Gouvernance locale et développement communautaire durable: cas du Centre de santé du village Gboto Zévé au Togo( Télécharger le fichier original )par Valentine OLOUME BEYEME Centre de recherche et d'action pour la paix, institut de la dignité et des droits humains - Master II en éthique et gouvernance; option éthique économique et développement durable 2011 |
Source : Ministère de l'Administration Territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités Locales. ( www.gouv.tg). L'intérêt de ce tableau par rapport à notre étude est de donner un aperçu sur le niveau de décentralisation au Togo. Force est de constater que le processus de décentralisation y est encore limité. Le découpage administratif s'arrête à deux niveaux : la région et la préfecture. Les sous-préfectures sont quasi absentes, les communes sont en nombre réduit. Dans la préfecture de Yoto par exemple (ligne 17), lieu de l'étude, la ville de Tabligbo est la seule circonscription administrative de toute la préfecture. Les autres entités sont essentiellement des cantons et des villages. En dépit des aspects géographique, politique et administratif, il est important d'introduire d'autres éléments de présentation pour une bonne connaissance générale du Togo. B- SITUATION DEMOGRAPHIQUE, ECONOMIQUE ET SOCIALECette deuxième section du chapitre sur la présentation générale du Togo fournira des informations sur la démographie, l'économie et le social 1- DémographieLa population du Togo est à l'image de sa superficie. Autrement dit, c'est un Etat peu peuplé. Les estimations récentes, et plus précisément celle de 2009, chiffraient la population togolaise à 6,6 millions d'habitants4, soit 50.5% de femmes et 49.5% d'hommes, pour une densité de 95 habitants au Km2. Le taux de croissance annuelle de la population5 est de 2,17%. La population urbaine était de 42,7% en 2009 ; plus de 55% de la population vit en milieu rural. Ce qui signifie que la grande majorité de la population est rurale. Les dix plus grandes villes du pays ainsi que la taille de leur population sont présentées au tableau de la page suivante : 4 Donnée de l'Annuaire statistique pour l'Afrique 2011. 5 Estimation de la DGSCN, www.stat-togo.org, consulté le 19 avril 2011. Tableau 2 : Grandes villes du Togo et leur population
Source : Ministère de l'Administration Territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités Locales. ( www.gouv.tg). 2- EconomieL'économie repose essentiellement sur la culture vivrière. Elle regroupe à elle seule 65% des travailleurs. Le reste de la main d'oeuvre, environ 30%, vit des cultures de rente telles que le cacao, le café, le coton, mais aussi des ressources minières à l'instar du phosphate, qui fait du pays le cinquième producteur mondial. Le Port Autonome de Lomé (PAL), un des premiers port en eau profonde de la sous-région, couvre les besoins de nombreux pays voisins comme le Mali, le Burkina Faso, le Niger. C'est ainsi que, depuis le début de la crise en Côte d'Ivoire, le Togo est devenu une plate-forme très importante pour les opérateurs économiques de la sous-région. Le Togo fait partie des Pays Pauvres Très Endettés (PPTE). Mais, depuis quelque temps, il n'a pas bénéficié de l'aide publique au développement dont le niveau est passé de 11,9% du PIB en 1990 à 2,5% en 2003. La principale conséquence a été la diminution de moitié des investissements publics durant la même période. Le début de reprise, qui est noté depuis 2007, s'explique cependant en grande partie par le soutien au processus électoral et les allégements de dette. La crise des finances publiques que le Togo a connue jusqu'en 2005, accentuée par l'absence d'un programme financier avec les Institutions de Bretton Woods, a entrainé une explosion de l'encours de la dette publique interne et externe (accumulation d'arriérés de paiement, absence d'allégement de dette) dont le niveau représentait près de 95% du P11B en fin 2007. Les allégements de dette obtenus en 2008, après la signature de la Facilité pour la Réduction de la Pauvreté et la Croissance, ont ramené cet indicateur aux alentours de 75% du P11B en fin 20086. 3- Le social7Comme la plupart des pays africains sous-développés, les indicateurs de développement humain ne sont pas satisfaisants au Togo où des efforts restent encore à fournir dans tous les secteurs. C'est ainsi que dans les domaines de la nutrition, de l'éducation et de la santé, l'on note une forte corrélation entre la situation des OMD et la prévalence de la pauvreté. Cette situation est encore plus ressentie dans les zones rurales de manière générale et dans la région des Savanes en particulier qui est la région la plus pauvre du pays. La pauvreté touche près de deux togolais sur trois, dont trois sur quatre en milieu rural. En plus de ce niveau élevé de la pauvreté, la situation est aussi caractérisée par une extrême vulnérabilité des individus à la pauvreté dont le taux a été estimé à 81,2%. La population active est seulement de 2 635 000 dont 38,2% de femmes8. Le Togo est cependant autosuffisant sur le plan alimentaire. Au niveau de l'éducation primaire, le taux de scolarisation net (87% en 2008) est l'un des meilleurs de la sous-région ouest-africaine. Ce niveau satisfaisant a été pendant longtemps le fruit de la forte implication des ménages dans le financement de l'école primaire avant que le Gouvernement n'introduise en 2008 la gratuité des frais scolaires. 6 Ces données sont en grande partie celles du rapport sur les OMD du Système des Nations Unies au Togo intitulé Le Togo se mobilise autour des OMD, 3ème rapport de suivi des Objectifs du Millénaire pour le Développement, avril 2010, 41 pages, document en ligne sur le site www.tg.undp.org, consulté le 06 avril 2011. 7 Ibidem. 8 Annuaire statistique pour l'Afrique 2011. Malgré ces indicateurs quantitatifs louables, la performance a pâti du fait du contexte économique difficile. C'est ainsi que le niveau de redoublement est encore élevé (22%), le taux d'achèvement moyen (57%), le taux d'encadrement faible (50 élèves par enseignement), un mobilier scolaire et un matériel pédagogique insuffisant, une formation des enseignants restée longtemps en-deçà des standards... ; En ce qui concerne la parité filles/garçons, elle est sur une tendance satisfaisante au niveau du primaire (0,95 en 2008) ; elle est par contre de 0,65 dans le premier cycle du secondaire et 0,31dans le second cycle ; Les femmes continuent à occuper très peu d'emplois dans le secteur moderne non agricole. Elles exercent plus leurs talents dans le secteur informel et agricole où elles excellent dans la production agricole, sa transformation et sa commercialisation. Sur le plan sanitaire, les niveaux de mortalité infantile (enfants de moins de 1an) et infanto-juvénile (enfants de moins de 5 ans) sont encore élevés, car ils sont respectivement estimés à 77%o et 123%o. Le renforcement des programmes de campagnes intégrées (prévention, vaccination, nutrition, lutte contre le paludisme) pourrait contribuer à réduire ces niveaux. Le taux de mortalité maternelle demeure très éloigné du seuil de 160 pour 100.000 naissances vivantes. Il nécessite le renforcement des efforts en matière de consultations prénatales et d'accouchement assisté par du personnel qualifié. Dans les domaines de la lutte contre le VIH, le paludisme et la tuberculose, des résultats intéressants ont été obtenus grâce aux efforts déployés par le Gouvernement avec l'appui de la communauté internationale. C'est ainsi que la prévalence du VIH a été stabilisée et la prise en charge des personnes malades s'est beaucoup améliorée avec l'introduction de la gratuité des anti-rétroviraux (ARV). Des progrès ont été réalisés dans la lutte contre le paludisme qui demeure la première cause de mortalité dans les formations sanitaires, ils demeurent cependant fragiles et contraints par les problèmes du système de santé et la pauvreté d'une grande partie de la population. C- CONTRAINTES ET PERSPECTIVESLes contraintes qui se posent au Gouvernement togolais, selon les agences du système des Nations Unies au Togo9sont de deux types : des contraintes d'ordre général et des contraintes d'ordre spécifique.
Malgré les contraintes susmentionnées, le Gouvernement affiche sa volonté de relever les défis en s'appuyant sur les orientations de sa Stratégie de Développement à Long Terme basée sur les OMD. Il a, à cet effet, préparé des politiques sectorielles de l'agriculture, l'éducation primaire, la santé, l'eau potable, en prenant en compte des interventions compatibles avec les besoins nécessaires à la réalisation d'ici 2015 des OMD au Togo. 9 Op.cit., p. 12. Tableau 3 : Récapitulatif des contraintes à l'atteinte des OMD au Togo
OMD 4 OMD 7 OMD 8 CADRE DE PLANIFICATION BASEE SUR LES OMD Absence s'une politique (à jour) de l'environnement Faible prise en compte de la transversalité de l'environnement Absence d'une politique globale d'accès à l'eau potable Absence d'une politique en matière d'assainissement Absence de déclinaison locale du Plan National de Développement Sanitaire Absence d'une politique de l'aide Absence d'une politique commerciale Longue suspension développement : Faiblesse des FINANCEMENT PRESTATION DE SERVICE Faiblesse de la qualité des prestations sur le terrain (faiblesse des ressources humaines, qualité du plateau technique) Faible taux de fréquentation des structures sanitaires (30% à cause notamment du faible revenu des ménages) Concentration du personnel médical (80% dans les centres urbains) Faible capacité de stockage des vaccins et non respect du calendrier vaccinal Malnutrition et manque d'hygiène Insuffisance de l'offre de services en maternité à moindre risque Stigmatisation des PVVIH Accès et qualité de l'eau victimes des contraintes physiques et climatologiques Faible capacité des communautés en matière de gestion des ouvrages Non finalisation des textes d'application du code de l'eau Trop grande présence de l'Etat (juge et partie) Absence d'une politique de l'eau Topographie peu favorable pour drainer les eaux pluviales MISE EN OEUVRE DES PROJETS ETSUIVI -EVALUATION Faible capacité des services de la santé en matière de gestion du cycle de projets Faiblesse de la coordination des interventions des partenaires au développement Non opérationnalité du système national d'information sanitaire Système national de SE à bâtir Faible capacité des services de l'environnement pour mettre les activités des accords multilatéraux en matière d'environnement Faible capacité des services de l'eau en matière de gestion du cycle de projets Faible capacité de coordination des interventions des partenaires dans le secteur de l'eau Inexistence d'un mécanisme des ressources en eau et de l'état des ouvrages Faible capacité des services de Développement en matière de mobilisation, de gestion et de coordination de l'aide Source : Rapport du Système des Nations Unies au Togo sur les OMD, 2010. N.B : Les OMD 4, 5 et 6 sont mis en évidence parce qu'ils concernent le domaine de la santé. Ce chapitre introductif a permis de présenter le Togo dans ses grandes lignes. Cette présentation, allant du général au particulier, s'est terminée par ces détails sur le secteur à intérêt : celui de la santé (voir tableau 3 pages 15-16). Ceci permet maintenant de circonscrire spécifiquement les cadres théorique et méthodologique de l'étude. Chapitre II- CADRE THEORIQUE DE L'ETUDELe présent chapitre s'intéresse à l'objet d'étude. Nous aurons d'abord la problématique, ensuite un cadre d'analyse en précisera la théorie de référence. Enfin une synthèse de la revue de la littérature permettra de recentrer la problématique. A- PROBLEMATIQUE1- Position du problèmeSelon une analyse des données de la seconde Enquête Démographique et de Santé (EDS) au Togo10, de nombreux efforts ont été entrepris pour redynamiser le secteur de la santé afin de garantir à la population une égalité de chance dans l'accès aux soins de santé de qualité. Parmi ces actions entreprises, l'on peut citer : - la mise en place de mécanismes permettant d'associer les communautés à la prise en charge de leur problème de santé ; - la mise en place d'une Centrale d'Achat des Médicaments Génériques (CAMEG) et la construction d'entrepôts régionaux de médicaments génériques ; - l'accroissement de l'appui des partenaires de type bilatéral et multilatéral. Malgré ces efforts, le secteur de la santé continue d'être confronté à de nombreux problèmes, notamment : - le délabrement d'un nombre croissant de centres de soins ou d'hôpitaux ; '° Vignikin K. et Gbetoglo D. (sous la direction de), Analyse approfondie des données de la seconde enquête démographique et de santé au Togo, les dossiers de l'URD, Lomé, 2001, pages 90 à 91. - une pénurie croissante de personnel qualifié et leur répartition inégale sur le territoire national ; - un manque chronique de médicaments essentiels, d'équipements, de consommables médicaux dans les formations sanitaires et pour les populations. - des difficultés d'accès des populations aux centres de santé, aggravées par l'augmentation des frais de consultation, les prix des médicaments et des consommables médicaux, lesquels ont subit l'effet de la dévaluation du FCFA ; - une pression démographique sur l'offre sanitaire. Les données du PNUD11 ne disent pas autre chose. En effet, les indicateurs de développement humains au Togo révèlent des progrès certes encourageants au niveau de l'éducation. Mais cela n'est pas toujours le cas dans le secteur de la santé où un certain nombre de problèmes se posent avec acuité. Aussi, pour l'OMS12 les indicateurs de la santé dans le monde appellent à l'action. Le dernier rapport de l'institution sur la santé dans le monde en 2010 se résume en ces termes : « les soins de santé primaire maintenant plus que jamais » Mais cela reste encore un grand défi dans le monde, et particulièrement en Afrique, à cause de plusieurs facteurs endogènes et/ou exogènes aux communautés. La situation sanitaire sus-évoquée prévaut également pour Gboto Zévé, village togolais situé dans la préfecture de Yoto, dans la région maritime, à environ 80 km de Lomé la capitale. Quoique disposant certaines infrastructures de base (en dehors de l'électricité, l'eau potable est disponible et les écoles sont fonctionnelles), ce village d'environ 2 500 habitants, abrite par contre un centre de santé qui, bien que fonctionnel, est de moins en moins fréquenté par les populations qui ont parfois recours aux méthodes de soins traditionnelles et aux accouchements à domicile pour certaines femmes. D'autres encore préfèrent effectuer le déplacement vers les centres de santé des villages voisins. L'enquête exploratoire effectuée sur le terrain révèle quelque part l'inertie des différents acteurs locaux, qui pourrait être sans doute une des principales causes de 11 Op.cit., p. 12. 12 www.who.int/topics/primary_health_care, consulté le 19 avril 2011 nombreux problèmes relevés dans le secteur de la santé dans ce village. Cette inertie se caractérise entre autres par l'inexistence d'un organe de participation communautaire dans la gestion du centre de santé, ce qui pourrait donner lieu à une mauvaise gouvernance. Le manque et l'inaccessibilité (coüt élevé) des médicaments ont été également évoqués par les populations interviewées. Comme action entreprise pour résoudre le problème de la faible fréquentation du centre de santé, le personnel de ce dernier avait initié une sensibilisation de la population, mais celle-ci s'est avérée infructueuse. La mauvaise gouvernance (signalée ici par l'inexistence d'un organe de participation communautaire dans la gestion du centre de santé), peut donc entraver le développement d'une communauté et la réalisation des OMD. Cette situation ne peut pas contribuer à améliorer les conditions de vie des populations déjà peu satisfaisantes. Au niveau national, la politique de santé a également entrepris comme actions (telles que mentionnées en début de cette section) la mise en place de mécanismes permettant d'associer les communautés à la prise en charge de leurs problèmes de santé, la mise en place d'une Centrale d'Achat des Médicaments Génériques, la construction d'entrepôts régionaux de médicaments génériques et l'accroissement de l'appui des partenaires de type bilatéral et multilatéral. Or, à voir de près, il apparait que l'essentiel des problèmes notés dans le secteur de la santé à Gboto Zévé sont pourtant en lien avec ces actions. Mais, loin de faire ici une évaluation générale des politiques publiques togolaises, nous accentuerons notre réflexion sur le premier point qui concerne la mise en place de mécanismes permettant d'associer les communautés à la prise en charge de leurs problèmes de santé. Ceci en raison non seulement de notre approche de développement communautaire participatif, mais aussi en raison du problème posé. 2- Question de rechercheLe problème ainsi posé débouche sur une question. Cette question de recherche ou encore fil conducteur qui guidera cette réflexion est donc la suivante : quelle est la relation qui existe entre le système de gouvernance locale du centre de santé de Gboto Zévé et sa dynamique de développement communautaire?
L'intérêt de cette étude est de faire une approche spécifique des conditions de développement communautaire dans une localité précise, sans épouser une démarche généralisante du développement. Mais, bien que se limitant seulement au niveau local, l'étude pourrait tout aussi intéresser les décideurs puisque relevant de la sphère des politiques publiques. C'est aussi la première étude qui est menée dans le cadre de la gouvernance locale en générale et du secteur de la santé en particulier dans le village de Gboto Zévé. Par contre, les principales limites de ce travail concernent l'étendue de son champ d'application. N'eüt été le défaut des ressources financières et temporelles, l'étude pouvait tout aussi s'étendre aux autres domaines du développement communautaire tels que l'éducation, l'assainissement, etc. Aussi, cela, n'a pas permis de mener des entretiens en profondeur avec tous les acteurs concernés par la question. Car, il faut le reconnaître, même si l'objectif n'était pas l'évaluation générale des politiques publiques, une grande partie des problèmes soulevés s'y rapportaient néanmoins. C'est dans ce sens que certains entretiens ont été menés avec certains responsables du ministère de la santé et de la Centrale d'Achat des Médicaments Génériques (CAMEG). 5- Delimitation du champ de l'étudeTout d'abord, le champ de l'étude n'entend pas embrasser le domaine des politiques publiques, bien que faisant partie de ce vaste ensemble. Il ne s'agit donc pas de faire une évaluation de la politique nationale de santé ou de la gouvernance togolaise. C'est plutôt une approche spécifique du problème de la gouvernance locale de Gboto Zévé, en lien avec son développement communautaire, dont le cas peut ne pas s'appliquer à d'autres villages togolais. Ensuite, l'étude se limite surtout dans le cadre de l'action de l'association Lutte pour la Paix et le Joie sur Terre (LUPAJOTE). En effet, l'association qui accompagne les communautés dans leurs initiatives de développement souhaiterait d'abord comprendre tous les contours de la situation du milieu avant la prise de décision, particulièrement en ce qui concerne la pertinence, l'efficacité, l'efficience et la durabilité des projets auxquels elle serait éventuellement partenaire dans cette localité. B- SYNTHESE DE LA REVUE DE LA LITTERATUREEn guise de synthèse, la littérature consultée sur le sujet s'articulera en deux points : la disponibilité des sources et la revue critique des ces dernières. 1- Disponibilité des sourcesLes ouvrages traitant de l'un des aspects du sujet et en lien avec la gouvernance locale et le développement communautaire sont abondants. De plus la consultation d'ouvrages méthodologiques, des articles, des communications et des rapports d'étude s'est avérée nécessaire dans le but de recentrer de plus en plus la problématique. Toute la documentation a été accessible dans le centre de documentation du CERAP à Abidjan et au Centre Culturel Français de Lomé. Une grande partie des sources est constituée de la webographie (ensemble des sites internet consultés). Le tableau suivant donne des précisions sur le corpus documentaire. Tableau 4 : Corpus documentaire
Source : Auteur 2- Revue critique de la littératureLa littérature consultée pour la réalisation de ce travail se concentre autour de trois axes, allant du général au particulier. Comme précédemment précisé à la première partie de cette section, cette articulation avait pour but de mieux affiner la problématique de l'étude. Ces trois axes sont les suivants : > les indicateurs et critères universels de la bonne gouvernance : ce volet de la littérature a permis de cadrer l'étude dans le domaine général de la gouvernance ; > les indicateurs socio-économiques et démographiques du Togo. : cette dimension a facilité la position du problème en mettant en relation le cadre général de la gouvernance et le problème spécifique identifié dans ce cas d'étude ; > les résultats de recherche, les travaux et publications des institutions spécialisées (PNUD, Banque Mondiale, Banque Africaine de Développement, etc.). Ces documents ont fourni une vision assez détaillée des OMD au Togo, particulièrement dans le domaine de la santé. Cependant, malgré l'apport considérable de la documentation consultée, des limites peuvent toutefois être notées à cette revue de la littérature. La littérature consultée n'a pas fourni des données spécifiques sur la population d'étude proprement dite, celle du village de Gboto Zévé. Cela pourrait se justifier par le fait que les documents faisant état des questions de gouvernance locale et de développement communautaire spécifiques au Togo ne sont pas nombreux dans le corpus documentaire de l'étude. La majorité de ces ouvrages identifiés au Centre Culturel Français de Lomé n'étaient pas actuels (au-delà de dix ans). Par contre les ouvrages récents sur le Togo et ayant eu un apport considérable étaient des ouvrages socioéconomiques et démographiques. Les positions des différents auteurs par rapport à la problématique diffèrent en fonction des disciplines des uns et des autres. Pour Isabel Guisnel13 , le cadre méthodologique de l'OCDE qui ne fournit que des indicateurs quantitatifs des OMD ne permet pas d'évaluer le développement participatif, la bonne gouvernance, la démocratisation et les droits de l'homme. La Banque Mondiale et l'Union Européenne par contre sont avancées dans la définition des indicateurs de la bonne gouvernance. L'auteur estime qu'un travail de réseau est nécessaire en vue d'adopter une approche commune qui définira des indicateurs qualitatifs, à fin de prendre en compte les perceptions et attentes des populations et les transformations de la gouvernance au quotidien. Elle précise à cet effet que : « Des analyses sur la perception des populations elles-mêmes des facteurs économiques qui déterminent leurs conditions de vie sont indispensables. Il faut : -étudier les dysfonctionnements à l'origine de l'exclusion ou la non participation des populations aux processus de décision publique, -mesurer les liens entre le système de valeurs et le système politicoéconomique, les caractéristiques socio-démographiques, -évaluer les attentes locales pour compenser le biais institutionnel de la plupart des coopérations. »14 Morin15 dans son approche sociale du développement souligne que l'on passera de théories trop générales dans les années 60 et 70 à des approches de terrain dans les années 80 et 90. Dans les multiples dimensions du développement social, Morin ajoute l'expression fiable de la volonté collective. En d'autres termes, cette volonté collective n'est rien d'autre que la participation communautaire que Guene et al.16qualifient d'essentielle. Ceci en vue de stimuler les initiatives locales, décentraliser les responsabilités au niveau local et favoriser l'autogestion, en renouant ainsi avec les modes traditionnelles d'organisation de l'Afrique subsaharienne. 13 Guisnel, I., `'Les indicateurs de bonne gouvernance : Fabrique et pratique des indicateurs de gouvernance» Séminaire régional sur la gouvernance au sudj, document en ligne sur le site www.bj.refer.org/ofpa/ofpa. 14 Idibem. 15 Op.cit., p. 3. 16 Guene O. et Al., Promotion de l'hygiène du milieu : Une stratégie participative, Lausanne, Presses Polytechniques et Universitaires Romandes, 1999, 1ère édition, 192 pages. En fin de compte, les approches de ces différents auteurs consultés ont permis de choisir et de fixer un cadre d'analyse. C- CADRE D'ANALYSELe cadre d'analyse comme l'expression l'indique, définit déjà les principaux axes d'orientation de l'analyse des résultats. Pour cela des précisons sur la théorie de référence et les mots-clés de l'étude sont nécessaires.
