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Les causes de l'insuffisance du crédit bancaire au Sénégal

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par Ngor SECK
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Diplôme d'études approfondies 2010
  

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RESUME

Les mutations intervenues dans le secteur financier senegalais et plus particulierement le secteur bancaire avec l'implantation en masse de nouvelles banques nous ont conduits a mesurer l'impacte des capitaux propres et des depots de la clientele sur le credit octroye par les banques.

L'analyse de la structure du marche du credit bancaire du Senegal, au regard des indicateurs traditionnels de structure, montre globalement une structure fortement concentree. Le credit bancaire est mal reparti entre les secteurs de l'economie.

L'etude econometrique, basee sur un modele a correction d'erreur a travers une specification du credit bancaire nous a permis de montrer qu'un certain nombre de variables ont un impact non negligeable sur le credit bancaire. L'estimation de notre modele montre non seulement que les variables explicatives retenues sont significatives mais peuvent aussi etre source de recommandations en termes de solutions a apporter a la situation d'insuffisance du credit bancaire observe au Senegal.

Ainsi nos recommandations portent essentiellement sur l'ancrage de regulation, la
promotion d'un secteur bancaire dynamique, le renforcement du cadre juridique et
reglementaire, le developpement de la micro finance et la stabilite macroeconomique.

Mots clés : secteur bancaire, capitaux propres , depots de la clientele, credit bancaire, modele a correction d'erreur.

Avant-propos :

Longtemps les économistes se sont penchés sur les questions intéressant le système bancaire. En général, ils réfléchissent sur le comment faire pour avoir un système bancaire stable, ou bien sur les effets d'une réglementation, mieux la concurrence dans le secteur. Et pourtant, la finance d'une manière générale et le financement bancaire de manière particulière est dans ce monde moderne gage de croissance et donc d'une économie prospère.

Il importe alors d'essayer d'apporter des réponses, étant donné que dans ce monde actuel le crédit bancaire est gage de compétitivité pour une économie, au pourquoi au Sénégal ce crédit à l'économie est insuffisant. Autrement quelle est l'explication du rationnement du crédit bancaire au Sénégal.

L'objectif principal de ce mémoire s'inscrit dans ce cadre avec comme vision ; une bancarisation bénéfique à une économie qui en à besoin (l'économie sénégalaise). Autrement dit ce travaille cherche à trouver les obstacles au crédit bancaire en proposant par suite des solutions idoines.

INTRODUCTION :

Le concept de croissance économique est difficile à cerner. Les économistes s'interrogent encore aujourd'hui sur ce qu'ils savent de la croissance et sur la meilleure manière de définir une politique économique en l'absence de modèle fiable. Il n'en demeure pas moins que l'accélération de cette croissance économique est la grande priorité des responsables politiques dans la plupart des pays, dans l'espoir de faire reculer la pauvreté et de relever le niveau de vie de la population.

Pour l'Afrique qui n'est pas en marge du phénomène, le problème se pose différemment. En effet, depuis quelques années, l'Afrique subsaharienne connaît une croissance économique soutenue, avec des taux qui dépassent 5% par an. Ces chiffres souffrent d'une contestation qui touche à la fois au concept même de croissance économique et au manque de fiabilité de l'appareil statistique. Au Sénégal, la poursuite de la croissance se heurte à un obstacle fondamental : la fragilité des secteurs financiers. La pérennité de la croissance économique ne peut pas se faire sans la mise en place d'une infrastructure financière sur laquelle elle peut s'appuyer. Des secteurs financiers solides profonds et efficients sont donc indispensables pour le Sénégal en vue d'améliorer le climat des affaires et créer les conditions dont l'économie a besoin pour « booster » la croissance à travers l'augmentation du crédit à l'économie.

En Afrique subsaharienne d'une manière générale, les marchés boursiers sont embryonnaires. De même le secteur de l'assurance et les intermédiaires financiers non bancaires sont peu visibles. Dans ce contexte, l'analyse que nous comptons mener se limite au seul secteur bancaire.

Au Sénégal, le secteur bancaire représente plus de 80 % des actifs ; il est donc la partie la plus développée du secteur financier. Toutefois, la bancarisation se distingue par des taux très bas : entre 5% et 10%. Des taux très bas sont des obstacles à l'amélioration de la croissance économique et à sa stabilisation. Dans ce contexte, la réforme du secteur bancaire doit poursuivre l'objectif d'une bancarisation de masse car celle-ci va dans le sens du développement économique. En effet, en dehors du fait que l'accès aux services bancaires est indispensable pour mener une vie normale dans une société moderne, la fourniture des services financiers aux populations les plus démunies est un vecteur de lutte contre la pauvreté. Au regard de la zone CFA (Communauté Financière Africaine) en Afrique francophone, le secteur bancaire compte des établissements financiers qui exercent une activité de banques universelles caractérisée par une structure

