Chapitre VI : INTERPRETATION ET DISCUSSION DES
RESULTATS
6.1 Interprétation des résultats
Dans cette partie de notre travail, nous allons donner une
signification psychologique aux résultats obtenus en nous inspirant de
la théorie de l'assuétude de Stanton. Il s'agit principalement
d'expliquer le lien entre les événements de vie significatifs
vécus et les conduites de consommations de droguesobservées chez
les jeunes adultes.
La théorie de l'assuétude de Stanton (1982)
stipule que l'individu consomme de la drogue pour éviter de faire face
à la réalité désagréable parce que toutes
les drogues ont en commun l'effet d'éliminer les ennuis, la douleur et
l'angoisse.
6.1.1. Sexe, âge et profession
Les résultats obtenus au tableau 2 montrent que la
grande majorité des sujets interrogés sont des hommes. Ce fait
indique que le phénomène de la consommation des drogues demeure
un phénomène masculin par essence. Depuis de nombreuses
années, c'est l'observation la plus plausible qui est faite par les
chercheurs.
Le tableau 3 nous renseigne sur les tranches d'âge. Il
faut noter que la tranche d'âge la plus représentée dans
notre étude est celle de 26 - 29 ans. Cette tranche d'âge est
suivie par celle de 17 - 25 ans. Ces deux tranches d'âge occupent
à elles seules plus de la moitié de l'effectif total. Ces faits
montrent, sans doute aucun, que le phénomène de la consommation
de drogues concerne singulièrement la population jeune. La jeunesse est
une époque de la vie humaine comprise entre l'enfance et la
maturité. C'est une période de croissance ou de
développement progressif au cours de laquelle les choses nouvellement
établies n'ont pas encore atteint leur plénitude. Il faut
préciser qu'au cours de cette étape, les jeunes se posent
beaucoup de
questions existentielles auxquelles ils ne trouvent pas de
réponse pour la plupart du temps. Durant ce temps de vie, les jeunes se
créent de grands besoins et sont portés à une satisfaction
immédiate et complète. Il s'agit par exemple de la
nécessité de s'affirmer devant l'entourage et, très
souvent, du doute de sa capacité de réussir. Face à ces
difficultés passagères, les jeunes cherchent des solutions
promptes. Selon Stanton (1982), tout individu adopte une façon qui lui
est propre de fonctionner et de rechercher des solutions à un
problème en fonction de sa compréhension. Face à ces
difficultés rencontrées pendant la jeunesse, les jeunes optent
pour la consommation des drogues pour s'affirmer devant l'entourage ou pour
renforcer leur performance. Malheureusement, ces solutions apportent une
satisfaction apparente, sans pour autant répondre convenablement aux
nécessités.L'ignorance et la naïveté rendent les
jeunes plus vulnérables auxdifficultés existentielles. Et face
à ces contrariétés et complexités de la vie et
surtout de la jeunesse, les jeunes manifestent indubitablementla peur et la
détresse.Or les drogues sont connues pour leursubtilité
d'éliminer l'angoisse et de faire oublier les ennuis.Pour les jeunes, le
principal mobile de la fréquente consommation des drogues est
d'échapper à l'anxiété, à la
mélancolie et aux ennuis que créent les difficultés
existentielles. En consommant de la drogue pour éviter de faire face
à la réalité déplaisante et pénible, les
jeunes arrivent à un point où leurs problèmes ne peuvent
plus se régler parce qu'ils les ont évités ; et cela
crée également l'angoisse. Ainsi, ils font recours encore
à la drogue pour oublier cette angoissenouvelle qui corrode leur vie du
jour au lendemain.
Les résultatsdu tableau4 montrent que les sans
profession et les apprenants sont significativement plus dominants dans notre
échantillon.L'oisiveté (représentée par les sans
profession) occupe la grande proportion et revêt une signification
très essentielle et importante. La consommation des drogues devient
impérativement un centre d'intérêt et de plaisir pour la
majorité des toxicomanes. L'usage des drogues produit
considérablement du plaisir et permet de réduire voire
d'annihiler totalement
toutes les activités susceptibles d'être une
source de plaisir. La consommation de drogues organise désormais
l'oisiveté à tel point qu'elle conduit très rapidement
à une dépendance sévère vis-à-vis des
substances psychoactives. La fierté et le bien-être, que
concède un emploi stable et rémunéré, sont
désormais garantis par l'usage régulier des drogues. La
consommation des drogues devient le centre d'intérêt le plus
prisé et le plus apprécié à telle enseigne que tous
les autres centres d'intérêt sont éludés au profit
de l'usage des substances psychoactives. Le recours à la consommation
des drogues constitue un exutoire selon Stanton (1982). C'est la voie la plus
courte qui procure une satisfaction apparente et
éphémère.
L'absence d'emploi ou d'occupation professionnelle conduit
certains sujets à prendre de la drogue et cette oisiveté renforce
davantage les conduites de consommation de drogues chez les sans profession.
Les apprenants utilisent aussi la drogue, mais dans le but de développer
leur performance.
Pour se frayer une place non moins importante dans le monde du
travail et garantir de surcroît l'avenir, les jeunes s'adonnent
très tôt et facilement à des métiers
d'apprentissage. Ces jeunes apprenants se sentent investis des obligations et
des nécessités de subvenir adéquatement aux besoins de
leurs parents et de leurs plus jeunes frères et soeurs bref de toute la
famille. Pour se donner toutes les chances de réussir son métier
d'apprentissage, il faut durement travailler. Les capacités et les
performances, dont nous disposons, ont des limites raisonnables. Pour surpasser
ces limites et travailler durement, les jeunes apprenants optent pour des
exutoires. Ils s'adonnent essentiellement à la drogue pour augmenter
leur performance et développer de grandes capacités de travail.
Les drogues confèrent à ces apprenants un sentiment de
toute-puissance et une aptitude d'infatigabilité devant le travail.
Lorsque l'effet de l'exutoire est passé, les apprenants se retrouvent
face aux mêmes difficultés. L'angoisse et le sentiment
d'être dépassé reviennent. Les apprenants appliquent les
mêmes solutions pour soulager leur souffrance et développer leur
performance. Celles-ci engendrent d'autres difficultés, et le
problème perpétue. C'est ce que Stanton (1982)
appelle le cycle de l'assuétude.
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