I-CONTEXTE
La dette est définit comme une obligation
contractée à l'égard d'un tiers de payer une somme
d'argent. On distingue les dettes à court terme (dont
l'échéance se situe dans un delai inférieure à un
an) et les dettes de long terme qui regroupent l'ensemble des emprunts de plus
d'un an. Dans les pays en voie de développement (PVD) comme ailleurs, la
mobilisation des ressources financières est une condition
nécessaire de tout processus de développement. C'est dans ce
cadre que, dès le lendemain de leur indépendance, les pays
africains dans la perspective de parvenir à leur développement
économique et social se sont rendu compte que les infrastructures
d'équipements et de productions déjà en place
étaient insuffisantes pour amorcer un quelconque décollage
économique. L'écart entre le besoin d'investissement
nécessaire et les ressources disponibles était énorme.
C'est pourquoi, la plupart ont dû se baser sur un fort endettement qu'ils
doivent désormais gérer, l'augmentation des besoins ayant
très vite dépassée les capacités de financements.
Le phénomène de l'endettement est une conséquence
naturelle des activités économiques. Il vient du fait que
certains pays ou institutions ont des excédants financiers et d'autres
des besoins de financements. L'endettement permet donc à un pays
d'investir des capitaux au-delà de ses propres disponibilités
financières en empruntant des excédants de capitaux (Klein,
1994). La dette ainsi créée est supposée
générer la croissance et le développement. Mais pour
générer des ressources et pouvoir rembourser l'emprunt, ce
dernier doit être utilisé de manière efficace et dans des
secteurs productifs.
Encouragés par un contexte favorable (croissance
rapide et taux d'intérêt peu élevés), les pays en
voie de développement ont été amenés à avoir
recours à de nombreux emprunts auprès des institutions
financières. La dette leur permettait de réaliser des taux de
croissance élevés. Mais vers la fin des années 1970,
l'environnement international a changé et n'était plus favorable
en raison notamment de la chute des prix des matières premières
(entraînant ainsi la baisse des recettes d'exportations), de la hausse
des taux d'intérêt, de la fluctuation des taux de change et de la
détérioration des termes de l'échange (Baîlo Diallo,
2007). Cependant, les pays en voie de développement ont continué
à s'endetter sans pour autant changer leur politique intérieure
en matière d'emprunt. Les capitaux empruntés servaient de moins
en moins à financer les investissements, mais couvraient surtout les
déficits de la balance courante et les déficits
budgétaires. L'évolution de la dette de l'ensemble des PVD dans
le temps montre donc que l'endettement a été causé
davantage par des raisons qui émanent de facteurs purement financiers
que par un vrai besoin de financement des transferts de l'investissement
productif. La résultante est un ensemble d'augmentations successives du
montant de la dette. La dette extérieure a donc pris de l'ampleur et le
cercle vicieux de l'endettement s'est installé. C'est ainsi que la dette
extérieure des Pays en voie de développement a été
multipliée par 5 passant de 500 à 2 500 milliards de dollars
entre 1980 et 2000. Quant à la dette africaine, elle a été
multipliée par 3.4 passant de 60 à 206 milliards au cours de la
même période (selon la banque mondiale)1(*).
C'est dans cette mouvance générale que le
Cameroun s'est retrouvé fortement endetté et contraint de se
soumettre aux programmes des Institutions de Bretton Woods (IBW). En effet, ces
dernières, suite à la crise de la dette des pays en
développement (PED), vont intervenir dans ces pays via diverses sortes
de programmes dont l'un des plus récents est l'initiative Pays pauvres
très endettés (IPPTE) qui propose aux pays du sud un processus
d'allègement de leur dette.
Lancée en 1996 au Sommet du G7, à Lyon, sous
l'égide de la Banque Mondiale (BM) et du
Fonds Monétaire International (FMI), l'IPPTE vise
à ramener la dette extérieure des pays pauvres très
endettés à un niveau dit soutenable2(*).
II-PROBLEMATIQUE
A la fin de la deuxième décennie de
l'endettement des pays en voie de développements nouvellement
indépendant (1970-1980), la dette atteignaient 650 milliards de dollars,
mais de bons taux de croissance dans plusieurs pays maintiennent l'illusion que
la voie adoptée est la bonne c'est-à-dire celle d'emprunter
davantage même si le contexte ne le permettait pas. De plus, la dette,
inflation aidant, ne représente encore que 20 % du PNB. Dans le
même temps pourtant, la croissance de la production agricole
vivrière par habitant devient négative dans la plupart des pays
les plus pauvres ; et le partage des richesses au sein des populations devient
de plus en plus inégal. Pour les plus endettés (par rapport
à leur production), la dette représente alors 160 % des
exportations annuelles.
La deuxième décennie est marquée par une
rupture importante avec le choc pétrolier de 1973. Paradoxalement, alors
que les pays industrialisés connaissent une récession à
partir de 1974, seuls les pays du Tiers Monde semblent susceptibles de faire un
bon usage des "pétrodollars", placés dans le système
financier international. Aussi, malgré le choc pétrolier,
l'endettement du Tiers Monde continue-t-il à croître. De plus, ces
pays semblent d'autant plus solvables que le monde entier est sous le choc des
prévisions données par le Club de Rome en 1972 concernant les
pénuries prévisibles pour la plupart des matières
premières minérales.
Or, le Tiers Monde est avant tout fournisseur de
matières premières.
Vient alors la troisième décennie du
développement, devant couvrir la période 1980-90. Les rapports
entre les pays riches et les plus pauvres se sont tendus. Ces derniers,
réunis pour partie dans « le groupe de 77 », plaident pour une
plus grande ouverture des marchés mondiaux à leurs produits.
Selon eux, le Sud devrait fournir 25 % de la production industrielle mondiale
contre 10 % à la fin des années 1970. Une convention est
signée début 1981. On y retrouve des volontés
déjà maintes fois exprimées : il faut davantage de
liquidités, davantage de croissance et davantage de commerce.
C'est dans ce sillage que le Cameroun a vue sa dette
croître depuis le début des années 1970, période de
grands projets d'investissement au lendemain des indépendances. En
effet, son encours total est passé de 260,3 millions de dollars EU en
1971 à 1 485 millions en 1980 et 2 674 millions de dollars en 1981,
représentant ainsi environ 10 fois le volume des dettes de
l'année 1971. L'encours total de la dette extérieure a
continué de croître passant de 2 262 millions de dollars en 1985
à 4 592 millions en 1990 et 6 473 millions en 1992, soit un taux de
progression d'environ 46 %. En 1999, la dette du Cameroun atteignait 7 091
millions de dollars EU3(*).
Parallèlement, le service de la dette a connu une
évolution fulgurante au cours des années 1990. Il est
passé de 223,3 millions de dollars en 1992 à 421,8 millions de
dollars en 1997, soit une augmentation d'environ 47,06 %. Cet accroissement
s'explique notamment par le passage du pays sous ajustement structurel.
En septembre 2000, le montant de la dette extérieure du
Cameroun s'élevait à 7 802 millions de dollars EU en valeur
nominale (soit 6 601 millions en valeur actualisée nette, VAN), dont
68,8% étaient dus aux créanciers du Club de Paris, 21,1% à
des créanciers multilatéraux, 8,9% à des créanciers
commerciaux privés et 1,3% à des créanciers
bilatéraux non-membres du Club de Paris
Au regard de ce fort taux d'endettement du Cameroun il
convient de s'interroger sur l'impact de la dette extérieure sur la
croissance économique et ses effets sur la réduction de la
pauvreté au lendemain de l'atteinte du point d'achèvement(2006)
de l'initiative pays pauvres très endettée(IPPTE) .
Autrement dit, quel serait l'impact de la dette extérieure sur
la réduction de la pauvreté à travers la croissance
économique au lendemain de l'atteinte de l'IPPTE ?
-Existe-t-il un seuil en dessous duquel la dette
extérieure freinerait elle la croissance économique après
le point d'achèvement de l'IPPTE par le Cameroun ?
-Les effets de la dette sur la croissance économique
suite aux programmes d'ajustement structurels(PAS) faciliterait elle ou
compromettrait elle la réduction de la pauvreté au
Cameroun ?
III-OBJECTIFS DE LA RECHERCHE
Dans notre recherche, il sera question d'analyser l'impact de
la dette extérieure sur la croissance économique et sur la
réduction de la pauvreté au lendemain de l'atteinte du point
d'achèvement de l'IPPTE par le Cameroun. C'est-à-dire
d'évaluer si les fonds dégagés après l'atteinte de
ce point permettraient-elles de réduire significativement la
pauvreté et de stimuler la croissance économique au Cameroun.
VI-INTERETS DE LA RECHERCHE
Les études antérieures portant sur la dette du
Cameroun n'ont présentées que des aspects liés à la
relation entre la dette et la croissance ou sur la croissance et la
réduction de la pauvreté. Rares ont portées sur le
lendemain de l'IPPTE dont nous, nous tenons en compte dans le cadre de ce
travail. Les difficultés auxquels nous faisons face sont liées
premièrement aux manques de données disponibles et
actualisées portant sur la dette et la croissance et la réduction
de la pauvreté au lendemain de l'IPPTE du Cameroun et de l'absence
d'instrument d'analyse. Deuxièmement la difficulté à
laquelle nous faisons face est la partialité de notre travail dans ce
cadre (mémoire mineur). Malgré ces limites nos résultats
présentent un double avantage tant sur le plan théorique que
pratique :
-Sur le plan théorique : Ils permettent de
compléter et d'améliorer la littérature existante et
d'analyser puis d'évaluer l'impact de la dette extérieure sur la
réduction de la pauvreté à travers la croissance
économique et d'aider nos dirigeants à bien ajuster la dette
extérieure et de bien utiliser la croissance économique comme
instrument efficace de lutte contre la pauvreté au lendemain de l'IPPTE
par le Cameroun.
-Sur le plan pratique :Notre étude permet
également de constituer des nouvelles pistes à explorer
grâce aux résultats obtenus , de mettre l'accent sur un axe
porteur, susceptible d'avoir un effet d'entraînement de la
réduction de la dette extérieure sur l'accroissement des deux
autres variables à savoir la croissance économique et la
réduction de la pauvrété au Cameroun après
l'IPPTE.
V-BASES D'HYPOTHESES ET HYPOTHESES
Patillo et al. (2002),
étudient le fait qu'aurait le doublement de la dette sur la
croissance et ont trouvé une réduction du PIB per capita pour
plus de la moitié des points de pourcentage. En prenant comme base
l'endettement extérieur moyen des PPTE en 2000 (300% des exportations et
80% du PIB), ils étudient l'effet qu'aurait une réduction de la
dette de moitié des PPTE et trouvent une augmentation du taux de
croissance du PIB par tête d'un point de pourcentage. Néanmoins
une limite apparaît dans cette analyse, celle-ci est due au fait que son
raisonnement est appliqué aux PPTE mais basé sur un
échantillon incluant de non-PPTE. Mais Ils confirment la thèse du
surendettement selon laquelle au delà de 160-170% du ratio de la dette
sur les exportations et 35-40% de la dette sur le PIB en valeur nominale, la
dette rend négative la croissance.
Selon Rina B., Benedict C. (2004) Le lourd service de la dette
absorbe des fonds qui pourraient être affectés aux dépenses
essentielles anti pauvreté et détourne des ressources de
l'investissement public.
Idlemounden et Raffinot (2005), pensent que la dette
extérieure constitue un fardeau pour les économies surtout celles
en developpement. Ils montrent que le paiement du service de la dette tend
à évincer les dépenses publiques menant une baisse de
l'investissement global et son poids futur décrit par l'encours de la
dette. Celle-ci influerait sur les incitations des agents économiques
à travers l'accroissement de la pression fiscale. Ensuite, cet effet ne
va se manifester qu'à partir d'un certain niveau justifiant ainsi
l'annulation partielle lorsque le seuil est dépassé.
De ce qui précède nous pouvons formuler
l'hypothèse suivante :
H1- la dette extérieure lourde influence
négativement la croissance dans les PPTE et compromet la
réduction de la pauvreté.
L'évolution de l'économie mondiale au cours des
dernières décennies nous amène à un constat
paradoxal : en dépit d'une accumulation de richesse sans
précédent, certaines régions demeurent ancrées dans
des états de privations en tous genres. Ce paradoxe a conduit les
économistes à accorder à la question des
inégalités une place centrale dans l'étude de la relation
entre croissance économique et pauvreté.