oligopolistique dominée par des groupes internationaux qui contrôlent près de 70% du marché. Dans cet espace, les banques françaises conservent des positions fortes notamment la BNP, la Société Générale, le Crédit Agricole et le Crédit Lyonnais. Compte tenu du fait que dans ces zones, les dépôts de la clientèle progressent plus vite que les crédits à la clientèle, le système bancaire comporte souvent une situation de trésorerie nette largement excédentaire1. Depuis les années 90, période marquée par plusieurs crises, les banques ont subi une restructuration brutale et en profondeur ; la gestion du secteur a accompli d'énormes progrès. Le système bancaire est devenu relativement sain, liquide et rentable. Cependant il existe encore des lacunes en matière juridique, mais surtout dans le financement de l'économie gage de croissance dans ce monde moderne. L'encours du crédit intérieur se serait contracté de 39,4 milliards de francs CFA, pour se situer à 1.480,2 milliards en fin décembre 2008 au Sénégal, signale une note de conjoncture mensuelle de la Direction de la prévision et des études économiques (DPEE). Cette contraction s'est, selon la DPEE, opérée sous l'effet des créances nettes du système bancaire à l'Etat et, dans une moindre mesure, des crédits accordés par le système bancaire au secteur privé. En effet, précise la note, les crédits nets accordés par le système bancaire à l'Etat diminueraient de 38,6 milliards ou 60,5% en rythme mensuel, passant de 63,8 milliards à 25,2 milliards entre fin novembre et fin décembre 2008. Sur un an, cette diminution représenterait 71 milliards, précise la DPEE, ajoutant que l'encours des créances du système bancaire au secteur privé se situerait à 1.454,9 milliards à la fin décembre 2008. `'Cette situation, explique la note, traduirait l'évolution des crédits de campagne qui baisseraient de 4,3 milliards par rapport au mois précédent pour se chiffrer à 5,2 milliards à fin décembre 2008». L'encours des crédits ordinaires a, quant à lui, `'légèrement progressé de 3,5 milliards, pour se situer à 1.449,8 milliards».

En glissement annuel, l'encours du crédit intérieur se renforcerait de 156,1 milliards, en rapport avec les crédits accordés par le système bancaire au secteur privé, relève la note de conjoncture. En fin décembre, début 2009, les créances du système bancaire au secteur privé seraient constitués de 1.018,4 milliards de crédit à court terme, 392,8 milliards de crédits à moyen terme et 43,6 milliards de crédits à long terme, ajoute le document. D'après la DPEE, `'la part des crédits à long terme dans le financement bancaire se situerait ainsi à 3%, dénotant la faiblesse des crédits destinés à

l'investissement». Avec 400,8 milliards, le sous-secteur `'Hôtels-Bars-Restaurants» serait en tête des bénéficiaires des financements accordés par le système bancaire. Vient ensuite l'industrie manufacturière avec 304,9 milliards.

Cette situation est tellement vrai que le Sénégal voit aujourd'hui se développer de nouveaux modes d'organisation financière notamment la micro finance pour faciliter cet accès. Cependant, cette situation de concurrence entre secteur bancaire et micro finance est loin d'avoir favorisé l'élévation de taux de bancarisation et donc le niveau du crédit à l'économie.

Dès lors il est donc important de voir quelles sont les entraves à cette bancarisation et dans quelle mesure elle peut être porteuse d'opportunités pour les différents agents économiques en stimulant le crédit bancaire. Répondre à la question, pourquoi le financement bancaire est insuffisante et d'essayer d'apporter des réponses est alors capital. Pourquoi y a-t-il rationnement du crédit au Sénégal ?

Dans ce contexte, un certain nombre de questions se pose à savoir : quels sont les principaux obstacles qui empêchent les banques de financer l'économie (raisons internes aux banques)? Quelles sont les causes du gap non négligeable entre les dépôts de la clientèle et les crédits accordés à ces deniers et la faiblesse du taux de bancarisation ? Pourquoi les banques n'accordent pas suffisamment de crédit aux agents économiques, malgré le nombre de banques (raisons externes aux banques)?

Ce travail essayera d'apporter des réponses en se basant sur les hypothèses suivantes : il y a une insuffisance de capitaux propres dans la structure des bilans des banques. Le niveau des dépôts de la clientèle est faible. Ou est c'est plutôt les taux d'intérêts qui se situent à des niveaux non soutenables. Ces hypothèses nous permettrons de spécifier notre modèle.

L'objectif principal de cette recherche est d'évaluer le crédit bancaire en vu de trouver les facteurs qui bloquent son expansion à travers une fonction de crédit, et d'en dégager les implications quant aux stratégies à mettre en oeuvre tant du côté des autorités monétaires (en terme de supervision du système bancaire) que des firmes bancaires (en terme de stratégie interne). Dans cette optique, il s'agira de spécifier une fonction de

crédit qui sera expliquée par les différentes variables qui permettent l'octroi de crédit par une banque.

Après avoir fait le point sur le dynamisme du système bancaire du Sénégal et les obstacles au crédit (Chapitre I), nous présenteront la revue de la littérature sur l'insuffisance du crédit bancaire (Chapitre II) et enfin, le cadre méthodologique et empirique de l'étude des obstacles au crédit bancaire au Sénégal (Chapitre III).

ngorsecka@yahoo.fr/ngorsecka@hotmail.com

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein