3.1.2. Les différentes zones d'escales
Il existe trois zones d'escales dans le quartier Agbonou : le
carrefour d'Agbonou, le carrefour d'Akparé et les environs de
l'hôtel « le Sahélien » (voir photo n°3).
Photo n°3 : Stationnement des remorques
sur la RN°1 à Agbonou
Cliché : K. G. FAGBEDJI, 2009.
Le carrefour d'Agbonou et les environs de l'hôtel «
le Sahélien » s'animent intensément tous les jours de 8h
à 21h à cause de ces escales. Les commerçants enregistrent
un maximum d'activités durant les mois de grandes vacances (juillet -
septembre) à cause des multiples voyages effectués surtout par
les élèves, les professeurs et autres usagers de la route; durant
les temps de fêtes aussi on enregistre un maximum d'activité de
transports impliquant une multiplication des escales.
Le carrefour d'Akparé, situé sur la route
N°8 est plus fréquenté par les taxis qui vont vers
Akparé, Adougbélan, Glitto, Nangbéto, etc. Il est plus
animé les jours du marché d'Akparé (les mercredis). Ce
dernier a pris le nom de « carrefour d'Akparé »
parce que c'est un carrefour où l'on prend le
véhicule pour aller à Akparé. Il est aussi animé
que les autres lieux précités mais le carrefour d'Agbonou est le
point le plus chaud.
3.1.3. Les activités créées par les
escales
Les escales effectuées journellement sont
créatrices d'emplois. Elles offrent pas mal d'opportunités de
commerces et font vivre plusieurs familles à Agbonou.
Nous allons dans ce volet analyser les opportunités
d'affaires qu'offrent ces petits temps de stationnement.
3.1.3.1. Les activités en rapport avec la
restauration
Nous regroupons dans cette catégorie : les
bar-restaurants, les cafétérias et les hôtels.
3.1.3.1.1. La restauration de rue
Les bar-restaurants installés le long de la RN°1
sont évalués à 10. On y vend les repas tels que la
pâte, le riz, le foufou, etc. Souvent dans ces bar-restaurants, il y a
une buvette pour les clients désireux d'étancher leur soif par
des boissons. Ces bars emploient trois à six jeunes filles ou femmes
pour les services. Leurs clients sont les voyageurs d'autobus qui
s'arrêtent durant un moment (10 à 20 minutes) pour manger et
continuer après le voyage (voir photo n°4).
Photo n°4: Un bar-restaurant au
carrefour Cliché : K. G. FAGBEDJI, 2009.
3.1.3.1.2. Les
cafétérias
Les cafétérias au nombre de onze dans le
quartier sont toutes installées le long de la route N°1. Elles sont
construites presqu'en bois, sous forme de kiosque presque identiques et souvent
adossées aux mûrs.
Avec un comptoir entouré de tabourets, elles sont en
générale fréquentées par les conducteurs de
remorques. Ils viennent souvent les soirs pour prendre du café,
thé, spaghetti... pour pouvoir passer la nuit sous leurs
véhicules ou pour continuer le voyage la nuit.
Les cafétérias s'ouvrent souvent les soirs vers
19 heures pour fermer vers 7h30. Elles sont souvent gardées par les
jeunes hommes qui généralement ont appris un métier mais
ne l'exercent pas car les activités commerciales sont plus rentables que
les activités artisanales et sont donc de plus en plus
préférés par la jeunesse avide de gains.
3.1.3.1.3. L'hôtellerie
Présents sur la RN°1, l'hôtel << le
Sahélien » et l'hôtel << Amitié » assurent
les prestations d'hébergement dans de bonnes conditions.
Les clients, la plupart du temps les chefs de services
administratifs, peuvent choisir leurs chambres en fonction de leurs
capacités financières ou en fonction de leurs
préférences.
Ces hôtels sont souvent fréquentés les
week-ends, lors d'une manifestation dans la ville d'Atakpamé, au Nord ou
au Sud du pays.
L'hôtel le Sahélien (photo n°5) est le plus
sollicité. Il dispose de 9 chambres climatisées comportant un lit
de deux places chacune. En fonction du confort, on distingue trois
catégories de chambres à des prix différents. Nous avons
:
- Les chambres ordinaires 8.800 F CFA
- Les chambres de luxe 10.800 F CFA
- Les chambres royales 14.300 F CFA
Ces hôtels, quoiqu'ils contribuent à
l'économie du milieu en offrant des emplois aux jeunes, occasionnent des
rendez-vous et entrainent la prostitution des jeunes filles du milieu.
