Influence du port d'un poids sur la performance du sujet BPCO lors du TM6 dans le cadre de la réhabilitation à l'effort( Télécharger le fichier original )par Pierre Graf Université Joseph Fourier Grenoble I - Maitrise ingénieurie de la santé 2005 |
Le conteneur d'oxygène liquide à flux continu le plus souvent utilisé sur le centre Bazire est le modèle Companion 1000ml : ce dernier pèse 3,74 kg lorsqu'il est rempli au maximum [source: AGIRdom]. C'est l'effet du port du poids de ce conteneur plein que l'on veut évaluer dans cette étude. A chaque début de test il est alors nécessaire de le remplir à une borne d'oxygène liquide.
La dyspnée est mesurée grâce à une échelle visuelle analogique
Un simple chronomètre permet de déterminer la durée du test et de quantifier les pauses prises par le patient. IV.3.3. Modalités propre à l'étude :Un tirage au sort permet de déterminer si l'un ou l'autre des tests est effectué en premier. Le Test avec poids : comme son nom l'indique est le test où l'individu porte lui même le poids tout au long du TM6 par l'intermédiaire d'une sangle adaptable placée autour de la taille. Le Test sans poids : se réalise au moins 30 minutes après le test avec poids (ou inversement) pour des raisons de récupération physiologiques: ce sera alors l'opérateur du TM6 qui porte le poids. Les deux tests seront effectués lors de la même demie journée, afin que les conditions expérimentales varient le moins possible. Dans ce but, chaque patient a été informé que durant ces quelques minutes accordées entre les deux tests, un repos strict était conseillé. La prise d'un broncho-dilatateur était proscrite, sauf cas de force majeur. Si une de ces conditions n'était pas respectée, nous considérions que le test n'était pas valide. IV.3.4. Paramètres d`évaluation :Les paramètres mesurés ont été les suivants: - la distance parcourue en 6 minutes. - dyspnée avant et après l'effort. - FC avant, pendant (toutes les minutes) et après l'effort, en notant particulièrement la FC maximale durant le test. - SaO2 avant, pendant (toutes les minutes) et après l'effort, en notant particulièrement la SaO2 minimum durant le test. - dyspnée avant et après l'effort. - le nombre d'arrêts et si possible leur durée. IV.4. Recueil des données :A l'occasion de cette étude nous avions construit une fiche de recueil qui regroupait les données des deux tests chez un même individu [annexe] : Il était nécessaire de noter si le patient avait déjà réalisé un TM6, de lire au patient les consignes relatives au TM6 même s'il en avait déjà effectué un ou plus dans le passé, de tirer au sort (pile ou face) pour savoir lequel des deux tests avait été effectué avec l'assistance de l'opérateur, de prévenir le patient chaque minute du test écoulée, de noter le nombre et la durée des pauses durant les tests. IV.5. Statistiques:IV.5.1 Données complémentaires:En plus du recueil de données des tests ont été recueillis certaines informations du dossier dont les valeurs fonctionnelles du VEMS (Volume Expiratoire Maximal Seconde) et de la CVF (Capacité Vitale Fonctionnelle) : il s'agit des valeurs obtenues lors des épreuves fonctionnelles respiratoires, sans la prise de broncho-dilatateurs au préalable ou tout traitement à base de beta2 mimétiques. Nous avons notés leurs valeurs théoriques et leurs valeurs réelles. Les derniers gaz et du sang (PaO2 et PaCO2) ont été également relevés. IV.5.2 Typologie des variables:Le stockage et le traitement des données ont été réalisés grâce au logiciel Microsoft EXCEL® et STATVIEW 5.0®. Nous avons analysé les données de manière descriptive dans un premier temps puis nous avons fait une analyse sous forme de statistiques inférentielles. Les valeurs des données anthropométriques, les valeurs fonctionnelles respiratoires, de la saturation, la fréquence cardiaque, la dyspnée et la distance au TM6 ont été exprimées sous la forme suivante :