Ainsi, En utilisant les donnés de Deininger et Squire
(1996), Dollar et Kraay (2000), à partir d'un panel de 80 pays et des
données couvrant 4 décennies qui correspondent à 236
épisodes analysent la relation entre l'évolution du revenu du
quintile le plus pauvre de la population et l'évolution du PIB par
tête. Ces auteurs dégagent une élasticité4(*) du revenu moyen des 20% des
individus les plus pauvres de la population par rapport au revenu moyen
égale à une unité. Cette élasticité donne
une idée de la contribution de la croissance à la
pauvreté. Les résultats montrent bien que la croissance pourrait
bien réduire la pauvreté absolue.
De même, Deininger et Squire (1996) avaient
examiné l'effet de la croissance économique sur la
pauvreté en utilisant le revenu des deux premiers quintiles pauvres de
la population, ils avaient remarqué que la croissance économique
était fortement corrélée avec les variations du revenu des
deux premiers quintiles pauvres de la population de sorte que
l'évolution du revenu respectif au premier quintile suivait
l'évolution de la croissance dans 85% des 95 cas.
De ce qui précède nous pouvons formuler
l'hypothèse suivante :
H2-Une forte croissance économique favorise la
réduction de la pauvreté.
VI- DEMARCHE METHODOLOGIQUE
Afin que les résultats de la présente recherche
soit pertinents et crédibles, nous opterons pour une démarche
scientifique en l'occurrence, celle de type
hypothético-déductive. Démarche qui consiste à
construire à partir de la littérature existante, des
réponses théoriques sur le phénomène
étudié et de les confronter à la réalité
après une recherche empirique. Les données de nature secondaires
que nous utilisons proviennent des sources aussi fiables que celles du fonds
monétaire international, de la banque mondiale, de l'institut national
de statistique du Cameroun (INS), des différentes publications de la
BEAC. La raison qui milite en faveur de ce choix est tout simplement le fait
que la dette extérieure, influence parfois négativement la
croissance économique et la réduction de la pauvreté.
Cette étude empirique ne peut être faite qu'ultérieurement
d'autant plus que le mémoire mineur est uniquement constitué de
la partie théorique.
VII-PLAN DE REDACTION
Pour la présentation de ce travail, nous allons adopter
un plan en deux parties : La première va porter sur l'analyse
conceptuelle de la dette et de la croissance économique, dans laquelle
on va trouver le chapitre premier : la notion de la dette
extérieure. Le chapitre deuxième quand à lui portera sur
la croissance économique et en fin une deuxième partie
intitulée : L'analyse conceptuelle de la pauvreté et dans
laquelle on y trouve le troisième chapitre : les indicateurs de
mesures de la pauvreté. Et un dernier chapitre : l'impact de la
dette extérieure sur la croissance économique et la
réduction de la pauvreté.
La plupart des travaux réalisés sur
l'éventuel lien entre la dette extérieure et la croissance
économique dans les pays en voie de développements est unanime
qu'une dette extérieure lourde ralentit la croissance économique
et est à l'origine des nombreux maux dont souffrent nos pays parmi
lesquels la pauvreté. Ceci contribue à ralentir le
développement des pays concernés.
Au lendemain des indépendances, les gouvernements des
pays anciennement colonisés se sont massivement tournés vers le
marché des capitaux pour emprunter des ressources additionnelles
nécessaires au financement des grands travaux d'investissement en cours.
Ceux ci partaient notamment de l'assurance que les prix du pétrole et
des autres produits de base allaient se maintenir à un niveau soutenable
sur une longue période. Le marché des capitaux était alors
submergé par les eurodollars que les banques occidentales
prêtaient massivement.
Mais au début des années 1980, vont se produire
une série de chocs extérieurs défavorables
(Hausse des taux d'intérêt, baisse de prix et de
la demande des exportations des produits de base, hausse des prix à
l'importation, resserrement du crédit extérieur et chute du cours
du dollar américain) qui vont durement affecter les pays en
développement (PED) et contribuer à l'émergence de leur
crise d'endettement.
Il sera question dans cette première partie de mieux
appréhender les contours de la notion de la dette extérieure et
ses origines puis celle de la croissance économique. Ce n'est qu'en
deuxième partie que mettrons le point sur l'analyse conceptuelle de
pauvreté et de l'éventuel lien entre la dette extérieure
et la croissance économique et de la réduction de la
pauvreté.
Tout au long de ce chapitre il sera question définir
d'abord la dette extérieure et de présenter l'origine de celle-ci
dans les pays du tiers en monde en général et celui du Cameroun
en particulier et puis l'on analysera quelques concepts assimilés
à cette dernière :
Section I : Dette extérieure
Dans cette première section il sera question
tout d'abord de présenter l'Origine de la dette extérieure
ou Genèses de la dette extérieure du tiers monde puis de donner
la Définition de la dette extérieure.
I-Origine de la dette extérieure ou
Genèses de la dette extérieure du tiers monde.
Pour Damien Millet (1999), la dette du tiers monde est
considérée comme une catastrophe pour l'humanité,
maintenant les contrées entières dans l'extrême
pauvreté possédant portant d'énormes richesses naturelles
et humaines importantes.
L'on tentera de donner les effets ayant entrainés
l'endettement des pays pauvres en général et ceux du Cameroun en
particulier, Ces effets seront présentés en différents
points. Il convient de noter que certains pays naissent endettés, Par
exemple les dettes hérités du Congo belge avant les
indépendances, Ou de Haïti obligé de payer une caution
à la France pour obtenir son indépendance.
-Le contexte des années 1960-1970 :
Après la seconde guerre mondiale, les Etats -Unis ont
instauré le plan Marshall pour la reconstruction de l'Europe
ruinée par la guerre. Ils ont massivement investit dans
l'économie Européenne pour l'aider à se remettre et
subitement ces pays (Européens) sont devenus des partenaires commerciaux
privilégiés.
De plus en plus des dollars (monnaie de
références) circulent à travers le monde, et les
autorités Américaines tentent de freiner les demandes de
conversion de dollars en or, pour ne pas assécher leurs coffres-forts
car elles détenaient à elles seules 3/4 du stock d'or mondial
à l'époque. Elles encouragent alors des investissements des
entreprises Américaines à l'étranger, pour éviter
le retour de dollars en excès et une flambée de l'inflation chez
eux. Voilà pourquoi dans les années 1960 les banques occidentales
regorgent de dollars (les eurodollars) pour lesquels elles sont en recherche de
débouchés et d'investissements. Elles les prêtent alors aux
pays du sud qui cherchent à financer leur développement,
notamment les pays Africains nouvellement indépendants et les pays
d'Asie et d'Amérique latine.
A partir de 1973, le choc pétrolier apporte des revenus
confortables aux pays producteurs de pétrole qui les placent dans les
banques Occidentales : ce sont des pétrodollars. Là aussi
les banques les proposent aux pays du sud, à des taux faibles, pour les
inciter à emprunter. Tous ces prêts provenant des banques
privées constituent la dette privée des PED.
S'ajoutent à cela dans les Etats du Nord où
à partir du choc pétrolier, la crise s'est installée. Les
marchandises des produites dans le Nord ont du mal à trouver les
preneurs à cause de la récession et le début du
chômage massif. Ces pays riches décident de distribuer pouvoir
d'achat au Sud, à fin de les inciter à acheter les marchandises
du Nord, d'où les prêts d'Etat à Etat, souvent sous forme
de crédits à l'exportation, (par exemple En gros je te
prête 10 millions à bas taux, à condition que tu
achètes chez moi les marchandises de 10 millions...) C'est la partie
bilatérale de la dette extérieure des PED qui entrent en
jeu.
Le troisième acteur de cet endettement est la banque
mondiale qui dès sa naissance était taillée à la
merci des Etats Unis car ceux-ci était en pôle position, et
possédaient environ 17 des droits de vote, alors que le groupe
formé par 24 pays d'Afrique du Subsaharienne ne disposaient que de 2%. A
partir de 1968, son président Robert McNamara ancien ministre de la
défense Américaine. Par l'intermédiaire de la banque
mondiale va agir pour contrecarrer l'influence soviétique et les
différentes tentatives nationalistes et va placer son combat sur le plan
financier en accordant des prêts à certains dictateurs à
travers le monde notamment avec Mobutu du zaïre, Suharto en
Indonésie... et les dictateurs haïtiens, brésiliens,
argentins... dont les populations seront obligées de rembourser
lesdites dettes. Connu sous le nom de dettes odieuses. La banque mondiale
incite les pays pauvres à emprunter dans l'espoir de financer la
modernisation de leur exportation et de se connecter davantage au marché
mondial l'on parle de la partie multilatérale de la dette des
PED
- Le début de la crise de la dette,
Dès la fin des années 1979, pour sortir de la crise qui
les frappe, lutter contre une inflation importante et affirmer leur leadership
sur le plan international. Paul Volker directeur de la FED de l'époque
décide une forte augmentation du taux d'intérêts
Américains dans le but d'attirer des capitaux et ainsi relancer
l'économie Américaine plusieurs opérateurs
économiques sont donc forcement inciter à investir aux
Etats-Unis. Ce qui eut des conséquences fâcheuses sur la dette du
tiers-monde : C'est que les taux d'emprunts accordés aux Etats du
Sud étaient faibles, mais variable par rapport au taux
américains, De l'ordre de 4-5% dans les 1970, ils passent à
16-18% au plus fort de la crise. Par conséquent, du jour au lendemain,
le Sud doit rembourser trois fois plus d'intérêts. De surcroit les
pays du Sud sont confrontés à des changements brutaux :
baisse du cours de matières premières qu'ils exportent. La grande
majorité des prêts a été contractée en
dollars, or, au cours de ces années 1970 les pays débiteurs
doivent donc se procurer de devises pour rembourser leurs créanciers.
Ils tentent alors d`exporter encore plus (du Cacao, café, coton, sucre,
arachides, minerais, pétrole...) pour récupérer d'avantage
de devises, ce qui fait encore baisser les cours, vu l'absence de demande
supplémentaires des pays du Nord. Le sud se retrouve donc pris par
l'étau de la dette sans bien sûr pouvoir faire face à ses
échéances. C'est la crise de la dette. L'une des
solutions proposées par le FMI fut le programme d'ajustements
structurels.
-Mise en place des programmes d'ajustement
structurel, Cette crise de la dette est intervenue à la
période où elle était le moins attendu. Les institutions
censées réguler le système et prévenir des crises
n'ont rien vu venir. Dès qu'un pays était contraint de stopper
ses remboursements, Le FMI apparaissait alors comme la seule issue de sortit
pour ce pays qui doit emprunter. Il accepte de prêter l'argent
nécessaire aux taux d'intérêt élevés,
à des conditions qu'il impose et par une politique économique de
l'Etat endetté décidée par ses experts.
-L'utilisation des sommes empruntées par les
PVD, Les emprunts massifs contractées par les dirigeants des
pays du Sud n'ont pourtant que très peu aux populations
concernées. La majeure partie fut décidée par des
régimes dictatoriaux, alliées stratégiques de grandes
puissances du Nord. Une partie importante des sommes empruntées a
été détournée par des régimes corrompus, par
exemple, la fortune de Mobutu s'élevait à 2/3 de la dette
extérieure de son pays après 30 ans de règne. Ou en
Haïti avec la famille des Duvalier (père et fils) après 30
ans de règne alors que la dette de son pays s'élevait à
750 millions de dollars, le fils s'est enfuit avec 900 millions de dollars...
Parfois les crédits empruntés sont allés dans les
mégaprojets, énergétiques ou infrastructures très
souvent inadaptés que l'on a surnommé
« éléphant blanc » c'est-à-dire des
projets ayant coûtés d'importantes sommes d'argent et ayant des
résultats insignifiants.
-Crises de la dette proprement dite :
Dans les années 90, dans leur très grande majorité, les
PVD sont tombés sous la coupe du FMI. Malgré tout, la dette
continuait à s'alourdir l'ouverture totale des pays du tiers monde aux
capitaux étrangers imposés et les mesures libérales
imposées également ont attiré des capitaux très
volatils surtout dès les premiers signes de
fragilités économiques. Ces nouveaux prêts sont justes
là pour permettre l'Etat en crise de rembourser ses créanciers du
Nord. D'où l'origine de l'alourdissement de la dette
extérieure des pays du tiers monde.
II-Définition de la dette extérieure.
Dette privée : Emprunts contractés par des
emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés
par des emprunteurs publics.
Dette bilatérale : Dette qui est due à la
Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales
comme la Banque Africaine de Développement, et à d'autres
institutions multilatérales comme le Fonds Européen de
Développement.
Dette amortissable : dette remboursable à terme fixe ou
par annuités, elle comprend notamment les emprunts à long terme
et les emprunts obligatoires de plus de dix ans.
