1.1.3. Revue de la littérature
La littérature sur l'occupation illégale des
espaces par les citadins est riche et variée. Plusieurs auteurs ont
abordé le phénomène différemment mais parviennent
à la même conclusion qu'il est le résultat d'une
marginalisation d'une catégorie de citadins du circuit foncier
officiel.
C'est le cas d'Alain Durant Lasserve (1986). Ce dernier se
penchant sur l'occupation illégale des espaces dans les villes du tiers
monde conclue qu'elle est le résultat d'une exclusion dont sont victimes
les citadins de ces pays. Cette exclusion est créée et entretenue
par les pouvoirs publics dont l'intervention dans la chaîne de production
foncière et immobilière se traduit par l'imposition de normes qui
ne tiennent pas compte des revenus réels des citadins, d'où
l'exclusion de ces derniers du circuit officiel.
D'autres auteurs ont mis l'accent sur le rôle de l'Etat
dans la prolifération des espaces d'occupation spontanée. C'est
le cas d'Emmanuel G (2003) et de Hamadou Issaka (2004). Le premier estime que
s'il fallait reprocher à quelqu'un la prolifération des quartiers
spontanés, c'est bien aux pouvoirs publics qu'il faudrait s'en prendre,
car en imposant des normes élevées et en appliquant des
règlementations inadéquates sans mettre en place des
infrastructures suffisantes, les Etats poussent les ménages à
faibles revenus à occuper illégalement des terrains non
aménagés. Par contre, les pouvoirs publics sont les premiers
à se plaindre des quartiers insalubres. En fait, ils sont les
véritables coupables de cette situation, d'où sa formule
coupables plaignants victimes accusées.
Le second, analysant les espaces d'occupation spontanée
à Niamey impute la responsabilité à l'Etat par:
- La mauvaise distribution des parcelles par la CUN ;
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- Les normes et les coûts
élevés imposés par la municipalité pour
l'acquisition d'une parcelle ;
- La dualité des lotissements : propriétaires
coutumiers et municipalité ;
- Le non respect des règles et procédures
d'urbanisation par tous les acteurs.
Ainsi, les citadins qui ne peuvent répondre aux normes
de la municipalité se tournent vers les propriétaires coutumiers
pour avoir une portion d'espace à des fins d'habitation. Ces
lotissements illégaux favorisent l'occupation spontanée des
espaces.
S'agissant de la mobilité résidentielle, il faut
déplorer à ce niveau la faiblesse de la documention traitant du
cas spécifique de Niamey. Néanmoins, le document qui a
attiré le plus notre attention est le mémoire de maîtrise
d'Abdoulaye Adamou (2004), portant sur la mobilité résidentielle
et la perception de l'espace dans le quartier Lacouroussou. Cet auteur a mis
l'accent sur les causes de la mobilité résidentielle dans ce
quartier. Au cours de ses recherches, il découvre que Lacouroussou
connaît une forte stabilité résidentielle du fait que la
plupart des habitants soient propriétaires de leurs maisons. Ainsi, les
ménages qui sont propriétaires de leurs ménages
connaissent une stabilité résidentielle contrairement aux
locataires. Toute analyse sur la mobilité résidentielle doit donc
intégrer le statut de l'occupant pour parvenir à des
résultats concluants.
Ce même auteur, dans sa thèse de doctorat portant
sur la mobilité résidentielle et le processus l'étalement
de la ville de Niamey a mis l'accent sur le rôle de la mobilité
intra urbaine des ménages dans l'étalement urbain de la ville de
Niamey.
Il est aisé de constater que la littérature
traite de la mobilité résidentielle et de l'habitat
spontané de façon générale. Les auteurs ont
dénoncé, d'une façon ou d'une autre, la mauvaise gestion
urbaine qui conduit au développement de l'habitat spontané. Nous
pensons qu'une étude spécifique sur un type d'habitat de ces
espaces d'occupation spontané s'avère nécessaire pour
montrer la précarité résidentielle du milieu. C'est
pourquoi, nous avons étudié l'habitat de case de ces espaces et
analysé la mobilité intra urbaine de ses occupants.
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