Nous avions choisi d'étudier la saturation en oxygène, la fréquence cardiaque et la dyspnée en fin de chaque test ainsi que leur variation au cours de l'effort. La dyspnée étant subjective, elle ne pouvait être mesurée toutes les minutes car ceci impliquait que le patient parle, s'essouffle et s'écarte de nos objectifs. Nos variables dépendantes concernaient la tolérance à l'exercice, appréciée par la saturation en oxygène, le fréquence cardiaque, la dyspnée durant les tests, et par la distance parcourue. La saturation est une valeur numérique exprimée en pourcentage d'oxygène dans le sang. La fréquence cardiaque est exprimée en battements par minute. L'EVA exprime une valeur numérique comprise entre 0 et 10, et pouvant comporter des décimales. La distance parcourue au TM6 est exprimée en mètres, ou en pourcentage de la valeur théorique. Deux équations permettait de calculer la distance théorique d'un sujet, ces équations différaient selon le sexe et faisaient intervenir les données anthropométriques [23] : Pour les hommes : (7.57*taille(cm))-(5.02*âge)-(1.76*poids(kg))-309(m) Pour les femmes : (2.11*taille(cm))-(2.29*poids(kg))-(5.78*âge)-667(m) A partir de la distance parcourue et de la distance théorique, nous avions exprimé la distance parcourue en pourcentage de la distance théorique. Certaines variables étaient indépendantes : le VEMS et la CVF sont des valeurs fonctionnelles respiratoires par l'intermédiaire desquelles on peut évaluer la gravité du syndrome obstructif des voies aériennes. Elles sont exprimées en Litres ou en pourcentage de la valeur prédite. Les gaz du sang sont exprimés en millimètres de Mercure. IV.5.3 Statistiques inférentielles :Pour des raisons pratiques nous avions attribués les abréviations aux termes suivants : -Test avec poids = P+ -Test sans poids = P- Nous avions comme objectif d'essayer de montrer par l'outil statistique si la différence entre la distance effectuée lors du premier et lors du second test était significative ou non. La distance parcourue était une variable quantitative discrète dans le cadre de notre étude, ce qui signifie que nous avons comparé des moyennes appartenant à deux échantillons appariés par leur variable « distance parcourue », puisqu'il s'agissait de comparer les même individus deux fois dans le temps. Nous avons effectués nos mesures sur 19 patients, donc n=19 représente le nombre de paires. Comme 10n30, nous avons utilisés le test non paramétrique de Wilcoxon après s'être assuré que la différence des moyennes ne suit pas une loi normale : Notre hypothèse était bilatérale : H0 : u1-u2=0 : « la différence entre les distances est significative » H1 : u1-u2?0 : « la différence entre les distances est statistiquement trop dépendante des fluctuations aléatoires » H1 est acceptée si la p-value est inférieure à 0.025 : la différence entre les deux distances est alors significative. [tables :cf Annexe]Egalement, nous avons utilisé un test de Wilcoxon pour comparer de la même manière les dyspnées post-effort ainsi que les SaO2 minimales (variable quantitative discrète) et FC maximales (variable quantitative discrète). Nous avions considérés tout au long du recueil de données, qu'un test effectué dans des conditions « non valides » (c'est à dire qui ne respectait pas les critères que nous avons cités précédemment), était exclu des tests statistiques de distance, mais pas de la discussion. Egalement les individus qui prenaient une pause au moins 20 secondes avant la fin du test, étaient exclu des tests statistiques de distance SaO2/FC. Nous avions donc choisi de suivre une analyse « per protocole » stricte. V. RESULTATS :V.1. Statistiques descriptives :V.1.1. Caractéristiques propres à l'échantillon :Les sujets qui composaient notre population étaient majoritairement des hommes (68%) : Répartition par tranches d'âge 2 sujets étaient en insuffisance pondérale (IMC20). 2 sujets étaient considérés comme légèrement obèses (25IMC27). 5 sujets étaient considérés comme modérément obèses (27IMC40).
