2.2. Champ d'observation
Au vu du système de surveillance étroit qu'il
existe dans les lieux de détention et pour l'avoir vécu, il
était clair que nous ne pouvions pas utiliser ce terrain comme champ
d'observation. N'importe qui ne peut pas aller en prison et <<voir
È ce qui s'y passe.
Ainsi, nous étions obligées de recueillir les
informations différemment. Nous sommes allées à la
bibliothèque pour consulter les mémoires précédents
et trouver divers ouvrages. Nous avons pu constater que les thèmes de
l'affectivité et de la sexualité dans les milieux
carcéraux sont peu abordés. Dans le sens ou il existe de la
littérature mais elle est diluée dans divers
périodiques.
Au départ, nous pensions ainsi que le terrain de
recherche était inévitablement les prisons, et la population
ciblée les détenus ou éventuellement les praticiens. Mais
en cours de route, nous avons dü nous adresser au tissu social entourant
d'anciens détenus incarcérés. Il a été
beaucoup plus facile pour nous d'aborder le sujet , puisque le poids
institutionnel n'était plus présent.
Nous avons eu l'idée d'approcher des associations qui
s'occupaient d'anciens détenus.
Cependant, en discutant avec d'autres personnes faisant un
travail sur la résilience en prison, il nous a été
transmis que certaines associations ne voulaient pas entrer en matière,
nous n'avons donc pas entamé les démarches auprès de ces
dernières.
Nous avons pu rencontrer un directeur de pénitencier
gr%oce au << bouche à oreille È d'une amie qui le
conna»t personnellement. Il nous a clairement dit que sans cette amie, il
n'aurait pas accédé à notre demande.
Il en a été de même pour d'autres prisons.
Ce dernier nous a accueillies en nous spécifiant que si
nous étions venues il y a dix ans en arrière, le sujet
étant complètement tabou, nous n'aurions même pas pu
aborder ce thème. Mais que de nos jours, il y avait tout de même
une évolution dans les mentalités.
Ainsi tous les accès au milieu pénitencier ont
été possibles uniquement gr%oce aux contacts personnels.
Malgré le fait que la société est
aujourd'hui considérée comme libérée et plus
ouverte, il y a peu d'informations sur la condition de vie, les parcours de
vie, l'affectivité et la sexualité des détenus.
En effet, lorsque nous avons construit notre projet lors du
module <<Travail de Bachelor partie 1 È, en 2008, nous avons
trouvé deux auteurs connus qui nous paraissait intéressant en
matière de sexualité en prison: Dominique Lhuillier et Jacques De
la Haye.
Après avoir rencontré le directeur d'un foyer
accompagnant des personnes en semi - l i be rté , nous avons
trouvé dans la bibliothèque de la HES-GE, un autre auteur
(cité dans la partie corpus théorique), qui a publié un
livre avec plus de soixante témoignages de détenus.
Comme écrit dans notre esquisse pour le module
<<Travail de Bachelor partie 1 È, pour nous, il était
important de pouvoir comprendre les enjeux d'un sujet dit tabou.
Suite à diverses lectures, nous avons pu constater que
lors d'une privation de liberté, l'identité des personnes est
fortement touchée.
Ils commencent par être un numéro de dossier,
puis, se perdent dans un nombre important de détenus, confiné s
dans un même endroit et les besoins individuels sont peu pris en compte.
Nous souhaitions aller au cÏur de ce probléme surtout que c'est un
milieu sécuritaire ou il n'est pas facile d'accéder.
Pour pouvoir aborder des personnes en semi-liberté,
nous avons également fait fonctionner notre réseau social. Nous
avons pu rencontrer le directeur d'un foyer de personnes vivant en
semi-liberté gr%oce à une connaissance qui a un lien familial
avec ce dernier. Il nous a introduites dans le lieu et nous avons pu ainsi,
nous présenter aux résidents.
Notre directeur de mémoire nous a également
aidées gr%oce à ses contacts dans le milieu
pénitentiaire.
Il a rencontré un autre directeur d'un foyer de personnes
vivant en semi-liberté et par conséquence, nous avons pu entrer
en contact avec lui par courrier électronique.
Ce dernier étant trés pris, il était ouvert
à des entretiens téléphoniques.
Il nous a envoyé des observations écrites sur notre
grille d'entretien, il nous a permis ainsi une remise en question fort
judicieuse sur les themes que nous allions aborder.
Pour finir, n'ayant pas pu accéder au champ
d'observation qui était la prison, nous avons fait le choix de nous
diriger vers des foyers accueillants des personnes en semi-libertés afin
que nous puissions rencontrer des hommes avec un parcours carcéral.
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