4.3. Les causes de l'instabilité
résidentielle
Dans cette partie nous allons analyser les facteurs à
l'origine de la mobilité des personnes occupant les cases. Ainsi,
à travers les résultats, il ressort que les causes de
l'instabilité sont diverses et variées. Il s'agit:
- du changement matrimonial ;
- de la municipalité ;
- de la spéculation foncière et la dynamique
urbaine ;
- des activités professionnelles.
4.3.1. Le changement de statut matrimonial
On parle du changement de statut matrimonial quand une
personne passe d'un statut de célibataire à celui de marier, de
polygame, de veuf (ves) ou de divorcé. Ces différents changements
matrimoniaux ont un impact sur la mobilité des personnes. En effet, en
cas de mariage, la fille quitte le logement familial pour celui conjugal. Il en
est de même pour certains hommes qui attendent d'être mariés
pour quitter le logement familial. Ce qui se traduit par un changement de
logement. Le mariage est donc le moteur principal du changement de logement
à la première étape du parcours résidentiel. Mais
à partir de la 2ème étape, ce sont surtout le remariage,
le divorce et le décès qui jouent sur la mobilité des
personnes. Ainsi, suite au passage d'une situation de monogamie à celui
de polygamie, les citadins ont tendance à changer de logement pour un
autre ce qui correspond à la nouvelle vie. Aussi, le divorce implique
obligatoirement un changement de logement pour l'homme ou la femme. S'agissant
des décès, il faut noter qu'il joue un rôle non
négligeable dans la mobilité des personnes. Comme l'attestent les
nombreuses veuves rencontrées dans le quartier Gaweye du 5ème
arrondissement qui affirment avoir rejoint le site suite aux
décès du conjoint pour échapper au coût de la
location.
4.3.2. La municipalité
La municipalité est une institution chargée de
la gouvernance locale. Elle permet aux citoyens d'être proches de leur
administration. Elle est chargée de la gestion administrative,
foncière et de l'aménagement de son entité politique.
A Niamey, cette institution dans l'exercice de ses fonctions
joue un rôle fondamental dans la mobilité des personnes occupant
les cases. En effet, pour des raisons diverses la municipalité
procède à des opérations de déguerpissement qui est
l'acte par lequel l'autorité somme des personnes de quitter un espace
qu'ils occupent. L'espace ainsi libéré sert souvent à
construire des édifices publics comme les marchés (marché
Bonkaney et rive droite) ou tout récemment de la route reliant le second
pont ou pour un souci d'aménagement de l'espace. Ce type
d'opération, les citadins occupant les cases le connaissent très
bien, en particulier ceux du quartier Foulan koira qui a été
60
déguerpis sept (7) fois et se trouve à son
8ème site actuellement. Les citadins qui squattent les espaces publics
ou des réserves foncières notamment la ceinture verte font
fréquemment l'objet de déguerpissement. C'est dans le but de
reprendre ces espaces que la municipalité procède à des
déguerpissements. Comme on peut le voir sur les photos 5 et 6. C'est
d'ailleurs ce qui explique en partie pourquoi à Niamey il n'y a pas de
taudis comme on le constate dans certaines capitales africaines.
Mais faut -il noter aussi que même si les objectifs
assignés aux déguerpissements sont salutaires ; dans la pratique
ces opérations se déroulent de façon brutale. En effet,
elles consistent à donner un délai à des populations
démunies et sans ressources à quitter leurs lieux d'habitation
sans pour autant leur aménager un site d'accueil. C'est le cas du
déguerpissement de 2009 à Niamey au cours duquel plusieurs chefs
de familles ont assisté à la destruction de leurs logements en
présence du gouverneur de la région de Niamey de l'époque.
La cruauté de l'opération se ressent par les scènes
rapportées dans la presse. En effet, on rapporte qu'au moment de
l'opération la case d'une femme en travail ne fut pas
épargnée. Elle était obligée de sortir de celle-ci
pour accoucher dehors dans un espace aménagé pour la
circonstance.
De telles anecdotes, qui dénotent de la cruauté de
ce déguerpissement les anciens habitants du quartier `'GOLF» en ont
le secret.
Devant le tôlée soulevé par
l'opération, la société civile s'est saisie de l'affaire.
C'est ainsi que suite à des négociations, des parcelles ont
été vendues à ces déguerpis à des prix
abordables avec des facilités de payement sur les sites de Kalley
Plateaux I et II.
Photo 5:Habitat de case au quartier Gaweye Photo 6: Le
même site après déguerpissement en mainovembre
2011. (Source notre enquête) 2012. (Source notre enquête)
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