2.2. L'APERCU HISTORIQUE DU QUARTIER
Le débat sur l'origine de la ville d'Atakpamé
passionne beaucoup de personnes. Son origine est très
controversée et est imputée à trois peuples (Hudu, Tchetti
et Djama) présumés autochtones qui revendiquent chacun la
primauté d'installation à Atakpamé (Adotévi S.,
1996). Seulement depuis lors, personne ne s'est intéressée
à l'histoire d'Agbonou pour savoir qui des trois présumés
autochtones a occupé premièrement la porte d'entrée de la
cité refuge.
2.2.1. Agbonou, une création des Ifê de
Modjigbéri
Les Ifê de Modjigbéri (un sous-quartier du
quartier Tchetti), un des rameaux du groupe Ifê de Tchetti furent les
premiers occupants du site d'Agbonou. Leur installation à Agbonou
remonte probablement au XVIIIe siècle et marque le temps des
grands assauts subis par les Ifê de la part des Dahoméens.
« Agbonou » signifie
littéralement « le portail ». Le nom
incarne à lui seul toute l'histoire du village. En effet selon la
tradition orale, il y avait un fétiche à l'entrée est de
la cité d'Atakpamé du nom de << éri ogou
dougbé » signifiant << qui voit le
danger et crie». Comme son nom l'indique, il était
chargé d'alerter
les guerriers résidant dans la forêt d'une
éventuelle arrivée d'ennemis. Selon les anciens, ce
fétiche était gardé par un certain ATSA qui habitait les
lieux avec sa famille et les adeptes du fétiche. Tout porte à
croire donc qu'ATSA fut le fondateur du village. C'est d'ailleurs son petit
fils ATSA AFFO qui céda le terrain de la gare ferroviaire aux colons
allemands pour leurs installations. Par la suite, voulant être
protégé par le fétiche et cherchant une certaine
sécurité, les familles Ahanou, Sossavi, Doku, ont fini par
rejoindre les premiers occupants du village en occupant respectivement les
localités connues aujourd'hui sous le nom d'Agbonou-CEET,
Agbonou-Kpotamé et Agbonou-Campement. On peut ajouter à ce
facteur spirituel, un autre facteur pas des moindres ; il s'agit du site de la
cité refuge. En effet le caractère montagneux de la ville
engendre une érosion intensive le long des versants laissant affleurer
des sols bruts qui sont impropres à l'agriculture. Or, le quartier
Modjigbéri est situé à une haute altitude (400m), donc
difficile d'accès et impropre à l'agriculture, ce qui obligea
probablement très tôt les Ifê de cette localité
à descendre « au portail » dans la plaine. Sur le plan social
et organisationnel enfin, toutes ces premières familles vivaient en
harmonie et avaient chacune un doyen de famille. Ces doyens élisent un
chef responsable unique choisi par rapport à ses compétences
morales et spirituelles. Tous étaient de braves cultivateurs. Ils
cultivaient surtout l'igname. Ce sont aussi des chasseurs réputés
dans la grande forêt giboyeuse du milieu qui prédisposait à
cette activité.
D'une façon générale, Agbonou a
été occupé premièrement par les Tchetti pour des
raisons socio-économiques et naturelles liées au relief
montagneux d'Atakpamé. Mais alors, comment le peuplement du milieu
s'est-il effectué par les autres groupes Ifê ?
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