Dette consolidée : Dettes de l'Etat anciennement
constituées de titres à court terme (et donc faisant peser les
risques de remboursements massifs sur le trésor) et transformées
en emprunts à long terme. Cette consolidation de dettes peut être
obligatoire et forcée en obligeant par exemple les intermédiaires
financiers à conserver constamment un certain volume de titres à
court terme en convenant d'une nouvelle échéance.
Dette flottante : Totalité des dettes à
court terme de l'Etat dont les créanciers peuvent demander le
remboursement sans préavis (bon du trésor ou certificats de
dépôts).
Dette perpétuelle : Ensemble de dettes dont l'Etat
n'est pas tenu de rembourser le capital, ses charges sont ici limitées
au paiement des intérêts.
Dette viagère : Ensembles des retraites des
fonctionnaires et des pensions (anciens combattants, victime de guerres...)
Elle ne peut figurer dans la dette publique car le nombre d'annuités de
versement est incertain.
Dette extérieure : L'endettement
extérieur d'un pays est une transaction économique naturelle, qui
permet aux agents économiques nationaux et étrangers de
procéder à des arbitrages inter temporels mutuellement
avantageux, qu'ils n'auraient pas pu réaliser dans une économie
fermée.
Dette odieuse : Selon
Alexander Sack, théoricien de cette doctrine, « Si un pouvoir
despotique contracte une dette non pas selon les besoins et les
intérêts de l'Etat, mais pour fortifier son régime
despotique, pour réprimer la population qui le combat, cette dette est
odieuse pour la population de l'Etat entier. Cette dette n'est pas obligatoire
pour la nation : c'est une dette de régime, dette personnelle du pouvoir
qui l'a contractée ; par conséquent, elle tombe avec la chute de
ce pouvoir » (Sack, 1927)5(*)
Section II : Quelques concepts assimilés
à la dette extérieure
Tout au long de cette section il sera question de
définir quelques concepts assimilés à la dette ainsi que
les différentes formes qu'elle peut prendre ou renvoyant parfois au
traitement de la dette extérieure.
Aide publique au
développement (APD) : Ce sont des
dons ou les prêts consentis à des conditions financières
privilégiées accordés par des organismes publics de pays
industrialisés. Il suffit donc qu'un prêt soit consenti à
un taux inférieur à celui du marché (prêt
concessionnel) pour qu'il soit considéré comme une aide,
même s'il est ensuite remboursé jusqu'au dernier centime par le
pays bénéficiaire. Les prêts bilatéraux liés
et les annulations de dette font aussi partie de l'APD. Outre l'aide
alimentaire, on peut distinguer trois grands types d'utilisation des fonds
ainsi dégagés : le développement rural, les
infrastructures, l'aide hors projet (financement des déficits
budgétaires ou de la balance des paiements). C'est ce dernier poste qui
augmente le plus. Cette aide est " conditionnée " par la
réduction du déficit public, la privatisation, la bonne conduite
écologique, l'attention aux plus pauvres, la démocratisation,
etc. Toutes ces conditions sont définies par les principaux
gouvernements du Nord et le couple Banque mondiale/FMI. Cette aide passe par
trois canaux : l'aide multilatérale, l'aide bilatérale et les
ONG.
Club de Londres : Ce
Club réunit les banques privées qui détiennent des
créances sur les États et les entreprises des PED. Dans les
années 1970, les banques de dépôt étaient devenues
la principale source de crédits des pays en difficulté.
Dès la fin de la décennie, ces dernières al louaient
déjà plus de 50 % du total des crédits accordés,
tous prêteurs confondus. Lorsque la crise de la dette éclate en
1982, le Club de Londres se tourna vers le FMI pour trouver un soutien.
Aujourd'hui ces groupes de banques de dépôt se rencontrent pour
coordonner le rééchelonnement de la dette des pays emprunteurs.
Les commissions consultatives, formées dans les années 1980, ont
toujours conseillé aux pays débiteurs d'adopter
immédiatement une politique de stabilisation et de demander le soutien
du FMI, avant de solliciter un rééchelonnement ou de l'argent
frais auprès des banques de dépôt.
Club de Paris :
Créé en 1956, il s'agit du groupement d'Etats
créanciers spécialisés dans la normalisation des
défauts de paiement des PED. Les Etats membres du Club de Paris ont
rééchelonné la dette de près de 80 pays en
développement. Les membres du Club de Paris détiennent
près de 30% du stock de la dette du Tiers Monde. Le FMI joue un
rôle clé dans la stratégie de la dette mise en oeuvre par
le Club de Paris qui s'en remet à son expertise et son jugement
macro-économiques pour mettre en pratique l'un des principes essentiels
du Club de Paris : la conditionnalité. Réciproquement, l'action
du Club de Paris préserve le statut de créancier
privilégié du FMI et la conduite de ses stratégies
d'ajustement dans les pays en voie de développement.
Document de stratégie de
réduction de la pauvreté (DSRP) : document
mise en oeuvre par la Banque mondiale et le FMI à partir de 1999, le
DSRP, officiellement destiné à combattre la pauvreté, est
en fait la poursuite et l'approfondissement de la politique d'ajustement
structurel en cherchant à obtenir une légitimation de celle-ci
par l'assentiment des acteurs sociaux. Parfois appelés Cadre
stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP).
Eurodollars : Le
marché des eurodollars trouve son origine anecdotique dans le souci des
autorités soviétiques, dans le contexte de guerre froide des
années cinquante, de faire fructifier leurs réserves en dollars
sans avoir à les placer sur le marché financier américain.
C'est toutefois l'ampleur des sorties de capitaux américains qui
constitue la cause structurelle de l'essor spectaculaire de ce marché
dans la seconde partie des années soixante. Pour freiner ces sorties de
capitaux, les autorités américaines ont introduit en 1963 une
taxe sur les emprunts des non-résidents. Celle-ci a eu pour effet de
déplacer la demande de financements en dollars du marché
américain vers les euromarchés, où les filiales des
banques américaines pouvaient opérer en toute liberté.
Echappant à tout contrôle étatique, non contraintes de
constituer des ré serves obligatoires, les eurobanques peuvent offrir
des rémunérations élevées à leurs
déposants et des taux compétitifs à leurs clients sans
pour autant réduire leurs marges bénéficiaires.
Facilité d'Ajustement Structurel (FAS)
- et Facilité d'Ajustement Structurel Renforcé (FASR) :
Les FAS sont des facilités de crédits octroyées
par le FMI, qui mettent l'accent sur la croissance, la lutte contre la
pauvreté, les réformes structurelles et un financement
extérieur adapté sur une période de trois ans. Les pays
qui peuvent y avoir accès doivent être très pauvres.
Les FASR, qui ont pris le relais, comportent des prêts d'un montant plus
élevé mais exigent des efforts importants dans le domaine
structurel et font l'objet d'une conditionnalité rigoureuse : un
programme d'ajustement structurel à moyen terme (trois ans). Pour
pouvoir en bénéficier, un pays doit présenter un
document-cadre de politique économique (DCPE) définissant son
programme d'ajustement structurel. La FASR est financée par plus de 40
Etats-membres du FMI, dont la moitié environ est des pays en
développement. Ces Facilités d'ajustement ont été
rebaptisées 'Facilités pour la réduction de la
pauvreté et la croissance en septembre 1999 (D'après Lenain,
1993, p. 99).
Facilité pour la Réduction de
la Pauvreté et la Croissance (FRPC) :
Facilité de crédit du FMI avalisée en 1999, en
remplacement de la FASR, qui concerne 81 pays à faible revenu (dont le
revenu par habitant en 2002 est inférieur à 875 dollars). La
nouveauté par rapport à la FASR consiste en l'apparition de la
notion de lutte contre la pauvreté, dans une stratégie
économique globale toujours axée sur la croissance. Les
autorités nationales sont alors chargées de rédiger un
vaste document de stratégie de réduction de la pauvreté
(DSRP). En cas d'éligibilité, le pays peut emprunter, dans le
cadre d'un accord de 3 ans, un montant variable suivant ses difficultés
de balance des transactions courantes et son passé envers le FMI, en
général dans la limite de 140 % de sa quote-part au FMI. Le taux
annuel est de 0,5 %, sur une durée de 10 ans, avec une période de
grâce de 5 ans et demi.
G7 : Groupe
réunissant les pays les plus puissants de la planète : Allemagne,
Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon. Leurs chefs d'Etat
se réunissent chaque année généralement fin juin,
début juillet. Le G7 s'est réuni la première fois en 1975
à l'initiative du président français, Valéry
Giscard d'Estaing.
Investissements directs à
l'étranger : Les investissements étrangers
peuvent s'effectuer sous forme d'investissements directs ou sous forme
d'investissements de portefeuille. on considère qu'un investissement
étranger est un investissement direct si l'investisseur étranger
possède 10% ou plus des actions ordinaires ou de droits de vote dans une
entreprise. En revanche, un investissement étranger qui est
inférieur à 10% sera comptabilisé comme un investissement
de portefeuille. Les investissements en portefeuille désignent
l'ensemble des dépôts bancaires et des placements financiers sous
forme de titres publics ou privés. Les flux d'investissement directs,
quelle que soit leur destination, représentent la somme des
éléments suivants :
- apports nets en capital accordés par l'investisseur
direct sous forme d'achat d'actions ou de parts, d'augmentation de capital ou
créations d'entreprise ;
- prêts nets, y compris les prêts à court
terme et avances consenties par la maison mère à sa
filiale ;
- bénéfices non distribués
(réinvestis).
Rééchelonnement de
dette : Modification des termes d'une dette, par
exemple en modifiant les échéances ou en reportant les paiements
du principal et/ou des intérêts. Le but est en
général de donner un peu d'oxygène à un pays en
difficultés en allongeant la période des remboursements pour en
diminuer le montant ou en accordant une période de grâce où
les remboursements n'ont pas lieu.
Service de la dette : Somme des intérêts et
de l'amortissement du capital emprunté.
Stock de la dette : Montant total des dettes.
Valeur actuelle nette :
représente la valeur de la dette extérieure d'un pays
donné en terme nominal.
Section III : Conditions financières et
soutenabilité de la dette extérieure
Au cours de cette section, il sera
question pour nous de déterminer d'abord : Les conditions
financières de la dette extérieure, puis nous mettrons le point
sur la soutenabilité de la dette extérieure.
I- Les conditions
financières de la dette extérieure
Les conditions financières des emprunts
contractés pour un pays en développement jouent un rôle
majeur dans la problématique de l'endettement. En théorie, la
solvabilité se définit comme la capacité de l'Etat
à assurer dans le temps le service de la dette sans emprunt
supplémentaire. Le remboursement de la dette est analysé comme le
résultat d'une volonté de payer le montant de la dette
correspondant à la maximisation de son intérêt par le
débiteur, en l'absence de toute possibilité de saisie de garantie
par le créancier.
Les conditions financières des emprunts
extérieurs agissent sur le niveau et l'évolution du service de la
dette, donc sur le ratio du service de la dette et partant, sur celui des
transferts nets. Cet effet s'exerce principalement par l'intermédiaire
des taux d'intérêts d'une part, par le biais de la maturité
des prêts et des différés de remboursement d'autre part.
Les financements obtenus par les PED comportent souvent un
élément don, et plus ce dernier est important, plus il est
possible d'emprunter sans mettre en danger la viabilité de la situation
budgétaire. C'est ce qui est souvent appelé la
concessionnalité. Elle revient à réduire le taux
d'intérêt effectif.
Les dons de l'étranger constituent la forme externe de
financement concessionnel, bien qu'ils soient considérés comme
des recettes. Le recours au financement extérieur à des
conditions non concessionnelles entraîne un gonflement de la dette, dont
il faut assurer le service et à terme, le remboursement. Il expose
davantage l'économie aux variations du taux de change sur
apprécié, ce qui est défavorable à l'exportation et
encourage l'importation.
II- La soutenabilité de la
dette extérieure
La plupart des travaux des institutions internationales
privilégient le déficit de la balance des paiements comme cause
principale de l'endettement. Ceci conduit à mettre l'accent sur la
soutenabilité de l'endettement extérieur. Néanmoins, la
capacité de gérer convenablement la dette extérieure reste
tributaire d'un côté de la crédibilité du pays, qui
est fonction de l'évolution du taux d'endettement, et d'un autre
côté de sa solvabilité qui dépend de
l'évolution des rapports du service de la dette aux exportations de
biens et services.
