![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe1.png)
Université d'Abomey-Calavi
(UAC)
Faculté des Lettres, Arts et Sciences
Humaines (FLASH)
Département de
Sociologie-Anthropologie (DS-A)
SUJET
Valorisation de la médecine traditionnelle
en
contexte africain : expérience de
`'la maison de la feuille`' a Porto- Novo
Composition du jury
Président: Dr Amédée ODUNLAMI
Rapporteur: Dr Adolphe KPATCHAVI Membre: Dr
Christian AGOSSOU
Mention: Très Bien
Note: 16 / 20
Date: 02 Avril 2012
Présenté et soutenu par : Sous la direction
de :
Daleb ABDOULAYE ALFA Adolphe KPATCHAVI
Maître-Assistant
Année Académique 2011-2012
SOMMAIRE
DEDICACE 3
REMERCIEMENTS..................................................................................
4
LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES 5
LISTE DES TABLEAUX 6
RESUME........................................................................................
7
SUMMARY...................................................................................
8
INTRODUCTION 9
PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE 11
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE 12
CHAPITRE II: CADRE METHODOLOGIQUE 38
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION, ANALYSE ET INTERPRETATION DES
ONNEES...............................................................................................
47
CHAPITRE I : PRATIQUES ET REPRESENTATIONS
MEDICALES...................... 48 CHAPITRE II : LES IMPLICATIONS
SOCIO-CULTURELLES DE LA
VALORISATION....................................................................................
62
CONCLUSION.........................................................................................
74
REFERENCES
BIBLIOGRAPHIQUES.................................................. 76
ANNEXES.............................................................................................
79
TABLE DES
MATIERES............................................................ 84
DEDICACE
A mes parents, HANDEMAGNON Florence et ALFA ABDOULAYE
Yacoubou
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe2.png)
REMERCIEMENTS
Je remercie sincèrement toutes les personnes qui m'ont
aidé à réaliser cette étude. Sans leur concours, ce
mémoire serait peut être encore à l'état de
projet.
Mes remerciements s'adressent particulièrement à
:
- Monsieur Adolphe KPATCHAVI mon maître de
mémoire qui n'a ménagé aucun effort pour me conduire dans
ce travail ; je lui témoigne ici toute ma gratitude.
- A Roch HOUNGNIHIN, pour m'avoir aidé à
corriger ce document.
- A tous les enseignants de la Sociologie-Anthropologie qui ont
participé à ma formation.
- A Marc EGROT pour ses conseils, sa disponibilité et
toute la documentation mise à ma disposition.
- A ma soeur ABDOULAYE Zoulkirath.
- A ma chérie Inès GNIMASSOU pour son soutien
indéfectible.
- A Brice DOSSOU YOVO ; le directeur de l'hôpital `'la
maison de la feuille''.
- A tous les tradithérapeutes de l'hôpital
traditionnel `'la maison de la feuille''.
- A mes oncles et tantes pour leur soutien moral et
financier.
- A mes amis Ange, Mursis, Florian, Jaurcs, Aimé, Zull,
qui m'ont motivé à conduire à terme ce travail.
- A tous je dis un grand merci.
LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES
CBRST : Centre Béninois de Recherches
Scientifiques et Techniques CHD-OP : Centre Hospitalier
Départemental Ouémé-Plateau
CLTMMTA : Centre Laïc de Traitement des
Maladies par la Méthode Traditionnelle de nos Ancêtres.
FLASH : Faculté des Lettres Arts et
Sciences Humaines
IFB : Institut Français du
Bénin
INSAE : Institut National de la Statistique et
de l'Analyse Economique IRPMA : Institut de Recherche en
Pharmacopée et Médecine Ancestrale. OMS :
Organisation Mondiale de la Santé
ONG : Organisation Non Gouvernementale
SIDA: Syndrome d'Immuno-Déficience
Acquise
UAC : Université d'Abomey Calavi
VIH : Virus de l'Immunodéficience
Humaine
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe3.png)
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1: Composition et effectif du
personnel de la direction.................. 40 Tableau 2:
Composition et effectif du personnel médical......................... 41
Tableau 3: Composition et effectif du personnel
paramédical.................... 42 Tableau 4:
Récapitulatif du nombre
d'enquêtés....................................... 50
Tableau 5: Chronogramme des
activités............................................. 52
Tableau 6: Fiche signalétique des malades
enquêtés............................... 56
Tableau 7: Niveau de fréquentation de la
médecine traditionnelle des
malades.....................................................................................
57
Tableau 8: Niveau de satisfaction des malades
par rapport au centre........... 58
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe4.png)
RESUME
Ce travail de recherche étudie la valorisation de la
médecine traditionnelle en contexte africain à travers
l'expérience de «la maison de la feuille'' à Porto-Novo au
Bénin. En effet, la médecine traditionnelle au Bénin,
n'est pas restée statique elle a évolué et ceci pose le
problème des rapports entre la tradithérapie et les dynamiques
interculturelles auxquelles nos sociétés sont confrontées
face à la "modernisation". Il s'ensuit que les rapports entre la
médecine traditionnelle et les dynamiques interculturelles sont assez
importants pour constituer un problème pertinent de recherche. La
méthodologie utilisée pour appréhender notre sujet est une
combinaison d'approches qualitative et quantitative. Au total, 42
enquêtés ont été interviewés à savoir
les tradithérapeutes, les membres de la direction, les malades de
l'hôpital traditionnelle ; mais également les professionnelles des
centres de santé publique et privé de Porto-Novo. Le recueil des
donnés a été fait par des techniques comme l'observation
direct et l'entretien. L'analyse dynamique de G. Balandier a été
utilisée comme modèle d'analyse dans le cadre de la
présente étude.
Les résultats obtenus montrent qu'avec la
valorisation, certaines pratiques et représentations liées
à la tradithérapie au centre, sont en déphasage avec les
logiques sociales et culturelles qui fondent la médecine traditionnelle.
Ces ruptures impliquent un affaiblissement de la base socio-culturelle de la
médecine endogène et témoignent d'une logique de
légitimation scientifique de la médecine traditionnelle dans ce
centre. Par ailleurs certaines logiques socioculturelles propres à la
médecine endogène sont sauvegardées grâce à
la marge de manoeuvre des tradithérapeutes ; d'autres par contre se
pérennisent en subissant des transformations.
A partir des résultats de nos investigations
empiriques, nous pouvons dire que des innovations importantes sont jà
l'oeuvre au niveau de la médecine traditionnelle exercée dans le
centre. Ces innovations sont aussi bien d'ordre technique qu'organisationnel et
témoignent de l'imagination créatrice déployée dans
cet hôpital pour adapter les remèdes utilisés aux exigences
d'une clientèle de plus en plus occidentalisée.
Mots cles : valorisation, médecine
traditionnelle, dynamiques interculturelles
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe5.png)
SUMMARY
This research examines the socio-cultural implications of the
formalization of traditional medicine in the hospital traditional "home of the
sheet" in Porto Novo. This is a first step to identify specific practices and
performances on traditional medicine in the hospital. In a second step to show
the regulations, structure, function characterizing the center and their
influence on the nature of traditional medicine is practiced. The methodology
used to understand our subject is a combination of qualitative and qualitative
approaches. A total of 42 respondents were interviewed traditional healers
namely, members of management and the tradition al hospital patients, but also
professional public health centers and private of Porto-Novo. The collection
was donated made by techniques such as direct observation and maintenance.
Dynamic analysis of G. Balandier was used as a model of analysis in this
study.
The results show that with the formalization of practices and
representations related to traditional medicine center, are out of step with
the social and cultural logics that underpin traditional medicine. These breaks
involve a weakening of the basic socio-cultural medicine endogenous and reflect
the logic of scientific legitimacy of traditional medicine in the center. Also
some socio-cultural logic specific to the endogenous medicine are saved thanks
to the flexibility available to traditional healers, while others become
entrenched against by undergoing transformation.
From the results of our empirical investigations, we can say
that major innovations are at work in traditional medicine practiced in the
center. These innovations are both technical and organizational evidence of the
creative imagination deployed in the hospital used to tailor remedies to the
requirements of customers increasingly Westernized.
Keywords: valorization, traditional medicine,
intercultural dynamics
INTRODUCTION
La médecine moderne dans les sociétés
africaines a dans beaucoup de cas, rencontré l'adhésion des
populations, du fait de sa relative efficacité. Mais, elle ne s'est pas
traduite par l'abandon total des pratiques thérapeutiques
traditionnelles.
"On note, quatre décennies après les
indépendances, que la médecine traditionnelle marque son retour
en raison d'une combinaison de facteurs culturels, psychosociaux et
économiques"(Houngnihin, 2001, p.7). Le temps n'est même pas
lointain oil toute pratique thérapeutique traditionnelle était
systématiquement assimilée à la magie noire, du
charlatanisme. C'est pourquoi, la tendance constatée des Etats africains
à préconiser dans le cadre d'une redéfinition de leur
politique sanitaire, la valorisation de la médecine traditionnelle et
son association avec la médecine moderne semble une rupture qui suscite
nombre d'interrogations. En effet, pourquoi un intérêt nouveau
pour la médecine traditionnelle de la part des Etats africains?
A ce niveau, trois facteurs sont souvent avancés pour
expliquer le mouvement actuel en faveur d'une valorisation de la
médecine traditionnelle. Il y a d'abord la conférence d'Alma Alta
en 1978, qui consacre l'avènement de la stratégie des soins de
santé primaires dont la réussite dépend au premier chef de
la participation des populations. La stratégie des soins de santé
primaires en concevant les populations, non pas comme de simples usagers de
l'action sanitaire, mais plutôt comme des partenaires obligés de
travailler à l'amélioration de leur propre bien être,
"paraît naturellement apte à reconnaître ceux qui, au sein
des populations y prennent déjà une part active (Les
tradipraticiens)" (Dozon, 1987, p.10).Les insuffisances de la médecine
moderne seraient également à l'origine de l'engouement actuel
pour la médecine endogène.
En effet, un vaste courant d'opinion dans les pays
industrialisés qui est très critique ou sceptique à
l'égard des pratiques et progrès médicaux semble aussi
militer pour la valorisation de formes thérapeutiques
alternatives comme la médecine traditionnelle. La notion de valorisation
de la médecine traditionnelle aurait enfin connu un succès
puisque concordant avec l'orientation politique et idéologique de
certains pays africains qui revendiquent un style de gouvernement qui
prétend revivifier les valeurs africaines traditionnelles. Ces rares
pays où la tradithérapie est légalisée entendent
manifester ainsi leur volonté d'indépendance où la
santé des populations relève d'un processus endogène de
développement et partant requiert la mobilisation des compétences
et des savoirs disponibles.
Dans le cadre de cette étude nous nous sommes
interrogés sur la valorisation de la médecine traditionnelle
à l'hôpital traditionnel «la maison de la feuille'' de
Porto-Novo. Cette recherche est structurée en deux parties: d'abord le
cadre théorique et méthodologique, ensuite la présentation
et l'analyse des données.
PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE
ET METHODOLOGIQUE
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE
Dans ce chapitre consacré au cadre théorique,
nous avons présenté, la problématique (le problème,
les hypothèses, les objectifs de la recherche), le cadre conceptuel, la
délimitation du champ de l'étude, la justification du choix du
sujet, la construction de l'objet, le modèle d'analyse et la
présentation du cadre de l'étude
1. Problème
"Aujourd'hui en Afrique, la médecine traditionnelle
n'est pas une alternative à la médecine conventionnelle. Elle
constitue la principale source de soins médicaux face aux besoins
croissants de la population et aux nombreux défis auxquels les
systèmes de santé sont confrontés et qui se
caractérisent par la faible performance des services préventifs
et curatifs, le coût élevé des prestations dans les
établissements hospitaliers, la forte dépendance vis-à-vis
de l'extérieur en matière d'approvisionnement en
médicaments essentiels, l'insuffisance du personnel, les pesanteurs
socioculturelles relatives à la perception, la prise en charge et la
prévention des maladies, etc." (Houngnihin, 2009, p.5).
Les études sur les médecines traditionnelles
sont très nombreuses. Elles sont menées par des disciplines
scientifiques diverses. Cependant, les études de type pharmacologique ou
ethno- pharmacologique sont des plus répandues. Il s'agit en fait, dans
le cadre de ces investigations, non seulement de répertorier, classer
les produits de la pharmacopée, mais aussi, de découvrir les
substances actives contenues dans ces produits. C'est dans ce registre qu'il
faut ranger par exemple, la présentation faite par De Souza (1994) de
quelques produits réputés de la médecine traditionnelle
béninoise, choisis sur les étalages du marché de Cotonou,
mais aussi, les travaux de Hodouto (1992), qui préconisent la
nécessité de rédiger un guide pour l'étude chimique
systématique des plantes médicinales.
Il est toutefois important de noter que les approches
pharmacologiques de la médecine traditionnelle font l'objet de vives
critiques de la part d'auteurs, qui regrettent que ce soit
"généralement sur une base pharmacologique que l'on fait reposer
habituellement, les fondements de la médecine traditionnelle" (Sillans
et Gollnhoffer, 1975, p.285). En effet, les études pharmacologiques,
malgré l'intérêt qu'elles présentent, en permettant
d'expliquer l'efficacité biologique de certaines plantes
médicinales, à travers une mise en évidence de leurs
propriétés chimiques et leurs rôles pharmacodynamiques, ne
nous semblent pas suffisantes pour une appréhension adéquate de
la médecine traditionnelle.
En amputant à la pharmacopée sa dimension
culturelle, les analystes en pharmacologie en ont donné une conception
réductionniste. La médecine traditionnelle, dans cette
perspective, est isolée, détachée de son environnement
social et culturel qui lui donne sens et légitimité. On ne peut
comprendre la médecine traditionnelle sans s'intéresser à
ses guérisseurs, ses patients, leurs croyances, leurs savoirs et leurs
visions du monde, bref, sa dimension culturelle. "Cette dimension qui consiste,
d'une part, dans le rituel qui précède et accompagne la
récolte, la préparation et l'administration des remèdes ;
et d'autre part, dans les conditions d'efficacité de ceux-ci,
essentiellement liées au mode de classification des affections qui n'est
pas nécessairement fondé sur les catégories cliniques
observables" (Sillans et Gollnhoffer, 1975, p.285), est incontournable pour une
approche de la tradithérapie.
La dimension socio-culturelle de la médecine
traditionnelle, est cependant prise en compte et même mise en avant par
la perspective anthropologique. En effet, presque toutes les approches
anthropologiques, convergent dans la spécification de la médecine
traditionnelle par sa propension à rechercher l'étiologie de la
maladie dans l'environnement familial ou dans les rapports entre le malade et
les divinités.
Ainsi, la maladie mentale, "est considérée soit
comme l'oeuvre d'un homme, soit d'un esprit" (Ahyi, 1994, p.203). Dans la
même dynamique, Fainzang (1982, p. 415) écrit que "tant dans sa
phase diagnostique que dans sa phase thérapeutique, la cure fonctionne
comme mythe". La littérature anthropologique, promeut donc dans
l'ensemble, une vision des médecines en Afrique comme
réalité ancrée dans le symbolisme, le magico-religieux, le
social.
Toutefois, signalons que les lectures d'orientation
anthropologique de la tradithérapie comportent aussi les insuffisances.
D'abord, la médecine traditionnelle n'est pas seulement affaire de
rituels, d'incantations et de divinations. C'est aussi des pratiques
empiriques. Fainzang (1982, p.419), reconnaît ainsi qu'au niveau de la
tradithérapie, "le rationnel n'est pas donné comme tel,
isolément, il s'appuie sur le sacré, le mythe". Cette conception
qui consiste donc à confiner la médecine traditionnelle dans une
mentalité magico religieuse est à récuser.
Notons aussi que la recherche des causes sociales de la
maladie n'est pas une caractéristique déterminante pour
spécifier la médecine traditionnelle. En effet, comme le montre
l'anthropologue Auge (1983, p.23), même dans les sociétés
industrielles, occidentales, "la maladie est imputée à la
société agressive par l'intermédiaire d'un mode de vie
malsain imposé à l'individu".
