République du Sénégal
Un
peuple-Un but-Une foi
UNIVERSITÉ CHEIKH AN TA DIOP
DE
DAKAR
FACULTÉ DES SCIENCES ÉCONOMIQUES ET DE
GESTION (FASEG)
CONFÉRENCE
DES INSTITUTIONS
D'ENSEIGNEMENT ET
ÉCONOMIQUE
AFRIQUE (CIEREA)
DE RECHERCHE
ET DE GESTION EN
Mémoire de DEA
THEME :
LES CAUSES DE L'INSUFFISA NCE DU
CREDIT
BANCAIRE AU SENEGAL.
Présenter par :
Ngor SECK
Etudiant
Option : Macroéconomie
Spécialité : Economie
Monétaire-Bancaire
Et Financière
:
Sous la direction de
au NPTCI Seydi Ababacar Dieng
Appliquée Professeur agrégé
des
Facultés
des Sciences
Economiques Gestion
et de
Année académique 2009-2010
DEDICACES
Au Seigneur le Tout Puissant et
Miséricordieux.
A Mon Père et Ma mère.
A Mes grands parents (paix à leurs
âmes).
A Mes frères, soeurs, oncles et
tantes.
A Mes amis.
REMERCIEMENTS
Au Pr. Seydi Ababacar DIENG, qui malgré ses
multiples occupations, a accepté de diriger ce travail qui est capital
dans mes études. Nous avons appris auprès de lui la rigueur
scientifique, l'amour du travail bien fait et une grande
humilité.
A tous les Professeurs et Assistants de la FASEG, pour la
formation de qualité qu'ils nous ont donnée.
A tous ceux qui ont soutenu le NPTCI, au directeur
national et général pour la formation en rigueur, en
compétence que ce programme nous a permis d'acquérir.
A mes parents, frères, soeurs, tantes et
oncles. Ils ont toujours été à mes côtés pour
me soutenir et me réconforter dans les moments difficiles. Je vous
remercie pour la marque d'affection que vous m'avez
témoignée.
A mon frère Moussa SECK, qui ma beaucoup
soutenu dans mes études. A mes défuntes grandes mères
Seynabou SENE et Fatou NGOM sans oublier mes soeurs Marème et
Khady.
A mon Ami Ibrahima SY pour notre fructueuse
cohabitation, et son soutien matériel et logistique. A Mrs Douda DIOGOUL
et Omar Bâ pour leur soutien surtout financier. A Mr et Mme NDONG qui me
considèrent comme un fils et m'ont beaucoup aidé dans mes
études. A ma tante Mariame SECK.
A Sokhna Sarr BOP, personne qui est entrée dans
ma vie au bon moment et qui m'a aussi aidé dans la rédaction de
ce mémoire, personne à qui je réserve d'immenses
remerciements sans oublier toutes sa famille ainsi que ses amies. A
Aïssatou NDIAYE pour son aide et son important travail de relecture, qui
ont été une grande source de motivation pour moi.
Au Personnel et enseignants de l'ISI (Institut
Supérieur d'Informatique), formation qui beaucoup aidée dans le
traitement informatique de mes données. En particulier à Mr
NDIAYE, le directeur des études du premier cycle. A Mr FALL, professeur
d'économie à l'ISI, qui m'a non seulement inspiré dans
l'écriture de ce mémoire mais également guidé et
apporté son expertise reconnue.
A mes camarades de la 2ème promotion
du NPTCI pour avoir facilité mon intégration dans le groupe. A
mes camarades de la 3ème Année Informatique-MIAGE
(ISI).
A mes amis Masse FAYE, Khadime WANE, Daouda LO,
Madieng TOP pour l'aide qu'ils m'ont apporté dans la documentation. A
Tako NIANG pour les fructueux documents qu'elle a mis à ma
disposition.
A tous ceux dont les noms n'ont pas été
cités, qu'ils trouvent en ce travail le résultat de multiples
services qu'ils nous ont rendus.
SOMMAIRE
DEDICACES ...i
REMERCIEMENTS ii
abréviations, acronymes et sigles iv
Liste des graphiques et des tableaux v
RESUME vi
AVANT-PROPOS : vii
INTRODUCTION GENERALE: 1
CHAPITRE I : LE DYNAMISME DU SYSTEME BANCAIRE DU SENEGAL
ET LES OBSTACLES AU CREDIT BANCAIRE 5
SECTION I - L'EVOLUTION DU SYSTEME BANCAIRE DU SENEGAL
:... .......5
SECTION II- LA BANQUE ET LA MICRO FINANCE :... ......
... ......13
CHAPITRE II : REVUE DE LA LITTERATURE SUR L'INSUFFISANCE
DU CREDIT BANCAIRE 21
SECTION I- REVUE DE LA LITTERATURE THEORIQUE :... ......
.......21
SECTION II- REVUE DE LA LITTERATURE EMPIRIQUE :...
...... ......43
CHAPITRE III : LE CADRE METHODOLOGIQUE ET EMPIRIQUE DE
L'ETUDE DES
OBSTACLES AU CREDIT BANCAIRE AU SENEGAL 52
SECTION I- LE CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
:............ .........52
SECTION II- RESULTATS EMPIRIQUES ET RECOMMANDATIONS
:................ ... 56
CONCLUSION GENERALE : 63
REFERENCE BIBLIOGRAPHIQUE 65
ANNEXE I 67
ANNEXE II 70
ANNEXE III 72
TABLE DES MATIERES 74
ABREVIATIONS, ACRONYMES ET SIGLES
ANSD : Agence national de la statistique et de la
démographie
BCEAO : Banque Centrale des Etats d'Afrique de
l'Ouest
BEAC : Banque Centrale des Etats d'Afrique
Centrale
BHS : Banque de l'Habitat du
Sénégal
BICIS : Banque Internationale pour le Commerce et
l'Industrie du Sénégal
BIS : Banque Islamique du Sénégal BRS :
Banque régionale de Solidarité BOA: Bank Of Africa
CBAO: Compagnie Bancaire de l'Afrique de
l'Ouest
CEMAC : Communauté Economique et Monétaire
des Etats d'Afrique Centrale
CFA : Communauté Financière
Africaine
CNCAS : Caisse Nationale de Crédit Agricole du
Sénégal
CP: Capitaux propres des banques
DPEE : Direction de la Prévision et des Etudes
Economiques
FMI : Fonds Monétaire International IMF :
Institutions de Micro Finance NR : Niveau de Risque
PIB : Produit Intérieur Brut
PME : Petites et Moyennes Entreprises PMI : Petites et
Moyennes Industries
S : Epargne collectée par les banques
SGBS : Société Générale de
Banques du Sénégal
TX : Taux d'intérêt
UBA: United Bank for Africa
UEMOA: Union Economique et Monétaire Ouest
Africaine
LISTE DES GRAPHIQUES ET DES TABLEAUX
Listes des graphiques Pages
Graphique 1: Les postes du passif du bilan des banques au
Sénégal 16
Graphique 2: Les postes de l'actif du bilan des banques
au Sénégal 17
Graphique 3: Le modèle de rationnement du
crédit de Stiglitz et Weiss (1981) 37
Graphique 4: Evolution du CR, des CP, de S et du TX
70
Graphique 5: Evolution du CR, du PIB et du NR
70
Graphique 6 : Test Cusum 71
|
Listes des tableaux et schéma Pages
Tableau 1 : Quelques statistiques et ratio relatifs au
système bancaire sénégalais 15
Tableau 2 : Répartition du crédit à
l'économie selon les branches d'activité en % 19
Tableau 3 : Variables explicatives et signes attendus
54
Tableau 4 : Augmented Dickey-Fuller Unit Root Test
67
Tableau 5 : Test de cointégration de Johansen
68
Tableau 6 : Estimation du modèle à
correction d'erreur 69
Tableau 7 : Test de White 69
Tableau 8 : Données relative au secteur bancaire
sénégalais 72
Tableau 9 : Données relative au passif des banques
73
Tableau 10 : Données relative à l'actif des
banques 73
|
RESUME
Les mutations intervenues dans le secteur financier senegalais
et plus particulierement le secteur bancaire avec l'implantation en masse de
nouvelles banques nous ont conduits a mesurer l'impacte des capitaux propres et
des depots de la clientele sur le credit octroye par les banques.
L'analyse de la structure du marche du credit bancaire du
Senegal, au regard des indicateurs traditionnels de structure, montre
globalement une structure fortement concentree. Le credit bancaire est mal
reparti entre les secteurs de l'economie.
L'etude econometrique, basee sur un modele a correction
d'erreur a travers une specification du credit bancaire nous a permis de
montrer qu'un certain nombre de variables ont un impact non negligeable sur le
credit bancaire. L'estimation de notre modele montre non seulement que les
variables explicatives retenues sont significatives mais peuvent aussi etre
source de recommandations en termes de solutions a apporter a la situation
d'insuffisance du credit bancaire observe au Senegal.
Ainsi nos recommandations portent essentiellement sur l'ancrage
de regulation, la
promotion d'un secteur bancaire dynamique, le renforcement
du cadre juridique et
reglementaire, le developpement de la micro finance et
la stabilite macroeconomique.
Mots clés : secteur bancaire,
capitaux propres , depots de la clientele, credit bancaire, modele a correction
d'erreur.
Avant-propos :
Longtemps les économistes se sont
penchés sur les questions intéressant le système bancaire.
En général, ils réfléchissent sur le comment faire
pour avoir un système bancaire stable, ou bien sur les effets d'une
réglementation, mieux la concurrence dans le secteur. Et pourtant, la
finance d'une manière générale et le financement bancaire
de manière particulière est dans ce monde moderne gage de
croissance et donc d'une économie prospère.
Il importe alors d'essayer d'apporter des
réponses, étant donné que dans ce monde actuel le
crédit bancaire est gage de compétitivité pour une
économie, au pourquoi au Sénégal ce crédit à
l'économie est insuffisant. Autrement quelle est l'explication du
rationnement du crédit bancaire au Sénégal.
L'objectif principal de ce mémoire s'inscrit
dans ce cadre avec comme vision ; une bancarisation bénéfique
à une économie qui en à besoin (l'économie
sénégalaise). Autrement dit ce travaille cherche à trouver
les obstacles au crédit bancaire en proposant par suite des solutions
idoines.
INTRODUCTION :
Le concept de croissance économique est
difficile à cerner. Les économistes s'interrogent encore
aujourd'hui sur ce qu'ils savent de la croissance et sur la meilleure
manière de définir une politique économique en l'absence
de modèle fiable. Il n'en demeure pas moins que
l'accélération de cette croissance économique est la
grande priorité des responsables politiques dans la plupart des pays,
dans l'espoir de faire reculer la pauvreté et de relever le niveau de
vie de la population.
Pour l'Afrique qui n'est pas en marge du
phénomène, le problème se pose différemment. En
effet, depuis quelques années, l'Afrique subsaharienne connaît une
croissance économique soutenue, avec des taux qui dépassent 5%
par an. Ces chiffres souffrent d'une contestation qui touche à la fois
au concept même de croissance économique et au manque de
fiabilité de l'appareil statistique. Au Sénégal, la
poursuite de la croissance se heurte à un obstacle fondamental :
la fragilité des secteurs financiers. La
pérennité de la croissance économique ne peut pas se faire
sans la mise en place d'une infrastructure financière sur laquelle elle
peut s'appuyer. Des secteurs financiers solides profonds et efficients sont
donc indispensables pour le Sénégal en vue d'améliorer le
climat des affaires et créer les conditions dont l'économie a
besoin pour « booster » la croissance à travers l'augmentation
du crédit à l'économie.
En Afrique subsaharienne d'une manière
générale, les marchés boursiers sont embryonnaires. De
même le secteur de l'assurance et les intermédiaires financiers
non bancaires sont peu visibles. Dans ce contexte, l'analyse que nous comptons
mener se limite au seul secteur bancaire.
Au Sénégal, le secteur bancaire
représente plus de 80 % des actifs ; il est donc la partie la plus
développée du secteur financier. Toutefois, la bancarisation se
distingue par des taux très bas : entre 5% et 10%. Des taux très
bas sont des obstacles à l'amélioration de la croissance
économique et à sa stabilisation. Dans ce contexte, la
réforme du secteur bancaire doit poursuivre l'objectif d'une
bancarisation de masse car celle-ci va dans le sens du développement
économique. En effet, en dehors du fait que l'accès aux services
bancaires est indispensable pour mener une vie normale dans une
société moderne, la fourniture des services financiers aux
populations les plus démunies est un vecteur de lutte contre la
pauvreté. Au regard de la zone CFA (Communauté Financière
Africaine) en Afrique francophone, le secteur bancaire compte des
établissements financiers qui exercent une activité de banques
universelles caractérisée par une structure
oligopolistique dominée par des groupes
internationaux qui contrôlent près de 70% du marché. Dans
cet espace, les banques françaises conservent des positions fortes
notamment la BNP, la Société Générale, le
Crédit Agricole et le Crédit Lyonnais. Compte tenu du fait que
dans ces zones, les dépôts de la clientèle progressent plus
vite que les crédits à la clientèle, le système
bancaire comporte souvent une situation de trésorerie nette largement
excédentaire1. Depuis les années 90, période
marquée par plusieurs crises, les banques ont subi une restructuration
brutale et en profondeur ; la gestion du secteur a accompli d'énormes
progrès. Le système bancaire est devenu relativement sain,
liquide et rentable. Cependant il existe encore des lacunes en matière
juridique, mais surtout dans le financement de l'économie gage de
croissance dans ce monde moderne. L'encours du crédit intérieur
se serait contracté de 39,4 milliards de francs CFA, pour se situer
à 1.480,2 milliards en fin décembre 2008 au
Sénégal, signale une note de conjoncture mensuelle de la
Direction de la prévision et des études économiques
(DPEE). Cette contraction s'est, selon la DPEE, opérée sous
l'effet des créances nettes du système bancaire à l'Etat
et, dans une moindre mesure, des crédits accordés par le
système bancaire au secteur privé. En effet, précise la
note, les crédits nets accordés par le système bancaire
à l'Etat diminueraient de 38,6 milliards ou 60,5% en rythme mensuel,
passant de 63,8 milliards à 25,2 milliards entre fin novembre et fin
décembre 2008. Sur un an, cette diminution représenterait 71
milliards, précise la DPEE, ajoutant que l'encours des créances
du système bancaire au secteur privé se situerait à
1.454,9 milliards à la fin décembre 2008. `'Cette situation,
explique la note, traduirait l'évolution des crédits de campagne
qui baisseraient de 4,3 milliards par rapport au mois précédent
pour se chiffrer à 5,2 milliards à fin décembre
2008». L'encours des crédits ordinaires a, quant à lui,
`'légèrement progressé de 3,5 milliards, pour se situer
à 1.449,8 milliards».
En glissement annuel, l'encours du crédit
intérieur se renforcerait de 156,1 milliards, en rapport avec les
crédits accordés par le système bancaire au secteur
privé, relève la note de conjoncture. En fin décembre,
début 2009, les créances du système bancaire au secteur
privé seraient constitués de 1.018,4 milliards de crédit
à court terme, 392,8 milliards de crédits à moyen terme et
43,6 milliards de crédits à long terme, ajoute le document.
D'après la DPEE, `'la part des crédits à long terme dans
le financement bancaire se situerait ainsi à 3%, dénotant la
faiblesse des crédits destinés à
l'investissement». Avec 400,8 milliards, le
sous-secteur `'Hôtels-Bars-Restaurants» serait en tête des
bénéficiaires des financements accordés par le
système bancaire. Vient ensuite l'industrie manufacturière avec
304,9 milliards.
Cette situation est tellement vrai que le
Sénégal voit aujourd'hui se développer de nouveaux modes
d'organisation financière notamment la micro finance pour faciliter cet
accès. Cependant, cette situation de concurrence entre secteur bancaire
et micro finance est loin d'avoir favorisé l'élévation de
taux de bancarisation et donc le niveau du crédit à
l'économie.
Dès lors il est donc important de voir quelles
sont les entraves à cette bancarisation et dans quelle mesure elle peut
être porteuse d'opportunités pour les différents agents
économiques en stimulant le crédit bancaire. Répondre
à la question, pourquoi le financement bancaire est insuffisante et
d'essayer d'apporter des réponses est alors capital. Pourquoi y a-t-il
rationnement du crédit au Sénégal ?
Dans ce contexte, un certain nombre de questions se
pose à savoir : quels sont les principaux obstacles qui empêchent
les banques de financer l'économie (raisons internes aux banques)?
Quelles sont les causes du gap non négligeable entre les
dépôts de la clientèle et les crédits
accordés à ces deniers et la faiblesse du taux de bancarisation ?
Pourquoi les banques n'accordent pas suffisamment de crédit aux agents
économiques, malgré le nombre de banques (raisons externes aux
banques)?
Ce travail essayera d'apporter des réponses en
se basant sur les hypothèses suivantes : il y a une insuffisance de
capitaux propres dans la structure des bilans des banques. Le niveau des
dépôts de la clientèle est faible. Ou est c'est
plutôt les taux d'intérêts qui se situent à des
niveaux non soutenables. Ces hypothèses nous permettrons de
spécifier notre modèle.
L'objectif principal de cette recherche est
d'évaluer le crédit bancaire en vu de trouver les facteurs qui
bloquent son expansion à travers une fonction de crédit, et d'en
dégager les implications quant aux stratégies à mettre en
oeuvre tant du côté des autorités monétaires (en
terme de supervision du système bancaire) que des firmes bancaires (en
terme de stratégie interne). Dans cette optique, il s'agira de
spécifier une fonction de
crédit qui sera expliquée par les
différentes variables qui permettent l'octroi de crédit par une
banque.
Après avoir fait le point sur le dynamisme du
système bancaire du Sénégal et les obstacles au
crédit (Chapitre I), nous présenteront la revue de la
littérature sur l'insuffisance du crédit bancaire (Chapitre II)
et enfin, le cadre méthodologique et empirique de l'étude des
obstacles au crédit bancaire au Sénégal (Chapitre
III).
ngorsecka@yahoo.fr/ngorsecka@hotmail.com
CHAPITRE I
LE DYNAMISME DU SYSTEME BANCAIRE DU
SENEGAL ET LES OBSTACLES AU CREDIT
BANCAIRE
Introduction :
Le système bancaire du Sénégal
s'est densifié ces dernières années. On note
l'implantation en masse de nouvelles banques mais également l'absorption
de certaines d'entre elles par d'autres. Seulement, le taux de bancarisation
reste toujours à améliorer. Ainsi dans ce chapitre, sera
retracée une étude plus ou moins exhaustive du système
bancaire du Sénégal trop erratique. Pour mener à bien ce
travail, ce chapitre sera divisé en deux principales sections. Dans la
première sera étudiée l'évolution du système
bancaire au Sénégal, la deuxième et dernière partie
sera consacrée aux comportements des banques parfois comparables aux
IMF.
Section I - L'évolution du système
bancaire au Sénégal
Le paysage bancaire au Sénégal a connu
de profondes mutations au cours de ces dernières années. En
effet, on a assisté au développement du réseau des
banques. Par ailleurs, la clientèle des banques est souvent très
nombreuse et hétérogène dans ses attentes, ses besoins,
ses comportements ; d'où la nécessité d'une option par
rapport à la clientèle ciblée et à la mise en place
d'une stratégie adaptée.