La soutenabilité de la dette désigne l'aptitude
du pays débiteur à satisfaire entièrement à ses
obligations extérieures actuelles et futures sans devoir recourir au
rééchelonnement ou à l'accumulation
d'arriérés. Comme la vulnérabilité d'un pays
augmente en fonction de sa dette extérieure, on juge prudent de chercher
à limiter le fardeau de cette dette. La méthode typiquement
utilisée pour le calcul de la viabilité de la dette consiste
à choisir un horizon temporel sur lequel on peut projeter les variables
macroéconomiques du pays débiteur. Ces projections,
couplées aux estimations de la valeur future des variables
exogènes, servent ensuite à établir les comptes de la
balance des paiements du pays. Pour que la dette extérieure puisse
être jugée viable, les pays en question doivent satisfaire
à deux conditions :
-Premièrement, pendant la période de projection,
l'équilibre de la balance des paiements doit être atteint sans
l'aide de financements exceptionnels ;
- Deuxièmement, le niveau d'endettement en fin de
période doit être assez faible pour rendre peu probable tout
problème éventuel de service de la dette. Ainsi, ni les taux
d'intérêt ni le taux de croissance de la dette extérieure
ne devraient dépasser d'une manière persistante le taux de
croissance des exportations ou du revenu.
L'évaluation de la seconde condition de la
soutenabilité de la dette exige habituellement de recourir à
certains indicateurs du fardeau de la dette. Selon la méthode classique,
le fardeau de la dette est assimilé au rapport entre l'encours de la
dette et un paramètre des ressources disponibles par exemple, les
exportations de biens et services ou le PIB (ou le PNB). Toutefois, de tels
paramètres ne tiennent pas compte de l'impact de l'allégement de
la dette ni d'une baisse des taux d'intérêt sur le coût du
service de la dette. La valeur actuelle des obligations futures au titre du
service de la dette devrait en théorie être comparée
à la valeur actuelle des recettes futures d'exportation. Cette
méthode exige qu'on dispose d'une certaine quantité
d'informations, et peut être sensible au taux d'escompte utilisé
pour calculer la valeur actuelle. En pratique, trois ratios sont couramment
utilisés pour l'analyse du fardeau de la dette :
·le ratio des paiements prévus au titre du service
de la dette sur la valeur des exportations de biens et services ou ratio du
service de la dette qui mesure l'impact des obligations au titre du service de
la dette sur les flux de trésorerie en devises;
·le ratio des paiements d'intérêts
prévus (ou réels) sur la valeur des exportations de biens et
services, qui mesure le coût actuel de l'encours de la dette ;
·l'encours total de la dette par rapport au PIB (ou
à la valeur des exportations de biens et services) qui reflète la
soutenabilité à long terme du fardeau de la dette.
En règle générale, les ratios de la
valeur actualisée nette (VAN) du service de la dette totale sur le PIB
et sur la valeur totale des exportations servent à évaluer deux
aspects importants de la capacité potentielle d'un pays à assurer
le service de sa dette : les exportations (parce qu'elles procurent les devises
nécessaires à cette fin) et le PIB (puisqu'il s'agit de la mesure
la plus large de la génération de revenus dans une
économie). Ces indicateurs sont habituellement fondés sur la
notion de valeur actualisée plutôt que sur la valeur du service de
la dette prévu pour tenir compte de la variation des conditions de
crédit.
Il est rarement possible, même après coup, de
mesurer le facteur qui autoriserait une prédiction exacte des niveaux
appropriés de ces ratios. Les indicateurs ont pour intérêt
principal de signaler les situations où les problèmes de service
de la dette deviennent plus probables. Les pays utilisent ces indicateurs en
guise de signal d'avertissement empirique le point à partir duquel l'un
ou l'autre de ces ratios dépasse une valeur critique : 80% dans le cas
du ratio de la valeur actualisée du service de la dette sur le PIB, et
200-250% pour le ratio de cette valeur actualisée sur la valeur des
exportations, avec un ratio correspondant du service de la dette sur les
exportations supérieur à 25%. Dans de telles circonstances, un
pays est jugé gravement endetté. Si aucune des valeurs critiques
n'est dépassée, mais que l'un ou l'autre des ratios atteint 60%
ou plus de la valeur critique, le pays sera jugé
modérément endetté. Si les deux ratios sont
inférieurs à 60% de la valeur critique, le pays sera jugé
moins endetté. Ces chiffres sont fondés sur une analyse empirique
de l'expérience des pays en développement et de leur performance
en matière de service de la dette avec le temps. Le choix de ces ratios
se répercute sur les déficits soutenables (souhaitables) des
transactions courantes.
La dette publique est soutenable lorsque l'Etat arrive
à plus ou moins long terme à rembourser les dettes sans recourir
au schéma de Ponzi (les générations
d'après paient les dettes pour les générations
d'avant).
En temps discret l'équation d'évolution de la
dette peut s'écrire6(*) : Bt+1 = (1+i) Bt +Dt
Où B = dette, i =
rendement du Bon de trésor et D = déficit public
(hors paiement d'intérêt).
Dt = Gt - Tt - At ;
Gt = dépenses publiques,
Tt = taxes, At = transfert publics (Aide publique au
développement...).
Un des indicateurs de la soutenabilité de la dette est
le ratio de la dette sur le niveau du PIB : bt = Bt /
Yt
Soit nt le taux de croissance du PIB : bt = (1+i)
bt-1 / (1+n) + dt
Où d est le ratio du déficit
primaire au PIB.
Si on suppose un ratio constant de la dette sur le PIB comme
objectif ou un chemin d'évolution stationnaire de
l'économie :
b (g-r) = b (n-i) = d; Où g = taux de croissance
réelle, r = taux d'intérêt réel, n = taux de
croissance nominale et i = taux d'intérêt nominal.
Tout au long de ce chapitre il était question
d'appréhender le concept de la dette extérieure, l'origine de la
dette extérieure ou la Genèse de la dette extérieure du
tiers monde ; De définir la dette extérieure, à
travers quelques concepts assimilés à cette dette
extérieure et en fin de déterminer les conditions
financières de la dette extérieure et celle de sa
soutenabilité.
Tout au long de ce chapitre il sera d'abord question de
définir la croissance économique, et puis l'on mettra le point
sur les différentes théories de la croissance
économique.
Section I : la croissance économique
La croissance économique est définit comme
l'accroissement durable de la production globale dans l'économie. C'est
donc un phénomène quantitatif que l'on peut mesurer. C'est aussi
un phénomène de longue période. En effet une augmentation
brutale et sans lendemain de la production nationale ne correspond pas à
la croissance économique. Il ne faut pas confondre croissance et
expansion qui quant à elle caractérise une augmentation de la
production sur une courte période.
I-Contextualisation de la croissance en Afrique
subsaharienne et au Cameroun
1-En Afrique
Les pays d'Afrique subsaharienne sont en effet de plus en plus
nombreux à renouer avec le progrès économique grâce
à la mise en oeuvre de politiques économiques et de
réformes structurelles plus efficaces. Ils ont réussi à
réduire les déséquilibres financiers intérieurs et
extérieurs et à accroître ainsi leur efficience
économique. Ils ont en outre accordé une attention plus grande
aux dépenses publiques en faveur de la santé, de
l'éducation et d'autres services sociaux fondamentaux.
La situation économique et sociale de ces pays reste
cependant fragile et vulnérable aux chocs endogènes et
exogènes ; il leur faudra encore beaucoup de temps et d'efforts pour
regagner le terrain perdu au cours des deux dernières décennies.
En dépit d'une certaine amélioration de la croissance
économique, la pauvreté reste très répandue, et
certaines régions du continent connaissent encore une misère
extrême. L'investissement reste peu actif, ce qui limite la portée
des efforts de diversification des structures économiques et de
stimulation de la croissance. De plus, certains des pays de la région
sortent à peine de guerres civiles qui ont gravement
hypothéqué leur développement économique, et de
nouveaux conflits armés surgissent malheureusement ailleurs sur le
continent. Ces conflits et d'autres facteurs négatifs, notamment les
intempéries et la détérioration des termes de
l'échange, ont fait obstacle aux efforts de développement
économique au cours des deux dernières
années.1
Les pays d'Afrique subsaharienne sont donc confrontés
à des défis de taille : il leur faut rehausser leur croissance et
faire reculer la pauvreté afin de réussir leur intégration
dans l'économie mondiale. Les taux de croissance économique de
ces pays sont toujours trop bas pour leur permettre de lutter efficacement
contre la pauvreté endémique et de rejoindre les rangs des autres
pays en développement. Ils ont besoin d'une augmentation substantielle
et soutenue du taux de croissance du PIB réel par habitant,
accompagnée d'une amélioration sensible des conditions
sociales.
2-Au Cameroun
Le Cameroun comme la plupart des PVD dispose d'énormes
ressources naturelles
(agricoles, forestières, minière et pétrolière...).
Son
PIB en 2009 représentait environ
42.750 Mds de $ au total (pour : 3.923 Mds de budget de l'État en
2009 et par habitant 2300 $ en PPA), Le taux de croissance du PIB, en 2008
était de 3.9%7(*).
La dette publique constitue 14.3% du PIB (est. 2009), ce qui
lui confère le 116e rang mondial8(*).
La dette extérieure est de 2.929 milliards $
(est.2009). Rang mondial = 1239(*). De
1965 à
1985, le Cameroun a connu une croissance
soutenue (plus de 15% par an en moyenne), portée par les prix des
matières
premières, et a longtemps été parmi les pays les
plus prospères du continent africain. La situation économique
s'est ensuite fortement dégradée jusqu'à la
dévaluation du FCFA (intervenue en janvier
1994 du
franc CFA,
précédée par une diminution drastique des salaires de
l'ordre de 70%). Après une décennie de récession
caractérisée par une forte baisse du PIB (-30% entre
1985 et
1993) et une chute de 40% de la consommation
par habitant, le Cameroun a renoué avec la croissance économique
depuis
1994 avec une moyenne de 5% par an.
Section II : Différentes théories de
la croissance économique
Jusqu'à la fin du XIX° siècle, les
théories dites classiques (Smith, Malthus, Say, Ricardo) et la
synthèse néoclassique (jusqu'à l'optimum Parétien)
s'intéressent aux mécanismes de croissance, en
privilégiant le facteur capital (épargne et investissement), dans
un cadre général marqué par la faiblesse de l'intervention
publique, cantonnée dans des domaines généraux :
Sécurité interne et externe, infrastructure et monnaie (l'analyse
marxiste n'étant pas abordée ici). Après la
généralisation de la révolution industrielle, la
première moitié du XX° siècle est
caractérisée par la formulation du marché de concurrence
imparfaite, et par l'accélération du progrès technique et
organisationnel. Schumpeter fait de ce progrès à la fois le
moteur d'un mode de croissance cyclique, et la source de crises
économiques.
L'économie contemporaine s'intéresse
plutôt aux conditions de la croissance et aux mécanismes
d'optimisation de celle-ci en posant notamment la question de la maîtrise
de la croissance. On distingue ici deux courants opposés :
· L'école de la croissance exogène,
d'inspiration plutôt néo classique (Solow) montre que l'action
volontaire des agents n'a pas d'influence décisive sur le rythme de la
croissance (en rejoignant ici l'image de la main invisible).
· L'école de la croissance endogène,
initialement d'inspiration néo keynésienne, qui montre que
l'action des pouvoirs public peut avoir une influence durable sur la croissance
(Harrod-Domard) En élargissant cette approche, G. Becker montre que la
formation du capital humain, puis du capital public, joue également un
rôle sur la croissance.
Enfin la théorie de la régulation apporte un
regard complémentaire par l'articulation du lien entre production de
masse et consommation de masse.
1-Théories traditionnelles
Les théories classiques :
Dès le XVIII° siècle, A. Smith identifie les
multiples causes de l'augmentation de « la richesse des nations ».
Outre l'accroissement des moyens de production, A. Smith privilégie la
division du travail et la spécialisation, ainsi que le
développement des échanges. Ces facteurs sont
considérés comme exogènes, c'est à dire
indépendants les uns des autres, et extérieurs à la
logique des agents économiques. Les théories classiques
privilégient l'accumulation du capital, source d'investissements.
Pour Ricardo la croissance conduit à un état
stationnaire : « L'augmentation de la population nécessite une
augmentation de la production agricole. Mais les nouvelles terres mises en
culture sont soumises aux rendements décroissants. Le coût de
production et donc le prix des denrées alimentaires augmentent ».
Les industriels, en augmentant les salaires réduisent leurs marges et
donc l'investissement
10(*).
Enfin, toujours dans cette perspective d'état stationnaire, Malthus note
que la croissance économique semble limitée par l'accroissement
plus rapide de la population que de la production.
La théorie hétérodoxe de J.
