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Relations de crédit et coà»t de l'endettement: le cas des PME camerounaises

( Télécharger le fichier original )
par Jules TCHAMABE
Université de Yaoundé II - Diplôme d'études approfondies en sciences de gestion 2012
  

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2.1.1-) La variables endogène de l'étude

La variables endogène est la mêmes que celle présentée aux chapitres précédentes. Il s'agit pour rappel du coût de l'endettement. Cette variable est empruntée à Cieply et Paranque (1997) et Bonfim et al. (2010) et représente le coût moyen d'endettement supporté par les entreprises à la fois sur les emprunts et sur les concours bancaires courants. Elle est mesurée par le rapport frais financiers / (Dettes financières + Concours bancaires courants). Les statistiques descriptives concernant cette variable pour les PME multibanques sont les suivantes.

Tableau 4. 2 : Statistiques descriptives du coût de la dette des entreprises multibanques

N

Moyenne

Médiane

Écart-type

Asymétrie

Aplatissement

Min.

Max.

Valide

Manquante

98

0

0,2481

0,2444

0,04198

0,202

-0,730

0,17

0,34

Source : De l'auteur à partir de la base de données constituée

Il ressort de ce tableau que coût de l'endettement financier des PME multibanques est en moyenne égale à 24,81 % avec une fluctuation moyenne de l'ordre de 4,198 %. Remarquons que ce coût est largement supérieur au taux effectif moyen appliqué par les banques sur les crédits aux PME Camerounaises (13,06 %, COBAC, 2009).

2.1.2-) Les variables exogènes

Pour l'étude du lien entre la multibancarisation et les conditions de crédit, deux principales variables, en plus de celles considérées comme proxies de la relation de l'entreprise avec sa banque principale sont retenues :

+ Les variables de multibancarisation sont les suivantes :

- X4 : représente le nombre de créanciers financiers formels de l'entreprise. Les informations sur cette variable sont obtenues à travers la question Q.13-). C'est une variable numérique dont la valeur est obtenue en additionnant le nombre de banques,

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93

d'EMF et d'EF avec lesquels l'entreprise est en relation. En ce basant sur les postulats du modèle de Diamond (1984) qui prédit une duplication des coûts de contrôles et en référence à l'hypothèse n° 2 énoncée ci-dessus, un lien positif est anticipé entre cette variable et les conditions de financement de l'entreprise. Les statistiques descriptives concernant cette variable sont les suivantes :

Tableau 4. 3 : Statistiques descriptives du Nombre de créanciers financiers formels de l'entreprise

N

Moyenne

Médiane

Écart-
type

Asymétrie

Aplatissement

Min.

Max.

Valide

Manquante

98

0

4,04

4,00

0,962

-0,012

-0,573

2

6

Source : de l'auteur à partir de la base de données constituée

Il ressort du tableau 4.3 montre les PME multibanques entretiennent des relations de crédit avec en moyenne 4 créanciers financiers avec un maximum de 6 créanciers. Malgré le grand écart existant entre le minimum (2) et le maximum (6) de cette variable, ce nombre moyen de créanciers financiers est sensiblement le même pour toutes les catégories d'entreprises répertoriées au regard des informations contenues dans le tableau 4.4 ci-dessous.

Tableau 4. 4 : Nombre moyen de créanciers par catégorie d'entreprise

 

Catégorie d'entreprise

Micro

Petite

Moyenne

Moyenne
Supérieure

Total

Moyenne N

Écart-type

4,00

7

1,155

4,16

49

0,825

3,79

28

0,995

4,14

14

1,231

4,04

98

0,962

Source : de l'auteur à partir de la base de données constituée

Ces chiffres ne renseignent néanmoins pas sur la nature de ces créanciers. L'analyse de la figure 4.2 ci-dessous montre que la multibancarisation de la dette peut prendre diverses orientations. Il y ressort qu'environ 26,53 % des PME associent dans leur financement uniquement des banques et des EMF, 31,63 % associent des banques et des EF tandis que seulement 8,16 % diversifient leur endettement en s'adressant uniquement auprès des banques. En se basant sur le fait que le crédit-bail constitue la principale offre des EF, cette figure indique que plus de 50 % des PME utiliseraient ce type de financement.

