|
|
REPUBLIQUE TOGOLAISE Travail - Liberté -
Patrie
|
|
UNIVERSITE DE LOME (U.L.)
|
|
Ecole Supérieure des Techniques Biologiques et
Alimentaires
(E.S.T.B.A.) N° d'ordre : / /GEE
|
MEMOIRE
Présenté en vue de l'obtention du
Diplôme Universitaire d'Ingénieur des
Travaux en Gestion de l'Eau et de l'Environnement (G.E.E.)
Par : Sama-Kézié PALOU
|
CARACTERISATION PHYSICO-CHIMIQUE DES
SEDIMENTS DE DRAGAGE DU LAC EST DE
LA LAGUNE DE LOME
|
Soutenu publiquement, le 22 décembre 2009 Devant un
jury composé de :
Président : Monsieur Koffi
TOZO, Maître de Conférences, FDS, UL.
|
Membres : Monsieur Kokou
AGBODAN, Maître Assistant, FDS, UL.
|
Monsieur Nicolas MOULIN, Assistant Technique au
projet PEUL. Directeur de Mémoire : Monsieur Gado
TCHANGBEDJI, Maître de
|
Conférences, FDS, UL.
|
|
REMERCIEMENTS
2
3
4
Nous rendons Grâce :
A Dieu, le Très Haut, le Dieu d'Amour, de
Puissance et de Sagesse, le Dieu d'Abraham, Père de Jésus-Christ
notre Seigneur et notre Sauveur, de nous avoir permis de
mener à terme ce mini projet qui est pour nous le point de départ
d'une merveilleuse aventure.
A notre Directeur de Mémoire, Monsieur Gado
TCHANGBEDJI, Maître de Conférences à la Faculté des
Sciences (FDS) de l'Université de
Lomé,
qui a su par ce travail, détecter nos désirs
profonds, comprendre, orienter et
préciser les objectifs de nos ambitions.
Son exigence du travail bien fait, sa rigueur scientiique et
son esprit d'organisation font de lui un chef et un maître très
apprécié de tous. Principal artisan de l'élaboration de ce
travail nous avons été particulièrement enrichis par ses
qualités pédagogiques et humaines.
En nous acceptant dans son Laboratoire GTVD (Gestion
Traitement et Valorisation des Déchets) de l'Université de
Lomé, il nous a donné l'occasion de découvrir un grand
maître dévoué, serviable et modeste.
Nous lui témoignons nos gratitudes les plus
sincères.
|
A notre Maître et Président du
Jury,
|
Monsieur Koffi TOZO, Maître de
conférences à la Faculté des Sciences
(FDS)
de l'Université de
Lomé,
qui nous a fait un grand plaisir en acceptant de juger ce
travail malgré ses multiples occupations.
Sa modestie, sa rigueur scientifique, sa grande
pédagogie grâce à laquelle il nous a transmis ses
connaissances et ses qualités de chercheur font de lui un des
Maîtres les plus appréciés de la Faculté.
Nous lui transmettons, nos sentiments d'estime de respect et
de reconnaissance.
A nos Maîtres et Juges,
Monsieur Kokou AGBODAN, Maître Assistant
à la Faculté des Sciences (FDS) de l'Université de
Lomé,
et Monsieur Nicolas MOULIN, Assistant Technique au
Projet Environnement Urbain de Lomé (P.E.U.L.),
que nous témoignons nos
reconnaissances pour leurs apports
incommensurables dans l'amélioration de la
qualité de ce travail.
Nous les prions de bien vouloir accepter l'expression de nos
profondes gratitudes et de nos sincères admirations.
A Monsieur Komla Dodji ABBE, Ingénieur en
Gestion de l'Eau et de l'Environnement,
pour l'encadrement technique et pour nous avoir guidé,
encouragé et conseillé pendant toute la période de stage.
Nous tenons à mentionner le plaisir que nous avons eu à
travailler avec lui au Laboratoire GTVD de l'Université de
Lomé.
5
Au Directeur le Professeur Komlan de
SOUZA, qui par son dévouement continue à
mener à bout la lourde et difficile mission qui lui
est confiée. Nous pensons également à
ses collaborateurs directs, Professeurs Moctar BAWA, Maître de
Conférences, Yaovi NUTO, Maître de Conférences, Docteur
Yaovi AMEYAPOH, aux enseignants du département de Gestion de l'Eau et de
l'Environnement (GEE) et à tout le personnel de
l'ESTBA.
A nos collègues de promotion
que nous avons eu le plaisir de côtoyer
pendant cette période de formation, qu'ils reçoivent ici
aussi toutes nos salutations.
|
A toutes les personnes qui ont
contribué de près ou de loin à
|
la réalisation de ce travail, que Dieu le leurs rende
au centuple.
DEDICACES
6
7
Nous dédions ce travail :
A notre épouse Chantal Assima TOÏ,
à notre fille Esther
Essowè PALOU et fils David
Magnoulélég PALOU, pour leur amour et leur
soutien,
A notre père Nimon PALOU et notre
mère Béguizani POKO, par qui nous sommes venus
au monde pour accomplir le destin que l'Eternel Dieu nous a
recommandé.
A notre père spirituel, le
Révérend Johannes BAVON, Fondateur de l'Eglise
« Ambassade des Merveilles », qui nous guide sur chemin de la
Grâce en Jésus-Christ le ROI des ROIS.
A notre Ami, collaborateur et Chef d'entreprise,
l'Architecte-Urbaniste Koboyo PANA avec qui nous sommes unis pour
accomplir de grandes choses dans le Destin.
|
A notre frère en Christ, Monsieur Essomadan
ALI, par qui nous sommes
|
devenus une Merveille Universelle.
SOMMAIRE
8
9
SOMMAIRE
REMERCIEMENTS 2
DEDICACES 6
SOMMAIRE 8
INTRODUCTION 10
1. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE 13
1.1. Présentation de la lagune de la ville et du lac Est
de Lomé 14
1.1.1. Système lagunaire 14
1.1.2. Description de l'environnement du site de dragage 14
1.1.3. Problèmes environnementaux du site de dragage 16
1.2. Protocole de caractérisation des sédiments
des opérations de dragage 23
1.2.1. Caractérisation des sédiments en place
23
1.2.2. Généralités sur le dragage et le
traitement des sédiments 26
1.2.3. Pré-traitement avant transport 30
1.2.4. Transport des sédiments 31
1.2.5. Devenir des sédiments extraits : Solutions
techniques et principaux usages 32
2. MATERIEL ET METHODES 37
2.1. Cadre d'étude et opérations de dragage du Lac
Est de Lomé 38
2.1.1. Cadre d'étude 38
2.1.2. Opérations de dragage du Lac Est de la lagune de
Lomé 38
2.2. Matériel de laboratoire 42
2.2.1. Appareillage 42
2.3. Méthodes d'analyse 43
2.3.1. Caractérisations physico-chimiques des
sédiments 43
3. RESULTATS ET DISCUSSION 45
3.1. Résultats de la caractérisation
physico-chimique des sédiments 46
3.1.1. pH des sédiments 46
3.1.2. Composition physique des sédiments 46
3.2. Résultats du dosage des métaux lourds (Pb, Cd,
As, Cu et Ni) dans les sédiments
de dragage du lac Est de Lomé 48
3.3. Analyse des Résultats 48
3.4. Discussion 50
3.4.1. Impact de la contamination des sédiments du lac Est
par l'arsenic sur
l'environnement et l'homme 51
4- CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS 53
BIBLIOGRAPHIE 58
10
11
12
INTRODUCTION
La lagune de Lomé, fait partie du système
lagunaire parallèle à la côte du Golfe de Guinée,
observé depuis la capitale sénégalaise Dakar,
jusqu'à Douala, la capitale du Cameroun. Elle comporte trois lacs
à savoir le lac Ouest, le lac de Bè et le lac Est. Ces trois lacs
jouent le rôle de régulation dans l'évacuation des eaux
pluviales de la ville de Lomé. Ces milieux lagunaires constituent aussi
des récepteurs des rejets industriels et domestiques qui peuvent
potentiellement provoquer la contamination de l'environnement et de l'homme
[1]. Ainsi donc, l'accumulation de sédiments au fond de ces retenues
d'eau naturelles que constituent ces lacs et les pollutions qui en
découlent sont accentuées par les activités humaines.
Parmi les contaminants, on peut citer les composés
organiques azotés et phosphorés, qui provoquent à forte
dose, une surconsommation d'oxygène, nécessaire à leur
dégradation aboutissant à un dysfonctionnement aquatique
appelé « eutrophisation ». D'autre part on peut retrouver
aussi dans ce milieu lagunaire à des concentrations inquiétantes
pour l'homme, de la matière organique carbonée, des sels
nutritifs, des composés chimiques comme les pesticides et les
métaux lourds.
Le dragage constitue alors une opération de
restauration, d'entretien voire d'assainissement indispensable pour
rétablir le tirant d'eau pour la navigation, restaurer la
capacité de rétention du milieu naturel [22], prévenir les
inondations et surtout les risques de contamination. L'exécution des
travaux de dragage fait suite à l'envasement progressif des lacs
constaté, au cours des années passées, provoquant une
diminution du volume d'eau actif et une prolifération des plantes
aquatiques avec des conséquences sanitaires catastrophiques pour toute
cette zone et indirectement pour toute l'agglomération de
Lomé.
Notre étude qui porte sur la «
Caractérisation physico-chimique des sédiments de dragage du lac
Est de Lomé » s'inscrit dans le cadre du Projet Environnement
Urbain de Lomé (P.E.U.L.) initié par le gouvernement togolais
dans sa « composante A » intitulée « Restauration des
Capacités de Rétention de la lagune de Lomé et
Réhabilitation de l'exutoire Ouest » sous le volet « Dragage
du Lac Est et curage du grand canal d'équilibre de la lagune de
Lomé [12]».
La caractérisation physico-chimique des sédiments
dragués, est motivée par le souci de détecter les
anomalies quantitatives et qualitatives en vue de proposer pour l'avenir,
des stratégies de gestion écologique de la lagune de Lomé.
De
façon spécifique, notre étude consiste
à déterminer le niveau de pollution du Lac Est par
l'évaluation de quelques paramètres globaux de pollution tels que
les métaux lourds (cadmium, plomb, arsenic, nickel et cuivre) dans les
sédiments.
Nous avons dans ce cadre adopté le plan suivant : Revue
bibliographique
Matériel et méthode
Résultats
Discussion
Analyse, Conclusion et Recommandations.
Justification et objectifs de l'étude
Depuis longtemps, les milieux côtiers comme les lagunes
sont le siège d'entrées anthropiques responsables de
l'augmentation des niveaux de contamination, à cause de l'expansion
industrielle et de la croissance accélérée de la
population. Dans de tels écosystèmes, les processus
biogéochimiques propres aux lagunes peuvent changer les
caractéristiques des contaminants en les rendant plus toxiques aux
différents organismes aquatiques (Kjerfve, 1994[14]; Kjerfve et Magill,
1989 [15]). Ces modifications ont comme conséquence un changement de
leur stabilité écologique (Soto-Jiménez et
Páez-Osuna, 2001[20]) qui se traduit par des blooms de phytoplancton
(Pagès et al., 2001[19]) et des crises anoxiques (Chapelle
et al., 2001[9]). Outre la pollution organique, les apports non
contrôlés enrichissent les sédiments des systèmes
lagunaires en pesticides, hydrocarbures et métaux lourds.