Par ordre d'importance, les mots-clés de cette étude sont : gouvernance locale, politique publique, développement communautaire et durabilité. Par ailleurs, une clarification des termes de santé publique, santé communautaire et santé primaire sera faite. Mais il est à signaler qu'une dimension particulière de la santé n'a pas été spécifiée dans cette étude, l'objectif étant beaucoup plus de mettre la gouvernance locale en rapport avec le développement communautaire. Comme signalé dans la délimitation et les limites de l'étude, le secteur de la santé n'a constitué qu'un choix de contraintes et de prétexte. > Gouvernance locale : la gouvernance peut être définie comme la manière dont s'exerce l'autorité politique, économique et administrative dans la gestion des affaires. C'est aussi le processus par lequel une société se pilote et se dirige17. La gouvernance locale peut donc être appréhendée comme un processus de mise en compatibilité de plusieurs proximités institutionnelles unissant des acteurs (économiques, institutionnels, sociaux...) géographiquement proches, en vue de la résolution d'un problème productif ou de la réalisation d'un projet local de développement. Une telle définition insiste fondamentalement sur l'idée de processus, c'est-à-dire de dynamique institutionnelle collective qui articule, de manière toujours singulière, différentes logiques d'acteurs se confrontant et/ou coopérant sur un territoire. Ce processus n'est pas nécessairement vertueux : il existe des processus de déconstruction institutionnelle (crises industrielles, par exemple) qui correspondent à des situations de gouvernance "faible". La gouvernance locale se concrétise par la construction de compromis locaux entre acteurs (aussi bien privés que publics) et se caractérise par le degré d'articulation et de cohésion des différentes proximités institutionnelles qui spécifient le territoire, qu'il s'agisse du rapport salarial, de l'affrontement entre capitaux individuels, des relations acteurs privés/acteurs publics, etc.18 > Politique publique : De façon générale, la notion de « politiques publiques » peut se comprendre comme un ensemble de décisions prises, 17 Op.cit., p. 24. 18Définition du Groupement de Recherches Economiques et Sociales, Université Montesquieu-Bordeaux 4 et Université des Sciences Sociales Toulouse 1, cahier du GRES, N° 2003-5, mai 2003. et d'activités conduites par des acteurs publics, en vue de résoudre un problème public dans un espace ou un secteur donné de la société. Toutefois, derrière cette définition et en examinant la notion de plus près, il apparaît que les politiques publiques renvoient à un champ, un système de décision qui relève d'un processus particulièrement complexe à un niveau, celui des acteurs en présence. Cette complexité du processus des politiques publiques transparaît dans la diversité des fondements théoriques servant de cadre d'analyse de cette notion. Construits selon une approche pluridisciplinaire (sociologie, droit, science politique, économie), les concepts d'analyse développés sur les politiques publiques s'appuient effectivement sur le jeu des acteurs, la nature des ressources qu'ils mobilisent et les règles institutionnelles en cours, et c'est ce qui contribue à les différencier. C'est dans le même sens que Nyeck19 souligne que : « Les politiques publiques sont le miroir de l'activité des gouvernements. Leur place dans la sécurité et le bien-être des citoyens, dans la distribution des revenus, dans la collecte des impôts, la régulation de l'action administrative est centrale pour le développement d'une société. (...). Du fait de la concertation multi acteurs, les politiques publiques sont un lieu marqué par le jeu des acteurs, mais également par le choc des enjeux. » > Développement communautaire : le développement communautaire est un processus au cours duquel une communauté augmente graduellement le contrôle et le pouvoir qu'elle exerce sur les questions qui la concernent. Le développement communautaire, c'est donc des gens qui constatent leurs problèmes et leurs besoins communs et qui entreprennent des démarches nécessaires afin de les résoudre et de répondre à ces besoins. Le but ultime est la prise en charge communautaire20. Le développement communautaire repose essentiellement sur trois piliers : les microprojets, 19 Cahier de l'IGAC n° 06 février 2011. 20 « Le développement communautaire, une stratégie pour promouvoir la santé des franco-ontariens », document disponible sur le site http://www.opc.on.ca/fls/devcomft.html l'animation et la formation. Reprenant Metangmo, Guene ajoute que le développement dit communautaire serait en termes simples: « beaucoup de petites choses, faites par beaucoup de petites gens dans beaucoup de petits milieux21» > Durabilité : caractère de ce qui est durable, non pas forcément dans le sens du rapport de Brundtland sur le développement durable, mais plutôt vers celui de la pérennité des projets et actions entreprises dans le cadre d'un développement social. > La santé publique désigne tout ce qui à l'échelon public concerne la santé des populations. Le but de la santé publique est donc de réduire la morbidité et d'aboutir au final à un accroissement de l'espérance de vie des populations. > La santé communautaire par contre est une des stratégies possibles de mise en oeuvre de la promotion de la santé. Ses principales caractéristiques sont une base collective pour les actions à construire (la communauté), l'identification collective des besoins, problèmes et ressources (le diagnostic communautaire), la participation ouverte à tous les acteurs concernés (médecins, usagers, institutions, etc.).22 > La santé primaire enfin est l'ensemble des soins de santé essentiels rendus universellement accessibles aux individus et aux familles au sein de leur communauté par des moyens acceptables par eux et à un coût que les communautés et le pays puissent assumer. Ils sont partie intégrante tant du système de santé national, dont ils sont la cheville ouvrière, que du développement économique et social d'ensemble de la communauté23. Le cadre théorique donne certes des éclairages sur les notions conceptuelles, mais ne suffit pas à lui seul pour la construction de l'objet d'étude. 21 Op.cit., p. 3. 22Gwénola Levasseur, la revue Exercer, Janvier/ Février 2005, N° 072-7 23 Définition de l'OMS disponible sur le site www.who.int/topics/primary_health_care/fr Des précisions sont également nécessaires sur l'approche de terrain ayant abouti à la collecte des données. C'est l'objet du chapitre suivant qui présentera et expliquera le cadre méthodologique de l'étude. Chapitre III - CADRE METHODOLOGIQUE DE L'ETUDEIl s'agit ici d'expliquer l'approche méthodologique de l'étude de terrain qui a conduit aux résultats exposés dans la deuxième partie. Une première section justifiera le choix de la technique utilisée, ses difficultés et limites. La deuxième présentera le processus de collecte, l'échantillonnage ainsi que les outils utilisés. La dernière enfin détaillera la méthode de traitement et d'analyse des données. A- TECHNIQUE D'ETUDECette section consiste d'abord à justifier le choix de la technique d'étude, mais aussi de faire l'état des difficultés rencontrées sur le terrain. 1- Justification du choix de la technique d'étudeEn raison des objectifs de l'étude, la technique retenue est l'enquête qualitative. Le choix de cette technique se justifie aussi par le fait que cette étude a voulu faire une approche globale de la gouvernance dans un espace concis. D'où le choix des critères et indicateurs généraux de la bonne gouvernance tels que la responsabilité, la participation et la transparence. Il faut également noter l'exigence d'entrer en relation avec les populations afin d'échanger avec elles sur un sujet qui nécessite leur perception et leur ressenti, et, de ce fait, ne pouvant être facilement recueillis par la méthode quantitative. Toutefois, bien qu'étant la mieux adaptée, la méthode qualitative a tout de méme posé quelques difficultés de terrain. 2- Difficultés de terrainLa principale difficulté rencontrée était la barrière linguistique, et donc l'impossibilité de mener des conversations directes lors des focus groups (groupes de discussion). Les participants aux groupes de discussion s'exprimaient pour la grande majorité en langue locale waotchi et en langue éwé (langue parlée dans tout le grand Sud du pays). Ce qui a nécessité la présence d'un interprète-traducteur et d'un « retranscripteur » dans l'équipe pluridisciplinaire composé à cet effet. Cette mesure a été envisagée en vue de limiter les biais liés à la traduction. B- COLLECTE DES DONNEES ET ECHANTILLONNAGEIl a été signalé dans les limites de la littérature une insuffisance, voir une absence d'études spécifiques dans la village Gboto Zévé. C'est pourquoi une présentation de la zone d'étude sera nécessaire à ce niveau. Ensuite seront tour à tour expliqués l'échantillonnage, la méthode et les outils de collecte de données. 1- Présentation de la zone d'étudeGboto Zévé est un village du canton Gboto, situé dans la préfecture de Yoto, (région maritime au Sud), à environ 80 Km au Nord-est de la capitale togolaise, Lomé (voir figure 2, page 33). Le canton Gboto est constitué de six (06) villages à savoir Kossidamé, Assigamé, Amoussi, Vodoupé, Zouvi et zévé. L'appellation de chacun de ses villages du canton est généralement précédée du préfixe « Gboto », d'où par exemple Gboto Zévé pour le village Zévé. Tout comme l'on pourrait aussi dire Gboto Kossigamé, Gboto Assigamé, etc. De sources orales et selon les informations recueillies sur les lieux, l'histoire révèle que les populations autochtones de cette localité seraient originaires de l'actuelle ville de Oyo au Nigéria. La langue parlée localement est le « waotchi ».