On pourrait aussi reprocher aux anthropologues, d'avoir
sous-estimé " l'importance accordée par les
sociétés africaines au maintien de la santé (et non
à l'interprétation des maladies déclarées, qui
aurait davantage retenu l'attention des anthropologues)"(Auge et Herzlich,
1983, p.18).
Ce rappel du point de vue historique, adressé à
l'analyse anthropologique, nous semble heuristique.
Dans la perspective de recherche qui est la nôtre, il
semble impératif de ne plus considérer la médecine
traditionnelle comme une réalité statique pour la
comprendre. La médecine traditionnelle étant
une réalité qui évolue, se transforme, s'adapte, il nous
semble nécessaire d'orienter la réflexion vers une approche
dynamique de la tradithérapie. Cela est d'autant plus vrai que Balandier
(1982, p.6), montre que "les agencements culturels ne peuvent être
appréhendés sous le seul aspect des principes qui les
régissent et de leur existence "formelle" ; ils ne prennent leur pleine
signification que s'ils sont rapportés aux mouvements et conjonctures
historiques qui les façonnent et les affectent".
"La période précoloniale est
caractérisée par l'utilisation systématique et
généralisée de la médecine et la pharmacopée
traditionnelles africaines. Les praticiens de la médecine
traditionnelle, en raison de leurs compétences et de leurs rôles
constituent le premier recours de soins, rendant leur situation enviable des
autres couches sociales"(Houngnihin, 2011, p.18). Mais avec la colonisation que
les pays africains ont connu, la tendance a changé. Cette colonisation
s'est accompagnée d'une pénétration de la culture
occidentale en Afrique, mais aussi, de l'implantation d'une médecine
d'origine occidentale. La médecine traditionnelle coexiste donc avec une
médecine dite moderne depuis longtemps. Cette coexistence ne peut plus
être ignorée dans une étude de la tradithérapie.
Avec la décolonisation, les nouveaux Etats africains
indépendants se sont lancés dans une entreprise de
"modernisation" de tous les secteurs de la société. Le domaine de
la santé n'y a pas échappé. Pourtant, la médecine
traditionnelle continue d'être pratiquée, malgré cette
"modernisation", cette occidentalisation des sociétés africaines.
Il semble donc nécessaire de replacer la médecine traditionnelle
dans son contexte actuel pour la comprendre. Dans cette perspective, les
questions suivantes pourraient être formulées : comment la
médecine traditionnelle coexiste-t-elle avec la médecine moderne?
Pourquoi la tradithérapie continue-t-elle à séduire de
larges couches des populations africaines en ville comme en milieu rural ? Dans
quelles conditions la médecine traditionnelle peut-elle
s'épanouir dans un environnement de plus en plus imprégné
d'une logique scientifique essentiellement d'origine occidentale.
Ces questions incontournables posent en fait le
problème des rapports entre la tradithérapie et les dynamiques
interculturelles auxquelles nos sociétés sont confrontées
avec la "modernisation".
Il s'ensuit que les rapports entre la médecine
traditionnelle et les dynamiques interculturelles sont assez importants pour
constituer un problème pertinent de recherche.
Il convient également de préciser qu'il existe
plusieurs niveaux où on peut saisir l'importance de la dynamique
interculturelle dans la compréhension de la situation actuelle de la
tradithérapie au Benin. D'abord, soulignons que de plus en plus des
guérisseurs adoptent les signes de la modernité. Comme le montre
C. Moretti (1983, p.208), "dans les zones péri - urbaines africaines,
les "nouveaux guérisseurs" selon l'expression de F. Hagen-boucher,
soignent leur apparence d'une manière moderne qui ne "laisse" pas
d'impressionner la clientèle: blouse blanche, l'emploi d'un vocabulaire
pseudo - médical renforce leur statut de chercheurs en médecine
traditionnelle, injustement ignorés selon eux des milieux
institutionnels".
De plus en plus la médecine traditionnelle est aussi
pensée comme complémentaire à la médecine
hospitalière. Dans cette perspective, Gruenais (1985, p.196) pense que
"les tradipraticiens permettraient ainsi de pallier les carences du
système de santé dans les zones reculées, d'autant mieux
qu'ils présenteraient l'avantage d'une bonne insertion dans leur milieu
et de proposer des soins à faible coût".
La dynamique sur le terrain se manifeste depuis longtemps par
l'intérêt porté par de nombreuses organisations de la
médecine traditionnelle béninoise. Ainsi, le 13 décembre
2007, Monsieur Philibert Cossi Dossou-Yovo ouvrait à Porto- Novo `'la
maison de la feuille'' qui est un Centre Laïc de Traitement des Maladies
par la Méthode Traditionnelle de nos Ancêtres (CLTMMTA).
Cet hôpital traditionnel constitue notre champ
d'investigation dans le cadre de ce travail. Cependant, signalons que ce centre
présente une certaine spécificité. Certaines
règles, normes, principes qui guident le fonctionnement du centre sont
dans l'ensemble similaires à ceux des hôpitaux dits modernes.
C'est ce type de fonctionnement et les pratiques thérapeutiques dans le
centre que nous qualifions de valorisation de la médecine
traditionnelle.
Cette valorisation de la tradithérapie constitue donc
notre problème spécifique de recherche. La valorisation manifeste
clairement à notre avis les dynamiques interculturelles à
l'oeuvre au niveau de la médecine traditionnelle. En effet, à
`'la maison de la feuille'', des guérisseurs pratiquant la
tradithérapie travaillent en collaboration, en coordination, avec des
administrateurs et agents de service ayant reçu une formation de type
occidental, pour certains du moins.
Cette valorisation introduit non seulement une certaine forme
d'organisation de la médecine traditionnelle mais aussi, permet le
contact entre les savoirs médicinaux traditionnels et des savoirs
modernes.
Ainsi, il s'agit de savoir dans quelles mesures la
valorisation de la tradithérapie, qui est en cours à
l'hôpital traditionnel «la maison de la feuille'' de Porto-Novo,
influence t- elle les pratiques et les représentations relatives
à la médecine traditionnelle ?
2. Hypothèses:
Deux hypothèses, constituent les réponses
anticipées à cette question de recherche :
Hypothèse 1:
La perception sociale du malade et de la maladie est fortement
influencée par la valorisation de la médecine traditionnelle
à `'la maison de la feuille''.
Hypothèse 2:
La valorisation de la médecine traditionnelle favorise de
nouvelles pratiques thérapeutiques à «la maison de la
feuille''.
3 . Objectifs de recherche
A travers cette étude, nous dépasserons la vision
de la médecine traditionnelle comme réalité statique.
Spécifiquement il s'agira de :
Objectif 1 :
- Cerner la dynamique des perceptions sociales du malade et de
la maladie à travers la valorisation de la médecine
traditionnelle jà «la maison de la feuille''.
Objectif 2 :
- Montrer les règlements, la structuration, le
fonctionnement qui caractérisent l'hôpital traditionnel «la
maison de la feuille'' et leurs influences sur la nature de la médecine
traditionnelle qui y est exercée.
4. Cadre conceptuel
Ici, nous allons apporter un éclairage aux concepts
clés qui structurent cette étude. Pour ce faire, nous partirons
de la littérature pour ensuite donner le point de vue que nous avons
adopté.
- Médecine traditionnelle
Il existe une véritable confusion terminologique
à propos de la médecine traditionnelle. En effet, des notions
comme : pharmacopée, médecine douce, médecine naturelle,
phytothérapie, médecine parallèle sont utilisées
pour caractériser la médecine traditionnelle. Certains même
vont jusqu'à parler de « médecine primitive ou de
médecine archaïque». La plupart de ces terminologies ne
permettent pas une vision satisfaisante de la médecine
traditionnelle.
Parler de médecine ((primitive)) ou
((archaïque)) reviendrait à, cautionner une conception
évolutionniste qui déprécie la médecine
traditionnelle par rapport à la médecine moderne qui serait
supérieure.
En ce qui concerne les appellations : médecine douce,
médecine naturelle, phytothérapie, elles reflètent
chacune, un des aspects ou spécificité de la médecine
traditionnelle, mais aucune prise isolément, ne permet de définir
la tradithérapie dans son ensemble.
Ce sont donc des termes réducteurs. La
phytothérapie fait référence à cette dimension de
la médecine traditionnelle qui est relative au traitement des maladies
par les plantes mais occulte tous les autres aspects de la tradithérapie
; de même que les termes, médecine douce et médecine
naturelle se rapportent à cette spécificité des cures
traditionnelles consistant à employer des produits issus de
l'environnement naturel pour soigner, contrairement à la médecine
moderne qui utilise des produits de l'industrie chimique pour les soins de
santé.
Quant à la notion de médecine parallèle,
elle recouvre, toutes les pratiques médicales non conformes à la
médecine moderne. Il s'agit donc d'une notion ambiguë, car des
pratiques qui n'ont rien à voir avec la médecine traditionnelle
peuvent y être inclues.
La médecine traditionnelle ne doit donc pas être
caractérisée à travers des terminologies comme:
médecine douce, médecine naturelle, médecine <<
primitive>> ou << archaïque >>, médecine
parallèle, qui ne peuvent la définir.
Notons cependant qu'une des définitions les plus
répandues et certainement la plus acceptée de la médecine
traditionnelle, est celle donnée par les experts de l'OMS. Pour eux, la
médecine traditionnelle, c'est "l'ensemble des connaissances et
pratiques, explicables ou non, utilisées, pour diagnostiquer,
prévenir ou éliminer un déséquilibre physique,
mental ou social en s'appuyant exclusivement
sur l'expérience vécue et sur l'observation
transmise de génération en génération oralement ou
par écrit" (OMS,1976, p.3)
Cette définition de l'OMS nous semble conforme à
notre conception de la médecine traditionnelle, comme système
médical constitué par l'imbrication du social, du culturel et du
thérapeutique.
Cependant, il nous faut maintenant préciser les
différents indicateurs qui puissent nous permettre de comparer notre
type-idéal de médecine traditionnelle, avec la
tradithérapie telle que pratiquée dans le centre. Pour ce faire,
nous allons nous appuyer essentiellement sur les travaux de M. Fontaine et E.
De Rosny.
Fontaine, dans l'analyse de ce qu'il appelle la socio-culture
africaine, dégage six niveaux structurels correspondant chacun à
un sous-système de la médecine traditionnelle. Chacun de ces
niveaux nous semble pertinent pour constituer un indicateur susceptible de nous
permettre d'opérationnaliser notre vision de la médecine
traditionnelle.
La technologie : Ici, il faut dire qu'au "niveau
technologique, la médecine traditionnelle va être en harmonie et
en continuité avec l'environnement," (Fontaine, 1995, p.132).
L'économie : Il s'agit du mode de rétribution
des prestations médicales. Notons que, "le système traditionnel
met l'accent sur une rétribution qui valorise plus l'être que
l'avoir (reconnaissance, respect, activité souvent parallèle
à une activité de subsistance) " (Fontaine, 1995, p.133).
Le politique : Nous pouvons retenir que "dans le
système traditionnel, la notion de pouvoir concomitante au politique,
est inscrite dans un schéma de relations continues et directes. Ce
pouvoir du guérisseur s'appuie sur des forces et des procédures
qui communiquent avec l'univers de référence des chefs religieux
" (Fontaine, 1995, p.133). Pour mettre l'accent sur l'importance du pouvoir au
niveau de la médecine traditionnelle, certains vont jusqu'à
affirmer que les
guérisseurs "doivent leur prestige plus encore à un
pouvoir social qu'à un savoir " (De Rosny, 1992, p.31).
La parenté : C'est un indicateur qui permet de
percevoir la dimension sociale de la médecine traditionnelle, En effet,
"la médecine traditionnelle trouve dans le système de
parenté une valorisation du communautaire et du solidaire " (Fontaine,
1995, p.134). L'importance de la parenté est aussi
souligné par De Rosny (1992, p.31), qui montre que "la présence
de certaines personnes de la famille, on le devine, revêt une
signification capitale " pour la guérison du malade au niveau de la
tradithérapie.
La personne : Ici, nous retiendrons que "le système
traditionnel (de médecine) se fonde une approche psychosomatique du
malade. " (Fontaine, 1995, p.134). En médecine traditionnelle, "les
affections ne sont, de ce fait, que rarement traitées par la seule voie
pharmacologique, mais presque toujours par la voie psychothérapeutique"
(Sillans et Gollnhoffer, 1975, p.288).
Représentation du monde : La médecine
traditionnelle se fonde sur une représentation du monde, une philosophie
de la vie, de la mort, de la maladie qui se reflète au niveau des
traitements. Ainsi, au niveau de la cure "la médecine traditionnelle
cherche à rétablir un équilibre, une harmonie
perturbés par la maladie" (Fontaine, 1995, p.134).
En bref, la nature de la technologie utilisée, le mode
de rétribution des prestations sanitaires, la distribution du pouvoir
entre les divers acteurs du centre, mais aussi la place accordée
à la parenté dans les pratiques médicales, la conception
de la personne malade ainsi que les représentations de la maladie et de
la guérison nous servirons de repères pour appréhender la
valorisation de la médecine traditionnelle ce centre.
- Valorisation : Nous entendons par ce
concept, un processus visant à améliorer la valeur de quelque
chose (Larousse, 1991).Dans le cadre de ce
travail, cette chose est la médecine traditionnelle. La
valorisation de la médecine traditionnelle est donc ici un processus
d'amélioration de la médecine traditionnelle.
5. Délimitation du champ de l'étude
La médecine traditionnelle est un champ très
complexe, dont l'appréhension exhaustive dans le cadre d'une
étude aussi modeste qu'un mémoire de maîtrise poserait
problème. C'est pourquoi, il est nécessaire de tracer clairement
les contours de cette recherche.
Pour ce faire, il faut souligner que l'intérêt
sera porté dans le cadre de ce travail, sur les dynamiques
socio-culturelles de la tradithérapie en contexte de valorisation de la
médecine traditionnelle.
Ainsi, nous n'aborderons pas dans le cadre du présent
mémoire des questions relatives à l'efficacité ou non des
traitements traditionnels. En effet, malgré l'importance de ce
débat, ce travail a des ambitions limitées.
Pour plus de clarté dans la délimitation du
champ de l'étude, il faut signaler, que l'effort d'investigation sera
davantage centré sur la valorisation de la tradithérapie.
6. Justification du choix du sujet
Nous avons choisi ce sujet de recherche pour plusieurs
raisons. Une des raisons du choix de ce sujet tient au fait que la bonne
qualité des ressources humaines constitue un atout important pour la
promotion du bien être des hommes. Aujourd'hui, il est donc de plus en
plus admis que la bonne santé occupe une place importante dans la
réalisation du progrès humain. D'où l'urgence qui nous est
apparue d'étudier la médecine traditionnelle, fondamentale en
matière de santé publique en Afrique. L'essor de la
médecine traditionnelle serait lié à l'incapacité
du système officiel de santé à jouer pleinement son
rôle. En effet, le
développement des infrastructures de santé ne
suit pas le rythme de la croissance démographique élevée;
ce qui se traduit par un déficit en hôpitaux, centres de
santé, mais aussi en personnel médical. En plus, il est aussi
souvent déploré la mauvaise répartition
géographique des services publics de santé. Ces derniers ne
seraient opérationnels pour l'essentiel que dans les centres urbains
où sont concentrés des hôpitaux bien équipés
alors que dans les zones rurales, ce n'est pas le cas.
Avec toutes ces défaillances du système moderne
de santé, la médecine traditionnelle est intéressante
à étudier car elle occupe de plus en plus le devant de la
scène sanitaire. En effet, de nombreux séminaires, symposiums,
émissions de télévision, sont consacrés à la
médecine traditionnelle et la pharmacopée. De même, les
pouvoirs publics semblent accorder un intérêt au
développement de la médecine traditionnelle.
Pour justifier le choix de ce sujet de recherche, soulignons
en dernier lieu que, l'anthropologie a montré depuis longtemps que les
comportements et les pratiques des individus face à la maladie sont
déterminés par des systèmes de représentations qui
mettent en jeu des conceptions de la personne, des classifications, des
étiologies culturellement marquées.