Mémoire DEA Sciences de Gestion Relations de crédit et coût de l'endettement : le cas des PME camerounaises

94

Figure 4. 2 : Répartition des PME multibanques selon la nature des sources externes de financement

Source : De l'auteur à partir de la base de données constituée

La prise en compte de ces différentes orientations multibancaires nous amène à la présentation de la seconde variable de multibancarisation.

- X5 : Dualisme banque-EMF, c'est l'une des variantes de l'orientation multilatérale de l'entreprise. Elle est une variable dichotomique prenant la valeur 1 lorsque l'entreprise associe dans son financement banques et EMF et 0 sinon. Elle permet d'apprécier le rôle que pourrait jouer les EMF en termes de certification de la qualité de l'emprunteur pour les banques. Très peu d'études se sont intéressées aux effets d'une telle dualité sur le financement des entreprises. La majorité des études recensée se sont concentrées uniquement sur le nombre de créanciers financiers comme facteur explicatif de conditions de financement des entreprises. Or, une ambigüité ressort de la littérature sur l'importance des EMF dans le financement des PME. D'un côté, Hugon (1996) et Lelart (2006) soulignent qu'en raison des ressources limitées de l'EMF et de leur refinancement auprès des banques commerciales, leur capacité d'offre de crédit aux entreprises est limitée. De plus, les coûts appliqués aux prêts par les EMF seraient supérieurs à ceux des banques. De l'autre côté, Fall et Diagne (2009) arguent que le financement décentralisé voir même relationnel que fournissent les EMF peuvent permettre à l'entreprise emprunteuse de se constituer une réputation. La réputation ainsi acquise pourra en retour être utilisée comme signal de qualité auprès des banques. Cette

Mémoire DEA Sciences de Gestion Relations de crédit et coût de l'endettement : le cas des PME camerounaises

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ambigüité mérite une attention particulière dans le cadre d'une multilatéralisation. Les statistiques descriptives de cette variable sont les suivantes

Tableau 4. 5 : Statistique descriptive de la variable Dualisme banque-EMF

 

Effectifs

Pourcentage

Pourcentage valide

Pourcentage
cumulé

Valide non

60

61,2

61,2

61,2

oui

38

38,8

38,8

100,0

Total

98

100,0

100,0

 

Source : De l'auteur à partir de la base de données constituée

Ce tableau montre que 38,8 % des PME multibanques ont une relation de crédit avec au moins un EMF.

+ Les variables considérées comme proxies du financement relationnel sont relatives cette fois à la relation entre les PME et leurs banques principales. Elles sont similaires à celles utilisées au chapitre II. Il s'agit de :

- X1 : la durée de la relation avec la banque principale synonyme de production d'information sur l'entreprise ;

- X2 : l'étendue de la relation avec la banque principale représentant la fréquence des contacts et de l'intensité des interactions entre l'entreprise et la banque principale ;

- X3 : l'appartenance de l'entreprise à un même réseau relationnel que sa banque principale.

Suivant la logique de la seconde hypothèse formulée ci-dessus, nous anticipons une réduction de l'incitation de la banque principale à produire des informations sur les entreprises multibanques. Nous postulons aussi un comportement opportuniste (hold-up) des banques principales dans l'utilisation de l'avantage informationnel dont elles disposent (ou sont supposées disposer) par rapport aux autres créanciers de l'entreprise. Un lien positif et significatif entre ces variables relationnels et le coût de l'endettement est par conséquent attendu.