Figure 2 : Localisation de la zone d'étude : le village Gboto Zévé La population, d'un effectif de plus de 2 500 habitants, vit essentiellement de l'agriculture vivrière. La culture du coton comme culture de rente n'a pas connu un essor très favorable, malgré l'engagement de certains planteurs. Le premier centre de santé du village construit en l 961 comprenait 5 pièces dont : - une salle de consultation ; - une salle d'accouchement ; - une salle des accouchées ; - une salle de soins ; - une salle pour garder le matériel de soins. Ce dispensaire était géré par une sage-femme formée par des religieuses (infirmières) de la Providence Saint André de Kouvé (localité voisine). En 1988-1989, une ONG Canadienne en collaboration avec l'élite extérieure (EtatsUnis d'Amérique et France) du village a construit un nouveau centre de santé qui devient opérationnel le 2 janvier 1992. Il est actuellement dirigé par un personnel qualifié dont : - un infirmier diplômé d'Etat ; - une sage-femme ; - un aide soignant ; - un gérant. Contrairement au premier dispensaire, le présent, d'une capacité plus grande comprend sept (07) salles, une grande véranda et un incinérateur. Il dessert également sept ( 07) villages, fermes et hameaux voisins. (Voir détail en annexes N°II et III). Le village compte également d'autres infrastructures telles que des écoles (maternelle, primaire et collège d'enseignement général). Les populations disposent de l'eau courante, d'un centre d'alphabétisation et d'une bibliothèque communautaire. Mais cette dernière bien que fournie en livres, n'est malheureusement pas utilisée par la communauté. Le niveau et la qualité de vie des populations n'est pas à apprécier. Car, la plupart des ménages vivent dans la précarité et connaissent d'autres difficultés liées aux conditions de vie difficiles propres au milieu rural africain : la mauvaise qualité des routes, l'électrification rurale et l'assainissement insuffisants. 2- EchantillonnageGéographiquement, Gboto Zévé est un carré constitué de quatre quartiers. C'est fort de cette orientation que le plan d'échantillonnage a consisté à recruter les participants aux quatre coins du village, par souci de représentativité spatiale uniquement. Rappelons encore que la méthode qualitative retenue n'exigeait pas une quantification particulière de la population. Le souci majeur étant la représentativité spatiale ainsi que les quotas d'ages et de sexe. La taille des groupes était de 12 personnes24, soit un total de 36 personnes pour les focus groups. On note une faible représentativité des femmes et des jeunes dans les groupes. Le tableau qui suit donne la structure des différents groupes selon le sexe. Tableau 5 : Structure des focus groups selon le sexe
Source : Présente étude Au delà de ces trois groupes de discussion, plusieurs autres entretiens individuels et informels ont été menés dans le but de la triangulation. Le tableau de la page suivante en donne les détails selon le nombre et les cibles. Au total le nombre global des personnes interviewées pour tous les types d'entretiens réalisés est de 50. 24 Selon les normes méthodologiques de la recherche en sciences sociales, la taille des groupes de discussion est de 8 à 12 personnes. Tableau 6 : Taille globale de l'échantillon
Source : Présente étude 3- Méthode et Outils de collecte de donnéesSelon le type de données recherchées, trois méthodes de collecte ont été combinées. Il s'agit de : - la recherche documentaire pour circonscrire le cadre théorique ; - l'observation et l'entretien libre pendant la phase exploratoire, pour établir d'abord le contact avec le milieu d'étude et les différents acteurs, et pour compléter ensuite les données du cadre théorique; - l'entretien semi-directif pour recueillir les données de terrain au sein de la zone d'étude ; - la MARP (Méthode Accélérée de Recherche Participative) pour rendre effective la participation des populations au processus de recherche-action. Pour collecter ces données diverses, les outils les mieux adaptés étaient le guide de discussion semi-directif et les outils participatifs de la MARP. Le guide de discussion (voir annexe N° 1.), a été utilisé pour l'animation des focus groups. Il renfermait des questions ouvertes formulées à la suite de l'opérationnalisation des variables qualitatives recherchées. Les outils de la MARP quant à eux avaient pour but d'opérer le diagnostic participatif. Il s'agit de renforcer la participation des populations au processus de recherche-action, afin que celles-ci soient considérées comme actrices plutôt que spectatrices de leur propre développement. L'importance de cet outil qui n'est plus à démontrer reste toujours d'actualité. Selon Minfegue25 : « Le diagnostic participatif semble aujourd'hui être un outil de choix pour les organismes publics et organisations (locales et internationales) intéressés par des planifications locales d'action de développement. Cet outil qui apparait diversifié dans ses phases d'utilisation, bien que posant des problèmes méthodologiques liés à cette diversité d'usage, peut apparaitre être un catalyseur de choix des dynamiques endogènes de participation populaire mais aussi de promotion locale de quelques principes de gouvernance à savoir : la transparence, la reddition des comptes ou la démocratie (locale). » Les trois outils de la MARP utilisés étaient les suivants : - l'arbre à problèmes pour visualiser de façon collective les problèmes, leurs causes et leurs conséquences. L'objectif final étant l'analyse approfondie des causes les plus pertinentes pour la recherche commune des solutions appropriées; - l'arbre à solutions pour déterminer les actions à mener et les résultats attendus; - le diagramme de Venn ou diagramme des organisations pour la collecte des données socio-institutionnelles. L'intérêt de cet outil a été la visualisation des activités économiques et relations sociales entre les 25 Minfegue, A., le diagnostic participatif comme espace fortuit de projection, de concertation et de «contrôle » entre « administrateurs » et « administrés », les cahiers de l'IGAC, n°5, février 2011, p.1. différentes organisations internes et externes à la communauté, afin de susciter la discussion. Il est à signaler que l'intérêt des outils de la MARP utilisés ici dans cette étude est leur dimension exploratoire, la phase de planification du changement ne pouvant encore être envisagée à cette étape. Les données ainsi recueillies ont été traitées et analysées suivant un processus à trois étapes : la retranscription directe des entretiens, l'analyse principale et l'analyse secondaire. Les trois étapes de ce processus sont détaillées à la section qui suit, consacrée à la méthode de traitement et d'analyse des données. C- METHODE DE TRAITEMENT ET D'ANALYSE DES DONNEESLa méthode de traitement et d'analyse des données qualitatives a consisté en la retranscription des entretiens, l'analyse principale et l'analyse secondaire. 1- Retranscription directe des entretiensLa toute première étape du traitement des données était la retranscription directe des entretiens en langue française. En effet, comme déjà signalé dans les difficultés de communication rencontrées avec la méthode utilisée, il était nécessaire, pour une meilleure exploitation des données, de retranscrire, autant que possible, l'intégralité des entretiens de groupe plutôt que de les enregistrer. Aussi, la présence d'un animateur local bilingue maîtrisant les deux langues (français et éwé) à été primordiale à cette étape. Cette retranscription s'est faite pour chacun des trois groupes et a essayé au maximum de prendre en compte toutes les interventions. Dans le même temps, un autre membre de l'équipe était chargé de noter également les observations d'ordre général pour chaque groupe : hétérogénéité des groupes, dynamique de la discussion, intervention des femmes, durée de la discussion, etc. Ces retranscriptions ont ensuite constitué des données brutes pour l'analyse proprement dite. L'analyse en question s'est déroulée en deux phases : l'analyse principale et l'analyse secondaire.
La deuxième phase de l'analyse qui correspond ici à la discussion ou l'interprétation des résultats est dite analyse secondaire. C'est une analyse supplémentaire des données qui s'est effectuée pour enrichir l'analyse principale. Elle s'est faite à partir des facteurs contrôlés et non contrôlés de la recherche. La finalité des différentes analyses est entre autres de faire des propositions pour l'action future. Mais, avant d'entamer les recommandations, une conclusion partielle a été faite à la fin des chapitres traitant des résultats de l'étude. Deuxième partie :
|
Causes principa les |
Gestion privée de la |
C o n s é
q u e n
c
e
s
FAIBLE TAUX DE FREQUENTATION
DU CENTRE DE
SANTE
P
r
o
b
l è
m e
c
e
n t r a l
Insuffisance d'infrastructures
(matériels d'analyse,
logements
pour personnel , latrines.)
Inexistence d'un comité
de santé
Non respect des
engagements financiers
de certains
malades
Cherté et manque
de médicaments
Schéma1 : Arbre problèmes du centre de santé de Gboto Zévé
Indisponibilité du
personnel
Absence d'informations sur
le mode de
fonctionnement
interne (Transparence)
Non remboursement
des dettes
Causes Secondaires
A la lecture du schéma précédent, il ressort que :
> Le problème central identifié est la faible fréquentation du centre de santé par les populations de Gboto Zévé ;
> Les causes sont de deux ordres :
- les causes principales ou causes profondes du problème qui sont : le système de gestion privée de la pharmacie, le manque d'infrastructures (logement, latrines, matériel d'analyse médical), l'inexistence d'un comité de santé, le non respect des engagements financiers de certains malades ;
- les causes secondaires résultant directement des problèmes principaux qui sont : la cherté et le manque de médicaments à la pharmacie de l'hôpital, l'indisponibilité du personnel (la nuit ou à certains moments d'urgence), l'absence d'informations sur le mode de fonctionnement interne.
> Les conséquences ou effets que produisent ces problèmes sont :
- une augmentation de la mortalité néonatale causée par les déplacements souvent tardifs et risqués des femmes enceintes qui effectuent le déplacement pour d'autres centres de santé;
- des dépenses supplémentaires occasionnées par le coût du transport à payer pour se rendre dans les dispensaires des villages voisins ;
- une perte de confiance du personnel du centre de santé envers les femmes enceintes qui désertent le dispensaire. Ceux-ci les renvoient effectuer plus tard les vaccinations des nourrissons au lieu de leur naissance ;
- une sous-estimation de la démographie du village. Dans la perception des villageois, le fait que les naissances soient enregistrées dans d'autres villages amène à sous-estimer la taille de leurs ressortissants. Car, les déclarations de naissances des nouveau-nés seront établies dans ces centres de santé où ils sont nés.
Après l'analyse en profondeur des problèmes au niveau de cette phase diagnostic, l'atelier suivant a consisté à la réalisation de l'arbre à solutions.
En principe, l'arbre à solutions est complémentaire de l'arbre à problèmes. Il se réalise en vue de planifier le changement. C'est alors que les causes du problème deviennent les actions à entreprendre et les conséquences les résultats attendus. Dans ce cas d'étude, il a aussi été une démarche pour procéder à la reconnaissance de la responsabilité collective des différents acteurs du système, à travers les problèmes identifiés en amont. Il est important de signaler que, même si la majorité des problèmes sont du ressort de la responsabilité de la communauté, certains, et pas des moindres, résultent du pouvoir des politiques publiques. Mais vue la délimitation du champ scientifique de cette étude, le centre d'intérêt a été celui des problèmes relevant essentiellement de la gouvernance locale. Le schéma de la page qui suit (schéma 2) en donne plus de détails.
Légende
Responsabilité partagée entre
l'Etat et la communauté(gouvernance locale et
politiques
publiques
Responsabilité de la communauté, de
l'Etat et
des partenaires
Responsabilité de la communauté
(gouvernance
locale)
Les médicaments sont
vendus moins chèrs et
sont
disponibles
Une gestion
communautaire de la
pharmacie est mise
en
place
Les conditions de travail
et de logement du
personnel
sont
améliorées
Le personnel est
disponible
LE CENTRE DE SANTE EST
SUFFISAMMENT
FREQUENTE
La communauté est
informée sur la
gestion
du centre de santé
Le comité de santé
est mis en place
Les dettes sont
remboursées
Les engagements
financiers sont
respectés
Schéma2 : Arbre à solutions
L'analyse des données socio-institutionnelles, collectées à travers le diagramme de Venn ou diagramme des organisations (voir schéma 2 page 47), révèle :
- des groupements disparates et donc une faible intersection entre les différentes organisations ; ce qui ne permet pas de saisir la nature des relations entre les groupes ;
- en dehors des quatre groupements agricoles, tous les autres groupes fonctionnent sur l'individualisme. Tout ce passe comme si chacun des quatre quartiers du village détenait ses propres structures ;
- cette organisation interne se traduit également avec l'extérieur, car il y a très peu d'échanges significatifs avec les villages voisins. En dehors d'une école voisine qui a une relation avec le village, il n'y a que les femmes allaitantes des villages voisins qui fréquentent en majorité le centre de santé en période de vaccination ;
- la présence d'un Comité Villageois de Développement (CVD) dans le village, lequel n'est pas aisément positionné dans le diagramme
par les participants. Ils pensent toutefois que toutes les organisations devraient avoir une intersection avec le CVD.
En bref, ce qu'il faut retenir du cadre socio-institutionnel c'est la faible interaction entre les groupes et l'absence d'une structure de coordination.
Ecole voisine
Groupements
d'agriculteurs
Groupe
de jeunes
Association des
parents
d'élèves
Femmes des villages voisins
fréquentant le
centre de santé
Association des |
Village |
Schéma 3 : Diagramme de Venn de Gboto Zévé
Dans le cadre de la décentralisation et du développement local, la participation des acteurs locaux consiste pour eux à exercer effectivement l'intégralité des pouvoirs, qui leur sont conférés en matière d'initiative et de décision, dans le choix et dans la mise en oeuvre des actions et programmes qui concernent leur avenir. Mais, loin de l'entrevoir dans une optique de décentralisation et de développement local, nous analyserons la participation ici
dans le sens de la prise en charge communautaire, donc dans le sens du développement communautaire tel que décrit dans les concepts clés en début de cette étude. Pour ce faire, les cinq points suivants seront observés:
- les organes de participation ;
- les formes de participation ;
lLes expressions pratiques de participation dans les projets communs ; - les mécanismes de participation ;
- la dimension genre.
Il existe certes plusieurs organes de participation tels que le démontre le diagramme de Venn : groupes de femmes, d'agriculteurs, de jeunes, et méme, à l'échelle plus élevée, un comité villageois de développement. Cependant, la communauté ne participe pas à la vie du centre de santé : aucun organe de participation ne s'intéresse aux questions sanitaires.
Les formes de participation les plus courantes qui sont l'information, la consultation, la concertation et le partenariat semblent absentes, vu la structure disparate des différentes groupes.
Toutefois, il a existé auparavant, dans le cadre de certains projets communautaires (construction des salles de classes par exemple), des apports en nature et en espèce de la communauté. Ce qui traduit que l'information, la consultation, la concertation et le partenariat sont possibles au sein de cette communauté.
Cependant, la marginalisation particulière d'un groupe social quelconque n'a pas été notée. L'on note tout de méme un faible dynamisme des jeunes et des femmes dans l'initiative commune. Le groupe des jeunes n'a aucune autre mission de développement particulière, en dehors de l'activité sportive qui est le football. Les quatre associations de femmes se retrouvent pour des activités folkloriques comme la danse.
1- Absence d'un organe de concertation
Comme remarqué ci-contre dans le diagramme des organisations, aucun organe de participation n'est représenté au sein du centre de santé. Le comité de santé qui a existé dans le passé n'est plus opérationnel depuis environ trois ans. Cette situation explique bien l'absence d'informations de la communauté sur le mode de fonctionnement interne du centre de santé. La relation entre les deux acteurs que sont le centre de santé et la communauté est donc presque absente. Il ressort des entretiens que les populations sont bien conscientes de cette situation, mais aucune action concrète n'a encore été envisagée pour rétablir cette relation.
