Section II- Résultats empiriques et
recommandations :
Après l'analyse et l'interprétation des nos
résultats, nous passerons aux recommandations et enfin aux limites du
modèles.
A- Analyse et interprétation des résultats
empiriques:
1- Analyse des résultats :
L'estimation (Annexe I-3) du modèle a permis
d'obtenir les résultats suivants :
LCRt = 0.222679 + 0.112172 D(LCP1t) + 0.763551 D(LS2t)
+ 0.335711 D(LPIB3t) - 0.217394 D(LTX4t) - 0.063224 D(LNR5t) - 0.851965 LCRt-1
+ 0.142886 LCP1t-1 + 0.148033 LS2t-1 + 0.038225 LPIB3t-1 + 0.138644 LTX4t-1 -
0.041944 LNR5t-1
Vu la disponibilité des données, notre
choix devrait se tourner sur les modèles linéaires
générales logarithmique. En effet nos données étant
modestement de long terme, les méthodes économétriques
d'estimation de paramètres et de tests d'hypothèses
privilégient ce type de modèle. Outre les modèles
linéaires générales, nous pouvons aussi utiliser un
modèle à correction d'erreur et cointégration plus
adéquate pour des séries longues. En fait, c'est cette
dernière approche que nous allons utiliser car la
plupart des séries macroéconomiques sont
non stationnaires du fait qu'elles sont affectées par une
évolution de long terme (elles sont tendancielles). Ces modèles
permettent dans le cas où les données ne sont pas stationnaires
de les stationnariser. D'après la valeur de la force de rappel, 85,19%
des effets de choc intervenu une année donnée sont
résorbés dans l'année qui suit le choc.
Afin de pouvoir mieux appréhender les
résultats et dévaluer la fiabilité du modèle,
différents tests statistiques seront menés :
Exemple :
1' Test de Student ;
1' Test de Ramsey ;
1' Test de Dickey-Fuller etc.
Au seuil de 5%, on accepte l'hypothèse de
normalité dès que la probabilité est supérieure
à 0.05. Les variables dépôts de la clientèle,
produit intérieur brut, taux d'intérêt et niveau du risque
suivent des lois normales et lognormales sur la période 1980 à
2008 et les capitaux propres, une loi normale. Ainsi la probabilité
associée aux capitaux propres est de 0.283. Autrement dit, si on rejette
l'hypothèse de normalité de la variable CP, il y'a 28.3% de
chances de se tromper.
2- Interprétation et commentaire :
A l'issue de l'analyse, les tests donnent des
résultats satisfaisants. Etant donné que nous travaillons avec
des variables macro-économiques, les tests de Duckey-Fuller
augmenté (Annexe I-1) montrent que toutes les variables sont non
stationnaires car pour chacune d'entre elles, la valeur du ADF Test Statistic
est supérieur à la crirical value à 5%. Le test de
cointégration de Johansen (Annexe I-2) montre une cointégration
des variables avec comme rang de cointégration 1 ; on accepte donc
l'hypothèse de cointégration. Dès lors, l'utilisation d'un
modèle à correction d'erreur se trouve pleinement
justifiée. Le test de Student valide la significativité de
chacune des variables explicatives. Et celui de Ficher montre que la
significativité globale du modèle. En fin le Cusum test montre
que le modèle est stable (Annexe II-3).
La variable capitaux propres :
Cette variable a un impact positif sur l'offre de
crédit par les banques. Elle est significative au seuil de 10% et son
signe est positif; ce qui est conforme à nos attentes. Ce qui suppose
qu'une augmentation de 100% des capitaux propres dans le bilan des banques
provoquerait, toute chose étant égale par ailleurs, une
augmentation de 11,21% du crédit octroyé par les banques. Dans
notre raisonnement, les crédits étant considérés
comme des outputs, leur progression impacte positivement le niveau de
profitabilité. Les banques au Sénégal continuent d'offrir
leurs liquidités qu'aux grandes entreprises déjà
installées et ignorent les autres emprunteurs.