V.1.2 Valeurs fonctionnelles de tolérance à l'exercice :Ø Description : Sur 19 individus, 3 individus était considéré comme ayant une BPCO sévère, correspondant au stade 3 de l'échelle de GOLD. 8 individus appartenaient au stade 2b. 8 individus appartenaient au stade 2a. Le pourcentage VEMS/VEMS théorique était en moyenne de 59 +/- 18. Répartition selon la sévérité de la BPCO Ø Analyse de la saturation : La saturation au repos était mesurée en début de test. Elle était en moyenne de 93 +/- 3. La saturation la plus basse pendant l'effort était estimée en moyenne à 87 +/- 6. 9 individus présentaient une différence de saturation entre le test P+ et le test P- variant de 6 unités à 1 unité : sur ces 9 individus on retrouvait en moyenne 3 unités de différence. La variation de la saturation n'était pas homogène, certains sujets désaturaient à l'effort de façon importante (jusqu'à 17 points au maximum), tandis que d'autre se stabilisaient voire augmentaient leur saturation. Entre les deux tests, chez un même individu, la différence entre la saturation au repos et la saturation minimum pendant le test variait en moyenne de 4 points. La saturation minimale lors du test P- était en moyenne de 87 +/- 6. La saturation minimale lors du test P+ était en moyenne de 86 +/- 5. Histogramme comparatif des Sa02 minimales d'un test à l'autre Ci-dessous les graphiques individuels de la saturation en oxygène au cours du test : (La minute 1 correspond à la minute de la prise de mesure de la saturation de repos, et la minute 7 correspond à la saturation de la dernière minute du test.) Ø Analyse de la Fréquence cardiaque : Histogramme comparatif des FC maximales d'un test à l'autre La fréquence cardiaque de repos était mesurée en début de test et était en moyenne de 90 +/- 13. Comme la saturation, la fréquence cardiaque variait de façon non homogène d'un individu à l'autre. Ci-dessous les graphiques individuels de la fréquence cardiaque au cours du test : (La minute 1 correspond à la minute de la prise de mesure de la fréquence cardiaque, et la minute 7 correspond à la fréquence cardiaque de la dernière minute du test.) La fréquence cardiaque maximale pendant l'effort était estimée en moyenne à 113 +/- 13 sur l'ensemble des tests. La fréquence cardiaque maximale lors du test P- était en moyenne de 112 +/- 12. La fréquence cardiaque maximale lors du test P+ était en moyenne de 115 +/- 13. Un patient était porteur d'un pacemaker et présentait une FC stable à l'effort. Aucun individu n'a jamais dépassé le pallier de « 220-âge ». Ø Analyse de la dyspnée: Il était le facteur à l'origine de tous les arrêts effectués lors des tests de marche, et était décrit différemment d'un individu à l'autre, soit comme une gêne pour rentrer l'air dans les poumons, soit comme un manque de souffle. La dyspnée de repos variait au maximum d'une unité d'un test à l'autre pour l'ensemble de l'échantillon. La dyspnée de fin de test quand à elle pouvait varier jusqu'à 3,5 unités au maximum d'un test à l'autre. Au cours du même test on pouvait noter une augmentation de 10 unités au maximum entre l'effort et le repos. La différence de saturation entre le début et la fin du test P- était en moyenne de 5,3 +/- 2,5. La différence de saturation entre le début et la fin du test P+ était en moyenne de 5,6 +/- 2,2. La dyspnée à la fin de l'effort pour le test P- était en moyenne de 5,9 +/- 2,3. La dyspnée à la fin de l'effort pour le test P+ était en moyenne de 6,5 +/- 2,3. (Les individus sont numérotés de 1 à 9 sur les cadrans, et les minutes de 0 à 10, la minute 7 étant la fin du test) Histogramme comparatif des dyspnées de fin d'effort: Ø Analyse de la distance parcourue: La distance parcourue au test P- était en moyenne de 380 +/- 102. La distance parcourue au test P+ était en moyenne de 357 +/- 96. La différence entre les distances des tests P+ et P- était en moyenne de 28 +/- 21. Le pourcentage de la distance parcourue par rapport à la distance théorique au test P- était en moyenne