Performance bancaire en période de crise( Télécharger le fichier original )par Abdelkader Derbali Université de Sousse Tunisie - Mastère en finance et banque 2010 |
ConclusionNous avons étudié dans la première section de ce chapitre la nature particulière des institutions bancaires par la présentation des spécificités des activités bancaires, l'importance des banques dans l'économie et les différents risques bancaires. Ainsi, nous avons définir la notion de la performance tout en présentant ses différents types et les différentes dimensions de la performance bancaire. Dans la deuxième section, nous avons présenté les différentes études concernant l'évaluation et la mesure de la performance bancaire. En effet, nous avons remarqué l'existence d'une littérature riche concernant l'étude de la notion de la performance bancaire. Il semble de cette étude de la notion de la performance que la fonction d'intermédiation d'une banque dans l'économie peut être un indice de sa part de marché. Mais, le problème qui se pose c'est comment la banque peut effectuer la fonction de la recherche de la performance tout au long de son activité et en présence de plusieurs risques bancaires. Car la dite performance est multidimensionnelle et elle a plusieurs mesures. Dans ce cas la banque va maximiser son degré d'efficience qui vient d'une bonne utilisation des ressources disponibles. En fait, la littérature nous montre qu'il existe plusieurs études concernant l'évaluation et la mesure de la performance bancaire tout en mettant l'accent sur les déterminants internes et externes de celle-ci. Ces études sont principalement portent sur les banques pays développés, surtout les Etats Unis et quelques pays Européens, avec une importance accordée aux facteurs relatifs à l'environnement interne et externe de la banque. Notant ici, que cette performance peut être empêchée ou influencée par un ou plusieurs facteurs et/ou évènements tels que, la privatisation, le conseil d'administration, la libéralisation, les nouvelles techniques d'information et de communication, la crise financière, la déréglementation, la désintermédiation, la taille, etc. Dans le chapitre suivant on va s'intéresser à l'étude de l'impact de la crise 2007-2009 sur la performance des banques commerciales Tunisiennes. IntroductionLa création du système bancaire Tunisien remonte à 1958 lorsque la banque centrale a été créée en plus de deux institutions publiques. L'existence d'une politique économique prudente et d'une libéralisation graduelle de l'économie a permis d'avoir un environnement macro-économique très favorable dans la Tunisie. En fait, le système bancaire Tunisien est caractérisé par un processus de réformes depuis 1986. Cependant, le paysage bancaire Tunisien est caractérisé par un changement considérable : du secteur protégé et fermé à un secteur ouvert, développé et dynamique dans l'économie Tunisienne. Ainsi, les réformes entreprises dans le secteur bancaire Tunisien ont impacté positivement les rentabilités des banques en termes d'actifs, de passif et de ratios de rentabilité. En outre, et devant l'instabilité du système financier international, la recherche de la performance est considérée comme étant un objectif primordial pour les banques. Dans ce cadre, notre recherche sera consacrée à l'étude de la performance des banques dans le contexte de la crise financière 2007-2009. Cette proposition de recherche devra, en principe, répondre à la problématique de ce travail qui la suivante : la crise financière 2007-2009 a-t-elle un impact sur la performance bancaire ? De ce fait, le présent chapitre sera réparti en deux sections : v Dans la première section, nous allons faire une présentation du secteur bancaire Tunisien tout en mettant l'accent sur sa structure, ses réformes et son exposition à la crise actuelle. v Dans la deuxième section, nous allons présenter la méthodologie de recherche en montrant l'échantillon de notre recherche, le modèle exploité, les différentes variables retenues, l'hypothèse de recherche et enfin la discussion des résultats statistiques obtenus. Section 1. Présentation du secteur bancaire TunisienTout au long de cette section, nous allons faire une présentation du secteur bancaire Tunisien. D'abord, nous exposons l'historique et la structure du système bancaire Tunisien. Ensuite, nos montrons les différentes réformes du système bancaire. Puis, nous analysons la performance des banques Tunisiennes. Enfin, nous identifions comment les banques Tunisiennes s'exposent à la crise financière.