En effet, seul le comité de santé pourrait être l'organe de participation le mieux indiqué pour établir la liaison entre les deux parties, c'est-à-dire le centre de santé et la population.
2- Absence de participation des acteurs locaux et dysfonctionnement des institutions
La conséquence logique de ce qui précède, est la méconnaissance du mode de fonctionnement interne du centre de santé, par la communauté. Et dont sa difficulté d'en évaluer la transparence dans la gestion. L'absence de participation des acteurs locaux dans la gestion des affaires les concernant entraine donc un dysfonctionnement des institutions. Mais il est à signaler toutefois que, à ce niveau, les acteurs locaux ne perçoivent pas clairement une responsabilité quelconque de leur part. Le but de l'investigation n'a pas été, dans ce premier temps, de susciter cette prise de conscience. Il s'est agit d'abord de faire un diagnostic des différents problèmes de gouvernance locale pouvant ralentir ou affecter la dynamique de développement communautaire de la région. Ce qui permettra par la suite de mieux envisager les actions en vue d'une meilleure planification du changement.
Toutefois, une interprétation ou une discussion des résultats présentés reste importante pour bien cerner les autres contours de la situation. Ce sera l'objet du chapitre suivant.
La présente discussion apporte un éclairage nouveau à la suite de l'analyse principale, effectuée au chapitre précédent. A titre de rappel sur le point méthodologique de cette étude, particulièrement sur la méthode de traitement et d'analyse des données, ce chapitre constitue l'analyse secondaire, qui, par définition, s'effectue en fonction des facteurs contrôlés et non contrôlés de l'étude. Dans le cadre de cette discussion, il s'agira précisément des facteurs dits « non contrôlés », car n'ayant pas été pris en compte au départ par la question et les objectifs de recherche.
Le premier facteur (section A) est celui de l'influence méme du cadre global togolais sur la situation de Gboto Zévé.
Le deuxième facteur est celui de la pertinence des modèles de développement communautaire (section B). En effet, il existe plusieurs types de développement communautaire dont la pertinence et l'efficacité doivent être au préalable analysées, puis adoptées en fonction du niveau de la décentralisation, des capacités institutionnelles, organisationnelles, économiques et sociales de la communauté. Un exposé de ces différents modèles de développement communautaire sera fait dans cette section, avant l'indication (dans les recommandations) du modèle approprié pour ce cas d'étude.
Enfin, une conclusion partielle en guise de synthèse (section C), à cette partie concernant l'analyse et l'interprétation des résultats de l'étude, ouvrira la voie au dernier chapitre (chapitre VI) qui traitera essentiellement des principales recommandations formulées à l'endroit des parties prenantes.
Il est certes vrai que la gouvernance locale n'est jamais la transposition à une échelle territoriale réduite de la régulation globale.
Mais, à voir de près, il apparait d'une part que, la plupart des problèmes rencontrés dans la phase du diagnostic communautaire de Gboto Zévé, sont les mêmes que les différentes contraintes du Gouvernement togolais en matière de santé. D'autre part, les obstacles à l'atteinte des OMD, tels que relevés dans la première partie théorique (confère << contraintes et perspectives >>, et OMD 4, 5, 6 ; pages 14, 15 et 16). L'arbre à solutions avait déjà en quelques sortes identifié ces similitudes, en faisant ressortir des responsabilités partagées entre acteurs étatiques et locaux.
Ainsi, au nombre de ces similitudes, l'on peut retenir entre autres :
> l'absence de déclinaison des politiques sectorielles au niveau local, qui peut à juste titre justifier l'absence de déclinaison locale du Plan National de Développement Sanitaire. Il n'existe pas un Plan Local de Développement Sanitaire à Gboto zévé ;
> l'insuffisance des ressources humaines et de la qualité du plateau technique qui entraîne des faiblesses dans la qualité des prestations sur le terrain. De même, l'arbre à problèmes de Gboto Zévé révèle que l'insuffisance des infrastructures (matériels d'analyse, latrines, etc.) est l'une des causes du dysfonctionnement ;
> le faible revenu des ménages qui limite la fréquentation des structures sanitaires (le taux national de fréquentation des structures sanitaires étant de 30%). Une similitude au niveau local de Gboto Zévé (toujours conformément à l'arbre à problèmes), est l'endettement de certaines malades au niveau du centre de santé. Ces derniers se soignent << à crédit >> et sont souvent, pour certains, dans l'impossibilité de payer leur facture par la suite.
A l'analyse, ceci semble aller à l'encontre du questionnement de base de la problématique, recherchant le lien entre gouvernance locale et développement communautaire, tant l'influence de la régulation globale est visible. Au départ, il était question de mettre en relation la gouvernance locale et la dynamique de développement communautaire. Mais à ce niveau, de nouvelles interrogations jaillissent, et l'on peut se demander finalement si la faible fréquentation du centre de santé de Gboto Zévé est logiquement la conséquence d'un système tout entier ou uniquement l'inertie des populations locales.
Les actions d'aide au développement ou de solidarité internationale jouent un rôle non négligeable dans le développement des communautés des pays pauvres. Cependant elles se déroulent le mieux dans un cadre de décentralisation favorable. Or, la lenteur du processus de décentralisation au Togo ne favorise pas l'émergence de la coopération décentralisée. Ce qui fait que, contrairement aux autres pays africains, le Togo ne bénéficie pas facilement des financements de la coopération décentralisée. Le fait que Gboto Zévé ne soit pas une collectivité locale peut aussi être un frein à son essor.
A titre d'exemple, les tableaux ci-après (tableau 7 et 8) faisant état des lieux de la coopération décentralisée entre la France et le Togo montrent que, les effets positifs de ce moyen d'appui au développement des communautés, pourraient encore être plus visibles, dans un contexte de décentralisation plus avancée.
Tableau7 : Les chiffres-clés de la coopération décentralisée au Togo
49 collectivités locales françaises
69 autorités locales togolaises partenaires 142 projets de coopération décentralisée
Estimation des montants annuels en 2010 alloués par les Collectivités territoriales françaises :
Cadre conventionné : 1 million d'Euros soit 650 Millions de FCFA
Hors cadre juridique loi togolaise : Associations, CVD, ONG, Agences de Bassins, etc.) : 1Million d'Euros.
Source : Atelier sur la coopération décentralisée au Togo, avril 2011.
Tableau 8 : Répartition des coopérations France-Togo (estimations en 2011).
Villages et cantons 45
Préfectures 6
Régions 1
Collectivités française Nombre
Communes 32
Communauté de Communes 9
Conseils Généraux 4
Conseils Régionaux 2
Collectivités togolaises Nombre
Communes 10
Source : Atelier sur la coopération décentralisée au Togo, avril 2011.
En effet, les Comités Villageois de Développement (CVD) et autres associations locales existent beaucoup plus en lieu et place des communes. La conséquence directe est l'absence de convention ou de jumelage de communes, du fait que les CVD ne sont pas des collectivités. La reconnaissance de la coopération décentralisée par la loi de 2007 relative à la décentralisation et aux libertés locales26 stipule à cet effet que :
« Les collectivités territoriales peuvent conclure des conventions ou accords de jumelage avec les collectivités territoriales étrangères dans les limites de leurs compétences et dans le respect des engagements internationaux de la République togolaise. »
Cette loi met en avant un mode de coopération des collectivités territoriales entre elles (voir schéma 4 page 55).Ce qui n'offre donc pas de cadre légal pour la coopération dans le cadre des CVD ou autres associations locales.
26 Atelier d'information et d'échange de bonnes pratiques sur la coopération décentralisée au Togo, France Volontaire, Lomé, Le 19 avril 2011.
Relation entre deux (02) collectivités (minimum) liées pas convention
Collectivité
Territoriale
Schéma 4 : Mode 1 de la coopération décentralisée
erritoiale
Cependant, le cadre légal français de la coopération décentralisée, étant plus flexible, dispose de quelques particularités bénéfiques pour les cas de décentralisation non avancées, parmi lesquelles la possibilité de signer des conventions avec des représentants non élus, sous le respect des engagements de la France, à travers le Ministère des Affaires Etrangères et Européennes (MAEE). C'est ainsi que deux autres modes de coopération deviennent possibles tels que le démontrent les schémas 5 et 6 de la page suivante27 :
27 Les trois schémas sur les différents modes de coopération décentralisées ont pour source le document de présentation de Boutrou C., atelier sur la coopération décentralisée au Togo, avril 2004.
Comités de jumelage
Collectivité du Nord Collectivité du Sud
Comité de jumelage |
Comité de |
|||
Relation
mais
pas de convention
Schéma 5 : Mode 2 de la coopération décentralisée
Association ou ONG prestataire
Collectivité du Nord Collectivité du Sud
Association/ONG
prestataire
Schéma 6 : Mode 3 de la coopération décentralisée
L'insuffisance des financements dans le secteur de la santé constitue également une influence du cadre global sur la situation de Gboto Zévé. En effet, dans le rapport du Programme des Nations Unies pour le Togo sur les OMD en 2010, on note une longue suspension de la coopération au développement pour les points 4, 5 et 6 des OMD concernant la santé au Togo. Aussi, les Accords de Partenariat pour le développement (APD) qui représentent 11% du PIB en 1990 chutent à 2,5% en 2003.
C'est ainsi que, dans les domaines d'intervention de la coopération décentralisée entre la France et le Togo par exemple, la santé n'est pas parmi les secteurs privilégiés, comme le démontre le graphique ci-dessous :
Graphique1 : Domaines d'intervention de la coopération décentralisée en chiffre
7,4%
7,8%
5,6%
6,3%
13,1%
3,3%
2,6% 2,6% EauAssaunisement
/ Assainissement
19,2%
37,7%
Education-Formation Développement rural Santé
Activités génératrices de revenus
Culture-Communication Environnement Développement social Appui à la société civile
Source : Adapté de la présentation de Boutrou, C. (atelier sur la coopération décentralisée au Togo en septembre 2007), avril 2011.
A toutes ces contraintes susmentionnées, s'ajoute également, sur le plan financier, la faiblesse des ressources internes proprement dites du Gouvernement togolais. Sur cet aspect, malgré les légers progrès accomplis, beaucoup d'efforts restent encore à faire pour accélérer la croissance afin de générer des ressources internes.
Les influences de la régulation globale sur les problèmes analysés ainsi relevées, le deuxième objectif de ce chapitre sur la discussion des résultats consiste maintenant à s'interroger sur la pertinence d'un modèle de développement communautaire propre à Gboto Zévé au regard de toutes ces contraintes.
Considérant le fait que cette étude se situe dans un processus de Recherche - Action, il est nécessaire d'expliquer l'intérêt d'une stratégie d'intervention future à Gboto Zévé, et de connaitre les modèles de développement communautaire en vigueur ainsi que leur complémentarité et leur flexibilité. Ceci permettra aux parties prenantes de mieux les adapter plus tard dans la phase de planification du changement.
De manière générale, une stratégie d'intervention représente à la fois un art et une science pour orchestrer les ressources en vue d'atteindre certains objectifs28. Le travail social exige qu'après plusieurs travaux empiriques constitués de recherches documentaires, de groupes de discussion et d'entrevues avec les acteurs du système, une stratégie soit définie pour entreprendre l'action en vue du changement. Car, soulignons-le, la finalité d'une telle investigation est la prise de conscience pour l'action future en vue du changement social. Tant il est vrai que le changement social signifie le passage d'une
28 Cormeau Y., Les stratégies d'intervenion en développement économique communautaire (texte court), Université Laval, juillet 2002, 10 pages.
situation << A » jugée moins satisfaisante à une situation << B » jugée satisfaisante. Et c'est là que réside d'ailleurs toute la problématique du développement, de sorte que les pays par exemple qui sont dans cette dynamique sont appelés pays << en voie de développement ».