En plus, il est aussi de plus en plus montré que le
malade n'est pas une entité isolable ; son environnement et son
entourage familial, social, sont très importants pour
l'appréhender adéquatement. Tout cela atteste que les sciences de
l'homme et de la société ; en l'occurrence, l'anthropologie et la
sociologie, doivent davantage investir les champs de la santé, de la
médecine et surtout de la médecine traditionnelle fortement
ancrée dans les héritages culturels des sociétés
africaines.
7. Construction de l'objet
A propos de la construction de l'objet, Grawitz (1996, p.346)
affirme que "c'est un impératif sans mode d'emploi ". Autrement, "Chaque
thème de recherche comporte un objet différent et chaque
construction doit donc s'adapter à l'objet à construire. "
(Grawitz, 1996, p.346).
Pour prévenir toute dérive au niveau de cette
phase cruciale de la recherche, Javeau (1990, p.115) avertit que " l'objet ne
sera pas construit seulement de manière spéculative ".Le cadre de
référence théorique guidera les relevés
d'éléments empiriques qui permettront de construire un
modèle heuristique de l'objet.
Dans le cadre de ce travail, pour construire notre objet, il
semble donc nécessaire de s'écarter, avant tout, des visions
simplistes, courantes de la médecine traditionnelle, pour en faire, en
rapport avec notre problématique, un objet sociologique.
La médecine traditionnelle est un objet complexe. Sans
une précision des contenus assignés à cette notion, il est
impossible d'en faire un objet de recherche.
La meilleure manière de faire de la médecine
traditionnelle un objet sociologique semble être, de dégager les
grands traits représentatifs de sa signification socioanthropologique,
que nous allons prendre en compte dans nos investigations. Il s'agit donc de
définir un « type - idéal» de la médecine
traditionnelle, susceptible de refléter les grandes lignes qui la
caractérisent. Ce type - idéal devra ensuite être
confronté à la réalité empirique. Selon
Ferréol (1995, p.273), le type -idéal au sens
wébérien, est un "schéma opératoire permettant de
comprendre et de donner un sens à la réalité".
Dans cette perspective, trois caractéristiques majeures
nous semblent importantes à prendre en considération dans toute
étude socio-anthropologique de la médecine traditionnelle : le
social, le culturel, le thérapeutique.
La dimension sociale de la médecine traditionnelle est
prouvée par le fait que la tradithérapie a une fonction sociale
qui consiste à guérir les maladies, mais aussi à maintenir
la cohésion sociale. Ainsi, est-il souvent souligné, le fait
qu'en Afrique les guérisseurs "ont un rôle social majeur dans la
communauté, car ils détiennent les clés de l'ordre social
" (Fontaine, 1995, p.84).
En ce qui concerne la dimension culturelle de la
médecine traditionnelle, elle réside "dans le rituel qui
précède et accompagne la récolte, la préparation et
l'administration des remèdes ; et d'autre part dans les conditions
d'efficacité de ceux-ci, essentiellement liées au mode de
classification des affections qui n'est pas nécessairement fondé
sur les catégories cliniques observables" (Gollnhoffer et Sillans, 1975,
p. 285). La tradithérapie se fonde donc aussi sur des
croyances, représentations et pratiques rituelles culturellement
marquées et auxquelles adhérent aussi bien les tradipraticiens
que leurs patients. Ainsi, certains pensent, à propos des remèdes
traditionnels que " leur efficacité tient à cet enclavement
culturel " (De Rosny 1992, p.34).
La dimension la plus évidente de la médecine
traditionnelle est celle thérapeutique. En effet, la médecine
traditionnelle a d'abord et avant tout pour vocation de soigner. Pour cela, des
pratiques empiriques comme la phytothérapie sont employées par
les tradithérapeutes pour guérir leurs malades. Ils "
imprègnent le corps de leurs patients de ces substances
végétales dont-ils ont le secret : herbes, feuilles
fraîches, écorces, racines, oignons, bourgeons et fruits sont
taillés, pilés, pulvérisés, liquéfiés
et finalement consommés"(De Rosny 1992, p.30). Des actes rituels,
symboliques, magiques sont aussi utilisés par les guérisseurs
pour soigner. L'objectif visé à travers ces actes, consiste pour
le tradithérapeute, "à rétablir l'harmonie, à
réinstaller son client à la place qu'il
tenait avant sa maladie, dans l'ordre cosmique et humain qui doit
être le sien " (De Rosny 1992, p.31).
Signalons que les trois dimensions majeures de l'objet,
dégagées sont étroitement liées les unes aux
autres. Ainsi, les fonctions sociales de la tradithérapie peuvent
être rattachées aux représentations culturelles et se
reflètent sur les pratiques thérapeutiques. En fait, les
traitements traditionnels prennent "racine dans une organisation et une
structure socio- culturelles" (Fontaine, 1995, p.84).
Dans la perspective d'une approche socio - anthropologique, la
médecine traditionnelle peut donc être construite, de façon
idéale typique, comme un système. A ce niveau, même si
Grawitz (1996, p.395) affirme " qu'il est difficile de donner une
définition incontestable et précise du terme «
Système »", Ferréol (1995, p.259) quant à lui, montre
qu'on peut considérer comme système, tout "ensemble
d'éléments, matériels ou non, qui dépendent
réciproquement les unes des autres de manière à former un
tout organisé "
Cependant il est nécessaire de préciser comme le
fait Ladrière (1990, p.1031) dans l'Encyclopédie Universalis, que
" le système possède un degré de complexité plus
grand que ses parties, autrement dit, qu'il possède des
propriétés irréductibles à celles de ses
composantes. Cette irréductibilité doit être
attribuée à la présence des relations qui unissent les
composantes".
Autrement dit, la médecine traditionnelle doit
être conçue comme un système plus complexe que les parties
qui la constituent ; car le social, le culturel et encore moins le
thérapeutique ne fonctionnent isolément au niveau de la
tradithérapie. Dans ce cadre, des chercheurs comme De Rosny (1992, p.31)
parlent de médecine globale avec des "traitements
cosmo-socio-psychothérapeutique" pour qualifier la médecine
traditionnelle.
En définitive, dans le cadre de ce travail, notre
tentative de construction de l'objet nous conduit finalement, à
considérer la médecine traditionnelle comme
un système idéal - typique, constitué par
l'imbrication du social, du culturel et du thérapeutique. Toutefois, ce
système de type - idéal devra être confronté
à la réalité empirique pour comprendre les effets de la
valorisation sur la tradithérapie dans le centre. Il s'agira donc de
s'exercer à trouver la conformité ou les différences entre
la médecine traditionnelle telle que mise en oeuvre dans l'hôpital
traditionnel «la maison de la feuille'' et le type idéal de
tradithérapie construit.
A ce titre, la construction systémique est heuristique
car comme indiqué par Ladrière (1990, p.1031), "les
propriétés globales les plus intéressantes d'un
système, sont celles qui ont trait à son comportement
évolutif".
Mode de classification des affections (nosologie)
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe6.png)
Rituels thérapeutiques
Croyances et représentations liées à la
maladie,
la santé, la guérison.
Dimension culturelle
Pratiques empiriques (phytothérapie, massage ...)
Fonctions sociales de la médecine traditionnelle.
(Guérir les maladies, maintenir la cohésion
sociale).
Médecine traditionnelle
L'exercice de la médecine traditionnelle
dans des institutions sociales.
Dimension thérapeutique
Dimension sociale
Pratiques symboliques, magico #177; religieuses
Schéma récapitulatif de la construction de
l'objet "médecine traditionnelle". Source : (Fontaine,1995)
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe7.png)
29
8. Modèle théorique d'analyse
Trois modèles théoriques d'analyse sont souvent
proposés afin de comprendre le rôle, la place de la
médecine traditionnelle dans la société africaine
actuelle, mais aussi, et surtout dans le but "d'interpréter les
résistances, oppositions, incompréhensions, rejets du
système de santé colonial à l'égard des
systèmes traditionnels de santé "(Fontaine, 1995, p.90). Il
s'agit de l'évolutionnisme, du diffusionnisme et du fonctionnalisme.
Le modèle évolutionniste se fonde sur une
théorie élaborée dans le cadre d'une philosophie de
l'histoire qui met l'accent sur le fait qu'une société doit
passer par différents stades de développement la conduisant au
«progrès». Dans cette perspective, on a souvent
"imaginé le modèle médical occidental,
entraîné dans sa démarche de progrès scientifique en
devenir d'un aboutissement jamais atteint"(Fontaine, 1995, p.90). A
l'époque coloniale, la médecine moderne, forte de la conviction
de sa supériorité, ne pouvait donc se compromettre en s'ouvrant
à d'autres pratiques historiquement situées en amont de sa propre
évolution, comme la tradithérapie était supposé
l'être. Le modèle évolutionniste a donc pendant longtemps
justifié "la primauté de la médecine occidentale, vers
laquelle tout autre pratique de santé devait tendre en se transformant
ou disparaître"(Fontaine, 1995, p.51). Dans cette perspective, la
médecine traditionnelle doit conquérir sa validité en
épousant les principes de la médecine moderne.
Sur le plan médical, le diffusionnisme poserait le
problème des processus mis en branle par la diffusion de « traits
culturels» dans le domaine des soins de la maladie. "Ce modèle va
inaugurer la problématique de l'acculturation"(Fontaine, 1995,
pp.91-92).
La valorisation va-t-elle entraîner une évolution
de la médecine traditionnelle dans l'hôpital traditionnel
«la maison de la feuille'', et aboutir à un
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe8.png)
rapprochement étroit avec le modèle occidental de
la médecine ? Le point de vue diffusionniste, met l'accent sur les
processus de transformation par contact.
Une approche fonctionnaliste peut par exemple consister
à "chercher à comprendre les relations existant entre le
guérisseur et les autres éléments (pouvoir, savoir,
relations avec le malade, traitement ...) du système de santé et
d'expliciter la fonction de ces relations " (Fontaine, 1995, p.94).
L'approche fonctionnaliste permettrait aussi de se demander: quels
rapports nouveaux, la valorisation de la médecine traditionnelle,
introduit-elle entre les différents éléments composants le
système médical traditionnel ? La fonction du guérisseur
change-t-elle ou reste-t-elle identique dans le cadre de la valorisation ?
Cependant, dans le cadre de ce travail, l'analyse dynamiste de
Balandier nous semble plus appropriée pour éclairer les
problèmes que pose la valorisation de la médecine traditionnelle.
Elle a l'avantage d'intégrer les questions posées à la
fois par l'évolutionnisme, le diffusionnisme et le fonctionnalisme.
C'est pourquoi, elle sera retenue comme modèle théorique
d'analyse.
9. Présentation du cadre de l'étude
Selon Emile Durkheim, le fait social est extérieur
à l'individu et doué d'un pouvoir de coercition en vertu duquel
il s'impose à lui. Il découle de cette conception que le
sociologue qui s'engage dans une recherche de terrain, ne peut négliger
l'analyse du milieu de l'étude dont la bonne appréhension
conditionne la compréhension des pratiques et des représentations
des acteurs sociaux.
Ici il sera question pour nous dans un premier temps, de
présenter la commune de Porto-Novo, où est implanté
l'hôpital traditionnel «la maison de la feuille''. Dans un second
temps nous mettrons en évidence les aspects institutionnels et les
activités médicales propres au centre.
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe9.png)
31
9.1. La commune de Porto-Novo
Situé au sud du Bénin à 30 km de Cotonou,
la ville de Porto-Novo est localisée entre 6°30 de latitude Nord et
3°30 de longitude Est. Elle est limitée au Nord par les communes
d'Akpro-Missérété, d'Avrankou et d'Adjarra ; au Sud par la
commune de Sèmè-kpodji ; à l'Est par la commune d'Adjarra
; à l'Ouest par la commune des Aguégués. La ville de
Porto-Novo couvre une superficie de 52 km2 soit 0,05% du territoire
nationale. Le climat est typique d'un climat humide subéquatorial. Deux
saisons des pluies et deux saisons sèches se partagent l'année
climatique. La commune de Porto-Novo est constituée de 5
arrondissements. `'La maison de la feuille'' de Porto-Novo qui constitue notre
cadre de recherche se situe dans le deuxième arrondissement.
De nos jours, il existe une mosaïque d'ethnies qui
cohabite à Porto-Novo. Les Goun et Fon sont majoritaires (66%), suivis
des Yoruba (25%), et des Adja, Mina et Toffin (4%). Les autres ethnies sont
composées de Bariba, Dendi, YomLokpa, Otamari et Peulh (5%) etc.
La vie spirituelle de la municipalité de Porto-Novo est
animée par plusieurs religions. Chacune d'elle prêche pour la
culture de la paix, de la tolérance mutuelle et de la cohésion
locale et nationale. Trois catégories de religions peuvent être
distinguées. La religion traditionnelle (29,20%). La religion
traditionnelle est constituée autour des divinités vodoun, tron,
zangbéto, oro etc. Les exigences de leurs rites et rituels sont
favorables à la protection des forêts sacrées qui abritent
leurs couvents. La religion chrétienne (45,70%) regroupe les
églises évangéliques, les catholiques, les protestants et
les christianistes célestes. Enfin nous avons l'Islam (25,10%).
Le secteur de la santé dans la ville de Porto-Novo est
caractérisé par la complémentarité entre les
centres de santé publics et ceux du privé. La
médecine traditionnelle à travers la pharmacopée joue
aussi un rôle non négligeable dans
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe10.png)
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe11.png)
33
l'offre des soins de santé aux populations de Porto-Novo.
Ainsi, des centres de promotion des produits de la pharmacopée sont en
floraison.
9.2. Présentation de l'hôpital traditionnel
«la maison de la feuile»
Nous présenterons l'hôpital traditionnel «la
maison de la feuille'' ; d'abord ses aspects institutionnels et ses ressources
humaines et matérielles ; ensuite les activités pharmaceutiques
et médicales du centre seront exposées.
9.2.1. Aspects institutionnels
Les aspects institutionnels permettent de montrer la
spécificité du centre en tant
qu'organisation, à travers une mise en avant de son
historique, ses objectifs, sa structuration et son fonctionnement.
- Historique
La création de l'hôpital traditionnel «la
maison de la feuille'' le 13 décembre 2007, est le résultat de
l'échec de la collaboration entre la médecine moderne et la
médecine traditionnelle. En effet cette collaboration a
commencé dans les années quatre vingt quatre au centre
hospitalier départemental de l'OuéméPlateau ;
c'était la période où tous les centres hospitaliers
départementaux du pays devraient collaborer avec la médecine
traditionnelle. Selon le promoteur de «la maison de la feuille'' qui est
toujours resté responsable des tradithérapeutes du CHD de
l'Ouémé-Plateau, cet échec se justifie par le fait que les
tradipraticiens arrivaient à prendre en charge efficacement les patients
du CHD Ouémé-Plateau. Du coup, le CHD n'avait plus de ressources
suffisantes pour fonctionner ; alors les médecins ne leurs
transféraient plus les malades. C'est donc pour faire la promotion de la
médecine traditionnelle que le promoteur a créé
l'hôpital traditionnel «la maison de la feuille''.
- Objectifs
En créant «la maison de la feuille'', l'objectif du
promoteur est de mettre à la disposition de la population
béninoise un hôpital de diagnostic et de traitement
purement endogène et à moindre coût. Aucun
médicament moderne ne doit être administré à un
patient dans cet hôpital traditionnel.
Le malade n'est référé au laboratoire
d'analyse que pour, dans certains cas, la précision du diagnostic et
revient ensuite suivre son traitement traditionnel. De plus, ce laboratoire qui
est en collaboration avec le centre est la propriété du
promoteur.
Pour élargir le champ d'activité de «la
maison de la feuille'', le promoteur a aussi pour ambition de créer dans
toutes les régions du Bénin, des centres du genre. Mais pour le
moment, l'hôpital traditionnel cherche à améliorer sa
capacité d'autofinancement.