Photo n°5 : Hôtel le
Sahélien
Cliché : K. G. FAGBEDJI, 2009.
3.1.3.2. Les activités en rapport avec le
commerce 3.1.3.2.1. Le commerce « ambulant
» du carrefour
Dès l'arrivée d'un véhicule, surtout les
minibus (9-15 places), les commerçants courent vers le véhicule
(voir photo n°6), crient pour attirer l'attention des voyageurs, exhibent
leurs produits, donnent les prix et finissent par attirer les voyageurs qui
achètent.
Photo n°6 : Attroupement des vendeuses
devant un bus Cliché : K. G. FAGBEDJI, 2009.
Dans l'intervalle de 11h -13h, on enregistre un maximum
d'escales. Il fait très souvent une chaleur étouffante dans les
véhicules de transport en commun. Cela fait l'affaire des petits
commerçants de boissons rafraîchissantes. Aussitôt
stationnés, les passagers sont assaillis par ces petits porteurs
désireux de leur proposer leurs services. Tantôt, on entend crier
<< de l'eau glacée », << y a bon
jus glacé », ou alors, << bissap
glacé », etc. En somme tout reste souvent
glacé, mais peu importe l'appellation, pourvu que ça
désaltère les passagers assoiffés et fatigués. Les
vendeuses de << kanami » (poissons frits)
et du pain en font autant. On entend souvent <<
Fovi kanamia dé ? » (Frère ne veux- tu pas
payer de poissons ?), ou <<ma so kponoa va ?
» (Frère que j'amène les pains ?), et
autres.
L'ambiance diminue dès le départ des voitures et
reprend juste après leurs arrivées et ainsi de suite
jusqu'à la fin de la journée. Cette ambiance continuelle
observée au carrefour est la particularité même d'Agbonou.
Sur toute l'étendue du territoire togolais, il n'y a pas son pareil.
Ainsi donc, nous avons décidé d'explorer l'univers
des acteurs de cette dynamique qui sont sans nul doute dominés par les
femmes.
3.1.3.2.1.1. Les types de produits vendus
Il y a tout une gamme de produits vendus au carrefour. Le
tableau suivant montre la répartition des commerçants
enquêtés suivant le type de produits vendus le long la RN°1
à Agbonou.
Tableau N°13 : Répartition des
commerçants suivant les types de produits vendus
Types de produits
|
Effectifs
|
Pourcentage (%)
|
Cumul
|
Poissons grillés
|
18
|
28,6
|
28,6
|
Fruits
|
12
|
19
|
47,6
|
Pains
|
14
|
22,2
|
69,8
|
Eau glacée/Jus
|
4
|
6,3
|
76,1
|
Repas/boissons
|
8
|
12,8
|
88,9
|
Beignets
|
1
|
1,6
|
90,5
|
Brochettes
|
1
|
1,6
|
92,1
|
OEufs
|
1
|
1,6
|
93,7
|
Gari/Tapioca
|
4
|
6,3
|
100
|
TOTAL
|
63
|
100
|
100
|
Source : nos enquêtes
On remarque que les poissons grillés (28,6%), le pain
(22,2%) et les fruits (19%) sont de loin les produits les plus
représentés, donc les plus vendus. Ils sont
bénéfiques et ne nécessitent pas un capital important. Ils
sont aussi les produits préférés des voyageurs.
Ces commerçants se sont regroupés en
associations. C'est ainsi qu'on a l'association des femmes revendeuses de
poissons grillés, de fruits et de pains.
Les autres types de produits moins représentés
comme le repas (12,8%), l'eau glacée (6,3%), le gari (6,3%)... n'ont pas
encore leurs associations excepté les revendeuses de gari.
Les fruits (voir photo n°7) proviennent de Badou ou de
Kougnonhou à l'ouest d'Atakpamé. Les poissons en l'occurrence les
lates niloticus (capitaines), les clarias (silures), les tilapias niloticus
(carpes) et les sardinella (sp) proviennent du lac artificiel du barrage de
Nangbéto. Ils sont connus d'ailleurs sous le nom de «
Nangbéto kananmi »(les poissons frits du barrage de
Nangbéto).
Photo n°7 : Vendeuses de fruits
Cliché : K. G. FAGBEDJI, 2009.
3.1.3.2.1.2. La répartition
socio-démographique des commerçants
· · Le commerce ambulant à
Agbonou, un secteur détenu par les femmes
Nous avons constaté durant nos enquêtes que sur
63 commerçants enquêtés il n'y a qu'un seul homme. Soit
1.58% du total. Ce commerçant vend des brochettes et il est d'ailleurs
nigérien. C'est dire qu'au Togo, le petit commerce est une
activité réservée aux femmes.