A- Caractéristiques du système bancaire au
Sénégal :
1- La répartition fonctionnelle :
Le paysage bancaire au Sénégal se
caractérise par la présence de plus de 19 banques et
148
guichets permanents. Elles se répartissent en quatre grandes
catégories selon leur
clientèle cible. La première
regroupe les banques généralistes à réseau
national, dont la
Société générale de
banques au Sénégal (SGBS) et la Banque internationale pour le
commerce et l'industrie au Sénégal (BICIS), qui
s'intéressent à divers types de clients - des particuliers
modestes aux grands groupes internationaux. La seconde catégorie est
composée de banques à réseau sous-régional, dont
Ecobank et Bank of Africa Sénégal, qui privilégient les
grandes sociétés sises en Afrique de l'Ouest. Les banques
d'affaires2 dont, le Crédit lyonnais Sénégal et
la Citibank, constituent la troisième catégorie ; elles
concentrent leurs interventions sur les grandes entreprises, excluant de fait
les PME et les particuliers. La dernière catégorie de banques
sénégalaises se singularise par leur vocation spécifique ;
par exemple la Caisse nationale de crédit agricole du
Sénégal (CNCAS) spécialisée dans le financement des
activités rurales et la Banque de l'habitat du Sénégal
(BHS) ayant pour mission de faciliter l'accès à la
propriété et le développement du logement
social.
Financer l'activité économique revient
à accorder des crédits aux principaux créateurs de la
richesse nationale, à savoir les entreprises. Celles-ci ont besoin de
ressources financières suffisantes pour accroître la
quantité et la qualité de biens et services produits et
répondre ainsi à une demande nationale et étrangère
de plus en plus diversifiée et exigeante. Le problème du
financement des petites et moyennes entreprises (PME) - y compris les petites
et moyennes entreprises industrielles (PMI) - et des petits entrepreneurs
sénégalais demeure toujours d'actualité.
La prédominance des crédits à
court terme, qui concernent le financement de l'exploitation, pourrait relever
tout de même d'une certaine insuffisance du fonds de roulement et par
conséquent une faiblesse des fonds propres.
D'où la nécessité pour ces
entreprises de disposer certes de crédits à court terme mais
aussi et surtout de financements longs pour renforcer le haut de bilan. Or la
contribution du système bancaire au financement des entreprises est
insuffisante au regard de l'importance des besoins de l'économie et
inégalement répartie tant au niveau sectoriel qu'au niveau du
terme des crédits octroyés. Le bilan ci-dessous donne certaines
informations sur la structure financière (système bancaire) au
Sénégal.
Hors-bilan
Engagements de financement 139,6 236,9 144,1
Coef. net d'exploitation (%) 57,4 60,8
59,2
(en milliards de francs CFA)
ACTIF 2006 2007 2008 PASSIF 2006 2007 2008
Op. de trésorerie et interbancaires 351,1 451,7 429,7 Op.
de trésorerie et interbancaires 163,5 239,2 322,4
Opérations avec la clientèle 1228,3 1281,8 1515,4
Op. avec la clientèle 1493,5 1661,1 722,9
Opérations sur titres et diverses 276,6 393,9 369,4 Divers
68,1 88,9 99,2
Valeurs immobilisées 105,9 127,8 136,6 Provis, fonds
propres et ass. 236,7 266,0 306,5
Total actif 1961,8 2255,2 2451,1 Total passif 1961,8
2255,2 2451,1
Engagements de garantie 281,0 302,4 383,8 (Frais gén.
+ dot. am/PNB)
Engagements douteux 2,0 2,0 101,8 Taux de marge nette (%)(*) 23,1
24,1 22,6
Autres engagements 0,2 2,0 19,4 (*)(Résultat
net/Produit net bancaire)
Coefficient de rentabilité (%) 14,5 14,6 13,5
Total hors-bilan 422,8 543,2 649,1
(Résultat net/Fonds propres )
Système bancaire du
Sénégal
Source : Commission bancaire de l'UMOA
En plus de ces informations, en fin mars 2009, la
situation de la finance au Sénégal laisse apparaître une
augmentation des crédits en souffrance par rapport à fin mars
2008 (+72,6 %), le taux brut de dégradation du portefeuille passant de
2,6 % à 3,9 %. Dans la même période, les encours de
crédits (+ 14,0 %) et les dépôts (+ 11,8 %) se sont accrus.
En décembre 2008, on comptait plus d'un million de
bénéficiaires directs (+ 20,7 % par rapport à
décembre 2007). Le bilan montre que le secteur bancaire est rentable. En
effet les coefficients de rentabilité respectivement pour 2006, 2007 et
2008 sont 14,5% ; 14,6% et 13,5%. Le bilan montre une augmentation continue des
capitaux propres, en milliard de FCFA, en passant de 236,7 en 2006 à
306,5 en 2008; de l'autre côté, à l'actif,
les crédits octroyés ont connu
également une hausse en passant de 1228,3 en 2006 à 1515,4 en
2008 ce atteste nos hypothèses avec une nette amélioration des
dépôts de clientèle respectivement de 1493,5 ; 1661,1 ;
1722,9 pour 2006, 2007 et 2008 (Annexe 9-1 et 9-2).
2- La répartition spatiale :
Depuis des années, la répartition des
banques sur le territoire laisse apparaître une situation de
déséquilibre. En effet c'est seulement, ces dernières
années, qu'il a existé des agences bancaires dans des zones comme
Pikine, Guédiawaye (banlieue dakaroise) ou des localités telles
que Kolda (région au Sud du Sénégal). Malgré les
efforts, la situation reste à améliorer ; la région de
Fatick n'est pas une cible privilégiée des banques.
Avant, la majorité de la population,
géographiquement parlant, n'était pas couverte par le
réseau bancaire et de nos jours la situation est loin d'être
satisfaisante malgré les efforts consentis. En 2010, le
Sénégal a vu l'implantation d'une nouvelle banque, UBA (United
Bank of Africa), qui n'a d'agence pour le moment qu'à Dakar.
Pour plus de précisions, répertorions les
principales banques en service sur le territoire national
sénégalais :
o Société Générale
(SGBS) : La SGBS (filiale du groupe Société
Générale) bénéficie du plus large réseau
d'agences et de distributeurs automatiques à travers le pays. Filiale du
groupe français Société Général, elle
propose des cartes de paiement internationales ainsi que la gestion des comptes
sur internet. Elle s'adresse autant aux particuliers qu'aux entreprises et
bénéficie du réseau international de la
Société Générale (banques au Bénin, au
Burkina, etc.). Elle a de nombreuses agences à travers le pays et de
nombreux distributeurs automatiques de billets.
o Attijari Bank : (group Attijariwafa Bank) C'est la
banque qui monte au Sénégal. Présente seulement depuis 4
ans au Sénégal, elle s'est implantée en masse dans la
capitale sénégalaise en s'imposant comme une banque moderne,
indépendante et 100% africaine. Plus ouverte aux particuliers à
revenus moyens que les banques "historiques" du Sénégal elle
projette de densifier rapidement son réseau d'agences dans le pays. Elle
a racheté la banque CBAO et la banque
sénégalo-tunisienne.
cartes Eurocard Mastercard. Prêts,
crédits, comptes-courants, cartes bancaires et produits d'épargne
sont proposés aux clients de cette banque qui fait partie du puissant
groupe Mimran, propriétaire entre autres de l'industrie sucrière
sénégalaise.
o UBA : Banque panafricaine, s'est récemment
implantée au Sénégal (mise à jour janvier 2010) et
ne dispose pour l'instant que de 4 agences, toutes situées à
Dakar. Elle ne facture aucun frais de tenue de compte ce qui est nouveau au
Sénégal.
o La Banque Islamique du Sénégal :
Malgré son nom qui laisserait penser à une obscure banque
maraboutique, la BIS est une des meilleures banques du Sénégal y
compris pour les entreprises. Elle propose les plus basses commissions de
transfert d'argent du Sénégal vers l'étranger. Gestion des
comptes sur internet. Agences à Dakar et Touba. Sur certains documents
(avis de transfert, etc.) la mention "Gloire au Miséricordieux" peut
faire sourire les clients ou fournisseurs en Europe mais le sérieux de
la banque est sans faille.
o BICIS : (du groupe BNP PARIBAS) ; BICIS (Banque
internationale du commerce et d'industrie du Sénégal), filiale de
la multinationale française BNP Paribas a plusieurs guichets
automatiques et agences mais mal répartis géographiquement : la
BICIS n'est présente qu'à Dakar, dans la région de
Thiès (Saly, Mbour, Thiès) et la vallée du fleuve
(Saint-Louis, Richard Toll, Ourossogui). La BICIS est une filiale du groupe
bancaire français BNP. Elle propose à ses clients des cartes
VISA, des prêts immobiliers et prêts à la consommation,
Gestion des comptes sur internet. A NOTER : La BICIS propose des ouvertures de
compte au Sénégal depuis la France à des
non-résidents (sénégalais ou français) grâce
à l'authentification de signature dans une agence BNP.
o Crédit Agricole : Anciennement "Crédit
Lyonnais du Sénégal", c'est une grande banque française
qui en remplace une autre. Filiale sénégalaise du Crédit
Agricole de France, elle s'adresse désormais tant aux particuliers
qu'aux entreprises et a commencé à mettre en place un
réseau de distributeurs de billets dans la capitale et sa banlieue
(notamment dans les hôtels Novotel, Sofitel et Méridien de Dakar
et Ngor). Crédits immobiliers, crédits à la consommation,
gestion des comptes sur internet, cartes bancaires internationales Visa, Visa
Electron et Visa Select.
0 Banque Sénégalo-Tunisienne : N'existe
plus. Elle a été rachetée par l'Attijari Bank
marocaine.
o BHS : C'est la Banque de l'Habitat du
Sénégal. Elle est une des principales sources de prêts
immobiliers en direction des fonctionnaires et salariés au
Sénégal bien que les autres banques s'y soient mises aussi. La
BHS est elle-même promotrice de plusieurs projets immobiliers. Elle
propose en outre des formules de "comptes épargne-logement" à
destination des particuliers, Gestion des comptes sur internet, une agence de
représentation à Paris.
o BOA : (groupe AFH) La Bank Of Africa est une des
banques panafricaines présentes au Sénégal. Le
réseau est peu développé (uniquement à Dakar) mais
pour des entreprises opérant des transferts de fonds d'un pays africain
à un autre, elle peut se révéler plus intéressante
que certaines concurrentes. Elle propose des Guichets automatiques pour cartes
Visa.
o Banque Régionale de Solidarité (BRS
Sénégal) : La BRS soutient grâce au microcrédit dans
les pays du Tiers Monde les pauvres qui souhaitent prendre leur sort en mains
afin d'améliorer leur quotidien et d'offrir un avenir à leurs
enfants. A cette fin, elle soutient des initiatives en matière
d'épargne, de crédit et d'assurances répondant aux
principes coopératifs précités. La BRS accorde une
priorité absolue à l'évolution de ces activités
vers l'autonomie. Il s'agit cependant d'une véritable
banque.
o Ecobank : (groupe ETI) Banque présente dans
plusieurs pays africains, elle est assez peu connue au Sénégal.
Les guichets de retrait automatique ne sont ouverts qu'aux cartes émises
par eux-mêmes.
o Banque Atlantique : La Banque Atlantique est
présente dans quelques pays africains (Sénégal, Burkina,
Côté divoire...) avec un réseau d'agence très
modeste implanté uniquement dans les capitales. Partenaire du
réseau Mastercrad, leurs guichets automatiques ne permettent des
retraits qu'avec ce type de carte bancaire.
0 Citibank : (groupe CITIBANK) est une banque
américaine implantée au Sénégal.
Ces banques sont présentes sur l'ensemble du
territoire mais de manière disproportionnée. En plus de Dakar et
sa banlieue, on peut en trouver dans toutes les capitales régionales et
zones touristiques (retrait d'argent, distributeurs de billets) : Saint-Louis,
Mbour, Tambacounda, Ziguinchor, Kradolack, Touba, Louga, Richard-Toll, Kolda,
Thiès, Saly, Cap Skirring, Louga, Rufisque, Diourbel, Fatick,
etc.
De plus, il est bon de savoir que la Poste gère
également des comptes postaux garantis par l'état. Les conditions
difficiles d'ouverture d'un compte dans une banque classique et leurs frais de
fonctionnement font que l'immense majorité des fonctionnaires et un
grand nombre de Sénégalais préfèrent les comptes
postaux qui bénéficient en plus du large réseau de bureaux
de poste dans tout le pays. La poste propose en outre des virements nationaux
appelés "mandats-fax", rapides, sûrs et peu coûteux. Ce
secteur bancaire Sénégalais est tellement mouvant qu'on a
assisté à la ressente implantation de Diamond Bank (banque
nigériane).
B- Un faible niveau de bancarisation :
1- Nombre de banques et le taux de bancarisation :
Aujourd'hui la situation bancaire au
Sénégal peut pousser à affirmer à tort qu'il y a
trop de banques, si l'on part du principe que la concurrence est saine, par
essence. Auparavant, on avait quelques grandes banques qui dominaient le
marché, qui intervenaient autour de la Place de l'Indépendance,
n'avaient pas ou alors peu d'implantations dans le pays donc peu accessibles
à la grande majorité de la population. Depuis 5 à un peu
moins de 10 ans, on voit un développement des installations de banque.
L'intérêt, en tous cas tel qu'on peut le percevoir, c'est que cela
facilite l'accessibilité, de la population aux services bancaires et
financiers. Seulement la réalité est tout autre.
Le renforcement du réseau bancaire pourrait
permettre donc de développer la bancarisation de nos économies et
contribue ainsi à apporter une réponse au besoin
d'intégrer le secteur informel à l'économie
moderne.
Au cours des cinq dernières années, le
système bancaire au Sénégal a enregistré une
augmentation sensible du nombre d'établissements de crédit
(banques et établissements financiers), qui est passé de 14 en
2004 à 20 à fin août 2009. Cette évolution, qui
s'est amorcé au milieu des années 1990, à la suite des
réformes
entreprises par les Autorités monétaires
(libéralisation du secteur, privatisation des banques nationales,
dérogation pour les expatriés, etc.) en réponse à
la crise bancaire à laquelle la zone a été
confrontée durant les années 1980, a été
impulsée au cours de ces dernières années par trois
facteurs principaux.
D'abord, la relative rentabilité de
l'activité bancaire dans la zone, comme l'atteste le résultat net
des établissements. Ensuite, l'existence d'une épargne à
faible coût, en liaison avec la relative maîtrise de l'inflation
dans l'Union. Enfin, le niveau relativement faible du capital minimum
exigé jusque là pour la création d'un établissement
de crédit dans l'UEMOA.
A ces principaux facteurs, il y a lieu d'ajouter, au
plan interne, la convertibilité du franc CFA et son arrimage à
l'euro qui lui confère une certaine stabilité. Au niveau externe,
l'abondance de liquidité des banques des pays producteurs de
pétrole, notamment du Nigeria (UBA ; United Bank for Africa
implantée en 2010) et de la Libye, en relation avec l'envolée des
cours du pétrole ces dernières années, a été
également un facteur d'incitation à la conquête de nouveaux
marchés.
Par ailleurs, le Sénégal a
bénéficié au cours de ces dernières années
d'une stabilité politique et d'une croissance économique
soutenue, en particulier sur la période 1994- 2005 (à l'exception
de l'année 2002, seule fausse note).
Au total, sur les 20 établissements de
crédit, 8 unités, soit plus du tiers (40%) des
établissements ont été créées après
1999. Ces nouvelles unités appartiennent, pour la plupart, à des
groupes bancaires étrangers qui sont au nombre de 11 en activité
à ce jour au Sénégal.
L'un des traits caractéristiques des
évolutions observées est la diversification des pays d'origine
des maisons- mères des banques au Sénégal, historiquement
dominées par les groupes français. La nouvelle cartographie de
l'actionnariat du système bancaire distingue essentiellement trois
pôles. A savoir les capitaux étrangers historiques provenant de
l'Occident (7 groupes) dont notamment la France, les capitaux provenant des
pays arabes (4 groupes) et les capitaux de l'Afrique subsaharienne (9 groupes).
Pour avoir une vision claire et nette sur les banques qui s'installent au
Sénégal on peut se référer à la sous section
sur les banques implantées au Sénégal.
2- Les effets de la mésentente entre banquiers
et population :
Le marché du crédit au
Sénégal comporte des limites dans la mesure où les agents
économiques affichent encore d'importants besoins non satisfaits. Il
convient toutefois de distinguer les besoins de la grande entreprise
nécessitant des produits financiers de court, moyen ou long termes de
ceux de la PME auxquels correspondent des produits à
échéance encore plus longue.
Au Sénégal, cela pose un problème
dans la mesure où les populations démunies ne peuvent pas s'en
prévaloir pour demander un crédit ou ouvrir un compte
bancaire.
Les institutions financières font preuve de peu
d'imagination pour trouver des solutions alternatives. Or la solidarité
et la confiance que les individus se font au sein d'un groupe plus ou moins
élargi constitue une meilleure garantie pour la finance. C'est à
ce niveau que la notion de capital social trouve toute sa signification. En
effet, tous les travaux récents sur le concept de capital social
démontrent qu'il influence les relations financières. Selon que
le degré de confiance est plus ou moins élevé dans une
société, l'attitude vers le système financier sera
différente autrement dit, dans une société à
capital social moins élevé, les agents seront réticents
à déposer leurs avoirs sur un compte bancaire, ils
préféreront conserver leur richesse par conséquent la
société sera moins bancarisée. Alors dans un pays comme le
Sénégal où la crise bancaire des années 80 n'est
pas encore inscrite dans l'agenda du passé des populations, et où
le niveau de capital social reste à améliorer les banques doivent
nouer des partenariats avec la population.
Ainsi le niveau de capital social dans une
économie influence de façon significative le développement
financier de cette société notamment sa bancarisation ou son
recours au crédit. Cela est assez conforme à l'intuition, dans la
mesure où la finance est liée à la confiance. Donc toute
action allant dans le sens d'élever le capital social est susceptible
d'augmenter la bancarisation.
Section II- La banque et la micro finance
Cette section est divisée en deux parties.
D'une part nous passerons en revue le secteur bancaire sénégalais
encore embryonnaire et d'autre part la banque au Sénégal est
parfois comparable à une IMF.
A- Un secteur bancaire encore embryonnaire :
1- La faible diversité des produits bancaires et
une faible contribution à la création de valeur ajoutée:
Les banques au niveau national proposent pratiquement
les mêmes formules à la clientèle. Ceci est une des
spécificités des IMF. Cette situation laisse apparaître un
manque de choix des clients. En sus, des études menées ont
montré une appréciation de la contribution effective du
système bancaire sénégalais à l'économie
nationale dans le court terme faible. En effet, il s'agissait de circonscrire
l'étude dans le court terme en s'intéressant aux données
bancaires de la période récente. L'évolution des
statistiques monétaires sur les trois dernières années -
2004-2006 - révèle une tendance favorable à
l'activité économique. En effet, la masse monétaire, les
dépôts à terme et le crédit intérieur, en
particulier, connaissent une progression encourageante. Cependant, la
contribution du secteur bancaire au financement de l'économie
sénégalaise est insuffisante si l'on se fie aux deux principaux
indicateurs d'après S.A. Dieng (2010) - que sont les ratios
crédit à l'économie/masse monétaire et
évolution du crédit à l'économie.
