Le Front Farabundo Marti de Libération Nationale au Salvador: 1980- 2009( Télécharger le fichier original )par Kacou Elom Jean-Michel ADOBOE Université de Lomé Togo - Maà®trise en histoire contemporaine 2010 |
INTRODUCTION GENERALELa vie politique en Amérique latine et particulièrement dans sa partie centrale, après la période coloniale aussi mouvementée qu'elle soit, a été marquée par de nombreux problèmes parmi lesquels violences, insurrections généralisées et répressions de toutes sortes furent souvent le quotidien des populations. La pérennité d'un pouvoir oligarchique du XIXè siècle soutenu par les grandes puissances, l'ordre social injuste produit d'une structure de tenure de la terre inégalitaire, d'un système fiscal inefficace et du régime excluant, suscita des réactions de rejet de divers types (Dabène 2003 : 146). Ainsi le Salvador, un des petits Etats de l'Amérique centrale (moins de 22 000 km2) et selon les termes d'Alain Rouquié « le petit poucet » de la région Amérique centrale, n'a pas échappé à cette situation politique, économique instable et défavorable. A côté d'une minorité d'individus riches qui concentre en leurs mains le pouvoir politique et économique, figure une majorité de la population en grande partie paysanne laissée dans un état de paupérisation. La répression des militaires à toute forme de revendication ainsi que le rejet systématique de reformes et contestations notamment la reforme agraire furent des éléments principaux à l'origine de la formation et de la radicalisation des mouvements populaires puis des organisations militaires révolutionnaires à l'instar des guérillas à partir des années 1970. En effet l'instauration au Salvador de la dictature militaire ferme qui ne respecte pas les libertés individuelles et fondamentales de l'homme, entraîne des contestations et des soulèvements venant d'horizons divers et le développement de groupes dont certains optèrent pour la guérilla. C'est dans cette logique que se situent les différents groupes révolutionnaires créés dans les années 1970 et qui vont unir leur force en une faîtière d'organisations qu'est le Front Farabundo Martí de libération nationale (FMLN) en 1980, dans le but de mieux s'organiser et de mettre fin au régime dictatorial qui sévit au Salvador. Par la suite une guerre civile éclate dans le pays opposant combattants du Front Farabundo Martí de libération nationale et forces armées salvadoriennes soutenues et financées par les Etats-Unis, qui voient dans la guérilla l'instrument de Moscou et de la Havane. A partir de 1992, un accord de paix fut signé mettant fin à la guerre civile et prévoyant la réinsertion du FMLN dans le paysage politique en tant que formation politique. Ainsi le FMLN devint un parti de gauche et anima la vie politique au Salvador en essayant de conquérir le pouvoir, qu'il obtient récemment en 2009. C'est eu égard à toutes ces considérations que nous avons opté dans le cadre de notre mémoire pour ce thème : «Le Front Farabundo Martí de libération nationale au Salvador : 1980-2009». Le choix de la période d'étude n'est pas le fruit du hasard. En effet il est basé sur certaines considérations historiques qui constituent des ruptures pour l'historien. Ainsi l'année 1980, marque la création officielle du FMLN, issu de la fédération de nombreux groupements révolutionnaires. Quant à 2009, elle marque l'année, où un leader du mouvement Mauricio Funes, est élu président du Salvador, amenant donc le Front Farabundo Martí, un parti de gauche à être à la tête de l'Etat après avoir passé de longues années comme mouvement armé puis parti politique d'opposition. Ce sujet de recherche tient à apporter une modeste contribution à l'histoire des mouvements armés qui optent pour la guérilla dans la région Amérique latine, à analyser la question de leur montée dans la marée de la nouvelle gauche dans ladite région due à l'évolution des guérillas en formation politique, et enfin à voir si ceux-ci ont atteint leurs objectifs fixés à travers l'étude du cas FMLN au Salvador. L'originalité de ce sujet de recherche tient à sortir du champ d'étude classique des chercheurs au Département d'Histoire et d'Archéologie, où mémoires et thèses sont consacrés en grande partie à l'Afrique en général et au Togo en particulier. Rares sont ceux qui sortent de ce champ d'étude, et nous avons voulu après avoir été suscité par notre directeur de mémoire, de porter loin nos recherches afin de mieux connaître et comprendre les réalités historiques et constitutives d'autres régions du monde et les problèmes qui se posent. Par ailleurs, il faut souligner qu'au