FACULTE DE DROIT, D'ECONOMIE,
DE GESTION ET DE SOCIOLOGIE
UNIVERSITE D'ANTANANARIVO
DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE
MEMOIRE DE MAITRISE
CONTRIBUTION A L'ETUDE SOCIOLOGIQUE DE LA PRATIQUE
DEMOCRATIQUE DANS LE CONTEXTE MALGACHE Cas du IIe arrondissement de la
commune urbaine d'Antananarivo
Présenté par : Alain
Ranindrianoro
Membres du jury :
Président : ETIENNE Raherimalala Stefano,
maître de conférences Juge : RANAIVOARISON Guillaume,
maître de conférences Directeur du mémoire :
André Rasolo, maître de conférences
CONTRIBUTION A L'ETUDE SOCIOLOGIQUE DE LA PRATIQUE
DEMOCRATIQUE DANS LE CONTEXTE MALGACHE
|
REMERCIEMENTS
Un travail de recherche nécessite un investissement
important de la part du chercheur mais également de son entourage
académique, social et institutionnel.
A ce titre, je remercie en premier lieu mon encadreur, M.
André Rasolo, pour son conseil et son soutien.
Ensuite, je remercie tous ceux qui ont accepté avec
enthousiasme de répondre à mes questions et de me donner
accès à une documentation à laquelle je n'aurais pas pu
accéder sans leur aide.
Je remercie mes amis qui ont directement ou indirectement
participé à ce présent travail par leur présence et
leur disponibilité.
Enfin, merci à ma mère qui m'a supporté
pendant ces quatre années d'études.
SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : CADRAGE THEORIQUE : LA DEMOCRATIE EN
DEBATS CHAPITRE I : AUTOUR DE LA DEMOCRATIE
CHAPITRE II : THEORIES ET CONCEPTS
DEUXIEME PARTIE : RESULTATS ET ANALYSES
CHAPITRE III : LES MODALITES DE DEMOCRATISATION A MADAGASCAR
CHAPITRE IV : REFLEXIONS SUR LES PRATIQUES DEMOCRATIQUES CHAPITRE V : LA
PERCEPTION CITOYENNE
PARTIE III : ELARGISSEMENT DE L'HORIZON DE REFLEXION
CHAPITRE VI : ELARGISSEMENT DE LA REFLEXION
CHAPITRE VII : APPROCHE PERSPECTIVE
CONCLUSION GENERALE
ELEMENTS BIBLIOGRAPHIQUES
TABLE DES MATIERES
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES GRAPHIQUES
LISTE DES ABREVIATIONS
ANNEXES
RESUME
INTRODUCTION GENERALE
La démocratie est aujourd'hui au centre de la question
liée à l'exercice du pouvoir étatique. Non seulement elle
a donné matière à d'innombrables écrits mais elle
est aussi au centre des discussions des hommes et des citoyens. C'est
d'ailleurs un signe du climat politique de notre temps. Elle renferme plusieurs
significations en rapport avec le contexte dans lequel elle s'insère.
Mais ce qui est plus visible, c'est qu'elle désigne une certaine
caractéristique d'un régime et l'exercice du pouvoir
politique.
Actuellement, nous vivons dans une démocratie dans sa
forme libérale. La démocratie libérale a pris naissance
dans la rivalité entre deux idéologiques dominantes du
XXe siècle : le socialisme et le capitalisme. Après le
démantèlement de la force vitale du régime fasciste en
Europe, l'affrontement entre les deux blocs, capitaliste et communiste, au
cours de la Guerre Froide s'est soldé par la victoire du monde
capitaliste. Le triomphe est cristallisé par l'éclatement du
régime communiste et la chute du mur de Berlin.
On associe d'ordinaire la victoire du monde capitaliste au
succès de l'économie de marché et la valorisation de la
culture occidentale. A ce sujet, Godelier affirme que « l'humanité
venait d'entrer dans la phase définitive de l'expansion mondiale de
l'économie de marchande capitaliste et de l'implantation
généralisée de la démocratie libérale au
service exclusif bien entendu des droits de l'homme, valeurs qui avaient pris
la place dévolue aux siècles précédents au
christianisme, la seule vraie religion »1.
La démocratie devient une valeur partagée
véhiculée par la mondialisation. Elle se traduit par une nouvelle
configuration de l'espace étatique et l'espace de citoyenneté. Au
niveau de l'Etat, le concept de bonne gouvernance, l'Etat de droit et la
participation citoyenne envahissent le champ politique. Quant à la
citoyenneté, elle s'opère par l'élargissement des droits.
