PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DU CADRE D'ETUDE, DE
LA ZONE ET ETAT DES LIEUX DE L'ASSAINISSEMENT DES EAUX USEES A THIES
Dans cette partie, il est question de la présentation
du cadre d'étude à savoir le contexte et les fondements de notre
problématique entre autres. Une présentation sommaire de la zone
d'étude est faite mais également un état des lieux de
l'assainissement des eaux usées de Thiès de 1970 à nos
jours.
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Babacar Diouf mémoire master II 2010/2011
Chapitre I Présentation du cadre
d'étude et de la zone
I.1. Problématique :
I.1.1. Contexte de l'étude :
La gestion de l'assainissement urbain fait partie des
préoccupations les plus importantes auxquelles font face les
Collectivités Locales. Les ordures ménagères, secteur de
cet assainissement, en sont un exemple. En effet, à Thiès, la
faiblesse du taux de couverture de ce secteur, marqué par une
intervention partielle de la municipalité, a eu pour conséquences
un environnement insalubre, malsain, une dégradation du cadre de vie et
des risques sanitaires pour les populations. Ceci nous avait amené
à étudier cette question autour du thème : « la
gestion des ordures ménagères dans la ville de Thiès :
leurs impacts sur l'environnement et sur la santé des populations
». Cette étude a permis de parcourir le «
système-déchet », de la production jusqu'aux pratiques
locales de valorisation. Il s'agissait, de montrer les problèmes de
gestion des ordures par rapport à l'évolution de la population,
la dynamique spatiale, les moyens mis en place par la Commune. Et de ce fait,
nous avons fait une étude comparative de deux systèmes de
collecte observés dans un quartier périphérique Thialy
desservi par des charrettes et un quartier en zone centre DVF desservi par des
camions. Nous avons étudié les modes de gestion au niveau des
ménages, les différents comportements des acteurs (populations,
autorités), évalué quelques impacts environnementaux,
risques sanitaires mais aussi les différentes stratégies locales
mises en place pour faire face aux défaillances du système. Tel
avait été l'objet de notre étude antérieure faite
à Thiès dans le cadre de notre mémoire de
maîtrise.
A présent, le but de ce mémoire de Master II
vise une continuité sur le même domaine de l'assainissement
urbain. Après les déchets ménagers solides, nous
ambitionnons d'aborder la question des déchets liquides, notamment les
eaux usées domestiques, pour mieux explorer la question de
l'assainissement urbain.
Au cours d'enquêtes antérieures, cette question
revenait fréquemment dans les discussions avec les ménages. Ces
derniers, surtout ceux de DVF, en plus des ordures, se plaignaient beaucoup du
problème des eaux usées domestiques. Leur principale
difficulté demeure la suivante : où déverser les
déchets liquides domestiques. Pour la plupart d'entre eux, la rue
devient la seule solution. Pour cela, cette étude est essentiellement
consacrée à ce quartier où ce problème reste
très aigu afin de voir les politiques des autorités, les
stratégies populaires,...
En effet, les rejets d'eaux usées domestiques dans
l'espace public sont devenus des pratiques courantes particulièrement
dans les pays du tiers monde. Cette situation s'explique par le fait que
l'assainissement des eaux usées demeure un parent pauvre des politiques
urbaines1. Trop souvent, il est considéré comme moins
prioritaire que la distribution d'eau potable, à laquelle il devrait
être systématiquement associé. L'eau potable et
l'assainissement des eaux usées ne sont que les deux faces d'une
même médaille.
Selon l'Office National de l'Assainissement du
Sénégal qui a en charge cette question, seulement six villes du
Sénégal bénéficiaient en 2006 d'un réseau
d'assainissement (Dakar, Saint-Louis, Louga, Kaolack, Saly, Mbour). La
Région de Thiès se caractérise par un faible niveau
d'équipement en système d'assainissement surtout en milieu
urbain. Selon le PAER de Thiès, 36,5% des ménages de la
Région disposent de latrines adéquates contre 82% pour la
région de Dakar. A Thiès, 1,3% des eaux usées est
évacué par un réseau d'égouts. Le reste est
jeté dans la nature2. Il faut garder à l'esprit que la
production de ces déchets dépend de l'approvisionnement et de la
consommation en eau de la population qui ne cesse de croître actuellement
à Thiès avec un taux de 2,2% mais aussi à une urbanisation
sans précédent avec le raccordement de plusieurs quartiers
périurbains.
A Thiès, en dépit de l'existence d'une station
d'épuration pour la collecte et le traitement des eaux usées, on
remarque une discrimination notoire entre les quartiers et un nombre
réduit de branchements au réseau d'égouts existant.
Beaucoup de quartiers ne bénéficient d'aucun système
collectif d'évacuation des eaux usées domestiques tandis que des
quartiers comme DVF sont assainis partiellement. On constate dans ce quartier
un assainissement précaire, des eaux stagnantes comme à Tokholite
(point bas à DVF). Ceci engendre des nuisances liées aux odeurs
méphitiques et à la prolifération de vecteurs de maladies
comme les mouches, les moustiques, etc. Le peu de réseaux existant a
été très peu amélioré en 2004, année
où la Commune avait bénéficié d'importants projets
infrastructurels dans le cadre de la célébration de la fête
de l'indépendance de 2004. Depuis lors, les travaux n'ont jamais
été achevés et la Commune, y compris DVF, est
laissée à elle-même, dans un décor
d'insalubrité et de déficit en équipements
d'assainissement. Etant donné que le réseau des eaux usées
n'a jamais été finalisé, beaucoup d'habitants
déversent leurs eaux usées dans la rue. Face à cette
situation, on ne peut s'empêcher de formuler quelques interrogations qui
semblent importantes à notre niveau à savoir :
1 Une politique urbaine est un programme sectoriel
défini par les pouvoirs publics et orientée vers la solution des
problèmes d'aménagement découlant du développement
d'une ville à partir d'un ensemble d'idées, de projets, de
dispositions normatives et de ressources diverses.
2 Plan d'Action Environnemental Régional
Thiès 2007-2009 p.28.
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Babacar Diouf mémoire master II 2010/2011
Qu'est ce qui explique ce retard de Thiès en
général et particulièrement de DVF en matière
d'assainissement des eaux usées alors que, après Dakar, cette
Commune est l'une des plus importantes du fait de sa position
stratégique de carrefour et de sa population croissante ? Quelle est la
politique de l'ONAS, le principal responsable de cette question
d'assainissement à Thiès ?
Les populations et les responsables de cette question sont-ils
conscients des risques liés aux rejets intempestifs des eaux sales dans
l'espace public ?
Quelle est la réponse des populations face à ce
problème combien important car en dépendent à la fois
l'amélioration de leurs conditions de vie et la protection de
l'environnement ?
C'est autour de ces questions que la problématique de
cette recherche tire tout son fondement.
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