Cette étude se justifie par la nécessité
d'évaluer la qualité des sédiments dragués dans le
cadre de la restauration du Lac Est de la lagune de Lomé.
L'évaluation de la qualité des sédiments dragués
permettra d'orienter à court et à long terme la restauration de
la qualité et l'entretien de la lagune de Lomé en vue d'atteindre
comme objectifs spécifiques :
V' une gestion durable des risques d'inondation,
V' une gestion durable de toutes activités possibles dans
le milieu, V' un établissement d'un planning prévisionnel
d'action.
V' une gestion globale des sédiments sur l'ensemble de
la lagune de Lomé de manière à constituer une banque de
données permettant :
- de connaître l'historique d'un sédiment,
- d'avoir des données chroniques, caractérisant
un sédiment sur le long terme (par opposition à la connaissance
au temps T d'un sédiment suite aux analyses faites en vue d'un dragage,
par exemple),
- une meilleure gestion se basant sur un grand nombre
d'échantillons permettant une aide à la
décision,
- l'appréciation de l'évolution de la
qualité suite aux actions menées,
- l'appréciation de l'influence d'une perturbation,
- de cibler et regrouper les activités dégradant
le milieu, de sensibiliser les responsables, d'adapter les précautions
à prendre pour la préservation du milieu en fonction du rejet de
l'activité.
Les objectifs étant nombreux et d'importance, la
nécessité de gérer les sédiments est très
fortement ressentie, si bien que, depuis une dizaine d'années, des
organismes spécifiques (exemple des entreprises : INROS LACKNER AG. du
Togo et DMMI du Ghana) sont mis en place et proposent des actions dans cette
optique.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
13
14
1. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
1.1. Présentation de la lagune de la ville et du
lac Est de Lomé
1.1.1. Système lagunaire
La lagune de la ville de Lomé (Figure 1) est
située à l'extrême Sud-Ouest du Togo en bordure du Golfe de
Guinée à la frontière du Ghana. Elle fait partie d'un
ensemble lagunaire complexe et très vaste qui se prolonge sur une bonne
partie du Golfe de Guinée. Ce système lagunaire est
entrecoupé de bandes de terre et relié à la mer par
quelques admissions restreintes [12]. C'est un hydrosystème à
étendue d'eau saumâtre ou douce, séparée du milieu
marin par un cordon littoral. Ces plans d'eau peuvent être
rassemblés sous le nom d'aires intermédiaires semi
confinées, le terme d'aires intermédiaires signifiant que
deux masses d'eau (continentale et marine) se mélangent dans la
même aire [7]. Cette zone lagunaire divise la ville de Lomé en
deux parties à savoir :
- la ville basse située sur le cordon littoral au Sud
- et la ville haute située dans sur le plateau de Tokoin
[1].
D'une façon générale, le système
lacustre de la ville de Lomé est constitué d'Est en Ouest par le
canal de Bè qui s'étend sur environ 1,2 km, le Lac de Bè
qui couvre une superficie de 31 ha, le Lac Est avec une étendue de 29
ha, le Grand Canal d'équilibre long de 2,6 km et le lac Ouest d'une
superficie d'environ 20 ha [12].
1.1.2. Description de l'environnement du site de
dragage.
Le lac Est, est situé au milieu du système
lagunaire entre le lac de Bè et le lac Ouest. Il a une profondeur qui
varie de 1,60 à 4 m. Les eaux du lac Est, communiquent directement avec
celles du lac de Bè via le buse d'ARMCO P10 sur l'Avenue Augustine de
Souza. Le plan d'eau du Lac Est, est couvert par endroit par des plantes
envahissantes comme les macrophytes tels que les jacinthes d'eau (Figure 2-a)
qui sont plus abondantes sur les rives. Le lac Est, est plus accessible du
côté Sud que du côté Nord, jonchés par endroit
de dépotoirs sauvages (Figure 2-b). La rive Nord présente des
versants abrupts (Figure 2-c), sujets à l'érosion,
l'éboulement et l'envasement du lac que du côté Sud.
15
Figure 1 : Plan de situation de la Lagune de
Lomé Source AGETUR (2005)
(a)
(b)
(c)
16
17
18
Figure 2 : (a) Envahissement du lac Est par les
(c) Versant abrupt sur la rive
jacinthes d'eau Nord
(b) Dépotoir sauvage
C'est sur la partie Nord du lac Est que les profils
bathymétriques ont révélé des problèmes
d'envasement les plus importants [12]. La nappe phréatique est
affleurante à certains endroits des deux rives où l'on retrouve
l'eau à moins d'un mètre de profondeur du sol.
1.1.3. Problèmes environnementaux du site de
dragage
L'environnement du site de dragage est
caractérisé par une insalubrité notoire à cause de
la présence de plantes envahissantes et de dépotoirs sauvages le
long des berges et du rejet par les populations riveraines des eaux
usées dans le lac. Cette situation rend inesthétique le milieu et
pollue l'air, le sol et les ressources en eau (nappe phréatique et l'eau
de la lagune). L'insalubrité offre un paysage désolant dans les
quartiers riverains, caractérisé par des odeurs
nauséabondes et piquantes récurrentes de la lagune [6], des
caniveaux remplis d'ordures ménagères.
1.1.3.1. Pollution des eaux de surface
Selon l'article 2 alinéas 40 de la loi n° 2008-005
du 30 mai 2008 portant loi- cadre sur l'Environnement au Togo [18], la
pollution est définie comme étant
« toute contamination ou modification directe ou indirecte
de l'environnement provoquée par un acte susceptible :
a) d'influer négativement sur le milieu de vie de l'homme
et des autres espèces vivantes ;
b) de provoquer une situation préjudiciable pour la
santé, la sécurité, le bien-être de l'homme, de la
flore et de la faune ou les bien collectifs et individuels ».
On parlera de la pollution des eaux lorsque celle-ci se
manifeste dans un écosystème aquatique. Cette pollution est
généralement liée aux rejets des déchets issus des
activités anthropiques (domestiques, industriel, agricoles). Nous
pouvons distinguer d'une façon générale trois (3) types de
pollution des eaux:
· la pollution physique
Elle altère la transparence de l'eau par la
présence de matière en suspension et modifie sa
température (pollution thermique) ou sa radioactivité.
· La pollution chimique
Elle est due à des substances organiques
carbonées, des composés chimiques dangereux tels que les
métaux et autres micropolluants, qui provoquent de profonds
déséquilibres chimiques (acidité, salinité) ayant
des effets biologiques négatifs.
· La pollution microbiologique
Cette dernière introduit dans l'eau des microorganismes,
dont certains sont pathogènes (virus, bactéries, parasites).
1.1.3.2. Comportement des polluants organiques et
métalliques dans les sédiments [22].
Les sédiments que l'on rencontre dans les
fossés, rivières, canaux ou plans d'eau, peuvent
révéler des concentrations en éléments «
indésirables » (métaux, composés organiques)
particulièrement élevées. Ces éléments sont
issus, notamment, des apports au milieu aquatique d'eau de ruissellement ou
d'eaux usées (process industriel ou urbain) dans des secteurs fortement
urbanisés et/ou industrialisés.
Certaines concentrations élevées, notamment en
métaux, peuvent être liées au contexte géochimique
naturel, aux activités industrielles (secteurs miniers,
métallurgiques) et aux déchets de consommation (Piles, batteries,
etc.).
1.1.3.2.1. Caractéristiques physico-chimiques
des sédiments
Les particules solides qui constituent les dépôts
de sédiments peuvent être d'origine naturelle ou anthropique.
· Origine naturelle
Les particules peuvent être soit endogènes ou
exogènes au cours d'eau.
Les particules endogènes sont
principalement constituées de matières organiques essentiellement
composée des organismes aquatiques appartenant aux règnes animal
ou végétal (plancton, plantes supérieures, algues).
Les particules exogènes sont
principalement des particules minérales provenant d'une part de
l'érosion éolienne des sols et d'autre part de l'érosion
hydrique du bassin versant et des phénomènes de ruissellement.
Les particules exogènes peuvent également être de nature
organique, principalement des feuilles d'arbres transportées par le vent
dans le canal ou cours d'eau.
· Origine anthropique
Dans ce cas, les particules peuvent être de nature
organique ou minérale et proviennent des activités industrielles,
urbaines ou agricoles.
a) Composition physique des sédiments
Les sédiments sont essentiellement composés d'eau
interstitielle et de particules solides.
L'eau interstitielle peut représenter jusqu'à
90 % du volume d'un sédiment non compacté et jusqu'à 50 %
pour des horizons plus profonds et donc plus compactés. Comme pour les
sols, les particules solides sont principalement composées de sables, de
limons, d'argiles, de matières organiques et d'oxydes de fer et de
manganèse.
· Composition granulométrique des
sédiments
Les sédiments ont des granulométries très
différentes suivant les régions géographiques.
On distingue généralement la fraction
grossière qui a une granulométrie supérieure à 50
pm et la fraction fine avec une granulométrie inférieure à
50 pm. La subdivision des différentes fractions des sédiments
selon la taille des particules est consignée dans le Tableau 1.
Tableau 1 : Subdivision des différentes
fractions de sédiments selon la taille des particules.
Type de fraction
|
Nom des particules
|
Taille des particules
|
Fraction grossière
|
Débris végétaux ou
agrégats de particules différentes
|
Supérieure à 2 mm
|
|
2 mm à 200 pm
|
|
200 pm à 50 pm
|
|
Fraction fine
|
Limons grossiers
|
50 im à 20 im
|
|
20 im à 2 im
|
|
Inférieure à 2 im
|
|
Ce sont les fractions fines, et plus particulièrement
les argiles, qui sont responsables de la cohésion des sédiments
en raison de leurs propriétés électriques et de leur
structure en feuillets. Ce sont elles aussi qui adsorbent les polluants. Les
pourcentages de fractions fines ou grossières dépendent de la
région et de la nature du milieu aquatique (rivières, estuaires,
zones côtières).
b) Composition géochimique des
sédiments
· Les argiles
Les argiles dans le sens minéralogique du terme
proviennent de la décomposition lente de minéraux comme le
feldthpath, les micas, les amphiboles et les pyroxènes. Ce sont des
silicates d'alumine, plus ou moins hydratés, de formule
générale (n SiO2Al2O3 m H2O) dont le rapport
moléculaire SiO2 / Al2O3 varie entre deux et cinq.
Les argiles présentent une structure cristalline
disposée en feuillets à écartements
caractéristiques. Les feuillets sont constitués d'un empilement
de couches tétraédriques de SiO2 et de couches
octaédriques de Al2O3. La classification des argiles se fait en fonction
de trois critères :
- la structure des feuillets,
- l'espacement des feuillets
- les substitutions de charges au sein des feuillets.
Ainsi, on peut distinguer quatre grandes familles d'argiles :
- la kaolinite (10 Å),
- les illites (12 Å),
- les montmorillonites (14 Å)
- les attapulgites (argiles fibreuses).
La substitution des charges est une propriété
fondamentale des argiles. Elle permet d'expliquer leur capacité
d'échange cationique qui est à l'origine :
- de leur gonflement dans l'eau ou de leur caractère
colloïdal,
- de leur affinité pour les métaux lourds,
- du pouvoir tampon des sols et des sédiments,
- et de leur complexation avec la matière organique
(complexes argilohumiques).