Progressivement, les catégories sociales dorénavant
privées de droit sont actuellement bénéficiaires de ces
droits.
Conçue comme rapport politique, la démocratie
fait l'objet de consensus et sa promotion figure dans l'agenda des organismes
internationaux. Elle désigne un état ultime visé des
programmes internationaux comme condition de leurs aides. Elle est un
instrument des conditions de l'aide des bailleurs de fonds.
1 Godelier (M), Au fondement des
sociétés humaines. Ce que nous apprend l'anthropologie,
coll. Bibliothèque idées, Albin Michel, 2007.
En ce qui concerne Madagascar, il convient de noter que le
pays n'échappe pas à ces transformations sociopolitiques du
XXe siècle. Cette modernité politique qui
coïncide avec la mondialisation contemporaine et la globalisation
économique a marqué un passage du régime socialiste au
régime libéral. Cette transformation politique est avant tout
l'oeuvre d'un mouvement populaire exprimant la soif de liberté et
d'ouverture politique qui a eu lieu sur la mythique place du 13 mai.
Les reformes structurelles engendrées par ce mouvement
ont changé la pratique de gouvernance et le mode d'intégration de
l'individu dans le domaine politique en donnant à chaque citoyen la
possibilité de participer à la décision concernant la vie
collective. Cette forme de participation se reflète par l'instauration
des institutions qui vont jouer le rôle intermédiaire entre les
citoyens et l'Etat. La pratique démocratique en privilégiant
l'acte de participation a été considérée comme le
moyen pour atteindre le développement dans le pays.
Dans le cadre de la dynamique de pauvreté et de
l'exercice du pouvoir, la pratique démocratique comme terrain d'un culte
de la participation a encore été soulevée surtout dans une
période où Madagascar se trouve en difficulté.
Choix thématique
Choisir la pratique démocratique comme sujet de
réflexion dans le contexte malgache est d'actualité dans la
mesure où la participation est actuellement liée aux enjeux de la
démocratie. Le besoin d'implication de la population s'est accru en
réponse à la défaillance du système
représentatif dans le processus de démocratisation et même
du développement en général. L'intérêt
croissant à l'implication de la population a engendré des
discussions au cours des ateliers et conférences-débats lorsqu'il
s'agit de question de développement ou de réussite d'un projet
quelconque. Dans le domaine des sciences sociales, la sociologie a
démontré que l'intégration de l'individu est indispensable
lorsqu'il s'agit de réussir une stratégie de développement
ou de politique quelconque.
De surcroît, il convient de souligner que le choix
thématique s'insère dans le cadre de notre cursus universitaire.
En effet, il est institué au sein du département de la sociologie
des laboratoires de réflexion pour lesquels les étudiants doivent
en opter un. En ce qui nous concerne, nous avons choisi le laboratoire qui
s'intitule dynamique sociale et politique. Dans ce cadre, la réflexion a
été orientée par l'influence de ce parcours universitaire.
Ainsi le sujet sera-t-il traité sous l'angle de la sociologie politique,
c'est-à-dire la pratique démocratique comme un lieu de pratique
politique, ensuite, les instruments qui fondent la participation citoyenne et
les degrés d'implication des citoyens dans la prise de
décision.
Problématique de recherche
En ce qui concerne la problématique de recherche, la
formulation s'inspire de l'observation suivante. La démocratie est
supposée être un pouvoir émanant du peuple,
c'està-dire que la véritable décision politique appartient
à l'ensemble de la population par l'intermédiaire du
mécanisme de représentation à travers les élections
ou par le biais de l'existence des organisations servant de contrepoids au
pouvoir. Une question se pose alors : « Dans quelles conditions les
éléments destinés à faire fonctionner une
démocratie sont-ils présents et peuvent-ils le faire en
considérant le cas malgache ?
Hypothèses de recherche
En ce qui concerne les hypothèses, nous attacherons
à vérifier les affirmations suivantes. En premier lieu, la
pratique démocratique qui met au premier plan la participation ne donne
pas aux citoyens le moyen d'être l'acteur du processus de décision
politique. Elle est une revendication pour les exclus du pouvoir engendrant
ainsi une crise de représentation. En deuxième lieu, le
problème qui handicape la pratique démocratique résulte de
la faible intégration de l'individu dans le processus de participation
décisionnel. Ceci est doublé de la crise de
légitimité car les citoyens sont naturellement conscients de la
patrimonialisation du pouvoir par les dirigeants.
