la mesure où tous les mouvements se
faisaient en direction de Libreville. Outre l'inégale répartition
de la population urbaine, la province de l'Estuaire se caractérise par
une répartition inégale de ces équipements. Les
inégalités dans la province se manifestent à travers
l'hypertrophie de la capitale et de la dégradation des conditions de vie
des populations dans la région.
3-Enonciation des hypothèses
Ces travaux antérieurs ont guidé la construction de
l'hypothèse suivante :
La multiplication des centres urbains semble-t-il
n'a pas permis d'aménager la province de façon harmonieuse et
équilibrée, elle a plutôt amplifié les écarts
socio économique et démographique qui existaient
déjà dans cette province. Ces villes n'ont pas joué un
rôle dans l'aménagement de la province en faisant le contre-poids
à l'hypercentralisation librevilloise. Elles n'ont pas
bénéficié des décentralisations en particuliers les
équipements sociaux et de prestige.
Dans le cadre de notre étude, la stratégie
opératoire va se focaliser sur l'utilisation des théories
fonctionnalistes des réseaux urbains, largement appliquées en
Afrique Noire depuis la fin des années soixante10. Il s'agit
des grands modèles théoriques de la géographie et de
I'économie urbaine tels que : la théorie des places centrales de
CHRISTALLER (1933), la théorie des pôles de développement
de F. PERROUX et analyse hiérarchique des fonctions tertiaires des
villes de ROCHEFORT, appliquée à l'espace gabonais depuis les
années soixante.
10 Séminaire international de Rabat (15-17 mai
1990), Croissance démographique et urbanisation : politique de
peuplement et aménagement du territoire, PP 108-110.
13
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
C'est ainsi que le déterminant administratif a
progressivement été abandonné au profit des
critères relatifs à l'activité économique, le
postulat de base devenant alors l'antinomie entre "activité agricole" et
"urbain". Ainsi, dans la plupart des pays africains et notamment au Gabon, ces
approches fonctionnalistes des réseaux urbains, bâties sur
l'expérience européenne de l'urbanisation, permettent de dresser
un schéma simple de l'urbanisation : il existe une hiérarchie des
villes de l'intérieur, centres administratifs, industriels et
commerciaux, mais les pouvoirs de décision leur échappent
totalement au profit de Libreville, capitale au service d'un Etat
centralisateur, où se concentrent toutes les fonctions urbaines.
L'absence de dynamisme propre des villes de la province de l'Estuaire, la
faiblesse des flux de relations entre elles caractériserait la situation
gabonaise. D'où le constat d'absence de réseau urbain à
l'heure actuelle au Gabon, le pays étant dominé par la
"macrocéphalie" de Libreville, ville organisant seule la province, voire
même l'ensemble du pays.
2-1-1 L'observation directe.
Il constitue le point de départ de toute recherche et
sert à confronter nos hypothèses. Sur le terrain, notre
préoccupation était de voir si la création des nouvelles
communes de la province de l'Estuaire a eu un impact sur l'organisation de
l'espace de cette province.
Sur le terrain, les nouvelles communes qui ont
été créées à l'Estuaire ont répondu
au schéma classique de création des villes du Gabon. En effet,
les chefs-lieux de département ont été
érigés en commune pour remplir les fonctions administratives, de
contrôle de territoire et d'encadrement des populations, même si
quelques efforts ont été réalisés dans
l'implantation de certaines unités économiques.
Dans la province de l'Estuaire, les fonctions principales et
fondamentales qui sont assignées aux villes de cette région sont
les fonctions politique et administrative. En effet, le choix de cette fonction
se justifie au Gabon et particulièrement dans cette région, par
le fait qu'on s'est contenté d'équiper les anciens postes et donc
de renforcer l'armature urbaine, esquissée par l'administration
coloniale.11Ainsi l'agglomération de Libreville et les villes
de Ntoum, Kango, Cocobeach, Cap-Estérias et Ndzomoé sont par
11 R.POURTIER, 1989, Les états et le
contrôle territorial en Afrique Centrale : Principes et pratiques,
Annales de géographie, pp286-301.
14
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
essence des centres urbains à vocation politico
administrative, comme en témoigne les énormes investissements
consentis par l'Etat pour doter ces villes des équipements
nécessaires au contrôle et d'encadrement des populations. Par
exemple, toutes ces villes sont dotées d'une préfecture, d'un
poste de gendarmerie, d'une mairie, d'un conseil départemental, etc.
Mais en dehors de la fonction politique et administrative qui
a constitué le socle de la création des villes dans la province
de l'Estuaire, d'autres fonctions sont apparues, du fait non seulement des
potentialités naturelles que ces villes regorgent, mais aussi
grâce au développement que ces dernières ont connu. Ainsi,
dans la ville de Libreville, on retrouve une population active12 de
150 065, soit 36% de la population librevilloise. La fonction administrative y
est de première importance employant 28% de la population occupée
(42.000, dont 91,29% fonctionnaires d'Etat). La deuxième fonction, celle
des services, emploie 24 % de la population occupée, dont 1363 personnes
dans les banques. La fonction commerciale suit de près en employant
21,60% des résidents occupés. La fonction industrielle, en 5e
position seulement, emploie 8400 personnes (7%) principalement dans les
secteurs du bois et de l'agro-alimentaire13.
Owendo, en plus des services centraux de l'État,
concentre la fonction industrialo-portuaire, grâce notamment à une
importante zone industrielle et portuaire. Owendo abrite d'importantes
infrastructures minéralières, portuaires et industrielles : un
port en eau profonde, un port à bois, un port minéralier et un
terminal frigorifique. A cette fonction industrialo- portuaire, cette commune
pourrait, par ailleurs exercer une fonction touristique avec les deux
îles non exploitées :Coniquet et Perroquet ; deux grands fleuves
:la Lowé et l'Igoumié ; des plages et des aires de
randonnées ; des merveilleuses vues en Delta-plane et surtout un parc
hôtelier important.
S'agissant de la ville de Ntoum (à 42 km de Libreville,
vient du mot Fang « Töm » qui signifie fromager),
hormis la fonction administrative qui lui est dévolue, elle peut
également jouer le rôle économique, comme l'atteste de
nombreux projets agro-industriels comme le CIAM, l'IGAD qui y sont
implantés. En effet, Ntoum
12 Résidents de 10 ans et plus occupés
(selon la définition de la DGSEE) + chômeurs
13 Il est à souligner que tous ces chiffres
proviennent du recensement détaillé général de la
population et de l'habitat de 1993.
15
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
est considéré comme le grenier de la capitale
gabonaise. La ville et ses environs alimentent les librevillois en produits
agricoles frais. Les fruits et légumes produits dans cette région
sont écoulés sur les grands marchés de Libreville. En plus
de l'agriculture, Ntoum compte avoir une fonction industrielle et touristique,
à en juger par l'implantation de CIMGABON et de nombreuses scieries.
Pour la fonction touristique, la ville de Ntoum bénéficie d'une
bonne carte touristique : la mission catholique Saint Paul de Donguila
hissée sur le fleuve Komo, le Monastère des soeurs Clarisse
à Essassa, etc
Les villes de Cocobeach (qui signifie la « plage aux
cocotiers ») et de Kango ont les mêmes attributs. En dehors de
leur fonction administrative, elles ont par ailleurs des potentialités
touristiques à développer. Situées respectivement à
122 km et 91 kilomètres de la capitale, ces deux villes
bénéficient d'une bonne carte touristique, même si ces
potentialités touristiques ne sont pas valorisées. En effet, dans
la ville de Cocobeach, par exemple, on peut profiter des délices
procurés par le farniente au bord de mer et voir le mausolée
aux morts. Ce monument est dédié aux africains
incorporés dans l'armée française et morts aux combats
contre l'Allemagne14. Le même cas de figure se présente
à Kango, mais dont les potentialités halieutiques du fleuve Komo
serait la source d'attraction des visiteurs et autres commerçants.
Enfin, les communes du Cap-Estérias et de
Ndzomoé, de création récente, seraient à n'en point
douter des villes à vocation touristique de part leur site et situation.
En effet, la commune du Cap-Estérias, située à 31
kilomètres de Libreville est bâtie au coeur de la Forêt
Classée de la Mondah (CFM). Elle dispose des capacités
hôtelières non négligeables, un Hermitage ainsi que des
plages et d'un phare. Quant à la ville de Ndzomoé (qui signifie
en langue Fang le « piège à sorcier »), le
scénario est presque le même, puisqu'elle est bâtie entre la
réserve présidentielle et le Parc National de Pongara. Mais ne
dispose pas encore des structures hôtelières.
Au total, comme nous venons de le constater, les villes de la
province de l'Estuaire exercent au moins deux fonctions. Les fonctions politico
administrative et touristique sont exercées par toutes les villes, alors
que les fonctions industrielle et portuaire sont le monopole de
l'agglomération de Libreville et dans une moindre
14 Le quotidien d'information L'Union, du
jeudi 02 Avril 2009, P.17
16
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
mesure, la ville de Ntoum
2-1-2 Recherche documentaire.
Afin de mieux cerner notre problématique, nous avons eu
recours à plusieurs ouvrages et revues spécialisées qui
nous ont permis de bien circonscrire notre étude. De même, cette
recherche documentaire, s'est effectuée à la bibliothèque
de l'Université Omar Bongo, aux centres de recherche que compte le
département, à savoir : le LANASPET, le CERGEP et le LAGRAC.
Aussi, avons-nous pu nous rendre à la bibliothèque du Centre
Culturel Français et dans bien d'autres centres de documentation
(archives nationales, le C.I.CI.B.A, DGAT, ....).
2-2 Collecte de l'information
La collecte de l'information de notre travail de recherche
s'est essentiellement focalisée sur les entretiens, lesquels se sont
déroulés tour à tour auprès des responsables des
administrations publiques et privées de l'Etat, de la Direction
Générale à l'Aménagement du Territoire (DGAT), le
Ministère de l'équipement et de l'aménagement du
territoire, la direction chargée des collectivités locales et
celle de l'urbanisme qui ont, non seulement la charge de la création des
villes, de leur gestion, mais également de leur planification. Ensuite,
auprès des élus locaux, en l'occurrence les Maires. Et enfin
auprès des populations vivant dans ces centres urbains pour recueillir
leur avis sur leurs conditions de vie au quotidien.
IV- Limites et articulation de l'étude
1- Limites de notre étude.
Au cours de la réalisation de ce travail, des obstacles
majeurs ont entaché la réalisation de ce travail.
D'abord, les documents en rapport avec notre thème
étaient quasi inexistants dans les différents centres de
documentation de la ville. Ensuite, dans les différents
ministères, nous étions confrontés, soit à
l'absence des données statistiques, soit au refus de nous les
communiquer. Et quand elles étaient mises à notre disposition,
ces données souffraient de plusieurs lacunes, elles étaient
anciennes et incomplètes. Enfin, dans les différentes mairies de
la province, nous étions également confrontés, soit
à l'absence des données chiffrées, soit au manque de
personnel qualifié
17
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
pour nous donner des informations appropriées en
rapport avec notre thème de recherche.
2- Articulation du travail de recherche.
Le plan de notre travail se décompose en deux parties
qui ont chacune d'elles deux chapitres. Dans la première partie,
intitulé, le processus d'urbanisation de la province de
l'Estuaire, nous présenterons en chapitre1, l'historique de
l'urbanisation et la croissance démographique des villes; en chapitre 2,
le bilan de l'urbanisation et les politiques mises en places pour le
développement des villes de l'Estuaire. La deuxième
partie,titrée l'Impact de l'urbanisation sur
l'organisation de la province de l'Estuaire, traitera en chapitre 3,
les conséquences du processus de l'urbanisation dans la province de
l'Estuaire et enfin en chapitre 4, les perspectives de développement et
d'aménagement de la province de l'Estuaire.
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
18
PREMIERE PARTIE : LE PROCESSUS D'URBANISATION DANS LA
PROVINCE DE L'ESTUAIRE
19
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
D'une superficie totale de 20740 km2, soit 7,7% de la surface
totale du Gabon, la province de l'Estuaire est bordée au nord par la
Guinée Equatoriale, à l'est par le Woleu-Ntem, au sud par le
Moyen-Ogooué et l'Ogooué-Maritime, et à l'ouest par
l'Océan Atlantique. En 1960, date à laquelle le mouvement
d'urbanisation a vraiment commencé, le Gabon ne comptait qu'une seule
commune de plein exercice située dans l'Estuaire (Libreville).
Près de trente cinq (35) ans après, c'est-à-dire dans les
années 1990, la province a connu une dynamique communale qui a atteint
d'autres localités de la région, qui juste que là
étaient de simples relais d'administration coloniale. De ce fait,
comment s'est alors déroulé le processus d'urbanisation dans la
province de l'Estuaire ? Et quel diagnostic pouvons-nous faire de cette
urbanisation et surtout quelles ont été les différentes
politiques d'aménagement et études urbaines menées dans
cette province ? Ces deux grandes interrogations nous emmènent à
voir dans le chapitre 1, Historique de l'urbanisation et croissance
démographique des villes de la province de l'Estuaire et en
chapitre 2, le bilan de l'urbanisation et les différentes politiques
urbaines et d'aménagement de la dite province.
20
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
Chapitre 1 : Historique de l'urbanisation et croissance
démographique des villes de la province de l'Estuaire.
Dans ce chapitre, nous voulons mettre en lumière les
différentes étapes du processus d'urbanisation de la province de
l'Estuaire, depuis la période coloniale et ensuite d'évoquer la
question relative à l'accroissement démographique des villes de
la dite province.
I- Des villes de la colonisation aux communes de plein
exercice.
Comme pour de nombreuses villes africaines, le système
urbain Gabonais actuel est le résultat de l'action des pouvoirs
coloniaux, qui quadrillaient méthodiquement les territoires d'un
réseau de postes hiérarchisés, lesquels concentraient
toutes les fonctions politique et économique15. Ainsi,
l'organisation des communes du Gabon s'est réalisée
progressivement. Elle remonte à la fin de la période coloniale.
En 1955, Libreville et Port-Gentil étaient érigées en
commune de plein exercice, c'est-à-dire disposant d'un conseil et d'un
maire élu. Ce statut a été élargi en 1975 à
tous les chefs-lieux de province et à quelques autres villes, qui
n'étaient encore que des communes de moyen exercice. La politique de
décentralisation élaborée 1996 a conduit à
ériger tous les chefs lieux de département du statut de commune
de plein exercice16. Aujourd'hui, le Gabon compte 52 communes : les
49 chefs lieux de département auxquels s'ajoutent les communes de
Libreville, d'Owendo et de Mounana.
Dans la province de l'Estuaire plus particulièrement,
le développement des villes n'a pas échappé à ce
phénomène, car celles-ci sont des anciens postes coloniaux,
héritage de l'administration coloniale. Jusqu'à une date
récente, seule Libreville était une commune urbaine dans un vaste
« désert rural », alors que les autres villes n'étaient
encore que de simples relais de l'administration coloniale (Poste de
contrôle administratif, poste télégraphique...). Mais dans
les années 1990, l'armature urbaine s'est renforcée avec la vague
de nouvelles communes. En effet, il a fallu attendre près
15 Y. WGUERAT (Géographe ORSTOM), Note
sur l'urbanisation en Afrique Noire, E.R.S.S, 1977-1978, p.2
16R. M. NGUEMA. « Organisation administrative
» in Atlas de l'Afrique, Spécial Gabon, Editions J.A,
2004, p.23
21
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
de trente cinq ans, après la première
commune17, pour voir la dynamique communale atteindre d'autres
localités de la région. Malgré ce renouveau, l'armature
urbaine de la province de l'Estuaire reste encore embryonnaire
Ainsi, deux périodes majeures pourraient être
significatives pour caractériser la création des villes de la
province de l'Estuaire.
Jusqu'en mai 1957, il n'existait au Gabon que deux communes de
plein exercice, parmi lesquelles, la commune de Libreville qui fut la
première entité régionale du Gabon à
acquérir ce statut. Son statut privilégié peut trouver
l'origine dans la politique coloniale qui a favorisé l'essor
socio-économique et démographique des villes
côtières. En effet, la politique coloniale consistait au
développement des villes côtières. C'est ainsi que les
grandes villes africaines sont généralement situées sur
les côtes (Dakar, Douala, Libreville...), en situation de carrefour entre
une interface maritime et un ensemble continental, au débouché
d'une voie ferrée le plus souvent. Ces grandes villes jouent avec leur
port (port mole de Libreville et port d'Owendo), le rôle de tête de
pont sur tous les domaines.
Quant au statut des autres villes, avant l'accession de notre
pays à la souveraineté internationale, elles étaient soit
des postes de contrôle administratifs (Kango avait ce statut entre 1900
et 1957) ; soit des postes administratifs français (entre 1919 et 1960,
Cocobeach avait ce statut) ; soit encore des chefs-lieux du département
(Ntoum perdit ce statut en 1929 et le retrouva en 1982) et enfin d'anciens
villages de pêcheurs (Cap-Estérias et Owendo) et d'anciens
chantiers forestiers (Ndzomoé). Donc, avant l'indépendance de
notre pays, la province de l'Estuaire comptait qu'une seule commune de plein
exercice et les autres communes actuelles n'étaient rien que des
entités régionales sous tutelle coloniale.
Les villes gabonaises après l'indépendance sont
aussi le fait de l'administration. D'une certaine façon, la
République gabonaise apparaît comme la continuation du
système colonial dont les principes et pratique d'encadrement
territorial demeure aujourd'hui encore largement usitée.18
Ainsi, deux grandes phases caractérisent cette période.
17 Il faut retenir que la première commune de
la province de l'Estuaire a été érigée en 1955 et
que l'érection des autres communes se manifeste dans les années
1990.
18 R. POURTIER, 1989, Op cit.
22
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
Au courant des années 1990, Vu la loi n°41/93/PR
du 15 février 1993, le gouvernement ratifie selon l'ordonnance
N°010/93/PR du 4 octobre 1993 que certaines communes exercent les
fonctions de plein exercice, dont la commune d'Owendo, située dans le
département du Komo-Mondah dans la province de l'Estuaire.
En 1996, suivant la loi organique du 06 juin 1996, relative
à la décentralisation, le gouvernement gabonais décide que
chaque chef-lieu de département soit érigé en commune de
plein exercice. Dans la province de l'Estuaire, les départements du
Komo-Kango, de la Noya et du Komo-Mondah ont été
érigés en commune de plein exercice.
Dans les années 2000, en application des dispositions
des articles 7 et 9 de la loi N° 14/95 du 15 Avril 1996 portant
réorganisation territoriale de la république gabonaise, le
gouvernement érige, dans la province de l'Estuaire, Ndzomoé en
district et le district du Cap en département. Ainsi, le
département de Komo-Océan a pour chef-lieu Ndzomoé et
celui du Cap a pour capitale le Cap-Estérias. Et selon le décret
N°1290/PR/MIDSM à 1314/PR/MIDSM du 5 Septembre 1996, les
chefs-lieux du Komo-Océan et du Cap-Estérias deviennent
automatiquement des communes de plein exercice en 2007, c'est-à-dire
disposant d'un maire élu et d'un conseil municipal.