de 76 +/- 21. Le pourcentage de la distance parcourue par rapport à la distance théorique au test P+ était en moyenne de 71 +/- 19. Les distances parcourues au test P- étaient comprises entre 150 et 505 mètres. Les distances parcourues au test P- étaient comprises entre 210 et 505 mètres. L'intervalle de confiance (IC à 95%) pour la distance parcourue au cours du test P- était de 46m. L'intervalle de confiance (IC à 95%) pour la distance parcourue au cours du test P+ était de 48m. Histogramme comparatif des distances parcourues d'un test à l'autre V.2 Statistiques inférentielles :V.2.1. Variable dépendante : distance de marche effectuée :Nous avons mis en évidence une différence significative entre les distances parcourues lors des tests P- et P+ :
L'individu 5 a été exclu des résultats car il avait pris un broncho-dilatateur entre deux tests. V.2.2. Variable dépendante : saturation en oxygène minimale au cours du test:Nous n'avons pas mis en évidence une différence significative entre les saturations en oxygène minimales obtenues lors des tests P- et P+ :
L'individu 3 a été exclus des résultats car il s'est arrêté à plus de 30 secondes de la fin et a eu le temps de légèrement récupérer, ne préférant plus repartir. V.2.3. Variable dépendante : fréquence cardiaque maximale au cours du test:Nous n'avons pas mis en évidence une différence significative entre les fréquences cardiaques maximales obtenues lors des tests P- et P+ :
Pour les mêmes raisons que pour la saturation en oxygène, l'individu 3 a été exclus des résultats. V.2.4. Variable dépendante : dyspnée en fin de test: Nous n'avons pas mis en évidence une différence significative entre les dyspnées obtenues à la fin des tests P- et P+ :
V.2.4 Régressions linéaires :Nous avons recherché s'il existait des régressions linéaires entre les distances de marche effectuées au test P- et P+, et le VEMS et son pourcentage calculé par rapport à la théorie : Ø Régression VEMS - Distance effectuée au test P-: La distance effectuée lors du test P- n'est pas corrélée au VEMS. Ø Régression VEMS - Distance effectuée au test P+: La distance effectuée lors du test P+ n'est pas corrélée au VEMS. Ø Régression VEMS % théorique - Distance effectuée au test P-: La distance effectuée lors du test P- n'est pas corrélée au pourcentage du VEMS par rapport à la théorie. Ø Régression VEMS % théorique - Distance effectuée au test P+: La distance effectuée lors du test P+ n'est pas corrélée au pourcentage du VEMS par rapport à la théorie. VI. DISCUSSIONVI.1. Commentaires et interprétations des résultats obtenus :Notre population était constituée de patients BPCO présentant un stade avancé dans la maladie. En effet la majorité des individus était classifiée BPCO sévère sur l'échelle de GOLD. Sur 19 sujets, 8 étaient sous oxygénothérapie de longue durée, qui est un facteur traduisant la gravité de la maladie. [24] L'analyse des paramètres de tolérance à l'effort nous a permis de retrouver une différence significative pour les distances de marche entre un test avec le conteneur d'oxygène liquide et un test sans (p<0,025), et une tendance significative pour les dyspnées de fin d'effort (p=0,065). Nous avons trouvé une différence de distance de marche de 28 mètres en moyenne. La dyspnée était le facteur à l'origine de tous les arrêts effectués par les patients, ce qui confirme le fait que l'essoufflement à l'effort reste le facteur le plus limitant et le plus dérangeant décrit par le patient BPCO en général [9]. Dans notre étude, seule la différence de distance de marche nous a permis de constater que le test avec le conteneur portable est plus sollicitant qu'avec les bras libres, ce qui validait notre première et principale hypothèse. Cependant nous nous attendions à obtenir un résultat également significatif pour la différence des saturations en oxygène, ce qui n'était pas le cas. Ceci s'expliquerait par le fait que, en se fiant à l'étude de M. Poulain [18], chaque individu est susceptible de désaturer