Les objectifs de recherche
Au seuil de cette étude, deux objectifs
façonnent notre recherche. Au titre de l'objectif global, nous voulons
contribuer à la réflexion sur la pratique démocratique
axée sur l'étude de la pratique politique et de l'implication des
acteurs concernés dans le processus.
Comme objectif spécifique, il s'agit d'évaluer
le fonctionnement des différents acteurs dans l'exercice de la
démocratie. C'est aussi étudier les modes d'implication des
citoyens en vue de la pratique démocratique.
Les techniques de recherche
En ce qui concerne les techniques mobilisées dans le
présent travail, nous avons eu recours à la démarche
privilégiant à la fois l'approche qualitative et quantitative
pour le recueil des données.
La technique documentaire
Dans la perspective du présent travail, l'observation
documentaire a été mobilisée après l'observation
directe. Ainsi des thèses, des articles et des ouvrages en lien avec
notre sujet de réflexion ont été consultés. Des
centres de documentation ont été visités pour pouvoir
consolider la recherche en l'espèce. Citons, entre autres, l'IRD, le
CERS du département de sociologie, la bibliothèque municipale
sise à Analakely, le centre de documentation de
l'Académie Malagasy à Tsimbazaza. L'Internet
nous a été également une importante source de
documentation. Des sites qui publient des articles, des revues et des forums de
discussions ont été visités.
Observation directe
Cette première phase de l'enquête correspond
à notre propre intuition du phénomène auquel nous sommes
intéressés. Cette technique nous a permis d'organiser de
façon progressive des hypothèses et une première
délimitation provisoire du champ de recherche. Cette première
démarche est suivie d'une préenquête qui consiste à
élaborer l'ébauche des questionnaires à utiliser. Les
idées préconçues ont été abandonnées
à partir de là. Par la suite, les hypothèses ont
été réactualisées si la rédaction des
questionnaires définitifs a pu être effective.
Les techniques vivantes
En ce qui concerne les techniques vivantes utilisées, nous
savons eu recours d'abord à l'échantillonnage, ensuite aux
entretiens libres et enfin à l'utilisation des questionnaires.
Procédure d'échantiionnage
Comme il est pratique dans une recherche sociologique de
procéder à un échantillonnage, nous avons eu recours
à la combinaison de deux méthodes dans la détermination de
l'échantillon à savoir la méthode au choix hasard et la
méthode par quotas.
Dans la caractérisation de la procédure
d'échantillonnage, nous avons segmenté les interviewés en
deux catégories. La première catégorie de population
concerne les populations ordinaires que nous avons sélectionnées
en fonction des variables (âge, sexe, niveau d'étude,
catégorie socioprofessionnelle). Cette première catégorie
est composée de 65 individus.
La deuxième catégorie est constituée
d'acteurs politiques, de membres de la société civile,
d'enseignants à l'université et de journalistes. Cette
catégorisation a été utilisée dans le but de
rechercher des informations particulières que nous voulons entrevoir ou
vérifier. Au total, cette deuxième catégorie regroupe 15
individus.
Somme toute, 80 individus constituent la cible de
l'enquête. Le tableau suivant résume notre groupe
d'échantillonnage.
Tableau n° 01 : groupe
d'échantiionnage selon l'âge et le genre.
Groupe d'âge
Age
|
Masculin
|
Féminin
|
Total
|
[25 ; 30[
|
12
|
9
|
21
|
[30 ; 35[
|
5
|
4
|
9
|
[35 ; 40[
|
5
|
5
|
10
|
[40 ; 45[
|
6
|
1
|
7
|
[45 ; 50[
|
4
|
5
|
9
|
[50 ; 55[
|
3
|
1
|
4
|
[55 ; + [
|
4
|
1
|
5
|
Total
|
39
|
26
|
65
|
Source : enquête personnelle 2011.
Tableau n° 02 : groupe
d'échantiionnage selon le genre et niveau
d'étude
Niveau d'étude
Genre
|
Primaire
|
Secondaire
|
Lycée(ne)
|
Supérieur(e)
|
Masculin
|
2
|
4
|
10
|
23
|
Féminin
|
0
|
6
|
6
|
14
|
Total
|
2
|
10
|
16
|
37
|
Source : enquête personnelle 2011
Remarque : les deux tableaux ne tiennent pas compte du nombre
d'individus ayant fait l'objet d'entretien individuel durant le travail de
terrain.
