2.1.1-) La variables endogène de l'étude
La variables endogène est la mêmes que celle
présentée aux chapitres précédentes. Il s'agit pour
rappel du coût de l'endettement. Cette variable est
empruntée à Cieply et Paranque (1997) et Bonfim et al. (2010) et
représente le coût moyen d'endettement supporté par les
entreprises à la fois sur les emprunts et sur les concours bancaires
courants. Elle est mesurée par le rapport frais financiers / (Dettes
financières + Concours bancaires courants). Les statistiques
descriptives concernant cette variable pour les PME multibanques sont les
suivantes.
Tableau 4. 2 : Statistiques descriptives
du coût de la dette des entreprises multibanques
N
|
Moyenne
|
Médiane
|
Écart-type
|
Asymétrie
|
Aplatissement
|
Min.
|
Max.
|
Valide
|
Manquante
|
98
|
0
|
0,2481
|
0,2444
|
0,04198
|
0,202
|
-0,730
|
0,17
|
0,34
|
Source : De l'auteur à partir de
la base de données constituée
Il ressort de ce tableau que coût de l'endettement
financier des PME multibanques est en moyenne égale à 24,81 %
avec une fluctuation moyenne de l'ordre de 4,198 %. Remarquons que ce
coût est largement supérieur au taux effectif moyen
appliqué par les banques sur les crédits aux PME Camerounaises
(13,06 %, COBAC, 2009).
2.1.2-) Les variables exogènes
Pour l'étude du lien entre la multibancarisation et les
conditions de crédit, deux principales variables, en plus de celles
considérées comme proxies de la relation de l'entreprise avec sa
banque principale sont retenues :
+ Les variables de multibancarisation
sont les suivantes :
- X4 : représente le
nombre de créanciers financiers formels de l'entreprise. Les
informations sur cette variable sont obtenues à travers la question
Q.13-). C'est une variable numérique dont la valeur est
obtenue en additionnant le nombre de banques,
Mémoire DEA Sciences de Gestion Relations de
crédit et coût de l'endettement : le cas des PME
camerounaises
93
d'EMF et d'EF avec lesquels l'entreprise est en relation. En
ce basant sur les postulats du modèle de Diamond (1984) qui
prédit une duplication des coûts de contrôles et en
référence à l'hypothèse n° 2
énoncée ci-dessus, un lien positif est anticipé entre
cette variable et les conditions de financement de l'entreprise. Les
statistiques descriptives concernant cette variable sont les suivantes :
Tableau 4. 3 : Statistiques
descriptives du Nombre de créanciers financiers formels de
l'entreprise
N
|
Moyenne
|
Médiane
|
Écart- type
|
Asymétrie
|
Aplatissement
|
Min.
|
Max.
|
Valide
|
Manquante
|
98
|
0
|
4,04
|
4,00
|
0,962
|
-0,012
|
-0,573
|
2
|
6
|
Source : de l'auteur à partir de
la base de données constituée
Il ressort du tableau 4.3 montre les PME multibanques
entretiennent des relations de crédit avec en moyenne 4
créanciers financiers avec un maximum de 6 créanciers.
Malgré le grand écart existant entre le minimum (2) et le maximum
(6) de cette variable, ce nombre moyen de créanciers financiers est
sensiblement le même pour toutes les catégories d'entreprises
répertoriées au regard des informations contenues dans le tableau
4.4 ci-dessous.
Tableau 4. 4 : Nombre moyen de
créanciers par catégorie d'entreprise
|
Catégorie d'entreprise
|
Micro
|
Petite
|
Moyenne
|
Moyenne Supérieure
|
Total
|
Moyenne N
Écart-type
|
4,00
7
1,155
|
4,16
49
0,825
|
3,79
28
0,995
|
4,14
14
1,231
|
4,04
98
0,962
|
Source : de l'auteur à partir de
la base de données constituée
Ces chiffres ne renseignent néanmoins pas sur la nature
de ces créanciers. L'analyse de la figure 4.2 ci-dessous montre que la
multibancarisation de la dette peut prendre diverses orientations. Il y ressort
qu'environ 26,53 % des PME associent dans leur financement uniquement des
banques et des EMF, 31,63 % associent des banques et des EF tandis que
seulement 8,16 % diversifient leur endettement en s'adressant uniquement
auprès des banques. En se basant sur le fait que le crédit-bail
constitue la principale offre des EF, cette figure indique que plus de 50 % des
PME utiliseraient ce type de financement.