Tableau 1 : Quelques statistiques et
ratio relatifs au système bancaire sénégalais
:
Année
|
2004
|
2005
|
2006
|
Masse monétaire
|
1445,8
|
1565,2
|
1750,9
|
Dépôts à terme en banque
|
538,3
|
582,4
|
645,5
|
Crédit intérieur
|
880,9
|
1032,1
|
1122,7
|
Crédit à l'économie
|
856,9
|
1066,9
|
1111,6
|
dont crédit à court terme
|
551,2
|
661,9
|
603,4
|
dont crédit à long terme
|
305,7
|
405
|
508,2
|
Evolution en % du crédit à
l'économie
|
-
|
24,5
|
4,2
|
Crédit à l'économie/masse
monétaire en %
|
59,3
|
68,2
|
63,5
|
Crédit à court terme/crédit à
l'économie en
|
|
|
|
%
|
64,3
|
62,0
|
54,3
|
Source : BCEAO (2007). Bulletin de
statistiques monétaires et financières,
décembre, 115 p, p. 68. Les calculs des ratios et des pourcentages sont
effectués par nous(S .A.Dieng)3.
Sur la période spécifiée,
l'examen à vue du tableau ci-dessus révèle que la part du
crédit à l'économie n'atteint pas 70 % de la masse
monétaire. Cette part s'établit à 59,3 % en 2004 et 68,2 %
en 2005 mais elle régresse d'environ 5 points pour se fixer à
63,5 % en 2006. Bien qu'enregistrant une hausse en termes absolus sur la
période, le crédit à l'économie a significativement
diminué en termes relatifs : son taux de croissance est passé de
24,5 % entre 2004 et 2005 à seulement 4,2 % entre 2005 et
2006.
Naturellement, une appréciation plus objective
et crédible de la contribution du secteur bancaire au financement de
l'économie sénégalaise doit s'appuyer sur des
données concernant une période de temps beaucoup plus longue de
sorte à neutraliser les éventuels « accidents conjoncturels
». C'est ainsi que S.A. DIENG (2010) a construit un modèle
linéaire général qui exprime la croissance
économique réelle (produit intérieur
3 Présenté lors de la journée de
l'économie sénégalaise
Postes du Passif du bilan des banques au
Sénégal
Opération avec la clientèle
Divers
Operation de trésorerie
Provisions, Fonds Propers
brut réel, PIBR) en fonction des crédits
à court terme déflatés (CCT
), des crédits à moyen et long terme
déflatés (CMLT) et de la position nette du gouvernement
(PNG).
2- L'analyse bilancielle de la situation bancaire au
Sénégal :
Le secteur financier du Sénégal se
caractérise comme suit: les dépôts totaux atteignent 34%
d
u PIB, cette situation s'explique par le
dépôt moyen par habitant qui s'élève environ
à 69 000 FCFA.
Au plan des activités en termes de ressources et
d'emplois, le secteur bancaire du Sénégal
a évolué ces dernières
années, seulement, avec un taux de bancar isation faible environ 6%. Les
dépôts bancaires ont atteint 1 378 milliards de FCFA à fin
2006, représentant ainsi plus d'un quart du total de la zone
UEMOA.
Entre 2002 et fin juin 2007, les ressources ont connu une
progression significative en passant de 930 881 millions de FCFA à
1
609 584 millions de FCFA soit un taux de
croissance de 73%
; sur la même période les emplois ont une
croissance plus prononcée avec un taux de l'ordre de 82%, ils sont
passés de 702 332 millions de FCFA à 1 279 350 millions
de
FCFA. L'analyse de l'évolution de ces
principales activités bancaires laisse apparaître sur la
période une surliquidité moyenne du secteur bancaire dans son
ensemble.
Le graphique ci- dessous donne les postes du passif du
bilan des banques au Sénégal. Graphique 1 : Les postes
du passif du bilan des banques au Sénégal
L'analyse de ce graphe laisse apparaître une forte
prédominance des opérations avec la clientèle sur les
ressources des
provisions. Comme annoncé en hypothèse, les
capitaux propres jouent un rôle fondamental dans l'octroi de
crédits.
Et le graphique ci-dessous donne la situation de l'actif.
Graphique 2 : Les postes de
Source : L'auteur
L'analyse montre que l'actif du bilan des banques au
Sénégal est dominé par les opérations avec la
clientèle, ensuite viennent les opérations de trésorerie
et interbancaire. Ce qui peut pousser à
banques en bénéficie.
B- La banque au Sénégal parfois comparable
à une institution de micro finance :
1- Le secteur de la micro finance
Les pratiques traditionnelles d'épargne et de
crédit ont toujours existé en Afrique subsaharienne. Son
importance a amené de nombreux experts et chercheurs à
s'intéresser à ce qui est appelé la finance informelle.
Sous cette appellation on retrouve tous les flux financiers
générés par le réseau des marchands, de
prêteurs professionnels, des amis, de la famille, des gardes monnaie
ainsi que des tontines. Ces flux qui échappent
au secteur bancaire constituent un ensemble fort
disparate qui ne doit son unité qu'à la proximité des
relations entre les débiteurs et les créanciers. C'est de cette
vitalité de la finance informelle que naît la micro finance avec
surtout la création de la GrameenBank au Bangladesh en 1976 dont le
modèle a été repris partout en Afrique. À cela il
faut ajouter trois caractéristiques survenues dans le paysage
économique sénégalais: la prépondérance du
financement extérieur par rapport au financement local, le secteur
public auquel on préfère le secteur privé,
l'épargne préférée à la place du
crédit.
Ainsi le Sénégal voit émerger de
nouvelles institutions de micro finance (IMF) qui s'insèrent dans la
nomenclature des institutions financières.
Aujourd'hui si la micro finance est bien connue, sa
définition reste encore imprécise. C'est pourquoi, il est souvent
fait référence au terme de microcrédit auquel il est
associé. Le microcrédit est un crédit d'un montant peu
élevé. Pour la Banque Mondiale le plafond est de 30 % du PNB par
habitant, environ 100 000 FCFA (150 euros). Ce crédit peut être
demandé pour différents mobiles mais il l'est principalement pour
développer « une activité génératrice de
revenu ». Pour ce crédit le ou les emprunteurs n'offrent pas de
garanties personnelles. Pour la micro finance on distingue
généralement quatre catégories d'institutions : les
mutuelles d'épargne et de crédit ; les caisses villageoises ; les
expériences de crédit direct ou les programmes d'appui au micro
crédit qui sont financés par les ONG ; les projets volet
crédit financés et gérés comme les
précédents mais dont l'activité principale est tout
autre.
Toutefois, le monde de la micro finance est difficile
à appréhender dans la mesure où les banques commerciales
commencent à faire de la micro finance.
2- Une répartition inéquitable des
services bancaires entre les différents secteurs de l'économie :
La situation économique du
Sénégal est marquée par l'occupation du secteur primaire
de la majeure partie de la population. Paradoxalement, c'est le secteur qui
contribue le moins à la croissance économique du pays. Les
banques si on se fie aux données de la banque centrale évite ce
secteur. D'après ces chiffres, ne serait-il pas ce délaissement
qui aggrave la situation ? En outre le secteur tertiaire qui occupe le moins la
population mais se place au premier rang des secteurs générateurs
de revenus semble être privilégié par les banques. Le
tableau ci-dessous donne de plus amples informations.
Tableau 2 : Répartition du
crédit à l'économie selon les branches d'activité
en %
Type de crédits
|
Crédit à CT
|
Crédit à MLT
|
Années
Branches d'activités
|
2005
|
2006
|
2005
|
2006
|
Agriculture, sylviculture et pêche
|
2,9
|
2,7
|
2,1
|
1,9
|
Industries extractives
|
0,3
|
0,4
|
0,5
|
0,7
|
Industries manufacturières
|
32,7
|
28,0
|
22,4
|
18,5
|
Electricité, gaz, eau
|
4,8
|
3,6
|
3,7
|
5,0
|
Bâtiments, travaux publics
|
5,7
|
6,9
|
5,4
|
4,9
|
Commerce gros et détail, restaurants,
hôtels
|
27,3
|
30,9
|
17,5
|
16,6
|
Transports, entrepôts et
communications
|
7,5
|
7,7
|
7,1
|
9,9
|
Assurances, Affaires immobilières,
services aux entreprises
|
6,4
|
6,7
|
10,0
|
9,1
|
Services fournis à la collectivité,
services sociaux et personnels
|
12,5
|
13,1
|
31,3
|
33,3
|
Montant total du crédit
|
813113
|
795948
|
314353
|
350494
|
Source : BCEAO (2007), op.
cit., p. 75. Tous les calculs de pourcentages sont
effectués par nous (DIENG).
Le tableau ci-dessus révèle que le
secteur agriculture, sylviculture et pêche n'obtient que 2,9 % et 2,7 %
des crédits à court terme en 2005 et 2006. Quant aux
crédits à moyen et long terme, c'est au secteur des services
fournis à la collectivité, services et personnels que revient
près du tiers du total des encours de prêts. Le secteur des
industries manufacturières - 22,4 % en 2005 et 18,5 % en 2006 - et celui
du commerce, restaurants, hôtels - 17,5 % en 2005 et 16,6 % en 2006 -
sont les deux autres grands
bénéficiaires des crédits
à moyen et long terme. Le secteur agriculture, sylviculture et
pêche demeure à la traîne car il ne recueille que 2,1 % et
1,9 % des crédits à moyen et long terme en 2005 et en 2006. On
doit s'attendre au cours des prochaines années à un accroissement
très substantiel du volume de crédits destiné à ce
secteur si le Sénégal veut atteindre l'autosuffisance
alimentaire.
3- Complémentarité entre le secteur
bancaire et la micro finance :
Au Sénégal la distinction entre secteur
bancaire et secteur de la micro finance ; dans certains cas est sans
ambigüité. En effet les institutions de micro finances (IMF) ont la
réputation d'appliquer des taux d'intérêts
élevés et sont plus décentralisées. En outre le
secteur de la micro finance est plus lucratif que le secteur bancaire. Le
statut juridique donne une autre distinction entre banques et IMF. Les
établissements bancaires sont sous la tutelle de la banque centrale et
sont réglementés par la loi bancaire, tandis que les structures
de micro finance sont sous celle du Ministère de l'Economie et des
finances, et réglementées par une loi spécifique (Fall
François Seck (2010)). Mais dans certains cas, cette
différentiation enter Banque et IMF reste flou ; certaines banques
s'immiscent dans le secteur de la micro finance (BRS) et d'autres qui peuvent
avoir un statut de banque mais restent toujours IMF (CMS - Crédit Mutuel
de Sénégal).
ngorsecka@yahoo.fr/ngorsecka@hotmail.com
CHAPITRE II
REVUE DE LA LITTERATURE SUR
L'INSUFFISANCE DU CREDIT BANCAIRE
Introduction :
La littérature qui traite du crédit
bancaire repose sur l'impacte de ce dernier sur le secteur réel (A.
Smith), le rôle très important que ce dernier puisse jouer dans
l'initiative d'innover (Schumpeter) mais également le rôle du taux
d'intérêt et les risques qui animent le métier du
banquier.
Ce chapitre mettra en revue non seulement cette
littérature théorique qui traite des facteurs qui peuvent
engendrer un rationnement du crédit après avoir expliqué
le fonctionnement d'un système bancaire mais également une
littérature empirique c'està-dire des études menées
par des chercheurs en privilégiant le cas du
Sénégal.
Ainsi ce chapitre sera divisé en deux
principales parties. Dans la première, nous traiterons de la
littérature théorique et la deuxième et dernière
partie sera consacrée à la littérature
empirique.
Section I- Revue de la littérature
théorique :
Cette section qui traite de la littérature
théorique est divisée en deux grandes parties. En première
lieu nous ferons un rappel sur les banques ainsi que leurs activités et
deuxième lieu nous traiterons la théorie économique
bancaire.
A- Quelques éclairages théoriques sur les
banques et leurs activités :
1- Les différents types de banques :
> Les banques de détail ou traditionnelle :
Leurs activités sont
principalement orientées vers une clientèle
non financière (ménages, entreprises, collectivités), avec
une prédominance de la collecte de dépôt et de l'octroi de
crédits ;
> Les banques de marché : elles sont
spécialisées dans les opérations
sur les marchés de capitaux et
caractérisées par la prédominance des opérations
sur titres, sur instruments financiers, interbancaires et la quasi absence
d'opération avec la clientèle non financière ;
> Les banques d'affaires : spécialisées
dans les prises de participation
dans l'industrie, elles se caractérisent par
l'importance de leurs portefeuilles de titres (action, certificat
d'investissement) et le montant élevé de leurs fonds propres
;
> Les banques universelles : contrairement aux
précédentes,
qualifiées de banques
spécialisées, ces banques exercent toutes les activités
bancaires possibles et élargissent même leur gamme à
d'autres activités non bancaires (assurances par exemples4).
Il est important de signaler que ce modèle de banques universelles se
trouve avoir mieux résistés à la crise financière
de 2007, ceci pour trois raisons principales. D'une part, les banques
universelles sont généralement moins dépendantes des
marchés en matière de financement, compte tenu d'une large
clientèle de dépôt. Cet atout est devenu décisive
quand les marchés monétaires se sont bloqués, ce qui a
conduit à l'assèchement de la liquidité. D'autre part,
lorsque les activités de marché se sont effondrées avec
l'amplification de la crise, la banque de dépôts a alors pris le
relais pour fournir des revenus stables, jouant ainsi son rôle
d'amortisseur permettant de contrebalancer les lourdes pertes
enregistrées par la banque de financement et d'investissement (BFI). En
fin, ces établissements disposent également d'un large matelas de
fonds propres leur permettant de faire face aux
turbulences5.
A coté de ces banques il ya les « banques
»6 appelées :
> Les banques mutualistes et coopératives : Les
banques mutualistes
4 S. BRANA, M. CAZALS, P. KAUFFMANN (1999)
5 Mathieu Plane & Georges Pujals (2009)
6 Il serait plus judicieux d'utiliser le terme
d'Institutions de micro finance (IMF).
et coopératives ont été
créées, à l'origine, pour répondre à des
besoins spécifiques que les banques ne voulaient ou ne pouvaient
satisfaire : faire des crédits aux agriculteurs, aux artisans, aux
petites entreprises, c'est courir les risques et n'en recevoir des maigres
bénéfices.
Aujourd'hui, cette originalité s'est quelque
peu atténuée ; les agriculteurs sont minoritaires dans la
clientèle du Crédit Agricole et les PME ne s'adressent plus
exclusivement au Crédit Populaire.
Ces banques gardent cependant une
spécificité propre et peuvent être
caractérisées ainsi :
v' Une structure très décentralisée
assise sur leur statut
mutualiste : la cellule de base est l'échelon
local, organisme à capital variable détenu par les «
sociétaires », c'est-à-dire les clients de crédits
;
v' Des privilèges (souvent d'ordre fiscal)
consentis par les pouvoirs publics, mais qui s'atténuent ;
v' Relativement peu de grandes entreprises dans leur
clientèle. A titre d'exemples, nous pouvons retenir :
Le Crédit Agricole
Le Crédit Agricole est spécialisé
dans le financement des activités agricoles. De ce fait, permet de
promouvoir les activités en générales
délaissées par les banques fautes de garanties et de l'ampleur
des risques qu'elles courent en octroyant des crédits à haut
risques.
Le Crédit Mutuel est né de la même
idée, rendre possible l'accès aux crédits pour les
catégories défavorisées, de la même population, et
est assis sur la même base coopérative, que le crédit
agricole.
Le Crédit Populaire
Le Crédit Populaire peut être
considéré, en schématisant, comme un troisième
volet du système coopératif, s'adressant plus
particulièrement aux petites et moyennes entreprises (PME), le
Crédit Agricole tournant vers le monde rural, le Crédit Mutuel
vers les ménages.
On distingue :
v' Un système de cautionnement destiné
à prendre en charge une partie
des risques présentés par la
clientèle des banques populaires : les sociétés de caution
mutuelle.
v' Un réseau bancaire assis sur le même
principe coopératif avec unités locales, régionales et
fédératives : Les Banques Populaire.
Le Crédit Coopératif
Son capital est détenu par ses
sociétaires, qui appartiennent au secteur coopératif nonagricole
(coopératives de consommateurs, commerciales, de production, de
pêche maritime, de logement social, artisanales, des professions de
santé) et à certaines catégories d'institutions à
but non-lucratif. Ses ressources sont constituées en majeur partie par
le produit de ses emprunts obligataires, qui bénéficient de la
garantie de l'Etat. Le Trésor accorde des bonifications
d'intérêt sur les ressources obligatoires que la Caisse affecte au
financement des secteurs coopératifs, par des prêts à moyen
ou à long terme consentis à ses sociétaires.
2- Les prestations rendues par les banques :
> Le financement de l'activité : Pour faire
face à la concurrence, les
entreprises se doivent d'accorder des délais de
paiement à leurs clients ; elles doivent parfois subir des retards dans
les règlements ou assurer leurs approvisionnements en matières
premières.
D'une façon générale, une
entreprise peut avoir à faire face à des difficultés de
trésorerie soit en raison de la longueur du processus de fabrication
soit en raison de la lenteur des règlements des ventes.
Pour résoudre ses besoins de trésorerie,
l'entreprise va se tourner vers son banquier qui pourra lui proposer des
crédits à court terme ou des crédits à moyen et
long terme encore appelés emprunts financiers. Ces crédits sont
consentis aux entreprises pour remédier à des insuffisances
temporaires de capitaux. Pour le premier type en général
accordé par les banques, leur durée est inférieur à
deux ans et correspond à la nature du besoin à financer les
opérations suivantes : financement des approvisionnements, du stockage,
de la fabrication ou de la commercialisation.
> Le financement des investissements : Pour produire,
les
entreprises ont besoin de matières
premières, de main-d'oeuvre mais aussi de divers équipements :
terrains, constructions, matériel de fabrication, etc. ; l'ensemble de
ces équipements est appelé l'outil de production.
Que ce soit à la création ou pour des
nécessités de développement, toute entreprise se doit
d'investir, c'est-à-dire d'acquérir de nouveaux moyens de
production. Une foi mis en place, ils permettront à l'entreprise de
produire plus et dans de meilleures conditions, ce qui va lui permettre de
dégager des profits supplémentaires. Ce sont ces profits qui
permettront à l'emprunteur de rembourser sa dette.
Le financement de ces investissements se fait, en
effet, le plus souvent en ayant recours aux crédits bancaires,
conjointement bien sûr à l'autofinancement, à l'appel au
marché financier, ainsi que, dans certains cas, aux aides publiques (les
subventions).
Ces crédits bancaires, appelés
crédits d'équipement, financent des biens et des matériels
qui par leur fonctionnement vont générer les fonds
nécessaires à leur remboursement : c'est là leur
première caractéristique.
> Le financement du commerce extérieur : Les
opérations effectuées
avec l'étranger, sont appelées
opérations du commerce extérieur (Importations et Exportations).
Importateurs et exportateurs doivent disposer de moyens financiers
spécifiques à leur activité.
> La gestion des excédents de trésorerie
: Si les entreprises mais
également tout agent économique sans
oublier les IMF (qui nouent des partenariats avec certaines banques) ont
souvent des besoins de trésorerie, il leur arrive de disposer
d'excédents qu'elles peuvent placer selon différentes
formules.