A l'échelle communautaire dont il question ici, ces voies sont variées en fonction des types de problèmes identifiés, mais aussi des spécificités locales. C'est précisément dans ce sens que Cormeau dans sa définition de la stratégie précise que :
« Elle comporte un processus de réflexion, une approche de l'action et une articulation des moyens dans une direction souhaitée. Une stratégie d'intervention implique une mise en ordre des choix, leur progression, leur synchronisation avec le contexte et une mise en oeuvre appropriée.29 »
Reprenant Checkoway, il ajoute que la stratégie d'intervention se distingue de la tactique en ce sens qu'elle se déploie sur le long terme et qu'elle résulte d'un plan d'action envisagé en accord avec les orientations du groupe, les objectifs à atteindre et les obstacles à surmonter. La tactique représente donc en dernier ressort l'opérationnalisation de la stratégie.
L'exposé de ces modèles de développement communautaire, par rapport à la finalité de cette étude, permettra à la structure d'intervention LUPAJOTE, et éventuellement aux autres intervenants du secteur, non seulement d'orienter efficacement leurs projets, mais aussi de contribuer réellement au développement social de la localité. Ceci en touchant du doigt les réalités locales, par la prise en compte des problèmes jugés prioritaires par les populations elles-mémes. C'est ce qu'on appelle en d'autres termes le développement communautaire participatif.
En effet, c'est un développement qui porte déjà en son sein, et dès sa conception, les germes de la durabilité, puisqu'il accorde une place importante à la participation des bénéficiaires, leur responsabilité et leur engagement pour le changement. C'est la raison pour laquelle le cadre théorique des modèles de développement est à prendre en compte, à cette étape dite d'élaboration et / ou du choix de la stratégie d'intervention.
29 Op.cit., p.57.
Ainsi donc, dans ce cas, la stratégie possible découlera d'un plan de développement communautaire et non d'un plan de développement axé sur la communauté. Car, il s'agit de faire une différenciation entre les deux concepts, le développement axé sur la communautaire étant diamétralement opposé au développement communautaire. Le premier est exogène contrairement au second qui est endogène. C'est en quelques sortes la logique du haut vers le bas, opposée à celle du bas vers le haut.
Or, méme si l'un et l'autre disposent en leur sein des avantages et des inconvénients, nul n'ignore les chances de réussite infimes du « Top down » (un développement du haut vers le bas : il s'apparente au modèle de développement axé sur la communauté, voir tableau 9 ci-dessous) dans le contexte rural. Avant de présenter les modèles de développement communautaire en question, une présentation détaillée (voir tableau 9 ci - dessous), des particularités des deux systèmes s'avère nécessaire.
Tableau 9 : Particularités du développement des communautés
Développement axé sur la communauté Développement communautaire
Met surtout l'accent sur la résolution des problèmes en s'attaquant aux lacunes et aux faiblesses
Les problèmes sont définis par le gouvernement ou des organismes externes
Le changement passe par
l'information, l'éducation et
l'amélioration des
services
Les professionnels sont le pivot central du processus et les principaux décideurs
Met plutôt l'accent sur les forces et les compétences
Ce sont les communautés qui cernent leurs propres problèmes
Le changement passe plutôt par l'accroissement des capacités et la prise de contrôle par la communauté
Les professionnels constituent plutôt une ressource pour la résolution des problèmes
Les principaux décideurs sont les institutions, les représentants gouvernementaux et tous les responsables nommés
Les décisions-clés sont prises par les représentants du milieu, qu'ils soient des leaders informels ou élus
Source : Adapté de Lavalle, D., Démarche partenariale de développement de la communauté, Québec, octobre 2001.
Ici, seront pris en compte essentiellement les modèles de développement communautaire favorables à la promotion de la santé. Le terme modèle ici prendra le sens de théorie. Dès lors, il y a lieu de s'interroger : pourquoi l'intervention dans cette communauté nécessitera t-elle un cadre théorique ?
En effet, une théorie est un modèle explicatif de la réalité. Autrement dit, c'est une manière agencée d'examiner et de décrire un phénomène ou une situation, selon une logique particulière. Les intervenants utilisent donc des théories afin de :
- comprendre les individus, organisations et communautés avec lesquels ils travaillent;
- guider la sélection et le développement des stratégies appropriées pour l'action ;
- expliquer les facteurs favorisant (ou inhibitifs) aux changements individuels, communautaires et sociaux.
La grande majorité des théories en promotion de la santé proviennent des sciences sociales ou du behaviorisme (sciences du comportement). Mais elles contiennent aussi beaucoup d'éléments de différentes disciplines telles que la psychologie, la sociologie, le marketing, le comportement du consommateur, la gestion et la science politique. Cette diversité reflète la complexité même des questions de promotion de santé. Elles vont audelà du comportement de l'individu et incorporent la société toute entière, et même le rôle qu'apportent les politiques publiques tout comme les structures de l'organisation communautaire, dans la définition de la santé. Ainsi l'on parle de modèle ou de cadre théorique pour deux raisons essentielles.
La première raison est que la plupart des théories de la promotion de la santé ayant été développées par des sociologues aux États-Unis, ne reflètent pas la diversité et les spécificités des autres cultures du monde.
La seconde est que, contrairement à d'autres domaines du développement, les théories en promotion de la santé ne sont pas très développées et n'ont pas subi des études poussées.
Toutefois, la littérature30 mentionne qu'il existe un large éventail d'approches découlant des quatre composantes d'une théorie en promotion de la santé. Il s'agit :
- des théories explorant le changement du comportement sain chez l'individu;
- des théories expliquant le changement au niveau communautaire ; - des théories explorant les changements organisationnels;
- des théories expliquant le développement de politiques publiques favorisant la santé.
En pratique, certaines de ces théories ont des caractéristiques communes. Mais la problématique de cette étude et le diagnostic des problèmes de Gboto Zévé étant d'ores et déjà connus, nous nous limiterons aux théories expliquant le changement au niveau communautaire. Ces théories sont : la diffusion de l'innovation, la mobilisation communautaire et un cadre plus récent qui différencie les stratégies de base communautaire des initiatives de développement communautaire.
Une innovation est quelque chose de nouveau, en termes d'idée, de pratique ou de nouveau produit. Et la diffusion est le processus par lequel cette chose nouvelle est introduite et acceptée par une communauté ou une société. Les résultats des recherches en sciences sociales, et plus particulièrement en développement communautaire,31 montrent que les gens sont plus aptes à recevoir des pratiques nouvelles si et seulement si celles-ci sont :
- compatibles avec leurs besoins ;
- flexibles et peuvent s'adapter à des situations variées ;
- renversables au cas où les gens veulent retourner à leurs anciennes coutumes ;
- avantageuses en comparaison avec l'alternative ;
- assez simples pour que les gens puissent les comprendre et les adapter ;
30 Bulletins d'information en promotion de la santé (Bloc Notes du Centre ontarien d'information en prévention) disponible sur http://blocarchive.opc.on.ca.
31 Op.cit., p. 57.
- plus rentables que les bénéfices perçus.
La théorie de la diffusion de l'innovation classe les individus dans cinq catégories basées sur le temps pris pour adopter une innovation :
- innovateurs (la source de l'innovation) ;
- premiers adhérents (individus convaincus avec information pertinente) ; - majorité première ;
- majorité tardive ;
- Retardataires.
Le schéma 7 ci-dessous illustre la courbe de diffusion en forme de `S' des catégories d'adoption des innovations. Le petit nombre de premiers adhérents et une petite proportion des retardataires adoptent une innovation après la majorité des individus. Les premiers adhérents sont les chefs de file, ceux qui influencent les autres en les encourageant à adopter les nouvelles coutumes.
Schéma 7: Courbe de diffusion en forme de `S' des catégories d'adoption des innovations
Source : Extrait des travaux du Centre ontarien d'information en prévention, http://blocarchive.opc.on.ca , (Adapté de Nutbeam and Harris, 1998).
La théorie de la diffusion de l'innovation a été étudiée dans plusieurs milieux et pour diverses raisons. C'est un outil utile à l'analyse de la motivation et la réaction de la population face à l'introduction de nouvelles idées. Elle est utile dans l'orientation des interventions en promotion de la santé, en particulier celles qui veulent maximiser l'adoption des idées et pratiques prouvées efficaces.
La principale limite de cette théorie est son approche de la notion de « retardataire ». En effet celle-ci peut poser et pose méme beaucoup d'ambigüité, dans certaines circonstances. Cette théorie entre donc ainsi en confrontation avec d'autres qui établissent que, lorsque le changement est promu dans la communauté, on doit être sensible aux obstacles sociaux, économiques et structurels qui empêchent les groupes marginaux à faire des choix sains. Car, une adoption non réfléchie de la théorie pourrait servir à renforcer les inéquités structurelles qui ne sont pas forcément causées par le choix de l'individu.
Comme indiqué en début de cette partie, et selon les options du cadre théorique de l'étude, la participation active des membres de la communauté dans l'identification de leurs problèmes prioritaires ainsi que des actions appropriées pour le changement est l'élément pour la réussite d'une initiative de développement communautaire. C'est dans ce cadre que s'inscrit la mobilisation communautaire, qui comprend plusieurs variantes, parmi lesquelles le cadre de Rothman, qui reste le plus connu. Ce cadre décrit trois approches distinctes pour influencer l'implication des communautés32 :
- le développement local ; - le Planning social ; et
- l'action sociale.
· Le développement local
: est un processus qui vise la création de progrès
social et économique pour la communauté entière en
assurant sa participation active. Le problème est défini par les
gens du milieu. Le but de ce processus consiste à régler le
problème, d'aider les gens à s'organiser et à obtenir plus
de pouvoir. Le rôle du
32 Inspiré des travaux du centre ontarien d'information en prévention.
travailleur communautaire est de former des petits groupes de tâche afin d'identifier et de solutionner les problèmes en commun. Toutes les démarches et les décisions nécessaires sont prises par les populations tandis que divers intervenants communautaires apportent un appui technique.
· Le planning social met l'accent sur un processus technique de résolution de problèmes sociaux. Ce modèle présuppose que le changement requiert des planificateurs experts qui possèdent des habiletés techniques pour identifier les problèmes et recommander l'action plus rationnelle.
· L'action sociale postule qu'il existe un segment défavorisé de la population qui a besoin d'être organisé, afin de revendiquer ses besoins pour plus de ressources ou encore, pour un traitement basé sur la justice sociale et la démocratie. Elle consiste en une mobilisation des gens qui sont directement touchées par un problème commun. On cherchera alors à corriger les déséquilibres de pouvoir entre les groupes opprimés et la société. L'action sociale peut donc être entendue comme une approche de confrontation en vue de l'équilibre de pouvoir entre les groupes marginaux et les segments dominants d'une communauté.
Le cadre récent des modèles de développement communautaire en promotion de la santé différencie les stratégies à base communautaire des initiatives de développement communautaire.
Les stratégies à base communautaire assurent un lien entre les programmes et services des groupes communautaires. Les interventions suivent l'échéancier déterminé et les pouvoirs de décision restent avec l'agent responsable des subventions plutôt qu'avec les participants de la communauté.
Les initiatives du développement communautaire quant à elles se distinguent des stratégies de base communautaire dans plusieurs aspects :
- la problématique ou la question est définie par la communauté plutôt que par l'agent responsable des subventions;
- le processus de planification du développement des initiatives communautaires est continu et basé sur des négociations entre les organisations et les groupes communautaires, avec un travailleur communautaire agissant comme médiateur ;
- le développement communautaire est axé sur la capacité potentielle de la communauté, c'est-à-dire son habileté collective à contrôler les facteurs d'influence.
Cependant, à voir de près, ce cadre récent en dehors d'être centré sur la pleine participation communautaire semble néanmoins intégrer d'autres aspects des stratégies à base communautaire. Ce qui rend finalement complémentaires et flexibles les différents modèles.