cours de nos recherches nous avons pu constater qu'il y a des ouvrages sur le Salvador le plus souvent en anglais ou en espagnol écrits par des spécialistes de sciences sociales tels que des sociologues, des spécialistes de science politique, d'économie mais rares sont des ouvrages écrits par des spécialistes de la discipline historique et se penchant sur l'évolution du FMLN. Aspect que nous avons voulu combler en abordant cette thématique dans ce présent mémoire. De fait l'histoire du Salvador a été marquée par des séries de soulèvements et de luttes qui ont contribué au développement d'organisations révolutionnaires. Pour mieux comprendre cela il incombe d'analyser ceci au regard du contexte historique du pays. Le pays a été longtemps victime de nombreux affrontements armés et d'ingérences étrangères. En effet c'est à la suite de la série d'indépendance en Amérique latine que le Salvador pays de l'Amérique centrale conquiert son indépendance le 15 septembre 1821 (Lemoine 1988 : 302). Ainsi à la période coloniale succède une autre celle de la dictature et de la dépendance étrangère et de la soumission du pays à l'impérialisme américain. Ces derniers soutenaient les régimes dictatoriaux en place. Face à cela divers groupes armés opérant sous forme de guérilla se sont constitués dans le but de faire sortir le pays de la domination américaine, de renverser le régime dictatorial en place, ensuite d'enclencher le processus de développement du pays afin de réduire ou de mettre fin à tant d'inégalités sociales et d'instaurer un climat démocratique dans le pays. C'est dans ce sillage qu'est né le FMLN au Salvador au début des années 1980 grâce au ralliement et la fédération de nombreuses guérillas du pays surtout d'inspiration marxiste. De ce fait, en quoi la lutte armée a-t-elle permis au Front Farabundo Martí de libération nationale d'atteindre ses objectifs et de contribuer à la démocratisation du Salvador de 1980 à 2009 ? Toutefois pour mieux approfondir l'analyse du sujet à travers sa problématique, il est nécessaire de définir les objectifs de la recherche dudit sujet. L'objectif que vise cette recherche est d'apporter une modeste contribution à la connaissance des mouvements de libération nationale comme acteurs des relations internationales et qui aspirent à devenir des acteurs politiques étatiques. Dans le cas de notre étude nous montrerons l'exemple typique de l'Amérique centrale plus précisément au Salvador où le Front Farabundo Martí a pu réaliser ses objectifs à travers la lutte armée et un processus de démocratisation. Pour atteindre cet objectif principal, nous avons dû élaborer des objectifs spécifiques. Nous allons montrer dans un premier temps la genèse du front et de sa plate-forme revendicative, dans un deuxième temps la logique de lutte armée qui a prévalu dans les décennies qui ont suivi la création de l'organisation militaire et ensuite dans un troisième temps nous analyserons comment la mutation du mouvement de guérilla en formation politique après 1990 était orientée vers la satisfaction des buts du front révolutionnaire. Le travail en outre a reposé sur des hypothèses de travail. D'abord, nous présumons que face à un pouvoir qui gouverne par le meurtre et la répression, une partie importante de la population a commencé la lutte pour ses droits légitimes, la restauration de sa dignité et pour l'amélioration de leur condition de vie. Ce qui a conduit à des insurrections qui se généralisèrent en des mouvements de contestation qui, à l'instar du FMLN optèrent pour la lutte armée pour atteindre leurs objectifs et instaurer une démocratie dans le pays. Ensuite, nous partons du principe selon lequel l'environnement politique et social assez délicat du pays dans les années 1970 et 1980 à contribuer au développement de guérillas qui exposèrent leurs revendications. Par ailleurs, il est fort probable que dans les années qui suivirent la création du FMLN, la lutte armée qui existait, était fondée et avait pour mission d'atteindre les objectifs fixés par la guérilla. Enfin, nous supposons que les Accords de paix de 1992 ont contribué à la mutation du FMLN de la guérilla en parti politique ; mutation qui avait pour but de réaliser les objectifs assignés à l'ex-mouvement de guérilla. Pour bien cerner et éviter des nombreuses confusions, il a été important pour nous de définir certains mots-clés utilisés dans la formulation de notre thème de recherche et nécessaire à sa compréhension. Ainsi donc nous avons retenu trois mots et expressions à savoir « Front Farabundo Martí de libération nationale », « Guérilla » et « Guerre