> Intervention sur les marchés de capitaux :
Les banques ont de
nombreux besoins de capitaux pour faciliter la gestion
de leur trésorerie ou pour financer leurs investissements. Pour
répondre à ces besoins aussi variés dans leurs origines
que par la diversité des opérateurs, elles font souvent recours
au marché des capitaux où elles peuvent être
financées par d'autres banques : les plus importants sont le
marché monétaire et le marché financier.
> La gestion de comptes : Les banques offrent à
tout agent
économique un service de caisse,
c'est-à-dire un certain nombre de facilités pour la manipulation
de leurs fonds.
3- La notion de rationnement du crédit :
Le métier de banque rime avec des facteurs non
maîtrisables de façon certaine comme le risque d'où parfois
nous observons un rationnement sur le marché du crédit. Dans
cette partie, nous montrerons en quoi le marché du crédit est
différent des autres marchés. Pour ce, nous
réfléchirons sur la notion d'incertitude en mettant en
évidence la spécificité du marché du crédit
et les différents types de risques auxquels s'expose une banque
lorsqu'elle s'engage vis-à-vis d'un client. Dans un dernier point, la
notion de rationnement sera définie.
a) L'incertitude :
Le financement de projets est une activité
risquée en raison de la possibilité de non remboursement. Selon
la théorie néoclassique, dans un univers risqué, toutes
les situations possibles sont connues par les agents. Ils sont omniscients et
attribuent une probabilité (dite objective) de survenance à
chaque éventualité. Le risque est équivalent à
celui d'une loterie. Dans ce cadre, la banque et l'emprunteur
établissent un contrat
complet, de type Arrow-Debreu7. Ce contrat,
appelé contingent contraignant, spécifie les actions des deux
parties pour chaque état de la nature. Le problème de
l'incertitude sur le comportement de l'autre est donc écarté. Les
actions de chaque cocontractant sont vérifiables par un tiers, la
justice.
Knight (1921)8 estime que les agents
économiques ne connaissent pas les différents états de la
nature possibles ni les probabilités d'occurrence associées.
Selon son analyse, l'activité bancaire s'inscrit dans un monde incertain
plutôt que dans un monde risqué (Voir encadré). Pour faire
face à l'incertitude, les banques disposent de deux instruments. Le
premier consiste à prévoir la probabilité de survenance du
risque à partir de l'observation de fréquences empiriques. C'est
ainsi que procèdent les assurances. Le deuxième instrument,
suggéré par Knight est de nature complètement
différente. Il s'agit de l'utilisation de probabilités
subjectives établies par un spécialiste. Celui-ci se distingue
des autres agents par la qualité des probabilités subjectives
qu'il émet. Chaque agent connaît en effet ses propres
compétences à établir des prédictions, mais ignore
celles des autres. Il est alors tout à fait possible que deux agents qui
possèdent les mêmes informations ne partagent pas les mêmes
prédictions.
L'incertitude (cas où on ne fait pas
l'hypothèse que le décideur affecte des probabilités aux
états du monde) et le risque (cas où on ne fait
cette hypothèse) sont souvent distingués.
Cette distinction remonte à l'économiste
américain Franck Knight qui l'a proposée en 1921 dans son ouvrage
Risk, Uncertainty and Profit. Elle est antérieure à la
démonstration de Savage sur les probabilités subjectives (1954).
Knight s'intéressait au rapport entre profit et incertitude. Il
considérait que ce n'est pas le risque calculable (celui qui
peut se traduire par une distribution de probabilité) que le profit
rémunérait. Ce risque, disait-il, l'entreprise peut s'en
décharger en versant une prime d'assurance, qui s'analyse comme un
coût. En revanche, selon lui, le profit rémunérait le
risque non calculable et donc non mesurable, qu'il appelait
incertitude.
7 Le modèle d'Arrow et Debreu est une
théorie générale de l'incertitude sur les états
du monde (on appelle état du monde l'évènement qui
détermine la conséquence qu'a une action). En tant que
généralisation du modèle d'équilibre
général d'univers certain, cette théorie ne suppose rien
sur le fait que les agents soient capables ou non d'affecter une distribution
de probabilité aux états du monde.
8 Knight (1921) : «Risk, Uncertainty and
Profit»
b) Les différents risques auxquels sont
confrontées les banques :
Les banques sont confrontées à deux types
de risque : la réalisation de l'état défavorable de la
nature et le comportement de l'emprunteur.
+ Etat défavorable de la nature
Ce type de risque peut être divisé en
trois sous-groupes. Le premier sous-groupe concerne les caractéristiques
spécifiques du projet (qualité du matériel de production,
procédé de fabrication, prévisions financières...).
Si, avant même sa mise en oeuvre, le projet n'est pas viable ou a de
fortes chances d'échouer, l'état défavorable de la nature
a de grandes chances de se réaliser. Il est généralement
admis que l'emprunteur connaît les caractéristiques
spécifiques du projet. Dans ce cas, il peut cacher ces informations au
moment de la signature du contrat. Si la banque désire connaître
les caractéristiques spécifiques du projet, elle devra effectuer
des démarches coûteuses pour sélectionner les bons
projets.
Le deuxième sous-groupe concerne le secteur ou
plus exactement les débouchés du projet. On considère en
général que la banque est dans ce domaine plus apte que
l'entreprise à évaluer les probabilités de
réalisation du risque (c'est-à-dire à anticiper
correctement la demande). Elle peut en effet tirer des leçons de
l'expérience des autres clients. Mais tel n'est pas toujours le cas.
Ainsi, au cours de la période de croissance économique au
Cameroun, les banques ont surtout financé les secteurs basés sur
l'exportation des matières premières, et après
l'effondrement de leur cours et le déclenchement de la crise, beaucoup
de débiteurs ont été incapables de respecter leurs
engagements.
Une banque qui n'a pu identifier que le projet
était mal conçu ou que les débouchés étaient
limités est confrontée à un risque
d'anti-sélection. Le troisième sous-groupe de risques concerne
l'environnement économique. Dans ce cas, la réalisation de
l'état de la nature est complètement indépendante des
actions du prêteur et de l'emprunteur, et, dans les modèles, c'est
en général une variable aléatoire indépendante.
Dans les pays en développement, il y a des risques accrus que
l'environnement macroéconomique se modifie en devenant
défavorable à la réussite du projet. Au cas où ce
risque se réalise, l'entrepreneur concerné est
considéré comme malchanceux.
Le deuxième et le troisième sous-groupe
de risques, c'est-à-dire la difficulté à anticiper
la
demande et les éventuelles modifications de l'environnement, constituent
le risque
macroéconomique, contrairement au premier
sous-groupe qui représente le risque microéconomique.
+ Le comportement de l'emprunteur
Le deuxième type de risque est lié au
comportement de l'emprunteur. Il peut être divisé en deux
sous-groupes. Tout d'abord, le prêteur ne connaît pas les efforts
que fournira l'emprunteur pour mener à bien son projet. Au lieu de
raisonner en termes d'efforts de l'emprunteur, on peut aussi considérer
que l'emprunteur va utiliser le crédit pour entreprendre un projet plus
risqué que celui pour lequel il a obtenu le crédit. Ce
problème est généralement désigné sous le
terme d'aléa moral ex-ante. Le terme ex-ante signifie que le risque se
réalise avant que le projet n'aboutisse et ne permette de dégager
des revenus pour rembourser la banque. Celle-ci cherchera donc à diriger
le comportement de l'emprunteur par "le monitoring".
Si les risques identifiés ci-dessus
(état défavorable de la nature et efforts insuffisants fournis
par l'emprunteur) ne se réalisent pas et si le projet a
dégagé des revenus suffisants pour pouvoir rembourser le
prêteur, alors l'emprunteur tiendra ses engagements. Soit il est
honnête et révèle le montant réel des revenus
dégagés, soit la banque peut observer sans coût les revenus
dégagés par le projet. Si l'emprunteur a plus d'informations que
la banque sur la probabilité d'échec du projet (sur la
réalisation de l'état défavorable de la nature et sur son
propre comportement), il est question d'asymétrie d'information
ex-ante.
Le deuxième risque lié au comportement
de l'emprunteur concerne la communication à la banque des revenus
dégagés par le projet. Si les emprunteurs sont malhonnêtes,
ils annoncent à la banque des ressources inférieures à
celles dégagées pour ne pas honorer leurs engagements. Ce risque
est appelé aléa moral ex-post. Cette situation se produira
lorsque le non-remboursement procure un gain supérieur à la perte
engendrée par les coûts de défaillance, c'est-à-dire
par les pénalités pécuniaires ou non-pécuniaires
(mise en faillite) ou par la perte de réputation. L'asymétrie
dont est victime la banque est dite ex-post car elle est postérieure
à la réalisation du projet. Pour éviter ce risque, la
banque engage des recherches coûteuses9 afin de
connaître les véritables revenus dégagés par
l'entreprise.
9 Le parallèle avec le cas du fermier permet de bien
cerner les différentes sortes de risques. Le fermier reverse
un
certain pourcentage de sa production au propriétaire terrien. Le
risque aléatoire (état de la nature) est la météo,
le
risque spécifique du projet est la qualité des graines et
de la terre. L'aléa moral ex-ante est le travail et les efforts
c) La spécificité du marché du
crédit :
Sur les marchés néoclassiques, la
livraison du bien par le vendeur et le paiement par l'acheteur sont
simultanés, alors que sur le marché du crédit, le
prêteur et l'emprunteur échangent une promesse de remboursement.
Le risque de défaut s'explique par la différence entre cette
promesse et les remboursements effectués. Les prêteurs se
préoccupent donc d'évaluer la qualité de la promesse de
l'emprunteur, c'est-à-dire sa probabilité de
défaillance.
Une des activités principales des banques est
de collecter et de traiter des informations sur les emprunteurs potentiels. Les
informations ainsi accumulées par chaque banque sont non-transmissibles
(elles reposent en partie sur des critères subjectifs) et, de ce fait,
l'engagement est irréversible : le contrat de prêt n'est pas
négociable10.
De plus, la banque spécifie elle-même
les termes du contrat : elle définit le taux d'intérêt et
n'est pas un agent "price taker" comme sur les marchés
néoclassiques habituels. Le taux d'intérêt défini
par la banque comprend une prime de risque censée compenser la perte
encourue en cas de défaillance de l'emprunteur. Cependant, la prime de
risque ne peut être trop élevée car le taux
d'intérêt influence la qualité du crédit,
c'est-à-dire la capacité de l'emprunteur à respecter ses
engagements.
Contrairement aux prix sur les marchés
néoclassiques, le taux d'intérêt ne peut servir de variable
d'ajustement entre l'offre et la demande.
d) Définition de la notion de rationnement du
crédit :
Le terme rationnement est fréquemment
utilisé dans la littérature économique. Il signifie qu'une
banque refuse de prêter à un emprunteur potentiel aux conditions
demandées (quantités et taux d'intérêt). Il
désigne en fait les quatre différents cas de figure
suivants11 :
Dans une situation de rationnement de type 2, les
banques refusent de s'engager envers
certains emprunteurs alors qu'ils
présentent les mêmes caractéristiques que ceux
qui
obtiennent le crédit. De plus, ces emprunteurs sont prêts
à payer un taux d'intérêt plus
fournis par le fermier. L'aléa moral ex-post se produit
lorsque le fermier déclare au propriétaire que la récolte
a été très mauvaise (alors que ce n'est pas le cas) afin
de ne pas avoir à lui reverser le pourcentage prévu.
10 Les créances hypothécaires font
exception, elles peuvent être négociées sur un
marché secondaire étant
donné qu'elles sont assorties
d'une garantie (hypothèque) proche de la valeur du montant à
rembourser.
La titrisation permet également de
négocier des titres de créance. Ce phénomène n'est
pas encore très
répandu dans les pays en développement, et il
concerne certains types de contrats bien
spécifiques.
11 La présentation de ces quatre
définitions du rationnement est inspirée des travaux de Jaffee et
Stiglitz (1990).
élevé et à apporter des
collatéraux (c'est-à-dire des garanties) plus importants. La
plupart des modèles analytiques s'attachent à expliquer ce
phénomène. C'est notamment le cas des modèles de Stiglitz
et Weiss (1981) et de Williamson (1987). Le rationnement de type 2 est
qualifié de pur rationnement. Dans ce cas, la demande est
supérieure à l'offre et, contrairement aux modèles
néoclassiques, l'ajustement se fait par les quantités et non par
les prix car le taux d'intérêt influence la probabilité de
défaut de l'emprunteur. Le rationnement n'est plus simplement
considéré comme une situation de déséquilibre ou
comme un retard d'ajustement, c'est une situation d'équilibre durable,
qui se produit même en situation de concurrence pure et
parfaite.
Dans une situation de rationnement, que nous
appellerons de type 1, la banque accorde le prêt pour un montant
inférieur à celui qui a été demandé. Cette
définition repose sur l'hypothèse qu'il existe une relation
positive entre montant emprunté et difficultés de
remboursement.
Le troisième type de rationnement correspond
à un refus de prêter au taux d'intérêt
désiré par l'emprunteur. Ce troisième type de rationnement
découle de la différence d'anticipations des probabilités
de réussite du projet entre l'emprunteur et la banque, celle-ci
étant plus pessimiste, et désirant appliquer une prime de risque
plus élevée que celle souhaitée par
l'emprunteur.
Le quatrième type de rationnement est
appelé "red-lining" dans la littérature anglosaxonne. Dans ce
cas, les emprunteurs écartés se distinguent de ceux qui ont
obtenu le crédit car ils ont été identifiés comme
trop risqués par la banque : quel que soit le taux en vigueur, ils sont
exclus du marché du crédit. Dans ce cas, le rationnement ne
s'explique pas en termes d'apurement du marché et d'adéquation de
l'offre et de la demande par les quantités, c'est un refus de
prêter. Le "red-lining" correspond au rationnement le plus
communément observé dans la réalité ; nous en
analyserons les causes au Sénégal dans le chapitre
suivant.
B- Théorie économique et crédit
bancaire :
1- Le socle de départ :
Historiquement et pour l'essentiel, la pensée
économique de la grec antique se trouve dans les oeuvres de deux grands
auteurs : Platon et Aristote. Leurs idées en matière
économique apparaissent de façon incidente dans le cadre de leur
philosophie politique et sociale. Platon est hostile au libre échange.
Quant à Aristote, il distingue deux
catégories d'activités
économiques : l'économie domestique et la chrématistique
(échange monétaire lorsque le « bien-vivre » des
communautés ne peut pas être atteint de manière
autarcique). Au regard de ces analyses, la monnaie n'est utilisée que
dans le cadre des échanges et mieux, même pas toujours si le
« bien-vivre » des populations peut être atteint sans
échange avec l'extérieur. La théorie classique, d'autre
part, inaugure une tradition en analyse économique, celle de la
primauté de la notion d'enrichissement réel (et non
monétaire), la définition du concept de capital et celle du
financement de ce dernier par l'épargne disponible. En d'autres termes,
c'est l'épargne pour Smith, qui permet une accumulation du capital et
non le crédit bancaire. Dans son ouvrage, l'accroissement de Richesse
des Nations (l'objet de l'ouvrage même) dépend de la division du
travail et de l'accumulation du capital.
Celle - ci est le résultat de l'épargne
du revenu net, c'est-à-dire de la masse totale du produit annuel de la
nation déduction faite des dépenses d'entretient du capital fixe
et circulant. Cette épargne est soit transformé en
autofinancement des entreprises soit prêtée sur le marché
financier. La tradition sera poursuivi par Ricardo selon lequel le capital ne
peut être accru par les opérations bancaires, ni le volume des
échanges par la monnaie de papier (neutralité de la monnaie).
Comme pour Smith, le taux d'intérêt est déterminé
par le secteur « réel » de l'épargne, le taux de profit
des entreprises. Ainsi monnaie et capital sont clairement distingués.
Selon Smith, il n'existe pas de véritable marché de la monnaie et
de la régulation du marché pour la monnaie; c'est pourquoi il
substitue une régulation par le marché du crédit et les
banques qui permettent d'introduire la monnaie bancaire dans la
circulation.
Si les banques n'ont pas d'influence sur le taux
d'intérêt (ou prix du capital) la monnaie bancaire a un rôle
à jouer, et ce rôle est plus important chez Smith que chez Ricardo
car il articule monnaie et crédit. Comme le note Perlman (1989,
page.79), si seul l'épargne finance l'investissement dans le cadre de la
macroéconomie smithienne, quel est le mécanisme qui garantit que
« toute augmentation des prêts correspond à une
décision de ne pas consommer par certains, ce qui rend des ressources
disponibles pour accroitre le capital », lorsqu'il existe des banques qui
font du crédit ? Seulement l'opération de crédit par les
banques ne fournit pas forcément d'indication sur les décisions
d'épargner qui ont été faites dans l'économie. Les
banques introduisent une opacité de l'information ; car il existe une
information privée de la banque sur ses actifs (leur
valeur et leur qualité ne peuvent être
observés sans coûts) c'est la différence entre la finance
de marché et la finance bancaire. Pour la résoudre, Smith
construit sa théorie bancaire. Celle-ci a donc des implications
macroéconomie. Mais elle est fondée micro économiquement.
Pour Smith, bien que les banques créent de la monnaie à
l'occasion de leur crédit, celle-ci ne remplace qu'une partie de leur
capital circulant ; celui destiné à faire face aux
dépenses courantes qui étaient purement « oisif » et ne
rapportait aucun profit (donc un capital un peu particulier) et qui est de plus
un capital qui coûte pour son entretient (donc diminue le surplus qui
peut être épargné en vue de la croissance). Car si les
banques permettent la substitution du papier au métal, elles permettent
aux marchands et à la société de diminuer les coûts
d'entretien de la circulation monétaire et financent seulement une
encaisse de transaction, donc une partie du capital qui fonctionne comme
monnaie et non tout le capital des marchands qui sert à faire des
investissements à long-terme. De plus, au niveau microéconomique,
il y a alors augmentation de capital productif même si l'épargne
n'a pas augmenté. A ce niveau, Smith note les effets positifs du
crédit bancaire.
2- Instabilité du crédit et
réglementation bancaire :
De nombreuses études, dans la
littérature relative aux activités bancaires et plus
généralement dans l'organisation industrielle, ont mis en
évidence un rapport positif entre la rentabilité et les
structures du marché. Le modèle SCP
(StructureComportement-Performance) établit un rapport
général entre les déterminants de la performance de
marché. Cette corrélation dans les marchés bancaires,
comme le fait remarquer Gilbert (1984), « a été
lancée dans les années 60, quand les organismes
fédéraux de régulation bancaire ont commencé
à répondre à la nouvelle condition légale au sujet
des effets de fusion des banques sur la concurrence ». Le modèle de
SCP affirme que les banques peuvent extraire des rentes monopolistiques sur des
marchés concentrés par leur capacité à offrir des
taux de dépôts inférieurs et des taux de prêts plus
élevés. Ce qui reflète un niveau des prix moins favorable
aux consommateurs sur des marchés plus concentrés, en raison de
la collusion ou à d'autres formes de comportement non concurrentiel.
Plus le nombre de firmes est petit et plus concentré est la structure du
marché, plus grand est la probabilité que les firmes
opérant sur le marché réalisent une configuration commune
de pris-produit qui approche la solution monopolistique.
