Résumé
Le phénomène de la consommation des drogues est
devenu un enjeu
sociétal majeur pour toute l'humanité. Aucun
pays n'est épargné par cette surprenante évolution de la
toxicomanie. Les conséquences de l'abus des droguespeuvent être
ponctuelles ou durables selon les habitudes de consommation, la quantité
consommée et le niveau de dépendance. Mais les raisons, de la
forte consommation des droguesobservée depuis peu chez les jeunes
adultes, ne sont pas toujours très bien connues.
Pendant la période du 1er Février au
22 Avril 2011, nous avons effectué une étude sur l'usage des
drogues par les jeunes adultes au Centre Hospitalier National
Spécialisé. L'objectif de cette étude est de
repérer les événements de vie significatifs
susceptiblesd'avoir fragilisé les jeunes adultes et favorisé chez
eux la dépendance aux drogues. Au moyen de l'observation, d'un guide
d'entretien et d'un questionnaire des événements de vie
élaborés, du questionnaire Drug Abuse Screening Test-20 et de
l'échelle de détresse psychologique K6, nous avons recueilli les
informations sur 82 toxicomanes. Les résultats auxquels nous sommes
parvenu sont les suivants :
- les événements de vie significatifs ont
entraîné une détresse psychologique chez les jeunes
adultes,
- la détresse psychologique, causée par les
événements de vie significatifs, a conduit les jeunes adultes
à la prise de drogues,
Au total, notre étude permet de comprendre que les
conduites de consommations de drogues observées chez les jeunes adultes
dépendent visiblement des événements de vie significatifs
vécus avant la consommation.
Ainsi, le rôle prégnant des décideurs est
de réduire l'offre et la demande de la drogue sans pour autant se
désintéresser de la création des centres de soins et
d'aides spécialisés pour une meilleure prise en charge des
toxicomanes.
Mots-clés : Evénements de
vie significatifs - Détresse psychologique - Dépendance aux
drogues - Jeunes adultes.
INTRODUCTION
L'abus de drogues, connu communément sous le terme
« toxicomanie », est devenu un problème de santé
publique et un fléau sociétal majeur suite à la
mondialisation favorisée par les facteurs socioéconomiques
complexes.Le trafic et la forte augmentation de la consommation d'alcool, du
tabac et des drogues illicites préoccupentau plus haut niveau la
communauté internationale.L'ampleur des conséquences sociales et
sanitaires de l'abus des drogues, il faut le dire, conduit la communauté
internationale à s'organiser autrement pour lutter efficacement contre
les problèmes de drogues.En outre, les statistiques des
regrettablesconséquences des consommations de drogues sont alarmantes.A
l'échelle mondiale, la consommation du tabac est l'une des causes les
plus importantes de décès dans le monde avec 5 millions de morts
par an. A cette allure galopante, le nombre de morts par consommation de tabac
atteindra 10 millions par an, d'ici 2020.
Au Togo, la consommation de drogues s'est largement
répandue au cours de ces dernières années. Leur
évolution semble coïncider avec la progression mondiale du
phénomène de la toxicomanie.Cetterapide progression des conduites
de consommations de drogues s'explique aussi par la prolifération des
trafics de drogues. Ce phénomène prend de plus en plus de
l'importance.Il touche malheureusement toutes les couches sociales et surtout
les jeunes qui se créent de solides bases et de probants motifs pour
l'utilisation des drogues.
Les conséquences, auxquelles les services d'urgence et
de prise en charge médico-psychosociale sont confrontés, sont
considérables et varient selon les habitudes de consommation, le niveau
de dépendance et la vulnérabilité des sujets.Les
conséquences, généralement rencontrées, sont les
intoxications et les complications psychiatriques. Il peut s'agir aussi des
risques sociaux pour l'usager et son entourage, des troubles organiques graves
à l'instar des dommages dans le cerveau, des altérations des
voies
respiratoires et / ou des arrêts cardiaques pouvant
entraîner la mort. A court terme, les consommations de drogues provoquent
l'apaisement, l'euphorie et très souvent une sensation de bonheur.C'est
justement pour cette raison que certains les consomment
régulièrement. En cas d'usage répété, les
premières consommations ne durent que quelques semaines et laissent
place à de sévères dépendances.
Face à ces urgences organiques et psychiatriques, les
services de prise en charge médico-psychosociale restent parfois sans
voix, vu leur nombre restreint. Cependant depuis les législations
universelles en matière de la drogue, ces services d'aides
spécialisées tentent, peu ou prou, de résoudre les
problèmes engendrés par les conduites de consommations de drogues
à travers la recherche-action.
L'expérience clinique, connue lors de nos stages au
Centre Hospitalier National Spécialisé auprès des
toxicomanes, nous conduit à étudier le phénomène de
la toxicomanie sous l'aspect des facteurs ayant conduità ces
consommationsde drogues. Cetteétude vise à montrer le lien entre
les événements de vie significatifs vécus et les conduites
de consommations de drogues.
Au risque d'être schématique, notre travail est
organisé autour de trois grandes parties : d'abord, nous
présentons la problématique et le cadre théorique dans la
première partie, ensuite, nous relatonsla méthodologie de notre
travail dans la deuxième partie et enfin dans la troisième
partie, nous exposons les résultats avec les commentaires,
interprétation et discussions.
PREMIERE PARTIE
PROBLEMATIQUE ET CADRE THEORIQUE
Chapitre I : ANALYSE DE LA SITUATION ET QUESTIONDE LA
RECHERCHE
1.1. Analyse de la situation
Selon le rapport sur la santé dans le monde de
l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en 2003, 140 millions de
personnes souffraient des troubles liés à l'alcool, un adulte sur
trois fumait du tabac, ce qui représentait 1,2 milliard de personnes et
on a estimé qu'il y avait environ 5 millions de personnes s'injectant
des drogues illicites.
Au Togo, selon le rapport annuel 2010 du Centre Hospitalier
National Spécialisé en Santé Mentale d'Aného, les
statistiques alarmantes des cinq dernières années montrentque la
toxicomanie représente l'une des cinq premières causes
d'hospitalisation au centre à côté de la
schizophrénie, des psychoses hallucinatoires chroniques, des
bouffées délirantes polymorphes et de la dépression
psychotique. Elle représente 20% des hospitalisations et elle constitue
également avec tout ce qu'elle engendre comme troubles mentaux
associés, l'un des plus fréquents motifs de réadmission
(environ 30% sur un taux global de réadmission de 74%).
La présente recherche trouve son origine dans un
constat pertinent : la présence d'une histoire
événementielle constatéelors de nos entretiens cliniques
avec les patients toxicomanes que nous avons reçus au cours de notre
stage au Centre Hospitalier National Spécialisé en Santé
Mentale d'Aného du 1erFévrier au 22 Avril 2011.
D'abord, la majorité des patients que nous avons
rencontrés sont de sexe masculin. Outre l'abondance du sexe masculin,
nous avons constaté que les patients addictifs sont relativement jeunes
avec un pic situé entre 26 et 29 ans.Les qualifications professionnelles
des patients rencontrés sont diverses. Toutefois, elles semblent
être de l'ordre de la classe défavorisée. Les professions
les représentées sont les sans profession, les apprenants et les
employés.
Ensuite, certains patients addictifs décrivaient une
histoire marquée par des difficultés financières,
principalement par la diminution significative des revenus, des
problèmes conjugaux articulés autour des difficultés
relationnelles, des disputes, des interruptions de la vie conjugale, des
séparations ou même des décès de leurs conjoints.
C'est l'exemple d'un polygame de 44 ans resté pendant longtemps sans
emploi qui a connu une vie conjugale pleine de mésententes suivie de la
séparation d'avec sa première femme.
Et puis, d'autres patients addictifs retraçaient la vie
familiale avec des événements familiaux épouvantables
comme des mésententes entre les enfants et / ou les parents, une
séparation d'avec la famille,ou un décès d'un membre de la
famille.En exemple, nous avons le cas d'une patiente de 28 ans
toxicomaneà l'héroïne et au cannabis. Elle est la
18ème enfant de la fratrie,leur vie familiale est pleine de
disputes dramatiques etses parents sont décédés la
même année pendant qu'elle était encore très jeune.
Un autre cas de patient de 25 ans, aîné d'une fratrie de deux
enfants, choyé par sa mère et maltraité par son
père, s'adonne à l'alcool, au tabac et occasionnellement au
cannabis depuis le décès de sa mère.
Enfin, d'autres patients addictifs relataientdes
problèmes de santé comme une maladie ou unaccident grave ; des
difficultés liées au milieu de vie comme un
déménagement suivi d'un changement de voisins mais aussi
desdifficultés de la vie sociale exposées en termes d'une
modification importante du statut social, d'une absence d'aide en cas de
besoin, d'un décès d'un ami procheou des conflits avec la loi.
Dans le souci d'appréhender d'une part les multiples
raisons intervenant essentiellement dans le déterminisme des conduites
de consommation de drogues et d'autre part les conséquences imminentes
issues des événements de vie traumatiques, d'innombrables travaux
ont été réalisé par plusieurs chercheurs.
Les alcooliques ont été l'objet d'une
étude prospective réalisée par Hall et al.(1990).
Les explications données par les alcooliques à leur rechute
formulaient principalement autour d'un état de stress important. Cette
rechercheprécise la précaution avec laquelle il faut
considérer les explications des toxicomanes, d'autant plus qu'elle
s'intéresse aux situations qui peuvent déclencher la rechute des
alcooliques. Cela indique qu'il peut avoir d'autres mobiles intrinsèques
à la personnalité du toxicomane que lui-même peut
méconnaître.
En 1994, Adams et al. ont effectué une
intéressante étude sur le rôle respectif des
événements de vie éprouvants (stress majeurs) et des
tracas quotidiens (stress mineurs) dans la sévérité et les
fluctuations d'un jour à l'autre de la symptomatologie du lupus, sur une
population de 41 sujets. Les auteurs constatent qu'environ 1/5 de la population
étudiée présente des corrélations significatives
entre le stress ou les variables émotionnelles et les symptômes
physiques : ce sous-groupe peut être considéré comme
définissant une population de sujets répondeurs au stress, ce qui
laisse entendre que dans toute affection à composante psychosomatique la
part attribuable à des facteurs psycho-émotionnels est
très variable d'un sujet à un autre.
Larecherche effectuée sur l'addiction tabagique et la
disposition narcissiquechez des fumeurs consultant pour sevrage
tabagique(Fernandez, 1997) trouve son origine dans un double constat : d'une
part, celui d'une variabilité des effets des addictions et d'autre part,
celui d'une variabilité de la disposition narcissique chez les
addictés.Les résultats montrent que les fumeurs ayant une
disposition narcissique moyenne ou forte sont dépendants du tabac
auniveau psychologique et comportemental. Autrement dit, plus les fumeurs sont
narcissiques, plus ils sontdépendants psychologiquement du tabac.