Schumpeter (1883 - 1950) : L'innovation est le facteur explicatif
de la croissance et du développement économique à long
terme. L'entrepreneur schumpétérien est un innovateur, et le
profit légitime est la rémunération du risque pris lors de
la mise en oeuvre du processus d`innovation. A court terme,
les conditions de l'activité économique sont fixées (par
l'état de la technologie par exemple). Dans le long terme, les
conditions de l'activité économique se transforment, les agents
se renouvellent, les technologies, l'environnement juridique et les
marchés se modifient. En distinguant 5 types d'innovation (produits,
marchés, procédés, matières premières et
organisation des entreprises), Schumpeter fait des grappes (ou vagues)
d'innovations, le moteur de la croissance (et l'origine des crises de mutation,
par le remplacement des anciennes activités dominantes, par de nouvelles
industries émergentes).
2-Théories contemporaines
Les théories contemporaines :
Dans celle-ci l'on y trouve des théories classiques,
néo-classiques et également les théories
keynésiennes :
-La théorie néo-keynésienne
d'Harrod-Domar (1947) montre que Le taux de croissance (G) est lié au
rapport du taux d'épargne (S) au taux d'investissement en capital (K)
tel que G= S/K. La croissance est liée à l'investissement en
capital des entreprises, lui même lié à l'épargne
des ménages. En conséquence, l'État peut agir sur le
niveau de croissance en favorisant l'épargne, soit par la politique des
revenus (directs ou de transferts) soit par la politique fiscale et
budgétaire.
-La théorie néo-classique de Solow
(1956) explique la nature exogène de la croissance. La croissance est
stable et équilibrée lorsqu'il y a une « juste »
répartition entre les deux facteurs de production, K (capital) et L
(travail). La relation entre K et L est définie par une fonction de
production homogène de type Cobb-Douglas telle que Y = f (K á, L
1-á). Par la suite le progrès technique sera
intégré à ce modèle comme une variable
exogène, et défini en tant que « facteur résiduel
». Dans le modèle de Solow, il existe une croissance de long terme
stable, dont le rythme ne dépend que de l'évolution de la
population et de la technologie, et non des comportements économiques
des agents11(*).
-La théorie de la régulation (Ch. Boyer
et M. Aglietta -1970) explique la croissance par l'adéquation entre
production et consommation. En effet, la phase de croissance des 30 glorieuses
repose sur l'articulation stable des éléments du couple
production de masse/consommation de masse.
La production de masse repose sur l'organisation fordiste du
travail (OST + chaîne de montage) qui permet la standardisation de la
production et de grands gains de productivité.
La consommation de masse se traduit par la création de
débouchés pour de nouveaux produits, et s'accompagne de
l'augmentation des revenus réels. Cette dernière est liée
aux relations professionnelles basées sur la négociation
collective et à l'évolution du rôle de l'État
(Welfare State) chargé de la redistribution des revenus.
La rupture du lien entre production et consommation de masse,
liée au chômage durable de la fin des années 1970 explique
la nouvelle nature de la crise des années 1980.
-Le renouveau de la croissance endogène (depuis
1990) : Pour ces théories plus récentes, la croissance
résulte de l'interaction de 4 facteurs. En investissant dans de nouveaux
équipements (capital physique), l'entreprise contribue directement
à la croissance (hausse de la production). Mais l'investissement induit
à terme une augmentation du capital technique (par le progrès
technique) et du capital humain (par la hausse du niveau
d'éducation/formation). Les investissements consentis par la
collectivité (État et collectivités locales) agissent sur
le capital public et sur le capital humain (éducation et santé
publique).
Dans ce cadre, contrairement au modèle de Solow, le
taux de croissance est endogène dans la mesure où il
dépend aussi du comportement des agents économiques. Le
modèle de croissance endogène (le modèle « AK
»), suppose notamment que le comportement économique des agents,
tel que le choix du taux d'épargne, a une influence sur la croissance.
Plus le taux d'épargne est élevé, plus la croissance peut
être forte comme le montre le schéma suivant12(*) :
Figure1 :
Les effets de l'investissement sur la croissance
économique
Conclusion de la première partie :
Au cours de cette première
partie, il était question de : de mieux appréhender les
contours de la notion de la dette extérieure et des Quelques concepts
assimilés à celle-ci et en plus elle nous a permit d'expliciter
la notion de la croissance économique. En fait, Dette extérieure
d'un pays est une transaction économique naturelle, qui permet aux
agents économiques nationaux et étrangers de procéder
à des arbitrages inter temporels mutuellement avantageux, qu'ils
n'auraient pas pu réaliser dans une économie fermée, alors
que La croissance économique est définit comme l'accroissement
durable de la production globale dans l'économie.
La première partie nous a permis de définir la
notion de la dette extérieure et de la croissance économique il
sera question pour nous dans cette deuxième partie de présenter
concepts de la pauvreté (chapitre3). Et ensuite de d'analyser d'une part
l'impact de la dette extérieure sur la croissance économique, et
d'autres part l'impact de la croissance économique sur la
réduction de la pauvreté (Chapitre4).
La pauvreté est l'insuffisance de
ressources matérielles, comme la nourriture, l'accès à
l'eau potable, les vêtements, le logement, et des conditions de vie en
général, mais également de ressources intangibles comme
l'accès à l'éducation, l'exercice d'une activité
valorisante, le respect reçu des autres citoyens. Elle touche des
personnes isolées ou des groupes et populations entières dans les
pays
développés, voire la majorité de la population
dans certains
pays en
développement. Des analyses économiques et des
débats portent sur la mesure de la pauvreté, ses causes, et les
moyens à mettre en oeuvre pour
réduire cette
pauvreté :
économie
du développement,
aide sociale,
etc.
Le concept de la pauvreté et ses causes est par nature
relative. Avant d'étudier l'impact de la croissance économique
sur la réduction de la pauvreté, il convient d'abord de la
définir, de donner ses différentes caractéristiques et
puis de l'évaluer et de voir ce qu'indiquent les données
existantes sur son origine et son évolution.
Section I : Définition de la
pauvreté
La pauvreté est généralement
considérée comme un phénomène
multidimensionnel : On distingue généralement la
pauvreté pécuniaire, pauvreté globale, pauvreté des
potentialités. Seule la dimension pécuniaire est la plus
fréquemment prise en compte.
1- la pauvreté pécuniaire
La pauvreté pécuniaire est le manque d'argent,
entraînant souvent des difficultés, pour se nourrir, s'habiller,
se loger et ce, plus ou moins intensément, selon que l'on a
éventuellement accès à des ressources naturelles
valorisables. La pauvreté pécuniaire ou de revenu
monétaire est estimée au moyen de
seuils de
pauvreté (un individu est considéré comme pauvre
lorsque son niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté
choisi). Différentes définitions de ces seuils existent ;
les pays développés utilisent généralement des
seuils relatifs, alors que la pauvreté dans les pays en
développement est estimée au moyen de seuils de pauvreté
absolus. Cette évaluation de la pauvreté, du fait de sa
simplicité, est couramment utilisée pour définir les
individus pauvres et mesurer le taux de pauvreté d'une population.
Selon l'approche absolue, le seuil est fixé, depuis les
travaux de
Seebohm
Rowntree (1901), en fonction d'un panier de biens alimentaires et non
alimentaires nécessaires à la survie quotidienne (2400 calories
par jour pour la pauvreté et 1800 pour l'extrême pauvreté).
Les biens non alimentaires comprennent l'habillement, le transport,
l'hygiène, l'eau et l'énergie. Les États-Unis et le Canada
ont recours à la mesure absolue de la pauvreté.
Selon l'approche relative, le seuil est fixé par
rapport à la distribution des niveaux de vie de l'ensemble de la
population, avec comme référence le revenu médian (le
revenu médian est le revenu séparant la population en deux,
c'est-à-dire que la moitié de la population a un revenu plus
élevé, et la moitié un revenu inférieur). Ces deux
mesures dévoilent deux regards sur le problème de la
pauvreté, deux approches politiques que l'on pourra en première
approche qualifié de socialiste et de libérale. A travers le
prisme socialiste, la pauvreté pose avant tout un problème
d'exclusion ; l'homme ne se réalise qu'au sein de rapports sociaux
et les inégalités de richesse sont des sources de discrimination.
La vision libérale donne elle la primauté à l'individu,
l'important étant la satisfaction de ses
besoins
fondamentaux.
2- Pauvreté globale
La Pauvreté globale s'exprime sous formes des
dimensions regroupées en termes de « pauvreté
humaine ». Il s'agit des dimensions sanitaire, éducationnelle,
sociale, culturelle et politique de la pauvreté. Le
Programme
des Nations unies pour le développement (PNUD) a
créé l'
indice
de développement humain, puis deux
indicateurs
synthétiques de pauvreté : l'IPH-1 et l'IPH-2
(Indicateur de Pauvreté Humaine). Ces indicateurs sont très
corrélés.
Pour le PNUD, le pauvre est celui qui est incapable de saisir
les opportunités qui s'offrent à lui au cours de son existence.
Soit par ce qu'il manque de revenu, soit parce qu'il n'est pas en bonne
santé, la manière d'utiliser ces variable pour mesurer la
pauvreté humaine diffère chez le PNUD suivant qu'il s'agisse d'un
pays développé ou d'un pays sous développés un
IPH-1 pour les pays en développement, et un
IPH-2 pour les pays développés :
-Modalités de calcul de
L'IPH-1 :
*Pour mesurer le revenu, le PNUD utilise le
pourcentage de population susceptible de mourir avant 40 ans, soit
P1-1.
*Pour mesurer l'éducation le PNUD utilise le nombre
d'individu analphabète ayant 15 ans et plus, soit P2-1.
*Pour mesurer la santé le PNUD utilise 3
variables :
-La proportion des individus n'ayant pas
accès au soin de santé, par P3,1
-la proportion d'individu ayant accès
à l'eau potable, par P3 ,2
-La proportion des enfants de
moins de 5 ans souffrant d'une insuffisance pondérale : P3 ,3
soit une moyenne donnée par P3-1 :
P3-1=
IPH-1=
-Modalités de calcul de L' IPH-2
: IL comprend quatre variables :
*Pour la santé, le PNUD utilise le
pourcentage d'individu susceptible de mourir avant 60 ans :
P1-2
*Pour l'éducation le PNUD utilise le taux
d'analphabétisme fonctionnel mesuré par le nombre d'individu
âgé entre 16 et 65 ans ne pouvant ni lire ni écrire :
P2-2
*Pour le revenu, le PNUD utilise le
nombre d'individu en dessous du seuil de pauvreté. Celui étant
définit comme la moitié du revenu médium :
P3-2
*Pour l'emploi le PNUD utilise le
taux de chômage de longue durée (=12 mois) soit :
P4-2
IPH-2=
3- Pauvreté des potentialités
La pauvreté de potentialité s'exprime par le
manque de moyens permettant de sortir de la pauvreté absolue qui se
caractérise par le manque de revenus minimum requis pour survivre dans
une société.
L'état de pauvreté d'une personne ou d'un
groupe d'individus se rapporte à un concept très complexe. En
effet, dans un groupe humain, les pauvres sont schématiquement, ceux
faisant partie de la population dont les conditions de vie sont en
deçà des « moyennes » observées. Il
apparaît ainsi une espèce de ligne de démarcation entre
« pauvres » et « non pauvres », qui est variable dans
l'espace et dans le temps. Au Cameroun, par exemple, des sources bien
variées permettent aujourd'hui de circonscrire la population «
pauvre » sur la base d'un large éventail de caractéristiques
parfois étroitement liées au contexte socioculturel.
Section II : Quelques indicateurs et mesures de la
pauvreté.
Il sera question pour nous dans cette section de
présenter les indicateurs ainsi que les mesures de la
pauvreté.
I-Les indicateurs
L'on distingue deux types d'indicateurs : les indicateurs
quantitatifs et les indicateurs qualitatifs.
1-Les indicateurs quantitatifs
Les indicateurs quantitatifs font références aux
dimensions élémentaires qui affectent la vie d'un individu :
éducation, nutrition de qualité et accès aux soins de
santé.
-Education, elle est définit comme le fait d'aller
à l'école dans le but d'apprendre, à lire, à
écrire. Par conséquent, le niveau d'éducation est
mesuré par la combinaison de deux tiers du taux d'alphabétisation
des adultes et d'un tiers du taux brut de scolarisation. En fait, ceci a pour
objectif de connaître le taux d'alphabétisation et celui de
scolarisation des garçons et des filles.