Les argiles sont des molécules chargées
négativement. Cette charge négative est essentiellement due
à la substitution des ions Si4+ par les ions Al3+
à l'intérieur et à l'extérieur des feuillets.
Cependant, certaines charges négatives sont présentes à la
surface des feuillets et sont dues à des liaisons brisées ou
à des fonctions hydroxyles. Les charges négatives ainsi produites
sont capables de former des
19
20
21
22
23
liaisons avec des cations (H+, Na+, Mg++, Ca++, Fe ++,.....)
aussi bien sur les faces internes que sur les faces externes des feuillets.
Ces liaisons sont essentiellement réversibles.
L'ensemble de ces liaisons explique la capacité d'échange
cationique des argiles. Outre le type d'argile, la capacité
d'échange dépend également des dimensions du cation
à échanger. Elle est d'autant plus importante que le cation est
petit.
· La matière organique
La matière organique est essentiellement
composée d'acides humiques et fulviques.
Ce sont des molécules colloïdales chargées
négativement qui résultent du processus d'humification
(transformation en humus de la matière organique morte, sous l'action
des micro-organismes du sol). Leur unité structurale est
constituée de noyaux aromatiques (phénolique ou quinonique) et de
chaînes périphériques aliphatiques (uronides, saccharides,
acides aminés).
Les acides fulviques possèdent des chaînes
aliphatiques développées par rapport au noyau aromatique peu
polymérisé. Ils sont solubles dans l'eau mais précipitent
en présence de fer ou d'aluminium.
Au contraire, les acides humiques possèdent un noyau
aromatique plus développé que les chaînes aliphatiques.
Leur solubilité dans l'eau diminue avec le degré de
polymérisation du noyau aromatique.
Les acides humiques réagissent avec les argiles pour
former le complexe argilohumique.
Ce complexe est capable d'absorber divers ions. Il est
souvent insoluble dans l'eau et flocule en milieu acide ou en présence
d'ions positifs essentiellement bivalents tels que le calcium ou le
magnésium.
· Les carbonates
Les carbonates sont essentiels dans l'évolution de la
matière organique, la formation des argiles, la nature du complexe
argilo-humique et la nutrition de la flore aquatique. Le calcium se
présente sous différentes formes dans les sols et
sédiments. Par ordre de solubilité croissante, on distingue :
- le calcium emprisonné dans les minéraux
complexes tels que le feldthpath ou le pyroxène,
- le calcaire inactif : il existe à l'état de
grains grossiers ou cristallins. Sa cinétique de dissolution est plus
lente que celle du calcaire actif,
- le calcaire actif : il existe dans la fraction fine des
sédiments (argiles et limons fins). Dans de l'eau chargée en
dioxyde carbone, il se transforme en bicarbonate de calcium soluble,
- le calcium échangeable et le calcium soluble : il
s'agit essentiellement du bicarbonate de calcium dont la concentration est
dépendante de la
concentration en calcaire actif et de concentration en dioxyde
de carbone.
Le calcium présente une grande affinité vis
à vis des métaux lourds.
· Les oxydes de fer et de
manganèse
La précipitation des oxydes de fer ou de
manganèse dépend plus des conditions d'oxydoréduction du
milieu que du pH. Ces oxydes se présentent sous la forme de petites
particules et contribuent largement à l'augmentation de la surface
d'adsorption totale du sédiment.
· Les sulfures
Les sulfures peuvent être organiques ou minéraux.
En raison des conditions réductrices et anaérobies, les sulfures
sont prépondérants par rapport aux sulfates dans les
sédiments et sont à l'origine de leur couleur grise ou noire.
Dans des conditions très réductrices, les métaux
précipitent sous forme de sulfures insolubles.
c) Dynamique de la sédimentation
La grande majorité des particules en suspension dans
les sédiments se retrouvent tôt ou tard accumulées au fond
des cours d'eau. Pourtant, certaines particules peuvent parcourir des distances
considérables selon leurs caractéristiques physiques et les
particularités du milieu.
En effet, de nombreux facteurs propres au cours d'eau
influencent directement la sédimentation des particules :
- le débit,
- la direction et la stabilité du courant, les
turbulences,
- la forme et la profondeur des cours d'eau ....
Outre ces paramètres hydrodynamiques, la
sédimentation dépend largement de la taille des particules. Pour
qu'une particule sédimente, la vitesse du courant doit descendre sous
une valeur critique. Cette dernière est d'autant plus faible que la
particule est petite. Ainsi, les particules fines qui sont facilement
emportées par le courant, ont tendance à se déposer dans
les zones calmes des cours d'eau. Par contre, les particules grossières
comme les sables et les graviers nécessitent moins de stabilité
au niveau du courant et peuvent sédimenter dans les zones plus
agitées.
En plus des facteurs physiques et hydrodynamiques, les
propriétés chimiques du milieu aquatique jouent un rôle
important dans le processus de sédimentation. La précipitation
des particules est, par exemple, favorisée dans un milieu
réducteur et alcalin. La sédimentation est également
facilitée dans les eaux salines et denses.
Enfin, la température peut s'avérer être
un facteur déterminant dans la sédimentation des particules dans
la mesure où elle favorise la transformation de certains
éléments en formes chimiques insolubles. C'est le cas de la
précipitation de nombreux éléments sous forme de
carbonates : les faibles températures favorisent leur formation en
raison de la grande solubilité du dioxyde de carbone.
1.1.3.2.2. Les Hydrocarbures Aromatiques
Polycycliques (H.A.P.)
Les Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques (HAP)
représentent un ensemble complexe de molécules
hétérogènes, tant en terme de propriétés
physicochimiques que de propriétés toxicologiques, qui
dépendent du nombre de cycles benzéniques. Ces composés
sont des produits spécifiques des usines à gaz et constitutifs
des goudrons.
Une liste de six HAPs cancérigènes les plus
dangereux a été établie. Il s'agit de :
benzo(a)pyrène, benzo(a)anthracène,
dibenzo(a,h)anthracène, benzo(b)fluoranthène,
benzo-(k)fluoranthène et indéno(c,d)pyrène.
1.1.3.2.3. Les PolyChloro Biphényl (P. C.
B.)
Les PCB sont des liquides huileux ou des solides, stables
chimiquement et thermiquement, inertes vis-à-vis de l'oxydation et de
l'hydrolyse, résistants aux bases et aux acides et donc très
persistants dans l'environnement.
Ils sont généralement présents sous forme
de mélanges.
Dans l'air, ils sont généralement
présents sous forme de phase vapeur, d'aérosols liquides ou
solides. Ils peuvent être transportés dans l'air sur de longues
distances. Les PCB sont faiblement solubles dans l'eau, mais la plupart tendent
à s'adsorber sur des particules et des sédiments.
Les PCB sont considérés comme des substances peu
biodégradables, et plus le nombre de chlore est important, plus ils sont
persistants. Les PCB sont des substances qui s'accumulent dans les
systèmes organiques, et en particulier dans les
végétaux.
1.1.3.2.4. Les métaux
Les métaux sont une famille assez vaste de
composés chimiques parmi lesquels on distingue les «
éléments traces métalliques » qui sont au nombre de
soixante huit (68) et qui représentent moins de 0,1 % de la
matière sèche totale de la croûte terrestre par
élément.
Certains de ces éléments sont
considérés comme des oligo-éléments
(cuivre, zinc, fer, manganèse, nickel, molybdène,...).
Certains de ces éléments sont
toxiques (cadmium, mercure, plomb, étain, ...)
dès que leurs concentrations dans les organismes vivants
dépassent un seuil donné.
Les éléments métalliques peuvent
être classifiés en fonction de différents critères
tels que leur valence ou leur tendance à se lier aux ions fluor (F) et
iode (I) (classification en fonction de la dureté des ions
métalliques).
D'autres auteurs ont proposé une classification des
ions métalliques en fonction de leur affinité aux principaux
ligands biologiques :
- la classe A regroupe les
éléments métalliques ayant une meilleure affinité
pour les ligands contenant des atomes d'oxygène (O2 -, OH-,
CO32-, NO3 -, SO42-, RCOO- ; ROH ; HPO4
-...),
- la classe B comprend les métaux
ayant une affinité plus grande pour les ligands contenant des atomes
d'azote et du soufre (CN-, S2-, RS-,R2S, R3As,
H-, I-, R-...),
- la classe C est une classe
intermédiaire qui correspond aux métaux se liant
indifféremment aux ligands à base d'oxygène, d'azote ou de
soufre (SO32-, NO2 NH4 +, O2). Les métaux tels que le zinc,
le cadmium, le chrome, le cuivre et le nickel figurent dans cette classe.
> Sources de pollution aux métaux
Les métaux, naturellement présents dans
l'écorce terrestre, proviennent généralement de
l'altération et de l'érosion des roches. Des activités
anthropogéniques particulières peuvent cependant entraîner
leur dispersion dans les sols et les sédiments. Les sources de pollution
par les métaux sont résumées dans le Tableau 2.
1.2. Protocole de caractérisation des
sédiments des opérations de dragage [22]
1.2.1. Caractérisation des sédiments en
place
1.2.1.1. Connaissance détaillée du
site
L'historique du site et de son environnement, sera
particulièrement détaillée pour les points suivants :
- Caractère urbain et industriel actuel et historique
du site : La présence d'industries polluantes, de points de rejets
particuliers seront listés de manière exhaustive.
- Utilisation actuelle et historique du site : Les
différentes exploitations du site (agricole, industrielle (pompage),
commerciale (transport de matières potentiellement polluantes, ...)
seront recensées.
- Suspicion de pollutions antérieures (type, origine,
manifestations principales),
- Campagnes préalables d'analyses (recherche
bibliographique).
Tableau 2 : Sources de pollution des
métaux lourds (Baize et Janiec, 1994)
Cadmium
|
Engrais phosphatés ; industries de traitement de surface
des métaux ; industrie de stabilisation des matières plastiques ;
fabrication des accumulateurs et des radiateurs d'automobiles ; fabrication de
caoutchouc ; colorants ; eaux de ruissellement des voies de circulation.
|
Cuivre
|
Canalisation d'eau ; fils électriques ; radiateurs
d'automobiles ; appareils de chauffage ; traitement de surface.
|
Zinc
|
Produits pharmaceutiques ou domestiques ; conduites d'eau ;
peinture ; piles ; galvanisation ; traitement de surface
|
Nickel
|
Fabrication d'aciers et d'alliages spéciaux ;
recouvrement de surface par électrolyse ; hydrogénation des
huiles et substances organiques ; fabrication de peintures, de laque et de
produits cosmétiques
|
Mercure
|
d'antifongiques ; appareils électriques ; produits
électrolytiques du chlore et de la soude ; peintures, pâte
à papier ; fabrication de chlorure de vinyle et d'uréthane.
|
Chrome
|
Tannerie ; fabrication d'alliages spéciaux ; industries
de
traitement de surface.
|
Plomb
|
Canalisations d'eau ; bacs de batteries ; peintures ; additifs
pour l'essence ; eaux de ruissellement des voies de circulation,
industries pharmaceutiques et sidérurgiques ;
ateliers photographiques, télévisions.
|
Sélénium
|
Fabrication de peintures et colorants, verre, semi-conducteurs,
insecticides, alliages.
|
Arsenic
|
Pesticides, herbicides, fongicides, insecticides, raticides,
défoliants, conservateurs du bois ; cellules solaires
; semi-conducteurs ; électrophotographie ; catalyse ; pyrotechniques,
céramiques, produits pharmaceutiques, épilage des peaux en
tannerie et mégisserie ; durcissement du cuivre et du plomb, fabrication
des batteries.
|
|
1.2.1.2. Méthodologie
d'échantillonnage
Il faut cibler les éléments qui devront
être recherchés afin de réaliser un
plan d'échantillonnage correct. En effet, si les échantillons
ne sont pas représentatifs
24
25
de l'ensemble des sédiments, l'Etude
Détaillée des Risques (E.D.R.) ne sera pas représentative
du site.
Un plan d'échantillonnage préalable à un
projet de dragage et à une EDR doit comprendre les
éléments suivants.
- Les types de prélèvements (représentatifs
de la hauteur de sédiments à curer) ;
- Les techniques de prélèvements retenues : bennes,
dragues à main, carottiers,
- La constitution des échantillons représentatifs :
épaisseur à "échantillonner", constitution de
l'échantillon moyen,
- La description et les analyses visuelles des
échantillons.
1 2.1.3. Déterminations analytiques
Les différents paramètres suivants peuvent
être analysés :
· Caractéristiques physiques
- La matière sèche,
- La granulométrie complète (tamis et laser pour
la fraction inférieure à 35 im sur un échantillon non
décarbonaté),
- La densité,
- La vitesse de sédimentation (nécessaire pour le
dimensionnement d'un éventuel bassin de décantation dans le cas
d'un curage hydraulique).
· Caractéristiques chimiques de routine :
- Carbone Organique,
- Nutriments : Azote organique (NTK), Phosphore... -
Hydrocarbures totaux (HCT),
- Sulfures,
- Teneur en carbonate ...
· Caractéristiques chimiques plus
spécifiques
- Micropolluants organiques : la liste de polluants
organiques dépend des résultats de l'étude historique.
Peuvent être également analysés dans cette phase
d'étude, les Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques (HAP),
Polychlorobiphényles (PCB), les pesticides. Pour les composés
organiques, il est intéressant de réaliser en routine et sur
quelques échantillons, un balayage (screening) en chromatographie suivi
d'une spectrométrie de masse (GC-MS). Ces analyses permettent de
réaliser de substantielles économies par la détection
semi-quantitative de micropolluants organiques.
26
- Micropolluants inorganiques : les
oligo-éléments (Fer, cuivre, Manganèse, Zinc, Nickel) et
les métaux lourds (Cadmium, Plomb, Arsenic, Mercure, Chrome).
1.2.2. Généralités sur le dragage et
le traitement des sédiments
Cette section présente trois techniques
traditionnelles de dragage (mécanique, hydraulique et pneumatique) en
identifiant leurs caractéristiques et le type de risque qu'ils sont
susceptibles de générer.
1.2.2.1. Le dragage mécanique
Ce dragage, effectué à partir d'engins à
godets qui opèrent soit depuis les berges (pelle mécanique) soit
depuis la surface (pelle sur pontons, dragues à godets...), est
employé dans la majorité des cas pour l'extraction de
sédiments pollués.
Le dragage mécanique peut engendrer, dans certains
cas, une grande remobilisation des sédiments en place. Si tout ou partie
de ces sédiments est polluée, les polluants peuvent se trouver
à nouveau en suspension. Le coût des opérations varie de 10
à 15 euro/m3 de sédiments [8].
Pour le dragage des cours d'eau et des ports fluviaux,
différents types d'engins sont utilisés :
1.2.2.1.1. Les pelles hydrauliques
Les pelles hydrauliques sont utilisées pour le dragage
de cours d'eau de faible largeur (inférieure à 15 m). Leur grande
maniabilité leur permet de manoeuvrer entre les arbres.
1.2.2.1.2. Les pelles
araignées
Ce sont des pelles qui peuvent être utilisées
dans de nombreuses situations : travail à partir de la berge, du lit de
la rivière, dans le cas de petites rivières ou encore de
fossés. Ce genre d'engins ne permettent pas en général de
travailler dans des zones marécageuses ou à fort envasement.
1.2.2.1.3. Les pelles à godet sur
pontons
Ce sont des pelles hydrauliques montées sur des
barges. Généralement légèrement plus puissantes que
les pelles à godet classiques, elles permettent de travailler à
20 m de distance ou de profondeur.
27
28
29
1.2.2.1.4. Les « amphidredges
»
Cet appareil a été conçu pour travailler
en rivière ou en zone marécageuse. Il possède une coque
principale et plusieurs pattes mobiles munies de flotteurs (hydrauliques). Ces
appareils sont amphibies, c'est-à-dire qu'ils peuvent effectuer sans
difficultés des allées et venues de la berge à l'eau.
1.2.2.1.5. L'« aquacat »
L'aquacat est un appareil intermédiaire entre la pelle
araignée et l'amphidredge. Il est constitué d'un flotteur
principal et de trois pattes articulées. Cet engin est idéal pour
les travaux et l'entretien de cours d'eau en agglomération ou pour ceux
dont l'accès par la berge est impossible. Les faibles dimensions de cet
appareil conduisent à ce qu'il soit souvent utilisé comme
appareil d'appoint, à une pelle hydraulique, par exemple.
1.2.2.1.6. Les « draglines
»
Ce sont les pelleteuses les plus couramment utilisées
en France pour le dragage de cours d'eau de taille moyenne (jusqu'à 150
m de largeur). Pour pouvoir utiliser ce type de matériel, les berges du
cours d'eau concerné doivent être déboisées. Ce
genre d'engins nécessite beaucoup de place pour manoeuvrer (la
flèche de l'engin pouvant atteindre 50 m). Elles nécessitent un
sol stable sur lequel elles peuvent se déplacer.
1.2.2.1.7. Les dragues à pelle ou à
cuillère
Elles sont utilisées dans des travaux de déroctage
dans des roches tendres.
1.2.2.1.8. Les dragues à
godets
Elles ne sont actuellement presque plus utilisées.
1.2.2.1.9. Les dragues
rétrocaveuses
Elles sont utilisées pour les dragages le long des quais
ou dans des zones peu accessibles.
1.2.2.1.10. Les dragues excavatrices sur ponton
à chargement frontal Elles conviennent bien pour le
travail en zones protégées.
1.2.2.1.11. Les dragues à bennes
traînantes
Ce type de matériel est principalement utilisé en
Amérique du Nord.
1.2.2.1.12. Les dragues à benne
preneuse
Ce type de drague est utilisé dans des dragages
d'entretien sur tout type de matériaux et elle est bien adaptée
à des dragages dans des zones difficiles tel le long des quais.
La turbidité engendrée par ce mode de dragage est
importante et il en résulte un encombrement important des fonds.
1.2.2.2. Le dragage hydraulique
Un des grands avantages de ce type de dragage est la faible
remise en suspension des sédiments. Par contre, ce type de curage
engendre de grands volumes de d'eau avec les sédiments extraits (un
volume de sédiment pour trois volumes d'eau), il faut donc
prévoir un ou plusieurs bassins de décantation en aval de
l'extraction et un dispositif de rejet des eaux. Les opérations
coûtent entre 20 à 30 euro/m3.
1.2.2.2.1. Dragues à
désagrégateur à pression d'eau ou à
désagrégateur rotatif
L'extraction des matériaux se fait par rotation du
cutter ou par un jet d'eau sous pression. Dans les deux cas, les
matériaux sont remis en suspension puis aspirés par une pompe
située dans l'élinde juste derrière les têtes de
désagrégation. Ces engins étant montés sur des
barges ou sur châssis, leur rayon d'action est relativement important.
Un des avantages de cette technique, outre la faible remise
en suspension des sédiments, est que ces engins peuvent travailler sans
contact avec les berges du cours d'eau.
Par contre, un inconvénient est leur
impossibilité à travailler dans des cours d'eau encombrés
par la végétation (cette dernière pourrait colmater le
désagrégateur ou la pompe).
1.2.2.2.2. Les dragues à
désagrégateur horizontal
Ces dragues sont équipées de deux
tarières montées sur l'extrémité d'un tube
d'aspiration et destinées à s'attaquer aux sédiments.
Ainsi, à chaque passage, le désagrégateur découpe
les sédiments sur une largeur allant jusqu'à 2,70 m. Un bouclier
est fixé au bout du désagrégateur, piégeant les
matériaux remis en suspension et augmentant le rapport eau /
éléments solides. Sur le bouclier peuvent être
placées des dents permettant une meilleure progression dans des
sédiments contenant des débris végétaux, qui
doivent cependant rester en faible quantité.
Ce type de drague est très efficace dans les cours d'eau
à fond plat, mais devient inefficace dans des cours d'eau à fond
hétérogène.
1.2.2.2.3. Les dragues à
désagrégateur rotatif et horizontal
Sur ce type de drague sont regroupés deux
désagrégateurs différents, ce qui a pour effet d'augmenter
l'efficacité de chaque engin pris séparément. Le
désagrégateur horizontal est généralement
placé à l'avant de la barge. Il permet ainsi de soulever et
d'égoutter les sédiments avant que ceux-ci ne soient ensuite
aspirés par la pompe.
Par contre, le désagrégateur rotatif est
utilisé en appoint pour enlever des sédiments lourds ainsi que la
végétation (si elle n'est pas trop importante).
1.2.2.2.4. Les pompes
immergées
Le pompage des sédiments se fait à l'aide d'un
agitateur rotatif. Ce type de dragage peut intervenir à des profondeurs
allant jusqu'à 20 m. Ces pompes sont destinées à
l'extraction de sables et graviers en rivières, au pompage de
sédiments, au dragage d'appontement et de port.
Ce matériel est le plus fréquemment
utilisé à partir du bord des cours d'eau, par
l'intermédiaire d'une grue. Si l'utilisation d'une barge est à
envisager, il serait plus opportun d'utiliser une drague flottante. De plus, ce
genre de matériel nécessite une source
d'électricité importante à proximité de
l'exploitation.
Une zone de décantation est à prévoir aussi
dans ce type de dragage.
1.2.2.2.5. Les pompes flottantes
Ce genre de pompe est constitué d'un groupe moto-pompe
monté sur un châssis tubulaire formant traîneau et muni de
deux flotteurs gonflables. Le pompage s'effectue à l'aide d'une
tête racleuse d'aspiration, munie d'un manche, et glissant sur la vase,
la pompe suivant le travail en flottant. Les matériaux dragués
sont refoulés à une distance de maximum 12 m. Pour pouvoir guider
correctement la tête d'aspiration, le conducteur des travaux doit
impérativement se trouver dans l'eau, à coté de la pompe.
La vitesse de progression est donc relativement faible.
Grâce à leur faible encombrement et à leur
facilité de manipulation, ce type de pompage est idéal pour le
nettoyage ou l'entretien de petits ruisseaux.
Pour le dragage des ports maritimes et de deltas ou estuaires, le
matériel d'aspiration diffère.
30
1.2.2.2.6. La drague aspiratrice refouleuse
stationnaire
Ce type de drague est fixé sur des câbles, des
chaînes ou des pieux, et aspire par papillonnage autour de sa zone de
fixation. L'efficacité du dragage peut éventuellement être
augmentée avec l'action complémentaire d'un
désagrégateur.
Les matériaux sont ensuite refoulés dans une
conduite flottante ou des chalands.