L'examen des relations entre le degré et l'intensité de la
dépendance àla nicotine et le degré et l'intensité
de la dépendance psychologique et comportementale au tabac
révèle le faitsuivant : les fumeurs ayant une
disposition narcissique moyenne ou forte peuvent aussi
être dépendantsphysiologiquement de la nicotine et donc
présenter les deux dépendances associées.
L'étude de l'impact du climat affectif familial sur la
personnalité de l'enfant : cas des toxicomanes de Lomé
(Sévon, 2002) a montré que l'âge actuel, le type de famille
et la position occupée dans la fratrie ne sont pas des facteurs
déterminants dans l'explication de l'étiologie de la toxicomanie.
Cependant, il ressort que le phénomène est essentiellement
masculin, que la consommation se fait en groupe et la plupart des toxicomanes
le sont devenus lorsqu'ils vivaient encore avec leurs parents géniteurs.
D'après les facteurs subjectifs, le désir d'attirer l'attention
des parents constitue un facteur déterminant. Parmi les facteurs
psychologiques, la disqualification du père (absence physique et / ou
psychique) et la surprotection maternelle sont les facteurs
prépondérants entraînant le trouble de l'organisation de la
personnalité pouvant déboucher sur la dépendance à
la drogue.
Clément, Darthout et Nubukpo (2003) estiment que
l'étiopathogénie des démences relève d`un
déterminisme multiple qui implique différents facteurs de
vulnérabilité d`ordre génétique, biologique et
psychopathologique. Les résultats suggéraient que la
fréquence des événements de vie survenus au cours de
l`enfance, mais aussi au cours de la vie de couple et de la vie professionnelle
était significativement plus élevée et le retentissement
affectif plus important chez les sujets déments que chez les sujets
contrôles.
Les travaux effectués (Atger, Corcos,
Perdereau,&Jeammet,2003) révélaientque les conduites
addictives peuvent être considérées comme des
modalités de régulation de l'équilibre psychique du sujet
face aux menaces de perte que représente la problématique de
séparation-individuation qui se rejoue à partir de l'adolescence.
Le recours au comportement survient lorsque les moyens habituels de
régulation, ressources internes du sujet et étayage sur les
objets externes, sont débordés. Les facteurs intervenant dans la
genèse et
la pérennisation des conduites addictives sont
biologiques, psychologiques, culturels et sociaux.
Les récents travaux que nous avons effectués
(Kpelly, 2010) montraient d'une part, que les addictionsaux drogues
dépendentdes types d'attachement parental et d'autre part que, les
toxicomanes d'un attachement insécure détaché sont
dirigés vers l'alcool, le tabac et le cannabis, ceux de l'attachement
insécure préoccupé touchent à la plupart des
substances psychoactives et ceux de l'attachement insécure
désorganisé sont conduits plus vers l'alcool et le tabac.
A la suite du programme Alzheimer, de recherche et de
données (Poillot, Menecier & Ploton, 2011), 59 malades Alzheimer ont
été comparés à 31 sujets témoins, afin de
rechercher une association entre facteurs de vulnérabilité
liés à l'histoire de vie et révélation clinique
ultérieure d'une maladie d'Alzheimer. Des facteurs pathogènes
apparaissent, les malades ont plus souvent été placés
avant l'âge de dix ans et reconnaissent plus d'antécédents
familiaux de nature psychiatrique. La présence
d'évènements de vie difficiles peut influencer les
capacités du sujet à effectuer un travail de deuil ainsi,
l'élaboration des pertes liées au vieillissement peut être
rendue difficile et dépasser les capacités psychiques du
sujet.
1.2. Questionpréliminaire
Au regard de ces pertinentes observations effectuées et
de ces interprétationsélaborées par différents
auteurs surl'étiologie des addictions aux drogues, nous nous
interrogeons sur la présence d'une relation entre les
événements de vie significatifs et les conduites de consommation
de drogues constatées chez les jeunes adultes.
Chapitre II : ETAT DE LA QUESTION ET CADRE THEORIQUE
2.1. Définition des concepts
2.1.1. Evénements de vie
2.1.1.1.Définition
Etymologiquement, événement vient du latin
« evenire » qui veut dire « arriver ». En
probabilités ou en statistiques, un événement est le
résultat d'une expérience aléatoire. Par exemple, la
phrase « la personne choisie est untoxicomane » définit un
événement de l'expérience aléatoire « choix
d'un individu dans une population ». En sciences, il s'agit d'un
changement d'état ou de contexte, lié à une modification
substantielle de la valeur d'un paramètre mesurable, dans un bref
intervalle de tempsà l'échelle de l'expérience.Un
événement, c'est un fait important qui marque ou qui se produit
dans la vie des hommes.
Pour Freud (1929), les événements de vie sont
toutes les situations oül'on subit un préjudice, une
humiliation, une déception, situations qui peuvent
introduire dans la relation une opposition d'amour et de haine ou
renforcer une ambition déjà présente.
Les évènements de vie sont des situations ou des
faits importants survenant de façon brutale, imprévisible ou non,
soumettant l'individu à une agression émotionnellement choquante
ou non et sur laquelle un contrôle peut ou peut ne pas être
possible dans l'urgence de la situation.
2.1.1.2. Approches conceptuelles
La conceptualisation des événements de la vie
tient un rôle majeur dans le développement et l'évolution
du mouvement centré sur l'étude de la relation
événement/maladie. Au fur et à mesure que les chercheurs
élaborent leurs approches conceptuelles, ils mettent au point des
méthodologies et par là même des instruments et des modes
d'approche de plus en plus spécifiques des problèmes
traités.
Pour les chefs de file que sont Holmes et Rahe (1967), c'est
la « quantité de changement » impliquée par un
événement survenant dans la vie d'une personne qui confère
à celui-ci un rôle pathogène ou non. Pour évaluer
l'importance du changement, ces auteurs construisent the Schedule of Recent
Experiences. Il s'agit d'une liste de 43 événements
considérés comme potentiellement perturbants, dans la mesure
où ils impliquent une certaine quantité de changement lorsqu'ils
surviennent dans la vie de tout un chacun. Ce changement, qui exige alors un
effort d'adaptation et de réajustement de la part de celui qui le vit, a
été quantifié par un grand nombre de sujets-juges, devant
se référer à leurs expériences personnelles et
à ce qu'ils ont pu voir autour d'eux. En pratique, il suffit de faire
remplir en auto-passation des listes d'événements. Les sujets
doivent indiquer, dans la liste qui leur est proposée, les
événements survenus dans leur vie au cours de la période
précisée. Ensuite, à chaque événement est
attribuée la note standard correspondante. Le tout étant
sommé, donne la note globale d'impact événementiel de
chaque sujet.
Après l'utilisation de la liste des
événements proposée par les précurseurs Holmes et
Rahe pendant une décennie, les chercheurs font le choix d'un guide
d'entretien pour cerner davantage les événements.
Brown et Harris (1978) traduit en français par Gorwood
et Rouillon (1994), mirent au point un guide d'entretien la LEDS (Life Events
and Difficulties Schedule) pour passer en revue de nombreux
événements et difficultés dans 12 grands domaines de la
vie.
La mise au point du guide d'entretien pour apprécier
les événements a été d'un intérêt
incontestable. Néanmoins, la nécessité d'une
méthode plus structurée et plus plausible s'imposait aux
chercheurs, d'où la création du questionnaire
d'événements.
Le Questionnaire d'événements, mis au point par
Amiel-Lebigre (1984), s'inspire dela précédente liste. Il
comprend 52 items plus deux possibilités pour pouvoir coter d'autres
évènements. L'évaluation de l'impact
de l'événement au moment de sa survenue est
faite rétrospectivement par le sujet, au cours d'un entretien, avec
l'attribution d'une note d'impact de retentissement affectif (dans le sens de
la difficulté) allant de 0 à 100.
Il convient de préciser que les
événements de vie se situent dans plusieurs domaines de la
vie.Pour ce qui est de notre recherche, nous nous sommes
intéressé principalement à l'aspect qualitatif des
événementsd'ordre familial, affectif, social, sanitaire et
financier conduisant fréquemment à un traumatisme.
2.1.1.3. Traumatisme
Le traumatisme est un choc moral ou psychologique important ou
c'est un événement qui provoque un choc moral ou psychologique
important. En médecine, c'est un trouble physique causé par une
blessure grave occasionnée par un agent extérieur. En
psychologie, c'est un choc émotionnel pouvant entraîner un
désordre psychique et modifier la personnalité.
Pour comprendre les différentes manifestations du
traumatisme psychique, il s'avère inévitable et impérieux
de circonscrire la notion de traumatisme psychique.
2.1.1.3.1. Notion de traumatisme psychique
Le traumatisme psychique est un terme désignant un type
de dommage causé à la psyché survenu après un
événement traumatisant.Un
événement traumatisant inclut une seule situation ou un ou
plusieurs événements longs et répétés,et
peut complètement submerger la capacité de l'individu à
intégrer les idées et émotions inculquées lors de
cette expérience.Le traumatisme peut être causé par une
variété d'événements, mais il en existe que
quelques aspects communs. Il y a fréquemment une violation des
idées reçues de l'individu concernant le monde et des droits de
l'homme, mettant ces individus dans un
état de confusion extrême et
d'insécurité.Le traumatisme psychique peut s'accompagner d'un
traumatisme physique.
Un traumatisme désigne une expérience de
violence hors du commun au cours de laquelle l'intégrité physique
et psychique d'un individu ou d'un groupe a été menacée.
Lorsquele terme « traumatisme » désigne l'effet sur l'individu
d'un événement, il est question d'événement
traumatogène ou potentiellement traumatique. La notion de traumatisme
psychique ne se réduit pas à cette conception factuelle. Par
ailleurs, un même « événement » vécu par
plusieurs personnes, pourra avoir des effets traumatiques très
différents d'une personne à l'autre.Pour avoir un effet
potentiellement traumatique, l'événement représente une
menace pour l'intégrité de la personne, dépassant ses
possibilités de réaction, survenant de manière soudaine et
non anticipée, et s'accompagnant d'un sentiment de terreur, de
détresse, d'effroi, de solitude, d'abandon.
La gamme des événements traumatogènes est
donc large : violence physique, violence sexuelle, exposition à des
scènes de violence, violence conjugale, menace ou témoin d'un
événement marquant, particulièrement durant l'enfance, les
séismes et éruptions volcaniques, autres violences aggravantes
peuvent également contribuer à un traumatisme psychiqueet plus
généralement dans un sens étendu, dans tous les cas
où une personne ne peut s'empêcher de penser à une
situation qui l'a débordée émotionnellement.Une exposition
à long terme à des situations telles que la pauvreté ou
autres formes d'agression, comme les agressions verbales, peuvent être
traumatisantes.