à l'effort ou pas, et/ou de monter leur fréquence cardiaque de façon notable. Nombre de paramètres comme l'état de fatigue, l'émotion, l'ambiance atmosphérique, la prise d'un traitement broncho-dilatateur, le mode de respiration à l'effort... auront un impact plus ou moins important sur les variables respiratoires et cardio-vasculaires. Nous jugions superflu de tester statistiquement les données de chaque individus. Il aurait été toutefois envisageable d'effectuer un test de permutation sur un échantillon de moins de 10 individus, qui se serait plus rapproché du cas par cas. D'autre part, nous n'avons pas retrouvé de corrélation entre le degré de sévérité de la BPCO et la distance parcourue sur les deux tests de marche. VI.2. Critiques émises sur la méthodologie employée :Tout d'abord les 19 individus inclus dans notre étude représentaient un effectif limité, qui nous avait poussé à employer des tests statistiques non paramétriques, et qui ne nous permettaient pas de constituer un échantillon suffisamment représentatif de la pathologie respiratoire obstructive et de la désadaptation systémique. La variabilité interindividuelle du VEMS signifiait l'hétérogénéité en terme de degré d'obstruction des voies aériennes distales. En effet 3 degrés d'obstruction différents sont représentés dans l'échantillon, or nous savons que la gravité de l'obstruction est fortement corrélée à la tolérance à l'effort. [21] Nous avons contrôlé la prise de broncho-dilatateurs et inclus cette possibilité dans le protocole de l'étude, ce qui nous permettait d'évaluer davantage l'incapacité d'origine respiratoire. [11] Nous avons également contrôlé si le patient effectuait l'arrêt définitif avant les 30 dernières secondes du test pour qu'il n'y ait aucun moyen de récupération après l'évaluation finale de la dyspnée. Nous n'avons pas retrouvé d'étude qui traite sur le temps de récupération du sujet BPCO. 30 secondes était un temps que nous avons choisi instinctivement et sans niveau de preuve. La dyspnée demeure une sensation très subjective, difficile à faire comprendre dans un premier temps, et difficile à évaluer, sans omettre son importante variabilité d'un jour à l'autre. De ces faits découlent des biais non négligeables. Les temps de repos entre les tests variaient entre 30 minutes et 1 heure, ce qui pouvait être un temps de récupération insuffisant pour certains de nos sujets les plus sévères et pas pour d'autres. Nous avons laissé chaque patient au moins 5 minutes assis sur une chaise avant chaque test, et mesuré la saturation et la fréquence cardiaque de repos en position assise. VI.3. Références à la bibliographie et tentatives d'explication des résultats :D'après Rendelmeyer [22], on estime positif une différence de 40 mètres de distance de marche entre deux TM6 (en moyenne, 54 mètres est la distance significative). Malgré que notre test statistique soit significatif en terme de distance, nous avons retrouvé 28 mètres en moyenne seulement. Concernant les individus sous oxygénothérapie, nous n'avons pas augmenté les débits gazeux, bien que nous sachions que ces derniers ont un effet sur les paramètres de performance lors du test de marche [11]. Nous partions sur la base de l'individu à l'état de repos, sans vouloir anticiper ses réserves cardio-respiratoires à l'exercice. Une étude de 1977 de Leggett et Flenley [12] montrait que si un sujet qui a une tolérance à l'exercice limité de façon sévère, le fait de porter une masse pesant 4 à 5 kg suffisait pour complètement annuler le bénéfice obtenu grâce à une aide oxygénative de 2 à 4 litres par minute pendant la marche. Le protocole de cette étude était à peu prêt similaire au notre. La différence de distance entre les deux tests était toutefois relativement restreinte (59 +/- 42 mètres), en n'omettant pas le fait qu'il s'agissait d'un test de marche de 12 minutes et non de 6. Une autre étude [20] comparait de la même façon un test avec rollator et un test sans. La distance était augmentée avec