La création d'un système bancaire dans la Tunisie date de la deuxième moitié du dix-neuvième siècle. Le 19 septembre 1958 a marqué par la création de la banque centrale de la Tunisie (BCT). Cet établissement est doté de la personnalité civile et de l'autonomie financière. Ainsi, son capital est apporté par l'Etat Tunisien. Elle n'est autre que le pourvoyeur de fond du dernier ressort. De plus, la BCT est la banque de l'Etat dans la mesure où elle définit et met en oeuvre la politique monétaire. Ses missions sont les suivantes : v Assurer la tenue du compte courant des banques. v Assurer la tenue du service de compensation. v Assurer la tenue du service information par le biais des centrales des chèques impayés et des risques. Durant les premières années qui suivent l'indépendance, un grand nombre d'institutions financières opèrent sur le territoire Tunisien. Tout au long de la période comprise entre 1956-1986, le système bancaire Tunisien est caractérisé par plusieurs mutations qualifiées par profondes. L'intervention de l'Etat dans le fonctionnement du système bancaire a fait éviter l'exposition des institutions qui le composent à des crises financières et économiques. Après l'indépendance le système bancaire Tunisien a évolué progressivement et d'une manière remarquable. En fait, il a été organisé et modernisé suite aux différentes et diverses mutations. Par ailleurs, la concentration et la consolidation du système bancaire ont été accélérées par l'arrivée d'opérateurs étrangers qui à son tour a occasionné l'ouverture de nouvelles succursales non représentées dans le pays jusqu'à cette date. Durant la période du fonctionnement du système bancaire Tunisien plusieurs opérations de fusion et d'acquisition ont été mises en place. Ainsi, en 1961 et suite a ses opérations on a marqué l'existence de plusieurs établissements tels que l'UBCI, l'UIB, la BEIT et la BAT. La restructuration du secteur se traduit par des mouvements de concentration, d'alliances, d'ouverture du capital et de croissance interne et externe.
Le système bancaire Tunisien comprend 14 banques commerciales, 6 banques de développement, 2 banques d'affaire et 8 banques Off-shore. Ainsi, l'ensemble de ces banques est chapeauté par la Banque Centrale de Tunisie (BCT). Le système bancaire a connu une évolution très remarquable dans sa structure. En effet, et tout au long des dernières décennies, le système bancaire Tunisien a connu plusieurs mutations et des programmes de restructuration et de modernisation dont l'objectif est de permettre aux banques tunisiennes, d'assainir leurs portefeuilles de créances non performantes, de consolider leurs assises financières, d'accroître leurs niveaux d'efficience et de s'aligner avec les exigences d'un paysage financier plus libéralisé. Ainsi, l'environnement bancaire a marqué par une forte évolution qui vient de la recherche d'amélioration du degré d'efficience et de performance des banques Tunisiennes. Cette évolution est le résultat de l'existence des nouvelles réglementations utilisé au sein du paysage bancaire Tunisien telles que : v L'existence d'un ratio moyen de solvabilité exigé par la BCT qui égale à 9,8% depuis la fin de l'année 2002. En fait ce ratio est supérieur à celui qui émane des réglementations internationales. Actuellement, le nombre des banques qui respectent ce ratio est égal à 14. v La BCT exige un montant minimum égal à 20 millions de dinars pour la création d'une banque. v Rendre les banques comme les principales sources de financement de l'économie pour garantir la continuité d'une forte croissance économique. v La BCT exerce un contrôle sur place et sur pièces des activités bancaires en se basant sur des règles de gestion et de surveillance. v L'existence d'un nombre assez important des banques qui sont cotées en bourse (11banques cotées à la BVMT). Dans le cadre des programmes de modernisation et de restructuration du secteur bancaire Tunisien, on va mettre l'accent sur la privatisation des banques au cours des années 2000. Ainsi, la société générale détient 52% du capital de l'UIB en 2002, le BNP Paribas a acquis 50% du capital de l'UBCI et enfin la Banque tuniso-koweïtienne a été reprise à la fin de l'année 2007 par le Groupe Caisse d'épargne127(*)[]. En fait, le secteur public contrôle seulement 45 % du secteur tels que 53% du capital de la Société tunisienne de banque, 67% du capital de la Banque nationale agricole et 58% de celui de la Banque de l'Habitat128(*).[ Avec le développement de l'économie mondiale, la BCT avait lancé un vaste programme destiné à mettre à niveau les institutions financières en général et l'ensemble du secteur bancaire en particulier par le développement de la monétique, la télé compensation et les systèmes de paiement, la sécurisation des transferts de fonds, le centrale d'information (ex-centrale des risques) et des impayés, la création de sociétés de recouvrement des créances et la possibilité de procéder à des opérations de titrisation.