Aujourd'hui, la province de l'Estuaire compte cinq (5)
départements (Komo-Mondah, Komo-Kango, Noya, Cap-Estérias et
Komo-Océan) et sept (7) communes de plein exercice (Libreville, Ntoum,
Owendo, Cocobeach, Kango, Cap-Estérias et Ndzomoé).
23
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
Tableau n° 1 : Les communes de la province de
l'Estuaire.
Départements
|
Communes de plein
exercice
|
Année d'érection
|
Komo-Mondah
|
Libreville, Ntoum, Owendo,
|
Respectivement (1957, 1993
et 1994)19
|
Komo-Kango
|
Kango
|
En 1996, par le décret n°
1290/PR/MIDSM à
1314/PR/MIDSM du 5 Septembre 1996
|
Noya
|
Cocobeach
|
En 1996, par le décret n°
1295/PR/MISDM/ du 05 septembre 1996.
|
Cap-Estérias
|
Cap-Estérias
|
Le 21 août 2007, par
ordonnance n° 0018/PR/2007.
|
Komo-Océan
|
Ndzomoé
|
Le 19 juillet 2007, par
ordonnance n° 017/PR/2007.
|
Source : multiples.
A travers ce tableau 1, nous constatons que la création
des villes de la province de l'Estuaire s'est faite de manière
progressive. La première commune a été instituée en
1957 et la dernière en 2007. De même, il apparaît que
certaines de ces communes ont été créées par
ordonnance, c'est-à-dire que leur érection n'a pas l'objet d'un
projet du gouvernement et d'autres par décret, c'est-à-dire, une
décision du pouvoir gouvernemental dont les effets sont semblables
à ceux des lois. Toutes ces manoeuvres montrent justement l'emprise de
l'Etat sur les décisions de la création ou non d'une ville. Par
ailleurs, c'est le département du Komo-Mondah qui abrite le plus grand
nombre de communes (trois sur les sept que compte la province). Les quatre
autres départements ont chacun une commune. Si le développement
des villes a été progressif dans cette région, mais
comment s'est effectuée alors la croissance démographique de ces
dernières ?
19 Libreville a été consacrée
commune de plein exercice par l'ordonnance municipale du 06 avril 1963 et a
été divisée en arrondissement depuis l'ordonnance n°
19 du 19 mars 1974. La commune d'Owendo, quant à elle, recouvre ce
même statut par la loi n° 14/93, du 15 février 1994. Enfin la
commune de Ntoum acquiert le statut de commune de plein exercice par
l'ordonnance n°14/93, du 14 octobre 1993.
24
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
Carte n° 2 : Carte représentant
l'évolution des communes urbaines de la province de
l'Estuaire.
25
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
II- La croissance démographique des villes de la
province de l'Estuaire.
De 1919 à 1960, date à laquelle le mouvement
d'urbanisation a vraiment commencé, l'ensemble des villes ne
dépassait guère 70.000 à 100.000 habitants. Seule
Libreville, située dans la province de l'Estuaire comptait environ
25.000 habitants20 à cette époque.
Lors du recensement de 1980, la province de l'Estuaire
comptait 252500 habitants21. En 1993, cette population a
été évaluée à 463.487 habitants, dont
427.950 urbains contre 35237 ruraux. Ainsi, en 1993, la population urbaine de
cette province représentait 92%22de la population totale de
la province. Lors du recensement de 2003, on estime le poids
démographique de cette province à près de 736.812
habitants23, où toujours la proportion des urbains est la
plus dominante et se situe à plus de 90%.
La croissance démographique des villes de cette
province a donc 0augmenté et à un rythme soutenu surtout dans la
capitale. Les autres villes de cette province présentent la même
situation mais à un rythme modéré. Ainsi, de 1993 à
2003, la population de Ntoum est passée de 6.213 habitants à
12.025 habitants et se situerait selon le recensement communal (2009) à
près de 14000 habitants. Durant la même période, la
population de la commune de Cocobeach a été multipliée par
quatre (4) et passant de 1.164 habitants à 4.315 habitants. Celle de la
ville de Kango a été multipliée par trois (3) passant
ainsi de 962 habitants en 1993 à 3.613 habitants en 2003. La population
de la ville d'Owendo s'élevait en 2003 à 40.157 habitants et lors
du recensement de 2009 effectué par la commune, ce chiffre se situerait
à près de 60.000 habitants. En 2003, la population du
Cap-Estérias et celle de Ndzomoé s'élevaient
respectivement à 712 et 80 habitants. Et aujourd'hui, cette population
s'estimerait pour le Cap-Estérias à près de 1000 habitants
et pour Ndzomoé à 300 habitants. Malgré une
évolution significative de la population des villes de l'Estuaire,
Libreville reste la grosse tête de la province avec plus de 91% de la
population urbaine.
20Ministère de la Planification et de
l'Aménagement du Territoire, PAPSUT, Stratégie urbaine au
Gabon, septembre 1999, p.2.
21 Ministère de la Planification et de
l'Aménagement du Territoire, CGAT, Livres blancs ESTUAIRE
(1981), p.18
22 Ce résultat a été obtenu en
faisant le rapport entre la population urbaine et la population totale de
province de l'Estuaire.
23 Les données proviennent du Recensement
Général de la Population et de l'Habitat de 2003, p.3
26
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
Tableau n° 2 : Evolution de la population des
villes de la province de l'Estuaire de 1960 à 2003.
Communes
|
Pop 1960
|
Pop1980
|
Pop 1993
|
Pop 200324
|
Libreville
|
31000
|
185.100
|
419.596
|
623.621
|
Owendo
|
10025
|
6.04726
|
25.234
|
40.157
|
Ntoum
|
-
|
-
|
6.213
|
12.025
|
Kango
|
-
|
-
|
962
|
3.613
|
Cocobeach
|
-
|
-
|
1.164
|
4.315
|
Cap-Estérias
|
-
|
-
|
-
|
712
|
Ndzomoé
|
-
|
-
|
-
|
80
|
Source : G. Sautter (1958), RGPH (1993 et 2003).
A partir de ces chiffres, nous observons que la population des
villes de l'Estuaire a augmenté d'années en années. Si
l'évolution de cette population est perceptible dans
l'agglomération de Libreville où nous avons les chiffres depuis
1960, pour les autres villes, la connaissance de leur poids
démographique n'est perceptible qu'au courant des années 1993,
par manque de données statistiques fiables.
Mais seulement, quelles sont les causes et les
conséquences de cet accroissement démographique dans les communes
de cette province ?
Graphique n° 1 : Evolution de la
population urbaine de la ville de Libreville de 1960 à 2003.
400000
200000
700000
600000
500000
300000
100000
0
Evolution de la population urbaine de Libreville de 1960
à 2003
pop 1960 pop 1980 pop 1993 pop 2003
pop urbaine de LBV
24 Retenons que les résultats du RGPH de 2003
ont été corrigées et validées par la cour
constitutionnelle.
25 R.POURTIER, Gabon, espace, territoire et
société, Tome 1, harmattan.P.16.
26 Mairie d'Owendo, guide touristique de la ville,
1998.
27
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
Source : G. Sautter (1958), RGPH (1993 et 2003).
Graphique n° 2 : Evolution
de la population de la ville d'Owendo de 1960 à 2003.
40000
20000
50000
30000
10000
0
Evolution de la population d'Owendo de 1960 à
2003
1960
pop
1980
pop
1993
pop
2003
pop
pop urbaine Owendo
Source : G. Sautter (1958), RGPH (1993 et 2003).
Ces deux graphiques présentent l'évolution
croissante de la population de l'agglomération de Libreville à
partir des recensements de la population de 1960 jusqu'en 2003.
II.1. Les causes de la croissance démographique des
villes de la province de l'Estuaire.
Plusieurs facteurs ont participé à
l'accroissement démographique des villes de la province de l'Estuaire.
Parmi ces facteurs, nous ne retiendrons que deux principalement, à
savoir: les pesanteurs historico-politques et les causes économiques.
II.1.1. Les causes historico-politiques.
La population des villes de la province de L'Estuaire a
augmenté du fait de certains faits historiques que notre pays a connu
avant et après son indépendance. En effet, lors des grands
voyages maritimes sur la côte de l'Afrique, les portugais, en 1472,
baptisèrent le pays « Rio Gabao » quand ils
pénétrèrent dans l'estuaire, en raison de sa forme
semblable à un caban (Gabao en portugais). Le nom « Gabao
» se transforma ensuite en Gabon. Lopez Gonsalvez, donna son nom au Cap
Lopez en 1480. Le pays se réduisit alors au grand estuaire habité
par les Mpongwé, au Cap Lopez et au pays des lagunes. Jusqu'au
XVIIIème siècle, les tribus côtières entretinrent
des relations commerciales avec les européens. Ces activités se
réduisirent essentiellement au troc et
28
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
à la traite des esclaves. Par ailleurs, dans sa mission
de représentation de la traite des noirs dans l'Atlantique sud en 1839,
la marine française obtint le droit d'installer une base sur la rive
gauche de l'estuaire, puis sur la rive droite, point de départ d'une
colonie du Gabon. La première ville de la province de l'Estuaire,
Libreville naquit en 1849 par les esclaves libérés. Comme le
rappelle ce fait historique, la province de l'Estuaire, grâce à
son ouverture maritime, a été la première région du
Gabon où les européens27 et les peuples autochtones
(les Ndiwa et les Mpongwé) entrèrent en relation et entretinrent
des relations commerciales. Ce fait a très vite attiré et
fixé les populations de l'intérieur du pays vers la côte
Entre autres faits majeurs ayant entraîné
l'augmentation de la population urbaine, la tenue du 34ème
sommet de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) en 1977 au Gabon ;
la construction du Transgabonais ; la rénovation des quartiers
insalubres et la revitalisation du centre-ville de la capitale. Ces travaux
touchaient particulièrement le secteur routier et celui de l'immobilier.
Compte tenu des énormes travaux à réaliser, l'Etat a
été contraint de faire appel à une main-d'oeuvre
étrangère. Ainsi, Libreville a connu l'arrivée des
populations immigrées venues de tous les pays de l'Afrique centrale et
de l'Ouest, de Yougoslavie du Liban et de Syrie (10000 personnes en1984 et 20%
de la population de Libreville en 1993).28 Le « grand chantier
Libreville » a généré 7000 emplois29. Pour
les autres villes de la province, la croissance démographique aurait
débuté lorsqu'elles ont été érigées
en commune de plein exercice, puisque l'Etat a mis en place certaines
structures nécessaires pour encadrer les populations des communes de
Kango, Cocobeach, Ntoum, Ndzomoé et du Cap-Estérias.
A côté de ces facteurs historique et politique,
il y a également l'accroissement naturel, du fait d'une politique
nataliste et de meilleures conditions de vie, qui ont également
participé à l'augmentation des urbains dans la province de
l'Estuaire. En effet, la mortalité s'est effondrée, du fait de
l'amélioration de la situation sanitaire et
27Ce qualificatif renvoi à tous les
explorateurs qui ont touchés nos cotes. Ainsi, les cotes gabonaises ont
été successivement visitées d'abord par les portugais,
puis vint les hollandais et les anglais et enfin les
français.
28R-M NGUEMA, 2008, « Politique publique et
macrocéphalie urbaine en Afrique Centrale : essai de géopolitique
du territoire métropolitain de Libreville », in Enjeux-
N°34-35, pp.33-39
29 Idem.
29
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
médicale dans l'ensemble avec des taux de
mortalité bas (15 pour mille au Gabon). Dans le même temps, la
natalité demeure forte (40 pour mille au Gabon)30,
d'où la structure par âge qui est particulièrement jeune
(majorité de moins de 20 ans dans toutes les villes de la province, et
les 2/3 des citadins ont moins de 25 ans). Ainsi, l'accroissement naturel
devient aujourd'hui, le principal moteur de peuplement dans les autres villes
de la province de l'Estuaire.
En somme, les facteurs historico-politques, comme nous venons
de le voir ont entraîné une augmentation de la population des
villes de la province de l'Estuaire, mais seule Libreville a
bénéficié de cet accroissement démographique car
cette ville est devenue la porte d'entrée et de sortie de tous les
flux.
II.1.2. Les facteurs économiques.
Les activités industrialo-portuaire, commerciale et la
qualité de l'offre des services développées dans les
villes de la province de l'Estuaire ont drainé une forte population en
provenance de l'intérieur du pays. Mais, seule l'agglomération de
Libreville a pu bénéficier de ces migrations internes et
externes, dans la mesure où l'essentiel de l'économie de la
province de l'Estuaire est concentrée dans cette ville. On y retrouve
tous les sièges sociaux des grandes entreprises, les commerces, les
industries génératrices d'emplois salariés et toute une
série d'activités motrices. Le développement de ces
activités dans l'agglomération de Libreville a fait de cet
espace, un pôle attractif qui capte tous les flux en provenance de
l'intérieur du pays. Ainsi, l'exode rural s'est accentué du fait
que Libreville émet une force attractive qui se manifeste par les
possibilités très considérables d'emplois, les statuts
très hiérarchisés de la société urbaine et
les séductions de la « culture urbaine » devenue dominante.
Le potentiel économique de Libreville a un effet
attractif sur les populations et a ainsi contribué à
l'accroissement démographique de cette ville qui, selon certaines
sources, regorgerait à peu près 45% de la population du pays. Les
autres villes de la province étant presque vide. Ce constat
établi peut s'observer dans les faits, d'après les statistiques
à l'exception de la commune de Ntoum avec l'usine de cimenterie, des
cinq(5) scieries et une bonne quantité de briqueteries qui y sont
implantées, partout
30 C. MBOUTSOU, « Population et
démographie » in Atlas de l'Afrique, Spécial Gabon,
Editions J.A, 2004, p.24.
30
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
ailleurs l'implantation permanente d'industrie est rare. Les
forestiers sont également présents mais leurs activités
sont irrégulières.
II.2. Les conséquences de l'augmentation de la
population urbaine.
Compte tenu des facteurs historico politique et
économique, les villes de l'Estuaire ont connu une expansion sans
précédent, surtout dans l'agglomération de Libreville, du
fait de l'évolution croissante de sa population. En effet, la forte
croissance de celle-ci a eu comme conséquences majeures :
l'étalement spatial et la dégradation des conditions de vie des
urbains dans la province.
II.2.1. L'extension spatiale de quelques villes dans
l'Estuaire.
Les villes de la province de l'Estuaire ont connu une
expansion spatiale sans précédent. Cette dynamique spatiale s'est
manifestée par le déplacement des limites urbaines et le passage
d'une forme en étoile à une forme massive par absorption d'une
couronne supplémentaire.
C'est ainsi que la plupart de ces villes ont vu leurs sites
originels s'étendre. A Owendo, par exemple, la ville était
circonscrite à la pointe où est actuellement le port et
aujourd'hui le périmètre urbain s'estime à 3410 hectares.
Le même cas de figure se présente à Ntoum où le
noyau initial (Case d'écoute) s'est étendu et atteint près
de 482 hectares. De même, le périmètre urbain de la ville
de Cocobeach occupe une superficie de 100km2, tandis que celui de Kango occupe
une superficie de 42000m2. Par ailleurs, il est à souligner que la
croissance urbaine enregistrée dans les communes du Gabon a fait en
sorte que l'Etat décide en 1996, d'intégrer les anciens villages
situés dans un périmètre de 6 à 7 km dans toutes
les communes du pays. Mais seulement, comment s'est réalisé
l'étalement spatial de la ville de Libreville ?
La dynamique démographique que la capitale a connu
s'est inévitablement accompagnée d'une extension
périphérique de la ville, étant le cas le plus
fréquent et généralisé des villes africaines
dévoreuses d'espace. De fait, l'agglomération de Libreville
connaît depuis près de trois décennies, une extension
soutenue et globalement incontrôlée (Martin, 2000). De 8
kilomètres du Nord au Sud et 1,7 kilomètres d'Ouest en Est en
1970, la ville s'étale aujourd'hui sur 13 kilomètres vers
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
l'intérieur des terres et environ 30 kilomètres
du Nord au Sud31.Ainsi sur le plan du découpage
administratif, on est passé de quatre (4) arrondissements en 1975
à six (6) arrondissements depuis 1995. Au vu du rythme de
l'évolution de la population et, surtout du système d'occupation
du sol particulièrement anarchique, le processus d'étalement de
la ville ne va certainement pas aller en ralentissant. Seulement, les
principaux axes de cette extension s'orientent surtout vers les
périphéries Nord (Agondjé- Okala) et Est (Nzeng-Ayong-
Sibang- Bikélé).
Figure n° 1 : Les étapes de l'expansion de
Libreville d'après G. LASSERRE.
31
Source : LASSERE G, 1958,
Libreville, la ville et sa région.
Cette figure montre effectivement l'extension spatiale de la
ville de Libreville depuis 1880 jusqu'à 1970. En effet, cette la
dynamique spatiale s'est orientée vers les parties Est, Nord et Sud,
augmentant ainsi le périmètre urbain de la ville.
31 Ministère de la Planification et de
l'Aménagement du Territoire, PAPSUT, la problématique des
extensions urbaines, Vol.11 annexe 1, paris A. Colin, 2001, p.18
32
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
Figure n° 2 : Les étapes de l'extension de
la commune d'Owendo.
Source : carte de Libreville 1/50000 (1987)- 1/20000
(1983).
II.2.2. La saturation du réseau routier et la
dégradation des conditions de vie des citadins.
Hormis l'étalement spatial de la ville, l'augmentation
de la population dans les centres urbains de la province a eu comme effet, la
saturation des voies de communication de Libreville et la dégradation
des conditions de vie des populations.
S'agissant de la saturation des voies de communication, il est
à retenir que le retour dans les quartiers sous-intégrés
du centre urbain d'une part importante de la population déguerpie de
parcelles reconnues d'utilité publique entraîne une plus grande
saturation du réseau routier existant aux heures de pointe. Les heures
de fermeture groupées des bureaux, de certains commerces, services et
écoles à midi et le soir, concentrent fortement les horaires de
retour au domicile à partir des différents lieux
d'activités : de 6 h à 9 h et 16 h à 19 h, plusieurs
milliers de déplacements s'effectuent
33
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
chaque jour entre les différents points du centre
urbain et entre celui-ci et la semi-périphérie. Dans les
principales intersections, le carrefour des feux tricolores de Nzeng-Ayong,
celui de Rio et de l'échangeur du PK 5, de nombreux véhicules
individuels ou à usage de taxi (2000 environ) créent de longues
files d'embouteillage qui allongent les trajets des usagers parfois de plus
d'une heure.