La variable dépôts de la
clientèle :
Cette variable a aussi un impacte positivement le
niveau du crédit. Elle est significative au seuil de 1% et son signe
positif est attendu, comme indiqué dans l'hypothèse. Ainsi un
accroissement d'un point des dépôts de la clientèle par
exemple entraine une augmentation de 76,34% du niveau du crédit. Alors,
plus les banques produisent des dépôts, plus elles auront des
revenus. C'est dans cette logique que peut s'appréhender l'accroissement
du nombre d'agences et de guichets dans le but d'accroitre la collecte de
dépôts.
|
La variable Produit Intérieur Brut
:
|
Cette variable représente d'une certaine
manière le dynamisme d'une économie dans la mesure où ce
qui est produit est distribué. Elle est significative au seuil de 5% et
son signe est positif. Ainsi, une économie dynamique est souvent
accompagnée d'un système bancaire à son tour dynamique.
Les résultats des estimations montrent que le PIB est significatif dans
le processus d'octroi de crédit par les banques. Sans doute cela se
comprend aisément. D'une part, le niveau de production
élevé requière un niveau de financement
élevé pour l'approvisionnement et le maintient de la production.
Alors ceci est souvent accompagné par de fortes demandes de
crédits par les entrepreneurs.
D'autre part, à la fin du processus de
production, les entreprises peuvent dégager des excédents de
trésoreries et donc générant ainsi des dépôts
au près des banques. Ce dépôt, à son tour,
génère le financement d'autres projets d'investissement d'autres
entrepreneurs. Alors le PIB dans le modèle connait un décalage
d'une année quant à son
impacte sur le niveau du crédit. Les estimations
montrent qu'une augmentation de 100% du PIB entraine une hausse du
crédit à l'économie de 33,57%.
La variable risque :
La variable risque (NR) a un impacte négatif
sur les performances des banques au Sénégal. Son signe
négatif est attendu, comme indiqué dans l'hypothèse. Elle
est significative au seuil de 10%. Plus le niveau des créances douteuses
augmente plus les banques du Sénégal sont exposées au
risque systémique. Au Sénégal, selon nos résultats,
les créances douteuses dégradent la rentabilité du
système bancaire au cas elles augmentent de 100% de l'ordre de 6,32%.
Cet état de fait justifie les imperfections sur le marché du
crédit. En effet, le marché bancaire est par définition
caractérisé par des asymétries d'informations et des
problèmes de sélection adverse et de hasard moral. Ainsi, pour
maintenir durablement le niveau de rentabilité, un effort particulier
devrait être fait dans le sens de l'apurement des créances en
souffrance et plus particulièrement limite la progression du niveau des
créances douteuses ; étant donné que les
défaillances bancaires sont positivement reliées à une
forte exposition aux risques. En outre, pour limiter les risques de
défaillances des emprunteurs, les banques sont obligées d'exiger
d'importantes garanties d'une part et de rationner le crédit d'autre
part. Cette sensibilité des revenus bancaires aux créances
douteuses conduit les banques à un excès de prudence se
traduisant par la conservation de leurs liquidités ou la
préférence d'investissement en bons de Trésor ou dans des
actifs moins risqués.
|
La variable taux d'intérêt
réel :
|
La variable taux d'intérêt produit aussi
l'effet attendu c'est à dire un impact négatif sur le
crédit accordé. Seulement l'effet n'est pas d'une grande ampleur
comme ça devrait être le cas; ceci est la principale
particularité des pays en développement. En effet le cas du
Sénégal en est une parfaite illustration. Elle a un effet sur
l'octroi de crédit bancaire de l'ordre de 21,73% en cas d'augmentation
de 100%.
La variable la plus influente au crédit
bancaire d'après les résultats des estimations est le
dépôt de la clientèle. Alors une politique visant à
encourager l'épargne au près des banques est sans doute une
solution aussi bien du coté des autorités monétaires qu'au
niveau des banques. A ce niveau les banques devraient être plus souples
dans leur comportement vis-à-vis de la population ; ce qui favorisera un
climat de confiance qui est la règle d'or en finance. Il est à
noter que le problème ne se situe pas seulement qu'au niveau des banques
; la population elle-même est trop réticente par rapport aux
services bancaires. Après viennent les variables émises en
hypothèses ; le taux d'intérêt et les capitaux propres.