Généralement, nous avons marqué l'existence d'une gestion administrative au sein des banques Tunisiennes pendant une période assez longue. Ainsi, la BCT et le ministère des Finances ont un rôle dominant dans le déroulement de l'activité bancaire. Ces deux autorités de régulation ont défini des règles et des normes que chaque banque est obligée de les respecter. Les dites règles sont établies dans le cadre des méthodes de gestion, des produits proposés par les banques, des conditions de leurs commercialisations, des taux d'intérêt, des crédits octroyés aux clients, des règles de la concurrence et la politique bancaire. La BCT et le ministère des Finances interviennent dans la fixation des taux, l'encadrement du crédit, l'accord pour l'octroi du crédit et l'imposition de taux d'emplois des liquidités bancaires. Bien que, l'intervention de la BCT et du ministre des finances a empêché le développement du paysage bancaire. L'année 1987 a connu un important programme concernant les réformes du marché financier Tunisien pour modérer la législation bancaire. Par ailleurs, les nouvelles réglementations bancaires ont été mises en place dont le but est de garantir une certaine sécurité et stabilité au système bancaire. Mais les objectifs visés sont surtout un accroissement de la performance des banques, une exposition aux risques bancaires, la création d'un environnement plus concurrentiel entre les institutions financières et un renforcement de l'assise financière des banques. Ainsi, les réformes institutionnelles bancaires sont comme suit129(*) : v La levée de l'encadrement du crédit : Ø La libéralisation des taux d'intérêt. Ø La suppression des taux institutionnels d'emploi des liquidités bancaires. Ø Suppression autorisation préalable et accord de refinancement. v La libéralisation de l'activité bancaire : Ø L'institution de règles prudentielles (règles de couverture et de division des risques selon normes comptables internationales admises). Ø Le rôle de la Banque Centrale mieux défini par le biais d'un contrôle à posteriori. v La politique de refinancement des banques révisée : Ø La fin des facilités de réescompte auprès de la Banque Centrale de Tunisie. Ø La réactivation de la réserve obligatoire.
Depuis 1997, les réformes du secteur bancaire Tunisien ont positivement impacté l'efficience et la rentabilité des banques Tunisiennes en terme d'actifs, de passifs et de ratios de performance. En effet, Le taux d'évolution de la masse monétaire au sens strict (M2) a diminué en 2008 par rapport aux années précédentes, soit 3,5% en 2008 contre 13,5% en 2007 et 12,2% en 2006. L'agrégat M1, correspondant aux billets, pièces et dépôts à vue, a augmenté de seulement 3,5% (contre 12,3% en 2007) pour atteindre 12 404 MDT et la quasi monnaie (mesuré par les dépôts à termes inférieurs ou égaux à 2 ans et les dépôts assortis d'un préavis de remboursement inférieur ou égal à 3 mois) a varié de 3,6% à 18 864 MDT. Afin que la Tunisie a limité l'inflation nationale, la liquidité a diminué tenant compte de la baisse des réserves obligatoires suite à l'exposition de la crise financière internationale. En termes de crédits octroyés par les banques Tunisiennes, la part des prêts en pourcentage du PIB s'élève à 57,3% en 2008 contre 56,1% en 2006. Ce taux est égale à 58% dans la région MENA. En matière des dépôts, le taux de pondération s'élève à 51,6% en 2008 contre 48,5% en 2006. Ce taux est égal à 79,1% au Maroc, 64,% au Kuwait et à 68,3% à Qatar. Les ressources des banques Tunisiennes ont affiché un taux de croissance moyen de 10,6% pour la période 2003-2008. Le taux d'évolution des emplois (crédits) s'élève à 13,7% entre la période 2007-2008. Ceci est expliqué par le fait que les crédits aux professionnels ont évolué de 14,8 en 2008 par rapport à l'année 2007 contre une évolution de 6,5% pour la période 2006-2007 et l'évolution des crédits aux particuliers qui ont affiché aussi un taux de croissance de 14,5% durant la période 2007-2008 contre 20% entre 2006 et 2007130(*). Selon Lahyani et al (2009)131(*), qui ont étudié l'efficience des banques commerciales Tunisiennes entre la période (1989-2006), le niveau moyen d'efficience a passé de 86,23% en 1989 à 91,98% en 2006. Par ailleurs, l'amélioration de l'efficience du secteur bancaire tunisien peut s'expliquer par les actions et les réformes de restructuration et de modernisation qui ont été entreprises par les autorités monétaires pour libéraliser le système bancaire en Tunisie.