Pour ce qui est de la dégradation des conditions de vie
des populations de cette ville, il est à souligner que l'absence
d'outils de planification et la croissance urbaine ont donné lieu aux
problèmes de contrastes de l'habitat, les conditions précaires de
la vie, l'occupation sauvage ou spontanée des sols, les inondations, les
difficultés de gestion des déchets et pollutions, carence
d'espaces de jeux, paupérisation urbaine, macrocéphalie,
développement d'un urbanisme de débrouillardise; infrastructures
de communication déficientes entraînant par exemple, le
pourrissement à la campagne des produits vivriers dont la ville a un
cruel besoin, corruption des responsables à différents niveaux,
l'insalubrité, les problèmes d'approvisionnement en eau potable
et en électricité, d'assainissement et de santé
publique.
Cependant, ses actions se manifestent à des
degrés divers et sont proportionnelles, non seulement au poids
démographique des villes, mais aussi et surtout aux
disponibilités de terrains aménagés. C'est ainsi que ses
problèmes se posent avec beaucoup d'acuité dans la ville de
Libreville à cause de sa forte croissance démographique, alors
que les autres villes de cette province, les subissent modérément
ou pas du tout.
Mais seulement, quel bilan pouvons-nous faire de
l'urbanisation dans cette province ? Et quelles ont été les
politiques d'aménagement mises en place par les pouvoirs publics pour
développer les villes de cette province et susciter un
développement équilibré de la province. ? Ces deux
principales interrogations constitueront le deuxième chapitre de notre
travail.
34
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
Chapitre 2 : Bilan de l'urbanisation et les politiques
mises en place pour le développement des villes de la province de
l'Estuaire.
Ce chapitre consiste à faire le diagnostic du processus
d'urbanisation dans la province, c'est-à-dire de faire une étude
rétrospective des politiques d'aménagement et études
urbaines que les pouvoirs publics ont élaboré pour
développer et équilibrer les villes de cette province.
I- Bilan de l'urbanisation dans la province de
l'Estuaire.
I.1. Les atouts du processus d'urbanisation dans la
province de l'Estuaire.
Comme l'affirme François Paul
YATTA32 « la ville est productive
et l'urbanisation porteuse de mutation qualitative pour les agrosystèmes
urbains ». En effet, s'il est évident que l'urbanisation
africaine comporte des manifestations spatiales et sociales
«négatives» dues essentiellement au déficit
d'aménagement et de gestion, elle imprime cependant une dynamique
évidente de développement et contribue significativement à
l'amélioration du niveau de développement des pays. De ce point
de vue, elle se constitue en un véritable moteur de la vie
économique et le principal foyer de modernisation et de progrès
social.
I.1.1. Modernisation des villes de la province.
Considérant que la ville est un lieu par excellence
où se concentrent certains services rares et où partent des flux
pour dynamiser son environnement immédiat, il importe de mentionner que
le fait d'avoir créé les nouvelles communes dans la province de
l'Estuaire a eu comme effet, la modernisation de ces régions. Dans la
province de l'Estuaire, le processus d'urbanisation, insufflé par les
revenus issus de l'or noir des années 1970, a contribué à
doter les villes de cette région des équipements et
infrastructures de base, nécessaires à leur
développement.
Ainsi, la plupart de ces villes se sont vues construire des
infrastructures et bâtiments modernes. C'est le cas par exemple de
l'hôtel de ville de la commune de Cocobeach et d'Owendo, les salles
polyvalentes de Kango et de Cocobeach, le service du trésor de
Cocobeach, les bâtiments administratifs (celui de Ntoum), l'ENEF au
Cap
32 P.F YATTA, 2006, Villes et développement
économique en Afrique, Anthropos, p.56
35
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
et bien d'autres équipements modernes. Ces
équipements et infrastructures contribuent largement au
développement de la province car les populations de ces régions,
malgré le fait que leurs activités soient encore essentiellement
rurales (agriculture et pêche), bénéficient largement des
services issus de ces bâtiments modernes. Ces derniers, qu'ils soient
d'ordre privé ou public, ont fait de ces villes des lieux presque
exclusifs de modernité, du développement économique, du
changement social et culturel33.
I.1.2. Un moteur de la vie économique
provinciale.
Après avoir montré que le développement
des villes dans la province de l'Estuaire s'est accompagné d'une
certaine modernisation de ces régions, il apparaît évident
que ce même développement des unités urbaines dans la
région s'est manifesté comme le moteur de la vie
économique de la province. En effet, les quelques organes
déconcentrés de l'Etat, comme les services de la douane et de la
marine marchande que l'on rencontre dans les villes de Cocobeach et d'Owendo ;
du Conseil Gabonais des Chargeurs (C.G.C),la police de l'immigration, de la
brigade des pêches (Kango, Cocobeach, Ntoum) et du cantonnement des eaux
et forêts, localisé dans toutes les villes de la province,
participent d'une manière ou une autre au rayonnement économique
de ces villes, dans la mesure où ils procurent des recettes à
l'Etat.
Par ailleurs, les centres urbains de la province de l'Estuaire
peuvent se positionner comme le moteur de la vie économique par le fait
qu'ils regorgent des équipements marchands (Marchés de
Mont-bouet, Louis, Nkembo, Ntoum, Cocobeach...). Ces marchés organisent
l'activité économique de ces régions en offrant aux
populations des sites où ils peuvent écouler leurs produits.
Cependant, il est à retenir, que Libreville constitue le moteur de la
vie économique provinciale par les activités économiques
qui y sont développées, alors que les autres centres urbains,
bien qu'offrant certains services pourront devenir des moteurs de vie la
économique si et seulement si l'Etat implante les activités
économiques dans ces localités.
33 F. ONDAMBA OMBANDA, 2004, « Urbanisation
», in Atlas de l'Afrique/ spécial Gabon, Ed. J.A, p.28.
-La préfecture et la direction provinciale de
l'urbanisme qui structurent la ville de Ntoum et donnent à cette
dernière une allure moderne.
- . Cet imposant bâtiment donne à cette ville
une allure moderne.
Photo 2 : L'hôtel de ville de la commune de
Cocobeach.
- Ce bâtiment a été entièrement
rénové. Il donne à cette contrée une allure
moderne, de part la qualité des matériaux utilisés et la
grandeur du site.
Photo 3 : Un bâtiment administratif
localisé dans la ville de Ntoum.
Clichés : D. NTSEBE ONONO, Juin
2010
Photo 1 : La salle polyvalente de
Cocobeach.
36
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
Planche n°1 : Quelques bâtiments
modernes des villes de l'Estuaire.
37
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
I.2- Les inconvénients du processus d'urbanisation
dans la province de l'Estuaire
I.2.1. Une dynamique d'urbanisation inégale dans
la province.
Malgré l'aspect moderne des villes, le
développement s'est effectué de manière inégale et
a donné naissance au phénomène de macrocéphalie
urbaine de la ville Libreville, se positionnant ainsi comme a grosse ville. En
effet, bénéficiant d'un double statut de chef-lieu de la province
de l'Estuaire et également de capitale administrative du pays,
Libreville a attiré l'attention des pouvoirs publics qui voulaient se
doter d'une capitale dynamique, forte et attrayante, comme l'atteste des
énormes investissements et projets qui se sont produits dans cette
ville. Cependant, cette envie de vouloir se doter d'une telle capitale a
contribué à délaisser les autres villes de la province,
notamment : Kango, Ntoum, Cocobeach etc. C'est ainsi que la croissance rapide
et désordonnée qui s'en est suivie a été
plutôt néfaste à un arrière pays sous-peuplé
et peu dynamique. Son effet attractif serait à l'origine du vide
économique, démographique et infrastructurel du reste de la
province.
Aujourd'hui, la capitale de l'Estuaire connaît des
problèmes aigus d'occupation de l'espace, de transports,
d'équipements et surtout d'assainissement, par manque d'une politique
cohérente en matière d'aménagement, face à une
explosion démographique difficilement
contrôlable.
I.2.2. Une dynamique d'urbanisation sans
véritable offre de services
Une des grandes particularités des villes de la
province de l'Estuaire et plus généralement du Gabon est la forte
population qui exerce l'activité agricole. En effet, plus de la
moitié de la population ont l'agriculture et la pêche comme
principale activité. Ce qui fait que ces villes conservent toutes un
caractère plutôt rural, qui se manifeste par l'insuffisance
notoire d'infrastructures et de voirie urbaines (Cap-Estérias et
Ndzomoé). Cette situation contraste avec l'apparition de nouveaux
besoins, notamment en matière d'équipements : en santé, en
éducation, en routes, en assainissement, en eau, en
électricité, en logements, en gestion des déchets, en
services divers etc., qu'elles n'arrivent pas à satisfaire. On a
plutôt affaire à une urbanisation sans équipements
collectifs ni offre de services urbains de base34. Ainsi, si le
statut de
34D.DIOP, Urbanisation et dynamiques urbaines dans
la région de MATAM : état des lieux et perspectives, Postdoc au
CERIUM, p.3
38
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
ces agglomérations a évolué du point de
vue administratif, leurs activités n'ont quasiment pas changé. Ce
qui fait que nombre de leurs habitants résident en ville, mais
s'occupent des activités agricoles (rurbains).
Le bilan de l'urbanisation dans la province de l'Estuaire
s'est révélé à la fois positif et négatif.
Cependant, ce processus d'urbanisation n'a pas freiné l'exode rural vers
la ville de Libreville qui a attiré un nombre important de populations.
De ce fait, quelles ont été les différentes politiques
d'aménagement régional et études urbaines mis en place par
les pouvoirs publics pour lutter contre cet afflux massif des populations vers
Libreville ?
II. Les différentes politiques
d'aménagement régional et études urbaines de la province
de l'Estuaire.
II.1. Les politiques d'aménagement régional
de la province de l'Estuaire.
II.1.1.Les documents de planification.
Dans le souci de mieux répartir les hommes, les
activités, les équipements et infrastructures au Gabon et
singulièrement dans la province de l'Estuaire, les pouvoirs publics, par
l'intermédiaire du Ministère de la Planification et de
l'Aménagement du Territoire, vont élaborer des documents de
planification, des institutions et des *outils de développement dans la
province de l'Estuaire.
Pour accompagner cette volonté politique des faits,
sera créé en 1983 le Commissariat Général à
l'Aménagement du Territoire (CGAT) par le Décret n°
00718/PR/MPAT du 31 mai 1983, après suppression de l'ancienne Direction
de l'Aménagement du Territoire et de l'Action Régionale (DATAR)
créée par décret n° 959/PR/MEDPR/MPAT/CAD du 30
août 1972. Le CGAT est chargé de définir pour l'ensemble du
pays et pour chaque région les objectifs et les conditions d'un
développement et d'une répartition équilibrée
à long terme des activités économiques et sociales, de
participer à toutes les opérations susceptibles d'avoir un impact
sur l'aménagement du territoire et d'en contrôler
l'adéquation aux objectifs fixés. Mais bien avant cette date,
sont également créés les Livres Blancs de chaque province
et notamment celui de la province de l'Estuaire. Ces documents essentiels
avaient non seulement pour objectif, d'identifier des problèmes majeurs
qui caractérisent la
39
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
situation économique et sociale de la province et de
leurs tendances évolutive, mais aussi et surtout de faire l'inventaire
des possibilités de développement (orientations principales et
projets chaque fois que possible) spécifique à la province.
De même, lors du conseil des Ministres du 08 mars 1986,
sont mis en place au niveau institutionnel, les Comités Provinciaux
d'Expansion Economique et Sociale (CPEES). Ces derniers sont chargés
d'appliquer la politique d'aménagement du territoire au niveau
provincial. Toujours à la même année, Les Schémas
d'Aménagement Régional (SDAR) ont été
élaborés en vue d'établir une liste aussi complète
que possible des opérations qu'il paraissait souhaitable de promouvoir
avant la fin du siècle dernier dans chaque province gabonaise afin d'y
assurer un développement harmonieux et équilibré.
Seulement, en dépit des efforts observés dans le
rééquilibrage socio-économique et démographique du
pays, la politique d'aménagement du territoire a été
fortement critiquée.
La première critique concerne l'éparpillement
des compétences aménagistes entre les institutions
spécialisés. Cette politique reste « une opération
diffuse et implicite dans les politiques sectorielles »35, car
c'est à l'intérieur des projets d'environnement,
d'équipements, d'assainissement ou de développement rural,
initiés par différents ministères, que sont inscrites des
actions d'aménagement du territoire.
Faute d'une politique concertée, les problèmes
sont réglés par le recours aux projets spécifiques de
développement souvent encouragés par les bailleurs de fonds.
C'est dire que les approches sectorielles évoluent sans
véritables concertations entre les administrations. Ainsi, l'existence
de plusieurs acteurs a fortement segmenté les interventions et
empêché la cohésion des actions et donc la poursuite des
objectifs communs de développement.
L'autre incohérence réside dans la structure
politico-administrative du pays. Le Gabon est en effet un pays unitaire et
centralisé. La politique d'aménagement du territoire « par
le haut » s'est certes soldée par l'implantation des structures de
base et administratives qui ont été engagés dans les
réseaux de l'éducation, de la santé, du
35M. A. BOUSSOUGOU, 2005, « politique
d'aménagement du territoire au Gabon, bilan et perspectives » in
Actes du colloque sous-régionale sur l'Aménagement,
Libreville, p.29
40
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
transport et plus majoritairement dans la construction des
édifices publiques. De prime à bord, ces efforts laissent
transparaître un développement équilibré du
territoire. Cependant, les conclusions de la commission
interministérielle sur la réforme administrative (CIRA),
initiée au ministère de la fonction publique gabonaise en 1989,
sont plutôt critiques. En effet, malgré cette implantation
relativement importante de l'administration dans l'hinterland, il n'y a eu pour
l'essentiel qu'un déplacement des organes régionaux
dépendant totalement du pouvoir central basé à
Libreville.
La troisième critique concerne la relative
instabilité de l'administration de l'aménagement du territoire.
Avant la création du ministère de l'aménagement du
territoire en 2002, son administration a été rattachée
successivement à quatre départements
ministériels36. Ces nombreux rattachements n'ont pas permis
à l'administration de l'aménagement du territoire de remplir les
missions d'orientation, de coordination, de stimulation, de suivi et de
contrôle de projets qui lui était dévolues.
II.1.2. Les fêtes tournantes.
Contenu dans un programme de développement
économique et social, le principe des fêtes tournantes,
initiées par l'ancien chef d'Etat Omar Bongo Ondimba, dans les
années 1970 constatant les déséquilibres entre Libreville
et l'arrière pays et repris en 2002, avait pour objectif principal de
doter l'ensemble des provinces du pays en infrastructures de base : adduction
d'eau, électrification, aménagement des voieries, construction
des routes, ponts, dispensaires, écoles, etc. Autant d'infrastructures
indispensables pour désenclaver, développer les villes et
campagnes du pays. Ces dernières devraient ainsi contribuer au
développement de nos capitales provinciales et partant du tissu
économique et social du pays dans son ensemble.
La province de l'Estuaire, qui fait l'objet de notre
étude a abrité successivement les éditions de 2006 et
2007. Dans cette province la somme alloués à ses deux
éditions atteindrait la bagatelle somme des 100 milliards,
c'est-à-dire 50 milliards pour chaque édition. L'Estuaire qui
boucle cette deuxième phase, s'illustre par un énorme
gâchis,
36L'administration de l'aménagement du
territoire a été rattachée successivement aux
ministères du Tourisme (198-1983 ; Planification (1983-1987) ; Travaux
publics (1987-1990) ; Contrôle d'Etat (19941997) ; Urbanisme et Habitat
(1997-1999 ; Planification (1999-2002).
41
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
malgré les quelques monuments construits (la place de
la paix à la Cité de la démocratie, celle de la
Tolérance au quartier Rio, le monument de la fraternité, etc.
Egalement la réhabilitation de certaines voies de communication. C'est
ainsi que les 50 milliards décaissés en 2006 n'ont pas
été entièrement mis à la disposition des
sociétés adjudicataires des travaux. Résultat : une
tribune officielle qui ressemble plutôt à un vaste hangar, des
nids de poule qui refont surface, de nombreux bâtiments
inachevés.
Par ailleurs, des inégalités sont apparues dans
la redistribution de la somme allouée entre les villes de la province.
La capitale, comme toujours a été priorisée et s'est
« taillée la part du lion », délaissant ainsi les
autres villes de la région. Même à Libreville, des
disparités ont été constatées, dans la mesure
où, certaines zones ont été préférées
à d'autres. Par exemple : les pavés n'ont été
posés que dans le deuxième arrondissement, fief électoral
de l'ancien chef du gouvernement. Ce constat est aussi élargit dans
presque toutes les provinces, où certains membres du gouvernement et
élus locaux, ont relégué à l'arrière-plan,
les aspirations des populations à plus de progrès social, au
profit de leurs intérêts partisans et de leurs « bas de laine
». Elles ont plutôt tracé, pour reprendre le titre du
célèbre ouvrage de Von Hayek,"la route de la servitude"
pour certains compatriotes qui se sont embourgeoisés en se servant
dans les caisses des Fêtes tournantes. Sans compter les projets
fantaisistes et mal ficelés qui ne débouchent sur aucun chantier
concret. Ainsi, le bilan des fêtes tournantes dans cette province, pour
les plus optimistes est mitigé. Des avancées timides, mais
notables il est vrai, ont été enregistrées ici et
là.
II.2. les études et outils d'aménagement
urbain.
II.2.1. Les textes et les documents d'urbanisme.
La législation urbanistique du Gabon est fondée
sur la loi 3/81 du 8 juin 1981 qui « fixe le cadre de la
réglementation destinée à permettre un
développement harmonieux et rationnel des agglomérations, et
d'assurer la sécurité et le bien-être des habitants »
(loi 3/81, art1). Pour atteindre cet objectif, cette loi
prévoit deux types de documents de planification urbaine : les «
schémas directeurs d'aménagement et d'urbanisme (SDAU)
», qui fixent la destination générale des sols, le
tracé des grands équipements, le schéma directeur
d'alimentation en eau et en électricité, la localisation des
services et
42
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
des activités, et s'accompagne d'un règlement
fixant les servitudes relatives à l'utilisation des sols. En certaines
de leurs parties qui demandent de plus grands détails, les SDAU peuvent
être complétés par des schémas de secteur. Ces
documents de planification sont adoptés par délibération
des conseils municipaux et approuvés par le Conseil des Ministres.
Les « plans d'occupation des sols (POS)»,
quant à eux, fixent les règles générales et les
servitudes d'utilisation des sols. Ils comportent, entre autres, la
délimitation des zones d'urbanisation, celle des zones d'affectation, la
détermination des tracés, largeurs et caractéristiques de
la voirie, les emplacements à réserver aux voies et ouvrages
publics et la définition des règles concernant le droit
d'implanter des constructions, leur destination, leur nature, leur aspect
extérieur, leurs dimensions et l'aménagement de leurs abords. Ces
documents sont élaborés par l'Etat (Ministère ayant
l'urbanisme dans ses attributions), qui prend en charge les dépenses
entraînées par leur élaboration (art
2).
