2. Instrument rules versus targeting rules
Les règles d'instruments font référence
à l'identification d'une forme fonctionnelle permettant de
déterminer le niveau des instruments à un moment donné.
Ces règles peuvent être soit implicites, soit explicites, selon
qu'elles sont définies avec ou sans les variables anticipées.
Tenou (2002) distingue principalement trois règles
d'instrument : la règle de Taylor (1993), la règle de
Henderson-McKibbin (1993), et la règle de McCallum (1997). Les deux
premières règles considèrent comme instrument le taux
d'intérêt à court terme et comme cible le taux d'inflation.
Celle de McCallum diffère par le fait que l'instrument retenu est
l'agrégat monétaire de base, et la cible est le PIB nominal.
Les règles d'objectif ont pour fondement le respect
d'un objectif fixé par les Autorités monétaires. La
littérature économique distingue deux types de concepts : la
variable-objectif (Target variable) et le niveau-objectif (Target level)
anticipé (sur la base des informations pertinentes disponibles) de
ladite variable. Une règle d'objectif vise alors à minimiser,
dans une fonction de perte, l'écart entre le niveau anticipé de
la variable cible et le niveau-objectif de ladite variable. L'objectif ici peut
être soit un objectif final, soit un objectif intermédiaire.
L'une des règles d'objectif qui a suscité une
abondante littérature ces dernières années est la
règle de ciblage du taux d'inflation. Ainsi, depuis le début des
années 1990, plusieurs banques centrales (Banque du Canada, Banque d'
Angleterre, Banque de Réserve de la Nouvelle Zélande, Banque de
Suède, Banque de Pologne, Banque de Finlande et Banque d'
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Australie) ont explicitement opté pour un objectif
d'inflation11 Siklos (1999) cité par Tenou (2002).
L'inflation est exprimée en termes de hausse des prix à la
consommation. La définition de la règle d'objectif d'inflation se
résume aux conditions suivantes Rudebusch et Svensson (1998) :
> La cible d'inflation doit être quantifiée.
C'est soit un point bien déterminé (comme dans la règle de
Taylor), soit un intervalle de points ;
> Les Autorités monétaires doivent pouvoir
estimer le niveau futur du taux d'inflation sur la base d'informations internes
et conditionnelles. Ce niveau prévisionnel du taux d'inflation
représente la cible intermédiaire.
La principale caractéristique d'un régime de
ciblage d'inflation est le degré élevé de transparence et
de responsabilité. En effet, les banques centrales ayant adopté
un objectif d'inflation sont tenues de publier des relevés d'inflation
et d'expliquer leur politique. Cette transparence représente en
elle-même un engagement à minimiser la fonction de perte.
Lorsque l'objectif d'inflation est le seul objectif de la
banque centrale, on dit qu'on est dans un régime strict de ciblage
d'inflation (strict inflation targeting).
Si la Banque Centrale poursuit d'autres objectifs tels que la
stabilisation de la production ou du taux d'intérêt, on dit qu'on
est dans un régime flexible de ciblage d'inflation (flexible
inflation-targeting). Dans ce dernier cas, la politique monétaire est
moins activiste, dans le sens où les instruments sont faiblement
ajustés par rapport à un choc donné, et le niveau
d'inflation s'ajuste progressivement au niveau objectif ou cible de
l'inflation. Il en résulte que l'horizon de l'ajustement du niveau de
l'inflation à la cible est plus long.
Dans un régime flexible de ciblage d'inflation, il y a
asymétrie entre l'inflation et la production dans la fonction de perte.
En effet, pour l'inflation, il s'agit à la fois d'un objectif de niveau
(la cible fixée) et de stabilité (écart entre le niveau
anticipé de la variable cible et l'objectif fixé de ladite
variable). Mais pour la production, on ne retient que l'objectif de
stabilité.
Après cette présentation des règles
d'instrument et de ciblage, nous pouvons conclure que de façon
générale, dans un modèle donné, une règle
à objectif fait appel à une règle d'instrument, cette
dernière étant implicite. Ainsi, au lieu de travailler sur des
règles de ciblage qui dans leur application posent le problème de
transparence et de responsabilité de la part des autorités
monétaires, nous avons choisi de retenir des règles
d'instruments. Surtout que, la banque centrale ne retient comme instrument, des
éléments qu'elle manipule plus ou moins directement sur une base
journalière ou hebdomadaire dans leur tentative d'atteinte des cibles
spécifiées McCallum (1997).
Les règles d'instruments sont
préférées aux règles de ciblage d'autant plus
qu'une règle fait appel à l'autre même de manière
implicite.
En conclusion, les règles activistes d'instrument
permettent une meilleure représentation du comportement des banques
centrales. Cependant, ces règles sont formulées à partir
d'une fonction de perte et ont un caractère particulier que nous
montrons dans la seconde articulation de cette section.
11 De toutes ces banques centrales, seule celle de la Nouvelle
Zélande a fait adopter l'objectif de ciblage d'inflation par un texte
législatif.
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