-Nutrition, Elle fait référence au fait
qu'un individu ne puisse manger suffisamment c'est-à-dire trois fois par
jours. De ce fait, l'objectif était de réduire de moitié
de 1995 à 2005. Puis retenue comme faisant partie des objectifs du
développement du millénaire (ODM) de réduire la
moitié le pourcentage d'enfants souffrants de malnutrition.
. Logement, le logement c'est le fait pour une personne
d'avoir un logement décent. C'est le fait pour une personne de ne pas
habiter dans des endroits insalubres et précaires.
-Accès aux soins de santé, C'est le fait pour un
individu de ne pas être capable d'avoir accès à des soins
de qualité, par manque de moyens financiers or, cet accès aurait
permit à l'amélioration de ses conditions de vies, en bref,
l'amélioration de l'espérance de vies.
2-Indicateurs qualitatifs
Ces indicateurs ne sont pas nombreux, l'on retiendra qu'un
seul indicateur : L'exclusion psychosociale. En fait, dans la plupart des
cas, le pauvre est diminué de ses capacités psychologiques car
il se sent exclu de la société. Il est complexé, pour lui
la pauvreté est une fatalité. Ceci peut le pousser à ne
rien faire et à attendre tout des autres.
Son analphabétisme constitue pour lui un handicap
majeur parce qu'il est exclu de certaine décisions surtout le
concernant.
II- Les mesures de la pauvreté
D'après le
Programme
des Nations unies pour le développement (PNUD), les pays
où la pauvreté est la plus forte sont des pays d'Afrique, en
particulier les
pays les moins
avancés13(*).
Les indicateurs du PNUD permettent d'établir des
comparaisons entre pays ; ainsi, en 2005,
· le
Tchad est le pays
où la pauvreté humaine est la plus forte, et la
Sierra Leone est
le pays où le développement humain est le plus faible ;
· l'
Islande est le pays
à plus grand développement humain, et la
Suède à
plus faible pauvreté humaine14(*).
En 200815(*), la
Banque
mondiale a fixé à 1,25
dollar
américain par jour le seuil de pauvreté international,
contre un dollar précédemment. Le nouveau seuil représente
le seuil de pauvreté moyen des 10 à 20
pays
les plus pauvres. Selon ce nouveau critère, 1,4 milliard de
personnes dans le monde en développement vivent avec moins de 1,25
dollar par jour en
2005, contre 1,9
milliard en
1981. Le taux de
pauvreté mondial a été divisé par deux (de
52 % à 26 %), mais il est stable en
Afrique
subsaharienne (50 %). Pour les
pays
à revenu intermédiaire, la Banque mondiale trouve plus
indiqué de fixer le seuil de pauvreté à 2 dollars par
jour, ce qui donne un total de 2,6 milliards de personnes sous ce seuil.
Selon le seuil de pauvreté de 1 dollar par jour en
parité du pouvoir d'achat (
PPA) en 1985, la
majorité des pauvres se trouvent en Asie du Sud (39%), Asie de l'Est
(33%) et en Afrique sub-saharienne (17%). Les pays comptant plus de la
moitié de leur population sous le seuil de pauvreté sont:
Guatemala,
Guinée-Bissau,
Inde,
Kenya,
Lesotho,
Madagascar,
Népal,
Niger,
Sénégal,
et
Zambie.
En plus de ce qui précède, il existe une multitude
d'instruments utilisé pour mesurer la pauvreté monétaire.
Dans la littérature actuelle, deux principales méthodes sont
couramment utilisées pour estimer la ligne de pauvreté
absolue : la méthode basée sur la satisfaction des besoins
nutritionnels (Food Energy Intake : FEI) et la méthode des
coûts des besoins essentiels (Coast of Basic Needs CBN).
-La méthode FEI consiste d'abord à fixer un nombre
de calories de référence pour la consommation d'énergies
nutritive, puis à déterminer les dépenses de consommation
ou le niveau de revenu qui permet à une personne d'assurer cette
consommation. On peut estimer ce niveau en effectuant une régression de
la consommation des calories par rapport aux dépenses de consommation ou
au revenu.
-L'approche CBN quant à lui consister à
définir un panier de biens et services qu'un individu devait se procurer
pour être considérées comme non pauvre. Un tel panier
engloberait non seulement l'alimentation et la nutrition de base, mais aussi
l'habillement et le logement. Il s'agirait de calculer le montant de
dépenses minimales nécessaires à l'achat de biens de
consommation indispensables au niveau calorifique de survies. Cette
méthode n'est pas nouvelle dans la littérature. En effet, elle se
retrouver déjà dans les travaux de Rowntree(1911), qui a
essayé de construire une ligne de pauvreté en définissant
un panier de besoins essentiels pour étudier la pauvreté à
New York.
Les méthodes les plus utilisées : sont le
seuil de pauvreté, l'incidence de pauvreté et l'écart de
pauvreté.
1-Le seuil de pauvreté
L'on distingue : le seuil de pauvreté objectif et
le seuil de pauvreté subjectif :
a-Le seuil de pauvreté objectif
Il est déterminé à partir des
données objectives en suivant deux principales approches et peut
être distingué de la pauvreté absolue.
-Il existe différentes méthodes de
détermination de ce seuil de pauvretés : Mais l'on n'en
retiendra que deux méthodes : méthodes nutritionnistes et
celle obtenue à partir la courbe de Lorenz :
*La méthode nutritionniste : Ici,
l'on détermine d'abord le seuil de pauvreté alimentaire, qui est
généralement égal au coût du panier de biens les
moins coûteux. Pour passer du seuil de pauvreté alimentaire (SA)
au seuil de pauvreté (s), on établira la loi d'Engel qui stipule
que la part de dépenses alimentaires dans le budget familial diminue au
fur et à mesure que le revenu s'élève. C'est-à-dire
que l'élasticité-revenu de l'alimentation est inférieur
à 1. Soit :
j = áY
(3)
s=SA
(4)
ÄCj :
Représente la variation de la dépense journalière
áY : Représente la
variation du revenu.
*A partir de la courbe de Lorenz : Une
autre méthode de détermination du seuil de pauvreté
consiste à adopter le revenu moyen d'une certaine tranche de base de la
population. On peut aussi considérer une certaine proportion de revenu
par tête comme le seuil de pauvreté.
Exemple, si dans un pays le PIB par tête est de 1500 on
peut décider de prendre comme seuil de pauvreté de 1/3 du revenu,
on aurait alors : 500 comme seuil de pauvreté.
-La pauvreté absolue, si la
pauvreté désigne la difficulté de vivre décemment,
la pauvreté absolue est définie par référence
à un seuil de pauvreté associé à un pouvoir d'achat
fixe permettant de couvrir l'ensemble des besoins essentiels, qu'ils soient
sociaux ou physiques.
b-Seuil de pauvreté subjectif
La pauvreté subjective est appréciée
suivant le jugement des individus concernés. Ce qui veut dire que l'on
détermine le seuil de pauvreté subjectif sur la base des opinions
des citoyens recueillies au cours des enquêtes qui consiste à
demander à chaque individu interrogé quel revenu lui faudrait -il
pour vivre décemment. Le dépouillement du questionnaire
formulé lors de cette enquête sera extrapolé à
l'ensemble de la population c'est-à-dire qu' il sera
présenté sur le plan global. Le revenu minimal
désigné sera fonction du revenu effectif. Cette fonction est
croissante à taux décroissant.
Ainsi, avant un seuil de pauvreté t,
les individus interrogés pensent que leurs revenus est insuffisants.
Mais au-delà du seuil de pauvreté significatif z
ils pensent que leurs revenus est suffisant pour eux.
2-L'incidence de pauvreté
C'est la proportion d'individu dont le revenu est
inférieur à un seuil de pauvreté de la population totale.
Si dans une société, n individus ou n autres est
inférieures au seuil de pauvreté, on aura une incidence de
pauvreté suivante :
Soit : A=U/n
(5)
3-L'ECART DE PAUVRété
On calcul le revenu moyen de pauvres dans une
société donnée de la manière suivante :
Yp=1/nyi
(i=1, 2, 3, 4,5...n) (6)
L'écart de pauvreté est la distance entre le seuil
de pauvrété Sp et le revenu moyen des pauvres
yp.
Soit :
=Sp-Yp
(7)
iII- LE PROFIL DE LA PAUVRété
La contribution de chaque secteur à la pauvreté
nationale est définie comme suit :
Cj=
La décomposition suivant les zones géographiques
et suivant la structure socio-économique de la population pourra
être observée dans la description du profil de la pauvreté
au Cameroun.
En effet, le Cameroun fait partie des pays ayant un indice du
développement humain(IDH) moyen variant autour de 0.500% depuis les
années 1990. Toutefois, la pauvreté monétaire reste
préoccupante selon les estimations effectuées lors des
décennies précédentes. La direction des statistiques et de
la comptabilité des nations (1996) a estimé l'incidence de la
pauvreté à 50.5%, étant donné un seuil de
pauvreté de 148000 FCFA. Ensuite, Kamgnia et Timnou(2000) suivent la
méthode de « coûts en besoin essentiels », ont
obtenu une incidence de 60% avec un seuil de pauvreté de 136236FCFA.
1-LES ZONES GEOGRAPHIQUES
Il s'agit ici de la contribution des zones urbaines et des
zones rurales dans la détermination de la pauvreté au Cameroun.
Depuis 2001, le niveau de pauvreté reste très élevé
(INS, 2007) et les IDH n'évoluent pas de manière favorable. La
troisième enquête Camerounaise auprès des ménages
(ECAM III) confirme que « la tendance à la baisse de la
pauvreté que le pays a connu au cours de la période 1996-2001 ne
s'est pas renouvelé pendant la période 2001-2007. Avec un taux de
pauvreté de 39.9%, l'on constate que l'objectif de 37.1% retenu dans
le document stratégique de réduction de la pauvreté (DRSP)
n'est pas atteint celle-ci a plutôt favorisée une aggravation de
3% entre 2001 et 2007, le milieu rural reste le plus touché par ce
phénomène (environ 85% des pauvres vivent en milieu en rural,
pourtant on évalue à 59% de la population active se trouve dans
le secteur rural).
De manière générale, les transferts
publics étaient rares dans la mesure où la crise imposait une
baisse importante des dépenses publiques, les transferts privés
vers les zones rurales n'ont pu être maintenues à cause de
conditions désormais difficiles dans les zones urbaines. La
pauvreté s'est ainsi généralisée touchant tout
autant des zones urbaines que rurales.
2-La structure socio-économique de la population
Camerounaise
Le degré de pauvreté au Cameroun dépend
de deux éléments : le revenu moyen et son
inégalité.
Ainsi, la baisse de la pauvreté absolue
résultera mécaniquement de deux facteurs :
-D'une part l'augmentation du revenu moyen de la population,
à distribution relative des revenus constants, entraînant une
réduction de la pauvreté.
-D'autres part, a revenu moyen constant, toute redistribution
des revenu en direction des pauvres produit d'effets.
Par conséquent, la variation de la pauvreté peut
être décomposée en deux effets : une composante de
croissance relative au changement du revenu moyen, et une composante
d'inégalité due aux changements de l'inégalité. Les
niveaux de ces composantes fournissent la sensibilité relative de la
réduction de la pauvreté due la croissance et à
l'inégalité.
En somme, la solution à la pauvreté
réside dans la croissance du produit. Le plus souvent, les
caractéristiques de la pauvreté se retrouvent d'une
catégorie à une autre :
Insatisfaction des besoins essentiels, peu de recours aux
services publics quels qu'ils soient (eau, électricité,
santé, éducation, etc.), analphabétisme empêchant la
progression sociale et le changement de la situation, etc. il peut alors
apparaître difficile, devant une telle complexité, de proposer une
réponse unique de politique économique et sociale qui
prétendrait résoudre tous les problèmes à la fois.
Cependant, dans la mesure où la valeur du produit intérieur brut
(PIB) par tête semble l'un des déterminants principaux de la
pauvreté, on en arrive très vite à établir des
liens entre la croissance et la réduction de la pauvreté.
Section III : Réduction de la
pauvreté
Selon le DSRP(2003), Afin de formuler une stratégie
efficace de réduction de la pauvreté, les autorités
camerounaises ont mené deux séries importantes de travaux
complémentaires, qui ont permis d'évaluer l'ampleur de la
pauvreté et d'en identifier les caractéristiques ainsi que les
déterminants. En premier lieu, des analyses quantitatives
fouillées ont été faites à partir des
résultats des deux grandes Enquêtes Camerounaises Auprès
des Ménages (ECAM I, 1996, et ECAM II, 2001). Cette approche
quantitative a été complétée par une
évaluation qualitative de la pauvreté et de ses
déterminants, qui repose sur une série de consultations
participatives auprès des populations menées sur l'ensemble du
territoire national.