La diffusion du changement, l'organisation communautaire et le cadre récent constituent trois modèles utiles pour décrire la diversité des orientations en développement communautaire. Mais en réalité et dans la pratique, très peu de démarches de développement communautaire correspondent à un seul modèle. Selon les praticiens, qu'importe le choix du modèle que l'on fait, l'essentiel est de s'adapter. Car, il demeure important de toujours garder une marge de flexibilité afin de mieux s'adapter aux changements éventuels qui pourront s'opérer. En effet, dans le processus du changement social, les changements obtenus ne sont pas toujours des changements souhaités. D'où la notion d'effets pervers, c'est-à-dire des effets non souhaités et gênants, entravant souvent les effets positifs souhaités et attendus à la suite de la diffusion d'une innovation.
Tout se passe finalement comme si le modèle type est finalement celui dont la stratégie s'appuie sur le potentiel des individus, des réseaux sociaux, des groupes, des communautés et des ressources. Ceci dans le but de permettre aux populations de prendre en main leurs problèmes sociaux. Chaque communauté qui a donc fait son autodiagnostic peut finalement créer son propre modèle de développement communautaire.
C'est ici que l'approche participative adoptée pendant la phase terrain de cette étude trouve tout son sens. Car, à travers ces ateliers et entretiens de groupe, notamment l'arbre à problèmes, l'arbre à solutions et le diagramme de Venn, la communauté parvient déjà à mieux se connaître elle-même : la priorité de ses problèmes, sa responsabilité, son organisation sociale, ses réseaux, ses ressources internes, ses compétences, etc.
Ainsi, l'on peut donc affirmer sans se tromper que, toute cette démarche a déjà constitué sans doute, pour la communauté de Gboto Zévé, un pas important vers la conception propre de son modèle développement communautaire.
D'une part, la question de recherche de cette étude se proposait de comprendre la relation pouvant exister entre gouvernance locale et développement communautaire. L'analyse principale des données de terrain démontre certes que la gouvernance locale a une influence sur le développement communautaire.
Mais, d'autre part, l'analyse et l'interprétation des résultats révèlent également une influence de la régulation globale sur la situation locale de Gboto Zévé.
Au regard des contraintes générales et spécifiques du Gouvernement togolais, qui sont quasi les mêmes que les problèmes rencontrés dans la communauté, il n'est pas aussi exclu que les politiques publiques aient une influence sur la gouvernance locale ; même si cette dernière ne saurait être entendue comme la transposition à une échelle territoriale réduite de la régulation globale.
Si finalement les contraintes au développement communautaire de Gboto Zévé ont un lien avec les contraintes générales du Gouvernement togolais, il est fort probable que les problèmes que l'on rencontre dans cette localité existent également ailleurs, dans d'autres villages togolais. Ce qui semble alors remettre en cause la position de départ (voir cadre théorique de l'étude) sur la pluralité des voies de développement.
Dans ce sens, cette position donnerait plutôt la suprématie aux théories généralisantes du développement, à l'instar de la théorie du cercle vicieux de sousdéveloppement, des étapes du développement, et donc par conséquent la notion de retardataire face à l'innovation (voir schéma 7, page 63).
A la question de savoir quel modèle de développement communautaire pour Gboto Zévé ? Il convient de répondre que le modèle adéquat s'inscrit dans le cadre récent, c'est-àdire celui de l'initiative communautaire. Toutefois, les approches pouvant être combinées, comme cela a été noté plus haut, il conviendrait d'ajouter à cette initiative communautaire un vaste volet mobilisation communautaire. Car, comme relevé tout au long de ces analyses, la communauté manque d'initiative, non seulement en l'absence d'un leader (que pourrait constituer le Comité Villageois de Développement), mais aussi en l'absence d'une dynamique interne. Il faut également noter une organisation socio-institutionnelle assez disparate, parce très peu, ou même pas du tout, ouverte à la collaboration et au partenariat.
A titre de rappel, cette étude s'est effectuée dans la cadre d'une mission au sein d'une ONG locale. Cette structure qui intervenait déjà dans d'autres communautés rurales, a bien voulu, avant toute intervention, comprendre la situation particulière de Gboto Zévé afin de mieux y orienter ses prochaines actions. Cette étape, loin de dresser déjà un plan d'action proprement dit, pour la mise en oeuvre de cette approche mixte (initiative communautaire et mobilisation communautaire) convenant à Gboto Zévé, se limitera uniquement à faire quelques recommandations à l'endroit des principales parties prenantes.
Les résultats obtenus à la fin de ce travail laissent entrevoir l'existence de trois principaux acteurs à l'endroit de qui s'adressent ces recommandations. Il s'agit tout d'abord de l'association LUPAJOTE au sein de laquelle nous avons effectué cette mission, ensuite de la communauté locale de Gboto Zévé, et enfin de l'Etat togolais.
Les recommandations à l'endroit de cet acteur concernent la pertinence de ses microprojets, son efficacité interne et la durabilité de ses actions.
> Pertinence des microprojets:
v' Il faut veiller à ce que les idées de projets soient conformes aux problèmes soulevés dans l'arbre à problèmes :
- création d'une pharmacie communautaire ;
- acquisition du matériel d'analyse ;
- appui à la mise en place d'un comité de santé, etc.
> Efficacité interne
L'un des points forts de LUPAJOTE est son réseau de partenaires qui contribue déjà à sa visibilité sur les plans national et international, en peu de temps seulement d'existence. Cependant, il est impératif d'agir sur l'organisation et le fonctionnement internes de la structure qui doit renforcer (améliorer) son efficacité interne pour passer de l'approche humanitaire à l'approche du développement, ceci par la formation et le renforcement des capacités de tout le personnel en management des projets.
> Durabilité des actions
- Prendre en compte, et ceci tout au long du cycle du projet (de la formulation à l'évaluation), toutes les exigences du développement communautaire participatif : participation locale, mécanismes d'autonomisation, facteurs de pérennité, etc. ;
- envisager la coopération décentralisée selon le mode 3 (voir schéma 6, page 56). Il s'agit du mode ONG/association prestataire, entre collectivité du Nord et collectivité du Sud, puisque Gboto Zévé n'est pas une collectivité territoriale décentralisée.
Les recommandations ci-dessus faites à l'endroit de la structure d'intervention trouvent leur sens si et seulement si, de l'autre côte également, la communauté envisage un changement profond de son organisation.
La communauté locale de Gboto Zévé doit surtout améliorer son cadre institutionnel et s'ouvrir au partenariat.
> Améliorer le cadre socio-institutionnel
Il s'agit tout d'abord pour Gboto Zévé d'améliorer son cadre socioinstitutionnel. Comme l'a si bien démontré le diagramme de Venn en début d'analyse, les différentes structures sensées développer des initiatives de développement sont très disparates et désorganisées. Par conséquent, les actions suivantes s'imposent :
- la refondation entière du CVD ;
- la redéfinition du rôle des jeunes et des femmes pour une participation plus importante aux affaires du village ;
- la remise sur pied du comité de santé. Celui-ci s'intéressera aux questions de santé sous tous ses aspects. C'est-à-dire des aspects individuel et communautaire tels que la sensibilisation pour le changement de comportement, en passant par les aspects de gestion interne du centre de santé. Ce comité de santé serait entre autres, l'organe de participation de la communauté au fonctionnement du dispensaire. Et donc, en tant que relais communautaire, il serait par conséquent très actif pour la mise en oeuvre des projets éventuels dans le cadre d'un partenariat.
> S'ouvrir au partenariat
Un autre point faible de l'organisation du village est l'inexistence des partenariats. Il n'a été constaté aucune collaboration importante avec une communauté voisine ou une autre structure en charge du développement rural. Or une démarche partenariale de développement de la communauté est nécessaire et même impérative, pour toutes les municipalités et acteurs locaux qui souhaitent développer des projets concertés d'amélioration de la qualité de vie.
Pour y parvenir, Gboto Zévé doit :
- gérer ses conflits intra et intercommunautaires (rechercher la cohésion sociale);
- prospecter auprès des ONG et associations pour solliciter d'éventuelles collaborations.
Evidemment, tout ceci ne serait être possible sans une vision partagée du CVD et de l'ensemble de la population, laquelle vision doit être matérialisée à travers un plan de développement de la localité.
La présentation générale du Togo a permis de comprendre que la pauvreté y est profondément rurale. Aussi, la discussion des résultats de l'étude révèle que plusieurs dysfonctionnements identifiés à Gboto Zévé ont un lien avec les politiques publiques et les contraintes du Gouvernement togolais.
C'est dire que la situation de ce village peut être commune à plusieurs autres villages togolais. Alors il est important pour l'Etat de :
- rendre effectifs les mécanismes permettant d'associer les populations à la prise en charge de leur problème de santé ;
- disposer d'un cadre dans lequel les populations pourront assurer la maîtrise d'ouvrage de leurs initiatives de développement communautaire ;
- accélérer le processus de décentralisation ;
- préparer et mettre sur pied la politique de développement rural.
Au terme de cette étude où il était question de savoir quelle est la relation entre gouvernance locale et développement communautaire, il convient d'en rappeler les principales articulations avant de tirer des conclusions.
Le constat de départ était le suivant : alors que certaines populations n'ont pas encore accès aux soins de santé primaire selon les normes de l'OMS, d'autres par contre, à l'instar du village de Gboto Zévé, en disposent et pourtant ne les fréquentent pas. De ce constat, nous avons posé le problème en termes de gouvernance locale et développement communautaire, en relevant l'importance de l'implication et de la participation effective des populations locales à la bonne marche de leurs affaires, leur bien être ne dépendant pas uniquement de la performance des politiques publiques, et donc de l'action de l'Etat.
Pour aborder ce problème ou répondre à la question de recherche, trois objectifs spécifiques ont été fixés à savoir : déterminer les causes du faible taux de fréquentation du centre de santé , évaluer le système de gouvernance locale en vigueur dans la communauté, et faire des propositions pour l'amélioration du cadre de gouvernance locale de Gboto Zévé.
Dans le but d'atteindre ces objectifs, la démarche méthodologique s'est appuyée sur la méthode qualitative, essentiellement basée sur les approches participatives. Il s'est agit des groupes de discussion, des outils de la MARP tels que l'arbre à problèmes pour le diagnostic communautaire, l'arbre à solutions pour établir les responsabilités des acteurs, et le diagramme de Venn pour l'analyse socio-institutionnelle. L'analyse des données recueillies a conduit aux principaux résultats suivants :
1- les causes du faible taux de fréquentation du centre de santé ne relèvent pas uniquement de la responsabilité des acteurs locaux, mais aussi de l'influence de la régulation globale ;
2- le système de gouvernance locale de Gboto Zévé a une influence négative sur sa dynamique de développement communautaire ;
3- une réforme totale du cadre socio-institutionnel est nécessaire pour l'amélioration du système de gouvernance locale.
L'on peut ainsi affirmer par ces résultats, que les objectifs spécifiques fixés en début de cette étude ont été atteints.
Toutefois, le contexte étant celui de la Recherche-Action, quelques recommandations, ont été formulées à l'endroit des parties prenantes, surtout à l'endroit de LUPAJOTE Togo pour l'efficacité de ses interventions futures dans la localité. La limite de ses recommandations demeure cependant leur mise en oeuvre au niveau des deux acteurs que sont la communauté et surtout l'Etat. Ce qui rejoint sans doute une des limites même du champ scientifique de l'étude à savoir une approche de développement communautaire durable plutôt qu'une évaluation générale des politiques publiques togolaises.
En définitive l'on peut se demander si seule l'intervention de LUPAJOTE sera efficace pour le changement, vu que, finalement, l'action combinée et concertée des trois acteurs que sont la communauté, l'ONG prestataire et l'Etat s'avère nécessaire pour un développement communautaire durable.
I- Ouvrages sur les indicateurs démographiques et socioéconomiques du Togo
- GERVAIS-LAMBONY P, NYASSOGBO G., Lomé : Dynamique d'une ville africaine, Paris, Karthala, 2007, 326 pages.