civile ». Par Front Farabundo Martí de libération nationale (en espagnol : Frente Farabundo Martí Para La liberación nacional, le FMLN), on entend selon le site Answers.com « autrefois une coalition de cinq organisations de guérilla révolutionnaire et qui est depuis 1992 un parti politique socialiste au Salvador (en espagnol El Salvador). Le FMLN a été formé comme un groupe de coordination le 10 octobre 1980, de l'aile gauche, des différentes organisations de guérilla »1(*). De cette définition il ressort que ce front est révolutionnaire et donc aspire au changement brutal et parfois violent de la structure politique et sociale du Salvador. Ce front est aussi synonyme d'un mouvement insurrectionnel, qui par des soulèvements massifs essaye de renverser par la force un pouvoir établi. Par ailleurs selon le site Wikipédia, le Front Farabundo Martí de libération nationale en abrégé FMLN est à l'origine (1980) « un mouvement de guérilla issu de l'unification de cinq forces révolutionnaires. Le FMLN s'est transformé en parti politique en 1992, après le rétablissement de la paix et de la démocratie »2(*). De ces deux définitions, nous retenons deux sens qui cadrent bien avec notre recherche. Premièrement il s'agit d'une coalition ou une union étroite de mouvements s'accordant sur un programme commun, aspirant au changement brutal et parfois violent de la structure politique et sociale du Salvador, et utilisant la tactique de guérilla dans le but de lutter harmonieusement pour libérer le peuple contre le régime dictatorial installé dans le pays et soutenu par des puissances étrangères à l'instar des Etats-Unis, et instaurer par tous les moyens un régime démocratique où les inégalités sociales seront réduites. Deuxièmement le FMLN que nous étudierons dans le cadre notre mémoire, constituera également à partir 1992 suite aux Accords de paix de cette même année, un parti politique légal de tendance socialiste faisant partie aujourd'hui de l'un des principaux partis politiques du Salvador, après que toutes les unités armées de l'ex-guérilla du même nom ont été démobilisées. Quant au concept « Guérilla », selon sa définition donnée par le dictionnaire du site la Toupie, ce terme (en espagnol guerrilla) désigne « une petite guerre, qui est diminutif de guerra, guerre. Son utilisation remonte aux tactiques utilisées par les Espagnols contre le régime imposé par Napoléon Bonaparte au début du XIXè s. Ainsi donc ce terme est employé pour désigner des combats réalisés par des petits groupes menant une guerre de harcèlement, de coups de main, d'embuscades et de sabotage contre une armée régulière. Contrairement au terrorisme elle ne vise pas les civils. Elle a pour objectif de renverser une autorité en place en la destabilisant par des confrontations peu intenses mais de longue durée »3(*). Cette définition cadre bien avec notre thème car elle met en relief les objectifs des guérillas et la nature de leurs luttes. Par extension, « guérilla » désigne aussi les groupes qui mettent en oeuvre ce type de combats. Les combattants se livrant à la guérilla sont appelés des guérilleros. Selon David Garibay, la guérilla désigne aussi des « groupes irréguliers caractérisés par des méthodes de combats privilégiant la mobilité et la surprise ». Nous retenons également cette définition proposée par David Garibay, qui en plus de présenter la nature du combat des guérillas, les distingue des forces armées régulières. Donc en faisant le rapprochement des sens, nous retenons alors de la guérilla : des groupes de combattants qui ne font souvent pas partie de l'armée régulière et qui mènent une guerre d'harcèlement, d'embuscades, d'attaques multiples et surprises dans une logique de lutte armée en vue d'éparpiller voir anéantir les forces ennemies. Enfin le concept « Guerre civile » désigne selon le dictionnaire de droit international public un « conflit armé non interétatique mettant aux prises soit un gouvernement établi avec un mouvement insurrectionnel, soit des groupes se disputant entre eux le pouvoir de l'Etat. Dans la guerre civile le mouvement insurrectionnel veut prendre le pouvoir du gouvernement en place. » (Dictionnaire de droit international public 2001 : 538). Cette définition cadre mieux avec notre sujet dans la mesure où la guerre civile (1980-1992) que nous étudierons dans notre mémoire, est un conflit armé non interétatique c'est-à-dire un recours à la force armée entre forces gouvernementales et des groupes armés organisés tels que la guérilla du FMLN au Salvador. Les hypothèses susmentionnées nous ont conduits à adopter une méthodologie