Empiriquement, la relation SCP est habituellement
examinée au regard du rapport entre la rentabilité et la
concentration du marché avec une corrélation positive indiquant
le comportement non concurrentiel sur des marchés concentrés. Une
théorie relative est l'hypothèse relative au pouvoir de
marché qui affirme que seules les firmes possédant de grandes
parts de marché et des produits biens différenciés peuvent
exercer un pouvoir de marché en évaluant ces produits et
réaliser des profits très élevés (Berger,1995).
Alors ces performances sont étroitement liées au niveau du
crédit octroyé par la firme bancaire. Beaucoup d'études
empiriques sur le modèle SCP appliqué au secteur bancaire ont
été réalisées (une large revu de littérature
est couverte par Rhoades (1977), Gilbert (1984), Molyneux et autres (1996) et
Staikouras (2001)).
A. Smith a préconisé des
conséquences de l'instabilité du crédit : le risque
systémique (contagion en cascade d'une crise). D'une part les banques
peuvent être imprudentes, ne pas suivre les règles de bonne
gestion privé, ou, si elles les suivent, elles peuvent être
trompées. Selon Smith (1776), les déséquilibres
microéconomiques au niveau d'une banque ont des conséquences
macroéconomiques. L'équilibre général entre
l'épargne et l'investissement repose sur les comportements bancaires qui
ne doivent pas fausser l'information transmise.
3- Le crédit bancaire et la croissance
économique :
Certains modèles financiers de croissance
endogène -Bencivenga et Smith (1991)12, M. Pagano
(1993)13, King et Levine (1993a et b)14 - insistent aussi
sur le rôle du développement financier dans le mécanisme de
la croissance économique. Ces modèles mettent ainsi en exergue
l'impact positif du système financier car il permet, par son rôle
de collecte d'information sur les projets d'investissement, une meilleure
allocation des ressources financières15. En particulier,
Bencivenga et Smith (1991) montrent que, pour un même niveau
d'épargne globale, une meilleure gestion du risque de liquidité
par les
12 V. R. Bencivenga et B. D. Smith (1991). « Financial
intermediation and endogeneous growth », Review of Economic
Studies, avril, vol. 58, n° 2, pp.
195-209.
13 M. Pagano (1993). « Financial markets and growth, an
overview », European Economic Review, n° 37, n° 2-3,
pp. 613-622.
14 R.G.King et R. Levine (1993a). « Financial
intermediation and economic development », in Capital markets and
financial intermediation, C. Meyer, X. Vives (eds).,CEPR,Cambridge
University Press,London, pp.156-189. R. G. King et R. Levine (1993b). «
Finance and growth : Schumpeter might be right », The
Quarterly
Journal of Economics, vol. 108, n° 3, pp.
717-737.
15 Pour plus d'informations, on peut se référer
à l'article de J.-C. Berthélemy et A. Varoudakis (1998). «
Développement financier, réformes financières et
croissance - une approche en données de panel », Revue
Economique, vol. 49, n° 1, pp. 195-206.
banques permet d'accroître la part de
l'épargne destinée à des placements plus productifs. Ce
résultat établit ainsi une relation théorique positive
entre le système bancaire et la croissance
économique.
La théorie de Modigliani-Miller (1958)
considère que la théorie bancaire s'est donné de nouveaux
fondements microéconomiques en mettant en cause le paradigme de
l'information complète et de l'existence d'un système complet de
marché qui aboutissait à considérer le système
financier comme neutre et sans action sur le secteur réel.
La question qui s'est posée très
tôt est celle de savoir si la finalité du crédit bancaire
est le financement de la croissance et à quelles conditions. A cette
occasion, a été mise en évidence la fonction
spécifique des banques dans le traitement du risque de
solvabilité avec la contribution de A. Smith dans la Richesse des
Nations, 1776, au livre 2 consacré à l'accumulation du capital et
aux banques avec la traduction française par G.Garnier en 1881. Les
implications au niveau du financement de l'innovation et des investissements de
long terme n'en sont tirées que plus tard par J.Shumpeter (1939) qui
approfondit cependant les bases dégagées auparavant au niveau de
la sélection des emprunteurs et la réduction des
asymétries d'information. 16
4- Effets des taux d'intérêt :
Adam Smith propose de réglementer les taux
d'intérêt afin d'éviter les comportements de prise de
risque immodérée des spéculateurs qui sont à
l'origine du risque de défaut auquel elles ne peuvent se
protéger, ni protéger la société .Il n'y a pas de
régulation de marché efficace mais une défaillance de ce
dernier. En quelque sorte, ce type de réglementation joue le rôle
de régulation prudentielle indirecte. En effet A. Smith montre que
l'existence d'un taux d'intérêt très élevé
(au-delà du taux normal du marché sur les meilleurs signatures)
sur les emprunts tend à augmenter la demande des emprunts trop
risqués (les «faiseurs de projets ») car ils peuvent seuls
envisager de payer les charges de remboursement (le rendement de leur projet
est élevé mais leur probabilité de remboursement est
faible)17au détriment de celle des « hommes prudents
» (effet d'antiselection). Ce sont justement ces mauvais emprunteurs qui,
notamment en émettant les « lettres de change circulantes »
indétectables par les banques, les
16 Shumpeter(1939), traduction original de«
the role of Money and Banking in the Process of Evolution »,chapitre 3,de
Bisiness Cycles : A Theorical Historical and Statical Analysis of the
Capitalist Proces,volume 1,1939 .
17 A.Smith (1776),p446
conduisent à la faillite et à la
destruction de capital. Le seul moyen de les empêcher est alors une
action indirecte de l'Etat qui fixe un plafond réglementaire au taux
d'intérêt : on limite ainsi l'afflux de ces « mauvais »
emprunteurs et évite l'éviction des bons. Même analyse
faite par J. Stiglizt en citant cette remarque de Smith. Le modèle de
Stiglizt-Weiss (1981) donne, en effet, des éclaircissements sur l'effet
de taux d'intérêt haut mais aussi d'un niveau bas des taux
d'intérêt (vor encadré).
Rationnement du crédit
J. Stiglitz et A. Weiss (1981) presentent un modele de
rationnement de credit dans lequel, parmi des emprunteurs identiques, certains
regoivent un prat et d'autres non. ~ We reserve the term credit rationing
for circumstances in which either (a) among loan applicants who appear to be
identical some receive a loan and others do not, and the rejected applicants
would not receive a loan even if they offered to pay a higher interest rate ;
or (b) there are identifiable groups of individuals in the population who, with
a given supply of credit, are unable to obtain loans at any interest rate, even
though with a larger supply of credit they would * J. Stiglitz et A. Weiss
(1981, p.394- 395).
Les emprunteurs potentiels qui ont ete rejetes ne
pourront pas emprunter, meme s'ils indiquent leur volonte de payer plus que les
taux d'interets du marche. Dans ce contexte, le taux d'interets qu'un individu
accepte de payer agit comme un moyen de discrimination car seules les
entreprises dont le projet est a haut risque accepteraient d'emprunter a de
telles conditions. Par consequent, l'accroissement du taux d'interet peut
accroitre le risque du portefeuille de prat de la banque en provoquant une
degradation de la qualite et donc de la rentabilite des actifs bancaires, dans
la mesure o:, elle se traduit par un accroissement de la proportion de mauvais
emprunteurs, ou si elle incite au developpement de projets plus risques (qui
ont d'ailleurs une probabilite de succes plus faible mais des rendements plus
eleves en cas de succes).
Ainsi, un taux d'interet unique ne peut equilibrer le
marche du credit. S'il est trop bas, la rentabilite des prets n'est pas
assuree, s'il est trop haut les projets les moins risques seront dissuades.
L'equilibre va se faire par les quantites. Les emprunteurs qui semblent les
plus risques sont rationnes. Dans ces circonstances, les restrictions de credit
prennent la forme d'une limitation du nombre de prets et non d'une limitation
de la taille de chaque prat ou d'une limitation par le taux d'interet paye en
faisant dependre celui-ci de l'amplitude du prat. L'appreciation realisee par
le banquier ne permettrait pas de s'approcher autant qu'il serait souhaitable
d'une tarification individuelle du risque de credit.
Il est donc interessant de noter ici que, lorsqu'il
n'est pas possible d'evaluer la probabilite de defaillance associee aux
demandes de credit des emprunteurs potentiels, la banque risque, en augmentant
ses taux, de selectionner les projets les plus risques (antiselection) ou bien
d'inciter les emprunteurs, après l'obtention de leur prêt, a
choisir des projets plus hasardeux pour accroitre leur gain en cas de reussite
(alea moral). La selection adverse temoigne par consequent de la difficulte
pour les investisseurs a discerner les meilleurs projets (M. Cherif,
1999).
3. STIGLITZ ET A. WEISS w Credit rationing in
markets with imperfect information * The American Economic Review, 1981,
vol. 71, n°3, pp. 93-410.
M. CHERIF w Asymétrie d'information et
financement des PME innovantes par le capital-risque * Revue d'Economie
Financiere, 1999, n°54, pp. 163-178.
|
Graphique 3 : Le modèle de rationnement du
crédit de Stiglitz et Weiss (1981)
4
3
1
2
Hypothèses :
Considérons une économie composée
d'une banque et d'un groupe d'emprunteurs ayant chacun un seul projet sur une
période. Chaque projet requiert un montant fini de fonds L, que chaque
promoteur doit obtenir pour monter son projet. Chaque emprunteur doit en
garantie une valeur C, avec C < L.
On va aussi faire l'hypothèse que chaque projet
requière un financement avec une distribution de remboursement F qui
dépend de R et O.
R : est le rendement du projet.
O : est le risque du projet.
Alors F = F(R, O).
Modèle :
Les projets rapportent R s'ils sont fructueux ou 0
s'ils échouent. L'emprunteur ne peut en aucun cas influencer R. Une
valeur plus élevée de O est considérée comme
représentant d'une augmentation du risque du projet.
L'emprunteur reçoit le montant fixé de
prêt L au taux d'intérêt contractuel r et les défauts
sur les prêts si le rendement du projet R plus (+) la valeur de la
garantie C sont insuffisants pour rembourser le projet.
La banque reçoit soit le montant contractuel total
(1+r)L soit le maximum possible R+C. Le rendement de la banque est donné
par le minimum de ces 2 valeurs :
Min{R+C, (1+r)L} ;
Comme le projet rapporte un rendement nul s'il
échoue, le rende ment de l'emprunteur est donné par :
Max{R - (1+r)L, -C} ;
Stiglitz et Weiss montrent que pour un taux
d'intérêt donné, il existe une valeur critique de O
notée õ telle qu'un agent empruntera pour investir si O >
õ. C'est-à-dire que le taux d'intérêt sert
d'instrument de sélection.
Le cadran (1) du graphique présente la demande
de prêt Ld et l'offre de fonds prêtable Ls.
La fonction de demande de prêt Ld est
représentée de façon standard comme une fonction
décroissante du taux d'intérêt r. Au contraire l'offre de
fonds Ls est considérée positivement liée au taux
d'intérêt jusqu'à un niveau ?, au-delà de ? l'offre
de fonds est une fonction décroissante du taux d'intérêt.
Les augmentations du taux d'intérêt au delà du taux
d'intérêt optimal de la banque entraine deux types de faits : un
effet de sélection adverse qui se traduit par une augmentation de la
valeur seuil õ et qui provient du fait qu'en augmentant le degré
de risque du groupe des candidats, les emprunteurs à faible risque se
retirent du marché. Deuxièmement, un effet d'aléa moral
qui apparait car d'autres emprunteurs sont appelés à choisir des
projets pour lesquels la probabilité d'échec est
élevée car en retour les projets plus risqués sont
associés à des rendements espérés plus
élevés. Des augmentations du taux d'intérêt
entrainent des effets de
sélection adverse et d'alea moral qui en
réduisant le taux de rendement attendu de la banque induisent des
montants de croissance faibles de crédits faits aux emprunteurs. Par
conséquent, la relation entre l'offre des fonds prêtables et le
taux d'intérêt contractuels devient négative et la valeur
de Ls décroit à droite de ?. La courbe de fonds prêtable
à une forme concave. Le taux de rendement espéré de la
banque noté ñ est le produit du taux d'intérêt
contractuel et de la probabilité de remboursement. En raison des effets
de sélection adverse et d'alea moral associé à
l'augmentation de r, la probabilité de remboursement baisse plus que
l'augmentation du taux d'intérêt au-delà du niveau seuil du
taux d'intérêt ?. Ainsi, la relation entre le taux de rendement
ñ et le taux d'intérêt r est donc non monotone comme
l'illustre la courbe RR du cadran (2). Un taux de rendement attendu plus
élevé augmente l'incitation à prêter ; il y a donc
une relation positive entre ñ et l'offre de prêt Ls
comme indiqué au cadran (3).
En fin le cadran (4) représente une ligne à
45o correspondant au montant des prêts
d'équilibre.
La valeur du taux d'intérêt contractuel
d'équilibre qui assure l'égalité entre l'offre et le
demande prêtable est obtenue au point A du cadran (1). Cependant,
l'équilibre de rationnement du crédit caractérisée
par un excès de demande est ?*. A ce taux d'intérêt, le
rendement ñ attendu de la banque est à son niveau maximum. Pour
la banque, le taux d'intérêt d'équilibre r* n'est pas
optimal car c'est à ? que le rendement est maximum (mais à ? il y
a rationnement).
L'hypothèse de rationnement du crédit de
Stiglitz et Weiss semble utile pour comprendre dans certains pays en
développement, notamment ceux des pays africains, le crédit est
sévèrement rationné avec des taux débiteurs des
banques insensibles à l'excès de demande de
crédit.
Le modèle de Stiglitz et Weiss permet aussi de
comprendre pourquoi dans nos pays, les banques commerciales détiennent
des réserves excédentaires de liquidité.
Dans un environnement dans lequel la probabilité
de défaut sur les engagements de prêts est élevée,
les réserves excédentaires tendent également à
être élevées.
5- Asymétrie d'information sur le marché
du crédit :
De quel moyen disposent les banques pour
contrôler leur prise de risque et détecter les « faiseurs de
projets » ? Elles ont tout d'abord l'avantage de gérer les comptes
de leurs propres emprunteurs, surtout si elles leur font crédit sous
forme de « découvertes », ce qui permet d'observer les
mouvements de ce compte et d'en tirer des
informations sur leur capacité à
rembourser ; la production conjointe de crédit et de monnaie, par les
banques est la source de leur raison d'être et de leur savoir faire dans
la réduction des asymétries d'information. Ce point est repris
par les auteurs contemporains comme Fama (1985). Seulement, il semble qu'en
agissant ainsi, cet asymétrie d'information est source d'insuffisance du
crédit bancaire car les banques ne prêtent qu'à ceux qui
ont déjà un compte bancaire.
De plus Smith leur conseille de suivre des règles
de bonne gestion. Elles ne doivent escompter qu'un seul type de traites, des
effets « réels » par opposition à des effets «
fictifs », et ne prêter qu'à court terme soit par escompte
soit par découverte. D.Diamond, qui a construit le modèle sans
doute le plus connu en ce domaine et qui est au centre de la théorie
contemporaine de la banque, débute son analyse par une
référence à Schumpeter, sans oublier le modèle de
Stiglizt et Weiss (1990) qui se réfère aussi à Schumpeter
; les banques sont des « comptables sociaux » (« social
accountants »).
Le modèle de Diamond rend compte du rôle
de « surveillant délégué » qu'assure la banque
et montre la supériorité de la solution bancaire par rapport au
financement direct par de multiples prêteurs sur un marché. Elle
est capable de résoudre à moindre coût le problème
de risque moral issu de l'information privé que détient
l'emprunteur. En effet, ce dernier peut « tricher » et invoquer la
mauvaise chance ou les difficultés économiques du secteur pour ne
pas révéler la réussite de son projet et ne pas
rembourser. L'avantage de la banque réside dans la réduction des
asymétries d'informations. Elle peut diminuer (par rapport à la
situation où il existe de nombreux prêteurs) les coûts de
surveillance de l'emprunteur grâce aux économies d'échelle,
une fois le contrat de prêt signé. Elle évite donc la
multiplication des coûts de vérification des emprunteurs (audit et
« sanction ») ou les comportements de passager clandestin de la part
des prêteurs. De plus, la délégation à
l'intermédiation financière de la surveillance par les
prêteurs individuels est exemple de risque moral qui pourrait être
encouru par ceux qui ont déposé, du fait des possibilités
de diversification de son portefeuille de prêts. L'intermédiaire
financier est donc décri dans ce modèle comme le siège de
l'articulation de deux relations d'agence : l'une entre les prêteurs
individuels et l'intermédiaire (le contrat de dépôt) et
l'autre entre ce dernier et l'emprunteur (le contrat de crédit). Les
coûts de délégation à l'intermédiaire
financier (coûts de surveillance de l'intermédiaire
lui-même) sont plus faibles que les gains provenant de
l'exploitation des économies d'échelles
dans le contrôle des emprunteurs. La nécessité d'une bonne
gestion de l'information est d'autant plus importante qu'une crise bancaire a
des effets très négatifs sur le système bancaire. Cette
dernière (crise bancaire) n'a pas seulement une influence en
deuxième lieu sur le secteur réel du fait de la diminution de la
quantité de monnaie mais aussi du fait de la destruction des relations
de clientèle des banques et du capital informationnel qui y est
lié.
Pour Diamond (1991), les effets de réputation
et l'analyse multi périodique forment le cadre de l'analyse : le
modèle de Diamond permet de bénéficier l'emprunteur de sa
réputation acquise quant aux résultats de ses projets et au
respect de ses engagements au niveau des conditions futures de financement.
Sharpe (1990) montre que les relations de long terme émergent de
façon endogène puisqu'une banque qui prête à une
firme (la banque « interne ») apprend sur elle plus (elle
reçoit un « signal » parfaitement exact du résultat du
projet). Ceci lui permet de faire bénéficier les firmes qui ont
réussi dans leurs projets de conditions meilleurs de financement
à la période suivante puisque leur probabilité de
succès apparait plus forte que pour les nouvelles firmes qui sont
inconnues de la banque. Les banques « externes », qui n'ont pas
prêté à ces firmes ne peuvent que proposer des conditions
moins bonnes (elles ont des coûts d'acquisition de l'information plus
forts). Les avantages de la relation de long terme sont aussi soulignés
par Haubrich (1989) dans le cadre d'une variante du modèle de Diamond
(1984). La banque, du fait de la relation de long terme, observe l'historique
des versements véritables de remboursement des emprunts. A partir de ces
informations, elle peut procéder à des teste statistiques. Il en
résulte que les rendements des projets peuvent être connus soit
directement par le méthode de la surveillance envisagée dans le
modèle de Diamond (1984), à chaque période, avec un
coût k, soit indirectement par le test statistique dont le coût est
a dans la relation de long terme, avec a<k . La banque compare le
résultat moyen déclaré au rendement moyen véritable
[E(Y)].
Si la moyenne des versements s'écarte de la
vraie moyenne, l'emprunteur est sanctionné, le crédit suspendu.
Seulement, il peut s'écarter, avec tolérance, de la moyenne dans
une certaine proportion.
Le risque de représailles de la part du
banquier du fait de la relation de clientèle est souligné par
Stiglizt et Weiss (1983). En cas de non-révélation de ses
résultats par l'emprunteur, la banque peut menacer de ne pas renouveler
le prêt.