le rollator de 46 (IC à 95% : 39 m sans rollator, 53 m avec rollator). La dyspnée était signicativement moins importante avec le rollator. VI.4. Intérêts de notre étude pour la pratique clinique :Le TM6 permet au praticien d'apprécier les capacités de tolérance d'un individu à l'effort et l'évolution de celles-ci dans le temps. Nous avons montré dans notre étude que la distance de marche était signicativement diminué si le patient BPCO est contraint de porter lui-même le conteneur d'oxygène. D'autre part, nous avons également montré que cette distance n'était pas assez importante pour faire la différence en pratique. L'American Thoracic Society recommande [1] aux praticiens d'imposer le port du conteneur au patient. Il parait logique que pour des individus sous oxygénothérapie de longue durée, il est nécessaire d'évaluer leurs capacités dans les véritables conditions de leur autonomie. VII. CONCLUSIONNotre étude, qui avait pour but d'étudier la tolérance des sujets BPCO lors d'un test de marche de 6 minutes avec poids de 3-4 kg et un test sans poids, a mis en évidence une différence significative de la distance parcourue. Pour les autres paramètres comme la saturation en oxygène, la fréquence cardiaque et la dyspnée de fin d'effort, nous n'avons pas pu mettre en évidence une différence valable. Aucune corrélation entre la sévérité de la BPCO et la distance de marche n'a été retrouvée. Pour les individus sous oxygénothérapie de longue durée (environ 5000 individus sur le réseau ANTADIR en France) qui désaturent significativement d'un test à l'autre et qui augmentent tout autant leur fréquence cardiaque, il serait intéressant après avoir identifier ces individus de savoir si un apport supplémentaire en oxygène augmenterait leur distance de marche. De plus, nous pourrions comparer de la même façon dans une autre étude la distance effectuée avec le port d'un conteneur à valve économiseuse. Il serait également intéressant à l'avenir d'affiner ce type d'étude en ne se fiant pas seulement à l'échelle de GOLD, mais en utilisant également d'autres évaluations qui ont fait leurs preuves comme des questionnaires sur la qualité de vie validés qui pourraient également nous orienter : l'un des plus reconnu actuellement est le questionnaire St George. Nous pourrions aussi bien évaluer la facilitation engendrée par des aides techniques qui augmenteraient éventuellement le périmètre de marche d'individus à capacités limitées, en toute autonomie. Si la différence de marche entre les tests avec et sans le port du conteneur d'oxygène s'avérait supérieure à 50 mètres, on pourrait alors proposer une aide de ce type. Nombre de directions s'offrent ainsi à nous et nombre d'investigations semblent en conséquence possibles dans la lignée de ce travail de recherche. BIBLIOGRAPHIE[1] American Thoracic Society: ATS Statement: Guidelines for the Six-Minutes Walk Test; American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine Vol 166 pp. 111-117 AJRCCM 166(1): 111. [2] Brugiere O, Fournier M: Bronchopneumopathies chroniques obstructives. Encycl Med Chir (Paris), 1999; 6-030-A-10. [3] Coltey B, Lantuejol S, Pison C, BPCO: Fléau silencieux. In: Forum Santé Grenoble 2002; 5-14. [4] Delplanque D, Antonello M: Comprendre la kinésithérapie respiratoire: du diagnostic au projet thérapeutique. Masson, Paris 2001. [5] Gosselink R, Troosters T, Decramer M: Peripheral Muscle Weakness Contributes to Exercise Limitation in COPD; Resp CCM, Mar 1996; 153(3): 976-980. [6] Guyatt G H, Pugsley S O, Sullivan M J, Thompson P J, Berman L B, Jones N L, Fallen E L, Taylor D W: Effect of encouragement on walking test performance; Thorax, 1984; 39: 818-822. [7] Hamilton AL, Killian KJ, Summers E, Jones NL : Muscle strenght, symptom intensity, and exercice capacity in patients with cardiorespiratory disorders. Am JResp Crit Care Med 1995; 152: 2021-31. [8] Jones et col: In N S Cherniack , editor COPD; 1ed Saunders Philadelphia, 1991; 196-206. [9] Kinsman RA, Yaroush