8. Chapitre VIII : Questions specifiques
Question : Est-ce qu'il y a une différence entre
l'affectivité et la sexualité pour vous ?
Woody fait une différence entre
l'affectivité et la sexualité. Il pense qu'il est possible de
prendre un bon copain dans les bras sans idée sexuelle. Il
définit l'affectivité par la tendresse, les caresses, etc.
Concernant la sexualité, il dit pouvoir se débrouiller seul.
Ce qui a été le plus difficile à vivre en
détention, c'est le peu d'affectivité, le peu d'échange de
tendresse, de ne pas avoir été aimé. Pour illustrer ses
propos, il fait référence : « moi cela me fait toujours
penser, bon cÕest un parallele un peu ose, mais ga me fait penser
à un chien.
Un chien, vous pouvez rendre nÕimporte quel toutou
le plus gentil possible, vous pouvez le rendre comme un pitbull quoi. Et
inversement, un pitbull bien dresse peut etre extrêmement gentil. Alors
un chien, si vous nÕarretez pas de lui taper dessus et de lui interdire
des choses, de lui crier dessus, etc. Et bien il va devenir mauvais, il va
devenir agressif, il va devenir dangereux. Alors que le meme chien, si vous lui
donnez de lÕamour, des caresses, de lÕaffection, et bien il va
être un chien adorable. Et là, jÕai souvent senti ce
parallele ».
Quant à Charles il commente ses dires sur
l'affectivité : « (...)
LÕaffection, tout le monde en a besoin même les arbres ont besoin
dÕaffection. Simplement... Mais un prisonnier nÕa le droit
à rien tout en sachant quÕil va sortir un jour ».
De plus, il explique que la séduction amène
à la sexualité. Il dit que l'affectif n'est pas la même
chose, « on » peut avoir une relation affective sans sexualité
comme par exemple avec ses enfants.
Dans un autre passage de son récit, il mentionne
également qu'il savait dès son entrée en prison qu'il
allait passer toutes ces années sans l`affection d'une femme.
Doe parle plus des contacts qu'il a à
l'extérieur surtout avec ses Ç potes È mais ceux
en prison ne sont pas mentionnés. Il dit que l'affectivité pour
les hommes ressemble à du réconfort pour la tête et
l'associe plus à un membre proche puisqu'il dit: Ç (...)
ouais, j'l'ai pris dans mes bras mais comme un frère. J'veux dire, pas
autrement È. De plus, il décrit: Ç
Déjà l'affectivité entre hommes, ca n'existe pas
vraiment (...) È. Il ajoute Ç(...) Je prends des potes
dans mes bras, entre guillemets, c'est vraiment s'ils sont vraiment, s'ils sont
cassés en deux, j'veux dire (...) È.
Doe complete: Ç L'affectivité parce
que c'est une sorte de réconfort pour la tête et bon, la
sexualité c'est pour le corps È, il semble qu'il en revient
à une pensée comme Descartes qui divise le corps et l'esprit.
Pour Doe, la sexualité est un bienfait pour le
corps. En prison, il a évité de trop y réfléchir
parce qu'ensuite la frustration était encore plus grande. Il rajoute
qu'il s'est trouvé des moyens pour pratiquer du sport en cellule.
Il semble que son corps l'ait quand même troublé et
s'est, ainsi, reporté sur le sport pour ne pas trop penser.
Raphael fait une différence entre la
sexualité et l'affectivité. Il associe la sexualité avec
l'action de jouir et pour lui cela peut se vivre seul. Cependant, selon
Raphael l'affectivité est plus forte et ne peut pas se vivre
seul comme recevoir des c%olins et de la tendresse. Il dit : Ç (...)
Mais l'affectif? Non, ca je ne peux pas. C'est...je fais totalement la
différence, c'est plus fort, je crois que c'est plus fort le manque
d'affectif, de séduction, que le manque de sexe parce que le sexe vous
arrivez à vous assouvir même si vous avez vraiment envie vous
faites cela vous-même et il ne faut pas déconner voilà ca
passe. Tandis que l'affection, il y en a pas, vous pouvez faire comme vous
voulez. È
Comme avec les témoignages relevés par Gaillard
(paragraphe page 24), ce qui appara»t également ici, les
détenus préférent une relation affective qui comporte le
partage avec l'autre, ou il est souhaité de la tendresse pour ensuite
invoquer le manque de partage affectif filial.
Question : Seriez-vous d'accord de reparler de
séduction?
Quand nous évoquons le sujet de la séduction
avec Woody, il parle de sa rencontre avec les gardiennes, il dit que
la relation homme/femme lui a fait du bien. En effet, il parle d'une gardienne
qui jouait parfois aux cartes avec les détenus, mais un jour, elle n'a
plus eu le droit car sa hiérarchie lui avait interdit. Woody a
trouvé cela trés dommage.
Charles différencie la séduction et
l'affection. Il dit avoir eu un peu d'affection de la part de sa famille lors
des visites mais pas de séduction, nous le citons: Ç (...)
Tenir quelqu'un dans les bras, pouvoir l'embrasser tout ce qui va avec. Ce
n'est pas pareil que de tenir mes gamins dans les bras de leur donner des
bisous, ce n'est pas la même chose (...) È. Ce qui a
été le plus dur pour lui, c'est de ne pas pouvoir séduire,
en l'occurrence, une femme.
Il exprime que c'est la séduction qui lui a vraiment
manqué. Il raconte cela avec les mots suivants : Ç (...) Oui,
passer un moment bien, comment expliqu er... c'est pas que sexuel aussi,
c'est...voilà...l'envie de se sentir vraiment...je ne trouve pas le
mot...se sentir dans les bras d'une femme... È.
Il rajoute lorsque nous parlons de gardiennes de prison:
Ç Moi de mon point de vue, ca évoquait plus de calme, bien
sUr il y a des gens qui pensait pas comme moi. Pour moi avoir une jolie femme,
avec qui je sais trés bien que je ne peux pas faire de la drague, sauf
si c'est elle qui commence, bon on sait jamais, (rires), mais c'est
agréable. C'est un moment agréable, ca change, c'est
différent. È.
Doe associe également la séduction aux
gardiennes, il mentionne tous les regards qui convergent quand une belle
gardienne est présente. Il dit que cela lui a fait du bien même
s'il n'y a pas de possibilité. De plus, il exprime à ce sujet:
Ç C'est juste un petit plaisir, ouais. On sait trés bien
qu'elle en a rien à foutre de nous, on le sait mais c'est juste le
plaisir entre guillemets de lui faire comprendre. È.
Pour Raphael la séduction permet de se sentir
flatté. Il l'associe aux compliments, jamais un homme lui a dit, nous
citons: Ç T'as un beau corps È. En détention, il
n'a pas trouvé de séduction et cela lui a été
pénible. Il dit: Ç Moi, je trouve que tout le cTMté
séduction, l'affectif, la tendresse, les c%olins, ca c'était
hard, dur ouais. È. Il complete: Ç embrasser le coussin
le soir...ouais, ouais. a c'était très, trés dur,
trés, trés dur.È.
De nouveau, nous pouvons voir l'importance qu'accordent les
détenus à la présence féminine.
Pour conclure ce chapitre, il y a eu d'autres questions
spécifiques mais nous ne les avons pas développées car
elles n'étaient pas appropriées pour notre analyse. Cependant,
nous avons pu, tout au long des entretiens, entendre divers
phénoménes (Souffrance, Solitude, Frustration, Colére,
Violence, Solidarité) qui ont été décrits par
les personnes rencontrées.
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