A cette loi d'urbanisme, s'ajoute la loi 16/93 relative
à la protection et à l'amélioration de l'environnement, la
loi 24/83PR du 18 avril 1983 portant sur la surveillance de l'urbanisme et le
document publié en mars 2000 « Stratégie urbaine du Gabon
» par le Ministère de la Planification et de l'Aménagement
du Territoire. Ce dernier a pour objectif, non seulement de concevoir une
stratégie de développement urbain durable, mais également
concevoir un cadre d'orientations pour des actions opérationnelles
tangibles sur le terrain.
II.2.2. Les outils et documents d'aménagement
des villes de la province.
La problématique de l'aménagement ou de la
gestion des villes du Gabon et singulièrement, celle de la province de
l'Estuaire, est un enjeu majeur pour le Gouvernement gabonais.
En effet, plusieurs mesures ont été
adoptées pour doter des villes de la province de l'Estuaire des outils
capables d'assurer une meilleure gestion des problèmes liés
à l'urbanisation croissante. De ces documents, on peut citer: les trois
plans d'urbanisme de la ville de Libreville ; les schémas
préliminaires d'urbanisme (SPU) des autres villes de la province.
43
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
II.2.2.1. Les opérations d'urbanisme à
Libreville
Libreville, qui est le chef-lieu de la province de l'Estuaire,
a fait l'objet de plusieurs opérations d'urbanisme du fait de sa
croissance urbaine exponentielle qui cause de graves problèmes
liés à sa gestion. En effet, le destin d'une ville n'est rien
d'autre que son processus de développement en fonction des plans
d'urbanisme qui lui sont appliqués37. De manière
succincte et en ne tenant pas compte de nombreux plans sectoriels, la ville de
Libreville a déjà fait l'objet de trois plans d'urbanisme et le
quatrième, initié depuis 1994, n'est toujours pas bouclé
(même si certains des ces principes font déjà office de
plan sectoriel)38 et récemment en Mai 2010, les experts
gabonais du ministère de l'Habitat, de l'Urbanisme et du logement,
associés à ceux du Bureau National d'Etudes Techniques et de
développement de Côte-d'Ivoire ont, cinq jours durant, fait un
diagnostic assorti de deux esquisses de SDAU.
Ainsi, le premier plan fut initié en 1939 dans le souci
des autorités coloniales de créer une zone non aedificandi
afin de décongestionner la « ville blanche » trop
enserré par de nombreux « villages africains ». Malgré
ce plan de 1939 qui était sectoriel, Libreville a suivi sa croissance
désordonnée. De même a été initié en
1962 sous la responsabilité de Henri Pottier, le plan portant son nom
qui est le deuxième document de ce genre, élaboré pour le
développement de la capitale gabonaise, ambitionnait un zonage de
l'habitat, des commerces, des affaires, de l'enseignement et du sport, de
l'industrie et des espaces verts. Ce plan pensait en principe le
développement d'un réseau secondaire permettant de relier les
différents pôles d'activités et d'habitats existants ou en
projets. Le dernier document de ce genre a été initié en
1965. Ce plan est dénommé, le plan d'Olivo-Prass ou
le principe d'un développement de la ville axé sue une
seule voie39, prévoyait l'organisation du grand
Libreville entre le Cap-Estérias au nord et Owendo au sud tout en
confirmant une linéarité de Libreville. L'organisation
insufflée par ce plan s'articulait autour d'une voie primaire
appelée « voie Express ». Voie sur laquelle un certain nombre
d'équipements collectifs, sociaux, ludiques et sportifs devaient
être réalisés. C'est ainsi que de nombreuses
réalisations urbanistiques
37 H.C ENGO ASSOUMOU, janv. 2007, « Voirie et
structures urbaine à Libreville », in Villes en
parallèle /villes du Gabon, N° 40-41, P.159.
38Idem.
39 Ibidem.
44
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
actuelles s'inspirent de ce schéma : lotissements
d'habitats d'Avéa II, Charbonnages par exemple, des
établissements scolaires et hospitaliers et entre 1970 et 1980, voire
même l'aménagement de Nzeng Ayong.
Figure n° 3 : Une schématisation du
plan d'Olivo-Prass (bande jaune).
Source : Nziengui Mabila.
A en juger par de nombreuses opérations d'urbanisme
effectuées dans l'agglomération de Libreville, depuis 1939
jusqu'à nos jours, on croirait que cette dernière est mieux
aménagée, structurée et où il fait bon vivre. Mais
le constat est catastrophique lorsqu'on circule dans cette ville. En effet, les
différents plans d'urbanisme qui ont été appliqués
jusque là, dans la ville, n'ont pas donné des résultats
escomptés, du fait non seulement du coût trop onéreux et
futuriste, par exemple du plan Olivo-Prass ; la non application
intégrale de ces documents qui a entraîné le recours aux
projets sectoriels mal ficelés, mais aussi et surtout l'absence de
textes et décrets d'application de ces documents de planification
urbaine.
En somme, dans ce domaine comme dans le domaine foncier par
exemple, le Gabon a des instruments législatifs de qualité, mais
devra réduire ses standards pour qu'ils soient applicables. Le fait
qu'un SDAU soit à l'étude depuis plus de 4 ans sans être
achevé est un anachronisme remarquable, puisqu'en France, qui a
45
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
vraisemblablement servi de modèle pour la loi
3/8140, ce genre de document d'urbanisme n'est plus
élaboré, mais remplacé par des «plans de
structure»41 beaucoup plus sommaires. En effet, si
aujourd'hui, les populations urbaines du Gabon, notamment celles de Libreville,
sont aujourd'hui victimes des conséquences de la non maîtrise
urbaine:inondations, des mouvements de terrain,
insécurité... Pour nous le problème n'est pas l'absence
de mesures, mais plutôt le manque de volonté politique à
appliquer les textes et documents d'urbanisme.
II.2.2.2. Les opérations d'urbanisme dans les
autres villes de la province.
Malgré l'abondance relative des opérations
d'urbanisme dans l'agglomération de Libreville, les autres villes de la
région ont eu l'opportunité d'avoir les schémas
préliminaires d'urbanisme (SPU). Ces documents importants de
planification urbaine ont été réalisés dans ces
villes pour offrir à ces dernières de réelles
possibilités de développement urbain. En effet, ces SPU
prévoyaient : la destination générale des sols, le
tracé des grands équipements, le schéma directeur
d'alimentation en eau et en électricité, la localisation des
services et des activités etc. Ainsi, les villes de Ntoum, de Kango et
de Cocobeach disposent de ses SPU, alors que les communes de Ndzomoé et
du Cap-Estérias n'en disposent pas, ils sont inexistants.
Cependant, les opérations d'urbanisme effectuées
dans ces villes, n'ont pas été appliquées dans leur
entièreté, comme cela s'est révélé dans la
ville de Libreville. C'est du moins le constat qui a été fait non
seulement par le directeur de l'urbanisme et des aménagements fonciers,
par le directeur provincial de l'urbanisme, mais également par nous,
lors de nos enquêtes de terrain dans ces localités. En effet, dans
l'ensemble de ses villes, l'espace urbain fait l'objet d'une occupation
anarchique et désordonnée malgré des projets initialement
prévus par ces SPU. A titre d'exemple, les villes de Kango, du
Cap-Estérias et de Ndzomoé ne disposent pas d'un service
d'urbanisme ni du cadastre pour régulariser l'occupation du sol. Par
contre, les communes de Cocobeach,
40 Ministère de la Planification, de la
Programmation du développement et de l'Aménagement du Territoire,
Programme d'Ajustement et de Planification des Secteurs Urbain et Transports
(PAPSUT), Stratégie urbaine au Gabon, p.31
41 Idem.
46
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
d'Owendo et de Ntoum ont dans chacune d'elle, un service qui
traite de ses questions dans leurs différentes Mairies.
A partir de l'analyse faite sur le processus d'urbanisation
dans la province de l'Estuaire, où nous avons pu saisir l'origine de la
création des villes et les politiques mises en place pour le
développement de ces dernières, nous serons tenter, dès
à présent, de nous poser la question suivante : quel est impact
de l'urbanisation sur l'aménagement et le développement de la
province de l'Estuaire ? Cette grande interrogation va constituer la
deuxième partie de notre travail.
47
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
Figure no 4 : SPU de Libreville.
Source : SDAR, Estuaire.
48
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
Figure n° 5 : SPU de Ntoum.
Source : SDAR, Estuaire.
Ces deux figures présentent les Schémas
Préliminaires d'Urbanisme des villes de Libreville et de Ntoum. Ces SPU
prévoyaient : la destination générale des sols, le
tracé des grands équipements, le schéma directeur
d'alimentation en eau et en électricité, la localisation des
services et des activités etc. Si quelques projets ont été
réalisés, il demeure tout de même que ces SPU n'ont pas
été entièrement appliqués, ils ont donné
place à une pléthore de projets sectoriels au gré des
hommes politiques.
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
49
DEUXIEME PARTIE : IMPACT DE L'URBANISATION SUR
L'AMENAGEMENT DE LA PROVINCE DE L'ESTUAIRE.
50
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
Les villes du Gabon et singulièrement celles de la
province de l'Estuaire ont été crées pour rapprocher les
populations de l'administration, comme en témoigne les énormes
investissements consentis par les pouvoirs publics dans l'encadrement et de
contrôle des dites populations. Mais seulement, quel a
été l'impact de ce développement des villes dans la
province de l'Estuaire ? Autrement dit, est-ce que la dynamique municipale
enregistrée depuis les années 1990 a permis de mieux organiser la
province sur les plans socio-économique, démographique et
environnemental ? La question telle qu'elle est posée suscite en nous
une réflexion supplémentaire. C'est ainsi que nous verrons en
chapitre 3, la déstructuration et écarts
socio-économique et démographique dans la province de l'Estuaire
et en chapitre 4, les perspectives de développement et
d'aménagement des villes de l'Estuaire.
51
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
Chapitre 3 : Déstructuration et écarts
socio-économique et démographique dans la province de
l'Estuaire.
Dans ce chapitre clé de notre travail, il va s'agir de
montrer que la dynamique communale observée dans la province s'est
manifestée par une déstructuration de l'espace et a
amplifié les écarts socio-économique,
démographique, voire environnemental qui existaient dans cette
région.
I- Un développement des villes sans
progrès socio-économique.
I.1- Urbanisation sans justice sociale.
Sur le plan social, il faut dire que le processus
d'urbanisation a largement contribué à accroître les
disparités sociales, entre les populations vivant à Libreville et
celles vivant dans les autres villes de la province. En effet, même si
les efforts ont été consentis dans l'amélioration des
voiries urbaines (Kango par exemple, avec son réseau routier urbain de
20 km entièrement bitumé) et surtout dans la légalisation
de certains documents, comme ceux de l'état civil et de quelques
services de base, l'urbanisation n'a pas permis de promouvoir la justice
sociale dans la province de l'Estuaire.
Les disparités sociales de la province se manifestent,
pour l'essentiel, dans l'accès aux services de santé et scolaire,
ensuite dans la maîtrise des nouvelles technologies de l'information et
de la communication (NTIC) et enfin dans l'épanouissement des
individus.
I.1.1. Une inégale accessibilité aux
services de santé.
S'agissant de l'accès aux services de santé et
scolaire, il est à souligner que ces services sont inégalement
accessibles par les populations dans la province de l'Estuaire.
I.1.1.1. Un système sanitaire
inégal.
Dans le domaine sanitaire par exemple, il existe un
déséquilibre d'offre de services en matière de
santé entre l'agglomération de Libreville et les autres villes de
la province. L'agglomération de Libreville, concentre la
quasi-totalité des services de
52
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
santé publics, parapublics et privés de
qualité, à l'instar : du Centre Hospitalier de Libreville (CHL),
l'hôpital Jeanne Ebori, hôpital d'instruction des armées,
hôpital pédiatrique d'Owendo... des polycliniques et cliniques :
El Rapha et Chambrier ; les centres de santé : Louis, Awendge,
Nzeng-Ayong, Glass... et des cabinets médicaux, alors que les autres
villes de la province se contentent pour la plupart, des centres
médicaux (Ntoum, Kango, Cocobeach) et des
dispensaires(Cap-Estérias) qui sont dépourvus de certains
services de soins (traumatologie, radiologie, etc.).
En théorie, les populations vivant à Libreville
et dans sa partie sud ont plus l'opportunité de trouver un service de
santé, que celles qui vivent dans les autres centres urbains de la
province. Cet état de fait, explique pourquoi les populations des autres
villes convergent vers Libreville, à la recherche des services de
santé de qualité qu'elles n'en possèdent pas. Le plus
souvent, elles se déplacent pour consulter les services de
traumatologie, de gynécologie, stomatologie, de cancérologie, de
cardiologie et scanner et aussi pour des chirurgies très
risquées. C'est donc dire que le processus d'urbanisation n'a pas
réduit les déséquilibres d'offre de santé entre
Libreville et les autres villes de la province.
I.1.1.2. Un système éducatif d'offre de
services déséquilibré.
Quant au domaine scolaire, la situation est presque la
même, car il existe toujours un déséquilibre accru en
matière d'offre de services scolaires, entre l'agglomération de
Libreville et les autres communes de la province.
En effet, l'agglomération de Libreville concentre la
quasi-totalité des établissements scolaires de renom. On y trouve
des universités et grandes écoles : Université Omar Bongo
(U.O.B), Université des Sciences de la Santé (U.S.S), Institut
National de Sciences et de Gestion (INSG), Institut Supérieur de
Technologie (I.S.T)..., quelques grands lycées : lycée
Léon Mba, Quaben, Mandela, Bessieux, Immaculée, Lycée
Technique National Omar Bongo (L.T.N.O.B) et bien d'autres et une
pléthore d'établissements primaire et préscolaire publics
et privés, alors que les autres villes de la province ont pour la
plupart recours, à un Collège d'Enseignement Public (C.E.S) et
des écoles primaires publiques et privées protestantes ou
catholiques. La commune de Ntoum est la seule de ces autres villes à
abriter deux lycées et deux C.E.S.
-. Cette structure sanitaire reçoit tous les
patients du département de la Noya. Seulement, il ne regorge pas tous
les services de soins. Pour des cas graves, les patients sont contraints de
solliciter les services de grands hôpitaux de Libreville .Pour d'autres,
ils se dirigent vers la Guinée-équatoriale, notamment dans la
ville de KOGO, située entre 7 et 10 km de Cocobeach par voie
fluviale.
Clichés : D. NTSEBE ONONO,
Juin 2010.
-. Ce centre de santé est sous
équipé, il offre des soins généralement, dans les
petites chirurgies et la distribution des comprimés. Seulement, pour une
commune de plein exercice, ce dispensaire doit se transformer en centre
médical pour offrir des services qu'il ne possède pas
jusqu'à présent. Pour des cas graves, les patients sont
obligés de recourir aux structures sanitaires implantées à
Libreville et sa périphérie sud.
Photo5 : Le centre médical de la
commune de Cocobeach.
-Photo 4 : Le dispensaire de la commune du
Cap-estérias.
53
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
Donc, le développement des villes n'a pas
amélioré les conditions de vie des populations de la province
dans le domaine scolaire, car les populations vivant à Libreville et sa
périphérie ont de fortes chances de trouver un
établissement scolaire, que d'autres pour l'éducation de leurs
enfants. A ces disparités sanitaire et scolaire, s'ajoute le
problème de l'inégale promotion des individus à travers
les NTIC.
Planche n° 2 : Les quelques structures
sanitaires des autres villes de la province de l'Estuaire.
-. Ntoum est la seule ville, en dehors de
l'agglomération de Libreville qui abrite un lycée public. Cet
établissement scolaire reçoit un nombre important
d'élèves en provenance des villes de Kango et de Cocobeach, voire
de Libreville. En tenant compte de l'augmentation de la population dans cette
contrée, les autorités politiques devraient penser à
construire un autre établissement de ce genre pour répondre
à la demande qui est sans cesse croissante.
Photo 7 : La construction du C.E.S de la
commune du Cap-estérias.
- . Cette commune à l'instar des autres, doit avoir
un tel établissement pour éviter aux populations
(élèves) de toujours migrer vers Libreville et sa
périphérie.
Photo 8 : C.E.S Pascal NZE BIE de
Cocobeach.
- Cet établissement scolaire reçoit un
nombre assez important d'élèves. Il est sous
équipé. Clichés : D. NTSEBE
ONONO, Juillet 2010.
Photo 6 : Le lycée Lubin Martial NTOUTOUME
OBAME de Ntoum.
54
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
Planche n° 3 : Les établissements
scolaires de trois (3) villes de la province de L'Estuaire.
55
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
I.1.2. Une inégale maîtrise et
épanouissement des individus à travers les NTIC dans la
province.
Les nouvelles technologies de l'informatique et de la
communication sont aujourd'hui, un facteur nécessaire pour un pays qui
aspire à un développement. Au Gabon et notamment dans la province
de l'Estuaire, ces outils essentiels de développement sont
inégalement accessibles à l'heure actuelle. Dans le cadre de
cette réflexion, nous allons nous focaliser sur le service de l'Internet
et d'évoquer quelque peu le service de la téléphonie
mobile.
Des efforts ont été observés dans le
développement de la téléphonie mobile, ce qui a eu pour
conséquences majeures : le désenclavement et l'interconnexion de
ces villes. Ce secteur de la téléphonie mobile est le monopole
des entreprises multinationales : Zain, Libertis, Moov et Azur, qui permettent
à la population de la province, de pouvoir communiquer librement et en
toute égalité, bien que le réseau Azur,d'implantation
récente, ne soit pas encore effectif dans les autres communes.
Malgré cette relative égalité dans l'offre de service de
la communication, il existe cependant un écart considérable dans
l'accès au service de l'Internet.
I.1.2.1. Un accès inégal au service de
l'Internet dans la province.
L'Internet est inégalement accessible dans la province,
dans la mesure où seule, l'agglomération de Libreville et dans
une moindre mesure la ville de Ntoum et le Cap-estérias (ENEF),
bénéficient de ce service important, alors que les autres
communes sont en marge : ils sont déconnectées du monde.
A Libreville et Owendo, l'Internet est présent dans
presque l'ensemble des administrations publiques et privées de l'Etat.
Dans les arrondissements et quartiers, ce service est accessible dans les
Cybercafés ; il est le monopole des opérateurs privés. Le
plus souvent, la connexion Internet offre aux usagers des possibilités
de promotion. Elle permet aux individus de pouvoir communiquer à travers
le monde et surtout de suivre au quotidien l'actualité planétaire
dans tous les domaines de la société (santé,
éducation, sport, politique, économie, environnement...). C'est
donc dire que l'Internet devient aujourd'hui un outil fiable, dont les
populations de la province de l'Estuaire devraient largement
bénéficier.
56
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
En somme, la dynamique de communalisation observée dans
la province de l'Estuaire n'a pas réduit les déséquilibres
dans l'accès aux NTIC, dans la mesure où, les populations vivant
dans l'agglomération de Libreville (actifs occupés ou non)
profitent largement de tous les services de NTIC, alors que celles qui vivent
des les autres localités de la province sont en marge de ces nouvelles
technologies de l'informatique et de la communication.