RA, Fernandez E, Dirks JF, Scocket M, Fukuhara J: Symptoms and experiences in chronic bronchitis and emphysema; Chest 1983; 83: 755-61. [10] Knox A J, Morisson J F J, Muers M F : Reproducibility of walking test results in chronic obstructive airways disease; Thorax, 1988; 43: 388-392. [11] Leach RM, Davidson AC, Chinn S, Twort CHC, Cameron IR, Batemen NT: Portable liquid oxygen and exercise ability in severe respiratory disability; Thorax, 1992; 47: 781-789. [12] Leggett R J E, Flenley D C : portable oxygen and exercise tolerance in patients with chronic hypoxic cor pulmonale; British medical journal, 1977; 2: 84-86. [13] Maltais F, Leblanc P, Jobin J, Casaburi R: Peripheral muscle dysfunction in chronic pulmonary disease; Rev Mal Respir, 2002; 19: 444-453. [14] Man WD, Soliman MG, Nikoletou D, Harris ML, Rafferty GF, Mustfa N, Polkey MI, Moxham J: Non-volitional assessment of skeletal muscle strength in patients with chronic obstructive pulmonary disease. Thorax, 2003 Aug; 58(8): 665-9. [15] Marin M, Santiago J, Gascon M, Sanchez A, Gallego B, Bartolome R: Lung Functions during the 6-Min Walk Test in COPD; Am J Respir Crit Care Med, 2001; Vol 163. p.1395-1399. [16] Meek PM, Lareau SC: Critical outcomes in pulmonary rehabilitation: assessment and evaluation of dyspnea and fatigue; J Rehabil Res Dev; 2003 Sep-Oct; 40: 13-24. [17] NIH, Am J Respir Dis Crit Care Med, 1994; 149: 825-33. [18] Poulain M, Durand F, Palomba B, Ceugniet F, Desplan J, Varray A, Préfaut C: 6-Minute Walk Test is more sensitive than Maximal Incremental Cycle Testing for detecting oxygen desaturation in patients with COPD; Chest, 2003; 123: 1401-1407. [19] Préfaut C : L'oxygénothérapie de déambulation est-elle justifiée et justifiable ? In : 78ème Congrès de Pneumologie de Langue Française 2003. [20] Probst VS, Troosters T, Coosemans I, Spruit MA, Pitta Fde O, Decramer M, Gosselink R: Mechanisms of Improvement in Exercise Capacity Using a Rollator in Patients With COPD. Chest; 2004 Oct; 126(4):1102-7. [21] Rabinovitch RA, Roca J : Evaluation de la tolerancia al ejercicio en pacientes con EPOC; Prueba de marcha de 6 minutos; Archivos de Bronconeumologia, 2004; 40: 80-85. [22] Redelmeier DA, Guyatt GH, Goldstein RS : Interpreting small differences in functional status: the 6 ' Walk test in chronic lung disease ; Am J Respir Crit Care, 1997; 155: 1278-82. [23] Serres I, Gautier V, Varray A, Préfaut C : Performance musculaire périphérique chez le BPCO : Relation avec le niveau d'activité physique et la fonction respiratoire. Rev Mal Respir, 2001 Apr; 18(2): S17-9. [24] Wedzicha JA, Bestall JC, Garrod R, Garnham R, Paul EA, Jones PW : Randomized controlled trial of pulmonary rehabilitation in severe chronic obstructive pulmonary disease patients, stratified with the MRC dyspnea scale; Eur Respir J; 12: 363-369. ANNEXESANNEXE 1Classification GOLD Stade : Caractéristiques 0 : à risque de BPCO spirométrie normale, symptômes chroniques : toux, expectoration I : BPCO légère VEMS/CVF < 70% et VEMS 80% th. ; avec ou sans symptômes chroniques II : BPCO modérée VEMS/CVF < 70% et 30% VEMS < 80% th. ; avec ou sans symptômes chroniques (IIA : 50% VEMS < 80% th.) (IIB : 30% VEMS < 50% th.) III : BPCO sévère VEMS/CVF < 70% et VEMS < 30% th., ou la présence d'une insuffisance respiratoire*, ou d'une insuffisance cardiaque droite * PaO2 < 8 kPa (60mm Hg), avec ou sans PaCO2 > 6,7 kPa (50,3mm Hg) à l'air ambiant. ANNEXE 2Formulaire de consentement GRAF Pierre 32 boulevard Foch 38000 GRENOBLE 06-26-37-30-19 Je participe à une étude qui porte sur le test de marche de 6 minutes (TM6), et plus précisément sur « l'influence du port du conteneur d'oxygène liquide Companion C 1000 sur les paramètres de performance du sujet BPCO lors du TM6 ». Pierre GRAF, investigateur de cette étude, ou tout kinésithérapeute participant à cette étude m'a bien fourni toutes les informations nécessaires à ma bonne compréhension et aux modalités de ma participation. Je reconnais avoir pu poser toutes les