Pour Mayer (1988), analyse la cause de l'insuffisance
du crédit dans la même lancée mais différemment. En
effet, il indique que la concurrence sur le marché financier
empêche les firmes comme les prêteurs de s'engager ensemble
à prendre des risques. Au contraire, les relations de long terme
bilatérales, et exclusivement entre banques et firmes permettent de tels
engagement qui sont avantageux. Dans ce cadre, prêteurs et emprunteurs
partagent ensemble une même information non utilisable par d'autres
prêteurs potentiels. Ceci incite les banques à maintenir leur
financement, même durant les périodes difficiles que traverse les
firmes, en retour l'emprunteur garantit à la banque qu'il lui sera
fidèle. Il peut donc être intéressant pour le prêteur
de restructurer le prêt pour compenser les pertes actuelles par des gains
futurs et à ne pas mettre en faillite la firme. Les banques peuvent
ainsi procéder à un lissage temporel des remboursements ou
à une péréquation des remboursements entre périodes
dans un horizon de long terme, ce que ne peuvent pas faire les
marchés.
A contrario, Von Thadden (1995) dénonce les
aspects négatifs de la relation de long terme. Il y a deux types de
firmes : les firmes de bonne qualité et celles de mauvaises
qualités. Chacune peut entreprendre soit des projets de court terme soit
des projets de long terme. Les projets de long terme sont en
général plus profitables mais ils se caractérisent par des
rendements plus faibles en matière période que ceux de court
terme. Comme les prêteurs ne peuvent connaître à priori le
type de firme, ils ne peuvent avoir confiance aux firmes. Les bonnes firmes
sont tenues alors d'investir dans des projets à court terme.
Rajan (1992) a montré que la position de
monopole acquise par les banques internes (banque qui a déjà
financé) oblige la firme qui a un faible pouvoir de négociation
à laisser une grande partie de ses profits à cette banque ; elle
va donc chercher à diversifier ses ressources de financement faisant
appel à d'autres banques. Si ceci incite la firme à choisir des
projets plus efficients, ce sera bénéfique pour la firme et la
banque interne elle-même.
Section II- Revue de la littérature empirique
:
Cette section comme la précédente sera
divisée en deux parties. D'une part les travaux menés à
travers le monde seront traités et d'autre part ceux menés en
Afrique de l'ouest.
A- Travaux empiriques menés à travers le
monde :
Le rôle de la finance d'une manière
générale, dans une économie, n'est plus à
démontrer. En première lieu, ces études reposent surtout
sur le type de banque à mettre en place pour stimuler l'investissement
accroitre ainsi le produit intérieur à travers un crédit
intérieur de masse. Ce type de banque a commencé à
être mis en place, pour la première fois en France, au
XIXe siècle, à la suite de l'action de J.Laffite qui
fonda la Caisse Générale du Commerce et de l'Industrie, puis fut
repris par les frères Pereire lorsqu'ils créèrent le
Crédit Mobilier en 1852 qui participa surtout au financement des chemins
de fer et moins à celui des manufactures selon Kindleberger (1993). Il
s'agit d'une innovation majeure dans l'histoire financière de la France
et de l'Europe qui servira de prototype ultérieurement pour les banques
de financement de l'industrie en Allemagne et dans l'ensemble de
l'Europe.
Les banques allemandes furent d'abord des banques
privées familiales ; puis se formèrent des sociétés
par actions au milieu du XIXe siècle. La Dresdner Bank, par
exemple, a été créée spécialement pour faire
des prêts à l'industrie ; à cette époque les
marchés financiers ne participaient pas à ce financement, mais
plutôt à celui de la finance publique.
Des travaux contemporains s'interrogent sur les
performances des différents systèmes financiers vis-à-vis
des choix d'investissement et de la croissance (R. Levine (1971)). On distingue
aujourd'hui deux type de système financiers : les systèmes
centrés sur les banques tels ceux de l'Allemagne et du Japon (plus
précisément appelés système de « house banks
» où les relations entre banques et firme sont étroites et
de long terme) et, dans une moindre mesure celui de la finance, et ceux
centrés sur les marchés tels ceux des Etats Unis et de la Grande
Bretagne où la concurrence est forte et les relations entre
prêteurs et firmes plus distantes.
Pour Anne JOSEPH (2004), qui a mené une
étude dont l'objectif principal est de
comprendre pourquoi, au
Cameroun, les banques rejettent la plupart des demandes de
financement d'investissements productifs
émanant d'entreprises locales. Pour ce dernier certaines banques
camerounaises manquent de liquidités, il note en effet que c'est l'objet
de son étude, mais paradoxalement d'autres dégagent une
surliquidité. D'une part il note le manque d'institutions
d'accompagnement des entreprises dans leur demande de crédit comme les
sociétés de capital-risque et les sociétés de
crédit-bail ; d'autre part, il note le manque de coopération et
d'entente entre banquier et population. Pour mettre en exergue la
nécessité de chercher des solutions au rationnement du
crédit, il serait judicieux de revenir sur les relations secteur
réel-secteur financier. Ainsi certains auteurs pensent que c'est le
secteur financier qui profite du secteur réel. En effet pour Jean-Paul
Pollin (2009)18 la croissance mondiale a principalement
concerné les pays émergents (La Chine bien sûr, les pays
producteurs de pétrole, certains pays de l'Est...). Il ajoute que les
surplus dégagés par ces pays sont transférés vers
les pays développés via les places financières. Ceci est
défendu par d'autres auteurs. En effet pour ces derniers, le
développement financier est endogène puisqu'il est la
conséquence directe de l'accroissement des besoins - donc de la demande
- de services financiers engendré par le développement
économique. Les analyses traditionnelles considèrent que la
sphère réelle de l'économie se développe de
manière autonome et le système financier ne joue qu'un rôle
passif en ce sens qu'il s'adapte aux besoins de financement de
l'économie réelle. C'est donc la croissance économique
qui, par la demande de services financiers spécifiques, induit le
développement du système financier. Le processus de croissance
économique entraîne un élargissement continu des
marchés financiers avec des produits financiers innovants
nécessitant une diversification accrue et adéquate des risques et
une meilleure maîtrise des coûts de transaction.
H. T. Patrick (1966)19 a été
l'un des premiers à s'interroger sur la possibilité d'une
causalité inverse entre développement financier et croissance
économique. Pour lui, le sens de causalité entre ces deux
variables dépend du stade de développement économique d'un
pays. Dans les phases initiales du développement, c'est l'offre de
services financiers qui permet de promouvoir la croissance économique.
Cette phase appelée « supply leading
» correspond à la mobilisation et au transfert des
ressources du secteur traditionnel vers le secteur moderne autorisant ainsi le
financement de projets plus efficients car incorporant des technologies
innovantes. Toutefois, avertit M. Pagano
18 Jean-Paul Pollin « Quel système
bancaire pour l'après crise » Juillet 2009
19 H. T. Patrick (1966). « Financial development and
economic growth in underdeveloped countries », Economic Development
and Cultural Change,vol. 14, n° 2, pp. 174-189.
(1993), l'approfondissement financier peut parfois
entraîner des effets défavorables à la croissance
économique. Il pense en particulier au fait qu'une distribution plus
importante de crédits aux ménages accroisse leur consommation au
détriment de leur épargne.
En revanche, dans la phase de maturité du
processus de développement, c'est la croissance économique qui
induit le développement du système financier : c'est la phase
dite de « demand following » où le
secteur financier s'accommode à satisfaire les demandes de services que
lui adresse le secteur réel.
S'intéressant à la même
problématique de la causalité entre développement
financier et croissance économique, W. Jung (1986)20 confirme
les propositions théoriques de Patrick (1966).
Dans cette optique, le FMI (1996)21,
analysant les performances des pays en développement, affirme que le
niveau actuel du développement financier détermine le niveau
futur de la croissance économique.
B- Résultat d'études empiriques menées
en Afrique de l'ouest :
1- Cas de l'UEMOA :
L'UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest
africaine) est une zone monétaire qui comprend sept pays, anciennes
colonies françaises (le Bénin, le Burkina Faso, la Côte
d'Ivoire, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo) et la
Guinée Bissau qui y a adhéré en 1997. Ces pays partagent
une monnaie commune : le Franc CFA qui est arrimé à l'euro depuis
2000, selon une parité fixe (1 euro = 655,65 F CFA). L'UEMOA fait partie
d'un ensemble plus grand de zone monétaire que constitue la Zone Franc.
En fait, après les indépendances, les anciennes colonies
françaises signent un accord de coopération monétaire
entre leurs Etats réunis au sein de deux sous ensembles (la CEMAC et
l'UEMOA) et la France (France d'outre-mer y comprise). Cet accord consiste en
une garantie du trésor français apportée à la
valeur des deux Francs CFA. De cet accord de coopération découle
plusieurs avantages dont bénéficient les pays membres de cette
zone, bien sûr des inconvénients sont aussi à noter. Ces
pays sont à l'abri des
20 W. S. Jung (1986). « Financial development and economic
growth : international evidence », Economic Development and Cultural
Change, vol. 34, n° 2, pp. 333-346.
21 FMI (1996). « Pays en développement : défis
des marchés de capitaux et performances économiques »,
Perspectives de l'économie mondiale, octobre, pp. 62-84.
incertitudes de la valeur d'une monnaie sous un
régime de change flottant et bénéficient de la
crédibilité de la monnaie ancre. Ainsi, la Zone Franc a
été fondée dans le but de maintenir un cadre
institutionnel favorisant la stabilité macroéconomique, mais
également le développement
économique22.
Des travaux menés par Jean-Placide KEZA
(2010)23 ont permis de constater que sur le plan des croyances,
l'Afrique subsaharienne, présente ceci de particulier, qu'elle n'est pas
un ensemble homogène ; contrainte au crédit bancaire. On y trouve
à la fois des animismes, des chrétiens, des musulmans, des
hindouistes et des bouddhistes. Même si toutes ces religions ne sont pas
totalement compatibles avec le « développement économique
» c'est l'islam qui s'avère plus rétive à toute
idée de profit. Or une bonne partie de la population en l'Afrique
étant islamisé (l'Afrique de l'ouest), il s'ensuit que toute
activité ou initiative ne peut pas être déconnectée
de ce milieu culturel.
Dans la doctrine islamique l'argent en soi est
improductif et ne sert que d'instrument de mesure de la valeur de biens. Il ne
peut donc être considéré comme un bien en soi, dont le prix
serait fixé par l'offre et la demande. Par conséquent le «
riba » (l'augmentation non justifiée des montants
prêtés) est interdit par l'islam.
En dehors de l'injustice sociale, fondement commune de
cette interdiction aux trois religions monothéistes, une autre raison
explique la position de l'islam. En effet pour l'islam, le capital (argent)
n'est qu'une mesure de la richesse et non la richesse ellemême. Il ne le
devient que grâce à son association avec le travail de l'homme.
Par conséquent l'intérêt comme prix de l'argent
épargné n'est pas justifié. Une telle justification
n'existera que si cette épargne était investie en vue de
créer plus de richesses.
Selon les économistes musulmans, les fonds
disponibles dans le système non islamiques sont souvent susceptibles
d'être alloués à des emplois purement spéculatifs et
ne profitent pas nécessairement aux projets les plus productifs. Ce qui
conduit à une mauvaise allocation de ressources et représentent
une entrave à l'emploi.
De même, l'intégration du prix de
l'argent dans la valeur de bien induit de l'inflation dans la
société, l'ensemble affecte la croissance et le bien être
de la société civile. En définitive, pour la
majorité des musulmans tout intérêt même pour les
crédits productifs reste interdit, puisque le « riba » est
interdit, tout remboursement au-delà du montant
original d'un prêt est donc illicite. Par
conséquent l'activité bancaire dans une région à
dominante islamique doit être établie sur la base de ces
principes. Le secteur bancaire et financier doit donc offrir des produits qui
reflètent l'ensemble de ces conceptions. Dés lors Jean-Placide
KEZA propose comme solutions l'association des banques classiques avec les
banques islamiques pour fournir des financements mixtes où le taux
d'intérêt prohibé est remplacé par un taux de
rendement sur des activités réelles.
En plus de ce facteur religieux, il constate que les
pratiques traditionnelles d'épargne et de crédit ont toujours
existé en Afrique subsaharienne. Son importance a amené de
nombreux experts et chercheurs à s'intéresser à ce qui est
appelé la finance informelle. Sous cette appellation on retrouve tous
les flux financiers générés par le réseau des
marchands, de prêteurs professionnels, des amis, de la famille, des
gardes monnaies ainsi que des tontines. Ces flux qui échappent au
secteur bancaire constituent un ensemble fort disparate qui ne doit son
unité qu'a la proximité des relations entre les débiteurs
et les créanciers.
ARY TANIMOUNE Nasser (2002) après une
étude sur l'UEMOA trouve une prédominance des crédits
à court terme qui s'expliquerait par l'aspect gestion de risques. En
effet, par exemple le financement à long terme fait appel à
certaines dispositions de gestion de risques de liquidité et de taux, en
plus des risques de crédit et d'insolvabilité (de Coussergues,
1996). A cela s'ajouterait la capacité limitée de l'absorption
des crédits bancaires (Eboué 1998). Par ailleurs, on remarque que
les banques dans l'Union sont en moyenne sur- liquides : le niveau des
réserves obligatoires constituées par ces derniers auprès
de la BCEAO représentaient en moyenne en juin 1999 sept fois le montant
requis. Toutefois, cette caractéristique des systèmes bancaires
nationaux dans l'UEMOA semble commune à de nombreux autres
systèmes bancaires. En effet, dans une récente étude
empirique sur le comportement des banques, Demergüç-Kunt,
Detragiache & Gupta (2000) trouvent que contrairement aux conclusions de
nombreuses analyses théoriques, d'une part les dépôts
bancaires se sont plutôt accrus et d'autre part, les crédits
bancaires ont connu une baisse même pour les banques qui sont
relativement peu affectées par la crise.
2- Cas du Sénégal :
S.A.Dieng (2010) après une étude sur la
Contribution du système bancaire sénégalais
au
financement de l'économie nationale a constaté qu'au cours de ces
dernières
années, le faible niveau de croissance du
crédit à l'économie s'explique essentiellement
par une moindre vigueur de l'activité
économique - engendrant un fléchissement de la demande de
crédit - et par une probable amélioration sensible de la
trésorerie des grandes entreprises qui en sont les principales
bénéficiaires. Pour mener cette étude, il procède
à une analyse dans le court terme en s'intéressant aux
données bancaires de la période récente. Dans une seconde
étape, c'est la perspective de longue période qu'il a
privilégié.
Tableau : Quelques statistiques et ratio
relatifs au système bancaire sénégalais
Année
|
2004
|
2005
|
2006
|
Masse monétaire
|
1445,8
|
1565,2
|
1750,9
|
Dépôts à terme en banque
|
538,3
|
582,4
|
645,5
|
Crédit intérieur
|
880,9
|
1032,1
|
1122,7
|
Crédit à l'économie
|
856,9
|
1066,9
|
1111,6
|
dont crédit à court terme
|
551,2
|
661,9
|
603,4
|
dont crédit à long terme
|
305,7
|
405
|
508,2
|
Evolution en % du crédit à
l'économie
|
-
|
24,5
|
4,2
|
Crédit à l'économie/masse
monétaire en %
|
59,3
|
68,2
|
63,5
|
Crédit à court terme/crédit à
l'économie en
|
|
|
|
%
|
64,3
|
62,0
|
54,3
|
Source : BCEAO (2007). Bulletin de
statistiques monétaires et financières,
décembre, 115 p, p. 68. Les calculs des ratios et des pourcentages sont
effectués par nous (d'après S.A.DIENG).
Sur la période spécifiée, l'examen
à vue du tableau ci-dessus révèle que la part du
crédit
à l'économie n'atteint pas 70 % de la masse
monétaire. Cette part s'établit à 59,3 % en
2004 et
68,2 % en 2005 mais elle régresse d'environ 5 points pour se fixer
à 63,5 % en
2006. Bien qu'enregistrant une hausse en termes
absolus sur la période, le crédit à l'économie a
significativement diminué en termes relatifs : son taux de croissance
est passé de 24,5 % entre 2004 et 2005 à seulement 4,2 % entre
2005 et 2006.
L'insuffisance du crédit ne date pas
d'aujourd'hui. En effet selon S.A.Dieng, la principale source de
création monétaire en 1994 a été l'accroissement
des avoirs extérieurs nets, dû aux apports des bailleurs de fonds
bi et multilatéraux en appui aux mesures d'accompagnement à la
dévaluation et au retour de capitaux spéculatifs (soutien
technique). Aujourd'hui encore, les avoirs extérieurs nets
représentent environ 40 % de la masse monétaire. La contribution
des avoirs extérieurs nets à la création monétaire
est de 43,4 % en 2004, 39 % en 2005 et 41% en 2006.
En outre, il constate que le crédit bancaire est
inégalement réparti entre les différents secteurs de
l'économie.
Selon une étude faite par la Direction de la
Prévision et des études économiques (DPEE), « le
crédit bancaire est majoritairement attribué dans le court terme
à hauteur de 71,0%, contre 26,6% et 2,4% pour le moyen et le long terme
respectivement. Les principaux bénéficiaires du crédit
bancaire de court terme sont le secteur du commerce (29,3%), les industries
manufacturières (29,1%) et les crédits aux ménages
(13,6%). S'agissant du crédit bancaire à moyen terme, il est
principalement destiné aux crédits aux ménages (27,5%),
aux industries manufacturières (21,8%) ainsi qu'au secteur du commerce
(19,1%). Quant au crédit bancaire à long terme, il finance
essentiellement les crédits aux ménages et le secteur du commerce
à hauteur de 76,2% et 11,9% respectivement ».
Toutefois, la part du sous secteur des banques dans
l'économie nationale, affirme le Directeur de la DPEE, « n'est pas
si importante, mais il est de la banque comme il en est de l'énergie.
C'est-à-dire, si vous prenez la part du secteur
énergétique dans le Pib, il n'est pas important, c'est entre 2%
et 3% du PIB. Mais s'il n'y a pas un secteur énergétique,
l'économie est au point mort ». Dans la même foulée,
M. Diarisso24 rajoute que « sans un secteur bancaire actif, il
n'y a pas d'activités. Cependant, il y a un paradoxe. Pour autant, les
banques se développent au Sénégal, pour autant elles ne
financent pas l'économie si on voit ce qui se passe en Afrique du Sud,
en Malaisie, en Europe et même aux Etats-Unis par exemple
».
24 Directeur de la DPEE (Publié le 25 Mai
2009)
En 2008, le secteur bancaire a contribué
à hauteur de 24,6% au financement de l'économie, selon une
étude réalisée par la DPEE. Sur la période allant
de 2003 à 2008, cette contribution s'est située autour de 22,2%
en moyenne, contre un peu moins de 20,0% dans les pays de l'UEMOA.
