4.2. Mobilité ou stabilité
résidentielle
Il s'agit pour nous dans cette partie d'analyser la trajectoire
résidentielle des ménages
occupant les cases. Ceci, dans le but de voir s'il s'agit de
stabilité ou d'instabilité résidentielle. Pour y parvenir,
nous avons mis en relief les différents changements de quartier qui
impliquent celui du logement. La << porte d'entrée>> de
l'analyse est la durée de résidence. Cela nous parait très
pertinent, car c'est un bon indicateur qui permet de mesurer le degré de
stabilité ou d'instabilité résidentielle.
50
4.2.1. Mobilité inter quartier
Il ressort de notre étude une mobilité
résidentielle inter quartier fortement marquée
pour les personnes interrogées. En effet, la moyenne
est de trois (3) changements de quartier, dix (10) maximum contre un (1)
minimum. Ce qui traduit une certaine distribution dans l'espace. Dans le
travail qui va suivre, nous allons analyser les caractéristiques de ces
ménages dans chacun de ces quartiers, à savoir le parcours
résidentiel en mettant en relief la durée de résidence par
quartier et le parcours matrimonial.
25
20
15
10
Nb. cit.
5
De 2,00
De 4,00
De 6,00
De 8,00
De 10,00
12,00 et
à 4,00
à 6,00
à 8,00
à 10,00
à 12,00
plus
0
moins de 2 ans
Figure 6: Durée de résidence des citadins
à la première étape du parcours Résidentiel (source
notre enquête).
De la lecture de ce graphique, on remarque une relative
stabilité dans cette première étape du parcours
résidentiel. En effet, la durée moyenne de résidence est
de 10 ans. Cela traduit une certaine stabilité dans ce premier logement.
Mieux, 39% des personnes interrogées affirment avoir fait plus de 10 ans
dans leur première résidence ce qui est largement
supérieur à la moyenne générale. Cette
stabilité résidentielle s'explique par le nombre
élevé des natifs de Niamey dans notre échantillon. Ces
derniers ont grandi sous le toit familial ce qui implique une longue
durée de résidence avant de le quitter.
Aussi, cette proportion peut être mise en relation avec une
certaine autonomie financière qui permet aux citadins locataires de
durer dans ces logements.
Néanmoins, il faut noter un début
d'instabilité résidentielle dans ce premier logement. Car 40% des
personnes interrogées affirment avoir fait moins de 6 ans dans leur
premier quartier. Cette instabilité peut être liée au fait
qu'une bonne partie des néo citadins à leur première
arrivée en ville se font héberger gratuitement. Dès que
leur situation
économique le permet, ils quittent ce premier logement
pour un autre. Ainsi, les 5 à 6 années passées dans le
premier logement traduisent tout simplement les difficultés que les
néo citadins ont de plus en plus pour s'intégrer en ville.
60
4
35
1
Célibataire divorcé marié veuf(ves)
Figure 7: Situation matrimoniale à la
première étape du parcours résidentiel (Source
notre enquête).
S'agissant de la situation matrimoniale, le graphique
ci-dessus montre une large prédominance des citadins mariés (52%)
au premier logement. Cette situation s'explique par le fait que l'essentiel des
personnes qui ont quitté les villages à cause des
difficultés pour la ville sont déjà mariées. Mais,
en majorité, elles viennent seules avant d'être rejoints par leurs
épouses et enfants.
Cette proportion est suivie par celle des célibataires
(35%). Cela, peut être en relation avec le nombre relativement
élevé de natifs de Niamey dans notre échantillon mais
aussi de ces ruraux qui viennent en ville très jeunes à la
recherche d'un bien-être. Enfin, on note une faible proportion (4%) de
veuf (ves). Ce sont en général des personnes du 3ème
âge qui viennent en ville pour assurer leur survie le plus souvent dans
la mendicité.
30
25
20
15
Nb. cit.
10
5
De 2 à 4 ans
De 4 à 6 ans
De 6 à 8 ans
De 10 à 12 ans
0
moins de 2 ans
De 8 à 10 ans
12 ans à plus
52
Figure 8: Durée de résidence à
2ème étape du parcours résidentiel. (Source
notre enquête).
A travers ce graphique, il ressort un début
d'instabilité résidentielle assez marquée chez les
personnes interrogées. La durée moyenne de résidence au
cours de cette deuxième étape du parcours résidentiel est
de 8 ans. On note donc une baisse de la durée moyenne de
résidence par rapport à la première étape du
parcours. Mieux, 40% des enquêtées affirment avoir fait 6 ans dans
leur 2ème logement. Ceci, s'explique par une dégradation des
conditions de vie mais aussi les difficultés réelles de la vie
urbaine auxquelles ces citadins ont commencé à faire face.
