2.2.1.2.2. Le 2e cycle post-nappe :
Le 2eme cycle miocène post-nappe
(MIII), nommé Messinien pour plus de commodité, est
indépendant des formations du cycle qu'il transgresse. Tout comme les
dépôts marins du 1er cycle, il est
précédé d'une phase d'érosion active
accompagnée de l'accumulation de séries continentales. La
transgression n'envahit que très progressivement le versant sud du
Djebel Murdjadjo ainsi que le versant Nord des Monts du Tessala, tandis que de
fortes épaisseurs de sédiments s'accumulent dans la zone
subsidente de la Grande Sebkha d'Oran. Un volcanisme acide important lié
aux mouvements épirogéniques (volcan de Tifarouine) accompagne ou
précède le début de la transgression.
a/- Le niveau de
base (sériedétritique-grès de base):
Le deuxième cycle post-nappe débute
généralement dans le bassin de Cheliff par une importante
série gréso-sableuse. Au fond du bassin de la Sebkha, cette
série doit être assez importante. Dans les Monts du Tessala, ces
niveaux détritiques de base deviennent lenticulaires et moins
épais. Ils sont discordants sur les couches rouges ou sur le substratum
(allochtone), mais en maints endroits, ce sont les marnes bleues qui reposent
sur ces dernières formations. (fig.8)
Figure 35 : coupe géologique du secteur
Arbal-Tamazourah (M.l. Hassani, 1987)
Dans les massifs littoraux, le deuxième cycle est
généralement transgressif sur les terrains secondaires, au nord
par l'intermédiaire de conglomérats constitués
d'éléments de quartzites et de schistes. Au sud (Ferme de
Terziza), se développe un véritable niveau transgressif
constitué des grés Clypéastres. Ce sont des grés
sableux parfois à ciment calcaire à nombreux
éléments empruntés au substratum.
Figure 36 : coupe géologique du versant
sud-est du Djebel Murdjadjo (J. Delfaud, J. Revert 1974)
Les sondages effectués par la S.N. Repal (1957), sur le
plateau de Bou Fatis, ont retrouvé cette série sous les traits de
passées de grés fins friable à stratification
entrecroisée, entrecoupée de marnes glauconieuses au sondage Da1
où son épaisseur atteint 260m dont 160m de sable net. Cette
formation est surmontée par les marnes bleues.
Plus à l'Ouest en direction de la sebkha, au forage
Dbl, la série gréseuse disparaît et on passe directement
à la série des marnes bleues ; il y a continuité de
sédimentation entre les deux cycles (M.I. Hassani, 1987). Notons
qu'à l'extrémité ouest du bassin, le forage n°
170 a atteint une formation de grés micacés avant d'être
arrêté, cette formation qui nous rappelle le olcan de Tifarouin,
peut présenter le niveau détritique de base du 2ene
cycle post-nappe. Malheureusement cet ouvrage n'est pas assez profond pour
pouvoir affirmer s'il s'agit d'une formation de grés bien
développée comme dans le plateau de Boufatis, ou bien un niveau
de cinérites repère de l'activité volcanique qui
accompagne ou précède le 2wie cycle post-nappe.
Dans la bordure sud du Murdjadjo, on remarque sur la coupe du
forage n°185 que des grés succèdent directement aux
formations du substratum (les schistes), l'épaisseur de cette formation
est de l'ordre de six mètres et se trouve à une profondeur de
205m. Plus au nord dans le forage n°183, ces formations n'apparaissent
pas, laissant leur place aux argiles, (Fig.6).
b/ Les formations médianes (formation marine):
Ces formations succèdent au niveau détritique de
base sous forme de marnes bleues, dans le bassin de Cheliff-Sebkha. Dans les
Tessala, les formations médianes diminuent sensiblement
d'épaisseur, alors qu'au niveau des Murdjadjo, les marnes bleues
reposent en biseau. A Touest de la sebkhà, le faciès des marnes
bleues ne se retrouve plus au-delà d'une ligne Ain El Arbaa-Targa,
Ces formations succèdent au niveau détritique de
base sous forme de marnes bleues, dans le bassin du Cheliff-Sebkha. Au Nord de
la sebkha, cette formation a été recoupée par les forages
: n°170 et n°185. Sur le forage n°170, situé à
l'Ouest du bassin, les marnes avec les argiles ont une épaisseur de 320
m, alors que de l'autre côté à l'est, au forage Dbl les
marnes bleues constituent une formation bien développée de 660 m
d'épaisseur. En se rapprochant des reliefs les marnes bleues diminuent
d'épaisseur comme on peut le remarquer dans le forage n°185
où l'épaisseur passe à 13 m. Au Nord de l'ouvrage
n°185, il y a le forage de Sidi Salem n°183, qui n'a pas
recoupé de marnes bleues, mais 84 m d'argiles vertes, qui
succèdent aux schistes du secondaire.
Dans le versant sud de Djebel Murdjadjo, les marnes bleues
reposent en biseaux. (fig.9). Elles affleurent au fond de l'oued Hammadi et
l'oued Misserghin.
c/Les formations évaporitiques
(terminales) :
La transgression du deuxième cycle se termine dans le
Bassin de la Grande Sebkha d'Oran par le dépôt de tripolis au fond
du bassin, alors que dans les massifs, il y a passage latéral à
des formations de bordure ; c'est le faciès des calcaires à
algues.
Dans le djebel Murdjadjo et dans sa bordure sud, affleurent
des formations de marno-calcaires blancs à tripoli, très riches
en poissons fossiles. La proportion des faunes pélagiques dans les
gisements croît avec la distance de ces gisements du horst (Arambourg,
1927). Selon Y. Gourinard, ces formations passent latéralement à
des niveaux de péricifaux puis récifaux de plus en plus vers le
Nord. Cette évidence, selon son auteur, est due à la
présence d'un niveau à concentration d'oxyde de manganèse
inclut dans les calcaires, parallèle à leur pendage vers la
culmination des horsts, et qui pénètre dans une zone de
marno-calcaire à tripolis vers le sud.
Entre Arbal et Tamazourah quelques petits lits de tripolis
entrecoupés de marnes blanches demeurent intercalés dans les
calcaires massifs récifaux. Au-delà de cette zone, vers l'ouest,
on ne semble plus retrouver de marnes à tripolis complètement
relayées par les calcaires récifaux, (Hassani, 1987).
Les forages n°185 et n°183, qui se situent presque
sur la même ligne (N-S), ont recoupé toute la couche des
marno-calcaires. L'épaisseur de cette formation passe de 31 m dans le
forage n°183 au Nord, à 72 m dans le n°185 au Sud, sur une
distance de 1046 m séparant les deux ouvrages (fig.6). Dans le reste des
forages recoupant cette formation, on remarque d'une façon
générale que cette dernière est sous-jacente aux calcaires
récifaux, saut au forage n° 186 où les marno-calcaires se
trouvent au-dessus des calcaires miocènes, mais vu la profondeur de cet
ouvrage, et en se référant au forage n°185- non loin du
n°186-qui coupe aussi des marno-calcaires au-dessus des calcaires, on ne
peut pas considérer cette disposition des marno-calcaires comme
étant exceptionnelle.
d/Les calcaires marneux et récifaux
(formation de calcaire sommitaux):
Dans le Murdjadjo, une formation de calcaires durs à
algues, relais ou repose sur les marno-calcaires, formant ainsi une carapace
puissante d'une centaine de mètres, bien développée en
affleurement depuis la pointe Nord-Est jusqu'à la hauteur de
Boutlélis, avec un léger pendage (voisin de 10°) vers la
sebkha. Ces calcaires de couleur blanche ou crème, parfois avec des
mouchetures de manganèse, sont diaclasés, fissurés et
extrêmement karstiques ; on y rencontre même des grottes mais sans
grandes extensions. A F ouest de Boutlélis, le faciès devient
marneux et crayeux avec des lentilles de gypse. Au sud, en allant vers la
sebkha, les calcaires plongent sous les alluvions plio-quaternaires.
Les premières attributions stratigraphiques de la
formation des calcaires à algues remontent à GOURINARD (1958) qui
rapporte les calcaires de la platrière de Gambetta au Pliocène
sans argument paléontologique mais les études récentes
SAINT MARTIN (1987) attribuent ces calcaires dans le bassin du Chelif au
Messinien (Miocène supérieur).
Figure 37 : coupe
géologique « Gambetta »
Dans les Tessalas, des récifs reposent sur des hauts
fonds parfois directement sur le substratum allochtone; ils sont formés
de calcaires biodétritiques associés à des calcaires
à lithothamniées. Entre Tafaraoui et Tamzourah, ils sont
précédés par des bancs de grés calcareux jaunes
puis par des grés marneux et des marnes jaunes à silex. Ces
faciès ont été datés du Tortonien par Doumergue. A
Tamzourah, les calcaires à algues reposent directement sur le substratum
allochtone. Plus à l'Ouest, les niveaux calcaires passent à des
formations gréso-calcaires et gréseuses.
Dans le Nord de la Grande Sebkha d'Oran 22 forages,
résumés dans le tableau l, ont recoupé la formation des
calcaires miocènes :
Forage n°
|
35
|
166
|
171
|
172
|
173
|
174
|
175
|
177
|
178
|
179
|
180
|
Profondeur du toit de
la formation (m)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
89
|
73
|
5
|
40
|
0
|
8
|
91
|
2
|
.68
|
2
|
1
|
Prof, du mur de la
formation captée (m)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
168
|
88
|
56
|
90
|
50
|
110
|
116
|
65
|
105
|
125
|
153
|
Puissance de la
formation (m)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
79
|
=15
|
=51
|
=50
|
=50
|
102
|
25
|
=63
|
=37
|
123*
|
152
|
*: y compris 20 m de marnes vertes, intercalées dans
les calcaires miocènes.
Forage n°
|
181
|
182
|
183
|
184
|
185
|
187
|
188
|
189
|
190
|
207
|
254
|
Profondeur du toit de
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
la formation (m)
|
19
|
16
|
15
|
67
|
95
|
85
|
5
|
23
|
7
|
2
|
1
|
Prof, du mur de la
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
formation captée (m)
|
55
|
19
|
65
|
100
|
120
|
145
|
69
|
97
|
130
|
80
|
80
|
Puissance de la
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
formation (m)
|
36
|
3
|
50
|
=33
|
25
|
60
|
64
|
74
|
=123
|
78
|
79
|
Tableau. 15 : Forages recoupant les calcaires dans
le sud du Murdjadjo
Dans la zone Boutlélis-Misserghin, sur la ligne reliant
les forages n°: 173-180-254, les calcaires affleurent en surface ce qui
est dû à leur proximité des massifs. Au-delà de
cette ligne, vers le sud, les calcaires plongent sous les alluvions
plio-quaternaires. Plus on se rapproche de la sebkha, plus est importante la
profondeur du toit de la formation, une augmentation qui s'accompagne d'une
diminution de l'épaisseur des calcaires.
Comme on peut le voir sur le forage n°175, où
l'épaisseur des calcaires est de 25m, alors qu'en amont, sur une
distance de 950m, elle dépasse les 100m dans le forage n°174. Au
sud du Murdjadjo, on constate que c'est dans la région de
Brédéah où se développent le plus, la formation des
calcaires
Figure 38 : évolution des calcaires du nord
et au sud dans la région de Brédéah (Laboratoire de
Géologie appliquée, 2003)
En 1975 B.Sourisseau, dans le cadre de réhabilitation
des ressources locales en eau souterraine et de l'étude
hydrogéologique du massif Murdjadjo, fournit que les niveaux de
calcaires, qui est probable disparaissent en profondeur, car ils n'ont pu se
déposer que sur le haut fond mésozoïque.
Dans la Plaine de la M'lèta, douze forages ont
recoupé cette formation, comme il est détaillé sur le
tableau 2 ;
forage N°
|
9
|
10
|
160
|
161
|
196
|
198
|
199
|
203
|
200
|
201
|
202
|
238
|
de la formation (m)
|
360
|
377
|
280
|
373
|
332
|
49
|
190
|
262
|
236
|
186
|
186
|
186
|
Prof, du mur de la formation captée (m)
|
435
|
416
|
295
|
389
|
403
|
120
|
289
|
298
|
348
|
320
|
320
|
273
|
Puissance de la formation (m)
|
75
|
39
|
15
|
16
|
71
|
=71
|
=99
|
=36
|
=112
|
134
|
134
|
=87
|
Tableau. 16 : Forages recoupant les calcaires dans
la plaine de la Mlèta
D'une façon générale, l'épaisseur
des calcaires augmente du Nord au Sud, vers les reliefs. Dans le forage de
Tafaraoui (n°198), l'épaisseur des calcaires dépasse 70
mètres, alors qu'au Sud, dans le forage de M'léta 2 (n°161),
les calcaires dépassent guère la hauteur de 15 m. La
majorité des forages qui recoupent les calcaires, se trouvent dans la
région de Tafaraoui. En allant vers l'Ouest, au-delà de la
longitude X=717 ; aucun forage n'a capté cette formation. A l'exemple du
forage d'El Khemis (n°224), où on n'a pas constaté la
présence des calcaires malgré la profondeur de cet ouvrage (450
m). Notons, qu'au forage n°203, les calcaires ont été
atteints à la cote -153m (par rapport au niveau de la mer), alors
qu'à moins d'un kilomètre vers l'ouest de cet ouvrage, les
calcaires se trouvent à la cote -79m au n°202, soit une
dénivelée de 74m du toit de la formation, sur une distance de
630m. La profondeur du forage n°203 ne nous permet pas d'aller plus loin
dans notre commentaire car nous ne connaissons pas l'épaisseur des
calcaires dans cet ouvrage, néanmoins on peut dire qu'au nord des
Tessala, en s'éloignant de Tafaroui vers l'Ouest les calcaires diminuent
progressivement d'épaisseur.
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