I-L'analyse quantitative de la réduction de la
pauvreté au Cameroun
Elle révèle notamment que : Le taux de
pauvreté monétaire au Cameroun demeure encore élevé
à 40,2% de la population en 2001. Bien qu'en régression
significative de 13,1 points par rapport au niveau de 1996, la pauvreté
au Cameroun varie considérablement selon les régions, passant du
simple au double entre des zones urbaines où l'incidence est de 22% en
moyenne et des zones rurales où elle atteint 50%; La pauvreté
touche particulièrement les « exploitants agricoles » (57%),
les « dépendants agricoles informels » (54%) et ceux du
secteur informel et les sans-emplois en zones urbaines (40%). Les
résultats mettent aussi en exergue l'importance de l'éducation et
des services l'infrastructure. Un pauvre sur deux vit dans un ménage
où le chef est sans instruction primaire et l'accès aux services
sociaux de base (éducation, santé, eau, routes) est plus
difficile pour les pauvres comparativement aux non pauvres.
II- L'analyse de la dynamique de la réduction
de la pauvreté
L'analyse de la dynamique de la pauvreté indique que
les gains en termes de réduction de l'incidence de la pauvreté
entre 1996 et 2001 (13,1 points) sont plus le fait de la croissance (11,8
points) que celui de la redistribution (1,8 points). Enfin, l'analyse
quantitative des déterminants confirme l'importance de la zone agro
économique, de l'occupation professionnelle, de l'éducation, de
la disponibilité et de l'accès aux services d'infrastructure dans
la dynamique de la pauvreté.
Les principaux résultats de l'analyse quantitative
sont confortés par les informations tirées des consultations
participatives que les autorités ont mené auprès des
populations. En particulier, les populations camerounaises perçoivent
bien la pauvreté d'abord comme un état de dénuement
matériel caractérisé notamment par : L'insuffisance de
ressources pour satisfaire des besoins essentiels ; L'indisponibilité
des services d'infrastructure ou une grande difficulté d'accès
à ceux-ci, principalement l'eau, les routes, l'énergie
électrique, et aux services sociaux, notamment la santé et
l'éducation. Les populations perçoivent aussi la condition de
pauvreté comme conséquence d'un « dysfonctionnement social
», notamment la dépravation des moeurs, la perte de respect de soi,
de solidarité familiale, les préjugés et attitudes
discriminatoires à l'encontre de certains groupes ethniques ou sociaux.
Enfin, elles associent bien la condition de pauvreté à
l'insécurité, au manque de protection contre les abus, à
l'absence de droits et à l'inaccessibilité aux services
légaux. Les consultations participatives ont aussi permis de recenser
les recommandations des populations concernant les axes stratégiques de
lutte contre la pauvreté. Les populations ont mis l'accent sur
l'importance d'améliorer leurs capacités à
générer des activités économiques afin de se «
prendre en
Charge », d'appuyer les filières agricoles de
production et de faciliter l'insertion des jeunes et des pauvres dans le
circuit économique par des actions ciblées. Elles ont aussi
relevé la nécessité de résoudre les
problèmes d'accès à l'eau, en particulier dans la
région Nord et de l'Extrême -Nord du pays, de développer
les routes pour désenclaver les régions et faciliter la
participation des pauvres aux activités marchandes. Les populations ont
recommandé que les autorités accordent une plus grande attention
et engagent plus de ressources pour améliorer l'éducation et
combattre les maladies contagieuses, en particulier la pandémie du
VIH/SIDA et le paludisme qui compte pour l'essentiel de la morbidité et
de la mortalité au Cameroun.
En somme, le concept de la pauvreté peut être
définit comme une insuffisance de ressources matérielles et
financières, telles la nourriture, l'accès à l'eau
potable, les vêtements, le logement, et des conditions de vie en
général, mais également de ressources humaines intangibles
comme l'accès à l'éducation, l'exercice d'une
activité valorisante, le respect reçu des autres citoyens. En
fait, dans ce chapitre il était question d'éclaircir la notion
de pauvreté et ses manifestations dans la société.
Cette notion de pauvreté peut ne pas être
influencée par la dette extérieure et la croissance
économique. Il sera question pour nous dans le prochain chapitre
d'analyser l'impact de la dette extérieure sur la croissance
économique et sur la réduction de la pauvreté.
L'histoire du développement des pays sous
développés nous renseigne que les pays pauvres dans leurs
majorité en générale et en particulier celle du Cameroun
ont connu l'alourdissement de leurs dettes extérieures dans le temps.
Ceci a eu pour conséquence l'affectation de leurs ressources de plus en
plus importantes au service de la dette or ces ressources leur aideraient
à renforcer la croissance économique et à réduire
significativement la pauvreté. Tout au long de ce chapitre il sera
question d'analyser d'abord l'impact de la dette extérieure sur la
croissance économique puis de la croissance économique sur la
réduction de la pauvreté.
SECTION I : impact de la dette sur la croissance
économique
Il sera question pour nous d'analyser l'eventuel lien entre la
dette extérieure et la croissance économique tant sur le plan
théorique qu'empirique.
I : Relation entre la dette extérieure et
la croissance économique
Pendant les décennies 80 et 90, les
pays pauvres de l'Afrique du sud du Sahara ont exhibé des
résultats économiques très frustrants, et insatisfaisants
car un bon nombre de pays ont présenté des scénarios de
croissance faible (voire de recul) du revenu per capita, de très fortes
inflations et des difficultés de balance des paiements. Bref, tous les
équilibres macroéconomiques fondamentaux étaient en
péril. Vers la fin de la dernière décennie, les
performances se sont améliorées et le revenu per capita a quand
même connu des progrès (bien que minimes). Cependant, certains
pays ont enregistré des performances économiques très
manifestes avec une croissance économique toujours à la hausse
depuis la fin des années 90 c'est-à-dire après le
lancement des programmes d`ajustements structurels par les institutions de
Bretton woods, Il est alors nécessaire d'étudier la relation
entre la dette extérieure et la croissance économique tant sur le
plan théorique qu'empirique :
I-Sur le plan théorique :
Il y a principalement deux courants qui s'affrontent sur la
théorie économique de l'endettement extérieure et la
croissance, à savoir les keynésiens et les
néoclassiques :
-Pour les keynésiens, l'endettement n'occasionne pas de
charges ni pour les générations futures ni pour des
générations actuelles du fait des investissements qu'il
génère. Dans cette approche, l'endettement entraînant la
relance de la demande provoque par l'effet accélérateur une
hausse plus proportionnelle de l'investissement, qui à son tour incite
une hausse de la production.
-Pour les classiques, ils considèrent l'endettement
comme un impôt futur et l'imputent à l'Etat. C'est une connotation
négative car selon eux, l'endettement public défavorise
l'accumulation du capital et la consommation des générations
présentes et futures.
Aussi, toutes les études théoriques sur le
rapport entre la dette extérieure et la croissance sont largement
centrées sur les effets négatifs du surendettement. La
théorie du surendettement (ou Debt overhang) suggère que
les emprunts extérieurs, au-delà d'un certain seuil, ont des
effets pervers sur la croissance économique. Cela signifie que les
emprunts supplémentaires vont décroître la
probabilité de rembourser. En outre, l'endettement est lié
à un déséquilibre. Suivant les cas, il s'agit du
déséquilibre épargne-investissement ; du
déficit budgétaire et du déficit de la balance
courante.
Le modèle à double déficit de Chenery et
Strout (1966), préconise que l'épargne externe conditionne le
développement économique si les déséquilibres
épargne-investissement et importation-exportation peuvent être
comblés. Sur le plan interne, il s'agit selon ces auteurs d'accumuler
l'épargne nécessaire pour financer l'investissement interne et
sur le plan externe, de trouver les ressources nécessaires pour financer
le déficit de la balance des paiements.
Dittus (1989) a mis en évidence une relation entre la
pression fiscale et le remboursement de la dette. Il dénote l'existence
des coûts associés à l'endettement entraînant une
croissance artificielle basée sur un investissement supérieure
à l'effort du pays déclanchant par la suite un ajustement par
l'inflation. Le modèle de Barro (1990) a attribué aux
dépenses publiques productives, comme les dépenses publiques en
capital d'infrastructure, un rôle moteur dans le processus de croissance
économique à long terme. Il a conclu que la dette ne constitue
pas une richesse pour la géné- ration actuelle et le fait de
substituer l'emprunt à l'impôt n'entraîne pas
nécessairement la croissance.
La dette extérieure a le potentiel de stimuler la
croissance économique à condition qu'elle serve à financer
des investissements. Cependant, lorsque le rendement du capital baisse, les
avantages nets de tout nouvel investissement pourraient diminuer à
mésure que la dette s'accroît. En outre, une lourde dette risque
de nuire à la croissance par l'effet de «surendettement».
Lorsqu'il y a surendettement, la dette d'un pays dépasse normalement sa
capacité de remboursement, et on peut s'attendre à ce que le
service de la dette soit une fonction croissante du niveau de sa production. En
conséquence, une partie du rendement des investissements dans
l'économie nationale sera «taxée» par les
créanciers étrangers. Les investissements des agents
intérieurs et étrangers -- et avec eux la croissance
économique sont ainsi découragés. Face à un
endettement élevé, l'Etat est moins enclin à
procéder à des réformes structurelles et
budgétaires importantes s'il s'attend à voir celles-ci
bénéficier surtout aux créanciers étrangers. Le
surendettement peut en outre freiner la croissance en renforçant
l'incertitude quant aux actions et politiques que le gouvernement mènera
pour assurer le service de la dette.
La théorie conduit donc à penser que l'emprunt
extérieur a un effet positif sur l'investissement et la croissance s'il
ne dépasse pas un certain seuil; au-delà de ce seuil, son effet
devient négatif, donnant lieu à une relation en forme de
«courbe de Laffer» entre la dette extérieure, d'une part, et
l'investissement et la croissance du revenu par habitant, d'autre part16(*). Le service de la dette
extérieure (par opposition à l'encours total de la dette) peut en
outre influer sur la croissance en évinçant les investissements
privés ou en modifiant la composition des dépenses publiques.
Toutes choses étant égales par ailleurs, un service plus lourd
peut accroître la facture des intérêts et le déficit
budgétaire de l'État et réduire ainsi l'épargne
publique ; cette évolution peut, à son tour, conduire soit
à une hausse des taux d'intérêt, soit à
l'éviction des investissements privés. Un tel service peut en
outre réduire le montant des ressources disponibles pour
l'infrastructure et la formation du capital humain, avec les effets
négatifs à en attendre sur la croissance.
II-Sur le plan empirique
Différents auteurs ont menés des études
sur ce plan, allant dans le sens du lien entre ladette et la croissance
économique parmi lesquels l'on peut citer celles de (Krugman,
1988) ; (Sachs 1989), Froot (1989) et de Calvo (1989) ont montré
que l'accumulation de la dette et son service constituent une taxe sur la
production future et découragent l'investissement par l'effet
d'éviction. Les travaux de B. Eichengreen et de R. Portes (1986) se sont
intéressés à l'identification des déterminants du
stock de la dette d'une trentaine de pays à un moment donné
(1955) de leur économie. En effet, l'endettement excessif et le
défaut de paiement tendent à réduire le taux de croissance
réelle et la crédibilité de l'Etat. Aussi, Claessens
(1990), Warner (1992) et surtout de Borensztein (1990) ont identifié le
service de la dette comme étant un déterminant qui influence
négativement l'endettement extérieur à travers des
modèles économétriques. Borensztein a conclu par une
étude économétrique sur les données de la dette des
Philippines l'encours et le ratio du service de la dette/exportations ont
globalement un effet inverse sur la formation du capital privé et
incitent l'endettement du pays.
Selon Benedict et al(2005) qui ont conclu qu'un
endettement elevé peut freiner la croissance économique dans les
pays à faible revenu, la dette ne pese sur la croissance qu'à
partir du moment où elle atteint un certain seuil, estimé
à 50 % du PIB environ pour la valeur nominale de la dette
extérieure (ou à 20-25 % du PIB pour sa valeur actuelle nette).
Ces resultats montrent que la reduction substantielle de la dette
extérieure escomptée pour les pays benéficiant de
l'initiative en faveur des PPTE aura pour effet d'ajouter directement 0,8-1,1
point à leurs taux de croissance du PIB par habitant. En fait, l'impact
positif de l'allègement de la dette se traduit peut-être
déjà par les taux de croissance plus favorables qu'ont
affiché ces pays ces dernieres années, contrairement aux
résultats médiocres obtenus dans les années 90. (La
croissance annuelle du PIB a été en moyenne de 1,2 % en 2000-02,
contre 0,2 % durant les années 90).