Pour certains chercheurs, il y a deux catégories de
traumatismes :
- le traumatisme de type 1 se rapportant à un
événement unique, isolé,
limité dans le temps (accident, catastrophe naturelle,
agression
physique, viol, deuil traumatique, etc.) ;
- le traumatisme de type 2 correspondant à une situation
qui se répète : l'individu se trouve réexposé
à un danger identique ou
comparable (violences familiales, guerres, traumatismes
secondaires des professionnels de l'aide, etc.).
2.1.1.3.2. Conséquences des traumatismes
psychiques
Lorsqu'il y a eu traumatisme psychique, des troubles peuvent
apparaître de manière transitoire ou durable. Il y a plusieurs
niveaux :
- Manifestations immédiates : Pendant
l'événement traumatique, le corps réagit, c'est la
réaction très courte d'immobilité du système
parasympathique puis celle de fuite / combat du système sympathique
pouvant se manifester par des comportements d'agitation, fuite panique,
réactions mimétiques, voire des manifestations névrotiques
ou psychotiques chez des sujets prédisposés. Une fois
l'événement terminé, survient la phase de réaction
du stress aigu (agitation, angoisse, souvenirs intrusifs, absence
d'émotions...). Ce sont des réactions normales et naturelles
après une expérience traumatique.
- Manifestations post-immédiates :
L'événement traumatique peut être vécu comme une
vague de stress aigu reliée à des symptômes anxieux, un
choc ou chaos émotionnel, des symptômes dépressifs.
- Manifestations différées : après une
période, il peut arriver que les réactions prennent la forme de
symptômes tels que l'hyperexcitation somatique, syndrome de
répétition, la dissociation et l'évitement. Ceci
correspond à l'état de stress post-traumatique. Finalement, cet
état peut devenir chronique et être associé à
d'autres problèmescomme anxiété, dépression,
alcoolisme, etc.
2.1.2. Vécu événementiel
Parler du vécu événementiel revient avant
tout à parler de la problématique du sens de
l'événement. En effet, c'est le sens qu'une personne attribue
oudonne à un événement de vie qui va entraîner des
conduites
conscientes ou inconscientes, normales ou pathologiques qui
témoigneront de son vécu.
De manière générale, la signification que
l'on donne à un événement peut être consciente ou
inconsciente. Chaque personne va accorder un sens à
sonévénement de vie, qu'il soit conscient ou inconscient avec des
représentations propres (contenus de la pensée, images) et des
affects (émotions).
Dès lors, les chercheurs se sont plutôt
intéressés à l'aspect qualitatif de
l'événement, tel son impact ou son retentissement affectif sur le
sujet au moment de sa survenue.
L'impact événementiel est alors envisagé
différemment suivant qu'il représente un gain ou une perte pour
le sujet (Dohrenwend, 1973) ou suivant sa désirabilité sociale
(Cochrane & Robertson, 1973 ; Myers &al., 1974 ; Paykel,
1974). Cette dernière peut être considérée comme
« négative » ou « positive ». Le fait qu'un
événement constitue une entrée ou une sortie du «
champ social » (Paykel& al., 1969 ; Jacobs &
al., 1974) ou bien que le sujet soit censé exercer un «
contrôle » ou non sur l'événement, qu'il ait une part
de responsabilité ou non, dans la survenue des événements
(Dohrenwend, 1973), que ceux-ci aient été prévisibles,
anticipables, dans l'ordre des choses ou non, qu'ils surviennent à un
âge particulier de la vie est aussi considéré (Neugarten,
1968a, 1983b; Riley, 1963a, 1985b).
L'évaluation de la quantification de l'impact
événementiel par les sujets eux-mêmes fait l'objet d'une
autre approche fondamentale (Thomson &Hendrie, 1972 ;
Schless&al., 1974 ; Amiel-Lebigre& al., 1984).
Elle consiste à demander directement aux sujets, au
cours d'un entretien, d'estimer personnellement et rétrospectivement le
retentissement affectif des événements qu'ils ont vécus,
parmi ceux d'une liste. L'impact événementiel recherché
est celui ressenti au moment de la survenue de l'événement.
Un autre mode d'approche du vécu
événementiel se veut « contextuel » (Brown &
Harris, 1978). L'examen du contexte historique dans lequel un
événement survient dans la vie d'un sujet donné,
associé à la façon dont cette personne exprime son
vécu événementiel, contribue à approcher et
à comprendre la signification de cet événement pour cette
personne.
Dans la construction de leur modèle, Brown et Harris
introduisent la notion de « difficulté majeure ». Il s'agit de
situations difficiles dans lesquelles peuvent se trouver les sujets depuis un
certain temps, lorsque surviennent les événements, situations
problématiques en elles-mêmes ou qui peuvent contribuer à
déterminer l'importance de l'événement.
Un événement qualifié de
sévère ou une situation qualifiée de majeure, constitue,
dans le modèle un agent inducteur de la dépression. Toutefois,
les agents inducteurs ont rarement une force pathogène suffisante pour
déclencher à eux seuls une pathologie mentale. Lorsqu'ils
surviennent en présence de facteurs de vulnérabilité,
autres variables de ce modèle, la probabilité qu'une
décompensation survienne est alors beaucoup plus
élevée.
L'important survol effectué sur la notion de
traumatisme psychique apporte des indications précises sur les
événements de vie. Toutefois, cette notion de traumatisme
psychique ne peut être comprise sans le formulerautourdu stress, qui
résulte du traumatisme.
2.1.2.1. Stress
Le stress ou syndrome général d'adaptation, est
l'ensemble des réponses d'un organisme soumis à des pressions ou
contraintes de la part de son environnement.Le stress est l'état de
tension chronique (à la fois physique et psychique) qui découle
d'une façon inadéquate de gérer la pression (psychique)
pendant une période prolongée. Plusieurs ingrédients sont
nécessaires pour créer un stress. Il faut une situation
comportant de la
pression (psychique); pendant une période prolongée
(autrement, il ne s'agira que de tension passagère); une façon
inadéquate de réagir à cette situation.
Il est impératif de s'attarder un tant soit peu sur la
notion de stress et les types de stress fréquemment rencontrés en
vue de délimiter le vaste champ du stress.
2.1.2.1.1. Notion de stress
La notion de stress a été introduite parSelye
(1956). Il y décrit le mécanisme du syndrome d'adaptation,
c'est-à-dire l'ensemble des modifications qui permettent à un
organisme de supporter les conséquences d'un traumatisme naturel ou
opératoire.
D'après Selye (1973), le syndrome de stress évolue
en suivant trois stades successifs :
- « Réaction d'alarme » : les forces de
défense sont mobilisées. L'organisme reconnaît l'agression,
se prépare à agir (soit à combattre, soit à fuir),
puis met en oeuvre la défense. Le délai minimal de réponse
est de quelques minutes. Les glandes endocrines libèrent des hormones
qui accélèrent les rythmes cardiaque et respiratoire,
élèvent la glycémie, augmentent la sudation, dilatent les
pupilles et ralentissent la digestion.
- « Stade de résistance » : adaptation
à l'agent stressant.L'organisme s'adapte à l'agent agresseur
persistant, et régule les perturbations provoquées par la
réaction d'alarme.
- « Stade d'épuisement » : inexorablement
atteint si l'agent stressant est suffisamment puissant et agit longtemps. Une
agression prolongée affaiblit notamment les réserves
énergétiques de l'organisme, du fait de la dépense
occasionnée par la réponse à l'agression.
Les causes du stress sont extrêmement nombreuses,
variables d'un sujet à l'autre et non spécifiques : accident,
intervention chirurgicale, maladie, conditions de vie difficiles, etc.
Un événement stressant provoque une
réaction en chaîne qui débute dans le cerveau et aboutit
à la production de cortisol par les glandes surrénales. Le
cortisol active alors en retour deux zones du cerveau : le cortex
cérébral pour qu'il réagisse au stimulus stressant (fuite,
attaque, immobilisation...) et l'hippocampe, qui va apaiser la réaction.
Si le stress est trop fort ou prolongé, l'hippocampe saturé de
cortisol ne peut plus assurer la régulation. Le cortisol envahit le
cerveau et installe une dépression. Les zones altérées
sont l'hippocampe, l'amygdale, le cortex cingulaire antérieur et le
cortex préfrontal.
Toutefois, la tendance quedéveloppent les êtres
vivants à vouloir maintenir l'homéostasie et rester constants
face aux facteurs stressants, ne dépend pas seulement de l'action du
cortex cérébral ni de la régulation de l'hippocampe. Elle
est très souvent également fonction du type de stress
vécu.
2.1.2.1.2. Types de stress
Le management du stress peut s'avérer être une
chose compliquée car il existe différents types de stress : le
stress aigu, le stress aigu répété et le stress
chronique.
- Le stress aigu :il est la forme de stress la plus
répandue. Il dure généralement moins d'une heure et trouve
son origine dans les pressions récentes et dans les pressions à
venir. Le stress aigu peut être excitant et même
bénéfique dans certaines situations.En raison de sa courte
durée, le stress aigu n'a pas assez de temps pour causer des troubles
plus graves associés au stress à long terme. Ainsi, les
symptômes du stress aigu les plus répandus sont : un changement
émotionnel qui mélange colère, irritabilité et
déprime, des problèmes musculaires comme des maux de têtes,
des douleurs dans le dos, le mal de dents, un rythme cardiaque
accéléré, une hausse de la
pression artérielle, des palpitations, des migraines, le
souffle court, des douleurs à la poitrine, des vertiges.
- Le stress aigu répété : les personnes
atteintes de stress aigu répété font souvent preuve d'un
tempérament irritable, d'anxiété et de nervosité.
Elles se décrivent souvent comme étant une boule d'énergie
nerveuse en mouvement. Toujours dans l'urgence, leur état irritable peut
se transformer en colère.Une autre forme de stress aigu
répété provient d'un sentiment d'inquiétude
permanent. Cela revient à imaginer des désastres à chaque
coin de rue, à être pessimiste sur l'avenir et à penser que
le pire va se produire dans chaque situation.Les symptômes du stress aigu
répété sont les symptômes d'un état
d'excitation quasi-permanent comme maux de têtes persistants, migraines,
hypertension, douleurs à la poitrine, maladies cardiaques.
- Le stress chronique : c'est un stress qui va être
ressenti jours après jours, années après années et
il a des conséquences sur le corps, l'esprit et la vie. Le stress
chronique touche souvent les gens qui vivent dans une situation
financière précaire, les familles connaissant de graves
problèmes, ou bien les personnes ayant des problèmes avec leur
travail ou leur carrière.Le stress chronique tire son origine du fait
qu'une personne ne voit pas de sortie positive dans une situation
problématique. Certaines formes de stress chronique proviennent
d'expériences traumatisantes dans l'enfance qui continuent d'être
douloureuses au moment présent. La conséquence la plus
malheureuse de cette forme de stress est que les personnes qui en souffrent
finissent par s'y habituer.
