II-) Résultats de la régression et
interprétations
La présentation des principaux résultats obtenus
semble un impératif (2.1) pour faciliter leurs
interprétations (2.2).
2.1-) Présentation des résultats
Le tableau 2.7 ci-dessous résume les principaux
résultats obtenus des différentes régressions
effectuées sur l'endogène coût de l'endettement
mesurée par le rapport (frais
financiers / Dettes financières + Concours
bancaires Tableau 2. 7 : Coût de la dette et
relation monobancaire
|
courants).
Régression 1
|
Régression2
|
|
X0: Constante
|
0,428***
|
0,454***
|
|
(9,071)
|
(11,831)
|
X1: Durée de la relation bancaire
|
-0,005*
|
-0,006**
|
|
(-1,803)
|
(-2,136)
|
X2: Étendue de la relation bancaire
|
-0,007**
|
-0,007***
|
|
|
(-2,400)
|
(-2,658)
|
X3.1: Appartenance aux réseaux
relationnels
|
-0,020***
|
-0,020***
|
|
(-2,695)
|
(-2,771)
|
X6: Âge de l'entreprise
|
-0,002
|
-0,002
|
|
(-0,899)
|
(-1,176)
|
X7: Taille de l'entreprise
|
-0,018***
|
-0,020***
|
|
(-2,725)
|
(-2,995)
|
X8: Performance de l'entreprise
|
-2,424***
|
-2,416***
|
|
(-3,214)
|
(-3,205)
|
X9: Solvabilité de l'entreprise
|
-0,029
|
-0,013
|
|
(-0,878)
|
(-0,458)
|
X10: Liquidité de l'entreprise
|
-0,041***
|
-0,044***
|
|
(-3,681)
|
(-4,110)
|
X11: Garantie potentielle de l'entreprise
|
0,026
|
x
|
|
|
(0,960)
|
|
-*R2
-*R2 ajusté
-*Test de Klein (comparaison de
R2 au r2jt maximum) -*VIF (Coefficient
de tolérance le plus faible TXj)
-*Test de Shapiro-Wilk Statistique
P-Value
-*Statistique de Fisher
|
0,576 0,529 0,576 > (0,444)2 TX11 = 0,487 0,981
0,192 12,242***
|
0,571 0,530 0,571>(0,444)2 TX2 = 0,660 0,981
0,211 13,670***
|
La variable expliquée est le coût de
l'endettement. Le nombre d'observations est de 91 (PME monobanques). Les
valeurs entre parenthèse représentent les statistiques de Student
associées aux coefficients. ***, **, * traduisent respectivement une
significativité des coefficients à 1 %, 5 % et 10%. Les six
dernières lignes sont consacrées aux tests de la
qualité d'ajustement du modèle.
Source : De l'auteur à partir de
la base de données constituée
Mémoire DEA Sciences de Gestion Relations de
crédit et coût de l'endettement : le cas des PME
camerounaises
59
La qualité de l'ajustement réalisé, au
regard des valeurs les plus faibles des différentes régressions,
présente une significativité au risque de 1 % (statistique de
Fisher) avec une explication d'au moins 52,29 % de la variation de
l'endogène (R2 ajusté, régression1). Dans
l'optique d'avoir des résultats plus représentatifs, et
réduire au maximum l'influence de la multicolinéarité des
exogènes, une étude de sensibilité au coefficient de
tolérance est effectuée. La variables (X9) qui présente
une tolérance de TX11 = 0,487 (régression 1), a été
supprimée lors l'exécution de la régression 2. Nous
constatons que cette suppression à améliorer la
significativité des variables X1 (qui passe de 10 à 5 %) et X2
(qui passe de 5 à 1 %).
2.2-) Les facteurs explicatifs du coût de
l'endettement des PME monobanques
Le coût de la dette des PME monobanques est
influencé, au regard des résultats obtenus, par divers facteurs
relavant aussi bien de l'opacité de la PME, de son orientation
relationnelle que de ses risques financiers.
Concernant les variables de risque, la solvabilité de
l'entreprise présente une influence négative mais non
significative sur le coût du financement. Le niveau d'endettement
financier de la PME monobanque ne semble pas être pertinent pour la
fixation du niveau de coût du crédit par les banques. Dans le
même sens, les entreprises les plus liquides supportent moins de charges
financières comme le montre le signe négatif du coefficient de la
variable X10. L'influence de la variable garantie semble être
absorbée par les autres variables au regard de son faible coefficient de
tolérance dans la régression 1 (TX11 = 0,487). La
multicolinéarité apparente ne nous permet pas ainsi
d'apprécier le rôle que peut jouer la détention d'actifs
tangibles par l'entreprise sur le coût de son endettement.
L'âge et la taille de l'entreprise, principales
variables l'opacité informationnelle du modèle, s'avèrent
être des facteurs d'amélioration du coût du financement des
PME monobanques. Ces variables présentent tout deux des coefficients
négatifs dans les régressions, mais seule la seconde (la taille)
est significative au seuil de 1 %. Ce résultat corrobore ceux
trouvé par Blackwell et Winters (1997) qui traduisent le lien
négatif par le fait que, ceteris paribus, le monitoring
bancaire est moins fréquent sur les entreprises de grandes tailles.