Selon le Directeur Général du centre, l'un de
leurs objectifs le plus important est de « contribuer à l'essor
de la médecine traditionnelle, en l'affranchissant de son
caractère ésotérique ».
- Structuration et fonctionnement
L'hôpital traditionnel «la maison de la feuille''
est doté de trois modules de 3 salles. Juste à l'entrée du
centre, il y a un module à droite et un autre à gauche. Le module
de gauche regroupe les salles d'hospitalisation et celui de droite la salle de
consultation médicale, la pharmacie et la direction. Le troisième
module qui est au fond du centre est constitué de la cuisine, du
magasin, et de la salle de consultation du Fa.
- Organigramme du centre
Direction
Tradipraticiens
Personnel de service
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe12.png)
Source : Enquête de terrain, Juillet
2011.
9.2.2. Ressources humaines et matérielles
Il s'agit ici de faire état de la composition du personnel
du centre avant de présenter ses infrastructures.
- Composition du personnel.
Il existe trois catégories de personnel à «la
maison de la feuille''. Le personnel administratif, le personnel médical
et le personnel paramédical.
? Le personnel administratif
Le rôle du personnel administratif est surtout de
coordonner le travail d'administration et de gestion du centre. Les membres
de la direction ont des compétences et formations variées,
mais se complètent dans le travail. Pour
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe13.png)
35
associer les guérisseurs à l'administration du
centre, deux tradipraticiens sont membres de la direction.
Tableau 1 : composition et effectif du personnel de la
direction
Membres de la direction
|
Effectif
|
Président Directeur Général
|
1
|
Directeur Général
|
1
|
Directeur Technique
|
1
|
Chef personnel
|
1
|
Comptable
|
1
|
Surveillant
|
1
|
Contrôleur
|
1
|
Total
|
7
|
Source : Enquêtes de terrain, Juillet
2011. ? Le personnel médical
Treize (13) thérapeutes traditionnels et trois (3)
apprentis composent le personnel médical de l'hôpital. A ce
niveau, il faut simplement noter que les premiers sont appelés
« azongb ëtë », ce qui signifie en langue
locale goun guérisseur alors que les seconds « azonkpon
të », ce qui signifient en langue locale goun garde
malades sont en cours de formation en tradithérapie. Les
« azonkpon të » exercent sous la direction des
« azongb ëtë ».
Tableau 2 : Composition et effectif du personnel
médical
Personnel médical
|
Effectifs
|
Thérapeutes traditionnels
|
13
|
Apprentis
|
3
|
Total
|
16
|
Source : Enquêtes de terrain, Juillet
2011.
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe14.png)
? Le personnel paramédical
Le rôle du personnel paramédical est d'assister
le personnel médical pour l'exécution de tâches
précises. En ce qui concerne le secrétaire d'accueil, il est
chargé de la réception des nouveaux malades et de leur
orientation vers le tradipraticien de garde. Le personnel paramédical
permet de rendre le travail médical plus efficace. Le rôle du
« Amanssidatë » est de se charger de la préparation de
certains médicaments qui ne sont pas dans la pharmacie du centre ; ou
des produits qui ne peuvent pas être conservés plus d'une
journée.
Tableau 3 : Composition et effectif du personnel
paramédical
Personnel paramédical
|
Effectifs
|
Fabricants de médicaments « Amanssidatë
»
|
4
|
Secrétaire d'accueil
|
1
|
Total
|
5
|
Source : Enquêtes de terrain, Juillet
2011. 9.2.3. Les infrastructures
L'hôpital traditionnel «la maison de la
feuille» est doté d'infrastructures lui permettant de prendre en
charge ses patients dans un cadre plus ou moins rassurant. En plus, elles
auraient l'avantage de ne pas engendrer de stress chez les patients car
recréant au maximum un cadre rassurant. C'est un ensemble comprenant
:
- 3 salles d'hospitalisations de 4 lits - 1 salle de consultation
médicale
- 1 salle pour la pharmacie
- 1 salle pour l'équipe dirigeante
- 1 salle pour la consultation du Fâ
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe15.png)
37
- 1 salle de cuisine
- 1 salle pour magasin
- 1 module de 2 bâtiments pour toilette (WC)
9.2.4. Les Activités Médicales
L'examen des activités médicales permet de
saisir les pratiques spécifiques relatives à la
tradithérapie dans ce centre. A ce niveau, il faut souligner que les
activités du centre s'exercent dans le domaine de la médecine
générale.
Actuellement, les affections les plus traitées par le
centre sont les suivantes : le paludisme, le diabqte, l'hypertension, les
ulcqres gastriques, les hémorroïdes, la drépanocytose, le
rhumatisme.
9.2.5. Les Activités pharmaceutiques
Les activités pharmaceutiques du centre sont celles qui
se rapportent à la préparation et à la vente des
médicaments. La cuisine et la pharmacie montrent l'importance des
efforts consacrés dans ce centre à la production des
remèdes destinés aux malades.
Concrètement, les médicaments
préparés sont divers. Toutefois nous pouvons en citer quelques
formes : décoctions, infusions, macérations, poudres et
mélanges de poudres, sirops, lotions antiseptiques, pommades, diverses
huiles médicamenteuses etc.
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe16.png)
CHAPITRE II : CADRE METHODOLOGIQUE
Pour atteindre les objectifs assignés à notre
étude et donner à ce travail de recherche une validité
scientifique, nous avons emprunté une démarche
méthodologique qui s'articule selon trois phases successives à
savoir une phase exploratoire, une phase de collecte des données et
enfin une phase de traitement des données.
1. La phase exploratoire
Cette phase préparatoire a consisté pour nous,
à faire une recherche documentaire, des entretiens exploratoires et une
pré-enquête, afin de recueillir des informations sur notre sujet
de recherche.
1.1. La recherche documentaire
Cette phase a couvert toutes les étapes de la
recherche. A cet effet, plusieurs centres de documentation ont
été fréquentés au fur et à mesure du
déroulement de la recherche. Elle s'est déroulée à
l'institut français du Bénin, au centre de documentation de la
FLASH, au centre de documentation du CBRST, au centre de documentation du
système des Nations Unies, au centre de documentation du
ministère de la santé, au centre de documentation du programme
national de la pharmacopée et de la médecine traditionnelle et au
centre des hautes études de Porto-Novo. Par ailleurs, la consultation de
la documentation privée de certaines personnes ressources et des sites
internet a été d'une grande importance. Elle a été
l'occasion pour nous, de consulter le maximum d'ouvrages sur la médecine
traditionnelle, en prêtant une attention particulière aux
écrits qui insistent sur les aspects socio-culturels et la valorisation
de la tradithérapie.
L'objectif principal de cette phase documentaire, était
de nous permettre de constituer un socle théorique fiable pour notre
étude, en nous imprégnant de l'état du débat
scientifique sur notre sujet de recherche. Les lectures exploratoires ont aussi
été pour nous l'occasion de prendre connaissance d'ouvrages de
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe17.png)
39
méthodologie en sciences sociales afin de découvrir
les méthodes les plus appropriées pour mener à bien nos
analyses et investigations.
1.2. Les entretiens exploratoires
Dans le souci d'obtenir le maximum d'informations sur notre
sujet de recherche, nous ne pouvions nous en tenir exclusivement aux lectures
exploratoires, pourtant très instructives. C'est pourquoi, nous nous
sommes entretenu avec des personnes, qui par leur position, ont une
connaissance poussée de la médecine traditionnelle.
En gros, ces entretiens qui étaient non directifs,
étaient centrés sur les questions de la situation actuelle de la
médecine traditionnelle et de l'avenir de la tradithérapie au
Bénin. Les entretiens exploratoires nous ont permis de percevoir les
atouts et difficultés de la médecine traditionnelle dans le
contexte sanitaire actuel.
1.3. La pré-enquête exploratoire
Cette étape de l'exploration est celle pendant
laquelle, il faut nouer un contact direct avec le terrain d'investigation. Elle
a eu l'utilité de nous permettre de définir les orientations
à donner à notre étude.
2. La phase de collecte des données
Après la phase exploratoire, nous avons entrepris
l'étape centrale de notre démarche méthodologique : la
collecte des données. Cette phase importante de la recherche, passe
d'abord par une présentation des groupes cibles de l'étude.
Ensuite, nous procéderons à la présentation de la nature
de l'étude, des techniques et outils de collecte des données, des
difficultés rencontrées lors de nos investigations et enfin du
calendrier de recherche.
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe18.png)
2.1. Les groupes cibles
Pour la collecte des données, en fonction de nos
préoccupations de recherche, nous avons choisi trois groupes cibles
parmi les composantes du centre. Cette division de notre population
d'enquête en plusieurs groupes se justifie par le fait que nous avions
besoin pour cette étude d'informations multiples et diversifiées.
A ce titre, il fallait obtenir le point de vue de personnes occupant des
positions différentes dans le centre. C'est pourquoi, des outils de
collecte des données spécifiques ont été
conçus pour chaque groupe cible.
Ces trois groupes retenus sont: les tradipraticiens, les membres
de la direction, les malades.
Les tradipraticiens : il s'agit du personnel médical,
composé de seize (16) personnes, parmi lesquels treize (13)
tradithérapeutes et trois (3) apprentis.
Les membres de la direction : Ils sont au nombre de sept (7).
Il y a le président directeur général, le directeur
général, le directeur technique, le chef personnel, le comptable,
le surveillant, le contrôleur. C'est l'équipe dirigeante de
l'hôpital traditionnel «la maison de la feuille''.
Les malades : Il existe deux catégories de malades
à `'la maison de la feuille''. Les malades en régime interne, qui
sont hospitalisés. Ils étaient au nombre de cinq (5) personnes.
Les malades externes sont ceux qui viennent ponctuellement ou sur rendez-vous
se soigner au centre et repartent chez eux. Ils n'étaient donc pas
possibles d'avoir une liste exhaustive de tous les malades externes. Signalons
dès maintenant que nos enquêtes ont concerné aussi bien les
malades en régime externe que les malades hospitalisés du
centre.
En dehors de ces trois groupes cibles principaux choisis parmi
les composantes du centre, l'enquête a aussi ciblé des
professionnels de la santé (médecins, infirmiers) dont l'avis
sur le centre est important. Les professionnels de la santé
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe19.png)
41
interrogés dans le cadre de cette étude,
exercent au CHD-OP et à la clinique médicale HWLENGANTON de
Porto-Novo. Ces centres médicaux ont été choisie parce
que, nous étions au courant de flux de malades entre «la maison de
la feuille'' et ces deux centres.
2.2. Nature de l'étude et techniques de collecte des
données
Les implications socio-culturelles liées à la
valorisation de la médecine traditionnelle sont nombreuses et
variées. Pour les saisir, il est donc nécessaire de diversifier
les techniques d'approche. C'est pourquoi, la démarche
méthodologique adoptée dans le cadre de ce travail, est une
combinaison des approches qualitative et quantitative pour ne perdre de vue
aucune variable explicative de notre objet d'étude. Ainsi, nous avons
utilisé trois techniques complémentaires de collecte des
données: l'observation, les entretiens individuels et le
questionnaire.
- L'observation
L'observation directe du milieu d'étude a permis d'en
extraire des renseignements pertinents à notre recherche. Elle a
été l'occasion pour nous d'avoir une connaissance plus
approfondie du fonctionnement de l'hôpital traditionnel «la maison
de la feuille'', de saisir les interactions entre individus et
groupes le composant.
- Les entretiens individuels
Parmi les enquêtés, il y a eu huit (8)
guérisseurs sur les treize (l3) qui travaillent dans le centre, mais
aussi quatre (4) membres de la direction. Notons aussi que des entretiens
individuels ont eu lieu avec vingt (20) malades externes et deux (2) malades
hospitalisés. Quatre (4) professionnels de la santé
opérant à la clinique médicale HWLENGANTON et quatre (4)
également opérant au CHDOP ont été
interrogés. Signalons qu'en dehors du groupe des malades, le nombre
d'enquêtés à interroger au niveau de chaque groupe cible
n'était pas prédéterminé au départ de
l'enquête. Nous avons opéré selon le principe de
l'enquête par
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe20.png)
saturation. Autrement dit, nous avons interrogé le maximum
d'individus dans chaque catégorie, jusqu'à avoir une
récurrence dans les réponses.
- Le questionnaire
Concernant la taille des malades, elle a été
déterminée de façon déductive. En effet,
étant donné qu'on n'avait pas une liste exhaustive de tous les
malades en régimes externe, nous avons préféré
utilisé la méthode d'échantillonnage non probabiliste et
plus spécifiquement l'échantillonnage par quotas. Le quota
concernant le pourcentage d'homme et de femme à été choisi
étant donné qu'on avait des informations sur la proportion
d'homme et de femme qui venaient en consultation dans le centre; 70% d'homme
contre 30% de femme.
2.3. Les Outils de collecte des données
Dans le cadre de cette recherche, nous avons utilisé
pour la mise en oeuvre pratique de nos techniques de collecte des
données, des outils leur correspondant. C'est ainsi que pour
l'observation directe, nous avons employé une grille d'observation ;
pour les entretiens individuels, nous avons administré trois guides
d'entretien ; et enfin un questionnaire a été administré
pour le questionnaire entant que technique.
La grille d'observation : afin de prendre bonne note des
éléments observés directement sur le terrain
d'étude, nous avons confectionné une grille d'observation
comportant quatre rubriques que sont : équipement de la structure,
matériel des guérisseurs, types de remèdes
prodigués aux malades et interactions. A travers ces rubriques, nous
voulions constater par nous-mêmes, les moyens matériels dont
dispose le centre ainsi que les guérisseurs qui y exercent. Notre
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe21.png)
43
objectif était aussi de nous rendre compte des
orientations thérapeutiques de cette structure et des interactions entre
ses différentes composantes.
Le questionnaire : un questionnaire a été
administré à (22) malades. Ce questionnaire, dominé par
des questions ouvertes, visait d'abord à l'identification sociologique
des malades. Toutefois, le questionnaire a aussi permis de recueillir l'avis
des malades sur la médecine traditionnelle exercée dans le
centre. Les patients ont eu aussi à se prononcer sur les raisons de leur
choix de cet établissement pour se soigner.
Les guides d'entretien : trois guides d'entretien ont
été administrés lors de nos enquêtes. Le premier
guide d'entretien était destiné aux membres de la direction du
centre. Grâce à ce guide composé de quatre thèmes et
de quatorze sous thèmes, nous avons pu avoir une vision globale des
dimensions institutionnelles thérapeutiques, socio-culturelles du
centre, mais aussi des relations qui existent entre médecine
traditionnelle et médecine moderne. Ce guide d'entretien a
été administré aux quatre (4) membres clés de la
direction (Le Président Directeur Général ; le Directeur
Général, le contrôleur et le surveillant) qui
étaient les plus aptes à nous fournir des informations
pertinentes sur le centre et ses orientations majeures. A ce titre, ils furent
nos informateurs privilégiés.
Le second guide d'entretien destiné aux tradipraticiens
comportait deux (2) thèmes et douze (12) sous-thèmes. L'objectif
ici, était de recueillir des informations sur les méthodes
thérapeutiques des guérisseurs, leur approche du malade et de la
maladie, les relations existant entre tradipraticiens, malades,
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe22.png)
membres de la direction. Ce guide était aussi
confectionné, pour nous permettre d'appréhender la place
accordée dans leurs pratiques par les guérisseurs du centre aux
dimensions socio-culturelles de la médecine traditionnelle :
technologie, économie, politique, parenté, personne,
représentation de la maladie. Huit (8) tradipraticiens ont
été interrogés dans ce cadre.
Le troisième guide d'entretien ciblait les
professionnels de la santé. Trois thèmes ont été
retenus pour nous permettre de recueillir les opinions des professionnels de la
santé sur la valorisation de la tradithérapie à `'la
maison de la feuille'' et sur les rapports entre médecine traditionnelle
et médecine moderne. Nous nous sommes entretenus avec huit (8)
professionnels de la santé.
Au total 20 enquêtés ont été
déterminés de façon inductives et 22 de façon
déductive.