Face aux situations potentiellement stressantes, deux issues
sont immanquablement réalisables. Il peut s'agir soit d'une
résilience soit d'une détresse psychologique.
2.1.2.2. Résilience
La notion de résilience demeure très floue pour
beaucoup de chercheurs malgré sa spécificité.C'est Bowlby
(1951) qui le premier a utilisé au sens
figuré le terme de résilience, issu de la
physique des matériaux. En physique, la résilience signifie
littéralement la capacité ou l'aptitude à résister
aux chocs. Insistant sur le rôle de l'attachement dans la genèse
de la résilience, Bowlby la définissait ainsi : « ressort
moral, qualité d'une personne qui ne se décourage pas, ne se
laisse pas abattre ».
La résilience a d'abord été
étudiée chez l'enfant. Rutter (1985) la définissait comme
« un phénomène manifeste par des sujets jeunes qui
évoluent favorablement bien qu'ayant une forme de stress qui dans la
population générale est connue comme comportant un risque
sérieux de conséquences défavorables ».
Kleisler (1996)s'intéresse aux qualités d'un
individu résilient et donne cette définition : « La
résilience est la capacité d'un sujet à surmonter des
circonstances singulières de difficultés, grâce à
ses qualités mentales de comportement et d'adaptation ».
La résilience a été ensuite
appliquée à l'adulte puis étendue à des familles et
des communautés pour évoquer une évolution favorable suite
à un traumatisme important. En 2001,Manciaux écrit : « La
résilience est la capacité d'une personne ou d'un groupe à
se développer bien, à continuer à se projeter dans
l'avenir en dépit d'événements déstabilisants, de
conditions de vie difficiles, de traumatismes parfois sévères
».
Lecomte (2002) part du postulat philosophique selon lequel
toute personne est potentiellement résiliente, le regard posé sur
une personne ne doit donc jamais être figé. Il définit la
résilience comme un « processus non linéaire qui permet
à une personne ayant subi un traumatisme de mener une vie
satisfaisante». Le terme de processus implique une évolution qui
intègre les récidives et les rechutes. En effet, le parcours des
personnes se fait par étapes, par phases successives. On ne parle alors
plus d'échec, mais d'étape difficile dans le parcours de
résilience de la personne. Selon Lecomte, un professionnel sera d'autant
plus à même de favoriser la résilience d'une autre personne
qui ne se situera pas uniquement dans la juste distance
professionnelle mais aussi dans ce qu'il appelle une juste
proximité humaine. C'est dans cet espace de notre humanité
commune que peut se construire la résilience.
La notion de résilience apporte une véritable
respiration dans un contexte où les concepts de reproduction en
sociologie et de répétition en psychanalyse dressaient un mur
contre lequel la volonté de changement des professionnels venait buter.
(Desmons, 2001).
Delage (2003) est un des premiers à tirer les
conséquences pratiques de la notion de résilience pour les
interventions contextuelles en psychiatrie. Selon lui, « c'est un nouveau
paradigme d'intervention thérapeutique qui se dégage,
centré, non plus sur le trouble, mais sur les ressources des personnes
pour faire face à ce trouble et rebondir de façon positive
».
En face des situations traumatisantes, quand les ressources
internes des personnes sont absentes ou défaillantes, elles laissent
place dans un abord immédiat à la détresse
psychologique.
2.1.2.3. Détresse psychologique
La détresse psychologique se caractérise par la
présence de symptômes, le plus souvent dépressifs ou
anxieux. Ces symptômes, relativement communs, apparaissent
généralement dans un contexte d'accidents de vie ou
d'événements stressants et peuvent être transitoires.
Dans la majorité des cas, les personnes en
détresse psychologique ne présentent pas de maladie psychiatrique
et n'en présenteront jamais (European Commission, 2004).
Toutefois, mal repérée ou mal
accompagnée, la détresse psychologique peut faire basculer la
personne dans une maladie ou multiplier les difficultés sociales.Dans
l'enquête décennale santé, la proportion de jeunes
exprimant une détresse psychologique est significativement plus
élevée parmi ceux qui ont vécu des
événements de vie dramatiques (décès ou maladie
grave d'un des deux parents, graves disputes ou divorce des parents...). En
effet, ces
événements constituent des facteurs de risque
d'une détresse psychologique chez les jeunes, qu'ils en soient «
victimes » directes ou « témoins » (maladie d'un
proche...). Leur impact varie toutefois selon les individus, en fonction de
leur capacité de résilience, c'est-à-dire leur
capacité à surmonter les événements de vie
douloureux. Certaines situations, comme par exemple une bonne entente avec les
parents ou des activitésextrascolaires favorisent la résilience
et peuvent aider à surmonter des événements difficiles.
Mieux connaître, comprendre et promouvoir ce qui favorise la
résilience, notamment dans les familles à risque, constitue
aujourd'hui un des axes d'action pour prévenir la souffrance psychique
des jeunes (HCSP, 2000).
Par ailleurs, les analyses réalisées à
partir de l'enquête décennale santé montrent que, chez les
garçons uniquement, le risque de détresse psychologique
apparaît plus élevé lorsque les parents ont eux-mêmes
connu des événements de vie négatifs comme
décès, maladie ou divorce des parentsdans la jeunesse,
décès d'un proche, divorce, difficultés matérielles
au cours de l'année ou lorsque l'un d'eux souffre de dépression
(INSEE, 2003). Certains pédopsychiatres avancent que les garçons,
habituellement peu enclins à exprimer leur mal-être
s'autoriseraient alors à reconnaître ou exprimer leur souffrance
en présence de tels événements.
Les jeunes exprimant une détresse psychologique
déclarent également davantage d'incapacités physiques
(difficultés à courir, marcher, monter des escaliers...) que les
autres. Il est en effet bien établi, chezles adultes comme chez les
enfants, que la détresse psychologique et les troubles de santé
mentale sont plus fréquents chez les personnes souffrant de
problèmes de santé physique, notamment de maladies
chroniques(diabète, maladies respiratoires...) que chez les autres
(Barlow, 2006 ; Pratt, 2007).
Après 18 ans, les jeunes inactifs ou au chômage
expriment significativement plus souvent une détresse psychologique que
les jeunes actifs occupés chez les filles comme chez les garçons
et ce, indépendamment de la situation socio-économique du foyer
et de leurs antécédents en termes
d'accidents de vie ou de problèmes de santé
mentale. Deux explications sont possibles : ces situations peuvent être
à l'origine d'une détresse psychologique, notamment parce
qu'elles s'accompagnent souvent d'un isolement social et qu'elles
entraînent une mauvaise estime de soi. Inversement, les cas les plus
sévères de détressepsychologique pourraient être
à l'origine de difficultés sociales, notamment de
problèmes d'insertion par le travail. Cette relation à double
sens entre état de santé mentale et situation sociale devrait
impliquer une collaboration entre les acteurs, du soin et du social, qui sont
en contact avec ces jeunes (HCSP, 2000).
Plusieurs signes, facilement repérables, sont indicateurs
de la détresse psychologique chez toutes les couches sociales.
Signes de détresse psychologique
Les signes de la détresse psychologique sont de quatre
ordres : physique, cognitif, émotif et comportemental. Pour être
significatives, ces manifestations doivent correspondre à un changement
dans les habitudes et le comportement.
Signes physiques
Il s'agit plus précisément de fatigue,
nervosité, maux de dos ou de tête, sensation de lourdeur dans la
poitrine ou l'estomac, accélération des battements du coeur,
tensions musculaires, insomnie.
Signes cognitifs
On a : difficultés à prendre des
décisions, distraction (faire des oublis, avoir des problèmes de
concentration et d'attention), pessimisme (envisager l'avenir, son futur, de
façon très négative), cauchemars, méfiance.
Signes émotifs
On peut citer : irritabilité, anxiété,
dépression, colère et excitabilité. Signes
comportementaux
Il s'agit de : disputes, agressivité, sautes d'humeur,
isolement, silence, attitudes rigides, passivité, abus de café,
d'alcool, de drogues ou surconsommation de médicaments.
Suite aux nombreuses recherches effectuées, il est
convient inéluctablement de préciser que la détresse
psychologique s'articule très souvent autour d'un tableau clinique fait
d'anxiété et de dépression.
2.1.2.3.1.
AnxiétéL'anxiété n'est pas un
phénomène pathologique en soi, et elle
s'inscritdans le registre émotionnel humain normal.
L'anxiété, liée à des stress de la vie comme les
difficultés professionnelles, financières, familiales ou les
maladies,est légitime et compréhensible. La limite entre le
normal et le pathologique est toujours difficile à tracer, mais on peut
considérer qu'il existe de véritables « maladies de
l'anxiété », qui sont surtout caractérisées
par la persistance dans le temps de leurs manifestations et par leur
retentissement dans la vie du sujet (souffrance subjective, handicap social ou
professionnel par exemple) en développant d'autres pathologies.
2.1.2.3.1.1. Définition
L'anxiété est un état psychologique et
physiologique caractérisé par des composants somatiques,
émotionnels, cognitifs, et comportementaux. En l'absence ou
présence de stress psychologique, l'anxiété peut
créer des sentiments de peur, d'inquiétude, de difficulté
et de crainte. Lorsque l'anxiété devient excessive, elle peut
être classifiée sous le terme de trouble de
l'anxiété. L'intensité et le raisonnement derrière
l'anxiété déterminent si c'est une réaction normale
ou anormale.
L'anxiété est définie par un sentiment
d'insécurité indéfinissable, et ce terme est donc
préférentiellement employé pour caractériser le
versant psychologique du trouble anxieux.
L'angoisse,plutôt réservé pour le versant
somatique du trouble, est l'ensemble des sensations et des réactions
somatiques (sensations de « constriction », d'oppression) qui
accompagnent ordinairement l'anxiété.
L'intensité de l'anxiété associée
aux composantes somatiques disparates observées ainsi que la
durée, l'objet ou la situation mis en jeu conduisent à parler de
types d'anxiété suivant les classifications précises.
2.1.2.3.1.2. Types
d'anxiétéSelon la classification du Manuel
Diagnostique et Statistique des
Troubles Mentaux, 4ème édition (DSM IV),
on distingue différents troubles anxieux.
- Trouble anxieux généralisé : c'est une
inquiétude quasi permanente et durable (au moins six mois), concernant
divers motifs de la vie quotidienne (risque d'accident ou de maladies pour les
proches ou soi-même, anticipation de problèmes financiers ou
professionnels...), sans aucune possibilité de se
« raisonner » et de contrôler ces ruminations.
Elles engendrent un état de tension permanente, physique (myalgies,
céphalées...) et psychique (hypervigilance, irritabilité,
fatigabilité, difficultés de concentration, insomnie...), souvent
à l'origine d'une demande de traitement anxiolytique.
- Attaque de panique :encore appelée « crise
d'angoisse aiguë » à début brutal, imprévisible
et sans raison apparente, avec une durée le plus souvent brève.
On constate : malaise intense, peur d'avoir une syncope, ou une crise
cardiaque, sensation de danger imminent, peur de perdre la raison, peur de
commettre un acte incontrôlé, difficultés de concentration,
troubles de la mémoire, impressions de dépersonnalisation, de
déréalisation, palpitations, tachycardie, gêne
respiratoire, sueurs, bouffées vasomotrices, frissons, tremblements,
nausées, diarrhées, spasmes, pollakiurie...
- Trouble de panique : Il est défini par la
récurrence d'attaques de panique (crises d'angoisse aiguës), dont
certaines sont imprévisibles, entraînant une gêne
quotidienne, des conduites d'évitement et une anxiété
d'anticipation quasi permanente. Ce trouble peut lui-même évoluer
vers une agoraphobie.
- Trouble de l'adaptation : trouble transitoire qui survient
en réaction à un facteur de stress identifiable venant
déborder les capacités d'adaptation du sujet. Il apparaît
rapidement après un événement stressant. Il y a plusieurs
éléments symptomatiques : tristesse, retrait affectif,
irritabilité, céphalées, myalgies, insomnie, troubles
fonctionnels digestifs, respiratoires ou cardiovasculaires, difficultés
de concentration et d'attention, opposition, fugue, isolement...
- Pathologies post-traumatiques :réaction aiguë de
stress et syndrome de stress post-traumatique.
- Phobies : elles sont toutes caractérisées par
une peur intense, et perçue commeexcessive par le patient, d'objets ou
de situations non réellementdangereuses.
- Trouble obsessionnel compulsif :il correspond à des
pensées irrépressibles et/ou à des actes que le sujetse
sent contraint d'effectuer sous la forme de rituels tout en en admettant le
caractère absurde. L'anxiétésurvient lorsque le patient
tente de résister à ces pensées ou à cesrituels.
De façon générale, les troubles anxieux
ne sont pas exempts des facteurs de risque qui peuvent soit déclencher
ou favoriser leur apparition soit maintenir leur évolution.
2.1.2.3.1.3. Facteurs de risque des troubles
anxieux
Il existe de nombreux facteurs pouvant contribuer au
développement des troubles liés à
l'anxiété.
L'environnement d'une personne peut jouer un grand rôle
dans le développement de l'anxiété. Les problèmes
financiers, les conflits familiaux, des parents trop stricts, des parents
eux-mêmes anxieux et le manque de soutien sont autant de raisons qui
peuvent conduire au stress et à l'anxiété chronique.
Les traits de personnalité ont une influence sur la
façon de réagir au stress et sur les conséquences du
stress. Les gens atteints de troubles liés au
stress perçoivent souvent le monde qui les entoure
comme un endroit menaçant et ont l'impression de ne pas pouvoir faire
face à leur environnement. Cette perspective pessimiste peut conduire
à un manque de confiance en soi et à une faible capacité
à affronter les événements.
Certaines études montrent que des
déséquilibres dans les neurotransmetteurs du cerveau tels que la
sérotonine ou l'épinéphrine peuvent contribuer à
l'émergence de problèmes liés au stress. Des anomalies
dans l'hormone du stress appelée cortisol peuvent aussi être
détectées. De nombreuses médications peuvent être
prescrites pour réajuster ces déséquilibres.
Les troubles anxieux ont tendance à se retrouver de
génération en génération. Les gens atteints
d'anxiété ont souvent des antécédents familiaux de
problèmes liés à l'humeur ou à
l'anxiété. Même les problèmes
d'anxiété sont souvent liés à l'environnement, les
chercheurs pensent aussi qu'il existe des facteurs génétiques
dans l'apparition de l'anxiété. Cela peut être par exemple
une vulnérabilité biologique face au stress.
Un trouble de l'anxiété et du stress peut se
développer suite à un événement traumatisant comme
un accident de voiture ou un divorce. L'anxiété peut aussi
remonter à l'enfance à cause d'un traumatisme
particulièrement fort ayant laissé des traces et des
prédispositions à l'angoisse.
De temps à autre, la détresse psychologique rend
compte d'un état plus abattant, plus accablant et plus
déstabilisant que dans le cas de l'anxiété. Il s'agit
manifestement de la dépression.
2.1.2.3.2. Dépression
Le terme dépression provient du latin « depressio
», qui veut dire enfoncement. C'est autour du XIXe siècle que le
terme est apparu dans son usage psychologique. Le terme dépression
recouvre au moins trois significations. Il peut se rapporter à un
symptôme, un syndrome ou une entité
nosologique qui se manifeste par une perte durable de
l'élan vital (lassitude, dépréciation de soi,
pessimisme).
2.1.2.3.2.1. Définition élargie
La dépression caractérise essentiellement un
état de perte de motivation ou d'élan vital chez un individu,
associé ou non à différents symptômes. C'est une
véritable maladie qui se caractérise notamment par une grande
tristesse, un sentiment de désespoir et l'impression de ne pas avoir de
valeur en tant qu'individu.Les symptômes les plus caractéristiques
sont une perte d'espoir, de l'envie, d'estime de soi. D'autres signes peuvent
survenir, tels que l'angoisse, la fatigue, la tristesse, des pensées
négatives, des idées noires, des intentions suicidaires.
Pour Sillamy (1983), la dépression est un état
mental, morbide plus ou moins durable, caractérisé par une
diminution du tonus musculaire et psychique.
La dépression, parfois appelée dépression
unipolaire, est un trouble mental courant se caractérisant par une
tristesse de l'humeur, une perte d'intérêt pour toute
activité et une baisse d'énergie. Elle se distingue des
changements de l'humeur qui font normalement partie de la vie par son
degré de gravité, ses symptômes et la durée des
troubles. Toutefois, sa description clinique pose un problème de
précision face à la variabilité théorique et
culturelle.
2.1.2.3.2.2. Description clinique
La Classification Internationale des Maladies,
10ème révision(CIM-10) décrit trois
symptômes typiques de la dépression, la déprime,
l'anhédonieet une forte baisse d'énergie (élan vital).
Deux de ces trois symptômes doivent être présents pour
conclure à une dépression majeure.
D'après le Manuel Diagnostique et Statistique des
Troubles Mentaux, 4ème édition, Texte Révisé
(DSM-IV-TR), il existe deux symptômes de
dépression : humeur dépressive et perte
d'intérêt ou de plaisirdont au moins un de ces deux
symptômes doit être présent pour conclure à une
dépression majeure.
Le terme « épisode dépressif majeur »
proposé par le Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux,
4ème édition (DSM-IV), signifie en fait «
dépression caractérisée ». Bien qu'ils ne fassent pas
l'unanimité, les critères américains du Manuel
Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux, 4ème
édition, Texte Révisé du trouble dépressif majeur
sont :
- Humeur dépressive présente pratiquement toute
la journée, presque tous les jours, signalée par le sujet ou
observée par les autres. Eventuellement irritabilité chez
l'enfant et l'adolescent ;
- Diminution marquée de l'intérêt ou du
plaisir pour toutes ou presque toutes les activités pratiquement toute
la journée, presque tous les jours ;
- Perte ou gain de poids significatif en l'absence de
régime ou diminution ou augmentation de l'appétit presque tous
les jours. Chez l'enfant, prendre en compte l'absence de l'augmentation de
poids attendue ;
- Insomnie ou hypersomnie presque tous les jours ;
- Agitation ou ralentissement psychomoteur presque tous les jours
; - Fatigue ou perte d'énergie presque tous les jours ;
- Sentiment de dévalorisation ou de culpabilité
excessive ou
inappropriée (qui peut être délirante)
presque tous les jours ;
- Diminution de l'aptitude à penser ou à se
concentrer ou indécision
presque tous les jours ;
- Pensées de mort récurrentes (pas seulement une
peur de mourir), idées suicidaires récurrentes sans plan
précis ou tentative de suicide ou plan précis pour se
suicider.
Une personne dépressive doit présenter au moins
5 des 9 symptômes suivants pour une durée d'au moins deux semaines
et avoir présenté un changement par rapport au fonctionnement
antérieur ; au moins un des symptômes est soit une humeur
dépressive, soit une perte d'intérêt ou de plaisir.
La fluctuation des symptômes ainsi que leur nette
prédominance orientent vers un afflux des formes de dépression
constatées inlassablementen clinique.
2.1.2.3.2.3. Formes de dépression
Le Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux,
4ème édition, Texte Révisé reconnait d'autres
classifications du trouble dépressif majeur. Il s'agit de :
· La mélancolie est caractérisée
par une perte de plaisir dans la plupart des activités, une
réactivité très faible voire inexistante du plaisir, une
humeur dépressive plus prononcée, réveil tôt le
matin, retard psychomoteur, perte de poids excessif (ne pas confondre avec
anorexie), ou culpabilité sévère.
· La dépression atypique est
caractérisée par une réactivité (anhédonie
paradoxale) et positivité, gain de poids significatif ou appétit
très confirmée, sommeil lourd et excessif (hypersomnie),
sensation de paralysie à certaines parties du corps et haute
sensibilité au rejet interpersonnel.
· La dépression catatonique est une forme rare
mais sévère de dépression majeure impliquant des troubles
du comportement moteur et autres symptômes. L'individu est muet, et
exhibe certains mouvements bizarres parfois dénués de sens. Les
symptômes catatoniques surviennent lors d'épisodes de
schizophrénie ou maniaques, ou peut être causés par un
syndrome malin des neuroleptiques.
· La dépression post-partum, est une
dépression soutenue et très intense dont une femme fait
l'expérience après avoir donné naissance à un
enfant. La dépression post-partum possède un degré
d'incident entre 10-15 % parmi les nouvelles mamans. Le Manuel Diagnostique et
Statistique des Troubles Mentaux, 4ème édition, explique que,
dans l'ordre de qualifier la dépression postpartum, cette
dépression dure environ plus de trois mois.
· La dépression psychotique se caractérise
par des délires de culpabilité, de honte universelle, de
punition, de damnation, d'appauvrissement mental, de négation
d'organes.
· Les dépressions alexithymiques ou d'involution
caractérisent des difficultés dans l'expression verbale des
émotions.
· La dépression hostile ou agressive
caractérise la personnalité du sujet qui semble avoir
changé radicalement. Il est devenu plus agressif, plus impulsif, ses
colères sont mal maitrisées, il a des violences soudaines
inhabituelles. Cela viendrait du fait que le sujet ne supporte plus
l'idée d'être l'objet de remarques blessantes (existantes ou
supposées) à son égard.
· Les dépressions masquées, ou
hypocondriaques, se caractérisent par une absence de symptômes de
l'humeur dépressive avec une prépondérance des plaintes
somatiques. Elles prennent souvent l'aspect d'une douleur atypique, continue,
fixée, qui reste malgré la prescription d'antidouleurs.
Habituellement,le sujet est inconscient qu'il souffre moralement, c'est la
raison pour laquelle il « somatise ».
