7.2. DISCUSSION
Le maïs (Zea mays) est la principale
céréale intervenant dans l'alimentation des populations au
Bénin. Habituellement cultivé au sud et au centre
(Ouémé, Mono, Atlantique et Zou), plus précisément
dans la zone agro-écologique des terres de barre (28,67% de la
production), le maïs tend à se développer dans les
régions septentrionales (surtout dans le Borgou dans la zone
cotonnière du centre Bénin).
Il est consommé sous diverses formes: épis
grillés ou bouillis (maïs vert); grains torréfiés
sous forme de semoules; farine pour la préparation de l'akassa,
pâtes, galettes, etc., grains humidifiés pour la production de
mawé ou ogui (farine fermentée traditionnelle) servant de farine
de base pour la préparation de diverses bouillies d'akassa, d'akpan,
etc.
Il n'ya pas eu beaucoup de travaux concernant
l'évolution de la production vivrière au Bénin. Cependant,
en 1993 les statistiques des services du ministère du
Développement rural, ont essayé de calculer la consommation par
tête d'habitant et par an dans chaque département. Mais cette
statistique ne reflète pas selon nous, le degré de
disponibilité de la ressource alimentaire pour les populations
productrices car un département peut être partagé en
plusieurs zones agroécologiques.
En effet, en 1993, la consommation individuelle
Théoriquement offerte du maïs local à l'échelle
nationale était de 69 kg/an/individu (DAPS/ministère du
Développement rural (MDR, 1993) alors que entre 1996 et 2006 cette
consommation a chuté et est devenu 66,43 kg/an/individu voir tableau
n°2. cette baisse peut être liée aux nombreuses fluctuations
qu'a connu la production agricole, à la réduction de la
durée des jachères (surexploitation du sol), à la non
maîtrise des technique de fertilisation naturelle des sols ou simplement
à une mauvaise politique agricole de la part de l'Etat. Sinon comment
comprendre que dans un pays où la population croît de façon
exponentielle, que la production diminue. Dans ces conditions, les importations
deviennent la seule voie de recours pour compenser les déficits. La
théorie de l'économiste Malthus s'applique ici facilement et il
faudra réorienter la politique agricole pour que l'autosuffisance
alimentaire soit au Bénin du moins pour le maïs qui est la base de
notre alimentation.
Tableau n°2: Comparaison de la
Consommation par tête des produits agricoles en Kg/an/individu
cultures
|
Maïs
|
Sorgho
|
Riz
|
Niébé
|
Manioc
|
Igname
|
Arachide
|
1993
|
69
|
21
|
14
|
7
|
81
|
82
|
7
|
1996-2006
|
66
|
19
|
11
|
20
|
406
|
155
|
13
|
Source : LEA / Sept-Oct 2008
La diminution de la consommation de chaque Béninoise et
de chaque Béninois par an n'est pas notée uniquement au niveau du
maïs, mais aussi, a-t-elle été noté au niveau du
sorgho dont le CITO est passé de 21 kg/an/ individu en 1993 à 19
kg/an/individu entre 1996 et 2006; du riz également (14 kg/an/individu
en 1993 et 11 kg/an/individu entre 1996 et 2006). Mais ces deux (2)
dernières années, avec le riz NERICA, nous pensons que la
tendance va s'inverser certainement.
Il est cependant important de mentionner que le
niébé, le manioc, l'igname et l'arachide ont connu une nette
augmentation de la production et cette augmentation est plus notée au
niveau du manioc dont la CITO est passée de 81 kg/an/individu en 1993
à 406 kg/an/individu entre 199- et 2006 (tableau n°1). Des
recherches fines dans ce domaine pourraient nous éclairer sur les
raisons de cette augmentation et toutes les implications qui s'en
découlent.
1996 à 2006 la zone cotonnière du Nord
Bénin est de loin celle qui a la plus grande superficie
cultivée5 pour les différentes cultures
étudiées (maïs, niébé, arachide, riz, igname,
sorgho, mil, coton). En effet, cette zone agro-écologique a
cultivé au total 411917 ha sur les 1857722 ha cultivées dans tout
le Bénin. Nous allons nous intéressé à cette zone
pour étudier un temps soit peu le comportement des neuf cultures
étudiées. Cette étude a été a
été abordé par Adégbidi en 2003.
En effet, le sorgho constitue traditionnellement (avec l'igname)
la base de l'alimentation dans l'ensemble de la zone cotonnière du
Nord-Bénin. En général, seules les variétés
locales de sorgho sont cultivées. Dans les années 1980, il
occupait plus du 1/3 de la superficie totale cultivée à Gogounou.
A partir de 1990, il a perdu définitivement sa place de leader et sa
part s'est
5 Annexe n°5: les zones
agro-écologiques et leur superficie cultivée (en ha, moyenne de
96 - 06)
stabilisée à 10% environ depuis 1995.
L'explication essentielle à ce déclin est l'extension de la
surface cotonnière qui a réduit les superficies des friches et
jachères d'une part et leur durée d'autre part, alors que le
sorgho est très exigeant en fertilité. Le changement du
régime pluviométrique y avait également contribué.