Tableau 4 : Récapitulatif du nombre
d'enquêtés
Tradithérapeutes
|
Membre de la direction
|
Malades externes
|
Malades internes
|
Personnel clinique HWLENGANTON
|
Personne CHD-OP
|
Total
|
08
|
04
|
20
|
02
|
04
|
04
|
42
|
Source : Enquête de terrain, Juillet
2011
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe23.png)
45
2.4. Difficultés rencontrées
Le présent travail ne s'est pas fait sans
difficultés. Nous avions été confrontés à la
méfiance des membres du centre surtout des tradithérapeutes qui
ne comprenaient pas exactement le but de notre étude ; ils avaient
l'impression qu'on venait les évaluer malgré toutes les
explications faites à leur endroit. Il a souvent fallu que le Directeur
du centre, joue le rôle de facilitateur pour que
certains membres de la structure acceptent de répondre
à nos questions. De ce
fait, nous étions obligés de ne pas faire
d'enquête dimanche, jours pendant
Nous devons aussi dire que tous les tradithérapeutes ne
nous permettaient pas
d'assister aux consultations médicales afin de voir les
interactions entre malades et tradithérapeutes. Au chapitre des
difficultés, il faut aussi dire que nous avions eu un grand
problème à nous entretenir avec le promoteur du centre. Aussi,
pour interroger les malades externes, notre stratégie consistait
à les aborder à l'extérieur du centre, parfois en faisant
chemin avec ceux qui n'avaient pas de moyen de déplacement ; nous avons
évidemment essuyé quelques refus.
En ce qui concerne le CHD-OP et la clinique HWENGANTON, nous y
avons
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe24.png)
2.5. Le calendrier de recherche
Le calendrier de recherche résume les grandes phases
qui ont jalonné la présente recherche et le chronogramme suivi.
Ainsi, les principales étapes de la présente recherche sont
résumées dans le tableau suivant.
Tableau 5 : Chronogramme des activités
Périodes
|
Etapes de la recherche
|
Mars 2010
|
Formulation du sujet de recherche
|
Avril-Juin 2010
|
Production du protocole de recherche
|
Décembre 2010
|
Correction et validation du protocole
|
Juillet-Septembre 2011
|
Collecte des données empiriques
|
Septembre- Octobre 2011
|
Dépouillement et traitement
|
Octobre-Décembre 2011
|
Rédaction du document
|
3. Traitement des données
Pour le traitement des données de l'enquête, nous
avons d'abord procédé à un dépouillement manuel de
nos outils de collecte des données. Dans le cadre de notre recherche,
nous avons privilégié l'analyse de contenu, afin de structurer et
de donner un sens aux diverses informations recueillies dans les
différents entretiens réalisés.
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe25.png)
47
DEUXIEME PARTIE :
PRESENTATION ET INTERPRETATION DES
DONNEES
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe26.png)
CHAPITRE I : PRATIQUES ET REPRESENTATIONS MEDICALES
Afin de montrer la spécificité des pratiques et
représentations médicales, dans le centre, nous allons exposer
dans ce chapitre les orientations thérapeutiques de cette structure.
Nous allons aussi présenter les itinéraires thérapeutiques
des malades, les rapports entre tradithérapie et médecine
moderne, les dimensions socio-culturelles de la médecine traditionnelle
dans ce centre.
1. Les orientations thérapeutiques
Elles s'inscrivent dans les préoccupations et objectifs du
centre concernant les
méthodes de soins mais aussi dans ce qu'on pourrait
appeler la «philosophie» médicale du centre.
A ce niveau, notons que la phytothérapie constitue la
base de la tradithérapie dans le centre. En effet, les
médications employées par le centre sont issues de plantes
médicinales mais aussi de compositions diverses. Cela se traduit dans
les propos d'un des tradithérapeutes qui affirmait que : « ici,
notre atout est que nous savons associer les plantes ».
Par ailleurs, toutes les méthodes thérapeutiques
ne sont pas avalisées par l'établissement. Ainsi, à
l'intérieur du centre, l'utilisation de médicaments modernes est
strictement proscrite pour conserver l'aspect endogène de la cure. Cette
option qui procqde d'une quête de revendication identitaire est
perceptible dans les propos d'un des membres de la direction qui affirmait :
« nous voulons rester nous-mêmes ».
Il y a lieu également de souligner que le
règlement du centre interdit tout sacrifice, toute pratique incantatoire
dans les soins . Le centre tient à préserver le respect des
croyances religieuses étant donné qu'il est un centre
laïc.
Les pratiques rituelles sont aussi bannies comme
méthodes thérapeutiques. C'est ainsi que le directeur
général du centre affirme : « nous évitons tout
ce qui est mystique, parce que ce sont des choses que nous ne connaissons pas.
Si un
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe27.png)
49
tradipraticien à des connaissances mystiques, il
peut les utiliser mais en dehors du centre ».
Sur le plan nosologique, seules les maladies
(naturelles» sont officiellement reconnues dans le centre, la
catégorie du surnaturel n'étant pas prise en compte dans la
classification des affections. Cependant, il faut noter que la plupart des
guérisseurs disent accorder une importance au surnaturel dans leurs
pratiques. Un des tradipraticiens enquêtés affirme même
employer la « divination » au niveau de la phase
diagnostique.
2. Les itinéraires thérapeutiques des
malades
Malgré une prédominance des chrétiens (81%)
et des gouns (45%), les patients du centre sont d'origines religieuse et
ethnique diverses.
La prédominance de ce groupe socio-culturel pourrait
s'expliquer par la présence du centre sur leur territoire. Quant au taux
élevé des chrétiens, il serait lié au
caractère officiel laïc de la maison qui évite tout ce qui
est mystique dans le traitement.
En plus, alors qu'aucun malade enquêté n'a moins
de 17ans, les plus de 40 ans représentent 50%. Un tradithérapeute
explique cette situation en ces termes (les personnes
âgées sont plus réceptives à la médecine
traditionnelle alors que les jeunes, à cause de l'école
ont le mépris de la tradition».
Les malades interrogés ont des itinéraires
thérapeutiques diverses. En effet ils sont tous passés par des
hôpitaux modernes ou / et des tradipraticiens avant d'aller à
l'hôpital traditionnel «la maison de la feuille''. Ainsi, un
tradithérapeute affirme, parlant des malades : (personne n'est venue
ici directement».
Le tableau 6 présente la fiche signalétique des
malades enquêtés
Tableau 6 : Fiche signalétique des
malades enquêtés
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe28.png)
Malade
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Religion
|
Chrétien
|
18
|
81,81
|
Musulman
|
04
|
18,19
|
Sexe
|
Masculin
|
15
|
68,18
|
Féminin
|
7
|
31,82
|
Ethnie
|
Goun
|
10
|
45,46
|
Fon
|
6
|
27,28
|
Yorouba
|
3
|
13,63
|
Adja
|
2
|
9,09
|
Toffin
|
1
|
4,54
|
Source : Enquête de terrain, Juillet
2011
Par rapport à l'itinéraire thérapeutique
proprement dit, quatorze (14) malades sur vingt deux (22) ont d'abord
essayé la médecine moderne avant de se tourner vers le centre.
Six (6) malades sont passés par des hôpitaux modernes, puis par
des tradipraticiens avant de recourir à `'la maison de la feuille'' de
Porto-Novo. C'est pourquoi, un membre de la direction dit des malades de
«la maison de la feuille'' : «ce sont des
découragés des hôpitaux ».
L'examen des itinéraires thérapeutiques montre
que la plupart des malades ont déjà eu à
expérimenter un traitement, avant de venir au centre. Le centre est donc
en quelque sorte un dernier recours au patient qui n'arrive pas à
trouver une issue pour sa maladie.
Hôpital
|
|
Guérisseur
|
|
|
|
|
Hôpital
|
|
|
|
|
|
|
|
2 malades
6 malades
`'La maison de la feuille''
Graphique : Itinéraires thérapeutiques des
malades interrogés (dernier épisode de la maladie)
Source : Enquête de terrain, juillet
2011
Tableau 7 : Niveau de fréquentation de la
médecine traditionnelle des malades.
Malades
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Sollicitent la médecine traditionnelle pour la
première fois au centre
|
4
|
18,18
|
Ont déjà sollicité la
médecine traditionnelle dans leur vie avant le centre
|
18
|
81,82
|
Total
|
22
|
100
|
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe29.png)
51
Source : Enquête de terrain, juillet
2011.
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe30.png)
La plupart des patients interrogés pensent que la
médecine traditionnelle à `'la maison de la feuille''
présente des spécificités par rapport à d'autres
pratiques endogènes. Pour justifier ces spécificités les
malades avancent les arguments suivants : « ce n'est pas cher, c'est
plus sûr, c'est plus efficace, c'est plus moderne ».
Les malades, dans leur majorité, semblent satisfaits des
soins qu'ils reçoivent dans le centre comme le témoigne le
tableau 8.
Tableau 8 : Niveau de satisfaction des malades
par rapport au centre.
Malades
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Accepteraient de recommander le centre à d'autres
patients
|
19
|
86,36
|
Refuseraient de recommander le centre à d'autres
patients
|
0
|
0
|
Ne savent pas s'ils feraient la publicité du centre
|
3
|
13,64
|
Total
|
22
|
100
|
Source : Enquête de terrain, juillet
2011
La plupart (86%) des patients enquêtés affirme
qu'ils accepteraient de recommander le centre à d'autres malades.
Seulement 13% ne savent pas s'ils feraient la publicité du centre et la
justification qu'ils donnent, c'est qu'au moment de l'enquête,
c'était leur premier jour de contact avec le centre, ils ne pouvaient
donc pas, donner leur avis sur la structure. Ce qui est remarquable, c'est que
lors des investigations empiriques, aucun patient interrogé n'a
décrié ouvertement le centre ou avoué sa
déception.
Les malades interrogés sont venus d'un peu partout du
territoire national. Ceux qui sont de Porto- Novo et dans les environs
disent avoir connu le centre par les
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe31.png)
53
émissions radio que les tradithérapeutes font
par rapport à certaines pathologies. Ceux qui viennent de très
loin ; c'est la minorité, disent avoir connu le centre à travers
la bouche à oreille.
L'itinéraire thérapeutique d'un malade dont nous
avons recueilli l'opinion, est révélateur du profil
général des patients du centre.
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe32.png)
Encadré 1
«Je souffre d'une maladie du ventre [.. .], je suis
d'abord parti à l'hôpital moderne. Là-bas on ne m'a rien
dit de clair. On m'a prescrit des ordonnances que je ne parvenais pas à
acheter la plupart du temps, à cause des prix élevés.
C'est ensuite qu'on m'a conseillé de me tourner vers la médecine
traditionnelle car il se pourrait que je sois victime d'une «agression
mystique».
Tout en explorant la médecine traditionnelle, je
n'avais pas pour autant abandonner les traitements modernes. C'est devant la
persistance de la maladie
qu'un ami m'a recommandé `'la maison de la
feuille». Depuis que je viens ici, je rends grace à Dieu, mon
état s'est beaucoup amélioré. Pour moi, c'est la
médecine du noir qui peut guérir la maladie du noir ».
Patiente, 35 ans.
Si les prix élevés des médicaments
modernes et l'insatisfaction des patients dans les soins expliquent le transit
de certains de la médecine «occidentale» vers
l'hôpital traditionnel «la maison de la feuille'', d'autres malades
par contre évoquent des problèmes de communication avec les
professionnels de la santé pour justifier le changement d'alternative
thérapeutique. Dans cette perspective, un patient s'exprime ainsi :
Encadré 2
«Je ne dis pas que la médecine moderne est
inefficace mais elle est compliquée pour les analphabètes comme
moi. Je ne parvenais à lire les notices des médicaments que les
médecins me prescrivaient et ces derniers ne prennent pas le temps
d'expliquer les traitements dans les détails à des personnes
pauvres comme moi. C'est pour ces raisons que j'ai choisi de me soigner
désormais au centre. Ici au moins, je peux parler le goun avec les
guérisseurs et ils respectent mon âge.» Patient,
62 ans.
|
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe33.png)
L'argument du retour à la tradition est
également avancé par des patients interrogés pour
expliquer leur recours au centre. Un autre malade s'exprime ainsi :
Encadré 3
« Il est actuellement impossible d'être en
bonne santé parce qu'on mange trop d'huile et d'engrais. Seul le retour
à notre tradition dans notre façon de vivre, de nous soigner,
peut nous sauver ». Patient, 49 ans.
|
3. Médecine moderne et médecine
traditionnelle
Sur la question des rapports entre médecine moderne et
médecine traditionnelle dans le centre, nous avons recueilli l'avis des
guérisseurs et membres de la direction mais aussi celui des
professionnels de la santé. Ce qui peut être retenu de ces
entrevues, c'est un conflit de représentations et de démarches
entre la médecine traditionnelle telle que mise en oeuvre dans le centre
et la médecine moderne. Conflit qui n'exclut tout de même pas
l'existence de compromis entre les deux types de médecine.
3.1. Les représentations contradictoires
Nous avons noté aussi bien de la part des membres du
centre que des professionnels de la santé interrogés, une vision
conflictuelle entre médecine traditionnelle et médecine
moderne.
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe34.png)
55
Selon les guérisseurs, des enjeux économiques
gênent considérablement la coexistence entre médecine
traditionnelle et médecine moderne. Pour eux, les médecins
auraient peur de voir leur revenu diminuer si les deux médecines
collaboraient. Abondant dans le même sens, le directeur
général du centre affirme :
Encadré 4
<< Un antipaludéen efficace coûte au
moins 3000F dans les pharmacies et entre 500F et 1000F au niveau de la
médecine traditionnelle. Si les deux médecines collaboraient, ce
serait la ruine des pharmaciens.» Dossou-Yovo B., Directeur
du centre.
|
Les membres du centre refusent d'intégrer des
médecins modernes à l'intérieur de leur structure de
crainte d'être ((aliénés» par les
professionnels de la santé. Dans ce cadre un des guérisseurs
disait: ((la médecine traditionnelle, c'est notre culture, il ne
faut pas qu'on nous évalue à partir d'autres (les médecins
modernes) ». L'utilisation de médicaments modernes est
proscrite dans le centre car ces produits chimiques sont
considérés comme induisant de graves effets secondaires chez les
patients.
Nous avons noté en général, de la part
des membres du centre, une vision négative de la médecine
moderne. Le promoteur du centre, pense que la médecine moderne a trahi
le serment d'Hippocrate. La médecine moderne serait en pleine
décadence selon le promoteur du centre qui affirme :
Encadré 5
<< La médecine moderne est en train de
tomber. Les antibiotiques ne marchent plus, les hôpitaux sont pleins de
microbes, les produits chimiques sont toxiques et cancérogènes.
» Dossou-Yovo P., Promoteur du centre.
|
A la différence de la médecine moderne, la
tradithérapie dans le centre serait plus humaine, selon les dires du
promoteur de cette structure. Ainsi, il explique:
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe35.png)
Encadré 6
« Notre objectif est de rester humain. Quand on
rentre dans un hôpital occidental, on a peur, on a le stress. Chez nous,
(`'la maison de la feuille''), on n'est pas un numéro, on n'est pas un
foie, un rein ..., l'accueil, la parole, compte beaucoup ».
Dossou-Yovo P., Promoteur du centre.
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe36.png)
Les professionnels de la santé qui ne sont pas de la
clinique médicale HWLENGANTON, mais du CHD-OP interrogés,
émettent aussi des réserves sur certains aspects de la
médecine traditionnelle. En effet, la plupart d'eux doutent des
capacités de la médecine endogène à prendre en
charge adéquatement les maladies organiques. Selon eux leurs
réserves par rapport à la tradithérapie sont basées
sur le fait que les tradipraticiens n'auraient pas la notion du microbe, ce qui
ne permettrait pas le respect des normes d'hygiène par les
guérisseurs. Ensuite, la médecine traditionnelle serait selon eux
confrontée à de sérieux problèmes de dosage et de
posologie des médicaments utilisés. Les professionnels de la
santé du CHD-OP enquêtés soulignent aussi que la
médecine traditionnelle ne soignerait pas la maladie, mais
s'intéresserait plutôt au signe de la maladie. Un médecin
explique :
Encadré 7
« Un guérisseur dit qu'il peut soigner le mal
de tête, alors que quand quelqu'un à mal à la tête,
il peut s'agir de l'hypertension, du paludisme ou de la méningite~.