pour le travail. La méthodologie utilisée ici, est basée d'abord sur la collecte des données, ensuite sur le traitement des sources et des documents répertoriés, et enfin les difficultés rencontrées et les approches de solutions. La méthode de collecte de données qui s'est pour l'essentiel déroulée à Lomé, a consisté à la fréquentation des centres de documentation par ordre d'importance et en fonction de la documentation qui y est disponible notamment le centre culturel français, la Bibliothèque centrale de l'université, des cybers pour collecter des données sur le net. Ceci dans le but de recueillir des informations relatives à notre thème. A ce niveau, nous avons consulté des ouvrages et articles traitant de la région Amérique latine, du Salvador et des Etats- Unis. Par ailleurs il faut noter que nous avons fait usage de la photographie sur Internet pour étayer des réalités que nous dépeignons dans ledit mémoire. Grâce à cette étape il nous a été permis de nous familiariser avec les grands problèmes que soulèvent notre sujet et les grandes thématiques qui y sont abordées. Par ailleurs, pour la collecte, nous procédons par le prêt du document pour le lire et prendre quelques notes et dans certains cas quand les parties intéressantes sont vastes, nous en faisons copies. La méthode adoptée pour le traitement des informations a été des opérations analytiques, des opérations synthétiques (comparaison des sources et documents, confrontation des données pour trouver matière à histoire, raisonnement, analogie, déduction et interprétation). En ce qui concerne les opérations analytiques, il s'agit pour nous de nous assurer de l'authenticité des documents et des informations qu'ils véhiculent. Par rapport aux opérations synthétiques, nous avons procédé à la vérification et à la confrontation des sources et documents pour jauger le degré de pertinence. Les données douteuses dont la vérification s'avère difficile voire impossible sont purement et simplement abandonnées. Lorsque nous sommes en face de certains documents qui comportent des contradictions, nous procédons à la confrontation et avec toutes les précautions qu'exige l'analyse historique. Ceci a été d'une grande importance dans la confrontation et la fiabilité des sources et documents recueillis. Le même procédé a été aussi observé avec les sources webographiques notamment avec beaucoup de précautions. En effet aucune entreprise ne pouvant se faire sans difficultés, notre recherche n'a pas échappé à quelques difficultés telles que celles de notre incapacité de pouvoir aller sur le terrain d'étude pour recueillir des informations, de rencontrer des personnes ressources. Une des difficultés est aussi le fait que certains documents utiles ne sont pas au Togo et où certains sont en des langues outre que le français (l'espagnol et l'anglais surtout). Une autre difficulté majeure a été surtout celle liée aux informations fournies par les différentes sources, le plus souvent divergentes. D'où leurs confrontations et leurs vérifications parfois difficiles. Néanmoins nous avons dû rechercher quelques ouvrages trouvés sur place et avons combler la faille de notre recherche en enquête orale, en faisant recours à Internet où nous avons eu accès à de nombreux articles et des témoignages des acteurs de la période. Mais là encore les difficultés ont été liées surtout au téléchargement des documents et à leurs critiques. Souvent nous avions dû faire face à des situations où certains documents et articles sont accessibles à un abonnement via internet. Par ailleurs, pour mieux cerner notre problématique, nous avions dû faire l'état de la question. Pour faire ce travail et surtout pour mieux comprendre nous avons eu recours à des sources essentiellement écrites. Pour ce faire, une large attention a été prêtée aux sources informatiques. Nous avons recouru à des moteurs de recherche sur le net et encyclopédies numériques (Microsoft Encarta) tels les sites Google (www.google.fr), de Wikipédia (fr.wikipédia.org) pour ne citer qu'eux, qui nous ont livré des informations générales sur l'histoire, la géographie, la vie politique au Salvador, sur Farabundo Martí et l'histoire du front révolutionnaire qui portera son nom. Certains sites sur le net ont fait l'objet de collection. Particulièrement le site du quotidien français « le monde diplomatique » (www.Monde-diplomatique.fr), qui fait une lecture critique de la situation du Salvador, de la question de la reconversion du FMLN et de la montée de sa côte de popularité jusqu'à sa prise du pouvoir en 2009. Par ailleurs le site de Latin reporters (www.latinreporters.com) où nous avons eu accès par exemple à l'article « l'ex-guérilla du FMLN aux portes du pouvoir » s'est appesanti sur la montée de la côte de popularité et de l'électorat de l'ex-guérilla devenu parti politique et ses possibilités de favori aux échéances électorales de 2009. Dans cette même optique le site de l'Esisc (www.Esisc.org) dans une note d'analyse du 02 février 2008 a orienté ses réflexions sur les conditions et les raisons d'un éventuel basculement dans la vie politique salvadorienne. Ajoutons également à ceux-ci les sites du Réseau d'information et de solidarité avec l'Amérique latine (Risal.collectifs.net) et d'Alterinfos (www.Alterinfos.org). Sur le premier site où nous avions eu accès à des informations concernant la violence surtout celle juvénile et la prolifération de gangs dans les pays d'Amérique latine, qui plonge ces pays dans un état d'insécurité ; puis celles concernant le conflit Honduras- Salvador pour ne citer qu'eux ont été collectionnées. Quant au site Alterinfos.org, nous avons pu trouver entre autres des informations relatives à la présence militaire des Etats-Unis et l'accession du Front Farabundo Martí au pouvoir en 2009. En outre dans cette optique de l'état de la question, nous avons consulté divers ouvrages à travers la fréquentation des centres de documentation. Parmi les sources écrites, nous avons consulté des ouvrages généraux tels que Chaunu (1964) ; Dabène (2003) ; Rouquié (1987) ; Maurois (1947) qui nous apportent des informations sur l'histoire de l'Amérique latine et des Etats-Unis. Chaunu (1964) retrace l'histoire du continent américain de la préhistoire jusqu'aux débuts des années 1960. Il est intéressant dans la mesure où il apporte des informations sur la conquête de l'Amérique latine, l'indépendance de l'Amérique espagnole, l'impérialisme états-unien et les premières formes de révolutions dont celles du Mexique. Néanmoins on ne note presque pas d'informations intéressantes concernant le Front révolutionnaire au Salvador. Dabène (2003) quant à lui retrace l'évolution de l'Amérique latine à l'époque contemporaine sur les aspects politiques, sociaux et économiques. Nous trouvons des informations ayant trait à notre sujet et nous voyons comment il montre les origines de la crise en Amérique centrale qui ont entraîné la radicalisation des mouvements révolutionnaires, le déclenchement, le déroulement et le dénouement de la crise, les effets de la révolution cubaine qui ont eu un impact sur la lutte armée engagée par les guérillas en Amérique centrale pour se libérer des dictatures. Des informations relatives à l'ordre oligarchique dans la région, le panaméricanisme et le Front Farabundo Martí au Salvador y sont abordées. Ceci nous permettra de comprendre le régime oligarchique et les ingérences américaines, ses buts et fondements dans la région. Ensuite Maurois (1947) retrace l'histoire des Etats-Unis depuis la découverte de ce continent par les Européens jusqu'aux lendemains de la seconde guerre mondiale. L'auteur dans son ouvrage réserve une partie à la puissance américaine. Ceci nous permettra de mieux comprendre la montée de l'hégémonisme américain en Amérique latine. Nous avons aussi recouru à Lemoine (1988). Le premier a le mérite de nous donner des informations générales sur les dates, chiffres, les noms et les faits marquants de l'histoire de l'Amérique latine. Cet ouvrage correspond à une sorte de mini dictionnaire de l'Amérique latine. Les informations générales retrouvées dans les ouvrages généraux étant insuffisantes, nous avons recouru aussi à des ouvrages spécifiques, peu nombreux mais qui traitent indirectement ou directement d'une thématique liée à notre sujet. Il faut mentionner à cet effet l'ouvrage de Erdozain et Barth (1982). Le premier traite de l'histoire du Salvador des origines jusqu'à l'assassinat de Mgr Romero, grande figure marquante pour la lutte pour la liberté dans le pays. Nous montrerons dans notre travail comment son assassinat sera aussi à l'origine de la remontée des violences au Salvador. Dans cet ouvrage, l'auteur de la première partie présente les forces majeures intervenant dans la vie politique, évoque les forces en présence au cours de la guerre civile et donne des informations sur la constitution du FMLN. Quant à Placido Erdozain, auteur de la seconde partie de l'ouvrage, il s'appesantit sur l'attitude du clergé salvadorien du moins une partie de ce clergé qui, fidèle à son évêque Mgr Romero dénoncera les abus, la situation de dictature et de répression brutale que subissent de milliers de salvadoriens. Nous montrerons dans notre