Mémoire DEA Sciences de Gestion Relations de
crédit et coût de l'endettement : le cas des PME
camerounaises
94
Figure 4. 2 : Répartition des
PME multibanques selon la nature des sources externes de financement
Source : De l'auteur à partir de
la base de données constituée
La prise en compte de ces différentes orientations
multibancaires nous amène à la présentation de la seconde
variable de multibancarisation.
- X5 : Dualisme banque-EMF,
c'est l'une des variantes de l'orientation multilatérale de
l'entreprise. Elle est une variable dichotomique prenant la valeur 1 lorsque
l'entreprise associe dans son financement banques et EMF et 0 sinon. Elle
permet d'apprécier le rôle que pourrait jouer les EMF en termes de
certification de la qualité de l'emprunteur pour les banques.
Très peu d'études se sont intéressées aux effets
d'une telle dualité sur le financement des entreprises. La
majorité des études recensée se sont concentrées
uniquement sur le nombre de créanciers financiers comme facteur
explicatif de conditions de financement des entreprises. Or, une
ambigüité ressort de la littérature sur l'importance des EMF
dans le financement des PME. D'un côté, Hugon (1996) et Lelart
(2006) soulignent qu'en raison des ressources limitées de l'EMF et de
leur refinancement auprès des banques commerciales, leur capacité
d'offre de crédit aux entreprises est limitée. De plus, les
coûts appliqués aux prêts par les EMF seraient
supérieurs à ceux des banques. De l'autre côté, Fall
et Diagne (2009) arguent que le financement décentralisé voir
même relationnel que fournissent les EMF peuvent permettre à
l'entreprise emprunteuse de se constituer une réputation. La
réputation ainsi acquise pourra en retour être utilisée
comme signal de qualité auprès des banques. Cette
Mémoire DEA Sciences de Gestion Relations de
crédit et coût de l'endettement : le cas des PME
camerounaises
95
ambigüité mérite une attention
particulière dans le cadre d'une multilatéralisation. Les
statistiques descriptives de cette variable sont les suivantes
Tableau 4. 5 : Statistique descriptive de
la variable Dualisme banque-EMF
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Pourcentage valide
|
Pourcentage cumulé
|
Valide non
|
60
|
61,2
|
61,2
|
61,2
|
oui
|
38
|
38,8
|
38,8
|
100,0
|
Total
|
98
|
100,0
|
100,0
|
|
Source : De l'auteur à partir de
la base de données constituée
Ce tableau montre que 38,8 % des PME multibanques ont une
relation de crédit avec au moins un EMF.
+ Les variables considérées comme
proxies du financement relationnel sont relatives cette fois à la
relation entre les PME et leurs banques principales. Elles sont
similaires à celles utilisées au chapitre II. Il s'agit de :
- X1 : la durée de la
relation avec la banque principale synonyme de production d'information
sur l'entreprise ;
- X2 : l'étendue de la
relation avec la banque principale représentant la fréquence
des contacts et de l'intensité des interactions entre l'entreprise et la
banque principale ;
- X3 : l'appartenance de
l'entreprise à un même réseau relationnel que sa banque
principale.
Suivant la logique de la seconde hypothèse
formulée ci-dessus, nous anticipons une réduction de l'incitation
de la banque principale à produire des informations sur les entreprises
multibanques. Nous postulons aussi un comportement opportuniste
(hold-up) des banques principales dans l'utilisation de l'avantage
informationnel dont elles disposent (ou sont supposées disposer) par
rapport aux autres créanciers de l'entreprise. Un lien positif et
significatif entre ces variables relationnels et le coût de l'endettement
est par conséquent attendu.