1.2.2.2.7. La drague aspiratrice au point
fixe
La drague est fixée dans ce cas par ses ancres et
aspire par papillonnage autour de ces derniers. Ce matériel refoule ce
qu'il prélève dans un puits, dans un chaland ou dans une
conduite.
1.2.2.2.8. La drague aspiratrice en
marche
Cet engin est le plus utilisé pour l'entretien de
chenaux d'accès. Les unités les plus modernes sont
équipées de deux élindes traînantes avec des pompes
immergées et sont parfois munies de désagrégateurs. La
capacité de stockage de ce genre d'engin se situe entre 500 et 10 000
m3.
1.2.2.3. Le dragage pneumatique
Ce type de dragage est utilisé dans les ports
maritimes essentiellement. Le procédé consiste à injecter
de l'air comprimé dans les sédiments pour pouvoir ensuite aspirer
le mélange eau et sédiments. Les opérations sont
évaluées entre 25 et 45 euro/m3 de sédiments
[9].
1.2.3. Pré-traitement avant transport
Lors de certains dragages, un pré-traitement est
effectué sur le sédiment avant transport.
L'objectif est de permettre la séparation des encombrants
et détritus dragués avec les sédiments. Les
différents pré-traitements envisageables peuvent être :
- Le dégrillage,
- Le tamisage,
- Le ressuyage.
L'impact de ces pré-traitements et le devenir des
résidus générés doivent également être
étudiés.
31
32
33
34
35
36
1.2.4. Transport des sédiments
En fonction de leurs caractéristiques et du type de
risque qu'ils sont susceptibles de générer, les différents
moyens de transport des sédiments de dragage sont :
1.2.4.1. Le camion
Le transfert par camion présente une grande souplesse
d'utilisation et il permet l'accessibilité à tous les sites de
dépôts ou de traitement. De plus, le camion constitue un mode de
transport idéal entre les dépôts en rives et les
dépôts terrestres ou les centres de traitement.
Le transport par camion implique des coûts relativement
élevés. Les camions peuvent aussi entraîner des
problèmes locaux de circulation ou encore de pollution par le bruit
engendré ou les poussières. Ce type de transport implique une
rupture de charge et une seconde manutention des sédiments
dragués, ainsi que l'aménagement de stations de transferts.
1.2.4.2. Le pipeline
Les pipelines sont utilisés pour transporter des
sédiments extraits par voie hydraulique (concentration moyenne 10
à 15% de matières sèches). Suite au dragage, les
sédiments sont refoulés dans des conduites permettant leur
transport jusqu'à une zone de dépôt.
Ce type de transport est très économique pour
des volumes importants sur des distances relativement courtes (quelques
kilomètres). Aussi, placé directement à la sortie de la
pompe de dragage, le pipeline assure des opérations de dragage
ininterrompues et limite au minimum le nombre d'opérations de transfert.
Les pipelines peuvent être utilisés pour le déchargement de
barges.
Le transport par pipelines nécessite la présence
de pompes de surpression pour le transport sur des distances longues ou dans le
cas d'une topographie défavorable. Des blocages fréquents des
conduites peuvent avoir lieu en cas de présence de matériaux
grossiers. Si le pipeline est flottant, il peut engendrer le blocage de la voie
navigable. En général, son utilisation est limitée au
transport de volumes importants. Il faut alors prévoir de grands bassins
de sédimentation en aval du dragage.
1.2.4.3. La barge et le chaland
Après dragage, les sédiments peuvent être
recueillis directement dans une barge (ou chaland). Le principal avantage de ce
type de transport est un coût de revient, relativement faible sur de
courtes distances.
Si la destination des sédiments de dragage se situe
sur la terre ferme, la présence ou la construction de
débarcadères peut s'avérer nécessaire. Les barges
ou les chalands ne peuvent être utilisées que pour des rejets en
eaux libres. De plus, des problèmes d'étanchéité
peuvent subvenir avec ce type de transport.
1.2.4.4. La drague suceuse-porteuse
La drague suceuse-porteuse implique des coûts de
transport relativement faibles sur de courtes distances. Elle constitue un
moyen de transport idéal pour le dépôt en eaux libres.
L'utilisation de ce type de matériel implique
forcément des interruptions du dragage durant le transport des
sédiments et demande en plus un tirant d'eau suffisamment grand. Enfin,
les dragues suceuses porteuses peuvent comporter des problèmes
d'étanchéité et ne sont donc pas recommandées pour
le transfert de sédiments pollués.
1.2.4.5. Le train
Le train constitue une solution avantageuse pour le transport de
sédiments en milieu urbain.
Il n'est cependant rentable que pour le transport de grandes
quantités de sédiments sur des distances importantes. De plus, ce
moyen de transport implique une manutention des sédiments dragués
ainsi que la présence d'une voie ferrée à proximité
du site d'extraction et du site de dépôt ou de traitement.
1.2.4.6. Le convoyeur
Le convoyeur implique des coûts d'exploitations
relativement peu élevés. L'utilisation de ce type de transport se
limite à des distances très courtes et nécessite un
investissement initial assez élevé. De plus, ce genre
d'installations comporte des équipements bruyants et implique des
risques importants de fuites.
1.2.5. Devenir des sédiments extraits : Solutions
techniques et principaux usages
1.2.5.1. Le régalage sur berge
Le régalage des sédiments de dragage consiste
à déposer les sédiments sous la forme d'une bande de 5
à 10 m de large et de 10 à 30 cm d'épaisseur. Dans
certains dragages (lac, ...), les sédiments sont projetés sur les
berges par un canon. Les sédiments sont régalés sur la
servitude locale (code rural), ce qui
permet d'effectuer le régalage des sédiments
extraits sans nuisances pour l'agriculteur et de faciliter l'accès au
fossé à n'importe quel moment.
Dans certain cas, la présence de macrodéchets
(ferrailles, verre...) peut être une gêne pour l'agriculteur.
Les principaux inconvénients de la mise en cordon des
sédiments le long des cours d'eau sont :
- création d'un cordon de dragage riche en azote et
provoquant en outre une mauvaise évacuation des eaux de
ruissellement.
- Le régalage entraîne la création d'un
néosol le long du cours d'eau.
1.2.5.2. L'épandage
Les sédiments sont épandus sur des parcelles
agricoles sur une épaisseur variant de 1 cm à 5 cm, en fonction
de la nature du sol. La valeur agronomique du sédiment intervient
fortement dans cette filière. Dans le cas d'un recyclage des
sédiments sur les terres agricoles, un plan d'épandage peut
être mis en place.
Deux usages sont possibles sur ces sites :
- Culture alimentaire dont pâturage,
- Culture non alimentaire.
1.2.5.3. La mise en dépôt
Ce site de dépôt peut consister en un bassin
creusé à même la terre sans étanchéité
particulière. Ce site doit être situé dans une zone non
inondable, facile d'accès et le plus proche possible du site à
draguer pour simplifier le transport des sédiments extraits.
Le projet de mise en dépôt doit être
complété par une étude de l'usage futur du site (projet
aménagement paysager, utilisation future du site).
Les usages possibles sur ces sites sont :
- Aménagement et entretien d'une zone de loisirs,
- Culture alimentaire dont pâturage,
- Culture non alimentaire.
1.2.5.4. La mise en dépôt
confiné
Cette solution correspond au stockage des boues sur un site
étanche et imperméable (couverture argileuse et
géomembrane, système de drainage pour récupérer les
lixiviats pollués). La constitution de ces sites peut être la
suivante : - géomembrane (bentonite par exemple),
- drainage pour recueillir les lixiviats,
- matériau drainant (gravier par exemple),
- géotextile de couverture.
Après exploitation, les sites doivent être
réaménagés (travaux paysagers) et soumis à
contrôle.
1.2.5.5. La mise en décharge
Les sédiments extraits par dragage peuvent être
déposés en décharge à condition que leur acception
soit soumise à l'autorisation par les autorités de tutelle en
fournissant une caractérisation détaillée du déchet
concerné : teneur en métaux lourds, teneur en hydrocarbures,
volumes à traiter.
1.2.5.6. Réemploi des sédiments
Les sédiments extraits peuvent être utilisés
à des fins diverses :
- Pour la confection de remblais,
- Pour des aménagements paysagers,
- Pour la production de matériaux,
- Remblaiement de carrière,
- Pour la stabilisation ou la fertilisation des sols,
- Pour la régénération de terrains.
Le choix de toute affectation doit être fondé
sur une étude permettant d'identifier les meilleures solutions
techniques possibles, économiquement réalistes et les risques
pour le milieu naturel et pour l'homme.
1.2.5.7. Traitement des produits de dragage
Il existe plusieurs types de traitement (issus de la
technologie du traitement des sols). Le traitement des sédiments
extraits n'est pas étudié dans les études de risques,
puisqu'il s'agit là d'un risque industriel. Seul le risque
résiduel du sédiment traité en fonction de sa
réutilisation pourra être défini.
· Pré-traitement
Le pré-traitement a pour but de réduire le volume
des sédiments pour améliorer leur qualité ou faciliter un
traitement ultérieur. Ce pré-traitement peut être :
- Une déshydratation par filtre presse, par
centrifugation...
- Un tri granulométrique...
· Traitement chimique
Le traitement chimique a pour but soit de détruire les
substances organiques, soit d'extraire ou de fixer les métaux.
· Techniques végétales
L'utilisation des plantes pour la gestion et/ou la
décontamination des sites pollués notamment par les
métaux, est une voie nouvelle en plein essor.
Deux grands types de solution peuvent être
envisagés :
- La phytoextraction : technique qui consiste à extraire
les métaux du sol par l'utilisation de plantes accumulatrices qu'il faut
ensuite éliminer.
- La phytostabilisation : technique qui consiste à
immobiliser les métaux dans le sol à l'aide de
végétaux spécifiques et ainsi empêcher toute
dispersion de la pollution (érosion éolienne ou percolation).
· Traitement biologique
Ce traitement consiste en l'utilisation de micro-organismes
pour dégrader les substances organiques ou pour accélérer
la décomposition naturelle de contaminants organiques.
· Traitement physique
Cette technique consiste à concentrer les polluants
par des procédés physiques (centrifugation, hausse de pression,
filtration, pyrolyse) de manière à pouvoir ensuite mieux confiner
les matières polluantes.
· Traitement par immobilisation, ou
inertage
Cette technique consiste à introduire dans les
sédiments pollués des liants chimiques de manière à
éviter toute migration de ces derniers.
· Traitement par lavage
Cette technique n'est applicable qu'à des
sédiments ayant une granulométrie suffisante (des sables).
· L'incinération
Les sédiments doivent être analysés avant
d'être incinérés de manière à évaluer
leur aptitude à l'incinération en particulier vis-à-vis
des teneurs en éléments indésirables (soufre,
métaux,...).
1.2.5.8. La mise en dépôt sous eau
(clapage)
Lors de certains dragages (hydraulique, milieu maritime, ...),
une des solutions pour le devenir des sédiments est leur mise en
dépôt sous eau.
Les sédiments sont transportés et
rejetés dans le milieu aquatique, soit dans une zone de grande
profondeur (darse) en aval du cours d'eau concerné, soit en milieu
maritime.
L'objectif escompté est le stockage sous grande hauteur
d'eau ou la dispersion des sédiments dans le milieu naturel.
