Conclusion
Le tissu économique et la stratégie de grands
groupes
Le constat est sans appel, l'Allemagne est bien
meilleure a l'export que la France, et il y a largement lieu de s'alarmer sur
ces résultats. Pour autant, ils sont l'image du décalage entre le
tissu économique frangais et le fonctionnement du commerce
international. Les écarts de coats du travail ou les problèmes de
compétitivité que l'on peut citer a de nombreuses reprises ne
sont pas loin s'en faut les principales causes de ce déficit. C'est
l'ensemble du tissu économique et de la logique de développement
du pays qui n'est pas comparable. La France a un tissu économique peu
équilibré en taille d'entreprise et une répartition de
l'appareil productif concentré, l'Allemagne a bien plus d'ETI et un
tissu industriel plus diversifié. Il ne faut pas voir dans les chiffres
alarmant de la balance commerciale une image de la capacité, ou de la
grande difficulté, de la France a imposer ses produits a
l'étranger. Outre le poids de la facture énergétique, et
la diminution en valeur relative de la France dans le commerce international
(4% de part de marché), c'est aussi et surtout la logique de
développement des grands groupes frangais et leur adaptation au commerce
mondial qui est a l'origine des mauvais résultats. Plutôt que de
profiter de la division internationale du travail aussi pleinement que les
allemands, ils préfèrent construire sur place a
l'étranger. L'exemple de l'entreprise SEB, qui était au bord de
la faillite en 2006, est un très bon exemple a suivre : l'entreprise a
exporter ses usines et laisser ses poles d'innovation en France. Aujourd'hui,
l'entreprise produit 40% de ses machines en France et exporte 70% de sa
production.
Les fondements de la société
française
La France s'appuie sur son marché
intérieur, l'Allemagne sur ses exportations Les deux pays fonctionnent
socialement et économiquement différemment ce qui impacte
directement leurs résultats a l'export : en ce sens, ils ne sont pas
comparables. La logique de la société frangaise n'est pas en
phase avec les fondements de la croissance de l'Allemagne : attachés a
leurs droits, a leur pouvoir d'achat, a leur protection en tant que
salariés ou chomeurs, la société frangaise n'est pas
modelée pour supporter les efforts réalisés outre Rhin. En
effet, une grande part des résultats de l'export en Allemagne sont a
mettre sur le compte de la logique forte de politique de désinflation
(l'hyperinflation de 1924 joue encore un role dans l'approche des politiques de
régulation du pays) fondée sur trois axes majeurs : les salaires
stagnent, la consommation n'augmente pas ou peu et les inégalités
sociales augmentent. En ce sens, comparer les résultats des deux pays
n'est pas toujours pertinent, voire même dangereux car trompeur sur la
réalité des choses. C'est donc aussi un choix de
société qui est l'une des causes des écarts de
résultats, et au final la France est un pays bien plus égalitaire
que l'Allemagne.
Ainsi, si l'on peut légitimement envier les
résultats du commerce extérieur allemand, ou en tout cas le fait
que la balance ne soit pas déficitaire, il faut également
remettre en perspective les fondements de la société frangaise,
basée sur des logiques de demande -ce qui a amené la situation
actuelle ou la production nationale ne couvre pas la demande - de soutien
social et d'indépendance financière forte des PME qui ne sont pas
nécessairement en accord avec une recherche de croissance de PME
indépendantes.
Les organismes de soutien ne sont pas encore
efficients
Enfin, les soutiens mis en place par l'Etat frangais
pour appuyer les entreprises dans leurs démarches a l'export
fonctionnent bien mais ont des roles parfois peu
clairement définis et perdent en
intérêt dans leur offre. Ubifrance et les Chambres de Commerce a
l'étranger ne sont pas encore partenaires sur le terrain et se
concurrencent en offrant des prestations équivalentes telles que les
places sur les salons internationaux. Ubifrance vit un changement profond de
stratégie et voit ses objectifs quantitatifs augmenter de manière
déconnectée par rapport a la réalité de leur vivier
de clients potentiels. Pour autant, les budgets débloqués par
l'Etat montrent bien que le commerce extérieur fait partie des
priorités politiques. Ubifrance est en plein changement de
stratégie et devrait gagner en efficacité dans ses missions a
terme. Bien qu'une fois encore, le premier problème est celui de la
taille des entreprises avant celui des résultats de
l'export.
Eric Zemmour, dans le journal le point «
Sarkozy nous rappelle pertinemment que ce qui est bon pour l'Allemagne est bon
pour la France, et réciproquement. Nos économies sont tellement
imbriquées, nos destins liés. Mais un économiste allemand
nous explique aussi que « la zone Euro ne pourrait pas vivre avec 17
Grèce ou 17 Allemagne ». Les excédents allemands se font
d'abord dans la zone Euro. Si nous suivons tous l'exemple allemand --stagnation
des salaires, baisse de la consommation, l'Europe s'enfoncerait dans la
récession. » Et pour appuyer cet avis, le modèle
allemand est également très critiquable dans le sens oi., les
effets de ses gains seront probablement négatifs a terme pour les pays
qui ne participent pas a sa division du travail mais qui sont consommateurs,
comme la France. Le poids de la dette augmentant dans le même temps que
les concurrents du pays souffrent, les gains de l'export affaissent la
capacité a consommer du pays et plus largement sa croissance. Or si ses
exportations se dégradent, ce n'est pour le moment pas avec son
marché intérieur que l'Allemagne pourra combler les pertes.
L'Allemagne aussi subit les revers de sa stratégie, ils sont l'exact
opposé des notres.
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