Ce qui fera dire à M. Diarisso que « le
niveau de financement du secteur bancaire reste faible pour booster la
croissance économique. En effet, aux Etats-Unis d'Amérique, le
secteur bancaire finance plus de 90% de l'activité économique. En
Angleterre et au Canada, le financement bancaire de l'économie
dépasse 150%. En Malaisie, ce taux est d'environ 140%. Au Brésil,
le secteur bancaire finance environ 60% de l'activité économique
». Cette efficacité du secteur bancaire dans le financement des
activités porteuses de croissance économique est défendue
par beaucoup d'auteurs. En effet, S.A.Dieng (2010) montre que pour un nombre
important d'auteurs, dans la lignée de Schumpeter (1939), pensent que le
développement financier exogène, par l'offre de services
financiers adéquats, dynamise la croissance économique. Chez des
auteurs comme Goldsmith (1955,1969), Gurley et Shaw (1955, 1967) et Mac Kinnon
(1973, 1991), un système financier solide et efficace contribue au
développement économique. R.Levine (1996)25 fournit
les justifications théoriques de cette causalité en
évoquant, entre autres, le fait qu'un système financier
développé permet une allocation optimale des ressources et promet
l'échange de biens et services. En effet, la présence d'un
système bancaire et financier permet une meilleure mobilisation de
l'épargne domestique et externe et une meilleure maîtrise des
problèmes d'asymétrie d'information. Aussi, le système
bancaire et financier permet d'assurer le fonctionnement d'un système de
paiement efficace et évolutif et de réduire les coûts de
transaction et le risque de liquidité - en transformant les ressources
courtes (dépôts) en emplois longs (crédits) et les
instruments financiers liquides en investissements longs illiquides ;
d'où la nécessité de chercher les facteurs qui bloquent ce
financement bancaire et d'apporter les solutions idoines.
Des études empiriques ont montré que
l'approfondissement financier ait joué un rôle déterminant
dans la croissance économique d'une grande majorité des pays de
l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) pour la
période 1970-1995.
Les résultats des tests de causalité de
Granger réalisés par M.Raffinot et B. Venet (1998)26
ont révélé que pour certains pays - Bénin,
Côte d'Ivoire et Mali - c'est l'approfondissement financier qui
détermine la croissance de la sphère réelle de
l'économie.
ngorsecka@yahoo.fr/ngorsecka@hotmail.com
26 Voir M. Raffinot et B. Venet (1998). «
Approfondissement financier, libéralisation financière et
croissance : le cas de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine
(UEMOA) », Contribution au Colloque de l'AFSE, Paris, septembre.
CHAPITRE III
LE CADRE METHODOLOGIQUE ET EMPIRIQUE DE
L'ETUDE DES OBSTACLES AU CREDIT BANCAIRE
AU SENEGAL
Introduction :
Ce chapitre permettra à partir des
données collectées et des hypothèses émises
d'apporter des réponses sur l'état du crédit au
Sénégal. Ceci se fera en étudiant en premier lieu le cadre
théorique et méthodologique et en deuxième et dernier lieu
l'étude des résultats et les recommandations.
Section I- Le Cadre théorique et
méthodologique :
Les hypothèses théoriques et empiriques
seront d'abord traitées ensuite le choix des variables et enfin la
description de l'échantillon et la source des
données.
A- Hypothèses théoriques et empiriques :
Deux hypothèses théoriques et empiriques
permettent d'opérationnaliser notre modèle :
- La première hypothèse consiste
à une approche bilancielle. En d'autres termes les capitaux propres des
firmes bancaires sont supposés avoir un niveau non satisfaisant pour
booster le crédit bancaire ;
- La deuxième, les dépôts de la
clientèle ont un niveau insuffisant pour stimuler le crédit
bancaire.
B- Le choix des variables :
Le but de cette présente recherche étant
une tentative d'explication des soubassements des crédits bancaires qui,
dans le cas du Sénégal, connaissent des
insuffisances.
On fera abstraction de certaines variables que des
auteurs considèrent comme influant le crédit bancaire dans
l'espace UEMOA d'une manière générale. Dans ce
présent travail, nous avons opté travailler qu'avec des variables
quantitatives. Et donc, des variables comme la localité du demandeur de
crédit c'est-à-dire son adresse ou bien le niveau de confiance
que le banquier a envers son client ou bien encore le statut social du
demandeur de crédit ne seront pas prises en compte. Seulement la
confiance du client vis-à-vis de la banque sera étudiée
car nous supposons que cette dernière est incluse dans les
dépôts. En effet, l'épargnant qui dépose son argent
à la banque, le fait parce qu'il a confiance à cette institution
financière. En outre des auteurs ont montré que la confiance doit
en générale être réciproque.
A l'opposé, d'autres variables seront retenues
: il s'agit surtout des capitaux propres des banques. Ces derniers sont
supposés avoir une influence sur le crédit bancaire. En outre le
niveau de dépôt de la clientèle sera aussi retenu comme
variable explicative c'est-àdire variable qui pourrait expliquée
l'octroi de crédit bancaire.
En plus de ces variables, le niveau de la conjoncture,
en l'occurrence le PIB (Produit Intérieur Brut) est aussi retenu car le
développement d'un pays repose sur des niveaux de PIB de plus en plus
élevé en passant d'une année à une autre. Et ceci
peut être garanti par le financement bancaire inversement, la croissance
économique peut permettre le développement financier. Et donc
plus les besoins de production se font sentir, plus son financement augmente et
en réponse plus le secteur financier se dynamise.
Tableau 3 : Variables explicatives et signes
attendus
Variables Dénominations Signes
Capitaux propres CP (+)
Dépôts de la clientèle S
(+)
Produit Intérieur Brut PIB (+)
Le taux d'intérêt réel TX
(-)
Niveau de risque sur le prêt NR (-)
|
Nous proposons d'élaborer des testes statistiques
à partir de la spécification suivante :
Spécification (Equation de crédit)
:
Nous utilisons la spécification des modèles
en correction d'erreur et cointégration : LCRt = a0 + a1D(LCP1t) +
a2D(LS2t) + a3D(LPIB3t) + a4D(LTX4t) + a5D(LNR5t) + a6LCRt-1 + a7LCP1t-1 +
a8LS2t-1 + a9LPIB3t-1 + a10LTX4t-1 + a11LNR5t-1 + å t
Où les variables sont des logarithmes (L
désigne le logarithme). Et les coefficients a0, a1, ..., a5 étant
les paramètres à estimer.
LCRt : est la variable endogène
c'est-à-dire à expliquer
LCPt, LSt, LPIBt, LTXt, LNRt : sont les variables
exogènes ou explicatives å t : est le terme d'erreur
DL(CPA) : Différence première du logarithme
des capitaux propres
C- Description de l'échantillon et source des
données :
> L'échantillon :
Notre échantillon est composé de l'ensemble
des banques au Sénégal ; c'est l'ensemble des firmes bancaires
exerçant leur activité sur le territoire national.
> La source et le traitement des données
:
Les données couvrent l'ensemble du secteur
bancaire au Sénégal et sont disponibles de 1980 à
2008.
Elles ont été collectées à
l'ANSD (Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie), dans
les différents rapports de la commission bancaire de l'UEMOA, ainsi que
dans les rapports de la zone franc, divers éditions.
Face aux difficultés d'accès aux
données microéconomiques relatives à chaque firme, nous
avons fait recours aux données agrégées. Ces derniers
fournissent des estimations de comportement qui sont interprétées
comme des moyennes pondérées des paramètres bancaires
sous-jacents. Par exemple, la fonction de coût marginale de l'industrie
est alors interprétée comme la sommation horizontale des
fonctions des coûts marginaux des banques constituants. L'utilisation de
données agrégées pourrait dissimuler le pouvoir de
marché exercé par les petites banques locales potentielles. Or
les effets totaux sont surtout influencés par le comportement des
grandes firmes bancaires dont le degré de pouvoir de marché est
très intense dans la plupart des modèles d'oligopoles
asymétriques. Pour le traitement de nos données, nous avons fait
recours au logiciel Eviews3 (version 3.3).
Quelques commentaires sont nécessaires pour
comprendre l'introduction du terme d'erreur å t .
une influence sur la variable expliquée
(endogène) sont très nombreuses (on ne les retient pas toutes).
Mais, l'effet des variables qui ont été omises explique qu'il y
ait des écarts entre la réalité observée et le
résultat de la fonction.
· Les phénomènes
économiques sont mises en oeuvre par les individus qui n'ont eux
même pas un comportement déterminé. C'est donc leur libre
arbitrage qui fait que parfois ils n'agissent pas comme prévu et donc on
n'obtient pas le résultat escompté.
Les lois économiques sont donc seulement vraies
en moyenne. Elles ont le caractère de lois statiques. On a choisi de
traduire cet écart par le terme d'erreur å t qui est une variable
aléatoire. Compte tenu de l'existence de ce terme d'erreur, la loi qui
gouverne la variable endogène n'est plus une loi mathématique
mais une loi statistique.
Section II- Résultats empiriques et
recommandations :
Après l'analyse et l'interprétation des nos
résultats, nous passerons aux recommandations et enfin aux limites du
modèles.
A- Analyse et interprétation des résultats
empiriques:
1- Analyse des résultats :
L'estimation (Annexe I-3) du modèle a permis
d'obtenir les résultats suivants :
LCRt = 0.222679 + 0.112172 D(LCP1t) + 0.763551 D(LS2t)
+ 0.335711 D(LPIB3t) - 0.217394 D(LTX4t) - 0.063224 D(LNR5t) - 0.851965 LCRt-1
+ 0.142886 LCP1t-1 + 0.148033 LS2t-1 + 0.038225 LPIB3t-1 + 0.138644 LTX4t-1 -
0.041944 LNR5t-1
Vu la disponibilité des données, notre
choix devrait se tourner sur les modèles linéaires
générales logarithmique. En effet nos données étant
modestement de long terme, les méthodes économétriques
d'estimation de paramètres et de tests d'hypothèses
privilégient ce type de modèle. Outre les modèles
linéaires générales, nous pouvons aussi utiliser un
modèle à correction d'erreur et cointégration plus
adéquate pour des séries longues. En fait, c'est cette
dernière approche que nous allons utiliser car la
plupart des séries macroéconomiques sont
non stationnaires du fait qu'elles sont affectées par une
évolution de long terme (elles sont tendancielles). Ces modèles
permettent dans le cas où les données ne sont pas stationnaires
de les stationnariser. D'après la valeur de la force de rappel, 85,19%
des effets de choc intervenu une année donnée sont
résorbés dans l'année qui suit le choc.
Afin de pouvoir mieux appréhender les
résultats et dévaluer la fiabilité du modèle,
différents tests statistiques seront menés :
Exemple :
1' Test de Student ;
1' Test de Ramsey ;
1' Test de Dickey-Fuller etc.
Au seuil de 5%, on accepte l'hypothèse de
normalité dès que la probabilité est supérieure
à 0.05. Les variables dépôts de la clientèle,
produit intérieur brut, taux d'intérêt et niveau du risque
suivent des lois normales et lognormales sur la période 1980 à
2008 et les capitaux propres, une loi normale. Ainsi la probabilité
associée aux capitaux propres est de 0.283. Autrement dit, si on rejette
l'hypothèse de normalité de la variable CP, il y'a 28.3% de
chances de se tromper.
2- Interprétation et commentaire :
A l'issue de l'analyse, les tests donnent des
résultats satisfaisants. Etant donné que nous travaillons avec
des variables macro-économiques, les tests de Duckey-Fuller
augmenté (Annexe I-1) montrent que toutes les variables sont non
stationnaires car pour chacune d'entre elles, la valeur du ADF Test Statistic
est supérieur à la crirical value à 5%. Le test de
cointégration de Johansen (Annexe I-2) montre une cointégration
des variables avec comme rang de cointégration 1 ; on accepte donc
l'hypothèse de cointégration. Dès lors, l'utilisation d'un
modèle à correction d'erreur se trouve pleinement
justifiée. Le test de Student valide la significativité de
chacune des variables explicatives. Et celui de Ficher montre que la
significativité globale du modèle. En fin le Cusum test montre
que le modèle est stable (Annexe II-3).
La variable capitaux propres :
Cette variable a un impact positif sur l'offre de
crédit par les banques. Elle est significative au seuil de 10% et son
signe est positif; ce qui est conforme à nos attentes. Ce qui suppose
qu'une augmentation de 100% des capitaux propres dans le bilan des banques
provoquerait, toute chose étant égale par ailleurs, une
augmentation de 11,21% du crédit octroyé par les banques. Dans
notre raisonnement, les crédits étant considérés
comme des outputs, leur progression impacte positivement le niveau de
profitabilité. Les banques au Sénégal continuent d'offrir
leurs liquidités qu'aux grandes entreprises déjà
installées et ignorent les autres emprunteurs.
La variable dépôts de la
clientèle :
Cette variable a aussi un impacte positivement le
niveau du crédit. Elle est significative au seuil de 1% et son signe
positif est attendu, comme indiqué dans l'hypothèse. Ainsi un
accroissement d'un point des dépôts de la clientèle par
exemple entraine une augmentation de 76,34% du niveau du crédit. Alors,
plus les banques produisent des dépôts, plus elles auront des
revenus. C'est dans cette logique que peut s'appréhender l'accroissement
du nombre d'agences et de guichets dans le but d'accroitre la collecte de
dépôts.
|
La variable Produit Intérieur Brut
:
|
Cette variable représente d'une certaine
manière le dynamisme d'une économie dans la mesure où ce
qui est produit est distribué. Elle est significative au seuil de 5% et
son signe est positif. Ainsi, une économie dynamique est souvent
accompagnée d'un système bancaire à son tour dynamique.
Les résultats des estimations montrent que le PIB est significatif dans
le processus d'octroi de crédit par les banques. Sans doute cela se
comprend aisément. D'une part, le niveau de production
élevé requière un niveau de financement
élevé pour l'approvisionnement et le maintient de la production.
Alors ceci est souvent accompagné par de fortes demandes de
crédits par les entrepreneurs.
D'autre part, à la fin du processus de
production, les entreprises peuvent dégager des excédents de
trésoreries et donc générant ainsi des dépôts
au près des banques. Ce dépôt, à son tour,
génère le financement d'autres projets d'investissement d'autres
entrepreneurs. Alors le PIB dans le modèle connait un décalage
d'une année quant à son
impacte sur le niveau du crédit. Les estimations
montrent qu'une augmentation de 100% du PIB entraine une hausse du
crédit à l'économie de 33,57%.
La variable risque :
La variable risque (NR) a un impacte négatif
sur les performances des banques au Sénégal. Son signe
négatif est attendu, comme indiqué dans l'hypothèse. Elle
est significative au seuil de 10%. Plus le niveau des créances douteuses
augmente plus les banques du Sénégal sont exposées au
risque systémique. Au Sénégal, selon nos résultats,
les créances douteuses dégradent la rentabilité du
système bancaire au cas elles augmentent de 100% de l'ordre de 6,32%.
Cet état de fait justifie les imperfections sur le marché du
crédit. En effet, le marché bancaire est par définition
caractérisé par des asymétries d'informations et des
problèmes de sélection adverse et de hasard moral. Ainsi, pour
maintenir durablement le niveau de rentabilité, un effort particulier
devrait être fait dans le sens de l'apurement des créances en
souffrance et plus particulièrement limite la progression du niveau des
créances douteuses ; étant donné que les
défaillances bancaires sont positivement reliées à une
forte exposition aux risques. En outre, pour limiter les risques de
défaillances des emprunteurs, les banques sont obligées d'exiger
d'importantes garanties d'une part et de rationner le crédit d'autre
part. Cette sensibilité des revenus bancaires aux créances
douteuses conduit les banques à un excès de prudence se
traduisant par la conservation de leurs liquidités ou la
préférence d'investissement en bons de Trésor ou dans des
actifs moins risqués.
|
La variable taux d'intérêt
réel :
|
La variable taux d'intérêt produit aussi
l'effet attendu c'est à dire un impact négatif sur le
crédit accordé. Seulement l'effet n'est pas d'une grande ampleur
comme ça devrait être le cas; ceci est la principale
particularité des pays en développement. En effet le cas du
Sénégal en est une parfaite illustration. Elle a un effet sur
l'octroi de crédit bancaire de l'ordre de 21,73% en cas d'augmentation
de 100%.
La variable la plus influente au crédit
bancaire d'après les résultats des estimations est le
dépôt de la clientèle. Alors une politique visant à
encourager l'épargne au près des banques est sans doute une
solution aussi bien du coté des autorités monétaires qu'au
niveau des banques. A ce niveau les banques devraient être plus souples
dans leur comportement vis-à-vis de la population ; ce qui favorisera un
climat de confiance qui est la règle d'or en finance. Il est à
noter que le problème ne se situe pas seulement qu'au niveau des banques
; la population elle-même est trop réticente par rapport aux
services bancaires. Après viennent les variables émises en
hypothèses ; le taux d'intérêt et les capitaux propres.
Dès lors, une exigence d'un niveau obligatoire de capitaux propres dans
le bilan des banques est à mettre en place par les autorités
monétaires. En effet par mesure de prudence et dans un souci de donner
du crédit à des demandeurs consommateurs et non faiseurs de
projet, les banques sont amenées à être trop
réticentes à donner des crédits à ces types
d'emprunteurs. Donc les banques grâce à ces capitaux propres
pourront en jumelant à ces derniers une bonne gestion du risque octroyer
plus de crédit.
Il est à noter que les recommandations vont de
pair avec certaines considérations. Pour apporter des solutions à
la situation d'insuffisance du crédit bancaire constatée de fait
au Sénégal, il est important de prendre en considération,
non seulement, l'environnement juridique mais aussi institutionnel et
macroéconomique :
+ La nécessité de réguler
l'industrie bancaire : Le constat tiré de nos données
indique l'existence d'une structure de marché
bancaire oligopolistique constitué de quelques grandes banques en
parfaite collision. Cette situation appelle à la vigilance des
autorités monétaires qui doivent créer les conditions d'un
marché bancaire concurrentiel, ou à défaut contestable,
empêchant les oligopoleurs de capter à eux même seuls le
surplus économique par le biais des tarifications non optimales.
Cependant, vu la sensibilité du secteur bancaire, une prise en compte
à la fois de l'objectif d'allocation optimale de ressources et du
renforcement des règles prudentielles est nécessaire pour assurer
une meilleure répartition de ressources dans l'économie ainsi que
la sécurité du système bancaire et des déposants.
Les autorités monétaires doivent intervenir dans
l'amélioration du cadre juridique et institutionnel déjà
existant. Elles doivent empêcher la concentration des prêts dans
les mains de quelques clients, exiger des banques la
diversification de leurs portefeuilles, contrôler
l'entrée dans l'activité bancaire et renforcer les sanctions pour
les banques dont la gestion est imprudente.
+ Le renforcement du cadre juridique : Le comportement
des firmes bancaires
par rapport aux surliquidités s'explique en
partie par l'absence d'une structure juridique adéquate. C'est un point
important si l'on considère les demandes de garanties de la part des
banques vis-à-vis de leurs emprunteurs. En effet, la disposition de
l'information sur le marché financier améliore
l'efficacité de la réglementation bancaire et cette
dernière permet de diminuer les risques d'insolvabilité ou de
crise bancaire.
+ Favoriser le développement des institutions de
micro-finance : Le
fonctionnement harmonieux des institutions de micro
finance (IMF) peut renforcer la concurrence bancaire, élargir la gamme
des prestations bancaires offerts au public et concourir à la baisse du
coût du crédit. Pour favoriser la collecte de l'épargne
populaire, il conviendrait de créer les conditions propices au
développement des structures de micro finance car, dans le contexte sous
régional, la micro entreprise s'impose comme un outil efficace de
création de richesse, de biens et d'emplois, et donc de lutte contre la
pauvreté.