· Les dépressions anxieuses ou agitées
caractérisent des sujets qui courent un risque suicidaire
élevé. Contrairement aux caractéristiques courantes de la
dépression, les agitations psychique et motrice sont majeures, ils sont
enclins à des crises de panique.
Il nous est apparu nécessaire, voire indispensable de
préciser que cette pléthore des formes de dépression
rencontrées dans la routine n'est pas exonérée des
facteurs de risque.
2.1.2.3.2.4. Facteurs de risque de la
dépression
Plusieurs facteurs sont susceptibles d'engendrer les troubles
dépressifs.
Les facteurs psychosociaux et environnementaux peuvent
parfois prédisposer ou précipiter la dépression. La
manifestation de symptômes dépressifs peut provenir d'une perte de
repères sollicitant davantage de capacités d'adaptation. Il
existe une relation entre niveau élevé de facteurs de stress et
déclenchement d'une dépression.
On sait désormais aussi qu'il n'existe pas un
gène de la dépression.En revanche, le terrain
génétique a une influence dans le déterminisme de ces
pathologies. Chez les jumeaux monozygotes ou vrais jumeaux : lorsque l'un est
atteint de dépression, la probabilité que l'autre le soit
également est de 50% ; chez les jumeaux dizygotes ou faux jumeaux, cette
probabilité diminue à 30%.
Quelquefois, les facteurs toxiques jouent un rôle non
négligeable dans l'apparition de la dépression. L'alcool est
dépresssogène : alors que son usage ponctuel peut produire un
effet de bien-être, son usage répété finit par
favoriser l'émergence de symptômes dépressifs.Les signes
dépressifs sont fréquents lors d'un sevrage de certains toxiques
comme l'alcool, le tabac, le cannabis ou l'héroïne.
Les facteurs somatiques peuvent aussi être à
l'origine de la dépression. Chez la femme, pendant les phases
prémenstruelles, en fin de grossesse ou à la ménopause ;un
changement de statut hormonal peut être contemporain d'états
dysphoriques.
La dépression est une maladie à
déterminisme complexe et multifactoriel. Elle peut résulter d'une
addition de faits :
- Vulnérabilité qui peut être soit
innée soit acquise ;
- Eléments de fragilisation tels que les troubles de la
personnalité ou de l'adaptation ;
- Existence d'une pathologie somatique ou psychique ;
- Stress, rupture affective, situation sociale difficile ;
- Rôle éventuel de toxiques.
2.1.3. Drogues
La consommation de drogues par l'homme afin de modifier ses
fonctions psychiques, ses réactions physiologiques et ses états
de conscience n'est pas récente. On désigne par drogue, tout
composé chimique, biochimique ou naturel, capable d'altérer une
ou plusieurs activités neuronales et/ou de perturber les communications
neuronales.Selon la Santé Canada, une drogue est toute substance, autre
que les aliments, qui est absorbée pour modifier la façon dont le
corps ou l'esprit fonctionne. Deux attributs sont essentiels dans
l'évocation du terme « drogue » : la nature des effets
biologiques induits par le produit et les rapports que le consommateur
entretient avec le produit.
2.1.3.1. Etymologie et définition
L'étymologie du terme est imprécise. Pour la
plupart des ouvrages modernes, le terme « drogue » provient du terme
néerlandais « droog » qui veut dire « matière
sèche ».En 1752, dans le dictionnaire de Trévoux, le terme
drogue est défini comme « un terme général de
marchandise d'épicerie de toute sorte de nature, et surtout des pays
éloignés, lesquelles servent à la médecine, aux
teintures et aux artisans ». Selon ce même dictionnaire, le terme
désigne aussi « des choses de peu de valeurs qu'on veut mettre en
commerce ». Les drogues étaient donc des matières
premières (plantes exotiques, épices, produits pharmaceutiques ou
autres) mises en vente par les herboristeries et les drogueries.
La drogue est un produit psychoactif naturel ou
synthétique, utilisé par une personne en vue de modifier son
état de conscience ou d'améliorer ses performances, ayant un
potentiel d'usage nocif, d'abus ou de dépendance, dont l'usage peut
être légal ou non (OFDT, 2001).
On appelle drogue toute substance qui peut modifier la
conscience et le comportement de l'utilisateur. En ce sens, tout
médicament peut être désigné par le mot drogue.
Selon l'usage qui en est fait, les drogues peuvent être employées
à des fins médicales ou des fins non médicales. Seules les
substances susceptibles de modifier la fonction psychique peuvent être
retenues comme drogues. Ce sont les drogues psychotropes, c'est-à-dire
l'ensemble des substances d'origine naturelle ou synthétique qui
peuvent, par leur action sur le système nerveux central, modifier
l'activité mentale, les sensations et les comportements.
Toutes les drogues disposent des capacités à
changer l'état de conscience ou à perfectionner les
performances.Ces habiletés particulières des drogues nous
conduisent à les classifier suivant leur origine, leur statut juridique,
les facteurs de dangerosité et leur activité sur le
système nerveux central.
2.1.3.2. Classification des drogues
Au cours du XXe siècle,plusieurs classifications des
drogues ont été établies en prenant en compte leur
origine, leurs effets, leur famille pharmacologique, leur activité sur
le système nerveux, leur dangerosité, leurs implications sociales
ou leur statut juridique. Les classifications se font sur la base de
critères issus de notre « grille de lecture » du monde, et
portent donc l'empreinte de notre culture et de nos valeurs.
2.1.3.2.1. La classificationselon leur
origine
On distingue 3 types de produits en fonction de leur mode de
production : > Les produits naturels
Ces produits se trouvent immédiatement à
l'état fini. Ils ne nécessitent donc aucune manipulation
chimique.
Exemples : les champignons hallucinogènes, le cannabis,
le tabac, le café... > Les produits
synthétiques
Ils sont fabriqués dans un laboratoire. La
molécule reproduite en laboratoire a souvent été
observée préalablement dans la nature.
Exemples : le LSD, les amphétamines, etc.
> Les produits
semi-synthétiques
Une forme de consommation de ces produits existe à
l'état naturel, mais une manipulation chimique en donne une seconde.
Exemple : la feuille de coca devenant la cocaïne ou le
crack après manipulation.
2.1.3.2.2. La classification drogues douces - drogues
dures
La séparation drogues douces - drogues dures est la plus
couramment utilisée parmi le commun des mortels et les médias.
Le terme « drogue dure » qualifie les substances
à même de provoquer une dépendance psychique et physique
forte. Ce terme désigne généralement les
dérivés de cocaïne et d'héroïne.
Les drogues dites douces seraient celles qui ne seraient pas
(ou peu) toxiques et qui n'induiraient pas de dépendance. Le terme
« drogue douce » désigne presque exclusivement le cannabis, du
fait que celui-ci induise une dépendance mentale très faible et
que le risque de décès par surdose soit nul.
2.1.3.2.3. La classification selon le régime
juridique
Les termes drogue licite et drogue illicite sont utilisés
depuis la mise en place des diverses législations sur les
psychotropes.
Une drogue illicite est une drogue dont la consommation et la
vente sont interdites par la loi d'un pays. Le caractère illicite de
certaines drogues varie d'une législation (et donc d'un pays) à
l'autre. Le cannabis, par exemple, est illicite en France et au Togo mais
autorisé sous réglementation stricte à la vente et
à la consommation aux Pays-Bas.
Les « drogues licites » désignent les
substances psychotropes dont la consommation et la vente ne sont pas interdites
par la loi d'un pays. Par drogue licite, on désigne en
général l'alcool, le tabac, le café, les
médicaments psychotropes ou les solvants organiques.
2.1.3.2.4. La classification selon la
dangerositéDécrite par Roques (1998), cette
classification considère les propriétés
pharmacologiques des produits psychotropes ainsi que les
problèmes et risques sanitaires et sociaux liés à la
consommation de ces produits.
Tableau 1
Répartition des drogues selon les facteurs de
dangerosité
|
Héroïne
|
Alcool
|
Tabac
|
Cocaïne
|
Psychostimulants
|
Benzodiazépines
|
Cannabinoïdes
|
Dépendance Physique
|
Très forte
|
Très forte
|
Forte
|
Faible
|
Faible
|
Moyenne
|
Faible
|
Dépendance
|
Très
|
Très
|
Très
|
Forte mais
|
Moyenne
|
Forte
|
faible
|
Psychique
|
forte
|
forte
|
forte
|
intermittente
|
|
|
|
Neurotoxicité
|
Faible
|
Forte
|
0
|
Forte
|
Forte
|
0
|
0
|
Toxicité Générale
|
Forte
|
Forte
|
Très forte
|
Forte
|
Forte
|
Très faible
|
Très faible
|
Dangerosité Sociale
|
Très forte
|
Forte
|
0
|
Très forte
|
Faible (exception possible)
|
Faible (sauf conduite)
|
Faible
|
|
Source : Roques, B. (1998). Rapport sur
la dangerosité des produits. Paris : Gouvernement Kouchner. URL.
2.1.3.2.5. La classification par les effets
Actuellement, la classification la plus couramment
utilisée par les chercheurs se centre sur les effets queles produits ont
sur le corps et le système nerveux central. Cette classification est
l'apanage de l'Organisation des Nations Unies et de l'Organisation
Internationale de la Prévention du Crime (O.I.P.C).Le modèle le
plus courant répartit les produits en trois catégories :
> Les dépresseurs
Les dépresseurs génèrent une
dépression du système nerveux central : les organes fonctionnent
au ralenti. Les symptômes sont :
- au niveau physique : une diminution de la tension
artérielle, de la respiration, du rythme cardiaque...
- au niveau mental : une accalmie, une relaxation, un
relâchement des tensions nerveuses...
Ce sont principalement : les opiacés et leurs
dérivés (héroïne, médicaments à base
d'opiacés : Codéine, Méthadone...), les
benzodiazépines, le cannabis, l'alcool, le protoxyded'azote (le gaz
hilarant), la kétamine, les hydrocarbures volatiles (gaz, essence, ...),
etc.
> Les stimulants
A l'inverse des dépresseurs, les psychostimulants ont
pour effet une hyperstimulation dusystème nerveux central.Les
symptômes sont :
- au niveau physique : la dilatation pupillaire et
l'augmentation de la température corporelle, de la fréquence
cardiaque et de la pression artérielle.
- au niveau mental : des effets euphorisants, une sensation
de compétence intellectuelle accrue, l'envie de s'extérioriser,
de s'exprimer, de bouger...
Ce sont principalement : la coca et ses dérivés
(cocaïne, crack), les amphétamines, l'ecstasy, la nicotine, la
caféine, les médicaments à base d'amphétamines et
autresproduits dopants, etc.