I.1.2.2. Un épanouissement inégal des
populations dans la province de l'Estuaire.
Les NTIC, comme nous l'avons dit plus haut sont des outils
essentiels d'un continent, un état, une province, une ville, un
arrondissement, un quartier..., qui aspire à un mieux être et sont
également nécessaires à l'épanouissement des
populations. Dans la province de l'Estuaire, nous observons un
déséquilibre notable dans l'épanouissement des populations
vivant dans l'agglomération de Libreville et celles localisées
dans les autres centres urbains de la province.
A travers ces NTIC, nous constatons que les populations vivant
dans la capitale sont plus épanouies que celles qui vivent dans le reste
de la province. En effet, librevillois et owendois ont de fortes chances de se
développer dans toutes leurs potentialités, c'est-à-dire
se sentir bien physiquement et intellectuellement, par rapport aux kangolais,
ntoumois..., dans la mesure où, à Libreville par exemple, nous
avons la présence d'une mosaïque de loisirs qui intègrent
presque tous les domaines (sport : gymnases ; éducation :
bibliothèques ; culture : Centre Culturel Français, jeux...).
Les populations des communes de Kango, Cocobeach,
Ndzomoé, Cap-estérias et Ntoum éprouvent à leur
tour, d'énormes difficultés à s'épanouir, car les
centres de loisirs sont rares ou inexistants En dehors des stades municipaux,
aucune activité ludique n'est constatée. Ces populations sont
livrées à elles-mêmes. Pour la plupart, elles
s'investissent dans la pêche artisanale, l'agriculture, l'élevage
et la chasse, pour d'autres, elles s'illustrent dans la consommation d'alcool
et de commerce illicite de stupéfiants, tels que le chanvre indien et
bien d'autres produits dangereux.
En somme, le développement des villes dans la province
de l'Estuaire n'a pas résolu les problèmes de l'accès
inégal aux services de santé, scolaire et des NTIC dans cette
région. Mais seulement, quels pourrait être l'impact
économique de ce processus d'urbanisation sur la province de
l'Estuaire.
57
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
I.2. Un processus d'urbanisation sans véritables
unités économiques.
Le constat général qui se dégage dans
presque l'ensemble des villes de la province de l'Estuaire, est qu'elles n'ont
pas d'unités économiques, capables d'attirer la population,
d'offrir des emplois salariés et de maintenir la population sur place,
en dehors de l'agglomération de Libreville et dans une moindre mesure,
la commune de Ntoum, qui par contre, possèdent des possibilités
d'emplois suffisantes et sont capables d'attirer et de sédentariser la
population.
En effet, les autorités politiques, en créant
ces centres urbains, ont mis l'accent sur l'implantation des équipements
de commandement, sans avoir recours aux unités de production qui sont de
puissants facteurs d'attraction de la population, en quête d'un emploi
bien rémunéré. C'est le cas des communes comme
Ndzomoé et le Cap-Estérias, où les entreprises ou usines
de production sont quasiment inexistants jusqu'à présent.
Par contre, dans les communes de Kango et de Cocobeach, les
unités économiques sont présentes de manière
périodique. Dans la ville de Cocobeach, par exemple, les
sociétés GETMA et la S.N.B.G, exercent respectivement les
activités de chargement des bateaux et de transformation du bois. Le
même cas de figure s'observe à Kango, où les
activités liées à l'exploitation forestière sont
également périodiques.
Pour l'essentiel, retenons qu'en dehors de
l'agglomération de Libreville, il n'y pas véritablement
d'unités économiques dans les autres villes de la province.
L'urbanisation a même contribuée à amplifier les
écarts, car nous avons assisté à la fermeture de nombreux
projets agricoles dans la ville de Ntoum : la bananeraie a fermé ses
portes, le CIAM ne fonctionne plus de manière optimale. A Kango, l'usine
de la Société gabonaise de cellulose (SOGACEL) n'a jamais vu le
jour pour des raisons inexpliquées; sa mise en route aurait pu «
booster » l'économie locale et transformer Kango en eldorado. Donc
la fermeture des usines et les unités économiques a
contribué à alimenter l'exode rural en direction de Libreville,
ayant pour conséquence majeure : l'inégale répartition des
unités économiques dans la province de l'Estuaire.
58
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
I.2.1. Un développement inégal des
unités de production.
A ce manque quasi exclusif d'unités économiques
dans la province, s'ajoute le problème de l'inégale
répartition des activités économiques.
En effet, lorsqu'on regarde la carte économique de la
province de l'Estuaire, nous constatons que les activités sont
inégalement reparties entre les villes de la province, mais aussi entre
départements. Ainsi, l'agglomération de Libreville (commune de
Libreville et d'Owendo) et la commune de Ntoum, situées dans le
département du Komo-Mondah, concentrent la quasi-totalité des
activités économiques relevant du secteur secondaire et
tertiaire.
La commune de Libreville à elle seule, accueille 85%
des sièges sociaux des entreprises étrangères et 700
entreprises sur les 1000 qui se créent chaque année sur le
marché national sont concentrées dans la seule ville de
Libreville.42
La commune d'Owendo quant à elle, possède une
puissance économique qui se manifeste pour l'essentiel, par les usines
de transformation du bois, des produits de pêche, des brasseries, un
terminal ferroviaire et un terminal portuaire. Toutes ses unités
économiques font d'Owendo, la ville qui regorge près de 80% du
potentiel économique de la province de l'Estuaire.
Pour la commune de Ntoum, cette dernière a eu
l'opportunité d'accueillir certaines unités de production non
négligeables capables de maintenir la population et de lutter contre
l'exode rural. Ntoum abrite la société CIMGABON depuis 1976, de
nombreux projets agricoles, des scieries et une centaine de briqueteries.
Toutes concourent dans une moindre mesure à offrir des emplois aux
ntoumois.
Pour le reste des villes de la province, elles sont
dépourvues d'unités économiques. Elles sont de petites
villes qui subsistent grâce aux transferts publics ou des
opérations ponctuelles financées par l'Etat (routes, logements
édifices publiques, etc.).43 Malgré cette
inégale répartition des unités économiques, comment
se présente alors l'économie urbaine dans la province de
l'Estuaire ?
42 Le quotidien d'information, l'union,
N°1458 du 19 avril 2006, p.4
43 Op cit.
- Une des cinq scieries que compte la commune de Ntoum.
Elle est située au Quartier Akonéki et emploie près d'une
vingtaine de ntoumois.
- Cette société est l'élément
phare qui structure la ville, avec sa cité, son stade et biens d'autres
équipements. Elle embauche de nombreux gabonais.
-Construit par le conseil départemental du
Komo-Mondah (CDKM). Elle offre de l'emploi à plusieurs jeunes de la
ville de Ntoum.
Clichés : D. NTSEBE ONONO,
Juillet 2010.
Photo 10 : La société CIM Gabon de
Ntoum.
Photo 11 : Une briqueterie de Ntoum.
Photo 9 : Une scierie de Ntoum.
59
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
Planche n° 4 : Quelques unités
économiques localisées dans la commune de Ntoum.
60
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
I.2.2. Une économie dominée par le
secteur informel.
L'économie des centres urbains de la
province de l'Estuaire repose essentiellement sur les ressources propres
(produits de la fiscalité directe et indirecte, redevances pour services
rendus et revenu des domaines) que paient les différents
opérateurs exerçant dans ces villes et sur la subvention annuelle
que l'Etat alloue aux différentes municipalités de la
province.
S'agissant des taxes et autres redevances, nous pouvons citer
la fiscalité locale qui est régit par la loi 15/96 du 06 juin
1996, relative à la décentralisation. Aux termes des articles 152
et 160 de cette loi, la fiscalité locale est constituée des
impôts suivants :
- impôt sur le revenu des personnes physiques (I.R.P.P)
;
- impôt sur le revenu des valeurs immobilières ;
- impôt sur le bénéfice des professions
libérales ;
- impôt sur la taxe sur la valeur ajoutée (T.V.A)
;
- impôt foncier sur les propriétés
bâties et non bâties ;
- patentes et licences ;
- taxe d'habitation ;
- taxe vaccinale44.
Toutes ces ressources sont des mécanismes de
financement des différentes municipalités de la province et la
plupart d'entre elles sont prélevées dans les centres commerciaux
que comptent les villes de la province.
Concernant les dotations et subventions et ristournes de
l'Etat (qui constituent 80% des recettes), nous pouvons dire que ces
dernières sont versées en fonction de la taille de la population
et des recettes tirées des activités économiques
développées dans la ville. Le montant de la subvention, de
manière générale, a considérablement
augmenté. Dans les villes de Cocobeach, Kango, Ntoum,
Cap-estérias et Ndzomoé, par exemple, la subvention à la
date de leur création, s'élevait respectivement à
74.000.000fcfa, 100.000.000fcfa, 150.000.000fcfa, 60.000.000fcfa et
60.322.618fcfa. Aujourd'hui, elle est estimée respectivement à
115.451.887fcfa, 120.000.000fcfa, 395.000.000fcfa, 116.000.000fcfa et
134.703.290fcfa.45 Malgré cette subvention de
44 J.C NDONG MBA, « Migrations intra-urbaines et
développement à Libreville et Dakar », in Villes en
parallèle /villes du Gabon, N° 40-41, P.37.
45 Tous ces chiffres proviennent de l'exercice
budgétaire de chaque municipalité de la province.
61
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
l'Etat et des taxes que paient les opérateurs
économiques, nous assistons malheureusement au développement
d'une économie informelle due à une concentration d'actifs dans
les villes et l'insuffisance des emplois disponibles, aussi bien dans
l'agglomération de Libreville que dans les autres villes de la
province.
Par ailleurs, depuis que l'Etat a connu des
difficultés, une diminution importante des investissements urbains a
été observée. Alors que la population urbaine croît
de 27% par an, la part du budget des collectivités locales dans le
budget total décroît et passe de 1,7% à 1,1%. Et,
comparativement, les budgets des villes ne sont pas proportionnels à la
population, au désavantage des petites villes. Les divers fonds qui ont
été mis en place pour financer des actions du secteur urbain
(F.N.H, F.G.I., P.I.D. etc.) fonctionnent mal ou pas du tout.
Une économie est dite informelle, lorsque l'ensemble
des activités économiques échappe à tout
enregistrement fiscal, statistique, juridique ou comptable. Dans la province de
l'Estuaire, l'informel est perceptible dans l'ensemble des villes de la
province, mais à des degrés divers.
Dans l'agglomération de Libreville par exemple,
plusieurs activités économiques échappent au
contrôle quotidien des différents agents de la mairie, du fait de
leur caractère informel. A Libreville, l'informel se manifeste par des
activités diverses telles que : les commerces ambulants ou
exercés à même le trottoir, l'artisanat offrant des
produits fabriqués avec des matériaux de
récupération, les services multiples : gardiens de voiture,
laveurs de pare-brise, cireurs de chaussures, coiffeurs de plein air,
prostitution de tout genre, vendeurs de stupéfiants : drogues, chanvre
indien, cannabis.
Dans les autres villes de la province, l'informel est moins
accentué et se manifeste généralement par les commerces
ambulants ou exercés à même le trottoir, les artisans et
les vendeurs de stupéfiants.
En somme, l'analyse faite sur situation socio
économique de la province par rapport à son aménagement,
nous a montré que cette dernière est encore non
aménagé. Donc la dynamique communale observée dans les
années 1990 n'a pas permis de réduire les
déséquilibres socio économiques, entre Libreville et les
autres villes et entre les villes et les campagnes, dans la mesure où
l'agglomération de Libreville concentre la quasi totalité des
services sociaux et activités économiques les plus importants.
- Cette structure commerciale constitue le poumon
économique de la ville, par des recettes qu'il
génère.
mairie.
- Ici, le marché central de Kango. Il fait l'objet de
plusieurs taxes qui génèrent des recettes dans la
-Cet équipement marchand procure d'énormes
recettes dans la municipalité de Ntoum. Clichés :
D. NTSEBE ONONO, Juin 2010.
.
Photo 12 : Le site servant de marché dans
la commune de Kango.
Photo 14 : Le marché municipal de la
commune de Ntoum.
Photo 13 : La zone commercial de
Cocobeach.
62
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
Planche n° 5 : Quelques centres commerciaux
dans les villes de l'Estuaire.
63
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
II- Un système urbain
déséquilibré démographiquement.
La situation démographique au Gabon est assez bien
connue. De part une importante littérature consacrée à ce
sujet. Au Gabon, la population est inégalement répartie. La zone
côtière concentre la majeure partie de la population, alors que
l'intérieur des terres est presque vide. Dans la province de l'Estuaire,
le même cas de figure se présente.
La dynamique communale enregistrée au cours de ces
dernières années dans la province, n'a pas permis de
réduire le déséquilibre démographique entre
l'agglomération de Libreville et les autres villes de la province. En
effet, pour une population urbaine provinciale, estimée à
près de 684.523 habitants46 en 2003, Libreville accueillait
près de 623.621 âmes soit 91,10% de la population urbaine de la
province de l'Estuaire ;la commune d'Owendo avec ses 40.157 habitants,
représentait 6% de la population urbaine de la province ; celles de
Ntoum (12025 habitants) et de Cocobeach (4315 habitants) représentaient
respectivement 1,76% et 0,63% dans la même période et enfin, la
proportion des villes de Kango (3613 habitants), Cap-estérias (712
habitants) et Ndzomoé( 70 habitants) s'estimait respectivement à
0,53%, 0,10% et 0,01%.
Tableau n° 3 : Répartition de la
population urbaine de l'Estuaire en 2003.
Communes
|
Pop Urbaine (R.G.P.H de 2003)
|
Pourcentage (%) de la Pop Urbaine
|
Libreville
|
623.621
|
91,10%
|
Owendo
|
40.157
|
5,87%
|
Ntoum
|
12025
|
1,76%
|
Cocobeach
|
4315
|
0,63%
|
Kango
|
3613
|
0,53%
|
Cap-estérias
|
712
|
0,10%
|
Ndzomoé
|
80
|
0,01%
|
TOTAL
|
684.523
|
100%
|
Source : Données du RGPH de 2003, et pourcentages
(%) calculés par NTSEBE .O. Donald.
46 Ce chiffre a été obtenu en
additionnant le nombre d'habitants résidant dans les villes de la
province, lors du RGPH de 2003.
64
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
Graphique n° 3 :
Répartition de la population urbaine de la province de
l'Estuaire
.
L'inégale répartition de la pop urbaine
dans les villes l'Estuaire
0,00
%
0,01%
0,10%
0,53%
0,63%
1,76%
5,87%
20,0
0%
40,0
0%
60,0
0%
80,0
0%
00%
91,10%
100,
pop urbaine
Source : R.G.P.H de 2003
A travers ce graphique, nous observons malheureusement que
l'agglomération de Libreville concentre la quasi totalité de la
population urbaine provinciale, soit 97% de la population urbaine, alors que
les autres localités se partagent les 3% restant. Donc, le processus
d'urbanisation observé dans cette région a donné
naissance, non seulement à une grosse ville (Libreville), mais aussi a
favorisé l'assèchement des autres villes de la province.
II.2. Urbanisation et désert des campagnes.
Le développement des villes dans la province de
l'Estuaire a eu comme conséquences majeures : le gonflement du poids
démographique dans l'agglomération de Libreville et
l'assèchement démographique des autres localités de la
province.
En effet, durant la période 1993-2003, la population de
la ville de Libreville a augmenté de manière spectaculaire.
Peuplée de 419596 habitants en 1993, elle est passée à
623.621 habitants en 2003. Ainsi, avons-nous enregistré une augmentation
de
65
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
près de 204025 habitants47 en dix (10) ans.
Pour la commune d'Owendo, peuplée de 40.157 habitants en 2003, ce
chiffre est passé à près de 60.000 habitants, donc nous
avons enregistré près de19.843 habitants durant une
période de sept (7) ans. C'est donc dire que l'agglomération de
Libreville a reçu près de 223668 habitants en 17 ans. Libreville
et Owendo constituent de ce point de vue, la destination
privilégiée de toutes les populations de la province et
même au-delà, car la majorité des flux migratoires
convergent vers ces espaces. Cette convergence de flux pourrait s'expliquer par
le fait que ces deux communes émettent des flux attractifs que les
autres localités de la province ne possèdent pas.
De même, l'agglomération de Libreville conforte
son hégémonie sur le plan démographique, car les autres
villes se constituent inexorablement en pourvoyeuse de populations. Ainsi,
Libreville devient la ville primatiale et macrocéphalique, dominant le
reste des localités de la province.
S'agissant enfin, de l'assèchement des populations dans
les autres localités, il est à retenir que la dynamique communale
enregistrée dans la province s'est plutôt manifestée par un
exode rural massif en direction de la capitale du pays. En effet, durant la
période (1993-2003), aucune de ces villes n'a reçu plus de 6.000
habitants, sauf la commune de Ntoum qui s'est rapproché de ce chiffre,
avec 5.812 nouveaux arrivants. L'augmentation dans le reste des autres villes
oscillait entre 3.151 habitants et 220 habitants. C'est donc dire que
indépendamment de l'accroissement naturel que ces villes ont connu,
consécutif aux meilleures conditions de vie des populations, les flux
ont continué à se diriger vers Libreville et sa
périphérie Owendo. Cet état de fait, a contribué
à l'assèchement des populations dans les autres villes de la
province, ne disposant pas assez d'atouts économiques pour attirer et
surtout de maintenir la population sur place.
En somme, nous retiendrons que le processus d'urbanisation que
la province a connu n'a pas permis de rééquilibrer
démographiquement les villes de la province. Il s'est plutôt
manifesté par un exode rural intensif en direction de
l'agglomération de Libreville. Par ailleurs, l'analyse portée sur
le problème de la démographie dans cette province, nous a
révélé que l'augmentation de la population dans une ville
par exemple,
47 Ce résultat est obtenu en faisant la
soustraction entre, le poids démographique de 2003 et celui de 1993
(623621-419596).
66
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
est intimement liée aux activités
économiques qui y sont développées. Si Libreville, Owendo
et dans une moindre mesure, Ntoum regorgent assez de populations, c'est
grâce en partie à leurs multiples activités
économiques qui y sont implantées et développées.
Seulement, la forte concentration humaine enregistrée dans la province
de l'Estuaire ne constitue-t-il pas un danger pour la dégradation et la
pollution des villes de la dite province ?
III- Un développement des villes et
dégradation de l'environnement.
La situation de l'environnement urbain gabonais est assez bien
connue. Nombreux sont les écrits qui ont été
déjà réalisé sur ce sujet. Le diagnostic que nous
avons de l'environnement urbain est le suivant. Il existe des sites
inadaptés et malsains, une diversité de milieux et de sites
(collines recouvertes de forêt, zones basses bordant des cordons
littoraux plats, sols sableux couverts de savanes)48.
Cependant, ces milieux naturels ont tous un point commun les
caractérisant. Il s'agit des problèmes liés à
l'édification des établissements humains et des infrastructures.