Les statistiques descriptives concernant ces variables ainsi que les variables de contrôle (âge, taille, performance, solvabilité, liquidité et garantie potentielle de l'entreprise) sont présentées dans le tableau 4.6 ci-dessous :

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Tableau 4. 6 : Statistiques descriptives des variables relationnelles et de contrôle des PME multibanques

 

N

Moyenne

Médiane

Écart-type

Asymétrie

Aplatissement

Min.

Max.

Valide

Manquante

X1

Durée de la relation avec la BP

98

0

2,20

2,00

1,074

,396

-1,103

1

4

X2

Étendue de la relation avec la BP

98

0

8,08

8,00

1,249

-0,092

-1,007

6

10

X3.1

Appartenance aux réseaux

98

0

0,39

0,00

0,490

0,468

-1,819

0

1

X6

Âge de l'entreprise

98

0

6,67

6,00

2,055

,205

-0,574

2

11

X7

Taille de l'entreprise

98

0

3,2213

3,2581

0,60628

-0,290

-0,751

1,61

4,19

X8

Performance de

98

0

-

0,0017

0,01735

-0,457

-0,417

-,05

0,03

 

l'entreprise

 
 

0,0018

 
 
 
 
 
 

X9

Solvabilité de l'entreprise

98

0

0,1538

0,1542

0,05054

0,073

-0,560

0,05

0,27

X10

Liquidité de l'entreprise

98

0

0,7976

0,7253

0,47919

0,428

-0,886

0,09

1,98

X11

Garantie potentielle de l'entreprise

98

0

0,3078

0,2923

0,12543

0,263

-0,628

0,10

0,62

Source : De l'auteur à partir de la base de données constituée

Ce tableau montre que les PME multibanques ont en moyenne 2 ans de relation de crédit avec leurs banques principales. En rapprochant cette valeur avec l'âge de l'entreprise, nous remarquons cette dernière est en moyenne trois fois supérieure (âge moyen = 6,67). Aussi, le nombre de service moyen utilisé par une PME auprès de sa banque principale est de 8. Les informations relatives au lien sociaux avec la banque contenues dans le tableau 4.7 ci-dessous révèlent que 38.8 % des PME admet appartenir à un même réseau relationnel que leur banque principale.

Tableau 4. 7: Répartition des PME multibanques selon l'appartenance ou non aux réseaux de relation avec la banque principale

 

Effectifs

Pourcentage

Pourcentage valide

Pourcentage cumulé

Valide 0

60

61,2

61,2

61,2

1

38

38,8

38,8

100,0

Total

98

100,0

100,0

 

Source : De l'auteur à partir de la base de données constituée

Mémoire DEA Sciences de Gestion Relations de crédit et coût de l'endettement : le cas des PME camerounaises

Un récapitulatif de l'ensemble des variables utilisées dans cette recherche ainsi que leurs mesures est contenu dans le tableau 4.8 ci-dessous.

Tableau 4. 8 : Récapitulatif des variables de l'étude

CODAGE

DÉFINITION

MESURE

INFORMATION APPORTÉE PAR LA
VARIABLE

SOURCES

Y

Coût de

l'endettement

Frais financiers

Cieply et Paranque (1997) et Bonfim et al.

(2010) proposent cette mesure pour évaluer le
coût moyen de l'endettement. Elle est qualifiée de taux d'intérêt implicite par les auteurs.

DSF

(Dettes financières +
CBC)

Durée de la relation
avec la banque (ou
banque principale)

Étendue de la
relation bancaire
(avec la banque
principale)

Appartenance à un
même réseau
relationnel

Nombre d'années

Nombre de services
financiers offerts par
la banque (banque
principale)

X3 = 0 Si non X3 = 1 Si oui

Cette variable est, pour Ongena et Smith (1997) et Berger et Udell (1994), synonyme de production d'informations sur l'emprunteur par le prêteur. Plus la durée est élevée, plus le prêteur dispose d'informations sur l'emprunteur.