questions à Mr Pierre GRAF, étudiant en 3ème année de kinésithérapie du CHU de Grenoble, ou à un kinésithérapeute du centre Henri Bazire participant à l'étude. J'ai été informé que je pouvais me retirer de cette étude à tout moment sans préjudice. L'ensemble des données pouvant être exploité pendant cette étude, tout du moins celles me concernant restent ma propriété et je peux en disposer librement. Ces données étant informatisées, il m'a été précisé que celles-ci resteraient anonymes ou codées et protégées par la loi informatique et liberté (CINL, 1978). J'autorise toutes les personnes habilitées par le ministère de la santé ou de la région sanitaire à utiliser ces données dans un but de recherche, toujours dans le respect de la loi informatique et liberté. En raison de cette information, je reconnais donner par la présente mon consentement libre et éclairé pour participer à cette étude. Je reconnais qu'un formulaire de consentement a été réalisé en double exemplaire dont un m'a été remis. Fait à: Fait à: Le: Le: Prénom, Nom: Prénom, Nom: Signature de l'opérateur: Signature: ANNEXE 3Feuille explicative Je suis actuellement amené à effectuer un mémoire de recherche concernant un test de marche que vous connaissez peut-être déjà ou que vous découvrirez au cours de votre séjour dans le centre de réhabilitation Henri Baire à St Julien de Ratz: Lors du test de marche de 6 minutes, vous marcherez comme son nom l'indique durant 6 minutes le plus vite possible sans courir, tout en gérant votre effort et sans vous laisser perturber par des éléments extérieurs. Ceci est important, car le résultat de ce test fait partie intégrante de votre prise en charge, il représente un des moyens pour nous thérapeutes d'évaluer vos performances et la progression que vous êtes susceptible de réaliser. Vous pouvez à tout moment cesser le test si par exemple vous éprouvez des douleurs ou simplement prendre une pause pour repartir ensuite. Ce test sera réalisé à deux reprises dans la même demi-journée, à au moins 30 minutes d'intervalle qui sera consacrée au repos. Les résultats seront ensuite inscrits dans l'étude statistique de mon mémoire et ne seront utilisés qu'à des fins purement professionnelles tout en préservant votre confidentialité. En vous remerciant de votre confiance. GRAF Pierre Etudiant en 3ème année Ecole de kinésithérapie CHU Grenoble ANNEXE 4Consignes au patient avant un test de 6 min: « Le but de ce test est de marcher le plus possible pendant 6 minutes. Vous marcherez aller et retour dans ce couloir. Marcher 6 minutes, c'est long, et donc vous devrez faire un effort. Vous allez probablement vous sentir hors d'haleine et fatigué. Vous pouvez donc ralentir, vous arrêter ou vous reposer si nécessaire. Vous pouvez vous appuyer contre le mur pendant le repos mais reprendre la marche dès que possible. Vous parcourrez le couloir aller et retour en faisant demi-tour à mon signal. Pendant le test vous ne pouvez pas parler car cela influence vos performances. Je vous indiquerai le temps restant toutes les minutes. » ANNEXE 5Recueils de données: TEST DE MARCHE DE 6 MINUTES Date : Nom /Prénom : Age : Taille : IMC(P/ T^2): Sexe : Poids : Débit O2 pour le test : Distance th : FC th (0.8*220-âge) : Opérateur : Eléments du dossier Derniers EFR : VEMS= VEMSth= Derniers Gaz du sang : PaO2= PaCO2= O2 en permanence ? oui / non
1ER TEST Premier test jamais effectué ? oui non Assistance (tirage au sort) : avec sans Dyspnée début :
[Résultats Ohmeda] SaO2 min : Fcmax : Courbes : (à attacher ici) Dyspnée fin : Distance parcourue : Distance % th : Commentaires (nb arrêts/origine ?) : 2e TEST Assistance : avec sans Dyspnée début :
[Résultats Ohmeda] SaO2 min : Fcmax : Courbes : (à attacher ici) Dyspnée fin : Distance parcourue : Distance % th : Commentaires (nb arrêts/origine ?) : ANNEXE 6Données des tests (1):
ANNEXE 7Données des tests (2):
ANNEXE 8Données des dossiers :
| "Ceux qui rĂªvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rĂªvent de nuit" |