Puisque pour l' essentiel, ils sont des
personnes logées gratuitement au départ et qui
ont quitté ce logement pour un autre oüils se mettent
à leur propre compte pour des raisons diverses. Cependant, en l'espace
de
quelques années, ils font face à la dure
réalité de la vie urbaine. En effet, les conditions
économiques font qu'ils sont obligés de changer ce logement pour
un autre moins cher ou échapper complètement au coût du
loyer.
Mais, il faut aussi noter qu'une forte proportion (17%) de
citadins interrogés affirme avoir fait plus de 12 ans dans leur
deuxième logement. Ce qui traduit, sans doute, une certaine
stabilité résidentielle. Cela peut s'expliquer par la
prospérité des activités économiques ou
professionnelles qui permettent aux citadins de durer aussi longtemps que
possible dans ces logements.
63
4
15
1
Célibataire divorcé marié veuf(ves)
Figure 9 : Situation matrimonial à la deuxième
étape du parcours résidentiel (Source notre
enquête).
Ce graphique traduit une baisse sensible de la proportion de
célibataires à cette étape du parcours. En effet, elle est
passée de 32% à 15%. Au même moment, on constate une
augmentation de la proportion des mariés qui passe de 54% à 63 %.
Ceci a un impact sur le changement de logement car pour les filles, le mariage
est synonyme du départ du logement familial pour celui conjugal. Il en
est de même pour certains hommes, car souvent ; ils attendent le mariage
pour quitter la famille et prendre un logement. Cela dénote, si besoin
en est, la place du changement matrimonial dans la mobilité
résidentielle des personnes.
18 16 14 12 10 8 6 4 2 0
|
|
|
|
|
|
|
Nb. cit.
|
Moins de De 2,00 De 4,00 De 6,00 De 8,00 De 10,00 12,00
et 2,00 à 4,00 à 6,00 à 8,00 à 10,00 à
12,00 plus
54
Figure 10 : Durée de résidence à la
3ème étape du parcours résidentiel.
(Source notre enquête).
A la 3ème étape du parcours résidentiel,
on note une instabilité résidentielle assez marquée des
personnes interrogées. Ainsi, la durée moyenne de
résidence est de quatre (4 ans). On remarque dès lors qu'elle est
en nette régression, et cela au fur et à mesure qu'on
s'éloigne de la première étape du parcours
résidentiel. Ce qui est confirmé par nos résultats qui
révèlent que seuls 14% des personnes interrogées à
cette étape du parcours affirment avoir fait plus de 10 ans dans leur
logement. Par contre, 27% affirment y avoir résidé pendant moins
de 4 ans, ce qui est sans doute le résultat des difficultés
d'accès au logement.
A cette étape du parcours résidentiel, on note
une prépondérance de personnes mariées (65 %). Par contre,
on note une baisse de la proportion des célibataires qui est
réduite à 10%. Cette baisse s'explique par le fait que plus le
citadin avance en âge, plus il a tendance à quitter le
célibat pour se marier, d' où une chute de la proportion des
célibataires. En outre, du fait de l'âge, on constate une
augmentation du nombre de veuf (ves) qui est passé à 6%.
30 25 20 15 10 5 0
|
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|
|
|
|
|
Nb.cité
|
Moins de De 2,00 De 4,00 De 6,00 De 8,00 De 10,00 12,00
et 2,00 à 4,00 à 6,00 à 8,00 à 10,00 à
12,00 plus
Figure 11: Durée de résidence à la
4èmeétape étape du parcours
résidentiel. (Source notre enquête)
A la dernière étape du parcours
résidentiel, on constate une accentuation de l'instabilité
résidentielle. En effet, plus de la moitié des
enquêtées affirment avoir fait moins de deux (2) ans dans leurs
logements. Cela s'explique par une dégradation des conditions
économiques qui réduisent la stabilité
résidentielle car les citadins ne peuvent faire face au coût
élevé du loyer. En outre, les possibilités d'avoir un
espace à squatter sont réduites, car la municipalité
procède à des opérations de déguerpissement. Aussi,
la spéculation foncière influe sur la possibilité d'avoir
des parcelles vides où l'on peut construire sa case.
A cette étape du parcours résidentiel, on
constate une large prédominance des mariés. Cela s'explique par
le fait qu'à ce niveau les citadins étant d'un âge
avancé se retrouvent quasiment tous mariés. Ce qui se traduit par
une baisse drastique de la proportion des célibataires qui revient
à 7%. Aussi, il faut noter une légère augmentation de 5%
des polygames.
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