Indicateur de proximité et de la fréquence des contacts entre l'entreprise et sa banque (banque principale). Une fréquence des contacts élevée est favorable à construction d'une relation de confiance (Cole, 1998)

Q16 et

Q17

Q18

Q15 et

Q19

X1

X2

X3

X4

Nombre de
créanciers financiers

Nombre de sources formelles offrant des services financiers

X5

Dualité banques-
EMF

X5 = 0 Si non X5 = 1 Si oui

X6

X7

Âge de l'entreprise

Taille de l'entreprise

Nombre d'années écoulées depuis la création de l'entreprise

Logarithme du Nombre d'employés de l'entreprise

Q11,

Q12 et

Q13

Q12 et

Q13

C'est un indicateur du niveau de diversification de la dette.

Se sont des indicateurs du degré d'opacité informationnelle ainsi que des besoins financiers des entreprises. Les plus jeunes et de petite taille sont supposées plus opaques car elles n'ont pas d'historiques permettant de juger a priori de leur situation financière Petersen et Rajan, 1994

Q3
et
DSF

Q2
et
DSF

Elle permet d'apprécier le rôle que pourrait jouer les substituts au financement bancaire en termes de certification de la qualité de l'emprunteur pour les banques.

X8

Performance de
l'entreprise

Résultat net
Total actif

DSF

C'est un indicateur à la fois de la santé financière de l'entreprise, de sa capacité à s'autofinancer et de sa capacité à rentabiliser les capitaux que lui ont confié l'ensemble de ses bailleurs de fonds.

97

X9

 

Solvabilité de
l'entreprise

(Dettes financières + CBC)

Total actif

Cette variable fournie des informations sur le niveau de dépendance financière de l'entreprise

DSF

X10

Liquidité de
l'entreprise

(Actif circulant + Trésorerie Actif) (Passif Circulant + Trésorerie Passif)

Indicateur du risque financier associé à l`entreprise. Elle traduit la capacité de l'entreprise à faire face à ses engagements de court terme en utilisant ses actifs les plus liquides.

DSF

Mémoire DEA Sciences de Gestion Relations de crédit et coût de l'endettement : le cas des PME camerounaises

 
 

Immobilisations

Elle représente à la fois une proxy des garanties que peut offrir l'entreprise à la banque et un

indicateur du risque associé à l'activité de

 

X11

Garanties potentielle

corporelles

l'entreprise. Une valeur faible de cette variable

 
 

de l'entreprise

Total actif

signifie que l'entreprise investie plus en Actifs

intangibles qui sont, par nature, des actifs
risqués.

DSF

Source : De l'auteur

2.1-) Formalisation du modèle

Ce chapitre de notre étude se propose de mettre en évidence l'influence du régime multibancaire de financement sur les conditions de financement de l'entreprise. Au vue des variables ci-dessus présentées, la cadre opératoire retenu pour l'hypothèse n°2 peut être représenté par la figure suivant :

Figure 4. 3 : Cadre opératoire retenue pour l'hypothèse 2

VARIABLES DE MULTIBANCARISATION

- Nombre de créanciers financiers formels t-1

- Dualisme banques-EMF t-1

- Durée de la relation avec la BP t-1

- Étendue de la relation avec la BP t-1 - Appartenance à un même réseau relationnel t-1

VARIABLES DE CONTRÔLE

- Âge de l'entreprise t-1

- Taille de l'entreprise t-1

- Performance de l'entreprise t-1

- Solvabilité de l'entreprise t-1

- Liquidité de l'entreprise t-1

- Garanties potentielle de l'entreprise t-1

VARIABLES RELATIONNELLES

Variable expliquée : yt

Coût de
l'endettement t

Influence

Variables explicatives : xt-1

Source : De l'auteur

98

Le modèle qui découle de ce cadre opératoire est similaire à ceux présentés au chapitre II. Il se présente sommairement sous la forme :

- Coût de l'endettement t = f (variables de multibancarisation, variables relationnelle,

variables de contrôle) t-1

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Cette équation sera estimée à l'aide du model linéaire général en suivant les approches d'estimation présentés au chapitre II.

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"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera