2.3.2. Eaux
L'analyse des échantillons d'eau recueillis dans les
six puits a permis de conclure que : Le NaCl s'y trouve en excès,
formant plus du 1/5 du poids total de l'eau. Il y a en outre des
quantités notables de chlorure de potassium, de calcium et de sulfates
de magnésie. Ces eaux paraissent aussi avoir absorbé toute la
potasse et presque toute la magnésie du terrain.
Si ces eaux sont abondantes, leur exploitation industrielle
pour le NaCl et sulfate de soude fournirait sans doute, la meilleure
utilisation du lac. Malheureusement, elles ne sont pas abondantes puisque ces
puits ont mis beaucoup de temps à se remplir.
2.4. Analyses effectuées par Tardy (1911)
Le sel de surface se dépose en grande quantité
dans la nappe d'eau qui persiste dans le milieu et à l'est du lac,
malgré les fortes chaleurs de l'été. Le poids
spécifique de ce sel dépend surtout de l'épaisseur de la
couche d'eau sous laquelle il se dépose.
En effet, pour une couche de quelques centimètres de 1
à 3mm d'épaisseur, le sel cristallise en petits cristaux cubiques
de sel accolés les uns aux autres, de couleur grise.
Par contre, pour une couche d'eau assez épaisse, le sel
cristallisant est plus compacte que le précédent. Il est
très blanc.
Pas de sources dans le fond du lac
En été, la Sebkha est complètement
à sec, et ne possède aucune source. En hiver, les parties qui
sont couvertes d'eau, sont tapissées d'une couche continue de sel. Or,
s'il y avait des sources jaillissantes d'eau, il n'y aurait pas de
cristallisation de sel.
Alimentation du lac
Le lac de la Sebkha, est alimenté tout au long de ses
bords par les infiltrations salines provenant du pied des plaines qui
1'entourent. Ces infiltrations sont abondantes en hiver, et diminuent
progressivement en été. Ce sont elles qui apportent le sel au
lac. Le sel cristallise sur le lac. Les pluies d'hiver dissolvent et
entraînent ce sel.
Les infiltrations salines dont la température est
presque la même que celle de l'air ambiant, proviennent des eaux
pluviales qui tombent dans le bassin hydrographique du lac,
pénètrent dans les couches superficielles du terrain, dissolvent
les sels contenus dans ces couches et réapparaissent au pied des plaines
sur lesquelles étaient tombées, d'où l'existence d'une
couche de sel dans ces plaines.
Pour calculer la quantité du sel apportée
annuellement par les eaux d'infiltration, il faudrait connaître, leur
composition moyenne et leur volume total. La composition moyenne, sera
indiquée par les analyses suivantes de plusieurs eaux d'infiltration
recueillies en différents points du périmètre du lac.
Teneur de sel (g/l)
|
eau d'infiltration
|
eau du lac
|
Chlorure de sodium
|
1
|
1
|
Magnésium et calcium
|
0,195
|
0,062
|
Sulfate de magnésie et de chaux
|
0,105
|
0,029
|
Carbonate de magnésie de chaux et de fer
|
0,023
|
/
|
Tableau. 21 : Comparaison entre la qualité
de l'eau d'infiltration et de l'eau du lac
Cette grande différence dans la composition de ces deux
espèces d'eau fait conc1ure que :
-Si tout le sel accumulé dans le lac, a
été apporté par les eaux d'infiltration celles-ci
n'avaient pas dans les temps anciens, la même composition qu'aujourd'hui,
et qu'e11es étaient a1ors riche en sel marin.
-Si la composition moyenne des infiltrations a
été constante, alors le sel du lac doit provenir de trois sources
différentes :
- Des infiltrations annuelles dont l'existence est
incontestable.
- De l'apport des eaux de pluie.
- Des dépôts de brouillard.
En 1878, le service des mines, a supposé que le lac est
alimenté en sel par remontée capillaire des eaux d'une nappe
salée, située à 4 m de profondeur. Tardy, élimina
complément cette hypothèse. Pour lui, le sel contenu dans les
eaux du lac, provient de sa dissolution au lavage des roches, tertiaires
salées, quartzites ou calcaires qu'e11es ont traversé.
Ce caractère salé de ces terrains et de ces
roches pouvait résulter de leurs dépôts antérieurs
lorsqu'ils étaient au fond des mers, et des
dépôts apportés par les brouillards qui proviennent de la
mer et du lac même, et même l'eau de pluie peut amener
35cen -millième de chlorure de sodium.
Pour compléter cette étude chimique, Tardy a
procédé à 1'analyse des eaux de plusieurs puits
artésiens creusés en différents points de la région
du bassin versant du lac dont voici quelques uns :
-Commune d'Es Sénia : analyse des eaux de puits,
dont 7 renfermaient des eaux salées et 2 de 1'eau buvable.
-Commune de Valmy : un seul puits dont les eaux, sont
salées.
-commune de Tlélat : analyse des eaux de 3 puits, un
renfermait de 1'eau douce et 1es deux autres 1égérement
sa1ées.
- Commune de St Maur : analyse des eaux de quatre puits,
trois renfermaient de l'eau douce et le quatrième
légèrement salée, aussi les considérations à
retenir de ces puits sont les suivantes :
· L'eau douce se rencontre avec les eaux saumâtres
en profondeur.
· L'analyse des eaux saumâtres des divers puits des
plaines a permis de conc1ure que toutes ces eaux renferment des ch1orures, des
sulfates et des carbonates. La quantité des sels varie 1,14g à
8,91g par kg d'eau.
Les eaux de ces puits ont été recueillies en
été, c'est-à-dire vers le milieu de la saison sèche
et par conséquent presque à leur bas étiage et alors
qu'elles déposaient le plus de sel.
Éléments chimiques
|
Teneur (g/1)
|
Chlorure
|
0,742 à 2,965
|
Sulfate
|
0,099 à 5,796
|
Carbonnate
|
0,090 à 0,365
|
Chlorure de magnésium
|
0,468 à 0,647
|
Chlorure de calcium
|
0,027 à 0,0585 (proportions faibles)
|
Sulfate de calcium
|
0,21 à 2,046
|
Tableau. 22 : Résultats des analyses
chimiques
Enfin, Tardy conclut donc que ces eaux sont très
chargées en substances salines et sont peu utilisables dans
l'économie domestique. De l'eau douce par contre, existe dans de
nombreux puits, situés dans les monts de Tessala et plus
précisément sur la pente de ces derniers.
|