Médecin CHD-OP.
|
La majorité des professionnels de la santé du
CHD-OP regrettent que certains tradipraticiens affirment guérir des
maladies comme la lèpre, le diabète, le sida, sans en donner la
preuve tangible.
3.2. La reconnaissance mutuelle
Les rapports entre médecine traditionnelle dans le
centre et médecine moderne ne sont pas uniquement conflictuels. En
effet, sur Bien des aspects, guérisseurs et professionnels de la
santé se reconnaissent complémentaires.
Pour les professionnels de la santé, de manière
générale la tradithérapie est efficace pour le traitement
des maladies psychiatriques. En plus, la plupart reconnait que la
tradithérapie est performante concernant les dermatoses. Dans cette
perspective, un médecin insistait: « la médecine
traditionnelle est une bonne chose, elle a fait ses preuves comme la
médecine moderne ». Pour un infirmier, les tradipraticiens ont
des compétences parfois plus larges que celles des médecins. Il
s'exprime ainsi : «les médecins ne font que prescrire des
médicaments alors que le guérisseur les prépare
lui-même.»
Malgré les critiques adressées à la
médecine moderne, les membres de `'la maison de la feuille''
reconnaissent son utilité. Ils disent que pour certaines maladies
nécessitant une intervention chirurgicale comme l'hernie inguinale, la
compétence de la médecine traditionnelle est limitée. Les
tradithérapeutes de `'la maison de la feuille'' ne balaient pas du
revêt de la main tout ce qui vient de la médecine moderne. A titre
illustratif un tradithérapeute affirme :
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe37.png)
Encadré 8
« Pour certaines pathologies dont le diagnostic est
flou pour nous, la règle dans ce centre est d'envoyer le patient faire
une analyse biomédicale pour nous situer sur le diagnostic précis
de la maladie afin qu'on lui administre un traitement purement traditionnel.
» Tradithérapeute `'maison de la
feuille»
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe38.png)
57
4. Les aspects socio-culturels de la médecine
traditionnelle rénovée
La technologie, l'économie, la parenté, le
politique, la personne, les représentations de la maladie et de la
guérison sont les indicateurs qui permettent
d'appréhender la dimension socio-culturelle de la
médecine traditionnelle. En effet, ils expriment les canaux à
l'articulation du social et du culturel à travers lesquels une
collectivité déterminée, en un moment donné, prend
en charge globalement l'événement maladie.
4.1. La technologie
Pour l'administration du centre, la direction dispose, de
locaux confortables, de deux ordinateurs avec imprimantes, de
téléphone fixe, des ventilateurs. Des produits modernes comme
l'alcool, le vin rouge sont employés au centre pour la conservation et
la fabrication des produits médicinaux. L'alcool, un produit pourtant
reconnu en médecine moderne est parfois utilisé dans la
préparation des médicaments. Afin d'assurer le conditionnement
des remèdes, des sachets en plastique ou en papier sont utilisés
et comportent des étiquettes indiquant la posologie. Interrogé
sur les aspects modernes de la technologie utilisée dans le centre, le
directeur général s'insurge :
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe39.png)
Encadré 9
« La technologie n'appartient à personne,
c'est un patrimoine universel. Le fait d'employer un peu de technologie
occidentale ne fait pas de nous des médecins modernes. Nous n'avons pas
de complexe, mais nous n'utiliserons jamais des médicaments modernes,
parce que nous faisons de la médecine traditionnelle »
Dossou-Yovo B., Directeur du centre.
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe40.png)
4.2. L'économie
Les ressources économiques du centre sont
constituées pour l'essentiel de la vente des produits pharmaceutiques.
Ces ressources n'arrivent pas à couvrir les charges de fonctionnement de
la maison. C'est ce qui a poussé le promoteur du centre à dire
que « le centre fonctionne sans un sous de l'Etat Béninois ; je
dois
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe41.png)
59
toujours faire un complément pour assurer le bon
fonctionnement du centre, afin de maintenir son caractère social
».
En effet, la majorité des produits de la pharmacie du
centre ne sont pas les produits du promoteur. Sept ONG de
tradithérapeutes de l'Ouémé-Plateau qui sont partenaires
avec le centre exposent également leurs produits dans la pharmacie. Le
principe est qu'après vente, l'ONG prend 50 pour cent du prix de vente
et le centre également 50 pour cent. Signalons au passage que les
plantes employées dans le centre sont soit récoltées par
le personnel, soit achetées au marché.
Les malades achètent un carnet de consultation à
200F. Dans ce carnet, le tradithérapeute se charge de mettre tous les
signes cliniques observés et les médicaments à utiliser.
La plupart des patients hospitalisés sont ceux souffrant d'hypertension
avec paralysie. Après la consultation ; ceux-ci sont hospitalisés
au prix de 1000F par jour. Le patient devra payer pour une semaine d'abord et
en suite suivra l'achat des médicaments. Tous les travailleurs du centre
sont salariés.
4.3. Le politique (la prise de décision)
Chaque membre de la structure a un pouvoir dans le cadre de son
domaine de compétence, en fonction de la répartition des
tâches.
Le pouvoir du guérisseur s'exerce sur le plan
thérapeutique où sa responsabilité est entière. Le
directeur, parlant de sa position dans le centre explique :
Encadré 10
« Malgré mon niveau d'instruction
élevé par rapport à eux, je ne coiffe pas les
guérisseurs ; ils m'ont appris, je travaille avec eux. Le tradipraticien
à `'la maison de la feuille» est considéré comme un
savant, il doit être respecté, c'est pourquoi il est appelé
Azongbotë ». Dossou-Yovo B., Directeur du
centre.
|
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe42.png)
Les décisions importantes sont prises après
concertation, de façon collégiale, à travers des
réunions regroupant chaque mois guérisseurs et membres de la
direction.
4.4. La parenté
La dimension parenté est très prise en compte
dans le dispositif thérapeutique du centre. En effet, il existe au
centre une certaine conception de la médecine selon laquelle, le malade
doit être soigné dans son milieu social.
C'est pourquoi, les patients hospitalisés sont soutenus
durant leur traitement par des accompagnants, membres de leur famille.
Selon un tradithérapeute, le centre serait même
«un lieu de création de parenté». En effet,
beaucoup de malades guéris reviennent soutenir les autres et
nouer des liens durables d'amitié avec les tradipraticiens ou
membres de la direction.
4.5. Une conception particulière de la personne
malade
A `'la maison de la feuille'', la philosophie
thérapeutique repose sur une prise en charge complète. Les
composantes psychiques et organiques du malade sont prises en compte. Pour le
diagnostic, les guérisseurs privilégient l'approche psychologique
qui consiste à écouter le malade parler de ses troubles. Les
tradipraticiens du centre accordent une importance capitale à la notion
de «sagesse» (liée à l'expérience).
Selon un guérisseur, « c'est la sagesse qui permet de
comprendre la maladie du patient en observant attentivement sa démarche,
sa façon de parler, ce qu'il dit ». En plus, rappelons que
pendant la cure au centre, les membres de la famille du malade sont
présents pour le soutenir psychologiquement.
Pour l'action thérapeutique concrète, les
guérisseurs s'intéressent beaucoup plus au corps du malade :
massages, bains, décoctions à boire, poudres sont
prodigués
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe43.png)
61
aux patients. Toutefois, cette action concrète
n'atteint une efficacité optimale que si le tradipraticien dans sa
relation avec le malade parvient à lui redonner confiance, espoir, envie
de guérir.
Nous pouvons dire donc que les tradipraticiens de `'la maison
de la feuille'' ont une approche psychosomatique de la personne malade. Le
malade est appréhendé comme un tout.
Dans ce centre, les thérapeutes traditionnels
prêtent une attention particulière, pendant les traitements, au
respect du patient, à la préservation de sa dignité, de sa
fierté. Pour eux, le malade ne doit aucunement être
dévalorisé, quelque soit son état physique, le soignant ne
doit lui témoigner ni pitié, ni condescendance.
4.6. Représentations de la maladie et de la
guérison
Au centre, les pratiques thérapeutiques prennent sens
dans des représentations de la maladie et de la guérison qui
s'enracinent à l'articulation du rationnel et du spirituel.
Les guérisseurs par exemple, prescrivent des
médicaments qu'ils pensent efficaces aux malades, mais au fond d'eux, la
majorité considère que la guérison est un don de Dieu.
C'est dans ce cadre qu'un des tradithérapeutes s'exprime en ces termes :
« donner un médicament c'est prier. On peut tout guérir,
on peut tout demander à Dieu ».
En plus, la plupart des tradipraticiens disent être
motivés dans leur travail par la pensée selon laquelle «
soigner permet d'avoir-soi-même des bienfaits » de la part de
Dieu. Pour l'un d'eux, « exercer la médecine est un
métier noble qui permet de se conformer aux prescriptions de Dieu qui
recommande d'aider son prochain.»
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe44.png)
CHAPITRE II : LES IMPLICATIONS SOCIO-CULTURELLES DE LA
VALORISATION
Ce travail de recherche s'inscrit dans la sociologie dynamique
développée par des chercheurs comme Georges Balandier qui
étudient les transformations qui interviennent dans les traditions, les
formes et organisations sociales avec la modernité. Selon Balandier,
«la modernité» c'est le bougé, "la
déconstruction et la reconstruction, l'effacement et l'apport neuf, le
désordre de la création et l'ordre des choses encore en place"
(Balandier, 1985, p.14).
A `'la maison de la feuille'', la valorisation de la
médecine traditionnelle manifeste un triple processus. La
déconstruction avec des ruptures importantes par rapport à la
médecine endogène. La continuité avec le maintien de
certains éléments de l'ordre traditionnel. La reconstruction
à travers la création d'une manière inédite de
pratiquer la tradithérapie.
1. Les ruptures
Avec la valorisation, certaines pratiques et
représentations liées à la tradithérapie au centre,
sont en déphasage avec les logiques sociales et culturelles qui fondent
la médecine traditionnelle. Ces ruptures impliquent un affaiblissement
de la base socio-culturelle de la médecine endogène.
1.1. Un affaiblissement de la base socio-culturelle de la
médecine
traditionnelle
L'affaiblissement de la base socio-culturelle de la
tradithérapie est perceptible à plusieurs niveaux dans le centre.
Sur le plan étiologique, selon Auge, (1983, p.35), il y a souvent "des
mises en cause sociales (peut être faudrait-il écrire des mises en
cause sociale) qui suivent les manifestations du désordre biologique" en
médecine traditionnelle.
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe45.png)
63
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe46.png)
A `'la maison de la feuille» par contre la
tradithérapie est assez « internalisée »
(Fournier et Haddad, 1995, pp.289-325), c'est à dire
qu'elle se concentre sur l'explication des événements (maladies
et thérapeutiques) fondée sur une analyse des processus
physiologiques, au détriment de la recherche d'une causalité
sociale qui caractérise très souvent la médecine
endogène. L'exemple du SIDA permet d'illustrer l'approche
étiologique privilégiée dans cette structure. En effet,
même si des domaines comme la santé publique montrent de plus en
plus la relation entre la maladie et certains facteurs ou groupes sociaux
à risques (prostitués, homosexuels, faiblesse du niveau
d'instruction ), les soignants de l'hôpital traditionnel «la
maison de la feuille» considèrent comme les médecins
modernes d'ailleurs, que le SIDA est provoqué par le VIH et ne lient pas
la cause
L'approche étiologique dans le centre étant
déconnectée des logiques sociales et
culturelles sur lesquelles se base souvent la médecine
traditionnelle, les modalités du diagnostic dans cet
établissement rompent pour l'essentiel avec la
médecine traditionnelle classique. En effet, dans cette
structure, les guérisseurs
pour procéder au diagnostic, interrogent le patient,
observent son corps comme
le font les médecins modernes. Cest l'individu qui les
intéresse, c'est lui seul qui
peut permettre de découvrir la nature, le sens de la
maladie. En médecine
endogène par contre, comme le montre Auge (1983 ,p.35)
"le sens de la maladie ne se lit plus simplement sur le corps du malade,
mais éventuellement sur celui
des autres, de l'entourage, de ceux qui, à leur tour,
naissent, rêvent, tombent
malades ou meurent", Cest pourquoi, en médecine
traditionnelle, le diagnostic
l'une des m
La nosographie promue dans le centre est également en
rupture avec le modèle classique de la médecine
traditionnelle. En effet, seules les maladies
«naturelles»
sont officiellement reconnues dans cet établissement, la
catégorie du surnaturel
n'y étant pas prise en compte officiellement dans la
classification des affections.
Cette approche nosographique détermine fortement les
pratiques thérapeutiques dans le centre. Dans cette structure, les
pratiques empiriques, comme la phytothérapie, les massages, sont les
seules recommandées. Les pratiques thérapeutiques symboliques,
rituelles, incantatoires, magico-religieuses sont mises à
l'écart. D'ailleurs, le règlement intérieur proscrit
l'utilisation de ces pratiques par les guérisseurs. Toutefois il existe
une salle de consultation du Fâ dans le centre. Aucun
tradithérapeute n'a le droit de faire la proposition de consultation du
Fâ au malade ; sauf si celui-ci lui demande ; et ceci à cause du
caract~re laïc de l'hôpital. Nous devons aussi noter que même
apr~s la consultation du Fâ, aucun sacrifice ne se fait dans le centre.
La consultation permet simplement dans ce cas d'avoir une idée sur
l'orientation thérapeutique.
En analysant l'affaiblissement progressif de la base
socio-culturelle de la tradithérapie avec certaines tentatives de
valorisation de la médecine traditionnelle, Dozon (1987, p.12) confirme
le processus en cours dans le centre. Pour lui, de plus en plus, "le terme de
tradipraticien représente à lui seul une véritable
épure qui ne réfère à aucune compétence
particulière, mais suggère une figure positive
dépouillée de tout élément magico-religieux".
Notons également qu'à `'la maison de la
feuille'', les plantes utilisées pour la cure sont collectées par
le personnel du centre ou achetées au marché. Ce qui n'est pas
conforme à la démarche classique en médecine
endogène. En effet, pour l'africain, la nature est inerte par elle
même, si elle n'est pas activée par la parole. Ainsi, est-ce la
raison pour laquelle le thérapeute traditionnel ne prépare jamais
un médicament, pas plus qu'il ne prélève tout ou partie
d'une plante qui, par essence, est naturelle, sans lui donner ce support
culturel qu'est le verbe qui rétablit le dialogue entre la nature et la
culture que la maladie a rompu" (Sillans et Gollnhoffer ,1975,p.286). Si
l'approche socio-culturelle de la médecine traditionnelle classique
était respectée à `'la maison de la feuille'', ce sont les
guérisseurs qui se chargeraient eux-mêmes de la collecte de toutes
les plantes
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe47.png)
65
médicinales qu'ils emploient avec fortes incantations et
rituelles. Tel n'est évidemment pas le cas.
Le mode de rétribution des prestations sanitaires
montre également une rupture entre la tradithérapie dans le
centre et le modèle socio-culturel de médecine traditionnelle. En
effet, nombre de chercheurs comme Fontaine (1995, p.134), ont montré que
le système endogène de médecine préconise une
rémunération des guérisseurs qui valorise plus
l'être (reconnaissance, respect du tradipraticien) que l'avoir tandis que
le "système médical moderne fait appel à une
économie marchande dans laquelle l'activité de soins est devenue
une activité de subsistance voire lucrative". Dans ce centre,
le tradithérapeute, a un salaire mensuel, il ne doit absolument rien
prendre du patient.