travail que cette attitude du clergé salvadorien a été vivement combattue et réprimée par le gouvernement en place. Ajoutons Rouquié (1991) plus précisément son article sur le Salvador, Villalobos (1999), Garibay (2003), Garibay (2004) et Puyo et Taracena (2007). Le premier traite des forces politiques en Amérique centrale. C'est surtout un de ses articles consacrés au Salvador qui nous intéressera dans la mesure où il retrace la genèse et l'évolution des forces politiques et formations révolutionnaires dans le pays. J. Villalobos, un ancien dirigeant de l'ex-guérilla et plus précisément de l'Armée Révolutionnaire du Peuple (ERP), dans son article retrace le processus de paix au Salvador depuis le début de la guerre civile. Il met un accent particulier sur les exactions commises par la guérilla et l'armée régulière, la manière dont le retour à la paix a été une réussite, les rapports de l'ERP avec la Commission Vérité et Justice mise en place pour faire la lumière sur la guerre civile et enfin sur des éléments de comparaison par rapport à d'autres pays qui ont connu des guérillas à l'instar du Guatemala. David Garibay, dans sa thèse de doctorat, montre comment les anciennes guérillas en Colombie et au Salvador ont tenté de parvenir au pouvoir par les armes et comment le lien entre démilitarisation et démocratisation a mis fin effectivement à un conflit armé et a permis la transformation de guérilla en parti politique au Salvador et temporairement et partiellement en Colombie. Cette thèse est intéressante à plus d'un titre car en plus des éléments de comparaison entre les guérillas dans ces deux pays, elle livre des informations sur le processus de paix et de réinsertion des guérillas colombiennes et salvadoriennes dans le paysage politique. Par ailleurs dans l'un de ses articles publié dans la revue scientifique critique internationale en 2004, il fait une bonne analyse de la manière dont les Etats-Unis influencent les pays de l'Amérique centrale en leur imposant des régimes démocratiques. Il montre les inquiétudes des américains face aux révolutions dans la région, présente leur stratégie (assistance militaire, mise en place de régimes démocratiques caractérisés par l'organisation d'élections à intervalles réguliers). Cet article est intéressant dans la mesure où il nous permet de comprendre les ingérences américaines en Amérique latine, la manière dont ils soutiennent les dictatures si leurs intérêts sont préservés et comment le contraire a favorisé des coups d'état et la chute des gouvernements. Ensuite Puyo et Taracena (2007) dans leur article, font une étude comparative des guérillas latino-américaines en Amérique centrale et en Colombie en retraçant le contexte historique de l'émergence des différentes vagues de guérillas, le rôle de l'interventionnisme américain, les différentes idéologies qui animaient ces guérillas. Nous ne devons pas perdre de vue l'ouvrage de Gandolfi (1989) qui nous présente la typologie des mouvements de libération nationale, leurs objectifs et leurs actions. Il évoque l'extrême complexité du problème due à la multiplicité des mouvements de libération nationale et tente d'en dresser un inventaire de ces mouvements de libération. Cet ouvrage est intéressant à plus d'un titre car il nous a permis de mieux cerner et comprendre le mouvement que nous étudions, ses actions et ses objectifs et de pouvoir mieux l'inscrire dans la panoplie d'organisations de libération nationale. Il nous apporte des informations sur la dénomination des mouvements de libération nationale (MLN), sur la manière dont les populations expriment leur participation, leurs actions qu'elles soient pacifiques ou violentes avec usage de stratégie de guerre comme la guérilla, la recherche d'une reconnaissance internationale comme soutien pour la réalisation de leur objectif et la manière dont réagissent les Etats qui font face à de telles situations. Par ailleurs nous ne pouvions pas oublier de souligner les articles de Toinet (1982) et de Falquet (1997). Le premier traite de la politique salvadorienne des Etats-Unis de Carter à Reagan. L'auteur relève la dimension historique de la domination états-unienne dans la région Amérique latine et son évolution. Il souligne par ailleurs les actions américaines à travers les politiques cartérienne et reaganienne. Ceci nous a permis de mieux saisir et analyser les influences américaines à travers sa politique extérieure et comment les actions nord-américaines ont contribué à la déstabilisation de cette région et donc aussi du Salvador. Le second article traite de la participation de la gente féminine