Les statistiques descriptives concernant ces variables ainsi
que les variables de contrôle (âge, taille, performance,
solvabilité, liquidité et garantie potentielle de l'entreprise)
sont présentées dans le tableau 4.6 ci-dessous :
Mémoire DEA Sciences de Gestion Relations de
crédit et coût de l'endettement : le cas des PME
camerounaises
96
Tableau 4. 6 : Statistiques
descriptives des variables relationnelles et de contrôle des PME
multibanques
|
N
|
Moyenne
|
Médiane
|
Écart-type
|
Asymétrie
|
Aplatissement
|
Min.
|
Max.
|
Valide
|
Manquante
|
X1
|
Durée de la relation avec la BP
|
98
|
0
|
2,20
|
2,00
|
1,074
|
,396
|
-1,103
|
1
|
4
|
X2
|
Étendue de la relation avec la BP
|
98
|
0
|
8,08
|
8,00
|
1,249
|
-0,092
|
-1,007
|
6
|
10
|
X3.1
|
Appartenance aux réseaux
|
98
|
0
|
0,39
|
0,00
|
0,490
|
0,468
|
-1,819
|
0
|
1
|
X6
|
Âge de l'entreprise
|
98
|
0
|
6,67
|
6,00
|
2,055
|
,205
|
-0,574
|
2
|
11
|
X7
|
Taille de l'entreprise
|
98
|
0
|
3,2213
|
3,2581
|
0,60628
|
-0,290
|
-0,751
|
1,61
|
4,19
|
X8
|
Performance de
|
98
|
0
|
-
|
0,0017
|
0,01735
|
-0,457
|
-0,417
|
-,05
|
0,03
|
|
l'entreprise
|
|
|
0,0018
|
|
|
|
|
|
|
X9
|
Solvabilité de l'entreprise
|
98
|
0
|
0,1538
|
0,1542
|
0,05054
|
0,073
|
-0,560
|
0,05
|
0,27
|
X10
|
Liquidité de l'entreprise
|
98
|
0
|
0,7976
|
0,7253
|
0,47919
|
0,428
|
-0,886
|
0,09
|
1,98
|
X11
|
Garantie potentielle de l'entreprise
|
98
|
0
|
0,3078
|
0,2923
|
0,12543
|
0,263
|
-0,628
|
0,10
|
0,62
|
Source : De l'auteur à partir de
la base de données constituée
Ce tableau montre que les PME multibanques ont en moyenne 2
ans de relation de crédit avec leurs banques principales. En rapprochant
cette valeur avec l'âge de l'entreprise, nous remarquons cette
dernière est en moyenne trois fois supérieure (âge moyen =
6,67). Aussi, le nombre de service moyen utilisé par une PME
auprès de sa banque principale est de 8. Les informations relatives au
lien sociaux avec la banque contenues dans le tableau 4.7 ci-dessous
révèlent que 38.8 % des PME admet appartenir à un
même réseau relationnel que leur banque principale.
Tableau 4. 7: Répartition des
PME multibanques selon l'appartenance ou non aux réseaux de relation
avec la banque principale
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Pourcentage valide
|
Pourcentage cumulé
|
Valide 0
|
60
|
61,2
|
61,2
|
61,2
|
1
|
38
|
38,8
|
38,8
|
100,0
|
Total
|
98
|
100,0
|
100,0
|
|
Source : De l'auteur à partir de
la base de données constituée
Mémoire DEA Sciences de Gestion Relations de
crédit et coût de l'endettement : le cas des PME
camerounaises
Un récapitulatif de l'ensemble des variables
utilisées dans cette recherche ainsi que leurs mesures est contenu dans
le tableau 4.8 ci-dessous.
Tableau 4. 8 : Récapitulatif des
variables de l'étude
CODAGE
|
DÉFINITION
|
MESURE
|
INFORMATION APPORTÉE PAR
LA VARIABLE
|
SOURCES
|
Y
|
Coût de
l'endettement
|
Frais financiers
|
Cieply et Paranque (1997) et Bonfim et al.
(2010) proposent cette mesure pour évaluer
le coût moyen de l'endettement. Elle est qualifiée de taux
d'intérêt implicite par les auteurs.
|
DSF
|
(Dettes financières + CBC)
|
Durée de la relation avec la banque (ou banque
principale)
Étendue de la relation bancaire (avec la
banque principale)
Appartenance à un même
réseau relationnel
Nombre d'années
Nombre de services financiers offerts par la banque
(banque principale)
X3 = 0 Si non X3 = 1 Si oui
Cette variable est, pour Ongena et Smith (1997) et Berger et
Udell (1994), synonyme de production d'informations sur l'emprunteur par le
prêteur. Plus la durée est élevée, plus le
prêteur dispose d'informations sur l'emprunteur.