Entretien libre
En ce qui concerne les techniques vivantes, nous avons d'abord
recouru à l'entretien libre. Cette technique a permis d'obtenir des
informations riches en signification. La technique d'entretien libre est
surtout utilisée au cours de la discussion avec les politiciens, les
enseignants à l'université et les membres de la
société civile. Les thèmes abordés sont les
obstacles à la mise en place de la démocratie dans le pays, le
multipartisme, les actions de la
société civile en période de
difficulté, l'élection, la problématique de l'Etat
à Madagascar, la place du pays dans le contexte de la mondialisation.
Cette technique a permis à l'enquêté de
répondre librement à chaque thème abordé à
sa manière. Toutefois, nous tenons à souligner qu'il est
difficile de traiter les réponses des enquêtés dont une
partie peut bien avoir échappé à notre attention. Le
volume d'informations obtenues pose un problème de classification dans
le traitement des données.
Questionnaire
La technique dite questionnaire a été
utilisée dans le cadre de la quantification des données. Nous
avons eu recours à la technique de questionnaire de type fermé,
à choix multiple et une échelle de valeur. Elle nous permet de
connaître la fréquence des réponses données par les
enquêtés, les dépendances des réponses en rapport
avec le contexte social dans lequel l'individu s'insère. Cette technique
a facilité notre tâche concernant le dépouillement des
données. Il convient quand même de signaler que la technique
présente des risques. Il y a des réponses qui ont
débordé le cadre de réflexion prévu.
Les méthodes d'approche
Toute recherche en sciences sociales nécessite une
démarche analytique appropriée faisant appel à de
différentes approches de l'analyse sociologique. Dans ce cadre, nous
exposerons une brève présentation des approches qui seront
mobilisées dans le présent travail.
- l'analyse fonctionnelle
Régulièrement utilisé en sciences
sociales, le fonctionnalisme repose sur le postulat sur la recherche d'une
fonction sociale. Le représentant typique de l'analyse fonctionnelle est
sans doute l'anthropologue Bronislaw Malinowski. Selon lui, chaque
élément constitutif de la réalité sociale, qu'il
soit symbolique, culturel et institutionnel, existe parce qu'il répond
à un besoin. Il repose sur le postulat que chaque élément
de la réalité culturelle joue une fonction indispensable de la
totalité organique. Par ailleurs, le mot fonction peut être une
analyse d'indépendance entre deux variables. En d'autres termes, au sens
mathématique du terme l'analyse fonctionnelle permet de connaître
la relation de corrélation entre deux variables.
A l'opposé de Malinowski, Merton a introduit une
nouvelle théorie fonctionnelle qu'on appelle le relativisme fonctionnel.
Le relativisme fonctionnel s'émerge comme étant une opposition au
fonctionnalisme absolu de Malinowski. En effet, Merton démontre qu'il
est abusif de considérer que chaque élément culturel
correspond à un besoin et qu'il joue des fonctions, car vouloir chercher
des explications de la nécessité à chaque
élément culturel est
aberrant2. Il convient de souligner que Merton a
introduit une autre notion pour assouplir le fonctionnalisme : celle de
dysfonction. Alors que « les fonctions sont, parmi les conséquences
observées, celles qui contribuent à l'adaptation ou à
l'ajustement d'un système donné », les dysfonctions sont
« celles qui gênent l'adaptation ou l'ajustement du système
»3.
Aborder la théorie fonctionnelle nous paraît
importante car elle permet de voir les rôles de chaque institution ou la
structure d'une société démocratique pour le bon
fonctionnement de la société. Par ailleurs, le dysfonctionnement
nous permet de savoir l'obstacle à l'exercice de la démocratie
dans la société malgache.
- l'évolutionnisme
Fondé sur la croyance du XVIIe et
XVIIIe siècle dans l'unité psychique du genre humain,
l'évolutionnisme repose sur les valeurs matérialistes et la
croyance à la raison humaine comme le seul maître de son destin.
Avec l'évolutionnisme, la société se déplace sur
une ligne évolutive linéaire qui constitue les stades de
progrès. Chez Comte, cette ligne énumère successivement le
stade théologique, métaphysique et positif. Chez Durkheim,
l'évolution s'explique par le passage de la société de
droit restitutif à la société au caractère de droit
répressif. La société n'est plus un présent de Dieu
mais un monde à construire dans lequel les hommes sont égaux en
droit avec pour chacun le droit à la parole et à la
liberté d'expression. Existe désormais l'idée que le
bonheur est à construire sur terre et que la souffrance de la vie n'est
pas nécessairement voulue par Dieu. L'humain se croit capable de
gérer la société par la dimension rationnelle par
l'intermédiaire de la science et par la dimension raisonnable
exprimée à travers la démocratie. Ainsi avec le principe
de la rationalité moderne, tout ce qui relève du traditionalisme
est à soumettre dans la rubrique d'obstacle au développement,
irrationnel. Dans la lecture malgache, cette pensée
évolutionniste a été imposée par la colonisation.