Toutefois, il est intéressant de constater un certain redressement des
rendements depuis 1995 jusqu'à 2006. C'est probablement l'expansion de
la fumure minérale qui explique ce changement. On note par ailleurs,
qu'il se cultive souvent en association (70% des cas) avec d'autres cultures,
notamment les céréales (le maïs, en particulier, qui est de
plus en plus fumé) et les légumineuses.
Le maïs Peu répandu il y a quelques années,
est devenu au cours de la décennie
1990, le produit vivrier le plus cultivé dans la zone
cotonnière du Nord-Bénin. Le maïs se cultive en association
avec d'autres cultures mais les parcelles pures sont de plus en plus
nombreuses. La durée de leur cycle est d'environ 70 jours. En dehors de
ces variétés jaunes qui sont assez prédominants dans le
Nord en général, on rencontre aussi dans la zone
cotonnière deux variétés blanches; l'une tardive et
l'autre hâtive. Différentes variétés
améliorées dont la TZB39 sont également vulgarisées
dans la région et progressivement introduites dans les systèmes
de production.
Le riz est très peu cultivé (CITO=10,63 kg/an)
au Bénin malgré quelques efforts du gouvernement visant à
promouvoir cette culture. Les besoins au plan national restent couverts
à 80% par l'importation de riz pakistanais40. L'essentiel de la
production nationale vient du département du Borgou de la zone
agro-écologique d'Ouest Atacora. Il y a environ une décennie un
projet d'aménagement des bas-fonds pour la riziculture s'exécute
dans le département. La surface est en nette croissance mais les
rendements connaissent de fortes fluctuations, ce qui pourrait s'expliquer par
l'effet conjugué de la non maîtrise des aménagements faits
dans bas-fonds, peut-être l'acidification des sols et les aléas
climatiques; le riz étant très exigeant en eau.
L'igname est le deuxième produit alimentaire de la
région. La croissance de la surface exprime le souci des paysans
d'assurer la sécurité alimentaire d'une population de plus en
plus nombreuse. La baisse des rendements est le résultat de la
disparition progressive des nouvelles friches (terre de prédilection de
l'igname). Deux variétés (l'une tardive et l'autre hâtive)
sont cultivées. Cette combinaison des variétés permet
d'assurer l'alimentation tout le long de l'année. Les
variétés tardives sont plus appréciées par les
paysans parce qu'elles peuvent être conservées sur une
durée relativement longue.
Le manioc reste une culture marginale dans la zone
cotonnière. En fait, il n'entre pas dans les habitudes alimentaires.
Mais la vulgarisation mène des efforts importants pour qu'il soit
adopté parce qu'il est relativement facile à cultiver. Deux
projets récents le PDRT (Projet de Développement des Plantes
à Racines et Tubercules) et le 'projet Manioc' sont en cours et
devraient permettre d'accroître l'intensité de son adoption, les
objectifs étant de rompre avec la monoculture du coton et de sauvegarder
la sécurité alimentaire. Deux variétés sont
cultivées: une variété précoce et une
variété tardive comme dans le cas de l'igname. La
variété tardive (15-18 mois) est destinée à la
transformation en cossettes ou en gari alors que la variété
précoce est principalement destinée à la consommation
à l'état frais. Dans presque 90% des cas, le manioc était
cultivé en association avec le maïs, le niébé ou
l'arachide.
Le coton a pour zone de prédilection la deuxième
ZAE. Les rendements se sont relevés jusqu'en 1995/1996 mais depuis lors
on note une nette tendance au recul (cf. annexes). Au départ, seule la
variété "Mono" était cultivée. Mais l'essor
réel de la production du coton dans le Borgou n'a commencé
qu'avec l'introduction de la variété "Allen" en 196441. Au cours
des années
1983 et 1984, deux autres nouvelles variétés ont
été introduites dans le département (la
variété HAR 444-2-70 dans le Sud-Borgou et la
variété MK-73 dans le Nord-Borgou). Le coton est cultivé
de façon intensive avec l'utilisation des engrais et des pesticides.
L'arachide est cultivée à la fois comme culture
industrielle et comme culture vivrière. Elle constitue avec le coton les
deux principales cultures de rente de la zone cotonnière du nord
Bénin. Elle est exportée du département sous forme de
grain ou après transformation. Le principal produit de transformation
est l'huile d'arachide. En plus de la variété locale, deux
cultivars améliorés sont introduits dans la région. Il
s'agit de la variété RMP 91 à cycle long et de la
variété 69101 à cycle court. Si le paquet technologique
est bien respecté, le rendement des variétés
améliorées est nettement supérieur à celui de la
variété locale. La surface de l'arachide a
régulièrement augmenté dans la ZAE jusqu'en 1988/1989
avant d'amorcer une chute qui a duré près d'une dizaine
d'années. Depuis 1997/1998 les surfaces sont à la hausse de
même que les rendements.
Le niébé est presque toujours cultivé en
association avec d'autres cultures (maïs, sorgho, manioc et l'igname). Il
est sujet à une forte pression parasitaire dont la maîtrise
technologique reste encore problématique. Généralement,
les rendements sont bons une année sur deux, à cause des
problèmes parasitaires. On rencontre dans la zone trois
variétés qui se distinguent nettement par leur couleur (rouge,
blanche ou noire).
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