dans la guerre révolutionnaire ou civile au Salvador de 1981 à 1992. L'auteur soulève entre autres pourquoi une forte participation féminine à cette guerre, en dresse le bilan de la guerre pour ces femmes. Ceci nous a permis de voir la portée du conflit et la manière dont presque toutes les couches sociales au Salvador furent impliquées notamment les femmes. Nous ne devons pas sans doute perdre de vue les articles sur le web, qui nous ont apporté un complément d'informations. Nous pouvons mentionner certains comme : Bail (2006), Bourtel (2002), Anonyme (2009). R. Bail montre avec chiffres à l'appui comment l'émigration massive de salvadoriens aux USA a entraîné la dollarisation de l'économie du Salvador. Ensuite Bourtel (2002) présente la situation dans laquelle le Front Farabundo Martí gouverne la capitale San Salvador et montre comment la gestion de cette capitale aura une portée sur les élections présidentielles de 2004. Ceci nous aidera à mieux analyser la montée de la côte de popularité de l'ex-guérilla depuis sa démobilisation après 1992. Par ailleurs l'auteur anonyme de l'article publié dans www.latinreporters.com montre comment pour la première fois depuis la fin de la guerre civile au Salvador le Front Farabundo Martí de libération nationale (FMLN), parti issu de l'ex-guérilla d'extrême gauche du même nom, est favori aux élections législatives et présidentielles de 2009. Nous montrerons dans notre travail les conditions et les éléments qui ont permis au FMLN d'accéder au pouvoir. Ajoutons également à ceux-ci Huste (2008), Beaulande (2009), Blanca (2004), Kaeser (2006). Huste (2008) dans son article, fait une note d'analyse des conditions et de l'environnement dans lequel se dérouleront les élections de 2009. Il évoque les raisons du basculement de l'électorat au profit de l'ex-guérilla du FMLN c'est-à-dire qu'il montre les raisons qui ont poussé les Salvadoriens à ne pas accorder leur vote de confiance au parti au pouvoir (ARENA) aux élections de 2009, expose les propositions du FMLN à travers son candidat Mauricio Funes. Quant à Beaulande (2009), il évoque la victoire récente du FMLN à la présidence du 15 mars 2009 et retrace la vie politique du Salvador en montrant les conditions d'évolution du FMLN de mouvement révolutionnaire en parti politique, aujourd'hui au pouvoir. Blanca (2004) dans son article présente les gangs d'Amérique centrale comme un fléau incontournable. En effet pour l'auteur ces gangs qui sévissent dans les pays comme le Nicaragua, le Guatemala et le Salvador sont accusés d'être les responsables du problème de sécurité dans ces pays à cause de l'accroissement du nombre d'assassinats, de viols, de vols. Par ailleurs il évoque dans cet article les séries de mesures qu'ont essayé de mettre en place les dirigeants politiques. L'historien suisse T. Kaeser pour sa part montre dans son article comment le football a été le détonateur d'une courte guerre entre le Honduras et le Salvador, guerre qui se profilait à l'horizon à cause d'un certain nombre de problèmes que connaissaient ces pays et que le football a été l'élément déclencheur. Etant donné que notre sujet porte sur un pays se trouvant dans un continent autre que le nôtre (le Togo et l'Afrique), nous avons jugé bon de présenter l'espace territorial dans lequel s'inscrit notre recherche. Nous nous réservons de ne pas trop en dire sur l'histoire car une partie lui étant consacrée dans le présent mémoire. Pour ce qui est du pays, nous pouvons dire qu'il appartient à une région ou un sous continent dénommé Amérique latine4(*), plus précisément en Amérique centrale qui est une région, constituée d'un long isthme étroit formant une passerelle entre l'Amérique du Nord et l'Amérique du Sud (Anonyme, 2009)5(*). L'Amérique centrale couvre une superficie d'environ 520 000 km2 et comprend, du nord au sud, outre la péninsule du Yucatán, au Mexique, sept États dont le Guatemala, le Belize, le Salvador, le Honduras, le Nicaragua, le Costa Rica et le Panama. C'est sur cet espace que se localise au nord ouest le Salvador, une république de cette région. Il est limité au nord et à l'est par le Honduras, au sud par l'océan Pacifique et à l'ouest et au nord-ouest par le Guatemala6(*). Par ailleurs il est l'un des plus petits Etats du continent (moins de 22 000 km2) et aussi l'un des plus densément peuplés (250 hbts/km2) Rouquié (1991 : 61). La population du Salvador était évaluée à 6,9 millions d'habitants en 2007. Son relief (cf. carte n°1) est composé d'un plateau central peu élevé (de 400 à 800 m d'altitude) découpé par des vallées fluviales et recouvert par de