1.2. Une volonté de légitimation
scientifique
Les ruptures entre la médecine traditionnelle
exercée dans le centre et les logiques sociales, culturelles qui fondent
les pratiques et représentations médicales endogènes, sont
liées à la valorisation. En effet, à `'la maison de la
feuille'', les guérisseurs ne travaillent pas seuls, ils cooprent avec
des administrateurs et agents de services ayant des compétences et
formations différentes de celles des tradipraticiens, mais qui
interviennent sur les orientations thérapeutiques du centre. La plupart
des membres de la direction sont formés à l'école
occidentale. Les guérisseurs, dans cette structure n'ont pas une
liberté totale par rapport à leurs pratiques
thérapeutiques. Ils sont obligés de négocier, de
collaborer parfois avec les membres de la direction qui occupent la position la
plus importante dans l'échelle du pouvoir (cf. organigramme).
Le personnel de la direction, de part son appartenance
à la sub-culture scientifique véhiculée par
l'école, privilégie une approche positiviste de la
médecine traditionnelle. Rappelons que selon le Directeur
Général, l'un des objectifs fondamentaux du centre est de «
contribuer à l'essor de la médecine
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe48.png)
traditionnelle, en la démystifiant ».
C'est ce qui explique qu'aucun sacrifice n'est autorisé après
consultation du Fâ dans le centre.
La valorisation exprime la volonté du promoteur
à donner un caractère scientifique à la médecine
traditionnelle dans ce centre. Cette volonté est compréhensible
car le centre n'est pas une initiative propre aux guérisseurs
euxmêmes qui pour la plupart du temps ne sont pas instruits. Le promoteur
et le Directeur Général ont un niveau d'instruction assez
élevé. Le premier est instituteur et le second, a une licence en
communication d'entreprise.
En bref, fondé pour l'essentiel par des gens d'un
niveau d'instruction plus ou moins élevé, à une
époque oil des reproches de charlatanisme sont portés à
l'encontre des guérisseurs, le centre ne pouvait qu'adopter une
démarche positiviste de la médecine traditionnelle, pour avoir de
la crédibilité auprès du gouvernement béninois.
2. Les continuités
Selon Georges Balandier (1985, p.167), " l'opposition de la
tradition et de la modernité paraît trompeuse, surtout si l'on
admet que celle-ci peut être qualifiée de « tradition du
nouveau »". Pour lui, la continuité des éléments de
la tradition en modernité est réelle, mais elle ne se fait pas
par invariance ou répétition des formes sociales et
culturelles. Au contraire, les éléments de la tradition ne se
maintiennent dans les sociétés modernes qu'en subissant des
transformations.
Dans le centre, certaines logiques socio-culturelles propres
à la médecine endogqne sont sauvegardées grkce à la
résistance des tradithérapeutes, d'autres par contre se
pérennisent en subissant des transformations.
2.1. Les résistances de la tradition
Malgré la valorisation, certains aspects de la
médecine traditionnelle classique sont conservés au centre. En
effet, les promoteurs du centre comme les
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe49.png)
67
guérisseurs, n'ont aucune envie de renoncer à
l'identité traditionnelle de la thérapie qu'ils exercent. C'est
pourquoi, ils refusent absolument d'utiliser des médicaments modernes
dans le traitement des patients. Dans ce cadre, un membre de la direction
affirme que malgré la valorisation « la médecine
traditionnelle doit garder son âme ».
En effet, les tradipraticiens jouent un rôle important
dans la perpétuation de SIDIUNI P \ VliunriEWEFeItreE TIsIEBSRsEWEYCHP
EuHEI P 1n WIEDY la salle de consultation qui leur permet, dans le secret,
d'employer les méthodes DalY9U11NESSIRSUOIs IEWqDEINSDIEMEMI rEWIFRP SAM
TBL'FMTEXIDIF lors de nos enquêtes, un thérapeute traditionnel
nous a avoué qu'il utilise la divination pour le diagnostic de certaines
maladies « compliquées ». Le simple fait que le
promoteur du centre ait prévu une salle de consultation du Fâ est
KOMLIMEHFeIDWIEVADEIdIP rP I i TI SHSONLIIRQIIHFeIAe pratique malgré la
valorisation.
2.2. La valorisation du communautaire
La médecine à OK{SBEEMEGBARnWIECIEP EBRQUIMIENer
conserve certaines valeurs fondamentales de la médecine endogène
classique.
En effet, malgré la valorisation, le centre n'a pas
adopté l'approche de la médecine moderne qui, selon Fontaine
(1995, p.134), "prend d'abord le problème de l'individu dans ses
dimensions personnelles et n'accorde à la famille et à la
communauté qu'un rôle secondaire, voire absent". Au
contraire, la place accordée à la parenté dans cette
structure montre la volonté de ses promoteurs de faire participer
l'entourage familial du malade à la thérapie. C'est pourquoi, la
« philosophie » médicale privilégiée au
centre est que le patient doit être soigné dans son milieu social.
Les malades internés sont accompagnés de membres de leur famille
pour les soutenir psychologiquement, les aider à suivre les traitements.
C'est dire que la relation thérapeutique dans cet établissement
n'est pas uniquement établie entre le malade et le guérisseur,
elle est élargie à la
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe50.png)
famille voire à la communauté d'origine du
patient. Pour montrer l'importance du rôle de la communauté en
médecine traditionnelle, Gollnhoffer et Sillans (1975, p.231) expliquent
que chez les Tsogho, la technique médicale est exercée
"tantôt en privé, tantôt publiquement ou en présence
d'une audience restreinte composée de membres de la famille du patient
et de la communauté villageoise".
En réalité, à la différence du
modèle biomédical propre à la médecine occidentale
qui selon Fontaine "focalise son intervention diagnostique et
thérapeutique sur « l'organe » malade, considérant
l'homme d'abord dans ses composés physiologiques et secondairement dans
ses rapports avec le social et le spirituel, "la tradithérapie à
`'la maison de la feuille'' s'inscrit dans la continuité de la tradition
médicale endogène, par la conception de la personne malade
qu'elle promeut et les représentations de la guérison qu'elle
incorpore. En effet, dans cet hôpital, la personne malade est
conçue comme un tout, elle n'est pas un rein, un foie, un numéro,
mais un être humain qui a des sentiments, qui pense. C'est pourquoi,
pendant la cure les guérisseurs prêtent une attention
particulière au respect de la dignité du patient. Il n'est pas
question pour eux d'exprimer de la pitié ou de la répugnance
envers les malades.
Notons également la forte présence du spirituel
dans les pratiques thérapeutiques, malgré la valorisation de la
médecine traditionnelle. Sur ce plan, rappelons que les
thérapeutes traditionnels de cette structure, dans leurs
représentations de la guérison, affirment dans leur
majorité que celle-ci est un don de Dieu. C'est pourquoi, les
guérisseurs après avoir donné des médicaments aux
patients, formulent des prières pour eux.
3. L'inédit de la création
L'inter-culturalité est une des caractéristiques
fondamentales de la modernité. Or, comme le montre Clanet C. (1993,
p.33), "les situations inter-culturelles sont extrêmement complexes,
contradictoires et paradoxales". C'est pourquoi, Balandier G. (1988, p.68)
pense que "les sociologies de l'équilibre ne suffisent
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe51.png)
69
plus à rendre compte de la complexité du
social", et prône l'avènement d'une sociologie dynamique, plus
à même d'appréhender les processus mis en branle par les
interactions culturelles.
Le centre s'inscrit dans la logique, de refondation de la
médecine traditionnelle, à travers une mise en dialogue des
éléments de la tradition et de la modernité.
3.1. Des innovations techniques et organisationnelles
A partir des résultats de nos investigations
empiriques, nous pouvons dire que des innovations importantes sont jà
l'oeuvre au niveau de la médecine traditionnelle exercée dans le
centre. Ces innovations sont aussi bien d'ordre technique qu'organisationnel et
témoignent de l'imagination créatrice déployée dans
cet hôpital pour adapter les remèdes utilisés aux exigences
d'une « clientèle » de plus en plus
occidentalisée.
Nous considérons comme innovation, tout ce qui dans
l'organisation de la tradithérapie, dans les pratiques relatives
à la médecine traditionnelle à `'la maison de la
feuille'', est considérée comme inédit par les
guérisseurs eux- mêmes ou les malades de cette structure. Des
innovations techniques peuvent être décelées dans ce
centre, dans les modes de présentation des produits
médicinaux.
Les médicaments en poudre sont emballés dans des
bouteilles qui au préalable ont été lavées au savon
et ensuite stérilisées dans de l'eau chaude. Il en est de
même pour les médicaments liquides qui doivent rester en
bouteilles. Une étiquette, avec le logo de la structure qui l'a
fabriqué est apposée sur chaque flacon, indiquant le mode
d'emploi. La date de péremption n'y est pas souvent marquer. Ces
éléments techniques relatifs à la présentation des
médicaments traditionnels, constituent des innovations, des
nouveautés pour les tradipraticiens exerçant dans le centre. En
effet, avant leur intégration à cette structure, les
guérisseurs utilisaient du papier journal ou des bouteilles qu'ils
lavaient parfois
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe52.png)
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe53.png)
71
seulement au savon, pour conserver les remèdes qu'ils
remettaient à leurs patients. En plus, les tradipraticiens
interrogés reconnaissent que les modes d'emploi des médicaments
qu'ils donnaient aux malades n'étaient jamais écrits comme dans
le centre, mais étaient plutôt expliqués oralement aux
patients. Pour pallier les difficultés de conservation de certains
remèdes traditionnels, les tradipraticiens expliquent qu'ils ne
préparaient les médicaments que sur demande expresse d'un malade.
Dans le centre, tous les médicaments sont disponibles à la
pharmacie où le patient peut les acheter après prescription du
tradithérapeute. C'est certainement à cause de ces innovations
que nous venons d'énumérer que les malades interrogés
trouvent qu'il existe une différence entre la médecine
traditionnelle dans le centre et la tradithérapie qu'ils ont connu en
dehors du centre.
Un premier niveau d'analyse montre que les innovations
introduites dans la médecine traditionnelle exercée dans le
centre sont liées à la valorisation. En effet, si ces innovations
ont lieu dans ce centre, c'est que les tradipraticiens travaillent en
coopération avec des agents administratifs qui ont un niveau
d'instruction plus ou moins élevé.
Un autre niveau d'analyse révèle que les
innovations techniques dans le centre, reflètent une nette
volonté d'optimisation des ressources financières. L'importance
accordée à l'hygiène dans la préparation, le
conditionnement, la conservation des produits médicaux, témoigne
du besoin des promoteurs de la structure de gagner la confiance des malades
dont la majorité provient des milieux urbains occidentalisés.
Les innovations dans le centre sont non seulement techniques
mais aussi organisationnelles. En effet, alors qu'ils exerçaient
isolément avant d'intégrer l'établissement, les
tradipraticiens travaillent en équipe dans le centre, avec des horaires
bien définies, des modalités de paiement des honoraires
fixés d'avance par l'administration. De surcroît, dans le centre,
les guérisseurs se concertent
régulièrement avec les membres de la direction
pour décider des orientations à donner à leur travail.
Tout guérisseur qui doit descendre de garde est tenu de présenter
le tableau clinique de ses patients à son remplaçant pour lui
permettre de suivre le traitement. Il est également important pour nous
de dire que, comme jà l'image des hôpitaux, les
tradithérapeutes de `'la maison de la feuille'' ont une
blouse de couleur verte qu'ils sont tenus de porter.
L'organisation de la médecine traditionnelle est
essentiellement assurée par des membres de la direction qui travaillent
avec des moyens modernes comme l'usage de l'ordinateur, alors que les
tradipraticiens se limitent à l'administration des soins. En plus, dans
le centre, le rapport entre le malade et le guérisseur n'est pas direct.
Il est d'abord reçu par le service d'accueil qui le dirige vers la salle
de consultation. L'organisation administrative de la tradithérapie dans
le centre s'explique par la nécessité de gérer un grand
nombre de patients dans cette structure. Il fallait donc créer, en
s'inspirant du modèle des hôpitaux modernes, une organisation qui
puisse permettre une prise en charge efficiente des patients.
Les innovations techniques et organisationnelles dans le
centre, corroborent les écrits de Dozon (1987, p.18), pour qui de plus
en plus, la "dialectique subtile entre tradition et modernité que G.
Balandier a exprimé sous la formule d'Afrique ambiguë est, en
l'occurrence, ce qui anime les médecines traditionnelles et
préside à leur évolution".
3.2. Un processus d'acculturation
Nous n'avons pas une conception négative de
l'acculturation. Cette notion traduit pour nous les emprunts à la
médecine occidentale ou les synthèses entre tradithérapie
et médecine moderne dans ce centre.
A ce niveau Olivier De Sardan (1995, p.65), en voulant montrer
l'adaptation des guérisseurs africains à la modernité
fait remarquer que, "les itinéraires thérapeutiques
préconisés par ces tradipraticiens (quelle que soit leur
"efficacité"
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe54.png)
: ce n'est pas là le problème), comme les
savoirs sur lesquels ils s'appuient, n'ont pour une bonne part rien de
"traditionnel". Sans être pour autant "occidentaux", ils ont
considérablement évolué depuis le XIXe
siècle et la conquête coloniale. Ils ont intégré (et
transformé) tout une série d'éléments
matériels et symboliques liés à la médecine
européenne".
Dans le centre, des produits comme l'alcool
réputé en médecine moderne et chimie sont empruntés
à la médecine occidentale et utilisés dans les
préparations médicamenteuses.
Au plan symbolique, notons que la place accordée au
guérisseur dans le centre est similaire à celui d'un
médecin moderne dans un hôpital. En effet, son autorité
s'exerce surtout au niveau de la cure, elle est légitimée par ses
compétences objectives et non par un quelconque pouvoir mystique, alors
qu'en médecine endogène classique, le praticien est souvent
assimilé à un prêtre, il a un pouvoir quasi-religieux.
Cependant, à `'la maison de la feuille», le guérisseur
acquiert un statut, il est respecté et considéré comme un
détenteur de connaissances, c'est pourquoi il est appelé
« azongb ëtë ».
En plus, le centre s'approprie parfois les progrès
scientifiques de la médecine moderne pour les intégrer à
ses propres préoccupations. Concernant le SIDA par exemple, les
tradipraticiens de la structure ont d'abord pris connaissance des explications
données par les médecins de l'action du VIH sur l'organisme
humain, avant de bâtir leur propre stratégie de lutte contre cette
maladie. Dans cet établissement, les éléments
empruntés à la médecine occidentale sont associés
aux savoirs médicaux endogènes et non appliqués tels
quels.
L'élaboration d'une manière inédite de
pratiquer la médecine traditionnelle n'est possible dans le centre que
du fait de la valorisation. En effet, l'utilisation de produits comme l'alcool
dans la préparation des médicaments n'est effective dans cet
hôpital que parce que certains membres du personnel de la direction ont
une connaissance exacte des propriétés de ces produits et des
vertus de leur
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe55.png)
73
association avec des plantes médicinales. En
réalité tout processus d'acculturation nécessite ce que
Bastide appelle des intermédiaires. A l'hôpital traditionnel
«la maison de la feuille'', on peut considérer les membres de la
direction comme les "intermédiaires, chargés de faire passer
l'exogène dans l'endogène, d'intérioriser d'abord en eux
la culture du groupe donneur pour la répandre ensuite au sein du groupe
receveur" (Bastide R., 1971, p.87).
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe56.png)
CONCLUSION
Il ne s'agissait pas, dans le cadre de nos investigations, de
nous limiter à exposer les représentations et pratiques
médicales propres à telle ou telle autre communauté comme
si ces représentations et pratiques étaient immuables,
statiques.
En réalité, notre ambition dans le cadre de
cette recherche était de procéder à une approche dynamique
de la tradithérapie. En effet, dans un contexte marqué par une
occidentalisation progressive de la société béninoise, il
nous semblait important d'étudier la situation actuelle de la
médecine traditionnelle. En fait, la forte dynamique inter-culturelle et
l'émergence d'une pensée scientifique de plus en plus dominante,
corollaires de la modernité en Afrique, suscitent nombre
d'interrogations sur la pérennité des formes socio-culturelles
endogènes. C'est dans ce cadre que nous nous sommes
intéressé à la valorisation de la médecine
traditionnelle en contexte africain jà travers l'hôpital
traditionnel «la maison
de la
feuille''.