> Les perturbateursou les
hallucinogènes
Leur action est compliquée à définir car
il n'y a pas de signes physiques de la perturbation. L'effet est plutôt
d'ordre mental, pouvant aller de l'hallucination jusqu'au
délire.L'hallucination consiste en la modification des perceptions
sensorielles (auditives, visuelles,tactiles, gustatives, olfactives).
Ce sont principalement : le LSD, laphencyclidine, les
champignons psilocybes, la mescaline, l'ecstasy, le cannabis, le peyotl, la
kétamine, l'alcool, le poppers, le protoxyded'azote (le gaz hilarant),
les hydrocarbures volatiles (gaz, essence, ...), etc.
Qu'il s'agisse des dépresseurs, des stimulants ou des
perturbateurs ou qu'il s'agisse des produits naturels, synthétiques ou
semi-synthétiques, leurs effets sur le système nerveux central
sont spécifiquement bien déterminés et toutes ces drogues
empruntent le même circuit.
2.1.3.3. L'action des drogues sur le cerveau
2.1.3.3.1. La dopamine et le circuit de la
récompense
Les drogues qui agissent le plus fortementsur l'humeur sont
les psychostimulants et les opiacés. Les psychostimulants, comme leur
nom l'indique, augmentent la vigilance et diminuent la sensation de fatigue et
de sommeil : c'est le cas des amphétamines et de la cocaïne. Au
contraire, les opiacés, comme la morphine ou l'héroïne, ont
un effet d'endormissement. Bien que ces deux groupes de produits aient des
effets opposés, les recherches actuelles ont montré qu'ils
possèdent en commun la propriété d'augmenter dans le
cerveau la libération d'une molécule fabriquée par les
neurones, la dopamine. En fait, ce ne sont pas seulement les psychostimulants
et les opiacés mais aussi tous les produits qui possèdent cette
propriété de faire libérer la dopamine, comme le tabac,
l'alcool, l'ecstasy ou le cannabis, qui déclenchent la dépendance
chez l'homme. L'intérêt de cette découverte vient de ce que
la dopamine active chez l'homme un circuit appelé le « circuit de
la récompense ». Il s'agit d'un ensemble de structures
cérébrales qui, comme un
baromètre, nous indiquent à chaque instant dans
quel état physique et psychique nous nous trouvons. Lorsque la
quantité de dopamine augmente dans ces structures, quelle qu'en soit la
raison, nous ressentons du plaisir et considérons que tout va bien,
même si par ailleurs notre corps souffre ou que nous sommes
déprimés.
Ainsi les drogues, par leur action biochimique, modifient la
conscience que nous avons de notre environnement et de nous-mêmes. La
prise répétée de drogues modifie à long terme la
façon dont notre cerveau perçoit l'origine de ses satisfactions
et perturbe notre recherche du plaisir.
2.1.3.3.2. Les effets des substances sur le
cerveau
2.1.3.3.2.1. Alcool
L'alcool est obtenu par fermentation de
végétaux riches en sucre ou par distillation et entrent dans la
composition des boissons alcoolisées : vin, cidre, bière, rhum et
alcools distillés, vodka et whisky, et communément sodabi.
L'alcool se lie à de nombreux récepteurs
biologiques comme les récepteurs au glutamate ou au GABA. Il intervient
aussi, comme certains composés de la fumée du tabac, en bloquant
la dégradation de dopamine, de noradrénaline et de
sérotonine.
A court terme et lorsqu'il est consommé à des
doses importantes, l'alcool provoque un état d'ivresse et peut
entraîner des troubles digestifs, des nausées, des vomissements,
des pertes de contrôle de soi qui peuvent conduire à des
comportements de violence, à des passages à l'acte, à des
agressions sexuelles, à l'homicide et même au suicide.
2.1.3.3.2.2. Tabac
Le tabac est une plante cultivée dans le monde entier.
C'est un produit manufacturé élaboré à partir de
feuilles séchées de plantes appartenant à la famille des
solanacées et caractérisées par la présence de
nicotine.
La nicotine est une substance alcaloïde psychotrope
contenue dans le tabac et pouvant être à l'origine d'une
dépendance durable. Elle possède un effet « éveillant
», anxiolytique et coupe-faim. La nicotine a longtemps été
considérée comme le seul composé responsable de la
dépendance au tabac. En fait, plusieurs observations indiquent que la
nicotine n'est pas seule responsable de la dépendance au tabac. Des
recherches récentes ont montré que la fumée du tabac
contient aussi des produits qui bloquent la dégradation de
neuromédiateurs comme la dopamine, la sérotonine et la
noradrénaline. La dépendance au tabac serait donc due à un
effet synergique entre le blocage de la dégradation de ces
neuromédiateurs et l'action de la nicotine qui agit en imitant l'action
d'un neuromédiateur naturel, l'acétylcholine qui se lie aux
récepteurs nicotiniques.
2.1.3.3.2.3. Cannabis
Le cannabis est une plante. Le principe actif du cannabis
responsable des effets psychoactifs est le THC (tétrahydrocannabinol),
inscrit sur la liste des stupéfiants. Par l'intermédiaire du
tétrahydrocannabinol, le cannabis entraîne une faible
libération de dopamine selon un mécanisme encore mal compris. Les
récepteurs au THC (cannabinoïdes) sont présents en forte
densité dans le système limbique.
Les consommateurs recherchent un état de
détente, de bien-être et une modification des perceptions. Mais
les effets recherchés ne sont pas toujours obtenus. Les effets de la
consommation de cannabis sont variables : légère euphorie
accompagnée d'un sentiment d'apaisement, légère
somnolence... Mais elle peut entraîner aussi parfois un malaise, une
intoxication aigüe qui peut se traduire par des tremblements, des
vomissements, une impression de confusion, d'étouffement, une angoisse
très forte.
2.1.3.3.2.4. Cocaïne
La cocaïne se présente généralement
sous la forme d'une fine poudre blanche, cristalline et sans odeur. Elle est
extraite des feuilles de cocaïer.
La cocaïne agit en empêchant la recapture de la
dopamine, de la noradrénaline et de la sérotonine au niveau des
synapses. Ce faisant, elle augmente la présence et donc l'effet de la
dopamine, notamment au niveau du cerveau des émotions (système
limbique).
L'usage de cocaïne provoque une euphorie
immédiate, un sentiment de toute-puissance intellectuelle et physique et
une indifférence à la douleur et à la fatigue. Ces effets
laissent place ensuite à un état dépressif et à une
anxiété que certains apaisent par une prise d'héroïne
ou de médicaments psychoactifs. La prise de cocaïne entraine une
augmentation de l'activité psychique et, par conséquent, des
insomnies, des pertes de mémoire et des phases d'excitation. Une autre
caractéristique de la cocaïne est de lever les inhibitions, ce qui
peut conduire à des actes de violence, des agressions sexuelles, des
dépenses compulsives, etc.
2.1.3.3.2.5. Héroïne
L'héroïne est un opiacé puissant, obtenu
par synthèse à partir de la morphine, extraite du pavot.
L'héroïne se présente sous la forme d'une poudre ou de
granulés à écraser.
L'héroïne est transformée dans le cerveau
en morphine. C'est en se liant sur des récepteurs situés sur des
neurones à GABA (un neuromédiateur inhibiteur) que la morphine
augmente la libération de dopamine. Lorsqu'ils sont stimulés par
la morphine, ces récepteurs, dont le rôle naturel est de recevoir
des endorphines, bloquent la libération de GABA et activent donc les
neurones à dopamine.
L'héroïne provoque très rapidement
l'apaisement, l'euphorie et une sensation d'extase. Cet effet immédiat
de plaisir intense est suivi d'une sensation de somnolence, accompagnée
parfois de nausées, de vertiges et d'un
ralentissement du rythme cardiaque. L'héroïne agit
ponctuellement comme anxiolytique puissant et comme antidépresseur.
2.1.3.4. Usage simple, usage nocif et
dépendances
2.1.3.4.1. Usage simple
L'usage simple est une consommation de substances
psychoactives qui n'entraîne ni complications pour la santé, ni
troubles du comportement ayant des conséquences nocives pour soi ou pour
autrui. Il en est ainsi chez les adolescents et les jeunes qui essaient les
drogues illicites par curiosité, ou qui consomment avec les autres par
effet d'entraînement. Beaucoup en resteront à une unique
expérience ou n'auront qu'une consommation occasionnelle en petite
quantité.Le passage à des consommations de plus en plus
régulières ou à des produits de plus en plus dangereux ne
se produit pas de façon axiomatique. Il varie selon le potentiel
addictif de chacune des substances et la vulnérabilité des
individus due à leur contexte de vie, leur histoire personnelle et
l'existence ou non de troubles psychologiques.
2.1.3.4.2. Usage nocif
L'usage nocif est une consommation susceptible de provoquer
des dommages physiques, affectifs, psychologiques ou sociaux pour le
consommateur et pour son environnement proche ou lointain.Cet usage n'est pas
uniquement lié à la quantité consommée en une seule
fois (l'abus), ni à la répétition d'une consommation
modérée et contrôlée de certaines substances. Les
risques tiennent à la dangerosité spécifique du produit,
aux dommages pour la santé et aux conséquences sociales de la
consommation.
> Les risques pour la santé (risques sanitaires) :
l'usage est nocif lorsqu'il entraîne une détérioration de
l'état physique, la complication de certaines maladies, voire des
décès prématurés.
> Les risques pour la vie quotidienne (risques sociaux) :
l'usage est nocif dans les situations où la consommation et ses effets
peuvent
occasionner un danger, entraîner des dommages pour soi et
pour les autres.
Plus concrètement, on parle d'usage nocif lorsque l'on
peut constater :
- l'utilisation d'une substance dans des situations où
cela peut devenir dangereux : perte de vigilance (conduite automobile, d'une
mobylette, d'une machine) ;
- des infractions répétées, liées
à l'usage d'une substance (violences commises sous l'effet d'un produit,
accidents divers sous l'effet du produit...) ;
- l'aggravation de problèmes personnels ou sociaux
causés ou amplifiés par les effets de la substance sur les
comportements (dégradation des relations familiales, difficultés
financières...) ;
- des difficultés et/ou l'incapacité à
remplir ses obligations dans la vie professionnelle, à l'école,
à la maison (absences répétées, mauvaises
performances au travail, mauvais résultats, absentéisme scolaire,
exclusion, abandon des responsabilités...) ;
- l'incapacité à se passer du produit pendant
plusieurs jours ;
- la mise en péril de la santé et de
l'équilibre d'autrui (risques que fait encourir une femme enceinte
à la santé de son bébé).
2.1.3.4.3. Dépendances
La dépendance est, au sens
phénoménologique, une conduite qui repose sur une envie
répétée et irrépressible, en dépit de la
motivation et des efforts du sujet pour s'y soustraire.
La dépendance est un état pathologique où
l'organisme est incapable de fonctionner physiologiquement en dehors de la
consommation de la substance responsable. Le terme dépendance ne doit
pas être confondu avec le terme addiction.