La crise financière actuelle a affecté la plupart des systèmes bancaires des pays développés. L'impact négatif de cette crise est expliqué par plusieurs facteurs à savoir la faible surveillance, la désintermédiation, la titrisation et la mauvaise application de la gestion des risques bancaires. Pour le secteur bancaire Tunisien n'a pas affecté par la crise car celui-ci est faiblement exposé aux capitaux étrangers ainsi que les crédits et les dépôts sont locaux. Cependant, Ceci a conduit à avoir une bénédiction et une protection pour les banques en Tunisie puisque ça leur a permis de rester complètement à l'abri de la crise financière mondiale. En effet, les autorités de régulation Tunisiennes ont exigé des contrôles réglementaires strictes sur le change à savoir des limites sur les emprunts auprès des institutions financières et des entreprises, les restrictions sur les marchés de change et les produits dérivés, l'interdiction d'investir dans les marchés de capitaux étrangers, a entraîné une exposition limitée des banques locales aux marchés financiers internationaux. La part des devises dans les avoirs des banques est de 8% en 2008. Les dépôts des clients ont accru une augmentation assez importante car ils représentent la principale source de financement des banques Tunisiennes. Le taux de participation des étrangers dans le capital des banques Tunisiennes s'est élevé à 37,36% après la crise pour les banques cotées à la date du 12/12/2008 contre 38,04% avant le déclenchement de la crise financière actuelle. Cette participation est de 38,4% à la date du 07/08/2009. Suite à la récession de l'économie mondiale, seuls les secteurs du tourisme, du textile et des industries des composants électriques et électroniques qui sont les plus touchés. En 2008, la Tunisie a pu enregistrer un taux de croissance positif dans une conjoncture internationale pas très favorable. Ce taux de croissance s'est élevé à 4,6%. Aussi, le volume des investissements a augmenté de 14,8%, pour atteindre 24,9% du PIB. Ainsi, les banques ont poursuivi les efforts tendant à consolider leurs assises financières. C'est parce que leurs fonds propres se sont élevés à 3,9 milliards de dinars en enregistrant une hausse de 12,6% pour porter comme indicateur de couverture des risques de 11,7%. * 127 _ Meyer. J. M. (2008), « Tunisie : À la recherche de champions nationaux », Jeune Afrique, hors-série n°19, PP 15-18. * 128 _ Maury. F. (2008), « Tunisie : le poids du public est encore important », Jeune Afrique, 4 mai, PP 90. * 129 _ Dahmane. D. (2002), « Réformes du secteur bancaire et efficience : cas des banques commerciales Tunisiennes ». * 130 _ Zammit. S. (2009), « Etude du secteur bancaire Tunisien », MAC SA Intermédiaire en bourse. * 131 _ Lahyani. I. et al (2009), « Les déterminants d'efficience des banques commerciales Tunisiennes », FSEGS. |
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