De ce qui précède, l'on constate que le service
d'une dette extérieure très importante ralentit la croissance
économique. Au dela d'un certain seuil.
SECTION II : IMPACT DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE
SUR LA REDUCTION DE LA PAUVRETE
Le débat qui s'intéresse au rôle de la
croissance économique sur la réduction de la pauvreté
reste aussi bien théoriquement qu'empiriquement source de discussions.
Dans cette section on va essayer de présenter les principaux courants
qui ont traité la relation entre la croissance économique et la
pauvreté. La question que l'on se pose est celle de savoir si la
croissance économique est bénéfique pour la
réduction de la pauvreté.
I-Analyse théorique de la relation entre
croissance et réduction de la pauvreté
Dans le but d'évaluer plus précisément
l'impact de la croissance économique sur les couches de la population
les plus défavorisées, Charles-L. GRIFFONI(2005), utilisent un
indice de croissance pro pauvre (pro-poor growth index) et
l'appliquent à l'économie marocaine sur la période
1985-1999. De par sa construction, cet indice permet de comparer la
réduction de la pauvreté observée suite à une
augmentation du PIB avec la diminution de la pauvreté que l'on aurait
observée si les gains de la croissance avaient été
équitablement répartis. En d'autres termes, on quantifie et on
compare les contributions de la croissance (facteur revenu) et de la
redistribution des richesses (facteur inégalités) à la
variation de la pauvreté. Ils ont tiré des conclusions selon
lesquels, Le cas marocain fait apparaître que, durant la période
étudiée, la croissance économique s'est
accompagnée, en milieu urbain, d'une diminution des
inégalités ayant contribué à améliorer les
résultats entermes de réduction de la pauvreté
Le deuxième article symbolique qui vise à
réaffirmer le caractère ou bien le rôle central de la
croissance économique dans les politiques de réduction de la
pauvreté est celui de Dollar et Kraay (2000) « Growth Is Good For
The Poor ». En utilisant les donnés de Deininger et Squire (1996),
Dollar et Kraay (2000), à partir d'un panel de 80 pays et des
données couvrant 4 décennies qui correspondent à 236
épisodes analysent la relation entre l'évolution du revenu du
quintile le plus pauvre de la population et l'évolution du PIB par
tête. Ces auteurs dégagent une élasticité17(*) du revenu moyen des 20% des
individus les plus pauvres de la population par rapport au revenu moyen
égale à une unité. Cette élasticité donne
une idée de la contribution de la croissance à la
pauvreté. Les résultats montrent bien que la croissance pourrait
bien réduire la pauvreté absolue. Ils mettent l'évidence
que la croissance est bénéfique pour les pauvres et que les
politiques de promotion de la croissance sont aussi bonnes pour les pauvres que
pour l'ensemble de l'économie.
II- L'analyse empirique de la relation entre la
croissance et la réduction de la pauvreté
L'analyse empirique de Dollar et Kraay (2000) de la relation
entre le revenu des pauvres et la croissance économique est
généralement de 1 à 1. Autrement dit, il s'agit du taux de
variation de pauvreté lorsque la croissance augmente de 1% ou de 10%
l'élasticité du revenu des pauvres par rapport à
l'évolution du PIB par tête montre que lorsque le PIB par
tête augmente de 10%, le revenu des pauvres augmente aussi de la
même proportion c'est-à-dire de 10%.
De même, Dollar et Kraay (2000) étudient la
relation entre la croissance du revenu des pauvres et la croissance
économique durant des périodes de crise économique.
L'idée de base est que les crises sont généralement
mauvaises pour les pauvres. Ils divisent l'échantillon entre des
périodes de crise et des périodes d'expansion. La relation
estimée entre le revenu des pauvres et le revenu moyen est de 1.08 pour
les périodes de crise et 1.09 pour les périodes de croissance
normale.
Contrairement aux idées reçues, Dollar et Kraay
(2000) montrent que les pauvres ne sont pas plus touchés que le reste de
la population lors des récessions économiques et il n'y a pas
l'évidence que les crises affectent le revenu des pauvres d'une
manière disproportionnée. De même, ils montrent que l'effet
de la croissance sur le revenu des pauvres est le même dans les pays
pauvres que dans les pays riches et que la croissance déclenchée
par des politiques est aussi bénéfique aux pauvres qu'à
l'économie en général.
On peut conclure que la croissance économique constitue
une puissante force de réduction permanente de la pauvreté. Kraay
(2006) décompose18(*) les changements de la pauvreté en trois
sources potentielles de la croissance pro-pauvre :
Pourcentage d'évolution de la pauvreté=
Croissance en moyenne × Sensibilité de la pauvreté à
la croissance + Evolution des revenus relatifs
Les deux premières sources représentent la part
de l'évolution de la pauvreté suite au changement proportionnel
du revenu, la distribution du revenu relatif étant inchangée. La
dernière source représente la part de l'évolution de la
pauvreté suite à une modification du revenu relatif. Il
dégage une pente égale à 0.97 qui constitue la part de la
variation des changements de la pauvreté à la composante
croissance. Cette pente montre que la variation de l'évolution de la
pauvreté est due à la seule composante croissance de modification
de la pauvreté et non pas à des changements du revenu relatif
c'est-à-dire que la pauvreté n'a pas diminué suite
à une diminution de l'inégalité des revenus.
Deininger et Squire (1996) avaient examiné l'effet de
la croissance économique sur la pauvreté en utilisant le revenu
des deux premiers quintiles pauvres de la population, ils avaient
remarqué que la croissance économique était fortement
corrélée avec les variations du revenu des deux premiers
quintiles pauvres de la population de sorte que l'évolution du revenu
respectif au premier quintile suivait l'évolution de la croissance dans
85% des 95 cas.
Roemer et Guerty (1997) estiment que
l'élasticité du revenu des 40% les plus pauvres par rapport
à la croissance du PIB est de 1 et celle des 20% les plus pauvres est de
0.92. De même, ils observent que sur 39 intervalles
considérés dont la croissance du PIB a été
supérieure à 2% le revenu des pauvres a uniquement baissé
dans 6 cas.
En se basant sur les consommations moyennes issues
d'enquêtes auprès des ménages, Ravallion et Chen
(1996)19(*), montrent que
l'élasticité de l'incidence de la pauvreté à la
consommation moyenne varie entre -0.53 et -3.12 pour différents seuils
de pauvreté. Cela signifie que pour un accroissement d'un point de 8
pourcentages de la consommation moyenne, la proportion de la population vivante
dans la pauvreté diminuera entre 0.53 et 3.12 points de pourcentage.
Adams (2003) fait une contribution importante à la
littérature en réalisant une étude en coupe transversale
pour évaluer la relation entre la mesure de pauvreté et le revenu
moyen. Il a régressé le taux de pauvreté contre le taux de
croissance du revenu moyen. Les résultats empiriques montrent
également qu'une augmentation de la croissance du revenu moyen peut
être associée avec une réduction de la pauvreté.
Comme le revenu moyen augmente, la pauvreté apparaît diminuer.
Dans une étude menée sur la Chine, Meng, Gregory
et Wang (2005) ont examiné la relation qui existe entre la croissance du
revenu moyen et la proportion de la population en dessous du seuil de
pauvreté en utilisant les données de Panel à effet fixe
sur 29 provinces. Ils ont trouvé une relation négative entre le
logarithme du revenu moyen et le logarithme du taux de pauvreté. Les
résultats de régression montrent qu'une augmentation de 10 points
de pourcentage du revenu permet la réduction de la pauvreté de
26.1%.
De l'analyse qui se dégage ci -dessus l'on peut
confirmer l'hypothèse selon laquelle :
Une forte croissance économique favorise la
réduction de la pauvreté
En somme, la majorité d'études semble s'appuyer
largement sur la thèse de l'existence d'une relation positive entre la
croissance économique et la réduction de la pauvreté.
D'autres études ignorent que la croissance à
elle seule ne suffit pas à combattre la pauvreté. La
présence des inégalités présente une contrainte
pour réduire la pauvreté. Elles considèrent qu'une
inégalité élevée est souvent associée avec
une réduction moins rapide de la pauvreté et qu'une
inégalité faible contribue à une réduction aussi
importante de la pauvreté.
Néanmoins, la réduction de la pauvreté
constitue le principal objectif de développement. Puisque les
inégalités semblent constituées un maillon
déterminant de la lutte contre la pauvreté, la mise en place de
politiques de réduction des inégalités semblent
nécessaires. De telles politiques, ont généralement pour
effet de renforcer la baisse de la pauvreté sur le long terme. On peut
conclure qu'une réduction rapide de la pauvreté monétaire
passe essentielle- ment par une croissance économique forte et une
réduction importante des inégalités au lendemain de
l'IPPTE en général et au Cameroun en particulier.
Conclusion generale
En somme, Le fardeau de la dette écrase l'Afrique
subsaharienne qui affiche une ardoise de 210 milliards de dollars bien qu'elle
ait remboursé 91 % de la somme empruntée. La part des
dépenses consacrée à la réduction de la
pauvreté reste faible par rapport aux recettes budgétaires et au
PIB. Le ratio dette extérieure sur exportations tourne en moyenne aux
alentours de 250 % entre 1990 et 2003. Les efforts fournis par les services des
régies financières pour l'augmentation des recettes
budgétaires servent tout simplement à payer la dette alors que le
pays est confronté à une déficience des infrastructures de
base, or ces ressources leur permettraient également de réduire
la pauvrété. Ce qui fragilise davantage les économies des
pays sous developpés.
Cette fragilité des économies de la plupart des
pays pauvres et leur très faible capacité de remboursement sont
manifestes. Le ralentissement du processus économique, l'endettement
excessif et les incertitudes des systèmes politiques constituent en
grande partie les éléments du nouveau cheminement du
développement qui paraît long mais possible à atteindre
avec le temps. Au terme de ce travail l'on constate donc que : la dette
extérieure lourde influence negativement la croissance économique
dans les PPTE et compromet la réduction de la pauvrété.
L'initiative PPTE quant à elle permet de réduire
significativement la dette extérieure, qui libère les ressources
financières dans le cadre de la lutte contre la pauvrété
et stimule la croissance dans les pays en voie de developpement.
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* 2 _ FMI.
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3 Source : BEAC. Secrétariat Exécutif
de la CEMAC. Comité de convergence de la zone franc, BEAC, Avril
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4 Source : Rapport mondial sur le développement
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* 3 _ Fambom, S. Endettement du
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50 P, p.2 cité par Mounira M. (2005), « IPPTE : cas
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Montréal.
* 4 _ Il s'agit du taux de
variation de pauvreté lorsque la croissance augmente de 1% ou de 10%
* 5 _
Borensztein E. (1990), Barro R.J. et X. Sala-I-Martin,
(1996), « La croissance économique »,
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Dedehouanou G. M. A. (2009) « effets de la
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Troisième Cycle Interuniversitaire en Economie Première promotion
du Master recherche en Economie
* 6 _ Youmbi, Pierre Alain
(2006) DEA Economie Monétaire et bancaire opt citation p24 cité
par Dedehouanou G. Modeste Arnaud(2009) Effet de la dette sur la croissance
économique au Benin.
* 7 _
http://www.statistiques-mondiales.com/cameroun.htm
* 8 _
https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/cm.html
* 9 _
https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/cm.html
* 10 _
http://www.etudiants.ch/upload/documents/book/etufile_132_les_theories_de_croissance.pdf
* 11 _
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/revues-collections/problemes-
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* 12 _
http://www.vcharite.univ-mrs.fr/pp/yildi/croissance/croissanceweb/node31.html
* 13 _
Human
development report 2007/2008 , PNUD, page 229-242
* 14 _
Human
development report 2007/2008 , PNUD, page 240-241
* 15 _
De
Récentes Estimations Indiquent Que 1,4 Milliard De Personnes Vivent Avec
Moins De 1,25 Dollar Par Jour, Mais Les Acquis De La Lutte Contre La
Pauvreté Restent Positifs , communiqué de presse
n° :2009/065/DEC de la Banque mondiale, Washington,
26
août
2008
* 16 _ «Dette
extérieure et croissance», F&D, juin 2002, page 32
* 17 _ Il s'agit du taux de
variation de pauvreté lorsque la croissance augmente de 1% ou de 10%
* 18 _ Kraay (2006)
décompose les variations de la pauvreté en utilisant la
méthode de Datt et Ravallion (1992)
* 19 _ Ravallion et Chen
(1996), dans « what Can New Survey Data Tell us about recent changes in
distribution and poverty .»