Un second élément commun est l'influence manifeste de l'eau sur
les sites urbains (marécages, mangroves, zones inondables et bas-fonds
aux eaux stagnantes). Dans ces milieux, l'insalubrité y est très
développée et toutes les conditions s'y retrouvent pour favoriser
la prolifération de certains vecteurs (moustiques, rats,
cafards,...).
Dans province de l'Estuaire, la situation est la même,
dans la mesure où les centres urbains de cette région sont soumis
aux graves problèmes de dégradation et de pollution de
l'environnement, du fait non seulement, des facteurs topographiques et de
nombreuses infrastructures et équipements, mais aussi et surtout
à la forte densité de population rencontrée dans cette
province en 1993, soit 22,30 hab/km249.
48 J-B MOMBO et alli, juillet 2000, Rapport sur
l'environnement au Gabon, p.28.
49La densité de la population de l'Estuaire
qui a été obtenue en faisant le rapport entre la population
totale de cette région en 1993 (463.187 habitants) et la superficie de
la province (20.740 km2). Et aujourd'hui, ce taux avoisine les 23 à 25
hab/km2.
67
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
III.1. Un développement urbain non durable.
La vague de communes qu'a connu la province de l'Estuaire au
courant des années 1990, consécutive à l'augmentation
rapide de la population, ne s'est pas accompagnée d'une meilleure
gestion de l'environnement urbain de la province. Cette dynamique urbaine s'est
au contraire manifesté par une dégradation de cet environnement
tant à Libreville que dans les autres localités.
En effet, l'endommagement des écosystèmes
urbains de la province se manifeste généralement, non seulement
par les activités humaines, liées à l'exploitation
anarchique du sable et la destruction des écosystèmes forestiers
(mangroves et forets), mais également aux établissements humains
(remblais et déblais).
S'agissant de la dégradation des
écosystèmes urbains par les activités humaines, retenons
que l'action anthropique fragilise l'environnement des villes de la province. A
Libreville par exemple, la destruction de la mangrove, il y a quelques
années dans la zone d'Oloumi occasionne des inondations dans cette zone
à chaque fois qu'il y a des précipitations. Ainsi, la
dégradation de l'environnement urbain par les inondations
récurrentes de plus en plus catastrophiques (personnes et biens), une
dégradation du patrimoine public et privé et la
vulnérabilité des populations installées dans les zones
à risques (bas-fonds, lites des rivières...) les
paupérisent davantage.
De même, dans la commune du Cap-estérias, nous
avons la présence des risques environnementaux tels que : l'exploitation
incontrôlée du sable et la destruction de la forêt. En
effet, bâtie au coeur da la Forêt Classée de la Mondah
(F.C.M), le Cap-Estérias s'est vu obligé de détruire cet
écosystème forestier pour construire des infrastructures et des
équipements (.bâtiment administratif, routes, E.N.E.F...). C'est
ainsi qu'en 1953, ce massif forestier comprenait une superficie de près
de 11.000 hectares et aujourd'hui, après une gestion peu orthodoxe de
cet espace considéré comme l'un des poumons de la capitale, cet
écosystème s'est réduit comme « une peau de chagrin
» et se résume de nos jours à 4.930 hectares.
Pour l'exploitation du sable, il faut dire que cette commune
est sujette à une exploitation anarchique du sable, par des populations
riveraines ou non riveraines. Le plus souvent, le sable est exploité
pour servir à la construction des bâtiments et infrastructures de
tout genre. Mais cette exploitation du sable entraîne dans cette commune,
la dégradation avancée du littoral, la destruction des dunes
(bande de sable
68
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
qui sert de barrière aux influences marines), le recul
de la forêt50 et bien d'autres conséquences
négatives.
La dégradation de l'environnement urbain pourrait
également se manifester par les établissements humains. En effet,
La ville est un véritable `'melting-pot», à travers les
multiples activités qui s'y trouvent. De ce fait, les milieux naturels
se trouvent transformés, bouleversés, dégradés par
les remblais et les déblais réalisés pour l'implantation
des routes et des maisons. Ainsi, dans la commune de Cocobeach par exemple, les
travaux réalisés en Guinée-équatoriale, notamment,
la construction d'un aéroport aux abords de Corisco et le repoussement
de l'océan de 300 mètres, ont favorisé la
dégradation de la frange littorale de cette ville.
Pour construire la ville la végétation est
détruite, les travaux de terrassement mettent les sols à nu,
comblant les cours d'eaux et les marécages qui servaient de
déversoirs d'orage et de station naturelles d'épuration des eaux
usées,... (PNAE, 1999). Ainsi, en se mêlant aux eaux usées,
le ruissellement des eaux de pluie traîne des ordures
déversées, crée des inondations des zones basses et
accroît l'insalubrité du milieu. Enfin, également,
l'agriculture périurbaine itinérante favorise la
dégradation de la végétation et appauvrit les sols.
III.2. Pollution de l'espace urbain.
En dehors de la dégradation de l'environnement, le
processus d'urbanisation dans la province s'est également
manifesté par une forte pollution des écosystèmes urbains
de cette province. Les villes de la province de l'Estuaire dans leur
généralité font l'objet de divers types de pollutions.
Outre celle qui est industrielle ou les gaz polluants sont
dégagés dans l'atmosphère par les activités
industrielles, il y a la pollution causée par les hommes ; c'est le cas
du bois brûlé qui est aussi un grand facteur polluant. A cela, il
faut ajouter la pollution de l'eau causée non seulement par des
déchets industriels, les restes d'engrais mais aussi les mauvaises
pratiques des hommes.
Ainsi, l'ensemble des eaux usées, des eaux de
ruissellement ou eaux résiduaires pluviales et des eaux superficielles
constituent ce que l'on appelle les effluents urbains. Ces derniers sont
produits par des ménages, les collectivités, les entreprises, les
milieux médicaux, stations service et garages (voire tableau
n°4).
50 Le quotidien d'information L'union,
N° 10099 du Vendredi 14 au Lundi17 août 2009, p.6.
69
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
Tableau n° 4 : Les producteurs et les types
de déchets liquides urbains au Gabon
Producteurs
|
Types de déchets liquides
|
Ménages
|
eaux usées ou eaux ménagères, eaux-vannes,
excrétas
|
Collectivités
|
eaux usées diverses, eaux-vannes, excrétas
|
Entreprises
|
effluents industriels toxiques (solvants, huiles
usagées)
|
Milieux médicaux
|
effluents médicaux, eaux des soins
|
Stations-service et garages
|
effluents industriels toxiques (solvants, huiles usagées)
/eaux usées.
|
Source : Mombo J.B et Edou M (2006).
Cependant, ces centres urbains connaissent des pollutions
à des degrés divers. Elles sont plus accentuées dans les
zones où il y a une forte concentration humaine (l'agglomération
de Libreville), pour le reste des villes, les pollutions sont moins
aggravées.
La ville de Libreville subit toutes les pollutions
(industrielle, l'eau et déchets). En effet, Libreville accueille plus de
91% de la population urbaine provinciale. Ne disposant pas de SDAU ni de POS,
nous assistons malheureusement à une occupation anarchique de l'espace
qui se manifeste par l'installation humaine dans des bas-fonds et talwegs et le
colmatage des ouvrages d'évacuation des eaux usées et
pluviales.
De même, la topographie de cette ville est faite de
collines, d'éperons ou croupes à versants convexes et des
vallées alluviales à fonds plats51. Ce relief
accidenté et ondulé rend difficile la mise en place des
réseaux de drainages résiduaires domestique, pluviale et
industrielle. Les déchets liquides et solides à Libreville
obstruent les voies de canalisation et d'évacuation des eaux. Même
les déchets liquides (eaux-vannes et les huiles usagées)
continuent à être déversées dans la décharge
municipale de Mindoubé prévue pour accueillir les déchets
solides.
Les conséquences de ces déchets liquides sont
dramatiques sur la santé humaine des librevillois. En effet, l'absence
de l'assainissement pose des problèmes d'hygiène du milieu. Il
favorise la formation des marécages qui deviennent du fait de leur
pollution par les déchets urbains, des gîtes pour les agents
pathogènes, vecteurs du paludisme et d'autres maladies d'origine
hydrique. Par exemple, les eaux de la Lowé à
51Mombo J.B et M. Edou, « Assainissement et
explosion urbaine au Gabon », in Villes en parallèle /villes du
Gabon, N° 40-41, p. 203.
70
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
Libreville sont contaminées par les eaux d'infiltration
de la décharge publique de Mindoubé.52
D'après le Ministère de la santé
(Données statistiques Libreville et Owendo), les principales maladies
d'origine hydrique à Libreville en 2005 étaient, le paludisme, la
bilharziose, les parasitoses intestinales et les maladies diarrhéiques,
dont la répartition est présentée dans le graphique ci-
dessous.
Graphique n° 4 : Les
principales maladies d'origine hydrique à Libreville en
2005.
Les principales maladies d'origine hydrique à
Libreville en 2005,
59%
19%
22%
0%
Paludisme Bilharziose parasies diarrhée,
Source : Samedi G., 2005.
Cependant, une étude similaire avait déjà
été menée au cours de la période 19992001 dans la
ville. Cette étude, dont les résultats sont
présentés dans le tableau n° 5, montre incontestablement la
primatie de l'endémie du paludisme avec 41759 cas53, soit
58,36% durant la période 1999 à 2001. Ensuite, viennent
respectivement les maladies
52 Les premières analyses connues viennent
du Laboratoire d'analyse du CNAP : Maganga Nziengui A. (1992)- première
partie des résultats d'analyse bactériologique et physicochimique
des eaux de la Lowé (rapport, p.4).
53 Ce chiffre à été obtenu en
additionnant l'ensemble des cas du paludisme de Libreville durant la
période 1999-2001.
71
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
diarrhéiques et les parasitoses intestinales avec 17731
et 11186 cas, soit 25,5554 et 16,07% durant la même
période. Par ailleurs, il est à souligner qu'à Libreville
les populations ont plus souffert du paludisme durant l'année 2000,
alors que les diarrhées et les parasitoses intestinales ont plus
touchées les librevillois au cours de l'année 1999. (Voir tableau
n° 5 ci-dessous)
Tableau n° 5 : Les principales maladies
d'origine hydrique à Libreville de 1999 à 2001.
Maladies
|
1999
|
2000
|
2001
|
Paludisme
|
54,35%
|
61,26%
|
59,49%
|
(confirme et probable)
|
8923 cas.
|
19205 cas.
|
13631 cas.
|
Parasitoses intestinales
|
16,83%
|
14,60%
|
16,78%
|
(ascaridiose, ankylostomiase, autres
|
2763 cas.
|
4577 cas.
|
3846 cas.
|
Helminthiases)
|
|
|
|
Maladies diarrhéiques
|
28,80%
|
24,13%
|
23,72%
|
(diarrhée aigue, gastro-entérite, dysenterie)
|
4729 cas.
|
7566 cas.
|
5436 cas.
|
Total
|
99,98%
|
99,99%
|
99,99%
|
|
16415 cas.
|
31348 cas.
|
22913 cas.
|
Source : Ministère de la Santé
(Données statistiques de Libreville et Owendo).
Pour les autres localités de la province, retenons que
ces dernières font l'objet de pollutions, mais à une faible
intensité .En effet, regorgeant seulement 3% de la population urbaine de
la province, ces villes sont généralement dépourvues
d'activités économiques capables de polluer ces
écosystèmes urbains. Cependant, la ville de Ntoum présente
une situation un peu particulière. Bâti sur un site qui fait
interface entre la forêt très secondarisée et un type de
végétation de savane, Ntoum est emprunt aux problèmes de
nuisances : les poussières provoquées par les activités de
CIMGABON et les dégâts (fissures) occasionnés par les tires
des dynamites sur les murs des maisons domestiques. A cela s'ajoute le
problème de la poubelle publique qui est trop exposée comme
à Libreville, les habitants de NTOUM ne s'occupent pas de la poubelle de
manière individuelle.
54 Le résultat suivant s'est obtenu en
faisant le rapport entre l'ensemble des pourcentages des maladies
diarrhéiques sur le nombre d'années d'étude.
72
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
En somme, le processus d'urbanisation de la province n'a pas
permis de protéger l'environnement urbain de la province de l'Estuaire.
Ce processus s'est au contraire manifesté par une forte
dégradation et pollution des écosystèmes urbains, ayant
pour conséquence majeure, la résurgence de certaines maladies
graves sur ces populations. Ainsi, les populations urbaines de cette province
se trouvent confrontées aux graves problèmes de l'assainissement
des effluents urbains et des ordures ménagères.
Comme on vient de le voir, le processus d'urbanisation
enregistré dans la province de l'Estuaire n'a pas permis
l'aménagement cette région. Dans cette province, les
disparités socio-économique, démographique et
environnementale subsistent toujours et tentent même à
s'amplifier. L'analyse portée sur cette province par rapport à
son aménagement, nous a révélé une nette opposition
en terme de développement, entre l'agglomération de Libreville et
les autres villes de la province.
Ainsi, l'agglomération de Libreville concentre plus de
91% de la population urbaine de la province. Libreville à elle seule,
accueille 85% des sièges sociaux des entreprises
étrangères et regorge la plus grande partie des
établissements sanitaire et scolaire de qualité de la province,
voire même du pays. Pour les autres localités de cette province,
elles sont des petites villes où la fonction administrative est la plus
importante (3% de la population urbaine provinciale, absence d'activités
économiques motrices, manque de structures sociales de qualité)
qui ne peuvent pas se passer des services de Libreville. En un mot, ce sont des
villes à vocation politico administrative, mais dont les
activités restent en grande partie rurales (rurbains).
A partir de ces résultats où nous avons pu voir
que le processus d'urbanisation survenu dans la province s'est manifesté
pour l'essentiel, dans la déstructuration de l'espace et surtout dans
l'amplification des disparités socio économique,
démographique et environnementale, quelles peuvent être les
perspectives d'aménagement de la province de l'Estuaire ? Autrement dit,
quelles sont les pistes et solutions capables de mieux répartir les
hommes, les activités et les équipements dans la province de
l'Estuaire ? Cette grande interrogation, va constituer le chapitre 4 de notre
travail de recherche.
-Ici, une voie de circulation poussiéreuse
conduisant à CIMGABON. La poussière soulevée
entraîne de graves problèmes de santé publique. Elle peut
occasionner des maladies respiratoires (bronchite, toux, grippes,...),
également elle pollue les abords des habitations. La poussière
sert ainsi de peinture à ces habitations domestiques.
Photo 17 : Un environnement
dégradé à Libreville.
- Nous assistons ici à une dégradation
progressive de ce site, suite aux grands travaux réalisés en
Guinée-équatoriale. Les eaux avancent en érodant la roche
et détruisant la végétation. Pas très loin de
là, nous pouvons constater les éboulements de terrains. A ce
rythme, la ville s'expose à de graves problèmes
environnementaux.
Photo 16 : une route poussiéreuse
à Ntoum.
- Habitat en dur dans un environnement dégradé
(Nombakélé à Libreville).
Clichés : D. NTSEBE ONONO, Juillet 2010
Photo 15 : un site en pleine dégradation
dans la commune de Cocobeach.
73
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
Planche n°6 : Quelques sites pollués
dans deux villes de la province de l'Estuaire
74
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
Chapitre 4 : Les perspectives de développement
et d'aménagement de la province de l'Estuaire.
L'objectif dans ce chapitre, sera d'apporter les pistes et
solutions en vue d'un développement harmonieux des villes de la province
de l'Estuaire. Il ne va pas s'agir ici de faire une liste de projets viables de
développement de la province, mais de mettre sur le papier toutes les
idées qui, soit ont été recueillies sur place au cours nos
discussions et enquêtes avec les différents responsables de la
région, les élus locaux et les populations, soit nous sont venues
au fur et à mesure de l'analyse que nous avons entreprise.
En d'autres termes, aucune étude de rentabilité
ni même aucune vérification du bien fondé des propositions
n'a été effectuée. Il s'agit d'idées brutes parmi
lesquelles un premier tri devra être effectué, avant des
études plus approfondies de coût et de faisabilité.
A cet effet, trois types d'actions sont à envisager :
- Amélioration du cadre de vie et de conditions
d'existence des populations de la province de l'Estuaire (santé,
éducation, économie, loisirs...).
- Mise en place d'une véritable politique de
peuplement dans la province.
- Amélioration de la gestion des
écosystèmes urbains de la province de
l'Estuaire.
75
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
I- Amélioration du cadre de vie et de conditions
d'existence des populations urbaines de la province de l'Estuaire.
Dans le cadre de l'amélioration du cadre de vie et de
conditions d'existence des populations urbaines de la province de l'Estuaire,
beaucoup d'efforts ont été réalisés dans la
publication des documents d'aménagement de la province à ce
sujet. Ainsi, les documents de développement et d'aménagement
suivants ont été élaborés. Il s'agit notamment, du
« Livre banc » de la province de l'Estuaire, du SDAR et de la
réalisation en 1994 de l'étude Gabon 2025 qui a permis
d'identifier les aspirations profondes de nos populations.
Ces efforts et dispositions non négligeables des
pouvoirs publics se sont révélés très insuffisants.
La correction de ces inégalités socio économiques dans
cette province doit intégrer les domaines de la santé, celui de
l'éducation et les activités économiques.
De manière générale, les actions ou
propositions suivantes doivent être pris en compte pour améliorer
le cadre de vie et de conditions d'existence des populations urbaines de la
province de l'Estuaire.
I.1. L'amélioration du système de
santé et du cadre de vie des populations urbaines de l'Estuaire.
Dans le domaine sanitaire, les principales actions que l'on
peut proposer au niveau de la province de l'Estuaire ne sont guère
originales. Elles concernent :
- L'amélioration des infrastructures
sanitaires ;
Après avoir défini des normes de construction
des différents locaux médicaux, il conviendrait de
réhabiliter ou de reconstruire selon ces normes, les bâtiments les
plus vétustes.
- L'amélioration de l'hygiène
;
Cette amélioration apparaît
particulièrement nécessaire au niveau de certaines formations
sanitaires de la province. Il s'agit pour le Gouvernement de se donner les
moyens de cette amélioration.
- L'amélioration de la maintenance des
installations et des appareillages afin d'éviter certaines
pannes difficilement admissibles au niveau d'une formation sanitaire qui se
respecte.
76
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
- Le renforcement des effectifs
médicaux, qui passe par l'accélération des
affectations et des titularisations des jeunes diplômés. Il
faudrait également encourager le personnel médical à
accepter des affectations en des lieux déshérités.
- La révision profonde du système
d'approvisionnement en médicaments dans la province.
Après les propositions faites de manière
générale dans la province de l'Estuaire, quelles peuvent
être plus spécifiquement, celles relatives aux villes de cette
province.