Au moment de l'indépendance, elle est véhiculée par toutes
les théories du développement reposant sur l'hypothèse
selon laquelle les sociétés industrielles sont
considérées comme le miroir de l'étape ultime du
développement à rattraper. Pour arriver à ce
développement, les pays développés ont amorcé des
reformes économiques souvent accompagnées des reformes
politiques.
- Le matérialisme historique
Le matérialisme historique repose sur la matrice
suivante : une société est divisée à
trois niveaux. Le monde des idées ou la superstructure
idéologique composée par la façon de penser, croyance
et religion, la vision du monde. Le monde des institutions juridiques
2 G. Rocher, L'organisation sociale, tome II
éd. HMH 1968.
3 Ibid. p. 172.
politiques à savoir l'Etat, le gouvernement,
l'école, le droit et la justice. Et enfin le monde économique,
c'est-à-dire les objets et instruments de production, les rapports de
production, les forces productives4. Ces trois niveaux constituent
la formation sociale d'une société donnée. L'importance du
matérialisme pour nous c'est leur relation. Il existe une relation
dialectique entre ces trois niveaux. Ils doivent être en harmonie. En
transposant ce schéma marxiste, nous essayons d'expliquer la
société malgache à partir de cette matrice marxiste.
Cependant, le matérialisme nous sert simplement de voir la
réalité à partir d'un regard objectif mais non comme Marx
une qui a une réflexion engagée.
Limite de la recherche
Quelques problèmes ont été
rencontrés tout au long de la recherche. Parmi lesquels, citons d'abord
la disponibilité et le temps surtout pour les politiciens. Ils ont de la
peine à s'accorder un temps libre pour discuter avec nous, ce qui a
causé des dépenses supplémentaires investies dans les
appels téléphoniques afin de fixer un rendez-vous. S'y ajoutent
les frais de déplacement. Ensuite, la difficulté réside
dans la réticence des enquêtés surtout lorsqu'il s'agit
d'un sujet politique. Les enquêtés ont toujours demandé
à être rassurés avant de répondre à la
question. Enfin, les politiciens éprouvent de la difficulté
à répondre à certaines questions durant les entretiens
individuels.
Plan de recherche
Au terme de cette partie introductive, il convient de signaler
que le mémoire suit le plan suivant. Dans la première partie du
devoir, nous attacherons notre étude à l'exposé de
différentes théories qui seront mobilisées dans le cadre
du présent mémoire. La deuxième partie sera
consacrée à la présentation de notre travail de terrain et
ainsi que les différentes analyses y afférentes. L'étude
se terminera par des pistes de réflexion en rapport avec le travail de
terrain effectué.
4 Brechon (P), Les grands courants de la
sociologie, éd. PUG. 2000.
PREMIERE PARTIE : CADRAGE THEORIQUE LA DEMOCRATIE EN
DEBATS
Nous estimons que tout chercheur en sciences sociales doit
avoir un soubassement théorique qui constitue le fil conducteur de sa
recherche. À ce titre, nous empruntons les idées d'Henri Mendras
suivantes pour montrer la nécessité d'un cadre théorique
dans une recherche. « En effet, il n'y pas d'observation de la
réalité sans un minimum de théorie au départ. On ne
regarde pas ce qui se passe dans la société sans avoir quelques
idées préconçues que ce soient des idées ou des
hypothèses de bon sens, ou que ce soient des hypothèses issues
d'autres recherche sociologique »5.
Cependant, le sociologue qui regarde les faits ne vit pas en
dehors d'une culture. Il est parfois influencé par la
représentation de son appartenance sociale. C'est cette
représentation sociale qui va fournir une erreur à l'analyse du
chercheur. Ainsi, pour écarter tout préjugé, le sociologue
doit s'écarter de son objet d'étude s'il veut que son travail
soit objectif. Durkheim a insisté que le sociologue doit agir à
la manière des physiciens lorsqu'il regarde un fait. Selon le langage
célèbre de Durkheim, il y a lieu de traiter les faits comme des
choses. Cette première partie détaillera alors les
différentes approches mettant en exergue l'étude de la pratique
démocratique.
5 Mendras (H.), Eléments de sociologie,
Armand Colin, Paris, 1978-2001
|