Diamond (1991), souligne aussi qu'un âge élevé de
l'entreprise restreint l'étendue de la surveillance effectuée par
les banques. Selon l'auteur, l'âge est le reflet de la capacité
à survivre dans un environnement concurrentiel et incertain et sert par
conséquent de signal de qualité auprès des bailleurs de
fonds.
Mémoire DEA Sciences de Gestion Relations de
crédit et coût de l'endettement : le cas des PME
camerounaises
60
Concernant la qualité de l'entreprise, les
résultats du tableau 2.7 montrent que les PME les plus aptes à
rentabiliser les apports des bailleurs de fonds ont un coût du
crédit moins élevé. Un résultat similaire est
trouvé par Shikimi (2005) au japon.
Comme anticipé dans le tableau de corrélation
bilatéral (tableau 2.7), les proxies du financement relationnel
monobancaire, présentent tous des coefficients significatifs. La
durée de la relation bancaire influe négativement sur le
coût du crédit. Les vertus reconnues à la durée en
termes de production d'informations soft par la banque sont également
validées dans les travaux de Berger et Udell (1995 et 2002). Ce
résultat est néanmoins contraire à ceux de Pozzolo (2004).
La fréquence des contacts avec la banque, que la littérature
qualifie d'étendue de la relation bancaire joue également son
rôle incitatif à la production d'informations subjectives dans le
temps et en continue, grâce à de multiples transactions portant
sur divers services. Le signe négatif de son coefficient ainsi que celui
de la variable X3.1 (appartenance aux réseaux relationnel
rejoint les résultats Uzzi (1999) au États-Unis. Cet auteur
trouve également que les multiples transactions commerciales entre
banque et entreprises ainsi que l'existence de liens sociaux sont favorables
à la construction d'une relation de confiance qui influence
négativement les coûts de transaction et donc le coût de la
dette.
Ces résultats viennent interférer avec ceux
déjà existant sur la relation banque entreprise au Cameroun. Ils
montrent globalement l'importance de la construction d'un financement
relationnel monobancaire pour l'accessibilité au crédit des PME.
La durée, la fréquence des transactions commerciales ainsi que
les liens sociaux, favorables à l'établissement d'une relation de
confiance, sont, au regard de ces résultats, à même de
réduire le « rationnement exagéré du
crédit » (Ndjanyou, 2001) dont souffrent les PME.
Dans cette partie, nous avons étudié l'influence
du financement relationnel monobancaire sur le coût de la dette
supporté par les PME camerounaises. La littérature récente
sur la relation banque-entreprise à mis en évidence le fait le
régime monobancaire est le socle de la construction d'une relation de
clientèle. Les avantages qui résultent d'un tel régime
(flexibilité contractuelle, confidentialité réputation)
pourraient être bénéfique pour l'entreprise en termes de
disponibilité de crédit et de coût. Nous basant sur la
littérature existante, nous avons postulé une influence
négative du financement bilatéral sur le coût de la dette.
A partir d'un échantillon de 91 PME monobanques de la ville camerounaise
de Douala, nous avons relevé, après application des principaux
tests relatifs au modèle linéaire général, que le
financement relationnel monobancaire est un facteur d'amélioration du
coût de la dette supporté par les PME.
Mémoire DEA Sciences de Gestion Relations de
crédit et coût de l'endettement : le cas des PME
camerounaises
DEUXIEME PARTIE:
MULTIBANCARISATION ET FINANCEMENT DES
ENTREPRISES
61
Mémoire DEA Sciences de Gestion Relations de
crédit et coût de l'endettement : le cas des PME
camerounaises
62
Les contraintes et difficultés d'accès au
financement bancaire traditionnel dont sont victimes les PME les poussent
à rechercher des modes voir mêmes des sources de financement
alternatifs. Outre le financement via le marché financier qui est
difficile d'accès à cette catégorie d'entreprise au
Cameroun, la littérature financière souligne l'existence d'autres
substituts financiers à l'emprunt bancaire traditionnel. Ces substituts,
n'étant pas l'apanage des banques, peuvent être offerts par
d'autres interlocuteurs financiers comme les établissements financiers
et les établissements de microfinance. Ce pluralisme d'offres de
services financiers donne aux entreprises, plus particulièrement celles
qui sont rationnées, la possibilité de se constituer un
portefeuille de dette diversifié. Cette orientation stratégique
est appelée par la littérature « multilateral financing
» ou encore financement multilatéral ou
multilatéralisation ou multibancarisation Yosha (1995). Elle traduit le
fait pour une entreprise d'entretenir des relations (de crédit ou non)
avec plusieurs partenaires financiers (Cole, 1998 ; Tioumagneng, 2009). Cette
partie se propose de mettre en relation les caractéristiques de ce
régime de financement avec les conditions de financement de
l'entreprise. Pour ce faire, une revue de la littérature est
présentée au chapitre III pour cerner les différentes
prédictions théoriques à ce sujet. L'utilisation de ces
prédictions servira à la formulation de la seconde
hypothèse de la recherche dont la vérification se fera au
chapitre IV.
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