4.4. L'émergence d'une catégorie
résidentielle spécifique
Il s'agit pour nous de faire ressortir dans cette partie des
éléments d'appréciation
permettant de conclure sur l'émergence d'une
catégorie résidentielle spécifique au sein de notre
population cible. Pour y parvenir, nous avons choisi deux <<portes
d'entrée>> à savoir le type d'habitat des citadins et les
raisons du déménagement. Au cours de l'analyse, nous allons
mettre donc l'accent sur le type d'habitat de ces citadins tout au
62
long de leurs parcours résidentiels, mettre ces types
d'habitat en relation avec les raisons du déménagement de ces
différents logements.
4.4.1. Un habitat majoritairement précaire
Encadré 4: exemple de catégorie
résidentielle spécifique à travers la trajectoire
résidentielle de monsieur A dans la ville de Niamey.
Monsieur A est né en 1966 à Marafa koira
(Ouallam). Après 14 ans passé au village où il
était cultivateur ; il prend le chemin de l'exode en 1980 et vient
à Niamey. Il s'installa alors chez des parents au quartier
Poudrière dans une case. Il trouva un travail d'employé de maison
qu'il exerça jusqu' au début de l'installation de la saison
hivernale où il rentra au village. Après les travaux
champêtres, il revenait à Niamey au quartier Poudrière
toujours dans les cases. Après 4 ans d'aller-retour entre son village et
Niamey pendant lesquels il passa la saison sèche de chaque année
en ville (toujours au quartier Poudrière chez les mêmes parents)
et l'hivernage au village. Il se fixa définitivement à Niamey la
4ème année après avoir décroché un travail
de gardien au quartier Poudrière. Il quitta alors ses parents du
quartier et construit sa propre case dans le même quartier. Il passa 4
ans dans ce logement exerçant le même travail avant de quitter
pour Talladjé où il construit sa case. Là aussi, il passa
4 ans avant d'être victime de déguerpissement. Il construisit
alors sa case au quartier Aéroport où il vient d'être
recruté comme gardien sur un chantier. Il passa 2 ans dans ce quartier
avant de quitter à la fin du chantier. Il quitta alors pour le
quartier Saga o? il venait de décrocher un travail de gardien. Là
aussi, il se fixa dans une case et passa 3 ans avant de quitter le quartier
pour Talladjé. Car il venait d'accéder à un travail de
gardien mieux rémunéré que le précédent. Il
se fixa de nouveau à Talladjé, construisit sa case dans le
même quartier. A la date de notre passage il était dans ses 8
années dans le même logement.
QUARTIER TYPE D'HABITAT STATUT D'OCCUAPATION
Poudrière
Case
Hébergé
Poudrière
Case
Loger gratuitement
Talladjé
Case
Squatter
Squatter
Talladjé
Case
Saga
Case
Squatter
Aéroport
Case
Squatter
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Figure 13. Exemple de catégorie résidentielle
spécifique à travers le type d'habitat.
Ce tableau 3 est un résumé des différents
types d'habitat des personnes interrogées tout au long des 4
étapes de leurs parcours résidentiels. Ainsi, à travers ce
tableau on peut avoir une idée sur les types d'habitat dans lesquels le
citadin a logé. Cette démarche permet de conclure ou non sur
l'existence d'une catégorie résidentielle spécifique.
Type d'habitat
|
1 ère étape
|
2ème étape
|
3ème étape
|
4ème étape
|
Case
|
63%
|
61%
|
57%
|
46%
|
Dur
|
13%
|
10%
|
9%
|
8%
|
Hangar
|
3%
|
1%
|
2%
|
1%
|
Banco
|
21%
|
14%
|
13%
|
10%
|
Total
|
100%
|
88%
|
81%
|
65%
|
Tableau 3: Type d'habitat aux différentes
étapes du parcours résidentiel (notre
enquête)
Ainsi, à la lecture de ce tableau, il ressort
qu'à la première étape du parcours l'habitat dominant est
constitué de cases (63%). Cela montre que ces citadins dès leur
arrivée en ville sont des populations démunies aux conditions
économiques très précaires. De ce fait, ils se contentent
des cases qui correspondent mieux à leur situation économique.
Aussi, faut il souligner que certains citadins se sont vus imposé les
cases car à leur arrivée en ville, ils ont trouvé des
parents ou des connaissances du village ; en un mot leur potentiels tuteurs
vivre dans ce type d'habitat.
Néanmoins, on constate au cours de cette étape
du parcours que (21%) des enquêtés vivaient dans des logements en
banco. Cela s'explique d'une part par le poids de ce type d'habitat dans le
parc immobilier de Niamey à l'époque et par les conditions
économiques relativement précaires d'autre part.
Ce tableau révèle que plus de la moitié
des personnes interrogées vivaient dans des cases. Il montre par
ailleurs, une baisse sensible de la proportion des citadins vivant dans les
bancos (14%) au profit de ceux vivant dans les cases. Cela s'explique par
une
détérioration des conditions de vie mais aussi
la dynamique urbaine qui se traduit par des constructions en dur, ce qui
contraint les citadins qui ne peuvent pas louer des logements en dur à
se retrouver dans les cases.
La troisième étape du parcours
révèle la persistance de l'hégémonie de l'habitat
en case. Elle concerne (28%) des personnes interrogées. Cette
fréquence traduit tout simplement l'existence d'une catégorie de
citadins ayant des difficultés pour accéder à un logement
décent en milieu urbain. Ils se retrouvent alors dans les cases qui
correspondent à leurs situations financières. C' est pourquoi on
constate une large prédominance des cases aux différentes
étapes du parcours résidentiel. Ainsi, on peut conclure à
l'émergence d'une catégorie résidentielle
spécifique vivant dans les cases. Comme l'attestent les propos de ce
vieux<< mon fils, depuis que je suis à Niamey tous les
logements que j'ai habités sont des cases>>.
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