Cette valorisation caractérisée par les
pratiques thérapeutiques de la médecine traditionnelle, avec la
collaboration entre tradipraticiens et administrateurs formés à
l'école occidentale, nous semblait incarner la nouvelle dynamique
interculturelle en rapport avec la médecine endogène. Notre
préoccupation était de saisir l'influence de cette valorisation
sur les pratiques thérapeutiques dans l'hôpital traditionnel
«la maison de la feuille'' de Porto-Novo.
Les résultats auxquels nous avons abouti au terme de
nos investigations sont assez évocateurs et montrent que nos
hypothèses ont résisté à l'épreuve des
faits. Les résultats de cette recherche poussent à une
interrogation fondamentale, à laquelle une réponse
appropriée pourrait ouvrir d'importantes perspectives au niveau de la
situation sanitaire au Bénin. L'expérience en cours dans le
centre ne donne-t-elle pas raison aux analystes de plus en plus nombreux qui
pensent que les Etats africains incapables d'affecter des ressources
financières importantes au
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe57.png)
75
domaine de la santé, gagneraient à substituer
à la thérapie moderne, la thérapie traditionnelle qui
pourrait guérir de nombreuses maladies si elle bénéficie
d'encadrement et de financement adéquat ?
Sans oublier les réalisations immenses de la
médecine occidentale en matière de soins, il faut
reconnaître que les critiques virulentes de la médecine moderne
faites par des chercheurs, militent en faveur d'une attention plus soutenue
envers la médecine traditionnelle qui pourrait ainsi réellement
compléter la médecine hospitalière.
De la même manière que la médecine moderne
a connu ses révolutions avec la découverte de la
pénicilline, l'avènement de la chirurgie, les recherches
actuelles en psychosomatique, il nous semble que la médecine
traditionnelle, connaît des transformations significatives.
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe58.png)
REFERENCE BIBLIOGRAPHIQUE
AHYI G., "Modèles traditionnels de
la santé et de la maladie mentales au Bénin", ln, HOUNTONDJI
P.J. (SLD), les savoirs endogènes. Pistes par une recherche, CODESRIA,
Dakar, 1994, pp 203-210.
AUGE M. et HERZLICHC., "le sens du mal -
Anthropologie, Histoire, Sociologie de la maladie", Archives
contemporaines, Paris, 1983, 278p.
AUGE M., " Maux du corps, mots du
lignage", ln, AUGE M. et HERZLICH C. (SLD) Le sens du mal, Archives
Contemporaines, Paris, 1983, pp20-35.
BALANDIER G., "Sociologie actuelle de
l'Afrique noire", Quadrige / PUF (3e édition), France, 1982,
529p.
BALANDIER G.,"Le détour
- Pouvoir et modernité, " Fayard, Paris, 1985, 266p.
BALANDIER G., "Le désordre - Eloge du
Mouvement", Fayard, Paris, 1988, 249p. BASTIDE R.,
"Anthropologie appliquée", Payot, Paris, 1971, 244p.
BOUDON R., (SLD), "Dictionnaire critique de
la sociologie", Larousse, Paris, 1990, 242p.
CLANET C., "L'interculturel", Presses
Universitaires du Mirail (PUM), Toulouse, 1993, 234p.
DE ROSNY E., "L'Afrique des
guérisons", Karthala, Paris, 1992, 219p.
DE SOUZA S., "Fruits, graines et
ingrédients divers de la pharmacopée béninoise", In,
HOUNTONDJI P.J. (SLD), les savoirs endogènes. Pistes pour une recherche,
CODESRIA, Dakar, 1994.
DOZON J.P., "Ce que valoriser la
médecine traditionnelle veut dire", ln, politique africaine,
politique de santé, Karthala, Paris, 1987, pp 9-30.
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe59.png)
77
FAINZANG S., "La cure comme mythe - Le
traitement de la maladie et son idéologie à partir de quelques
exemples ouest-africains" ln, Cahiers ORSTOM 6 série sciences
humaines, vol XVIII, n° 4,1981 - 1982, pp415-420.
FERREOL G., "Dictionnaire de
Sociologie", Armand Colin, Paris, 1995, 315p.
FONTAINE M., "Santé et Culture en
Afrique noire - une expérience au nord Cameroun", l'harmattan,
Paris, 1995, 319p.
FOURNIER P. et HADDAD S. "Les facteurs
associés à l'utilisation des services de santé dans les
pays en développement" ln, GERARD H. et PICHE V., (SLD), Sociologie
des populations, PUM -AUPELF-UREF, 1995, pp 289 - 325.
GERARD H. et PICHE V., (SLD) "La sociologie
des populations", PUM, Montréal, 1995, 516p.
GRAWITZ M., "Lexique des Sciences
sociales", Dalloz, Paris, 1988, 4ème édition,
384p.
GRAWITZ M., "Méthodes des sciences
sociales", Dalloz, Paris, 1996, (l0ème édition), 1104p.
GRUENAIS M.E., "Anthropologie
médicale appliquée», In, BARE J.F. (SLD), Les
ESSOFENIRQs 1TeilIEQNERSRORgM, BE QIeMEi01T114IlexIRQFFRODFNivEI1TeSNIME
France, Karthala, Paris, 1985, 196p.
HODOUTO K., "Nouvelle approche de
l'étude chimique des plantes médicinales (cas des
alcoïdes)", In, KI - ZERBO J. (SLD) la natte des autres. Pour un
développement endogène en Afrique, CODESRIA, Dakar, 1992.
HOUNGNIHIN R. "Protocole de prise en charge du
paludisme basé sur les pratiques traditionnelles efficaces au
Bénin", (PADS/BAD), Cotonou, 2009, 23p.
HOUNGNIHIN R. "0 EQuTE1T'iQiNiENIRQ 1TW
SIRIIMIRQQe111THIE sEQNé Eux IX sN~P fA
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe60.png)
d'éducation et de transmission du savoir en
médecine traditionnelle au Bénin", (PMLS 2/Banque Mondiale),
Cotonou, 2011, 80p.
ILLICH I., "Némésis
médicale. L'expropriation de la santé", Seuil, Paris, 1975,
211p.
JAVEAU C., "Leçons de sociologie",
Klincksieck, Paris, 1990, 281p. Jeune Afrique Economie,
16 Février ~ 1er Mars 1998.
LADRIERE J.,"Système
Epistémologie', ln, Encyclopédie Universalis, SPADEM -
ADAGP, France, 1990, corpus 21, 1031p.
LE GRAND LAROUSSE en 5 volumes, Librairie
Larousse, Paris,1991, pp 641- 1280.
MACE G., "Guide d'élaboration d'un
projet de recherche", Presses de L'Université de Laval, Bruxelles,
De Boeck -Wesmael, 1991, 119p.
MORETTI C., "Les Sciences hors d'occident au
XXème siècle", Médecine et Santé, ORSTOM, Vol
4,1983, 208p.
OLIVIER DE SARDAN J.P., "Anthropologie et
développement. Essai en Socioanthropologie du changement social",
APAD, Karthala, Paris, 1995, 221p.
OMS, "Médecine traditionnelle en
Afrique", Série de Rapport technique N°1, OMS, Brazzaville,
1976, 21p.
SILLANS R. et GOLLNHOFFER O., "Cadres,
éléments et techniques de la médecine traditionnelle
Tsogho. Aspects psychothérapiques", In, Psychopathologie africaine,
Bulletin de la société de psychopathologie et
d'hygiène mentale de Dakar, Dakar, 1975, Vol XI, N° 3, pp150 -
437.
ANNEXE
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe61.png)
79
Guide d'entretien 1 :
Cible: direction de l'hôpital
traditionnel.
Thème 1 : Les aspects institutionnels de
l'hôpital traditionnel
Sous thèmes :
1. Historique
2. Objectifs
3. Fonctionnement
4. Structuration
5. Infrastructures
6. Personnels
Thème 2 : Les aspects
thérapeutiques de l'hôpital traditionnel
Sous thèmes :
1. Activités pharmaceutiques
2. Activités médicales
3. Orientations thérapeutiques
Thème 3 : Tradithérapie dans le
centre et médecine moderne
Sous thèmes :
1. Similitudes
2. Différences
3. Relations
Thème 4 : La dimension socio-culturelle
du centre
Sous thèmes :
1. L'impact socio-économique du centre
2. Philosophie, principes et valeurs qui fondent l'hôpital
traditionnel
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe62.png)
Guide d'entretien 2 :
Cible: Les tradipraticiens
Thème 1 :
Sous thèmes:
1. Modalités de l'acquisition des connaissances
- Héritage -Rêve
- Apprentissage
- Don
- Maladie initiatique
-Autres
2. Maladies pour lesquelles les guérisseurs sont
sollicités
1.
2.
3.
4.
5.
3. Pratiques utilisées dans les traitements :
-Médicament moderne
- Plantes
- Rites
- Poudres
- Autres
4. Les relations professionnelles avec:
- Médecins modernes
- Malades du centre
- Personnel administratif
-Autres tradipraticiens
5. Approche du malade
- Psychologique
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe63.png)
81
-Somatique
-Psychosomatique
6. Classification des maladies traitées (nosographie)
- Maladies naturelles
-Maladies surnaturelles
-Autres
Thèmes 2 :
Place des dimensions socio-culturelles de la tradithérapie
dans la médecine traditionnelle exercée dans le centre
Sous thèmes:
1. La technologie médicale utilisée par les
guérisseurs.
2. Nature et types de relations économiques
guérisseur-patient.
3. La place de la parenté dans la médecine
traditionnelle exercée dans le centre
4. Conceptions de la personne malade.
5. Représentations du monde.
6. Les relations politiques (de pouvoir) entre les
différentes composantes du centre.
Guide d'entretien 3
Groupes cibles : Les professionnels de la
santé
Thème 1 : Médecine traditionnelle
et médecine moderne.
Thème 2 : Médecine traditionnelle
et environnement socio-culturel.
Thème 3 : Les enjeux de la valorisaion de
la médecine traditionnelle dans le centre.
QUESTIONNAIRE
Cible: les malades
1. Religion : Musulman
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Chrétien
|
|
Animiste
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2.
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe65.png)
Sexe : Masculin Féminin
3. Ethnie :
Goun Adja Autres
Fon
Dendi
Mina Bariba
4.
Age:
5.
Est-ce la première fois que vous sollicitez la
médecine traditionnelle? Oui Non - Expliquez
6. Quand votre maladie a commencé,
êtes-vous venu directement dans le centre ou avez-vous essayé les
hôpitaux modernes?
- Expliquez.
7. Pourquoi avez-vous choisi de venir dans ce centre au
lieu de vous adresser à des tradipraticiens
indépendants?
- Expliquez.
8. Vous sentez-vous mieux depuis que vous êtes
soigné au centre?
- Expliquez.
9. Si vous avez déjà
fréquenté d'autres tradipraticiens, voyez-vous une
différence avec ceux du centre
Oui Non NSP
- Expliquez
10. Que pensez-vous en général du centre de ce
centre ?
11. Quels sont vos rapports avec les guérisseurs?
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe66.png)
83
-Pourquoi ?
Grille d'observation
Rubriques
|
Observations
|
· [EqXaS1P 1Qt[de[ICF{SatIl[MEGataRQQH
|
|
· [O LIpraTl[Xe\ [IXpIa\\eXr\
|
|
|
7 [17 \ SI\ [de[TIP qCe\[prodigués aux patients
|
|
F [IQtMIFtaRQ\[EQtM[le\[FRP SR\1Qt6\[IX centre
|
|
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe67.png)
84
TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE............................................................................................
2
DEDICACE.............................................................................................
3
REMERCIEMENTS...................................................................................
4 LISTE DES SIGLES ET
ACRONYMES.......................................................... 5 LISTE DES
TABLEAUX............................................................................
6
RESUME................................................................................................
7
SUMMARY.............................................................................................
8
INTRODUCTION.....................................................................................
9 PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE.................. 11
CHAPITRE I : CADRE
THEORIQUE.............................................................. 12
1.
Probl~me............................................................................................
12
2.
Hypothèses:.......................................................................................
17
3. Objectifs de
recherche.................................................................
18
4. Cadre conceptuel 18
- Médecine traditionnelle 18
-
Valorisation....................................................................................
21
5. Délimitation du champ de l'étude 22
6. Justification du choix du sujet 22
7. Construction de l'Objet ««
24
8. Mod~le théorique d'analyse
29
9. Présentation du cadre de l'étude It
30
9.1. La commune de Porto-Novo
31
9.2. Présentation de l'hôpital traditionnel
«la maison de la feuille''........................ 32
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe68.png)
9.2.1. Aspects
institutionnels....................................................................
32
- Historique~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ ~~~~. 32
-
Objectifs.........................................................................................
32
- Structuration et
fonctionnement..............................................................
33
- Organigramme du
centre...................................................................... 34
9.2.2 Ressources humaines et
matérielles..................................................... 34
- Composition du
personnel....................................................................
34
· Le personnel
administratif....................................................................
34
· Le personnel
médical.........................................................................
35
· Le personnel
paramédical.....................................................................
36
9.2.3. Les
infrastructures..........................................................................«
36
9.2.4. Les Activités
Médicales...................................................................««
37
9.2.5. Les Activités
pharmaceutiques............................................................
37
CHAPITRE II: CADRE
METHODOLOGIQUE.................................................. 38
1. La phase
exploratoire..............................................................................
38 1.1. La recherche
documentaire...................................................................
38 1.2. Les entretiens
exploratoires...................................................................
39 1.3. La pré-enquête
exploratoire..................................................................
39
2. La phase de collecte des
données................................................................
39 2.1. Les groupes
cibles...............................................................................
40 2.2. Nature de l'étude et techniques de collecte des
données................................... 41
-
L'observation...................................................................................
41
- Les entretiens
individuels.....................................................................
41
- Le
questionnaire.............................................................................«
42
2.3. Les Outils de collecte des
données............................................................
42
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe69.png)
86
2.4. Difficultes
rencontrees..........................................................................
45 2.5. Le calendrier de
recherche.....................................................................
46
3. Traitement des
donnees...........................................................................
46
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION, ANALYSE ET INTERPRETATION DES
DONNEES..............................................................................................
47
CHAPITRE I : PRATIQUES ET REPRESENTATIONS
MEDICALES..................... « « « « « « 48
1. Les orientations
therapeutiques..............................................................
48
2. Les itineraires therapeutiques des
malades................................................. 49
3. Medecine moderne et medecine
traditionnelle............................................. 54
3.1. Les representations
contradictoires..........................................................
54 3.2. La reconnaissance
mutuelle..................................................................
57
4. Les Aspects Socioculturels de la Medecine Traditionnelle
renovee........................ 57
4.1. La
technologie...................................................................................
58
4.2. L'economie
.......................................................................................
58
4.3. Le politique (la prise de
decision)............................................................ 59
4.4. La
parente..........................................................................................
60
4.5. Une conception particulière de la personne
malade........................................ 60 4.6. Representations de la
maladie et de la guerison............................................. 61
CHAPITRE II : LES IMPLICATIONS SOCIO-CULTURELLES DE
LA
VALORISATION....................................................................................
62
1. Les
ruptures..........................................................................................
62
1.1. Un affaiblissement de la base socio-culturelle de la
medecine traditionnelle......... 62
1.2. Une volonte de legitimation
scientifique.................................................... 65
2. Les
continuites......................................................................................
66
2.1. Les resistances de la
tradition.................................................................
66
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe70.png)
2.2. La valorisation EN 1IRP P NQ:NtIMM .C 67
3. / 1iQéE1NEF11111IréDIRQ 68
3.1. Des innovations techniques et organisationnelles .I 69
3.2. Un processus d'acculturation .I 71
CONCLUSION .. 74
REFERENCE BIBLIOGRAPHIQUE .F. 76
ANNEXE .m 79
TABLE DES MATIERES . 90
|