+ La stabilisation macroéconomique : La
stabilisation macroéconomique est
une condition préalable à la
réussite des réformes instituées dans l'industrie
bancaire. Il s'agit principalement de la stabilisation du niveau
général des prix et un déficit public
modéré. Préalablement, des niveaux de taux
d'intérêt réel positif peuvent être atteints
facilement si l'inflation est peu importante. En outre dans un environnement
d'inflation modérée et moins volatile, les taux
d'intérêt nominaux ne sont pas excessivement élevés
permettant d'éviter des faillites d'entreprises et des
établissements financiers endettés. Ceci évitera aux
firmes bancaires de se lancer dans des stratégies de guerre de prix pour
attirer le maximum de dépôts.
macroéconomique Stable. L'objectif de
solvabilité et de liquidité doit s'accorder aux
variabilités inhérentes aux cycles
économiques.
C - Les limites du modèle :
La principale limite est la non utilisation de
variables qualitatives. Il est à noter que la finance d'une
manière générale est marquée par l'incertitude et
le risque. Alors une analyse sur le secteur, pourrait se faire avec un
modèle dynamique incluant surtout des variables qualitatives. En outre
la disponibilité de données plus longues permettrait d'obtenir
des testes plus robustes et donc des résultats plus précis. La
pertinence de notre modèle pourrait être renforcée si
jamais c'était le secteur financier dans son ensemble qui a
été pris en compte.
Conclusion :
Différentes raisons pourraient expliquer
l'insuffisance du crédit bancaire au Sénégal. Certains
auteurs avaient mis en avant un problème de localisation de
l'emprunteur. Mais d'autres soulignent des croyances culturelles et religieuses
; Jean-Placide KEZA (2010) alors que pour certains, c'est principalement les
niveaux élevés des risques encourus par les banques qui
expliqueraient la surliquidité au sein des banques. Le travail que nous
avons mené, en plus de la considération de ces différents
résultats, et l'utilisation d'un modèle à correction
d'erreur nous a permis de dégager d'autres pistes qui pourraient
expliquer le rationnement du crédit au Sénégal. La
considération de variables plutôt quantitatives dont les fonds
propres, les dépôts mobilisés ont apporté plus de
réponses à nos questionnements. En effet, notre modèle
montre que l'impacte des variables est plutôt mitigé. Cela nous a
permis de savoir sur quelles variables les autorités monétaires
d'une part et les banques d'autre part peuvent s'appuyer pour apporter des
solutions à la situation d'insuffisance de financement bancaire
observé au Sénégal. L'impacte des capitaux propres, vu la
principale ressource des banques ; les dépôts et des
résultats du modèle, peut nous permettre d'affirmer qu'un
rehaussement du niveau des capitaux propres dans le bilan des banques pourrait
pousser ces derniers à octroyer plus de crédit. En effet
l'intermédiation pure et simple peut pousser les banques à
prendre du recul face au risque. En effet, deux éléments sont
à gérer par les banques ; d'une part il y a le risque de
liquidité et d'autre part la préservation de la
crédibilité du système bancaire sous peine de sanction.
L'impact des dépôts de la clientèle apparaît plus
important d'après les résultats. Ceci pourrait s'expliquer par le
fait que les banques n'utilisent pratiquement que ces fonds pour donner du
crédit. En outre l'impact positif
des capitaux propres, encore une fois de plus s'explique
par le fait que ces derniers permettent aux banques de diversifier leur
portefeuille.
L'influence négative des risques sur le
crédit octroyé par les banques a été
confirmée au Sénégal. Sa significativité prouve une
fois de plus la sensibilité du système bancaire aux risques
systémiques et corrobore ainsi le comportement frileux des firmes
bancaires en termes d'octroi de crédit. Le produit intérieur
brut, dans le cas du Sénégal montre une évolution
croissante par rapport à celle du crédit octroyé ; une
croissance économique s'accompagne ainsi par un financement qui
permettrait la disponibilité des moyens pour sa réalisation. Le
taux d'intérêt est une fonction décroissante du
crédit, du point de vu des emprunteurs, seulement à court terme,
à long terme, il suit une évolution croissant par rapport au
crédit. Le modèle de Stiglitz-Weiss est une parfaite illustration
de cet état de fait.
En tout état de cause, les conclusions de nos
recherches doivent être relativisées dans la mesure où
l'intégration d'autres variables dans le modèle surtout
qualitatives pourrait permettre d'améliorer qualitativement les
résultats obtenus. En outre, la disponibilité de données
plus longues aurait donné des résultats encore plus
satisfaisants. Pour mieux mettre en exergue le rôle des capitaux propres
et des dépôts de la clientèle, la manipulation de
données individuelles des banques faciliterait le travail. Alors la
prise en compte du secteur financier dans son ensemble ne permettrait -elle pas
d'avoir des réponses plus claires sur les causes de l'insuffisance du
crédit au Sénégal vu la structuration de son secteur
financier ?
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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Contribution du système bancaire sénégalais au financement
de l'économie nationale ».
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crédit bancaire ? Le cas du Cameroun ».
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Traduction S. Diatkine.
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éditions.
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Webographie
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-www.yopdf.com
-www.afd.fr
-eBoukf.com
-www.gouv.sn
-
www.cesbc.org/congo/Keza/labancarisationdemasse.htm
Tableau 4:
Augmented Dickey-Fuller Unit Root Test On LCR
ADF Test Statistic
|
-1.513411
|
1% Critical Value*
|
-4.3382
|
|
|
5% Critical Value
|
-3.5867
|
|
|
10% Critical Value
|
-3.2279
|
*MacKinnon critical values for rejection of hypothesis of a unit
root.
|
Augmented Dickey-Fuller Unit Root Test On
LPIB
ADF Test Statistic
|
-3.485642
|
1% Critical Value*
|
-4.3382
|
|
|
5% Critical Value
|
-3.5867
|
|
|
10% Critical Value
|
-3.2279
|
*MacKinnon critical values for rejection of hypothesis of a unit
root.
|
Augmented Dickey-Fuller Unit Root Test On LNR
ADF Test Statistic
|
-1.455556
|
1% Critical Value*
|
-4.3382
|
|
|
5% Critical Value
|
-3.5867
|
|
|
10% Critical Value
|
-3.2279
|
*MacKinnon critical values for rejection of hypothesis of a unit
root.
|
Augmented Dickey-Fuller Unit Root Test On LS
ADF Test Statistic
|
-1.567409
|
1% Critical Value*
|
-4.3382
|
|
|
5% Critical Value
|
-3.5867
|
|
|
10% Critical Value
|
-3.2279
|
*MacKinnon critical values for rejection of hypothesis of a unit
root.
|
Augmented Dickey-Fuller Unit Root Test On LTX
ADF Test Statistic
|
-2.647909
|
1% Critical Value*
|
-4.3382
|
|
|
5% Critical Value
|
-3.5867
|
|
|
10% Critical Value
|
-3.2279
|
*MacKinnon critical values for rejection of hypothesis of a unit
root.
|
Augmented Dickey-Fuller Unit Root Test On LCP
ADF Test Statistic
|
-1.711621
|
1% Critical Value*
|
-4.3382
|
|
|
5% Critical Value
|
-3.5867
|
|
|
10% Critical Value
|
-3.2279
|
*MacKinnon critical values for rejection of hypothesis of a unit
root.
|
Annexe I-2:
Tableau 5 : Test de cointégration de
Johansen :
Sample: 1980 2008
|
Included observations: 27
|
Test assumption: No deterministic trend in the data
|
Series: LCR LCP LNR LPIB LS LTX
|
Lags interval: 1 to 1
|
|
Likelihood
|
5 Percent
|
1 Percent
|
Hypothesized
|
Eigenvalue
|
Ratio
|
Critical Value
|
Critical Value
|
No. of CE(s)
|
0.700621
|
91.26122
|
82.49
|
90.45
|
None **
|
0.675286
|
58.69796
|
59.46
|
66.52
|
At most 1
|
0.430075
|
28.32806
|
39.89
|
45.58
|
At most 2
|
0.254972
|
13.14729
|
24.31
|
29.75
|
At most 3
|
0.174686
|
5.200288
|
12.53
|
16.31
|
At most 4
|
0.000612
|
0.016532
|
3.84
|
6.51
|
At most 5
|
*(**) denotes rejection of the hypothesis at 5% (1%) significance
level L.R. test indicates 1 cointegrating equation(s) at 5% significance
level
Tableau 6 : Etimation du modèle à
correction d'erreur :
Dependent Variable: D(LCR)
|
Method: Least Squares
|
Sample(adjusted): 1981 2008
|
Included observations: 28 after adjusting endpoints
|
Variable
|
Coefficien
t
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
C
|
0.222679
|
1.094401
|
0.203471
|
0.8413
|
DLCP
|
0.112172
|
0.064027
|
1.751939
|
0.0989
|
DLS
|
0.763551
|
0.098135
|
7.780624
|
0.0000
|
DLNR
|
-0.063224
|
0.035836
|
-1.764279
|
0.0914
|
DLTX
|
-0.217394
|
0.197165
|
-1.102603
|
0.0997
|
DLPIB
|
0.335711
|
0.113281
|
2.963532
|
0.0349
|
LCR(-1)
|
-0.851965
|
0.191134
|
-4.457434
|
0.0004
|
LCP(-1)
|
0.142886
|
0.070155
|
2.036719
|
0.0412
|
LS(-1)
|
0.148033
|
0.163668
|
9.044712
|
0.0001
|
LNR(-1)
|
-0.041944
|
0.033494
|
-1.992255
|
0.0285
|
LTX(-1)
|
0.138644
|
0.206126
|
2.672616
|
0.0458
|
LPIB(-1)
|
0.038225
|
0.111147
|
3.343915
|
0.0304
|
R-squared
|
0.994998
|
Mean dependent var
|
0.316137
|
Adjusted R-squared
|
0.991559
|
S.D. dependent var
|
1.202317
|
S.E. of regression
|
0.110465
|
Akaike info criterion
|
-1.270702
|
Sum squared resid
|
0.195242
|
Schwarz criterion
|
-0.699757
|
Log likelihood
|
29.78983
|
F-statistic
|
289.3202
|
Durbin-Watson stat
|
1.804815
|
Prob(F-statistic)
|
0.000000
|
Annexe I-4 :
Tableau 7 : Test de White
White Heteroskedasticity Test:
|
F-statistic
|
3.585908
|
Probability
|
0.080264
|
Obs*R-squared
|
26.33115
|
Probability
|
0.237736
|
Graphique 4 : Evolution du CR, des CP, de S et du
TX
Annexe II-2 :
Graphique 5 : Evolution du CR, du PIB et du
NR
Annexe II-3 :
Graphique 6 : Test Cusum
ngorsecka@yahoo.fr/ngorsecka@hotmail.com
Annexe III-1 :
Tableau 8 : Données relative au secteur
bancaire sénégalais
obser vatio ns
|
CR (Milliards de FCFA)
|
CP (Milliards de FCFA)
|
NR (en %)
|
PIB(Milliar ds de FCFA)
|
S (Milliards de FCFA)
|
TX (en %)
|
1980
|
0.210000
|
0.001000
|
50.10000
|
740.2000
|
0.170000
|
6.187500
|
1981
|
0.368882
|
0.001200
|
51.20000
|
863.2000
|
0.180000
|
6.250000
|
1982
|
0.417367
|
0.001600
|
40.40000
|
1021.900
|
0.187600
|
7.750000
|
1983
|
0.454751
|
0.001700
|
56.70000
|
1057.200
|
0.231000
|
7.500000
|
1984
|
0.456000
|
0.002000
|
60.00000
|
1182.200
|
0.200000
|
7.250000
|
1985
|
0.554194
|
0.002770
|
61.10000
|
1330.800
|
0.210099
|
7.250000
|
1986
|
0.538347
|
0.001356
|
61.40000
|
1451.000
|
0.223725
|
6.083333
|
1987
|
0.557500
|
0.004900
|
60.00000
|
1514.900
|
0.228400
|
5.250000
|
1988
|
342.0000
|
82.50000
|
61.20000
|
1484.800
|
236.8000
|
5.250000
|
1989
|
313.7000
|
102.7000
|
66.80000
|
1587.300
|
262.8000
|
6.416667
|
1990
|
427.8000
|
106.7000
|
60.40000
|
1556.400
|
252.0000
|
7.000000
|
1991
|
430.7000
|
128.9000
|
63.10000
|
510.6000
|
353.8000
|
7.000000
|
1992
|
442.4000
|
141.4000
|
65.50000
|
505.2000
|
374.0000
|
7.750000
|
1993
|
492.7000
|
140.9000
|
69.00000
|
1608.000
|
358.2000
|
3.500000
|
1994
|
530.7000
|
100.9000
|
74.20000
|
2152.600
|
453.0000
|
3.500000
|
1995
|
536.2000
|
97.90000
|
78.70000
|
2435.200
|
484.1000
|
3.500000
|
1996
|
575.5000
|
86.60000
|
84.10000
|
2591.400
|
576.6000
|
3.500000
|
1997
|
583.3000
|
30.10000
|
84.10000
|
2727.200
|
543.6000
|
3.500000
|
1998
|
621.5000
|
48.90000
|
84.10000
|
2967.700
|
568.7000
|
3.500000
|
1999
|
674.6000
|
80.00000
|
84.10000
|
3167.200
|
627.2000
|
3.500000
|
2000
|
785.3000
|
114.6000
|
84.10000
|
3331.800
|
749.8000
|
3.500000
|
2001
|
837.4000
|
126.7000
|
84.10000
|
3575.500
|
823.3000
|
3.500000
|
2002
|
792.9000
|
133.9000
|
84.10000
|
3717.600
|
919.0000
|
3.500000
|
2003
|
848.8000
|
116.4000
|
84.10000
|
3986.800
|
1119.500
|
3.500000
|
2004
|
880.9000
|
104.8000
|
2.100000
|
4242.800
|
1253.400
|
3.500000
|
2005
|
1031.300
|
124.6000
|
2.900000
|
4582.300
|
1168.600
|
3.500000
|
2006
|
1122.400
|
150.5000
|
3.800000
|
4846.400
|
1280.500
|
3.500000
|
2007
|
1324.100
|
194.5000
|
3.600000
|
5088.720
|
1465.100
|
3.500000
|
2008
|
1467.300
|
200.0000
|
3.600000
|
5292.269
|
1518.500
|
3.500000
|
Source : L'auteur
ngorsecka@yahoo.fr/ngorsecka@hotmail.com
Annexe III-2 :
Tableau 9 : Données relative au passif des
banques
ANNEES
|
|
|
|
PASSIF
|
2006
|
2007
|
2008
|
Operation de trésorerie
|
163.5
|
239.2
|
322.4
|
Opération avec la clientèle
|
1493.5
|
1661.1
|
722.9
|
Divers
|
68.1
|
88.9
|
99.2
|
Provisions, Fonds Propers
|
236.7
|
266
|
306.5
|
Source : L'auteur
Annexe III-3
Tableau 10 : Données relative à
l'actif des banques
ANNEES
|
|
|
|
ACTIF
|
2006
|
2007
|
2008
|
Op. de trésorerie et interbancaires
|
351,1
|
451,7
|
429,7
|
Opérations avec la clientèle
|
1228,3
|
1281,8
|
1515,4
|
Opérations sur titres et diverses
|
276,6
|
393,9
|
369,4
|
Valeurs immobilisées
|
105,9
|
127,8
|
136,6
|
Source : L'auteur
ngorsecka@yahoo.fr/ngorsecka@hotmail.com
TABLE DES MATIERES :
DEDICACES i
REMERCIEMENTS ii
Abréviations, acronymes et sigles iii
SOMMAIRE iv
Liste des graphiques et des tableaux v
RESUME vi
AVANT PROPOS vii
INTRODUCTION GENERALE 1
Chapitre I : Le dynamisme du système bancaire
sénégalais et les obstacles au
crédit bancaire
5
Introduction ............ ... ...... 5
SECTION I - L'EVOLUTION DU SYSTEME BANCAIRE SENEGALAIS :
5
A- Caractéristique du système bancaire au
Sénégal:... ... ...... ........5
1- La répartition fonctionnelle :... ... ... ...
... ... ....5
2- La répartition spatiale : ... ...... ...
... ...... 8
B- Un faible niveau de bancarisation :
11
1- Le nombre de banques et le taux de bancarisation :
... ......11
2- Les effets de la mésentente entre banquiers et
population : .......13
SECTION II- LA BANQUE ET LA MICRO FINANCE :
14
A- Un secteur bancaire encore embryonnaire : ......
...... ......14
1- La faible diversité des produits bancaires et
une faible contribution à la création de valeur
ajoutée:... ... ... ... ...... 14
2- L'analyse bilancielle de la situation bancaire au
Sénégal : 16
B- La banque au Sénégal parfois
comparable à une institution de micro finance: 17
1- Le secteur de la micro finance :... ... ........
.............. ...17
2- La répartition inéquitable des services
bancaires entre les différents secteurs de l'économie :
18
3- Complémentarité entre le secteur bancaire et la
micro finance : 20
CHAPITRE II : REVUE DE LA LITTERATURE SUR
L'INSUFFISANCE DU CREDIT BANCAIRE 21
Introduction : ... ... ...... ... ... ...... ... ...
21
SECTION I- REVUE DE LA LITTERATURE THEORIQUE :
.21
A- Quelques éclairages théoriques sur les
banques et leurs activités : ...... 21
1- Les différents types de banque : 21
2- Les prestations rendues par les banques : ... ...
... ....24
3 - La notion de rationnement du crédit... ...
... ...... .......26
a) L'incertitude ... ...... ... ......... ...
26
b) Les différents risques auxquels sont
confrontées les banques 28
c) La spécificité du marché du
crédit ... ...... ... 30
d) Définition de la notion de rationnement du
crédit......... ... ......30
B-Théorie économique et crédit
bancaire :... ... ...... 31
1- Le socle de départ : ... ...... ......
...... ......31
2- Instabilité du crédit et
réglementation bancaire :... ...... 33
3- Le crédit bancaire et la croissance
économique :... ... ... 34
4-Effets des taux d'intérêt :... ... ...
... ...... 35
5- Asymétrie d'information sur le marché du
crédit :... ...... ........39
SECTION II- REVUE DE LA LITTERATURE EMPIRIQUE :
43
A- Travaux empiriques menés à travers le
monde :... ... ...... 43
B- Résultat d'études empiriques
menées en Afrique : ... ... ... 45
1- Cas de l'UEMOA : ... ... ... ... .........
45
2- Cas du Sénégal : ... ...... ...
... ...... ......47
CHAPITRE III : LE CADRE METHODOLOGIQUE ET EMPIRIQUE DE
L'ETUDE DES
OBSTACLES AU CREDIT BANCAIRE AU SENEGAL 52
Introduction : ... ... ...... ... ... ...... ...
........ 52
SECTION I- LE CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE :
52
A- Hypothèses théoriques et empiriques
:... ... ...... .......52
B- Le choix des variables : ... ... ... ... ......
......53
C- Description de l'échantillon et source des
données :... ... ... ...55
A- Analyse et interprétation des résultats
empiriques:... ... .......56
1- Analyse des résultats :... ... ... ......
...... 56
2- Interprétation et commentaire : ... ... ...
...... ........57
B- Les recommandations : ... ... ... ... ......
......59
C- Les limites du modèle :... ... ...... ...
...... ... 62
Conclusion Générale : 63
Références bibliographiques 65
Webographie 66
Annexe I 67
Annexe II 70
Annexe III 72
ngorsecka@yahoo.fr/ngorsecka@hotmail.com