1.2.2. Les conséquences des inondations dans la
ville de Cotonou
Dans son rapport de synthèse de la journée de
réflexion sur les conséquences socioéconomiques et
sanitaires tenue en 1998, l'I.A.S. recense comme conséquences sanitaires
principales des inondations, le paludisme, les maladies diarrhéiques, la
fièvre typhoïde, les dermatoses et conjonctivites.
Une étude faite par SOTON (1995) pour déterminer
les indicateurs de santé environnementale à Cotonou a
montré que les personnes vivant en zones inondées faisaient six
fois plus le paludisme que celles ne vivant pas en zones inondées. Selon
cette même étude, les personnes vivant dans les quartiers
établis en zone marécageuse ou en bordure du lac Nokoué
feraient douze fois plus de diarrhée que ceux qui vivent dans des
endroits plus assainis.
Les pertes des biens meubles et immeubles, du cheptel, des
récoltes (greniers), les pertes en vies humaines ; les
électrocutions, les coupures des voies, les conflits entre riverains,
les réfugiés intra urbains, les noyades d'enfants, les
épidémies (choléra, etc.), les morsures de serpent, la
mort due au refroidissement, les ruptures par endroit des activités
économiques, la détérioration des infrastructures
scolaires, le vol, la famine, le non remboursement des crédits aux
compagnies de micro finance sont également des conséquences
socio-économiques identifiées par l'I.A.S. (1998).
Selon AGBO (1985), les conséquences des inondations
particulièrement en périodes de crues dans les quartiers Vossa,
Awansori-Agué, Towéta 1 et Ladji riverains du lac, sont la baisse
des activités de pêche, d'artisanat, de commerce informel, la
dégradation des conditions d'hygiène et de santé, et le
déplacement des populations.
1.2.3. Les solutions jusque là mises en oeuvre
contre les inondations
Elles sont de deux types. On distingue les solutions
préventives et les solutions curatives.
1.2.3.1. Solutions préventives
Ce sont les mesures qu'adoptent les autorités
étatiques et communales pour prémunir la ville des inondations et
de leurs dégâts. Il s'agit des actions suivantes :
1' Construction d'ouvrages d'assainissement
Le système globalement mis en place consiste à
drainer les eaux pluviales dans le réseau d'évacuation des eaux
pluviales. Les ouvrages d'assainissement représentent un linéaire
de 35000 mètres environ pour les collecteurs primaires et plus de 270000
mètres linéaires (ml) pour les collecteurs secondaires. Pour ce
qui concerne les collecteurs primaires, Cotonou a
bénéficié de 28570 ml de collecteurs revêtus,
4500
ml de collecteurs en terre et plus de 20000 m2 de
bassins. Quant aux collecteurs secondaires, ils couvrent 182814ml pour les
collecteurs secondaires ouverts et couverts et 61095ml pour ce qui est des
collecteurs secondaires enterrés [10].
Néanmoins, ces ouvrages ont montré leurs limites
puisque, depuis qu'ils ont été mis en place, les inondations
n'ont pas cessé. La situation de certains de ces ouvrages lors des
inondations de Septembre-Octobre 2010 illustre bien cet état de chose.
Les photos 1 et 2 montrent des collecteurs submergés par les eaux
d'inondations.
Photo 1. Collecteur à ciel
ouvert à Awansori Photo 2. Bassin XX d'Agla
submergé
submergé par les eaux (ASSOGBA L., 2010) par les eaux
(ASSOGBA L., 2010)
Ces ouvrages d'assainissement supposés servir à la
collecte et l'évacuation des eaux pluviales provenant de la ville vers
le lac Nokoué jouent ici le rôle inverse.
Trois raisons peuvent expliquer l'inefficacité des
ouvrages d'assainissement de façon générale : la faible
profondeur, la faible inclinaison et le comblement [8].
La profondeur moyenne des collecteurs et caniveaux est de
l'ordre du mètre. Or, en saison pluvieuse, l'intensité des
précipitations surpasse rapidement ces infrastructures et encore plus
lorsque celles-ci ont été négligées.
De plus la pente du réseau, trop conjointe à celle
assez faible du terrain naturel, ne favorise pas l'écoulement rapide des
eaux.
Enfin, même si la Direction des Services Techniques (DST)
de la mairie de Cotonou fait de plus en plus d'efforts dans ce sens,
l'entretien irrégulier des caniveaux et l'incivisme des populations
font que, de nombreux dépôts solides se
font, obstruant de fait la circulation de l'eau.
En période de crue, par ailleurs, le lac et le chenal
qui en temps normal reçoivent les eaux drainées de la ville,
déversent leurs eaux dans le réseau d'évacuation dont le
mauvais entretien, la faible profondeur et inclinaison favorisent la submersion
rapide.
Par conséquent, les habitants se voient souvent dans
l'obligation d'improviser en attendant l'intervention des unités de
pompage (ponts en planches de bois etc.).
1' Entretien des ouvrages d'assainissement et ouverture des
tranchées
Ces opérations sont à la charge de la DST de la
mairie de Cotonou qui avant le début de la saison pluvieuse s'occupe du
curage et de l'entretien des caniveaux et collecteurs.
De même, des relevés de dégradations sont
faits sur les ouvrages d'assainissement et les réfections sont faites
avant le démarrage des pluies.
Les travaux d'aménagement des tranchées
s'effectuent aussi dans cette période. Ces tranchées viennent
renforcer les ouvrages d'assainissement pour le drainage des eaux pluviales.
1' Aménagement des voies
Les voies en terre à aménager sont
recensées par la Mairie, suivant les priorités et par
arrondissement. Finalement, certaines d'entre elles sont rechargées afin
de pouvoir les maintenir praticables pendant les saisons pluvieuses.
1' Lotissements
D'une certaine manière, les bonnes opérations de
lotissements présentent l'avantage de mieux contrôler
l'étalement de la ville. Grâce à cette politique, son
extension devrait être plus réfléchie et tenir compte des
risques naturels.
Théoriquement, les procédures de lotissements
sont assez bien définies, mais se heurtent au comportement de certains
propriétaires qui, tirant profit de la pénurie et de la
rétention foncières, morcellent puis louent des terrains parfois
situés en zones inondables sans aucun respect ni des normes d'urbanisme,
ni des règles de
salubrité et d'hygiène.
En principe, toute personne détenant un titre foncier
légal et reconnu doit au préalable de toute opération de
lotissement, mettre en oeuvre des procédures de viabilisation et
d'assainissement du sol. Or, c'est souvent l'inverse qui se produit car on
assiste à l'occupation du sol puis éventuellement à son
aménagement.
De plus, la gestion des opérations de lotissement par
les autorités était entachée de beaucoup
d'irrégularités qui ont conduit au lotissement de centaines
d'hectares de terres inondables et marécageuses, ceci sans aucun plan
d'aménagement.
Enfin, si les lotissements apportent la garantie d'un confort,
ils ont néanmoins un coût que beaucoup de Béninois ne
peuvent supporter.
1' Evolution de l'habitat
Bien que la maison individuelle ou familiale demeure le type
de logement majoritaire à Cotonou, de plus en plus d'immeubles sont
construits pour être mis sur le marché locatif, ce qui permet une
extension verticale et non plus horizontale. Néanmoins, on retrouve
là aussi le problème de la cherté des loyers qui freine
l'accession aux logements.
1' Communication
A travers les médias, les populations sont
sensibilisées sur les consignes de précaution et de prudence
à observer afin d'éviter les risques d'électrocution, de
noyade, etc. ainsi que sur les mesures d'hygiène et de salubrité
appropriées.
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