nombreux volcans (Santa Ana, San Vicente, San Salvador, Tepaca, Conchagua), dont certains sont encore actifs7(*). C'est sur cette terre volcanique, dominée économiquement jusqu'à une époque récente par « quatorze familles », que de nombreux conflits sociaux vont se dérouler. Depuis 1979, une confrontation armée déclenchée par une large coalition politique et sociale se heurte à une aide militaire et un soutien économique massifs des Etats-Unis qui voient dans la guérilla l'instrument de Moscou et de la Havane (Lemoine 1988 : 301). Le climat du Salvador est tropical, avec une saison sèche (novembre à avril) et une saison humide (mai à octobre). Les ressources naturelles du Salvador sont rares, mais le pays possède un important potentiel hydroélectrique, partiellement exploité. Les forêts fournissent divers bois (chêne, cèdre, pin, acajou) et du caoutchouc mais leur exploitation reste limitée. Les montagnes du Salvador sont en partie couvertes de chênes et de pins ; dans le reste du pays, des arbres à feuilles caduques et des prairies dominent. La faune du Salvador, moins variée que celle des pays voisins en raison de la grande densité de population, comprend notamment des singes, des coyotes, des jaguars, des pumas et des ocelots. La forte densité de population tend à accentuer les tensions sociales et est l'une des causes de l'émigration, notamment vers les États-Unis. Plus de 90 % des Salvadoriens sont des métis (d'Espagnols et d'Indiens). La société est surtout rurale, le taux d'urbanisation est de 60,1 %8(*). L'Espagnol est la langue officielle du pays, et la principale religion est le catholicisme. Le pays est divisé en quatorze départements. Les grandes villes (cf. carte n°2) sont la capitale San Salvador, des villes comme Santa Anna et San Miguel, située au pied du volcan du même nom9(*). Ces cartes n°1 et n°2 présentent les composantes du relief au Salvador ainsi que les principales villes de ce petit pays de l'Amérique centrale. Pour traiter ce sujet de recherche nous avons opté pour le plan chronologique qui est axé sur trois grandes parties. Les trois grandes parties se composent de deux chapitres chacune. Notre première partie intitulée : « La genèse du Front Farabundo Martí de libération nationale et de sa plate-forme revendicative en 1980 », nous permettra de présenter le contexte historique du Salvador et analyser les problèmes hérités de l'histoire et comprendre le développement de mouvements de soulèvements et de contestation. Dans cette logique nous analyserons le processus ayant conduit à la création du Front Farabundo Martí de libération nationale comme mouvement révolutionnaire optant pour la guérilla. Notre deuxième partie intitulée : « La lutte armée au Salvador 1980 à 1992 », nous permettra de voir en quoi la lutte armée engagée par le front révolutionnaire au Salvador était orientée vers la satisfaction de ses revendications de 1980 à 1992 ? Cette question nous conduira à analyser la guerre civile salvadorienne et l'engagement du front révolutionnaire dans l'option de lutte armée. Enfin dans la dernière partie intitulée : « Accords de paix, mutation et enracinement du FMLN de 1992 à 2009 », nous essayerons de montrer le processus ayant conduit aux accords de paix, les mesures prises pour instaurer un véritable climat de paix, puis nous verrons et analyserons comment la mutation du front révolutionnaire en parti politique a participé à l'enracinement de ce nouveau parti politique en vue de la conquête du pouvoir et pour satisfaire les objectifs qui lui sont assignés. * 1 Information tirée de « Farabundo Martí de libération nationale », p. 1 in www. Answers.com, consulté le 08 mars 2010 à 14h 05 min. * 2 Information tirée de « Front Farabundo Martí de libération nationale », p. 1 in fr. wikipédia.org, consulté le 20 mars 2010 à 10h 51 min. * 3Information tirée de www. La Toupie.org. * 4 Région du continent américain, située au sud des Etats-Unis et englobant les pays hispanophones d'Amérique centrale, quelques îles des Caraïbes et les pays hispanophones et lusophones de l'Amérique du sud. Information tirée de « Amérique latine » in Microsoft Encarta 2009- Etudes DVD. * 5 Information tirée de « Salvador. » in Microsoft Encarta 2009- Etudes DVD. * 6 Information tirée de « Salvador. » in Microsoft Encarta 2009- Etudes DVD. * 7 Information tirée de « Salvador. » in Microsoft Encarta 2009- Etudes DVD. * 8 Information tirée de « Salvador. » in Microsoft Encarta 2009- Etudes DVD. * 9 Information tirée de « Salvador. » in Microsoft Encarta 2009- Etudes DVD. |
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