L'agglomération de Libreville (Libreville et Owendo)
est relativement bien couverte en structures sanitaires publique et
privée, mais dont les coûts de soins sont
élevées.
l À Libreville, il faudrait :
- Rénover le Centre Hospitalier de Libreville
;
Cette formation à vocation nationale n'a pas
été correctement entretenue par le passé et doit
être constamment rénovée. Mais au delà de
l'entretien courant, il est nécessaire d'entreprendre d'importants
travaux de réfection dans l'optique de l'organisation de la Coupe
d'Afrique des Nations (CAN) de 2012 au Gabon.
- Réhabiliter les structures sanitaires de la
Caisse Nationale de Sécurité Sociale (Jeanne Ebori) et renforcer
les capacités d'accueil du centre médico-social ;
Les structures sanitaires de la CNSS étant
vétustes, cette réhabilitation devra s'accompagner d'un
renforcement du matériel existant afin de permettre au plus grand nombre
d'assurés de bénéficier de ces structures.
- Normaliser et mettre au rabais les coûts de soins
dans les différents cabinets médicaux privés de la ville
;
Il va s'agir de la mise en place des normes relatives
à la création d'un cabinet médical privé. Ces
normes doivent intégrer, l'hygiène de la structure, la fixation
d'une mercuriale de prix relative aux soins, l'amélioration du service
d'accueil et la gabonisation de ces structures médicales.
- Poursuivre, la construction dans les quartiers
sous-intégrés à forte concentration humaine, les
centres de santé afin de permettre à cette catégorie de
population de bénéficier largement des services de soins. Cette
action visera à terme de raccourcir la distance entre le domicile et la
structure sanitaire.
77
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
l A Owendo, les actions suivantes sont à
entreprendre, il s'agit de :
- Réhabiliter les structures sanitaires de la
CNSS, notamment l'Hôpital Pédiatrique d'Owendo (HPO) ;
Cette réhabilitation doit se faire en tenant compte de
la polarisation de la structure. En effet, étant une structure
paraétatique l'HPO devra se voir doter des nouveaux services qu'il ne
possédait pas jusqu'alors. Par ailleurs, selon certaines sources, cette
structure sanitaire de renom devrait fermer ses portes à cause
d'énormes difficultés de fonctionnement. Il s'agit en fait de
proposer la construction d'une structure sanitaire publique de qualité,
à la dimension du CHL pour permettre aux populations de cette commune
d'éviter de longues distances pour trouver un centre de santé de
qualité.
- La construction des centres de santé dans les
quartiers populaires de la commune ;
Cette action devra toucher les quartiers tels que : Awoungou,
Akournam et Alénakiri, du fait de leurs poids démographique.
Cela, pourrait également éviter d'énormes
déplacements entre le domicile et le centre de santé et surtout
que la plupart de ces quartiers sont encore difficilement accessibles.
- Amélioration et renforcement des
équipements manquants des structures de santé existantes du
domaine public ou privé afin de permettre aux owendois de
bénéficier largement de ces structures.
Dans les autres localités de la province, les actions
ponctuelles en matière de santé suivantes doivent être
prises en compte. Elles concernent pour la ville de :
l Ntoum :
- Transformer le centre médical de Ntoum en un
Centre Hospitalier, du fait de l'accroissement démographique que
connaît cette ville depuis un certain nombre d'années. Cette
action devra un temps soit peu, résoudre le problème de
surexploitation de la structure qui contribue à la dégradation
progressive des équipements et installations médicaux de la dite
structure.
- Réhabiliter et renforcer les équipements
existants (nombre de lits et matériel roulant) du centre médical
;
Cette action devra permettre au renforcement des structures
d'accueil par la construction ou l'implantation des services de soins, qui
jusque là, ne sont pas présents
78
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
dans la dite structure. Les services de cancérologie,
de stomatologie et bien d'autres..., pourront soulager les ntoumois et ainsi
éviter les déplacements en direction de Libreville.
- Normaliser l'implantation des cabinets
médicaux, qui de nos jours font surface dans la
ville. Cette normalisation devra tenir compte non seulement des conditions
d'hygiène fixées par les textes et règlements en vigueur
dans notre pays, mais aussi et surtout des prix fixés par les
différents prestataires de service. On devra donc à terme, voir
les cabinets médicaux présentés des prix qui font
l'assentiment de toutes les couches sociales que regorge la ville de Ntoum.
-
l Cocobeach et Kango :
- Réhabiliter les centres médicaux
;
En effet, ces structures sanitaires étant
vétustes, il faudra apporter une touche particulière à
leurs éclats. D'importants travaux de modernisation, d'extension et de
reconstruction devront intervenir pour donner à ces deux structures
l'influence qu'elles avaient au paravent. Tout cela, pour permettre aux
populations de Cocobeach et de Kango de fréquenter un lieu sain
contenant des équipements modernes.
- Renforcer les équipements et services de soins
existants des centres médicaux.
Cette action devra obligatoirement résoudre non
seulement, le problème du matériel roulant qui est
déficient, mais aussi et surtout, au maintien des services de soins et
à l'entretien des installations médicales. Devront
également intervenir la création des services de soins qui jusque
là ne sont pas présents dans les deux communes pour éviter
d'énormes distances et des risques qui s'en suivent à la
recherche d'un centre de soins complet, en occurrence à Libreville. Les
services de cancérologie, de stomatologie..., devront voir le jour dans
les deux centres médicaux.
l Cap-Estérias et Ndzomoé :
Ces deux communes, de création récente feront
l'objet des propositions spécifiques. En effet, à cause de leur
faible démographie, il existe à ce jour, comme structures
sanitaires un centre médical à Ndzomoé et un dispensaire
au Cap-Estérias.
Pour la commune de Ndzomoé, le centre médical
étant moderne, il répond encore à la demande des
populations dans la mesure où d'après les résidents de
cette ville qu'il
79
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
est sous exploité, du fait de la faible
démographie que cette dernière enregistre. Pour la commune du
Cap-Estérias, le dispensaire fera place au centre de santé qui
est entrain d'être construit. A terme, cette structure sanitaire pourra
résoudre les problèmes de santé des populations du Cap,
qui jusque là, se rendaient à Libreville pour subir des soins.
Nous osons croire que ces travaux de construction finiront dans les
délais prévus, puisque lors de notre passage sur la
contré, la société était au stade du terrassement
du terrain. Donc pour ces deux communes, aucune proposition en matière
de santé ne peut être formulée. Mais par expérience,
nous formulons le voeu que ces structures sanitaires regorgent l'ensemble des
services de soins pour éviter les déplacements impérieux
vers la capitale provinciale qui est Libreville.
Si les propositions formulées dans
l'amélioration du système sanitaire peuvent permettre de
résoudre ces disparités en matière de santé,
quelles propositions pouvons-nous formuler pour réduire les
inégalités dans le domaine éducatif de la province de
l'Estuaire ?
I.2. L'amélioration du système
éducatif de la province de l'Estuaire.
La couverture en structures scolaires est relativement
satisfaisante dans les villes de la province de l'Estuaire, bien que certaines
inégalités soient toujours présentes. En effet, beaucoup
d'efforts ont été réalisés par les pouvoirs publics
pour améliorer les offres de service dans le domaine éducatif.
Cependant, ces efforts se sont montrés insuffisants à tel point
que nous assistons malheureusement à un déséquilibre
d'offre de services en matière éducatif dans les villes de la
province. Pour tenter de rééquilibrer ces disparités, les
actions générales suivantes doivent être prises en compte.
Il s'agit notamment de :
- Amélioration des équipements
scolaires des villes de la province ;
Nombreuses sont les salles de classes qui présentent
un équipement insuffisant. Le temps imparti ne nous a permis de visiter
l'ensemble des salles de classe de la province, mais celles que nous avons pu
voir nous paraissent bien refléter la situation qui prévaut dans
ce domaine.
- Construction et amélioration des locaux
scolaires ;
80
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
La première action qui s'impose dans la province de
l'Estuaire est le nécessaire résorption des effectifs
pléthoriques qui sévissent à Libreville du fait du manque
flagrant des locaux scolaires.
- la construction et l'équipement de
laboratoires et d'ateliers dans le cadre de l'opération «
renforcement des sciences et de la technologie » ;
- Le renforcement de l'animation et du
contrôle pédagogique (bureaux, logement, véhicules)
;
- La construction d'infrastructures d'internat
pour améliorer les capacités d'accueil
actuelles.
De manière spécifique, les actions suivantes
doivent être développées pour améliorer le
système éducatif des villes de la province de l'Estuaire. Il
s'agit pour :
l Libreville et Owendo de :
- Réhabiliter et de renforcer les structures
scolaires existante ;
Cette action de réhabilitation et de renforcement des
établissements scolaires dans l'agglomération de Libreville est
la seule proposition que nous pouvons formuler dans la mesure où ces
deux communes concentrent la majorité des structures scolaires de la
province. Cette action devra donc intégrer les travaux de modernisation
de ces dites structures scolaires. Par ailleurs, les actions de construction ou
de délocalisation des établissements scolaires devront intervenir
dans les autres localités de la province.
Dans les autres villes de la province, les actions ou
propositions pour l'amélioration du système éducatif
devront s'articuler autour des axes suivants. Il s'agit notamment pour les
villes de :
l Ntoum :
- Réhabiliter et renforcer les capacités
d'accueil des structures scolaires existantes ;
Cette action devra permettre aux différents
établissements scolaires de bénéficier de certains travaux
de modernisation, la rénovation des terrains de jeux, la
réfection de la charpente par exemple, au Lycée public et dans
bien d'autres écoles primaires. Le renforcement des capacités
d'accueil devra intervenir au Lycée public, qui chaque année
scolaire, se voit obliger d'accueillir un nombre assez important
d'élèves en provenance de Kango et de Cocobeach.
- Délocaliser un établissement du
supérieur vers la ville de Ntoum ;
81
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
Cette proposition pourra un temps soit peu réduire la
forte concentration des étudiants à Libreville. Ainsi, l'Institut
National des Sciences et de Gestion par exemple, pourra être
délocalisé à Ntoum. Cette délocalisation pourra
également s'accompagner de nombreuses activités connexes et
permettre à la ville de rayonner et surtout d'être un pôle
d'excellence dans le domaine éducatif.
l Kango et Cocobeach :
Dans ces deux communes, les actions principales à
entreprendre s'articulent autour de trois axes, à savoir :
- La réhabilitation des établissements
existants (C.E.S et écoles primaires) ;
Etant tous vétustes, cette action devra permettre aux
élèves et enseignants de fréquenter dans un lieu sain. Les
C.E.S de Kango et de Cocobeach devront subir une cure de jouvence ; la
réfection de la charpente, la rénovation des installations
sportives....Pour les écoles primaires, les mêmes travaux sont
à entreprendre.
- Renforcement des capacités d'accueil des
structures scolaires existantes dans les deux villes ;
Cette action aura comme manifestation, le ravitaillement en
fourniture de bureaux, en table bancs, la réfection des tableaux noirs
et des possibles extensions en fonction de la demande qui est sans cesse
croissante.
- Transformation des deux C.E.S en Lycées.
Cette action importante devra permettre à ces deux
villes d'accueillir une population estudiantine importante. A terme, cette
action va également permettre de réguler les effectifs au
Lycée de Ntoum, surtout dans le second cycle. Cette transformation va
non seulement maintenir les élèves, mais aussi les attirer.
l Cap-estérias et Ndzomoé :
De création récente, ces deux communes devront
se doter d'un minimum de structures scolaires. En effet, pour la ville de
Ndzomoé il faudra construire une école primaire, puisqu'elle
n'existe pas. Au cap, la situation est presque satisfaisante, puisque cette
commune compte une école primaire propre et un C.E.S qui est entrain
d'être construit pour un délai de six (6) mois. En principe, cet
établissement devrait accueillir des élèves pour
l'année scolaire 2010-2011.
82
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
I.3. Les activités économiques à
promouvoir dans les villes de la province de l'Estuaire.
Le rééquilibrage de la province dans le domaine
économique est une opération ambitieuse qui fait intervenir
plusieurs acteurs de la société. L'implantation d'une
activité économique répond à plusieurs
critères (marché, accessibilité, clients,...). Dans le
cadre de l'aménagement de la province de l'Estuaire sur le plan
économique, les actions générales suivantes sont à
promouvoir :
- Le développement de la pêche
artisanale dans la partie ouest de la province (Cocobeach, Cap-Estérias,
Libreville et Ndzomoé) ;
- La mise en place des relais de
développement ruraux (Atanga, Atogafina, Donguila et Ekouk)
;
- Intensification des cultures vivrières
et du maraîchage (Ntoum-Libreville, Ntoum-Cocobeach) ;
- Le développement du tourisme dans la
province.
83
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
Carte n° 3 : Les perspectives
d'aménagement économiques de la province de
l'Estuaire.
La carte ci-dessus, présente de manière
détaillée les activités économiques qu'il faudrait
développer dans la province. La mise en place d'une véritable
politique d'aménagement du territoire et particulièrement la
province de l'Estuaire doit se baser sur les potentialités
économiques que regorge chaque ville. Ainsi, les quatre propositions
formulées dans le cadre de l'aménagement de la province sur le
plan
84
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
économique sont à prendre à coeur par
les pouvoirs publics, pour permettre un développement harmonieux de la
province.
Cependant des actions spécifiques suivantes sont
à entreprendre pour permettre le développement économique
des villes de la province. Il s'agit pour :
l Libreville et Owendo :
- Délocaliser un certain nombre d'activités
économiques dans les autres localités de la
province.
Cette action de délocalisation va permettre à
d'autres localités de bénéficier des effets induits de
l'implantation d'une entreprise. Par exemple, les sociétés de
transformation du bois pourront être délocalisées au
Cap-Estérias, Cocobeach et Kango du fait de l'activité
forestière qui est fortement développée dans ces
localités. Pourront également être
délocalisées les entreprises exerçant dans le domaine de
la pêche et du transport maritime. Ces délocalisations pourront
attirer des populations en quête d'un emploi.
Pour les autres villes de la province qui sont
dépourvues d'activités économiques, les actions suivantes
sont à promouvoir. Il s'agit notamment pour les villes de :
l Ntoum :
- Réhabiliter le C.I.A.M et de relancer le
maraîchage et les cultures vivrières ,
Considérée comme le grenier de la province,
cette action va permettre à Ntoum d'attirer un nombre assez important de
populations exerçant dans le domaine de l'agriculture et de
l'élevage. La réhabilitation du CIAM pourra avoir comme
conséquence, l'intensification des nouvelles techniques agricoles plus
appropriées, alors que la relance du maraîchage et des cultures
vivrières va ainsi constituer un facteur non négligeable, qui
pourra contribuer à l'autosuffisance des populations de la province et
plus particulièrement de Ntoum.
- la mise en place d'un bloc agricole vivrier ,
Ce bloc pourra consolider la pratique de l'agriculture dans la
commune.
- Développer un pôle industriel à
Ntoum.
85
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
Ce pôle industriel devra s'articuler autour des industries
existantes (CIMGABON, les installations hydrauliques de la S.E.E.G et bien
d'autre). De même, il aura la possibilité de délocaliser
les industries implantées à Libreville.
l Cocobeach :
- Développer les activités de la pêche
;
Cette action devra s'accompagner de la construction d'un port de
pêche et d'une
chambre froide pour la conservation des produits
halieutiques.
- L'implantation des scieries dans la commune ;
Du fait de son exploitation forestière, devra être
créées quelques scieries dans la
ville pour la transformation du bois sur place.
- Développement du cocotier
Cette action devra ainsi permettre aux populations de cette
ville, d'avoir une
expertise sur les retombées financières du
développement du cocotier.
- Actualiser et valoriser le tourisme dans la
contrée.
Cette action importante, devra s'accompagner de la construction
des structures
hôtelières de qualité, la
préservation des sites historiques (hôpital allemand, l'obus et
bien d'autres) et la protection des écosystèmes
marins qui font la fierté de cette ville.
l Kango :
- Développer la pêche dans la ville;
Cette action devra s'accompagner de la construction d'une
chambre froide pour
la conservation des produits de la mer.
- La rénovation des plantations
d'hévéas ;
Cette rénovation devra permettre de générer
des emplois dans une localité où les
activités économiques sont inexistantes.
- La mise en oeuvre de la SOGACEL ;
Cette action devra permettre à la commune de tirer profit
des retombées de cette
activité. La mise en route de l'usine de la
Société gabonaise de cellulose aura à
« booster » l'économie locale et ainsi
transformer Kango en eldorado.
- Développer le tourisme dans la ville.
86
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
Cette action devra intégrer la réhabilitation
de l'hôtel Assok qui est en ruine et la construction des autres
structures hôtelières. Devront également être mis en
valeur les potentialités halieutiques du Komo, notamment les
écrevisses ou « grosses crevettes ».
l Ndzomoé et Cap-Estérias :
- Développement de la pêche artisanale
;
Cette action va s'accompagner de la construction d'un port de
pêche et d'une chambre froide dans les deux villes. Ainsi les produits
pêchés pourront être conservés dans de bonnes
conditions afin de permettre une bonne commercialisation de ces derniers.
- L'implantation des scieries dans la commune de
Ndzomoé ;
Du fait de son exploitation forestière, devra
être créées quelques scieries dans la ville pour la
transformation du bois sur place.
- Développement du tourisme dans les deux
villes.
Cette action devra s'accompagner de la construction des
structures hôtelières de qualité dans les deux communes et
la protection des plages du cap.
II. La mise en place d'une véritable politique
de peuplement dans la province de l'Estuaire.
Cette action va s'appuyer sur la constitution des pôles
régionaux de fixation des populations en améliorant les
infrastructures des villes petites et moyennes, en y promouvant l'installation
de services publics, et surtout, la création d'activités
économiques susceptibles de créer des revenus et d'offrir des
emplois valorisants. L'objectif est de tendre vers une
répartition plus adéquate de la population dans la province de
l'Estuaire. Pour cela, il faut s'appuyer sur les pôles de peuplement
permettant de tirer parti des potentialités démographique,
économique et spatiale en renforçant l'armature urbaine de
façon plus adéquate et mieux structurée. En permettant une
bonne répartition dans le territoire les infrastructures
économiques et sociales et des activités, on favoriserait le
maintien de la population rurale en améliorant ses ressources et son
accès au services de bases.
Ainsi, le rééquilibrage démographique des
villes de la province de l'Estuaire est intimement lié à
l'implantation des activités économiques. La concentration
humaine
87
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
dans une ville est fonction des activités
économiques qui y sont développées. Donc, la politique de
peuplement que nous pouvons proposer devra tenir compte des propositions faites
sur l'aménagement de la province sur le plan économique.
En effet, la province de l'Estuaire se manifeste par un
déséquilibre sur le plan démographique.
L'agglomération de Libreville se constitue en dévoreuse de
populations du fait de l'importance des activités économiques qui
y sont implantées et développées. Si les actions en faveur
d'un possible rééquilibrage de la province sur le plan
démographique sont avérées, elles devront s'articuler, non
seulement sur la délocalisation des activités économiques
de Libreville vers les autres localités, mais aussi et surtout sur la
création des unités économiques dans les autres
localités en fonction des potentialités dont elles disposent.