Dès lors, une exigence d'un niveau obligatoire de capitaux propres dans
le bilan des banques est à mettre en place par les autorités
monétaires. En effet par mesure de prudence et dans un souci de donner
du crédit à des demandeurs consommateurs et non faiseurs de
projet, les banques sont amenées à être trop
réticentes à donner des crédits à ces types
d'emprunteurs. Donc les banques grâce à ces capitaux propres
pourront en jumelant à ces derniers une bonne gestion du risque octroyer
plus de crédit.
Il est à noter que les recommandations vont de
pair avec certaines considérations. Pour apporter des solutions à
la situation d'insuffisance du crédit bancaire constatée de fait
au Sénégal, il est important de prendre en considération,
non seulement, l'environnement juridique mais aussi institutionnel et
macroéconomique :
+ La nécessité de réguler
l'industrie bancaire : Le constat tiré de nos données
indique l'existence d'une structure de marché
bancaire oligopolistique constitué de quelques grandes banques en
parfaite collision. Cette situation appelle à la vigilance des
autorités monétaires qui doivent créer les conditions d'un
marché bancaire concurrentiel, ou à défaut contestable,
empêchant les oligopoleurs de capter à eux même seuls le
surplus économique par le biais des tarifications non optimales.
Cependant, vu la sensibilité du secteur bancaire, une prise en compte
à la fois de l'objectif d'allocation optimale de ressources et du
renforcement des règles prudentielles est nécessaire pour assurer
une meilleure répartition de ressources dans l'économie ainsi que
la sécurité du système bancaire et des déposants.
Les autorités monétaires doivent intervenir dans
l'amélioration du cadre juridique et institutionnel déjà
existant. Elles doivent empêcher la concentration des prêts dans
les mains de quelques clients, exiger des banques la
diversification de leurs portefeuilles, contrôler
l'entrée dans l'activité bancaire et renforcer les sanctions pour
les banques dont la gestion est imprudente.
+ Le renforcement du cadre juridique : Le comportement
des firmes bancaires
par rapport aux surliquidités s'explique en
partie par l'absence d'une structure juridique adéquate. C'est un point
important si l'on considère les demandes de garanties de la part des
banques vis-à-vis de leurs emprunteurs. En effet, la disposition de
l'information sur le marché financier améliore
l'efficacité de la réglementation bancaire et cette
dernière permet de diminuer les risques d'insolvabilité ou de
crise bancaire.
+ Favoriser le développement des institutions de
micro-finance : Le
fonctionnement harmonieux des institutions de micro
finance (IMF) peut renforcer la concurrence bancaire, élargir la gamme
des prestations bancaires offerts au public et concourir à la baisse du
coût du crédit. Pour favoriser la collecte de l'épargne
populaire, il conviendrait de créer les conditions propices au
développement des structures de micro finance car, dans le contexte sous
régional, la micro entreprise s'impose comme un outil efficace de
création de richesse, de biens et d'emplois, et donc de lutte contre la
pauvreté.
+ La stabilisation macroéconomique : La
stabilisation macroéconomique est
une condition préalable à la
réussite des réformes instituées dans l'industrie
bancaire. Il s'agit principalement de la stabilisation du niveau
général des prix et un déficit public
modéré. Préalablement, des niveaux de taux
d'intérêt réel positif peuvent être atteints
facilement si l'inflation est peu importante. En outre dans un environnement
d'inflation modérée et moins volatile, les taux
d'intérêt nominaux ne sont pas excessivement élevés
permettant d'éviter des faillites d'entreprises et des
établissements financiers endettés. Ceci évitera aux
firmes bancaires de se lancer dans des stratégies de guerre de prix pour
attirer le maximum de dépôts.
macroéconomique Stable. L'objectif de
solvabilité et de liquidité doit s'accorder aux
variabilités inhérentes aux cycles
économiques.
|