- Ministère du Plan, de l'Aménagement de Territoire, de l'Habitat et de l'Urbanisme, Direction Générale de la Statistique et de la Comptabilité Nationale, La population togolaise et les interventions du FNUAP au Togo, Lomé, Décembre 2007, 63 pages.
- VIGNIKIN K. et GBETOGLO D. (sous la direction de), Analyse approfondie des données de la seconde enquête démographique et de santé au Togo, les dossiers de l'URD, Lomé, 2001, 193 pages.
II- Ouvrages Méthodologiques
- AKINDES, F., `'Rédiger un mémoire de DEA ou de Master de recherche»,
Séminaire spécialisé, Université de
Bouaké, année 2007-2008, 20 pages.
- CABAKULU M., et CHIMOUN
M., Initiation à la Recherche et au travail
scientifique, Xamal, Saint-louis, 2001, nouvelle édition, 82 pages.
- MOREL, Y., Maîtriser la langue française : Petit guide à l'usage des
étudiants et des écrivains en herbe, les éditions du CERAP, Abidjan,
2009,3ème édition, 126 pages.
- MORIN, J-M., la sociologie, Nathan, février 2010, 2ème édition, 159 pages.
- SEDIA, G., Guide de rédaction du mémoire, Abidjan, juillet 2009, dernière version, 24 pages.
III- Documents spécialisés en management, évaluation et développement communautaire
- GUENE O. et al., Promotion de l'hygiène du milieu : Une stratégie participative, Lausanne, Presses Polytechniques et Universitaires Romandes, 1999, 1ère édition, 192 pages.
- KAMDEM E., Management et interculturalité en Afrique : expérience
Camerounaise, Québec, Les presses de l'Université Laval, 2002, 432 pages. - LAVALLE, D., Démarche partenariale de développement de la
communauté, Québec, octobre 2008. 82 pages.
- PEZET A., et SPONEM S., (sous la direction de) : Petit bréviaire des idées
reçues en management, Paris, La Découverte, 2008, 297 pages.
- Programme Management Institute : Guide du corpus des connaissances en management de projet, New York, PMI, 2004, 2ème édition, 389 pages.
IV- Documents électroniques
- Groupe de la Banque Africaine de Développement et Al, Annuaire statistique pour l'Afrique 2011, document disponible sur les sites www.afdb.org, www.au.int, et www.uneca.org, 346 pages.
- Centre d'Aide à la Rédaction des Travaux Universitaires (Rédaction aux Etudes Supérieures), Rédiger une revue de la littérature, Université d'Ottawa, 2007, 5 pages. (Document en ligne sur le site www.sass.uottawa.ca/redaction ).
- Fonds International de Développement Agricole (FIDA) : Choisir ce qu'il faut suivre et évaluer, guide pratique de suivi et évaluation des projets, septembre 2010 ,36 pages, [document en ligne] sur le site www.ifad.org, consulté le 18 septembre 2010.
- JACOB S., et al : L'évaluation participative en action, le projet
d'évaluation des pratiques du Centre jeunesse de Québec-Institut universitaire, N°2, 2010, [document en ligne] sur le site www.perfeval.net), 84 pages.
- Ministère de l'Economie et du Développement et PNUD Togo: Profil de la pauvreté et de la vulnérabilité au Togo, version 2, Lomé, mars 2007, 97 pages, [document en ligne] sur le site www.tg.undp.org, consulté le 06 avril 2011.
- République Togolaise et Banque Mondiale : Le projet de Développement Communautaire (PDC), (sans date), [Document en ligne] sur le site www.mindevbase.tg, consulté le 06 avril 2011, 22 pages.
- République Togolaise et Banque Mondiale : Le Togo se mobilise autour des OMD, 3ème rapport de suivi des Objectifs du Millénaire pour le Développement, avril 2010, 41 pages, document en ligne sur le site www.tg.undp.org, consulté le 06 avril 2011.
V- Lexiques
- BETBEZE, J-P., Les 100 mots de l'économie, Paris PUF, 4ème édition, août 2010, 127 pages.
- GRAWITZ, M., Lexique des sciences sociales, Paris Dalloz, 2004 ,8ème édition, 421 pages.
VI- Articles, communications, revues et périodiques
- << Le développement communautaire, une stratégie pour promouvoir la santé des franco-ontariens ». document sans auteur, février 2001, 2 pages, disponible sur le site http://www.opc.on.ca/fls/devcomft.html.
- Bulletin de liaison de l'agence de la santé et des services sociaux de l'Abitibi-Témiscamingue.''Les projets villes, villages, territoires et communautés en santé, qu'est ce que ça donne'', Chronique 1,2 et 3 de septembre à décembre 2006, 6 pages.
- Groupement de Recherches Economiques et Sociales, Université Montesquieu-Bordeaux 4 et Université des Sciences Sociales Toulouse 1. <<La dynamique institutionnelle des territoires : entre gouvernance locale et
régulation globale ». Cahier du GRES, N° 2003-5, mai 2003, document en ligne sur le site http://www.gres-so.org, 15 pages.
- GUISNEL, I., `'Les indicateurs de bonne gouvernance : Fabrique et pratique
des indicateurs de gouvernance». Séminaire régional sur la gouvernance au
sudi, document en ligne sur le site www.bj.refer.org/ofpa/ofpa, 11pages. - Institut Renaudot. avril 2003. Au sujet de la santé, 6 pages.
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GUIDE DE DISCUSSION SEMI-DIRECTIF
Caractéristiques du groupe
Cible :
Taille du groupe :
Composition du groupe : Hommes ( ) Femmes ( ) Jeunes ( ) Vieux ( ) Age :
Durée de la discussion:
Animateur : Présentez tout d'abord en détail les objectifs de l'étude aux
participants, briser la glace et rassurer le groupe de la confidentialité des
déclarations.
I- EVALUATION DE LA GOUVERNANCE LOCALE A- Responsabilité des acteurs locaux
Animateur : Commencez si possible cette section avec l'atelier sur l'arbre à
problèmes.
- Quels sont selon vous les principaux problèmes du village
- Pouvez-vous les classer par ordre de priorité ?
- Pouvez-vous proposer des solutions à ces problèmes ?
- Que pensez-vous que la communauté à un rôle à jouer dans la résolution de ces problèmes?
- Si oui quel est ce rôle ?
- Si non pourquoi ?
B- Organes et mécanismes de participation
- Quels sont les associations et autres regroupements qui existent dans le village ?
Animateur : Relancez en termes de comités, d'associations de femmes, de jeunes,
de cultivateurs, de parents d'élèves, etc.
- Parmi ces groupements communautaires quels sont ceux qui ont une relation avec le centre de santé ?
- En quoi consiste cette relation ?
Animateur : Introduire si possible l'atelier participatif sur le diagramme de Venn à ce
niveau.
C- Transparence - Connaissez-vous le mode de fonctionnement du centre de santé ?
Animateur : Relancez uniquement en termes de mécanisme d'approvisionnement
en médicaments, paiement du personnel vacataire et autres charges de
fonctionnement général.
- Si oui : Quels sont selon vous les points à améliorer ?
- Si non : souhaiteriez-vous comprendre davantage ce mode de gestion interne ? - Pourquoi ?
Cette séquence a pour but d'identifier les facteurs éventuels de résistance au changement
- Souhaitez --vous fréquenter à nouveau le centre de santé ? - Pourquoi ?
- Selon-vous que comment faut-il envisager le changement ? - Quels sont les obstacles qui se poseraient à cette initiative ?
- Quelles sont vos attentes de façon générale en ce qui concerne le développement du village?
- Quelles sont vos attentes particulières en ce qui concerne le domaine de la santé ?
Animateur : Terminer la discussion et remerciez .
DISCUSSIONS DE GROUPE ET ATELIERS MARP
Arbres à problèmes et diagramme de Venn
PLAN SANITAIRE DU DISPENSAIRE DE GBOTO ZEVE
Vue de l'extérieur Salle des patients
Pharmacie Salle de soins
CENTRE DE SANTE DE GBOTO ZEVE
Salle des malades Incinérateur
DEDICACE i
REMERCIEMENTS ii
LISTE DES SIGLES ET ABBREEVIATIONS .iiiLISTE DES TABLEAUX ET ILLUSTRATIONS .v
RESUME vi
ABSTRACT .viii
SOMMAIRE 1
INTRODUCTION 3
Première partie : PRESENTATION DU TOGO , CADRES THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE DE L'ETUDE .5
Chapitre I - PRESENTATION DU TOGO 6
ADMINISTRATIVE 6
1- Situation géographique 6
2- Situation politique 8
3- Organisation administrative 8
B- SITUATION DEMOGRAPHIQUE, ECONOMIQUE ET SOCIALE 10
1- Démographie 10
2- Economie 11
3- Social 12
C- CONTRAINTES ET PERSPECTIVES 14
1- Contraintes générales 14
2- Contraintes spécifiques 14
3- Perspectives 14
Chapitre II- CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE .18
A- PROBLEMATIQUE 18
1- Position du problème 18
2- Question de recherche 20
3- Objectifs de l'étude
4- Intérêts et limites de l'étude 21
5- Délimitation du champ de l'étude 22
B- SYNTHESE DE LA REVUE DE LA LITTERATURE 23
1- Disponibilité des sources 23
2- Revue critique de la littérature 24
C- CADRE D'ANALYSE 26
1- Théorie 26
2- Définition des termes et mots-clés 26
Chapitre III - CADRE METHODOLOGIQUE DE L'ETUDE 31
A- TECHNIQUE D'ETUDE 31
1- Justification du choix de la technique d'étude 31
2- Difficultés de terrain 32
B- COLLECTE DES DONNEES ET ECHANTILLONNAGE 32
1- Présentation de la zone d'étude 32
2- Echantillonnage 35
3- Méthode et Outils de collecte de données 36
C- METHODE DE TRAITEMENT ET D'ANALYSE DES DONNEES 38
1- Retranscription directe des entretiens 38
2- Analyse principale 39
3- Analyse secondaire 39
Deuxième partie: RESULTATS ET DISCUSSION 40
Chapitre IV- RESULTATS .41
A- RESPONSABILITE DES ACTEURS LOCAUX 41
1- Arbre à problèmes.....................................................................41
2- Arbre à solutions .44 B- ORGANES ET MECANISMES DE PARTICIPATION EXISTANTS 46
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47 |
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C- TRANSPARENCE |
49 |
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49 |
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Chapitre V- DISCUSSION |
.51 |
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A- INFLUENCE DU CADRE GLOBAL |
51 |
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57 |
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B- DIFFERENTS MODELES DE DEVELOPPEMENT |
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COMMUNAUTAIRE |
58 |
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1- Pourquoi une stratégie d'intervention ? |
58 |
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2- Modèles de développement communautaire en vigueur |
61 |
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a) Diffusion de l'innovation |
62 |
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b) Mobilisation communautaire |
64 |
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c) Cadre récent |
65 |
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3- Complémentarité et flexibilité des modèles de développement communautaire |
66 |
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C- CONCLUSION PARTIELLE : QUEL MODELE DE |
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DEVELOPPEMENT COMMUNAUTAIRE POUR GBOTO ZEVE ? |
67 |
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Chapitre VI- RECOMMANDATIONS |
69 |
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A- RECOMMANDATIONS A L'ENDROIT DE LUPAJOTE TOGO...... |
69 |
B- RECOMMANDATIONS A L'ENDROIT DE LA COMMUNAUTE...70
C- RECOMMANDATIONS A L'ENDROIT DE L'ETAT 72
CONCLUSION ..73
BIBLIOGRAPHIE 75
ANNEXES 80
ANNEXE I ...I
ANNEXE I (Suite) .
ANNEXE I (Suite et fin)
ANNEXES II ..IV
ANNEXE III ..V
ANNEXE III (Suite et fin) .VI
ANNEXE IV VII
ANNEXES IV (Suite et fin) .VIII