Lors des dragages portuaires, le clapage peut être
effectué :
- en bordure du littoral (bas de plage, pour aider à la
lutte contre l'érosion du littoral,
- au large, afin d'éviter le retour vers le littoral des
sédiments dragués.
1.2.5.9. Les sédiments poussés vers
l'aval Dragage à l'« américaine »
Il s'agit d'une technique qui consiste à provoquer la
remise en suspension des sédiments au moyen d'une hélice ou d'air
comprimé dans les cours d'eau ou chenaux à fort courant. Les
sédiments sont repris dans le flux et se redéposent en aval.
Cette méthode est souvent utilisée pour les sas d'entrée
de port ou en amont immédiat de zone profonde.
MATERIEL ET METHODES
37
38
39
2.1. Cadre d'étude et opérations de
dragage du lac Est de Lomé
2.1.1. Cadre d'étude
Cette étude s'inscrit dans le cadre des travaux de
dragage du Lac Est et du curage du canal d'équilibre de la lagune de
Lomé, initié par le gouvernement togolais et financé par
l'Agence Française de Développement (A.F.D.) pour montant
d'environ 1,2 milliards de francs CFA. Les travaux sont exécutés
par l'entreprise hollandaise dénommée Dutch Maritime Management
International (D.M.M.I.), basée à Accra. Le maître
d'ouvrage est l'Agence d'Exécution des Travaux urbains (AGETUR) du Togo
tandis que les spécifications et les contrôles techniques sont
assurés par le cabinet d'étude d'Ingénieurs-conseils et
Architectes dénommé « INROS LACKNER AG. & IGIP
Afrique-Bénin ».
Un site situé en bordure du lac Est sur la rive Ouest,
a été aménagé par la DMMI pour abriter les bureaux
de toutes les parties prenantes des travaux de dragage (Figure 3).
Figure 3: Sites abritant les bureaux des travaux
de dragage du lac Est de Lomé
Le Laboratoire GTVD (Gestion Traitement et valorisation des
déchets) de l'Université de Lomé, a servi de cadre pour la
caractérisation physico-chimique de quinze (15) échantillons de
sédiments prélevés sur le site de rejet.
2.1.2. Opérations de dragage du Lac Est de la
lagune de Lomé [12]
2.1.2.1. Nettoyage des berges et enlèvement des
plantes aquatiques
Avant le dragage proprement dit du lac, les plantes
aquatiques ont été enlevées à l'aide d'une
main-d'oeuvre locale utilisant des pirogues. Le désherbage et
l'enlèvement des ordures ménagères sont
réalisés manuellement et par
l'utilisation d'engin comme le bulldozer,
particulièrement sur la rive Nord et sur la rive Sud du lac. Tous
matériaux d'extractions se composant de matière
végétale sont déposés dans la zone B située
sur la rive Nord du canal entre le Lac Est et l'Avenue Maman N'Danida. Les
matériaux nuisibles à l'environnement comme les ordures
ménagères sont évacués sur la décharge
publique d'Amoutivé situé non loin de la zone B.
2.1.2.2. Dragage hydraulique, transport et
dépôt des sédiments [12]
Le dragage hydraulique est réalisé à
l'aide d'une drague suceuse à désagrégateur d'une
puissance de l'ordre de 300 à 500 KW (Figure 5-a). Le dragage est
exécuté à une profondeur de plus de 0,00 m IGN sur toute
la superficie de lac Est sauf là où le fond de côte est
inférieur à 0,00 m IGN. Les sédiments
mélangés à l'eau, sont refoulés par une conduite
flottante (Figure 5-b) et terrestre de 350 mm de diamètre. Il est
prévu à cet effet, une station de relais (Figure 5-c) pour
assurer le refoulement des sédiments vers le site de rejets situé
dans la zone A. La zone A de rejet des sédiments est située entre
l'Avenue de la Libération à l'Ouest, à l'Est l'Avenue
Maman N'Danida, au Nord par le camp RIT et le quartier Tokoin Elavagnon et au
Sud par le camp de la Gendarmerie Nationale et le quartier Doulassamé.
Cette zone de rejet, s'étend sur une étendue d'environ 20 ha et
elle est traversée par trois caniveaux dont deux
trapézoïdaux et un rectangulaire. Les sédiments
dragués sont essentiellement composés de sable (60 à 70%)
et de vase (35 à 30%). Le volume des sédiments à draguer
est évalué à environ 185 000 m3.
40
Figure 4 : Plan du site dragage du Lac Est de
Lomé (source AGETUR, 2005)
41
Des digues d'enclôtures ont été
construites dans la zone de rejet pour maintenir le mélange sable/vase
et permettre l'évacuation des eaux de refoulement vers le Grand Canal
d'Equilibre. Ces digues sont réalisées avec les sols locaux et
les sédiments sableux pompés, en utilisant les engins terrestres
comme la pelle hydraulique.
Les eaux de refoulement venant de la zone de rejet sont
évacuées vers le grand canal d'équilibre. La hauteur des
sédiments est supérieure à 3 m, à l'issue des
travaux de dragage.
(a)
Figure 5: (a) Drague suceuse à
désagrégateur (b) Conduite flottante
(c) Station de relais (d) Zone de dépôt des
sédiments
42
2.2. Matériel de laboratoire
2.2.1. Appareillage
L'appareillage utilisé dans le cadre de cette
étude est composé de :
- un appareil photo numérique ;
- des agitateurs magnétiques ;
- une étuve électrique Memmert de type UL 80 ;
- un bain de sable pour la minéralisation ;
- une balance électrique de type KERN (0,1g à
400g) ;
- un spectrophotomètre d'absorption atomique de type
Thermo Electron Corporation S série AA Spectrometer.
2.2.1.2. Verrerie
La verrerie est constituée de :
- les bouteilles de 125 ml ; - les béchers de 250 ml ;
- les fioles jaugées de 50 ml ; - les pipettes.
2.2.1.3. Autre matériel
- le mortier ;
- les pissettes à eau distillée ; - les papiers
Wattman ;
- les plateaux.
2.2.2.1. Echantillonnage
Quinze (15) échantillons de sédiments ont fait
l'objet de nos analyses physicochimiques dans le cadre de cette étude.
Nous avons effectué les prélèvements sur le site de rejet
des sédiments (figure 5-d), le 21 juin 2009 entre 14 heures 30 minutes
et 17 heures GMT. Les quinze (15) points de prélèvement sont
répartis selon la carte de répartition des points de
prélèvement sur l'aire de rejet des sédiments (figure 6).
Après flaconnage, les échantillons ont été
acheminés dans une glacière et réceptionnés au
Laboratoire GTVD de l'Université de Lomé à 17 heures 40
minutes GMT.
43
Figure 6: Carte de répartition des points
de prélèvement des sédiments sur l'aire de
rejet
2.3. Méthodes d'analyse
2.3.1. Caractérisations physico-chimiques des
sédiments
2.3.1.1. Caractérisation physique des
sédiments
La caractérisation physique des sédiments
consistait à : - Donner leur composition physique,
- Et à décrire leur l'état physique.
2.3.1.2. Caractérisation chimique des
sédiments
La première analyse chimique consistait à
déterminer le pH des sédiments. Pour évaluer le
degré de pollution des sédiments par les métaux lourds
(Cd, As, Cu, Pb et Ni), l'analyse chimique des échantillons a
été effectuée sur les solutions minérales obtenues
par minéralisation de ces échantillons.
a) Minéralisation et solubilisation des
échantillons
La minéralisation et la solubilisation des
échantillons se fait en suivant les étapes ci-dessous :
- Séchage des échantillons à l'étuve
à 105°C pendant 24 heures ; - Broyage des échantillons ;
- Tamisage des échantillons au tamis à mailles de
63 micromètres ; - Introduction de 1g de l'échantillon
tamisé dans un bécher ;
- Ajout de 5 ml d'eau distillée à
l'échantillon ;
- Ajout de 3 ml d'acide chlorhydrique (HCl) à
l'échantillon ;
44
- Ajout de 1 ml d'acide nitrique (HNO3) à
l'échantillon ;
- Couverture du bécher contenant l'échantillon
solubilisé à l'aide d'un verre de monte ;
- Chauffage des échantillons au bain de sable pendant 3
heures, à une température d'environ 150°C ;
- Refroidissement des échantillons à l'issu du
chauffage ;
- Introduction de la solution dans une fiole de 50 ml ;
- Ajout d'eau distillée jusqu'au trait de jauge ;
- Filtration de la solution sur le papier Wattman et
récupération du filtrat dans une bouteille de 125 ml.
Les métaux lourds (Cd, Ni, As, Pb et Cu) sont
dosés dans le filtrat obtenu par le spectrophotomètre
d'absorption atomique.
b) Dosage des métaux lourds (Cd, Ni, As, Pb
et Cu) par spectrophotomètre d'absorption atomique.
- Généralités sur l'absorption
atomique
Le principe du spectrophotomètre d'absorption atomique
est basé sur l'absorption d'un faisceau de lumière
monochromatique de longueur d'onde donnée par un élément
chimique lorsque celui-ci est envoyé dans une vapeur atomique obtenue
par nébulisation dans une flamme.
Une solution généralement aqueuse contenant des
ions métalliques est vaporisée dans la flamme pour donner des
atomes neutres. Ces atomes par absorption des rayons lumineux de longueur
d'onde spécifique à l'élément passent à un
niveau d'énergie supérieur. La mesure d'intensité
lumineuse avant et après passage dans la vapeur atomique permet de
déterminer le pourcentage à la concentration de la solution
étudiée.
La détermination de la concentration d'un ion
métallique par spectrophotomètre est réalisée
après étalonnage de l'appareil de mesure à partir des
solutions de concentration connues appelées solutions étalons.
Les concentrations des solutions étalons choisies doivent être
comprises entre les gammes de solution analysées.
- Solutions étalons
Les solutions étalons sont obtenues par dilution des
solutions mères d'une concentration de 1000 ppm pour chaque métal
à analyser. L'on prépare une solution de 100 ml contenant une
concentration de 10 ppm de chaque métal. A partir de cette solution
étalon de 10 ppm on prépare ensuite 3 solutions étalons
moins concentrées de 0.5 ppm ; 1 ppm et de 2 ppm.
RESULTATS ET DISCUSSION
45
46
3. RESULTATS ET DISCUSSION
3.1. Caractérisation physico-chimique des
sédiments
3.1.1. pH des sédiments
Les quinze (15) échantillons qui ont fait l'objet de nos
analyses sont de pH basique. Ce pH varie de 7,63 (échantillon E15)
à 8,03 (échantillon E10).
Les résultats du pH des différents
échantillons sont consignés dans le tableau 3.
Tableau 3 : pH des sédiments
Code
de l'échantillon
|
E1
|
E2
|
E3
|
E4
|
E5
|
E6
|
E7
|
E8
|
E9
|
E10
|
E11
|
E12
|
E13
|
E14
|
E15
|
pH
|
7,85
|
7,86
|
7,86
|
7,83
|
7,78
|
7,84
|
7,80
|
7,87
|
7,98
|
8,03
|
7,70
|
7,69
|
7,82
|
7,84
|
7,63
|
|
3.1.2. Composition physique des sédiments
Les sédiments prélevés sont plus ou moins
compacts et contiennent différents matériaux (Figure 7). On y
trouve dans ces sédiments de :
- Eau,
- Sable,
- Argiles,
- Limon,
- Matériaux plastiques de couleurs variées (figure
7-b),
- Matières organiques (morceau de bois, ossements
d'animaux, coquillage), - Matériaux métalliques (figure 7-c),
- Tissus en matériaux textiles figure 7-d)
- Fibres synthétiques (figure 7-e),
- Matériaux de verres (figure 7-f),
- Matériaux divers (piles).
