II -2-5) Revue des essais :
- Attaque des mortiers par les acides ASTM C
267-96 :
Pour la caractérisation de la résistance
chimique, des éprouvettes cubiques de mortier 50 x 50 x 50
mm3 sont confectionnées selon la Norme ENV 197-1.
Démoulées à 24 heures, les éprouvettes sont
conservées dans l'eau à 20° #177;2°C jusqu'au
28ème jour. Après 28 jours de cure sous l'eau, les
éprouvettes sont pesées pour déterminer leurs masses avant
l'attaque chimique puis elles sont immergées dans les différentes
solutions acides :
La résistance due aux agressions chimiques des
éprouvettes immergées dans ces solutions acides est
évaluée selon la Norme ASTM C 267-96.
Figure II -12 :
Eprouvettes cubiques 50x50x50mm immergées
dans la solution acide.
Les éprouvettes sont nettoyées 3 fois avec
l'eau douce pour éliminer le mortier altéré puis
laissées sécher pendant 30mn. Ensuite on procède à
la pesée des éprouvettes avec une balance de précision de
0.01g. Cette opération est effectuée à 1-7- 14 -21- 28-
35- 42- 49 et 56 jours après l'immersion dans la solution
Les solutions d'attaque sont renouvelées chaque
semaine, de telle façon à maintenir un pH constant et
égale à un.
- Le degré de l'attaque est évalué
par la formule de perte de masse suivante :
Perte de masse (%) = [(M1-
M2)/M1)] x 100
Avec M1 : masse des
éprouvettes avant immersion.
M2 : masse des
éprouvettes après immersion. [3]
-Essais de lixiviation aux acides
organiques :
Des essais spécifiques ont été
développés pour étudier le comportement des
matériaux cimentaires au contact d'acides organiques présents
dans les milieux agricoles (jus d'ensilage, lisiers) ou agroalimentaires
(laiterie, fromagerie...).
Ils consistent généralement à plonger
des échantillons de pâte ou de mortier dans des acides organiques
en maintenant le pH à 4 (ou 6) et à suivre l'évolution de
la profondeur dégradée (microanalyse par sonde
électronique). Les acides utilisés sont
généralement l'acide acétique et l'acide lactique, la
valeur initiale du pH étant obtenue par addition de soude..
[10]
II -2-6) Moyens de protection contre les
acides :
Indépendamment des moyens supplémentaires de
protection qu'il peut être nécessaire de mettre
en oeuvre (résines, bitumes et autres revêtements), les mesures
à prendre pour réduire les risques d'attaque par
les acides, sont les suivantes :
- bien identifier les risques : nature de(s) (l')
acide(s), concentrations, mode d'action (mobilité, renouvellement,
température...), actions extérieures (piétinement,
abrasion...) ;
- utiliser des ciments à faible teneur en chaux, en
particulier des ciments avec ajouts minéraux consommateurs de chaux
(laitiers, cendres volantes silico-alumineuses, pouzzolanes réactives,
fumées de silice).
Les travaux de Mehta [30]
effectués sur des bétons de faible rapport E/C contenant soit des
fumées de silice soit un ajout de latex styrène-butadiène
et soumis à des solutions d'acides chlorhydrique (1 %), sulfurique (1
%), lactique (1 %) et acétique (5 %), concluent à la meilleure
tenue générale des bétons avec fumées de silice.
L'effet du latex se traduirait par un enrobage des hydrates qui les
protègerait des agressions chimiques.
Les expériences de Bertron et al.
[31] sur des pâtes de ciments (deux CEM I dont
l'un à faible teneur en C3A, et un ciment au laitier de
haut-fourneau) soumises à un mélange d'acides organiques à
pH 4 simulant l'agression accélérée d'un lisier, montrent
l'effet bénéfique du laitier sur les pertes de masse des
échantillons et confirment la nécessité de réduire
la quantité de chaux et d'augmenter celle de la silice. D'autres tests
ont été effectués par les mêmes auteurs sur un
ciment au laitier de haut-fourneau et trois ciments Portland ordinaires, le
premier sans ajout, le deuxième avec ajout de fumée de silice, le
troisième avec ajout de cendres volantes : l'analyse du comportement des
éléments chimiques Ca, Si, Al, Fe et Mg
dans chacune des pâtes de ciments, montre
l'influence favorable des éléments Si, Al et Fe sur la
résistance chimique des liants vis-à-vis des acides organiques
acétique, propionique, butyrique, iso-butyrique et lactique, ce dernier
étant le plus agressif .
Figure II -13: perte
relative de masse de pâtes de ciment (E/C = 0,27) en fonction de la
durée d'immersion dans une solution d'acides organiques (maintenue
à pH 4) simulant un lisier de porc
[10] .
Les éprouvettes cylindriques (hauteur 75 mm,
diamètre 25 mm) de pâtes de ciment ont été
plongées après 28 jours de cure humide dans une solution d'acides
organiques composée d'acides acétique (12,8 g/L), propionique
(2,8 g/L), butyrique (1,6 g/L), iso-butyrique (0,6 g/L) et valérique
(0,3 g/L) ramenée à pH 4 par une solution de soude à 2g/L
et maintenue à ce pH par renouvellement de la solution. Le rapport
volumique solide / liquide était de 0,059. Les courbes montrent que le
ciment au laitier de type CEM III/B est celui qui présente la plus
faible perte relative de masse alors que les deux ciments sans ajouts de type
CEM I conduisent à des plus fortes pertes de masse,
indépendamment de leur teneur en C3A (faible teneur pour le
CEM I PM/ES (3,4 %), teneur élevée pour le CEM I (10,5
%)).
Des conclusions semblables ont été
avancées par De Bélie et al. [32],
[33] qui classent la résistance des ciments aux
attaques par les acides lactique et acétique dans l'ordre suivant, du
plus résistant au moins résistant : ciment au laitier de
haut-fourneau, ciment aux cendres volantes, ciment Portland ordinaire et ciment
Portland sans C3A.
Cependant, il convient de faire attention au choix des
critères de durabilité utilisés pour qualifier un
matériau ou un liant (profondeur dégradée, perte relative
de masse, taux de dissolution des éléments chimiques...) car
cela peut conduire à des classements différents en terme de
performances.
Par ailleurs, les études réalisées
par Monteny et al. [34] ont montré l'effet
bénéfique de l'addition d'un polymère de type ester
styrène-acrylique sur la tenue des bétons soumis à l'acide
sulfurique d'origine biogénique.
La mise en oeuvre de béton de haute
compacité, susceptible de ralentir de manière importante le
transport des acides au sein du béton, constitue également une
bonne mesure de protection.
Toutefois, en cas de risque d'attaque très
sévère, il peut être nécessaire d'appliquer une
protection supplémentaire, les phénomènes de dissolution
et d'érosion superficielle ne pouvant être
évités. [10]
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