· · Une diversité
ethnique
La diversité ethnique qui caractérise ce quartier
est de mise encore chez les commerçants.
TABLEAU N°14: Répartition des
commerçants suivant l'ethnie
ETHNIES
|
EFECTIFS
|
POURCENTAGE (%)
|
CUMUL
|
Ana-Ifê
|
31
|
49,2
|
49,2
|
Adja-Ewé
|
5
|
8
|
57,2
|
Akposso-Akébou
|
4
|
6,3
|
63,5
|
Kabyè-Tem
|
7
|
11,1
|
74,6
|
Fon-Mahi
|
1
|
1,6
|
76,2
|
Autres
|
15
|
23,8
|
100
|
TOTAL
|
63
|
100
|
100
|
Source : nos enquêtes
On remarque que le groupe Ana-Ifê est majoritaire. Il
représente 49,2% de l'effectif total. Il est suivi des Kabyè-Tem
11,1%. Cette situation s'explique par le fait qu'Atakpamé est un milieu
îfê. Les commerçants Ifê migrent plus aisément
vers Atakpamé qui est plus proche de leurs milieux d'origine. Quant aux
Kabyè, ils sont aussi nombreux dans les villages environnants (surtout
à
l'est d'Atakpamé), ce qui justifie leur pourcentage
élevé lié à leur migration des fermes vers la
ville.
Le groupe Adja-Ewé est loin d'être
négligeable. Il représente 8%. Selon les informations
reçues lors de notre enquête, il s'agit pour la plupart, des
commerçants qui ont quitté TEXACO (marché de fruits au
centre-ville) pour venir prospérer leurs activités au
carrefour.
On rencontre également d'autres ethnies en proportion
plus réduites. Ce sont par exemple : les Akposso - Akebou, les Fon Mahi
et une multitude d'ethnies minoritaires que nous avons regroupées
ensemble. Ce sont entre autres les Bassar, les Tchamba, les Adangbé...
qui représentent 23,8% de l'effectif total.
+ Une population peu
alphabétisée
Le problème crucial qui freine le développement
harmonieux du secteur informel en l'occurrence le commerce au Togo est le
niveau assez bas des commerçants togolais. Le quartier Agbonou ne fait
pas exception.
Tableau N°15 Répartition des
commerçants selon le niveau d'instruction
NIVEAU D'INSTRUC TION
|
EFFECTIFS
|
POURCENTAGE(%)
|
CUMUL
|
Analphabète
|
49
|
77,8
|
77,8
|
Primaire
|
10
|
15,9
|
93,7
|
Secondaire
|
4
|
6,3
|
100
|
Supérieur
|
0
|
0
|
100
|
TOTAL
|
63
|
100
|
100
|
Source: nos enquêtes
On constate que 77,8% des commerçants n'ont jamais mis
pied à l'école. 15,9% ont le niveau primaire et seulement 6,3%
ont fait le collège. Personne d'entre eux n'a fait le niveau
supérieur. Il apparaît donc clairement que ce sont des
analphabètes ainsi que des individus dont le niveau d'instruction ne
permettent pas facilement l'accès à un emploi de
bureau qui s'adonne à cette activité.
Au regard de ces résultats, nous pouvons dire que le
secteur commercial constitue pour les nouveaux venus en ville sans instruction
un « secteur refuge ».
Il suffit seulement de savoir traverser, sinon d'avoir le
courage pour traverser la route pour être commerçant au carrefour
d'Agbonou. La majorité des commerçantes sont venues à
Atakpamé en tant que domestique et à force d'aider leurs
matrones, elles finissent par monter leurs propres affaires.
3.1.3.2.2. La vente des pièces
détachées
La vente des pièces détachées est une
forme de commerce qui est très répandue à Agbonou sur la
Nationale N°1. Sur environ un kilomètre, on enregistre 23 vendeurs
de pièces détachées. Ils sont logés dans des
petites boutiques dans lesquelles on trouve des batteries, rétroviseurs,
radiateurs, projecteurs de faisceaux, crics, pneus, jantes, freins et beaucoup
d'autres pièces encore.
Les pompistes, aussi nombreux, sont au nombre de 15. Ils
offrent en général leur service aux conducteurs de taxis et de
taxis-moto. Les minis bus, les autocars et les remorques s'approvisionnent aux
deux stations d'essence du quartier (SHELL et TOTAL).
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