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Le Front Farabundo Marti de Libération Nationale au Salvador: 1980- 2009

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par Kacou Elom Jean-Michel ADOBOE
Université de Lomé Togo - Maà®trise en histoire contemporaine 2010
  

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2.2. L'offensive de 1989 et autres moyens d'actions du FMLN

Les dix années qui suivirent l'offensive de 1981 furent rythmées par la guerre et des élections. Ces élections et même le dialogue qui s'ouvrit toutefois à nouveau entre le nouveau gouvernement et le FMLN dans le cadre de trouver une sortie de la crise politique du pays (le 13 septembre 1989 au Mexique et qui se poursuivait en octobre de la même année au Costa Rica) n'aboutirent pas aux résultats escomptés.

L'échec de l'offensive de 1981 amena le FMLN à repenser sa stratégie armée d'attaque, à se réorganiser et à préparer une nouvelle attaque victorieuse. De plus les espoirs de négociation entamés sous la présidence de Napoléon José Duarte et poursuivis par le Jésuite Ignacio Ellacuria échouèrent. Ce dernier entretenait des contacts avec le président Alfredo Cristiani et explorait les possibilités d'une négociation entre dirigeants du FMLN et le pouvoir en place. L'opposition de l'armée qui refusait cette éventualité et l'assassinat du père jésuite en 1989, allaient jouer un rôle dans la remontée des violences. Dans ces conditions, la logique de lutte armée prévalait encore et préparait encore le terrain à de nouvelles offensives de grande envergure notamment celle de 1989.

Le 11 novembre 1989, le FMLN lança alors sa plus grande offensive en dix ans de guerre civile (Dabène 2006 : 175). Il bouscule l'armée salvadorienne et s'empare de pans entiers de la capitale San Salvador. Militairement les résultats sont significatifs, sans toutefois répondre à l'ambition du triomphe révolutionnaire attendu. Il faudra aux forces armées une dizaine de jours de combats acharnés, une aide militaire massive des Etats-Unis et le bombardement des quartiers populaires pour reprendre le contrôle de la situation (Lemoine 1997).

Par ailleurs le pouvoir en place ne se laissait pas faire et accentuèrent les répressions par le biais des forces armées, de quoi déstabiliser les guérilleros dans leurs actions armées: « l'armée en profitait pour se livrer à une vaste opération de répression, et assassina six prestigieux professeurs jésuite de l'Université centraméricaine (UCA). »63(*) (Dabène 2006 : 175).

L'assassinat des jésuites64(*) se justifiait selon le commandement militaire qui n'a pas cessé de percevoir les jésuites comme le principal soutien intellectuel et moral du FMLN dans le pays, ainsi qu'en témoigne la virulente campagne de presse menée contre eux les jours précédents le massacre. Le soutien dont bénéficiait le pouvoir, l'absence de mobilisation populaire autour du FMLN surtout dans la capitale à cause du régime de terreur installé dans le pays, entraînèrent de nouveau l'échec de la guérilla du FMLN sur le plan militaire mais d'une certaine manière entraînèrent également une « victoire » dans la mesure où à nouveau des nouvelles voies s'ouvrirent pour d'éventuelles négociations. Ainsi nous partageons le même avis que Garibay (2003 : 436) qui pense que : « Le FMLN agit donc dans l'idée de renforcer sa position dans les négociations et non dans l'objectif de remporter l'assaut final. ». Ces négociations qui ont repris dans les années 90 et 91 aboutiront à une trêve et aux Accords de janvier 1992, entraînant la fin de la guerre civile.

Mis à part les offensives armées de la part de la guérilla, il faut souligner qu'elle avait aussi d'autres moyens propres à elles de se faire entendre et d'atteindre ces objectifs. J. Villalobos nous renseigne sur les pratiques les plus courantes du FMLN :

« enlèvement de personnes étrangères ou nationales à des fins de financement (sept chefs d'entreprises, cadres et diplomates ainsi enlevés furent assassinés pendant leur détention65(*)) ; plus d'un millier de civil d'exécutions sommaires de civils considérés comme des espions de l'armée ; exécutions de prisonniers ; victimes civiles de mines ; dizaines d'assassinats de fonctionnaires civils du gouvernement, depuis des ministres jusqu'à des maires de petits villages, dizaines de victimes civiles d'attentats à l'explosif contre des installations militaires situées dans des zones habitées ; et actions assimilables au terrorisme, comme l'agression de quatre marins des Etats-Unis dans un restaurant, qui provoqua la mort de plus d'une dizaine de civiles. » (Villalobos 1999 : 141). Ces autres actions permettaient notamment au front de trouver des moyens financiers pour continuer la lutte.

Par ailleurs, il faut aussi noter que les actions du FMLN quelles soient armées où non, ne pourraient avoir une certaine envergure s'il n'y avait pas eu aussi une certaine adhésion populaire.

* 63 C'est au cours de ces opérations de répression que le père jésuite Ignacio Ellacuria, alors recteur de l'Université centraméricaine fut assassiné, en novembre 1989 (Rouquié 1991 : 108).

* 64 Si les jésuites de l'Université Centraméricaine ont été des fervents partisans de la Théologie de la libération, et figuraient en bonne place sur les listes des Escadrons de la mort au début des années quatre-vingt, ils ont assumé depuis le milieu des années quatre-vingt une position plus modérée, prônant une solution négociée et démocratique du conflit, au nom d'une analyse, lucide et sans concession pour aucune des deux parties engagées dans la guerre, de l'évolution de la société salvadorienne (Garibay 2003 : 439).

* 65Ernesto Regalado en 1971, Roberto Porna en 1977, Mauricio Bergonovo en 1977, Raúl Molina Cañas en 1977, Fujio Matsumoto en 1978, Ernesto Liches, consul d'Israël, en 1979, et Archibald Garner Dunn, ambassadeur d'Afrique du Sud, en 1979 (Villalobos 1999 : 141).

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