La politique de peuplement de la province de l'Estuaire pourra
alors se manifester par la création des pôles de peuplement. Ces
pôles de peuplement, mis en place en fonction des activités
économiques pourront lutter efficacement contre l'exode rural qui est
toujours massif vers Libreville et sa périphérie.
Le pôle de peuplement devra ainsi abriter les
équipements de base pour favoriser l'éclosion des individus. Il
va s'agir d'améliorer les voies de circulation, la fourniture en eau et
en électricité, l'assainissement des eaux usées et des
ordures ménagères, l'implantation des structures de
qualité dans le domaine sanitaire, éducatif et surtout
économique et bien d'autres équipements nécessaires qui
pourront attirer et maintenir les populations sur place.
Pour nous résumer, la mise en place des pôles de
peuplement dans la province de l'Estuaire est fonction de l'évolution ou
l'implantation des activités économiques. Au Gabon et
singulièrement dans la province de l'Estuaire, les villes les plus
peuplées sont celles où les activités économiques
sont développées. Donc toutes les villes de la province de
l'Estuaire sont de potentielles pôles de peuplement, si et seulement si
les activités économiques s'y développent.
88
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
III. Amélioration de la gestion de
l'environnement urbain.
Plusieurs études (cadre institutionnel et outils) ont
été menées au Gabon pour l'amélioration de la
gestion des écosystèmes urbains. Il s'agit principalement du Plan
National d'Actions pour l'Environnement (PNAE). Ces actions, pour la plupart se
sont révélées inefficaces, car les problèmes
liés au manque de maîtrise de l'occupation des sols, à
l'insuffisance du drainage, à l'absence de services de maintenance et
d'entretien, à l'insuffisance des programmes d'extension et d'entretien
des réseaux, à l'absence de prestataires d'assainissement, de
textes réglementaires, à la multiplicité des intervenants
et à l'insuffisance de la sensibilisation auprès des populations.
Ces problèmes se traduisent par de mauvaises conditions d'hygiène
et de prolifération des maladies hydriques.
Entre autres actions à mener, Le PNAE et nous,
préconisons pour les villes de la province de l'Estuaire des pistes
suivantes :
- La distribution, de façon pertinente, des
responsabilités entre l'Etat, les communes et les concessionnaires de
réseaux ;
- La production des documents d'urbanisme tels que les plans
d'occupation des sols, de schémas et de plans directeurs
d'assainissement de toutes les villes de la province et plus
particulièrement Libreville qui connaît ces problèmes avec
beaucoup de gravité.
- La préparation de stratégies d'assainissement
adaptées aux sites et au contexte économique ;
- La responsabilisation des municipalités, en
particulier dans la gestion des ordures ménagères, le traitement
des déchets solides et liquides, la maintenance et l'entretien des
ouvrages ;
- La réalisation des réseaux d'égouts
dans l'agglomération de Libreville ;
- L'assainissement des quartiers urbains par le curage des
canaux et caniveaux, les opérations villes propres, la création
de dépôts de matière de vidange, etc ;
- La sensibilisation des populations sur la collecte et le
ramassage des déchets, les risques liés au rejet des ordures dans
les cours d'eau et les canaux et l'occupation des zones « non aedificandi
»( vallées, bas-fonds,marécages ).
- Le développement de la participation communautaire,
notamment dans l'évacuation des eaux de surface dans les
communautés à revenus faibles ;
89
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
- La lutte contre la squattérisation, en
développant l'urbanisme opérationnel, la restructuration des
quartiers de Libreville et en revisitant certains textes d'urbanismes et
mécanisme d'attribution des domaines.
En somme, les propositions formulées dans le cadre de
la protection des écosystèmes urbains de la province de
l'Estuaire se focalisent plus sur la ville de Libreville qui est emprunt
à ces difficultés de manière quotidienne, alors que les
autres villes les subiront certainement dans un avenir proche.
Les actions complémentaires devront intervenir dans les
domaines de l'amélioration des voies de communication et de l'adduction
d'eau et de l'électricité.
Le réseau routier étant en très mauvais
état dans la province, il faudra bitumer les axes routiers suivants :
Libreville-Cap-Estérias, Libreville-Ndzomoé et Ntoum-Cocobeach.
De même, il faudra renforcer le bitume sur les axes routiers,
Libreville-Ntoum ; Ntoum-Kango.
Pour l'adduction en eau et en électricité, il
est à souligner que ces villes connaissent des problèmes d'eau et
d'électricité, c'est le cas du Cap-Estérias,
Ndzomoé, Ntoum et Cocobeach. A Kango par exemple, les populations des
quartiers de Nianame et Kafélé sont privées d'eau
potable55, mais aussi dans les quartiers sous-intégrés
de Libreville et Owendo. A cet effet, il faudra intensifier les réseaux
d'eau et d'électricité dans tous les centres urbains de la
province, pour ainsi permettre une meilleure distribution de ces services
vitaux.
Cependant, pour réaliser cette vision et afficher
clairement ses ambitions, l'Etat doit mettre en place, une politique de
développement et d'aménagement du territoire, concomitamment avec
des textes d'application de la loi organique15/96 du 06 juin 1996 relative
à la décentralisation.
La politique d'aménagement du territoire devrait
s'appuyer désormais sur la loi d'orientation de la
décentralisation. Elles sont toutes deux le fruit d'une volonté
politique relativement récente. Les deux processus sont
étroitement liés, tant dans les mécanismes de
définition des objectifs que des modalités de mise en oeuvre. Les
dispositifs institutionnels mis en place ont le mérite de définir
de façon précise, notamment au niveau national, la
répartition des responsabilités.
55 Quotidien d'information générale,
Gabon Matin, n° 414 du lundi 04 octobre 2010, p 5.
90
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
La loi d'orientation de la décentralisation donne aux
collectivités locales (communes et départements) la
responsabilité entière de l'élaboration de plans locaux de
développement (communaux et départementaux). Il est donc
indispensable que la politique de développement et d'aménagement
du territoire s'appuie sur ces orientations stratégiques, tout en
assurant la « descente » des priorités sectorielles.
Enfin, Il importe aussi d'assurer la cohérence entre
les textes de décentralisation et les textes techniques relatifs
à l'exercice de certaines compétences, notamment le foncier,
l'urbanisme, la gestion des ressources naturelles. La vision stratégique
du développement des communes urbaines devrait être le fruit de
concertations entre les instances des départements et des communes,
c'est-à-dire des zones rurales et urbaines.
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
91
CONCLUSION GENERALE
92
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
Le sujet de recherche que nous avons intitulé, le
processus d'urbanisation et l'aménagement de la province de l'Estuaire
avait pour objet d'étude, le rapport entre la dynamique urbaine
et l'organisation de l'espace de l'Estuaire
L'étude du processus d'urbanisation et
l'aménagement de la province de l'Estuaire était
intéressante à nos yeux dans la mesure où nous l'avons
étendu sur toutes les villes de la province, notamment sur leur
capacité à organiser ce territoire. Cette orientation a mis notre
étude dans le champ de l'aménagement du territoire.
Ainsi, le but de notre étude a été
d'apprécier la valeur et l'importance des actions d'aménagement
menées jusque là par l'Etat dans l'optique d'une meilleure
organisation du territoire, de décrypter au niveau de la province de
l'Estuaire, les apports évolutifs et limites des politiques urbaines et
d'aménagement du territoire et enfin de proposer les voies et moyens en
vue de parfaire et de normaliser les actions aménagistes au Gabon et
particulièrement dans la province de l'Estuaire.
Pour montrer le caractère primordial de notre
étude nous avons formulé la problématique de la
manière suivante, Est-ce que la dynamique d'urbanisation
survenue ses dernières années a permis d'organiser le territoire
de l'Estuaire de façon harmonieuse et équilibrée
?
, La réponse à cette question centrale ne
pouvait pas trouver de réponses fiables sans formuler les
hypothèses plausibles et vérifiables.
A cet effet,l'hypothèse suivante a été
formulée pour cette étude, La multiplication des
centres urbains n'a pas permis d'aménager la province de façon
harmonieuse et équilibrée, elle a plutôt amplifié
les écarts socio économique et démographique qui
existaient déjà dans cette province. Ces villes n'ont pas
joué un rôle dans l'aménagement de la province en faisant
le contre-poids à l'hypercentralisation librevilloise. Elles n'ont pas
bénéficié des décentralisations en particuliers les
équipements sociaux de prestige.
. La province de l'Estuaire a connu une vague de communes dans
les années 1990 et 2000, après l'érection de la commune de
Libreville en 1957. Il a fallu attendre près trente cinq ans, pour voir
la dynamique communale atteindre d'autres localités de la province qui
étaient à cette époque des PCA, des postes
télégraphiques et des départements. Ainsi, L'historique de
l'urbanisation dans la province s'est faite en deux périodes : avant
l'indépendance et après l'indépendance.
93
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
Avant l'indépendance, la province de l'Estuaire ne
comptait qu'une seule commune de plein exercice (Libreville) qui a
été érigée en Mai 1957. Après
l'indépendance du pays, et plus précisément en 1996, la
loi 15/96 du 06 juin 1996 relative à la décentralisation a
conduit à l'érection de tous les chefs lieux de
département du pays en commune de plein exercice. Ainsi les chefs-lieux
de département du Komo-Mondah (Ntoum), du Komo-Kango (Kango), de la Noya
`(Cocobeach) et d'Owendo ont acquit ce statut dans la province de l'Estuaire.
Et en 2007, par ordonnance, les chefs-lieux de département du Cap
(Cap-estérias) et du Komo-Océan (Ndzomoé) ont
été érigés en communes de plein exercice. La
province compte actuellement sept (7) communes de plein exercice : Libreville,
Owendo, Ntoum, Cocobeach, Kango, Ndzomoé et le Cap-Estérias.
La croissance démographique observée dans les
communes de la province de l'Estuaire a été due, d'une part,
l'accroissement naturel de la population consécutive aux meilleures
conditions de vie et d'hygiène et la victoire de la vie sur la mort.
D'autre part, grâce aux potentialités et surtout aux
activités économiques qui sont développées dans ces
centres urbains. C'est ainsi que l'agglomération de Libreville a pu
bénéficier de cet afflux massif de population (97% de la
population urbaine provinciale) car possédant l'essentiel des
activités économiques motrices, de possibilités d'emplois
et de promotion des individus. Cependant cette augmentation de la population
dans la ville de Libreville a contribué à son extension spatiale
dans les périphéries(Est, Sud et Nord) et a engendré les
problèmes de saturation des voies de communication et de
dégradation de l'environnement de cette ville.
Le bilan du processus d'urbanisation dans la province est
mitigé, même pour des non spécialistes. Des avancées
timides ont été constatées ici et là, notamment
dans la construction de quelques équipement de base (centres
médicaux, dispensaires, écoles, C.E.S, Lycées, voiries
urbaines...). Mais de véritables problèmes subsistent : mauvaises
conditions de vie, carence de logements, manque d'adduction d'eau et
d'électricité, manque d'assainissement pour les ordures
ménagères liquides et solides, chômage grandissant,
insécurité...
Les politiques d'aménagement et études urbaines
réalisées dans le cadre de l'amélioration des conditions
de vie des populations et du rééquilibrage de la province de
l'Estuaire, notamment, le Livre Blanc en 1983, Schéma
d'Aménagement régional
94
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
(SDAR) en 1985, les colloques, les éditions 2006 et
2007 des fêtes tournantes, les documents d'urbanisme, les SDAU, les POS,
les SPU , les stratégies urbaines et autres documents de planification
et d'aménagement, se sont révélés pour les uns trop
coûteuses( d'où le recours aux plans sectoriels) et pour d'autres
restés dans les tiroirs, par manque de textes d'application. Mais de
manière générale, ces documents se
révélés insuffisants et inefficaces dans l'organisation
harmonieuse de la province.
La province de l'Estuaire devient aujourd'hui à
l'instar d'autres provinces du pays, une région où les
inégalités socio-économique, démographique et
environnementale persistent. Seulement, les perspectives de
développement et d'aménagement de la province de l'Estuaire
doivent désormais s'appuyer sur l'amélioration du cadre de vie et
de conditions d'existence des populations de la province de l'Estuaire
(santé, éducation, économie, loisirs...) la mise en place
d'une véritable politique de peuplement dans la province et
l'amélioration de la gestion des écosystèmes urbains de la
province de l'Estuaire.
Au bout de cette étude, nous sommes parvenus à
quelques résultats. Ces résultats ont été obtenus
non seulement à partir des documents que nous avions à notre
disposition, mais aussi et surtout grâce à nos enquêtes dans
les centres urbains de la province.
Il en résulte que les chefs-lieux de département
ont été érigés en commune de plein exercice, pour
remplir les fonctions politiques, administratives, de contrôle de
territoire et d'encadrement des populations dans la mesure où on s'est
contenté d'équiper les anciens postes et donc de renforcer
l'armature urbaine esquissée par l'administration coloniale. C'est ainsi
que l'agglomération de Libreville (commune de Libreville et d'Owendo) et
les villes de Ntoum, Kango, Cocobeach, Cap-Estérias et Ndzomoé
sont par essence des centres urbains à vocation politico administrative,
comme en témoigne les énormes investissements consentis par
l'Etat pour doter ces dernières, des équipements
nécessaires au contrôle et d'encadrement des populations.
Toutes ces villes sont dotées d'une préfecture,
d'un poste de gendarmerie, d'une mairie, d'un conseil départemental,
etc. De même, cette assertion se justifie par le fait qu'en dehors de
l'agglomération de Libreville et dans une moindre mesure, la ville de
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Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
Ntoum, l'implantation des usines est rare. Ces villes sont
dépourvues d'unités économiques. Elles sont de petites
villes qui subsistent grâce aux transferts publics ou des
opérations ponctuelles financées par l'Etat (routes, logements
édifices publiques, etc.). Les autorités politiques, en
créant ces centres urbains dans la province, ont mis l'accent sur
l'implantation des infrastructures de commandement, sans avoir recours aux
unités économiques. La conséquence principale de cette
action étatique est la déstructuration de la province de
l'Estuaire, tant au niveau socio économique, démographique et
même environnementale.
De même, le développement des villes dans la
province de l'Estuaire n'a pas permis de réduire les
déséquilibres qui existaient, il les a même
amplifié, dans la mesure où il y a une nette opposition entre
l'agglomération de Libreville et les autres localités de la
province. Le processus d'urbanisation observé dans la province n'a pas
permis de réduire les disparités socio économique,
démographique et même environnementale.
Sur le plan social, malgré la création des
villes, nous avons pu observer qu'il existe toujours un
déséquilibre d'offre de services dans les domaines sanitaire et
éducatif et un accès inégal aux NTIC entre les populations
vivant dans l'agglomération de Libreville et celles vivant dans les
autres localités. Libreville et Owendo concentrent la
quasi-totalité des équipements sanitaires et scolaires de renom
et accèdent facilement aux services des NTIC, tandis que les autres
villes en sont dépourvues ou, si ils existent, ils sont vétustes
et surexploités.
Sur le plan démographique, le contraste est le
même dans la mesure où l'agglomération de Libreville
concentrent près de 97% de la population urbaine de la province et les
reste des villes se partagent les 3% restant. C'est donc dire que le processus
d'urbanisation survenu dans la province ne s'est pas accompagné d'un
rééquilibrage démographique.
Sur le plan économique, la situation est dramatique
dans la mesure où ce développement des villes dans la province ne
s'est pas accompagné de l'implantation des unités
économiques. L'agglomération de Libreville comme toujours,
concentrent la majorité des unités de production : 85% des
sièges des entreprises sont concentrés à Libreville, les
ports, l'aéroport, les commerces etc. Dans les autres localités
de la province, l'implantation des unités de production est rare, elles
sont de petites villes dont l'économie est basée sur les salaires
des fonctionnaires. Aussi devons- nous ajouter
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Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
que plusieurs unités économiques ont
été abandonnées par une mauvaise gestion et favorisant
ainsi l'exode rural vers la capitale provinciale.
Sur le plan environnemental, la situation est la même,
puisque le processus d'urbanisation a engendré des conséquences
néfastes dans ces centres urbains. Ces conséquences reposent
essentiellement sur la pollution et la dégradation de l'environnement
urbain : effluents, déchets solides, ordures ménagères...
donnant ainsi lieu à certaines maladies d'origine hydrique comme le
paludisme, les parasitoses intestinales, les diarrhées etc. Seulement,
ces problèmes d'environnement se manifestent fortement à
Libreville, car cette ville regorge une forte population et des industries
polluantes.
Par ailleurs, fonctionnellement, aussi bien que par leur
aspect et l'organisation de leur espace, seule l'agglomération de
Libreville correspond véritablement au qualificatif « urbain
», et pose les problèmes des grandes villes africaines. Toutes les
autres localités de la province dépendent principalement des
activités administratives et agricoles, et leur bâti ne
revêt un caractère urbain que dans des centres très
réduits en étendue. Ce sont pour l'essentiel des concentrations
d'habitations proches de celles que l'on observe dans les zones rurales,
bénéficiant d'infrastructures collectives plus
étoffées. Leur faible croissance et le chiffre
modéré de leur population leur évitent les
problèmes aigus d'organisation de l'espace urbain, mais sont un frein
certain à leur croissance économique. Les besoins
spécifiquement liés à l'organisation et à
l'équipement du territoire urbain, les problèmes fonciers et ceux
de l'environnement, du logement ou des transports ne sont aigus que dans
l'agglomération.
Le réseau urbain provincial a de faibles
potentialités de développement, hors de la capitale. D'une part,
la population s'accroît à un taux modéré, de l'ordre
de 2%. D'autre part, les « réserves » de population qui
pourraient alimenter l'exode rural sont faibles. Les perspectives de croissance
se concentrent actuellement dans la capitale et son « annexe
économique» Owendo. Les fonctions administratives, commerciales et
financières ainsi que l'exportation du pétrole y sont des
facteurs durables et importants de croissance.
Dans les autres « villes » les emplois centraux
suivent ou accompagnent la croissance, mais ils ne la provoquent pas. La
tendance naturelle va ainsi dans le sens d'une concentration accrue de la
population dans les deux communes principales, mais
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Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
l'équilibre relatif entre elles et le reste des
cités provinciales ne devrait se modifier que lentement. La
stratégie urbaine devra tenir compte de ces limitations et
contraintes.
L'écart entre Libreville, qui bénéficie
de plusieurs activités « motrices » par rapport aux autres
villes (qui dépendent d'une seule source de revenus) devrait encore
s'accroître dans une faible proportion. Libreville, qui cumule les
activités centrales de toutes les filières, avant l'exportation,
avec le privilège d'être pratiquement le seul point d'importation
des biens et services extérieurs dont le Gabon à besoin.
A partir de ces quelques résultats, nous pouvons
affirmer sans risque de nous tromper que l'hypothèse formulée
dans le cadre de cette recherche a été vérifiée,
dans la mesure où la province de l'Estuaire est toujours marquée
par des inégalités sur les plans socio-économique,
démographique et environnemental.
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
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