Contribution à la protection juridique des enfants infectés ou affectés par le VIH- sida en droit burundais( Télécharger le fichier original )par Jean Claude NKEZIMANA Université du Burundi - Licence 2005 |
CHAPITRE III : LES REALISATIONS DANS LE DOMAINE DE LA LUTTECONTRE LE SIDA ET DE LA PRISE EN CHARGE DE SES VICTIMES.Il faut souligner le fait que les autorités du pays avaient pendant longtemps préféré ignorer la réalité de la pandémie du SIDA. Cette inaction du pouvoir n'a fait que renforcer la stigmatisation et la discrimination à l'égard des personnes touchées par le VIH/SIDA et leurs familles car cela les faisaient passer comme anormaux et marginaux. A notre avis, cette attitude des autorités a empêché le pays d'apprécier de manière réaliste sa vulnérabilité face au SIDA et de prendre des mesures efficaces dans le sens d'une lutte efficace contre cette épidémie. Ce n'est que vers la fin des années quatre-vingt qu'elles ont commencé à réagir pour faire face à cette terrible maladie. C'est ainsi qu'a été mise en place un Programme National de lutte contre le SIDA (PNLS) en 198778(*) et qu'en 1999, le Président de la République a déclaré le VIH/SIDA comme une priorité. Depuis, d'importants progrès ont été réalisés dans le domaine de la prévention du VIH/SIDA et de la réduction de son impact négatif sur les personnes touchées et sur leurs familles en particulier les enfants infectés ou rendus orphelins par ce fléau.
Les efforts du Gouvernement dans ce domaine se sont traduits, au début, par la mise en place des plans nationaux de lutte contre le SIDA. Plus tard, des institutions chargées de la lutte contre le SIDA ont été mises en place et un Plan d'action national de lutte contre le SIDA élaboré. SECTION I. LES PLANS NATIONAUX DE LUTTE CONTRE LE SIDA.Quatre objectifs ont été poursuivis successivement ou concomitamment à travers différents plans nationaux de lutte contre le SIDA. Il s'agit de la recherche de données épidémiologiques pour guider les axes d'intervention, de la mise en place des programmes de prévention de la transmission du VIH, du développement de la prise en charge clinique et psychosociale des patients infectés et surtout de la réduction de l'impact de l'infection par le VIH/SIDA sur les individus, les familles et les communautés. Seuls les deux derniers nous intéressent dans notre travail. §1. La prise en charge clinique et psychosociale des patients infectésLe développement de la prise en charge clinique et psychosociale des patients infectés concerne la prise en charge des infections opportunistes, la malnutrition, le traitement anti-rétroviral et la prise en charge psychosociale.79(*)La prise en charge clinique a été intégrée dans les stratégies du PNLS depuis seulement 1997. Depuis, 88 centres de dépistage ont été créés dans le pays. 80(*) Toutefois, la prise en charge contre les infections opportunistes reste encore quasi inexistante à l'exception de la tuberculose. La lutte contre cette dernière est organisée par le Programme National de lutte contre la tuberculose. Les patients tuberculeux, qui deviennent de plus en plus nombreux à cause du VIH/SIDA, sont pris en charge gratuitement.81(*) Cependant, cette prise en charge rencontre des obstacles liés au faible niveau d'équipement sanitaire du pays, au faible niveau de formation du personnel soignant dans la prise en charge diagnostique et thérapeutique des infections opportunistes et le manque de médicaments. Quant aux médicaments anti-rétroviraux (ARV), leurs coûts étaient excessivement élevés. Mais depuis 2000, une politique des ARV a été initiée visant à les rendre plus accessibles. Pour ce faire, trois mesures ont été prises : la mise en place d'un fonds de solidarité thérapeutique avec une dotation annuelle du gouvernement de cent millions de Fbu, la détaxation des produits pharmaceutiques dès janvier 2000 et les négociations avec les firmes pharmaceutiques dans le but de réduire les coûts. C'est ainsi que le Burundi a réussi à ramener le prix de ces médicaments de 1000 dollars US à 300 dollars US dès 200182(*) et à moins de 100 dollars US en 200383(*). Cependant, l'accès aux ARV reste réservé à un nombreux réduit de patients au Burundi. Environ 3210 personnes seulement sur les quelques 25 000 personnes vivant avec le VIH/SIDA ayant besoin des ARV au Burundi y ont accès.84(*) Les raisons en sont que, outre que leurs coûts sont très élevés, les traitements par ARV nécessitent un suivi clinique et biologique très exigeant et peu de médecins sont formés aujourd'hui pour en assurer le suivi. Pour arriver à prendre en charge le plus de victimes de cette pandémie, d'autres approches ont été conçues. Il s'agit principalement du système d'hospitalisation de jour et des soins à domicile. L'hospitalisation de jour a été envisagée afin de compléter les structures de soins existants et pour réduire les coûts par rapport à des hospitalisations classiques. Cependant, aucune structure de ce type n'est encore opérationnelle, mais une initiative dans ce sens a été prise par les associations ANSS et SWAA/Burundi à Bujumbura. Quant au système de soins à domicile, ils se sont révélés comme une réponse efficace au caractère chronique et invalidant du SIDA et à la difficulté pour le malade de devoir parcourir de longues distances pour aller vers les structures de soins alors qu'il est parfois très fatigué et a besoin de soins quotidiens ne nécessitant pas forcément une hospitalisation. Actuellement, les soins à domicile sont organisés dans certaines provinces du pays grâce à l'implication des ONG et des personnes vivant avec le VIH/SIDA. * 78 Burundi, Plan d'action national contre le sida 2002-2006, p.20 * 79 Burundi, op. cit., p.30 * 80 Idem, p.32 * 81 Ibidem * 82 Idem, p.33 * 83 Idem, p.38 * 84 CNLS, Ministère de la Santé publique, Stratégie nationale de prise en charge globale des personnes vivant avec le VIH/SIDA, Bujumbura, 2004, p.3 |
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