(C) : Quelques matériaux de
métalliques retrouvés dans les sédiments du dragage du lac
Est de Lomé
(e) : Quelques matériaux de fibres
synthétiques retrouvés dans les sédiments de dragage du
lac Est de Lomé
(a) : Présentation d'un
échantillon de sédiments de dragage du lac Est de Lomé
après séchage
Figure 7 : Composition physique des sédiments
analysés
(b) : Quelques matériaux plastiques
retrouvés dans les sédiments du dragage du lac Est de
Lomé
(d) : Quelques matériaux textiles
retrouvés dans les sédiments de dragage du lac Est de
Lomé
(f) : Quelques matériaux en verre
retrouvés dans les sédiments de dragage du lac Est de
Lomé
47
Diplôme Universitaire d'Ingénieur des travaux en
Gestion de l'Eau et de l'Environnement/ESTBA/UL/2009
48
3.2. Résultats du dosage des métaux
lourds (Pb, Cd, As, Cu et Ni) dans les sédiments de dragage du lac Est
de Lomé
Les résultats du dosage des métaux lourds dans
les quinze (15) échantillons de sédiments de dragage du lac
Est de Lomé sont rapportés dans le tableau ci-après.
Tableau 4 : Concentration de métaux lourds
(Pb, Cd, As, Cu et Ni) en mg/kg dans les sédiments de dragage du lac Est
de la lagune de Lomé
N° de
l'échantillon
|
Code de
l'échantillon
|
pH
|
Pb (mg/kg)
|
Cd (mg/kg)
|
As (mg/kg)
|
Cu (mg/kg)
|
Ni
(mg/kg)
|
1
|
E 1
|
7,85
|
0,57
|
<ld
|
119,40
|
7,05
|
0,28
|
2
|
E 2
|
7,86
|
6, 33
|
<ld
|
159,89
|
13,80
|
<ld
|
3
|
E 3
|
7,86
|
1,49
|
<ld
|
179,55
|
7,12
|
0,71
|
4
|
E 4
|
7,83
|
8,10
|
<ld
|
169,23
|
<ld
|
18,20
|
5
|
E 5
|
7,78
|
1,14
|
<ld
|
173,09
|
2,81
|
<ld
|
6
|
E 6
|
7,84
|
6,50
|
<ld
|
88,17
|
6,91
|
2,81
|
7
|
E 7
|
7,80
|
14,34
|
<ld
|
65 ,41
|
25,32
|
0,62
|
8
|
E 8
|
7,87
|
<ld
|
<ld
|
107,59
|
9,04
|
1,06
|
9
|
E 9
|
7,98
|
3,16
|
<ld
|
59,67
|
15,27
|
5,30
|
10
|
E10
|
8,03
|
1,46
|
<ld
|
117,00
|
10,83
|
8,76
|
11
|
E 11
|
7,70
|
2,91
|
<ld
|
120,37
|
13,31
|
8,26
|
12
|
E 12
|
7,69
|
0,17
|
<ld
|
119,10
|
5,52
|
<ld
|
13
|
E 13
|
7,82
|
1,37
|
<ld
|
34,07
|
15,45
|
8,44
|
14
|
E 14
|
7,84
|
20,61
|
<ld
|
74,84
|
10,30
|
12,29
|
15
|
E 15
|
7,63
|
<ld
|
<ld
|
93,96
|
5,33
|
3,88
|
|
ld = limite de détection de l'appareil
Cu = Cuivre, Pb = Plomb, Cd = Cadmium, As = Arsenic, Ni =
Nickel
3.3. Analyse des Résultats
La figure 8 ci-après montre que les teneurs moyennes
et maximales des métaux lourds (cadmium, nickel, plomb et cuivre) sont
largement inférieures à la Valeur guide de la Directive
européenne n° 86-278 du 12 juin 1986 relative à la
protection à la protection de l'environnement.
18,2
20,61
25,32
Teneur moyenne Teneur maximale Directive
européenne
1000
800
750
1200
Teneur en mg/kg de sédiment sec
1000
600
400
300
20
0 0 9,87
4,54 4,7
0
Cadmium Nickel Plomb Cuivre
200
49
Figure 8 : Comparaison de la teneur en
métaux lourds (Cd, Ni, Pb et Cu) en mg/kg de sédiments sec avec
la Directive européenne relative à la protection de
l'environnement1.
La figure 9 ci-après, représente la comparaison
de la teneur d'arsenic en mg/kg de sédiments secs analysés avec
la valeur guide proposée2 par le Ministère de
l'Environnement et du Développement Durable (MEDD) de la France,
relative à la gestion des sites et des sols pollués. Cette
comparaison révèle que les teneurs (minimale, moyenne et
maximale) d'arsenic dans les sédiments analysés sont largement
supérieures à la valeur guide d'arsenic admise.
On note que la teneur moyenne d'arsenic dans les
sédiments analysés est six (6) fois supérieure à
cette valeur guide. Aussi, note-t-on que la teneur maximale d'arsenic dans les
sédiments est évaluée environ neuf (9) fois
supérieure à la teneur d'arsenic recommandée par le
MEDD.
1 Source de la Directive européenne: guide
méthodologique d'enlèvement des sédiments,
Thématique Sédiments
2 Source de la valeur guide proposée : Guide
méthodologique de l'arsenic appliqué à la gestion des
sites site et des sols pollués, page 53.
Teneur en mg/kg de sédiment sec
200
180
160
140
120
100
80
60
40
20
0
179,55
34,07
Teneur moyenne Teneur maximale Teuneur minimale
Valeur guide du
112,1
MEDD
19
Arsenic
50
51
Figure 9 : Comparaison de la teneur en arsenic
en mg/kg de sédiments sec avec la valeur guide du Ministère de
l'Environnement et du Développement Durable (MEDD) de la
France.
3.4. Discussion
Les sédiments analysés présentent un pH
alcalin qui varie 7,63 à 8,03. Cette alcalinité est favorable
à la précipitation des éléments métalliques
sous forme d'hydroxydes, de carbonates, de sulfures etc. Les métaux
lourds (Cd, As, Cu, Ni, Pb, etc) immobilisés dans les sédiments
présentent moins de dangers pour les organismes, que s'ils sont en
solution. Cependant, dans certaines circonstances qui sont fonctions des
composantes abiotiques du milieu (pH, salinité, potentiel redox etc),
ils sont susceptibles de repasser en solution [3].
Au regard des résultats que nous avons obtenus, nous
pouvons dire que les sédiments du lac Est sont exempts de la
contamination par le cadmium, le nickel, le cuivre et le plomb. Cependant, ces
sédiments sont contaminés par l'arsenic et constituent de ce
fait, un risque écologique et sanitaire potentiel pour la faune et la
flore aquatique et pour l'homme.
La contamination des sédiments du lac Est par l'arsenic
provient probablement :
· des lixiviats d'ordures ménagères et de
nombreux produits à usage domestique directement rejetés dans le
lacs ou à travers les égouts,
· du ruissellement des lixiviats provenant des
semi-conducteurs et des tubes cathodiques du dépotoir sauvage de
déchets électroniques (figure 10),
· de l'infiltration et du ruissellement de résidus
de pesticides utilisés pour la production maraîchère, le
long de la côte togolaise.
Figure 10 : Dépotoir sauvage de
déchets électroniques brûlés, situé sur la
rive Sud- Ouest du lac de Bè non loin de l'Avenue
Augustine de Souza
3.4.1. Impact de la contamination des sédiments du
lac Est par l'arsenic sur l'environnement et l'homme
La contamination des sédiments du lac Est de la lagune
de Lomé par l'arsenic, expose les ressources en eau (nappes
souterraines), les organismes aquatiques et l'homme à un risque
potentiel de contamination. Les troubles toxicologiques liés à la
contamination par l'arsenic peuvent entraîner des morbidités et
même la mort des individus.
Les plantes absorbent l'arsenic plutôt facilement, et il
peut donc y avoir des concentrations élevées dans la nourriture.
Les concentrations en arsenic inorganique dangereux qui sont actuellement
présentes dans les eaux de surface augmentent les risques de
modification du matériel génétique des poissons. Ceci est
principalement provoqué par l'accumulation de l'arsenic dans le corps
des organismes d'eau douce se nourrissant de plantes. Les oiseaux mangent les
poissons qui contiennent déjà des quantités importantes
d'arsenic et meurent
d'un empoisonnement à l'arsenic lorsque le poisson se
décompose dans leur corps [17].
Les problèmes de santé humaine liés à
l'arsenic varient selon que l'arsenic est inorganique ou organique.
L'exposition à l'arsenic inorganique peut provoquer
différents effets : - une irritation de l'estomac et des intestins,
- une diminution de la production des globules blancs et rouges,
- un problème de peau,
- et une irritation des poumons,
- un cancer de la peau, du poumon, du foie ou lymphatique, - une
infertilité et des fausses couches chez les femmes ;
- une résistance moindre aux infections,
- des perturbations et des dommages au coeur,
- une altération de l'ADN.
L'arsenic organique ne peut provoquer ni cancer ni
altération de l'ADN. Mais une exposition à des doses
élevées peut provoquer chez l'homme certains effets comme :
- maux d'estomac,
- des problèmes au niveau des nerfs [17].
La contamination aux métaux lourds dans les
sédiments de dragage du lac Est de Lomé, vient confirmer
plusieurs études qui ont été réalisées sur
la lagune de Lomé à savoir :
- le suivi de la qualité des eaux et des sédiments
du lac de Bè avant, pendant et après le curage [11],
- l'évaluation de la teneur des métaux lourds dans
l'eau et les sédiments de la lagune de Lomé [1],
- les études techniques additionnelles à
l'étude de faisabilité de travaux de dragage du lac Est de
Lomé [12],
- l'évaluation de la bioaccumulation des métaux
lourds dans les poissons du système lagunaire de Lomé [16].
52
CONCLUSION ET
RECOMMANDATIONS
53
54
55
CONCLUSION
Notre étude a permis de mettre en évidence la
présence de plusieurs métaux lourds dans les sédiments de
dragage du lac Est de la lagune de Lomé. Parmi les métaux
analysés, seul l'arsenic révèle des teneurs
supérieures à la teneur recommandée par le MEDD dans le
cadre de la gestion des sites et des sols pollués. En effet, la
caractérisation chimique des sédiments qui a porté sur
l'évaluation des métaux lourds (cadmium, arsenic, nickel, plomb,
cuivre) a révélé une contamination par l'arsenic (34,07
à 179,55 mg/kg).
Les activités anthropiques sont tenues responsables de la
détérioration accélérée de l'environnement
lagunaire constatée dans le cadre de cette étude.
Le travail présenté ici est en continuité
avec les travaux antérieurs qui ont été effectués
sur cette lagune depuis les années 1980, avec le même but
d'identification des impacts anthropiques sur les eaux et les sédiments
lagunaires, mais son originalité est de proposer des approches
appropriées pour une gestion durable de la lagune et des
sédiments dragués.