Indicateur de proximité et de la fréquence des
contacts entre l'entreprise et sa banque (banque principale). Une
fréquence des contacts élevée est favorable à
construction d'une relation de confiance (Cole, 1998)
|
Q16 et
Q17
Q18
Q15 et
Q19
|
X1
X2
X3
X4
|
Nombre de créanciers financiers
|
Nombre de sources formelles offrant des services financiers
|
X5
|
Dualité banques- EMF
|
X5 = 0 Si non X5 = 1 Si oui
|
X6
X7
|
Âge de l'entreprise
Taille de l'entreprise
|
Nombre d'années écoulées depuis la
création de l'entreprise
Logarithme du Nombre d'employés de l'entreprise
|
Q11,
Q12 et
Q13
Q12 et
Q13
C'est un indicateur du niveau de diversification de la
dette.
Se sont des indicateurs du degré d'opacité
informationnelle ainsi que des besoins financiers des entreprises. Les plus
jeunes et de petite taille sont supposées plus opaques car elles n'ont
pas d'historiques permettant de juger a priori de leur situation
financière Petersen et Rajan, 1994
|
Q3 et DSF
Q2 et DSF
|
Elle permet d'apprécier le rôle que pourrait
jouer les substituts au financement bancaire en termes de certification de la
qualité de l'emprunteur pour les banques.
X8
Performance de l'entreprise
Résultat net Total actif
DSF
C'est un indicateur à la fois de la santé
financière de l'entreprise, de sa capacité à
s'autofinancer et de sa capacité à rentabiliser les capitaux que
lui ont confié l'ensemble de ses bailleurs de fonds.
97
X9
|
Solvabilité de l'entreprise
|
(Dettes financières + CBC)
Total actif
|
Cette variable fournie des informations sur le niveau de
dépendance financière de l'entreprise
|
DSF
|
X10
|
Liquidité de l'entreprise
|
(Actif circulant + Trésorerie Actif) (Passif Circulant +
Trésorerie Passif)
|
Indicateur du risque financier associé à
l`entreprise. Elle traduit la capacité de l'entreprise à faire
face à ses engagements de court terme en utilisant ses actifs les plus
liquides.
|
DSF
|
Mémoire DEA Sciences de Gestion Relations de
crédit et coût de l'endettement : le cas des PME
camerounaises
|
|
Immobilisations
|
Elle représente à la fois une proxy des
garanties que peut offrir l'entreprise à la banque et un
indicateur du risque associé à l'activité
de
|
|
X11
|
Garanties potentielle
|
corporelles
|
l'entreprise. Une valeur faible de cette variable
|
|
|
de l'entreprise
|
Total actif
|
signifie que l'entreprise investie plus en Actifs
intangibles qui sont, par nature, des
actifs risqués.
|
DSF
|
Source : De l'auteur
2.1-) Formalisation du modèle
Ce chapitre de notre étude se propose de mettre en
évidence l'influence du régime multibancaire de financement sur
les conditions de financement de l'entreprise. Au vue des variables ci-dessus
présentées, la cadre opératoire retenu pour
l'hypothèse n°2 peut être représenté par la
figure suivant :
Figure 4. 3 : Cadre opératoire
retenue pour l'hypothèse 2
VARIABLES DE
MULTIBANCARISATION
- Nombre de créanciers financiers formels
t-1
- Dualisme banques-EMF t-1
- Durée de la relation avec la BP t-1
- Étendue de la relation avec la BP t-1
- Appartenance à un même réseau
relationnel t-1
VARIABLES DE CONTRÔLE
- Âge de l'entreprise t-1
- Taille de l'entreprise t-1
- Performance de l'entreprise t-1
- Solvabilité de l'entreprise t-1
- Liquidité de l'entreprise t-1
- Garanties potentielle de l'entreprise t-1
VARIABLES RELATIONNELLES
Variable expliquée : yt
Coût de l'endettement t
Influence
Variables explicatives : xt-1
Source : De l'auteur
98
Le modèle qui découle de ce cadre
opératoire est similaire à ceux présentés au
chapitre II. Il se présente sommairement sous la forme :
- Coût de l'endettement t = f (variables de
multibancarisation, variables relationnelle,
variables de contrôle) t-1
Mémoire DEA Sciences de Gestion Relations de
crédit et coût de l'endettement : le cas des PME
camerounaises
99
Cette équation sera estimée à l'aide du
model linéaire général en suivant les approches
d'estimation présentés au chapitre II.
|