2.2.3. Le village d'Agbonou au temps colonial
Quand bien même Agbonou fut une importante porte
d'entrée à la grande agglomération d'Atakpamé avant
l'ère coloniale allemande, il ne joua pas un rôle important dans
l'organisation de la conquête de l'hinterland. Les Allemands ont
privilégié l'axe de la Volta (Gayibor, 1997). Mais à
partir de 1908, il devient une gare importante quand la décision fut
prise d'y faire aboutir le premier tronçon du chemin de fer du centre.
Dès lors cette infrastructure structurante qui mobilisa pour sa
contribution au moins 10000 ouvriers (Gayibor, op. cit.) va renouveler
l'intérêt d'Agbonou pour la population du Togoland entier.
Ce chemin de fer a permis d'abord le désenclavement
d'Agbonou. En effet après la construction de la ligne du centre qui
était destinée à désenclaver le Nord du pays et
à drainer les produits agricoles ainsi que les matières
premières dont avait besoin le colon, Agbonou était devenu un
carrefour important. Tout le monde reconnaissait alors la présence de ce
village situé à 3 km d'Atakpamé car c'était
l'emplacement de la gare ferroviaire. Aussi, les Allemands y ont-ils construit
leur résidence et leur station radiophonique à environ 3 km
à l'est du village. Ensuite, cette gare a entraîné une
dynamique commerciale du village. Agbonou est devenu un grand centre
commercial. Le marché d'Agbonou s'est élargi à d'autres
peuples désireux de proposer leurs services aux voyageurs. Il
était devenu aussi un lieu de commerce ambulant comme
on pouvait le constater dans toutes les gares (Agou-gare, Avétonou,
Assahoun, etc). Dès l'arriver d'un train, les commerçants
s'approchent des wagons pour vendre leurs produits aux passagers. Ces produits
sont constitués des fruits, des repas, des boissons et autres. C'est
d'ailleurs de là qu'a commencé le commerce ambulant du carrefour
que nous aborderons dans le chapitre suivant. Même après le
départ des Allemands en 1918 qui fît place aux colons
français, le rôle économique du village s'est plutôt
renforcé, surtout avec le prolongement de la voie ferrée
jusqu'à Blitta. Plus que jamais la population d'Atakpamé et de
ses environs migrait vers ce faubourg pour vendre ou pour établir un
domicile. D'où sa croissance démographique et spatiale. Il est
devenu un carrefour d'échange entre les peuples des plateaux Ouest, du
Sud, du Nord et de la plaine du Mono à l'est. La population d'Agbonou
est passée de 405 hbts (1898) à 1291 hbts (1940) puis à
4154 hbts en 1959 donnant ainsi une croissance de 10,8% (Dupont, 1986). Enfin
sur le plan social, Agbonou a entrainé le brassage des peuples en tant
que gare, donc lieu d'échange culturel. Au total, le chemin de fer a
permis durant la période coloniale le développement d'Agbonou.
Depuis lors, ce village n'a cessé d'être attractif et abrite de ce
fait une population très hétérogène à
l'image de celle d'Atakpamé.
|