RECOMMANDATIONS
Face à l'évolution sans cesse croissante des
problèmes environnementaux dans le milieu, il est nécessaire
d'adopter de formes d'exploitation durables en tenant compte de la
participation active de tous les acteurs du développement.
Dans le contexte togolais, il demeure difficile d'assurer la
protection complète de la lagune de Lomé, contre de nombreuses
sources de contamination potentielles (eau usées domestiques et
industrielles, ordures ménagères, envahissement des plantes
aquatiques).
Les recommandations ci-dessous sont formulées sous
forme de différentes approches appropriées qu'on peut utiliser
pour assurer une gestion durable de cette lagune.
a) Recommandations pour une gestion pérenne du
lac Est restauré et des autres lacs de Lomé
Approche concertée
D'après Banton et Bangoy (1999), une minimisation des
contaminations peut être obtenue par des actions concertées
visant : (i) l'incitation des industries et
d'autres secteurs de production à la prévention
des contaminations, (ii) le développement d'outils d'évaluation
des risques et du devenir des contaminations, ainsi que d'aide à la
décision pour les gestionnaires de la qualité des ressources
[5].
Nous proposons le renforcement d'un cadre de concertation et
de coopération entre l'Etat, les collectivités, les ONGs et les
populations riveraines en vue de favoriser la gestion efficace et efficiente
qui vise la protection de l'écosystème de la zone
d'étude.
Approche par demande
Plus le projet a une approche par la demande, plus
l'accès au service et son utilisation sera facilitée. Les projets
qui ont cette approche offrent aux usagers hommes et femmes de toutes les
couches économiques des informations et des possibilités de choix
de technologies, de niveaux de services, d'emplacement des installations, de
type de gestion locale, d'entretien et de systèmes de financement. Plus
les opinions et les choix s'exprimeront, meilleurs seront l'accès et
l'utilisation du service [2].
C'est pourquoi nous proposons que lorsque l'Etat doit
entreprendre des travaux de dragage de la lagune, qu'il prenne en compte les
préoccupations des populations riveraines et au besoin les impliquer
dans l'exécution des travaux.
Approche "genre et développement"
Cette approche qui permet la reconnaissance du rôle de
la femme comme actrice du processus de développement et pas seulement
comme bénéficiaire des projets, fait de la participation des
femmes une condition de réussite et de pérennité des
actions de développement. Aussi, note-t-on que les projets qui se
soucient le plus des questions liées au genre sont ceux qui obtiennent
les meilleurs résultats en terme d'efficacité [2].
Nous proposons que toutes actions d'aménagement de la
lagune de Lomé, prennent spécifiquement en compte les
préoccupations des femmes dans la localité.
Elle est basée sur l'instauration d'un dialogue
services techniques/populations et fondée sur le concept de
participation et de partenariat. De ce fait, la méthodologie d'approche
participative est novatrice à plus d'un titre. Elle a pour objectif
principal d'associer étroitement les populations dans la conception et
la gestion de toutes les activités de développement de leur
milieu et de leur terroir. L'approche participative n'est pas une fin en soi,
mais un ensemble
56
méthodologique utilisant une série d'outils qui
vise à assurer les conditions nécessaires à la sauvegarde
des ressources naturelles. Elle contribue de ce fait au développement
socio-économique du terroir. L'approche participative tend en
réalité à modifier la perception du rôle de chacun
des intervenants (Etat, services techniques, populations, etc.) dans la gestion
des ressources naturelles. Elle favorise la prise de décision et la
prise en charge par les populations des actions destinées à
améliorer les conditions d'exploitation des ressources et
aménager leur espace-terroir [10].
Nous proposons que l'Etat oblige à toute agence
d'exécution des travaux d'aménagement de la zone lagunaire
à promouvoir la participation active des populations riveraines par les
séances de conférences éducatives fondées sur
l'utilisation des outils des approches participatives.
Approche "valorisation des savoirs locaux"
La valorisation des savoirs locaux est aussi apparue comme une
des contributions marquantes de la communication participative pour le
développement. En faisant participer les populations au diagnostic des
problèmes et à la recherche de solutions, les équipes de
projet permettront aux populations de partager des pratiques et des savoirs
ancestraux. Cela contribuera à renforcer la mobilisation sociale et la
participation des populations puisque ces dernières n'étaient
plus simplement là pour prendre et appliquer les avis des chercheurs et
des techniciens [21].
Nous recommandons qu'une étude soit faite en vue de
diagnostiquer les technologies ancestrales qui furent utilisées jadis
dans le milieu pour assurer la préservation des
écosystèmes de la lagune de Lomé. Les résultats de
cette étude permettront de faire le choix des technologies ancestrales
les plus appropriées pour une gestion durable du milieu.
|
Approche " amélioration des conditions de vie des
populations locales par l'offre d'un service d'assainissement de
base"
|
La majorité des populations des quartiers riverains de
la lagune de Lomé, est restée en proie à la
pauvreté, au chômage et à l'absence des infrastructures
d'hygiène et d'assainissement de base. En offrant des services
d'assainissement de base à ces populations, on peut
générer des bénéfices tout en espérant que
celles ci peuvent apporter une contribution (matérielle,
financière, humaine) pour une gestion durable de leur milieu.
L'OMS calcule que l'achèvement des Objectifs du
Millénaire pour l'assainissement, représenterait 66 milliards
dollars gagnés en termes de temps, de productivité, de
réduction de la mortalité et des maladies [6]. L'assainissement
est sans doute, avec l'eau potable, une des mesures de santé publique
parmi les plus économiques.
57
Nous recommandons que l'Etat en collaboration avec les
différents partenaires en développement, amène les
populations des quartiers riverains de la lagune de Lomé, à se
doter des infrastructures d'hygiène et d'assainissement de base à
moindre coût en vue de réduire la pollution liée aux
usées domestiques et aux excréta dans la zone.
b) Recommandation pour une gestion pérenne des
sédiments dragués
Nous proposons un réemploi des sédiments
dragués après qu'une étude sur les risques pour le milieu
naturel et pour l'homme soit faite afin d'identifier les meilleures solutions
techniques possibles et économiquement réalistes.
Dans ce cadre, nous proposons comme solution de réemploi
:
> Une utilisation des sédiments dragués dans le
compactage de la décharge finale d'ordures ménagères de la
ville de Lomé,
> Une utilisation des sédiments dragués dans les
travaux publics (construction des chaussées bitumées, de digues
de barrage...etc).
BIBLIOGRAPHIE
58
[1].
59
ASSIH B. T., (2006),
Contribution à l'évaluation de la pollution de
la lagune de Lomé : Impact sur la qualité des produits de
pêche, Mémo : DESS, FST, UNIV d'Abomey-Calavi du Bénin, 63
p.
[2]. ALLELY D., DREVET-DABBOUS O., (2002),
Eau, genre et développement durable:
Expériences de la Coopération française en Afrique
subsaharienne, Editions du GRET, Ministère des Affaires
étrangères, Agence française de développement,
Banque mondiale, 108p.
[3]. ASTRUC M., PINEL R., (1985),
La Spéciation des éléments en trace dans
les systèmes aquatiques, l'actualité chimique, pp 29-35.
[4]. AKITI A. Y. E., (2008),
Contribution à l'amélioration de la
salubrité en milieu urbain à partir de la gestion des
déchets ménagers : Cas de la zone lagunaire de Bè de la
ville de Lomé, Mémo : TSGS, EAM, Université de
Lomé, 49 p.
[5]. BANTON O., BANGOY L. M. (1999),
Hydrogéologie : multisciences environnementale des eaux
souterraines. Presse de l'Université du Québec.
Québec, 460 p.
[6]. BENZ J., (2008),
Assainissement de base dans les pays en développement
(Lausanne, Suisse) : Que fait la Suisse ?, Discours, DDC.
[7]. BLOUNDI M. K., (2005),
Etude géochimique de la lagune de Nador (Maroc
oriental) : Impact des facteurs anthropiques. Thèse de doctorat,
Université Mohamed V-Agdal, Faculté des Sciences de Rabat, 238
p.
[8]. Brunet J.F., (2007),
Etat des lieux sur la pollution des fleuves par les PCB dans le
monde. Actions des pouvoirs publics. Exemples de décontamination
[9]. Chapelle A., Lazure P., Souchu P.,
(2001),
Modélisation numérique des crises anoxiques
(malaigues) dans la lagune de Thau (France). Oceanologica Acta, 24,
p.87-97.
[10].
60
61
FAO, (1995),
Approche participative, communication et gestion des ressources
forestières en Afrique sahélienne : Bilan et perspectives,
111p.
[11]. Faculté des Sciences de l'Université
de Lomé, (2000),
Rapport final : Suivi de la qualité des eaux du lac de
Bè avant, pendant et après le curage.
[12]. INROS LACKNER AG., IGIP Afrique,
(2005),
Spécifications Techniques et Plans : Dragage du Lac
Est et curage du canal d'équilibre de la lagune de Lomé,
Ministère des Mines de l'Energie et de l'Eau, AGETUR-Togo, 61p.
[13]. INROS LACKNER AG., AGIP Afrique,
(2006),
Etude techniques additionnelles à l'étude de
faisabilité des travaux de dragage du Lac Est de Lomé.
[14]. Kjerfve B., (1994),
Coastal Lagoon Processes. Elsevier Oceanographic Series 60.
Elsevier, New York.
[15]. Kjerfve B., Magill K E., (1989),
Geographic and hydrodynamic characteristics of shallow Coastal
agoons. Marine Geology, 88 (3-4), p. 187-199.
[16]. KPIAGOU P., (2008),
Evaluation de la bioaccumulation des métaux lourds dans
les poissons du système lagunaire de Lomé, GEE,
ESTBA-Université de Lomé, 43p.
[17]. LENNTECH,
Arsénic : Propriétés chimiques - Effets
de l'arsenic sur la santé - Impact de l'arsenic sur l'environnement.
Pays Bas, France, Suisse, Canada, Belgique. Site de Water Treatment
LENNTECH, [en ligne]
http://www.lenntech.fr/periodique/elements/as.htm
(Page consultée le 12 juin 2009).
[18]. Ministère de l'Environnement et des
Ressources Forestières(2008), Loi-cadre sur l'Environnement au
Togo, Lomé, 37p.
[19]. Pagès J., Andrefouet S., Delesalle B.,
Prasil V., (2001),
Hydrology and trophic state in Takapoto Atoll lagoon: comparison
with other Tuamatou lagoons. Aquat. Living Ressources, 14, p. 183-193.
[20]. Soto-Jiméneza M. F., Páez-Osuna F.,
(2001),
Distribution and normalization of Heavy metal concentrations
in mangrove and lagoonal sediments from Mazatlán Harbor (SE Gulf of
California). Estuarine, Coastal and Shelf Science, 53 (3), p.
259-274.
[21]. Sow F. et Adjibade A.,
Regard sur des expériences de communication
participative pour le développement en Afrique de l'Ouest
(Sénégal et Côte-d'Ivoire). Site du
Centre de Recherche et de Développement International, [en ligne]
http://www.idrc.ca/fr/ev-104998-201-1-DO_TOPIC.html.
(Page consultée le 12 juin 2009).
[22]. URS France & OPHRYS, (2002),
Enlèvement des sédiments, Guide
méthodologique : Evaluation détaillée des risques
liés à la gestion des sédiments et aux opérations
de curage, p. 9.
|