2.1.3.4.3.1. Définition de l'Organisation
Mondiale de la Santé
En 1975, l'Organisation mondiale de la santé
définit la dépendance comme : « un état psychique et
parfois physique, résultant de l'interaction entre un organisme vivant
et un produit, caractérisé par des réponses
comportementales ou autres qui comportent toujours une compulsion à
prendre le produit de façon régulière ou périodique
pour ressentir ses effets psychiques et parfois éviter l'inconfort de
son absence (sevrage). La tolérance peut être présente ou
non ».
2.1.3.4.3.2. Dépendance selon le Manuel
Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux, 4ème
édition
Le Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux,
4ème édition, présente l'addiction comme un mode
d'utilisation inapproprié d'un produit entraînant des signes
physiques et psychiques. Elle se manifeste par l'apparition d'au moins trois
des signes ci-après sur une période d'un an.
· une tolérance (ou accoutumance) qui se traduit
soit par une augmentation des doses pour un effet similaire, soit par un effet
nettement diminué si les doses sont maintenues à leur état
initial ;
· un syndrome de sevrage en cas d'arrêt ou une prise
du produit pour éviter un syndrome de sevrage ;
· une incapacité à gérer sa propre
consommation, l'usager consomme plus longtemps ou plus qu'il ne le voulait ;
· des efforts infructueux pour contrôler la
consommation ;
· un temps de plus en plus important est consacré
à la recherche du produit ;
· les activités sociales, culturelles ou de loisir
sont abandonnées en raison de l'importance que prend le produit dans la
vie quotidienne ;
· une poursuite de la consommation malgré la
conscience des problèmes qu'elle engendre.
Tolérance et sevrage constituent la dépendance
physique, et ne recouvrent que deux critères sur 7. Il est donc possible
d'être dépendant au sens du Manuel Diagnostique et Statistique des
Troubles Mentaux sans avoir développé de tolérance
physique.
2.1.3.4.3.3. Dépendance selon la Classification
Internationale des Maladies, 10ème
révision
La Classification Internationale des Maladies,
10ème révision présente la toxicomanie comme la
manifestation d'au moins trois des signes ci-après sur une
période d'un an et ayant persisté au moins un mois ou
étant survenus de manière répétée.
· un désir compulsif de consommer le produit ;
· des difficultés à contrôler la
consommation ;
· l'apparition d'un syndrome de sevrage en cas
d'arrêt ou de diminution des doses ou une prise du produit pour
éviter un syndrome de sevrage ;
· une tolérance aux effets (augmentation des doses
pour obtenir un effet similaire) ;
· un désintérêt global pour tout ce qui
ne concerne pas le produit ou sa recherche ;
· une poursuite de la consommation malgré la
conscience des problèmes qu'elle engendre ;
2.1.3.4.3.4. Types de dépendances
On distingue deux types de dépendances :
> Dépendance physique
La dépendance physique est l'état où
l'organisme assimile à son propre fonctionnement la présence d'un
produit développant des troubles physiques parfois graves en cas de
manque (non-présence du produit dans l'organisme), l'ensemble de ces
troubles constituant ce qu'on appelle le syndrome de sevrage.La
dépendance physique résulte des mécanismes d'adaptation
de
l'organisme à une consommation prolongée et
peut s'accompagner d'une accoutumance, c'est-à-dire la
nécessité d'augmenter les doses pour éprouver un
même effet. La dépendance physique se traduit par des troubles
organiques dès que la drogue cesse d'être consommée : c'est
l'état de manque, caractérisé par des vomissements, des
crampes, une angoisse intense, etc.
L'intensité des symptômes diffère selon
les substances, l'individu et les habitudes de consommation. L'explication
médicale de ce phénomène parle du temps requis
(généralement de 7 à 10 jours) par l'organisme pour
rétablir l'équilibre suite au dysfonctionnement de certaines
neurones.
> Dépendance psychique
La dépendance psychique qui se subdivise en deux
sous-groupes : - La dépendance
psychologique
La dépendance psychologique est le désir
insistant et persistant de consommer qui peut parfois se traduire par des
manifestations psychosomatiques. La dépendance psychologique est bien
plus liée aux caractéristiques des individus (habitudes,
états affectifs, styles de vie) qu'au produit lui-même. La
dépendance psychologique s'inscrit dans un processus à
caractère compulsif afin d'amener le consommateur à se sentir
bien ou à mieux s'adapter à la réalité. C'est un
mécanisme d'adaptation coûteux, voire destructeur.
- La dépendance comportementale ou
sociale
La dépendance comportementale correspond à des
stimulations générées par les habitudes ou
l'environnement, facteur de rechute. Elle correspond également aux modes
de vie du toxicomane. Elle dépend de la pression sociale et
conviviale.Le produit est en effet associé à des circonstances,
à des personnes et à des lieux qui suscitent l'envie de le
prendre.
2.1.3.4.3.5. Syndrome de sevrage
On appelle syndrome de sevrage un ensemble de symptômes
provoqués par l'arrêt brusque de consommation d'une substance
psychotrope. Il varie en forme et en intensité non seulement selon les
substances et les doses consommées, mais aussi selon le sujet et le
contexte socioculturel où il se trouve (prison, hôpital,
domicile).
On parle de sevrage lorsque l'arrêt ou la diminution de
la consommation d'une substance amène une modification comportementale
inadaptée avec des répercussions physiologiques et cognitives.
2.1.3.5. Addictions aux drogues
L'étymologie du terme « addiction »
dérive du latin « addictus » qui désignait la
contrainte par corps. C'est en fait un vieux mot français, revenu dans
sa pleine acception par le monde Anglo-Saxon : « lier une personne
à une chose ou à quelque chose ». La notion de lien central
se trouve dans le mot dépendance. La clé de cette dernière
sera à chercher dans la source de ce sentiment de dette dans le
vécu du sujet.
L'état d'addiction désigne un ensemble de
phénomènes adaptatifs développés autour de la
consommation répétée d'une ou plusieurs substances
psychoactives et caractérisés par leur extrême robustesse
dans le temps (évolution chronique et récidivante) ainsi que par
l'induction de conséquences néfastes pour l'individu.
Goodman (1990) propose une définition conforme aux
critères du Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux,
4ème Edition :
· Impossibilité de résister aux impulsions
à réaliser ce type de comportement ;
· Sensation croissante de tension précédant
immédiatement le début du comportement ;
· Plaisir ou soulagement pendant sa durée ;
· Sensation de perte de contrôle pendant le
comportement ;
· Présence d'au moins cinq des neuf critères
suivants :
- préoccupation fréquente au sujet du comportement
ou de sa préparation,
- intensité et durée des épisodes plus
importantes que souhaitées à l'origine, - tentatives
répétées pour réduire, contrôler ou
abandonner le comportement,
- temps important consacré à préparer les
épisodes, à les entreprendre, ou à s'en remettre,
- survenue fréquente des épisodes lorsque le
sujet doit accomplir des obligations professionnelles, scolaires ou
universitaires, familiales ou sociales,
- activités sociales, professionnelles ou
récréatives majeures sacrifiées du fait du
comportement,
- perpétuation du comportement bien que le sujet sache
qu'il cause ou aggrave un problème persistant ou récurrent
d'ordre social, financier, psychologique ou physique,
- tolérance marquée : besoin d'augmenter
l'intensité ou la fréquence pour obtenir l'effet
désiré, ou diminution de l'effet procuré par un
comportement de même intensité,
- agitation ou irritabilité en cas d'impossibilité
de s'adonner au comportement.
2.1.3.6. Toxicomanie
La toxicomanie est une appétence à absorber de
façon régulière et importante une substance susceptible
d'engendrer un état de dépendance physique et psychique.
Olievenstein(1978) pensait que : « est toxicomane,
quiconque, à partir d'un produit de base, fait l'escalade vers d'autres
produits et l'utilise
quotidiennement ou quasi quotidiennement ».C'est une
définition descriptive qui oriente vers la notion de polyconsommation
qui fait parfois de ce toxicomane un polytoxicomane.
Aujourd'hui, les experts de l'Organisation Mondiale de la
Santé préconisent une nouvelle terminologie plus objective qu'est
la pharmacodépendance compte tenu de la diversité des produits
consommés et des degrés de dépendance induits. Elle
signifie une instauration d'une dépendance psychique et/ou physique
à la substance, induisant des effets nocifs pour l'individu et la
collectivité.
2.2. Cadre théorique : la théorie de
l'assuétude de Stanton
La théorie de l'assuétude ou «
dépendance » élaborée par Stanton (1982),repose sur
l'interrelation entre les facteurs physiques, psychologiques et sociaux de la
personne et le rôle que la substance (ou le comportement) occupe dans la
vie de celle-ci.
2.2.1. La théorie de l'assuétude de Stanton
(1982) :le cycle de l'assuétude
Les drogues ont toutes en commun l'effet d'éliminer
l'angoisse et de faire oublier les ennuis de toutes sortes et la douleur chez
l'individu. C'est pourquoi certaines personnes les consomment
régulièrement pour tenter de rendre permanent ce
côté de la drogue. Par contre, lorsque les consommateurs
recherchent cet effet à long terme, ils entrent dans ce qui est
appelé le cycle de l'assuétude. En consommant de la drogue pour
éviter de faire face à la réalité et ce qu'elle
comporte, les personnes en arrivent à un point où leurs
problèmes ne peuvent plus se régler parce qu'elles les ont
évités, c'est cela qui créé de la peur et de
l'angoisse. Elles se retournent donc encore vers la drogue pour oublier ces
problèmes qui empirent de jour en jour, tout comme leur consommation.
Ces personnes en arrivent à un point où leur consommation est le
point central de leur vie parce qu'elles ne trouvent plus aucune
satisfaction dans leur vie. Elles essaient de retrouver cette
satisfaction dans les psychotropes qu'elles consomment, si bien que les
psychotropes consommés deviennent leur seule satisfaction. Les
personnes, graduellement, perdent l'envie de faire des choses pourtant
aimées auparavant pour se consacrer à leur consommation, qui
occupe le temps, structure la vie et procure un rituel rassurant, tout en
donnant une certaine identité aux individus. Quatre
éléments de base permettent de reconnaître une personne
engagée dans le cycle de l'assuétude :
- L'assuétude est un continuum, c'est-à-dire
qu'il est un cercle vicieux,
qui recommence sans arrêt et qui n'a pas
de fin sans intervention.
- L'assuétude détourne la personne de tous ses
autres centres d'intérêt, ce qui veut dire que l'usage des drogues
devient omniprésent, enéliminant progressivement tous les autres
centres d'intérêt de la personne.
- L'assuétude n'est pas une expérience
agréable, la personne utilise des psychotropes presque uniquement dans
le but de soulager sa souffrance et qu'il n'y a plus le plaisir lié
à la consommation, comme au début.
- L'assuétude est l'incapacité de choisir de ne
pas faire quelque chose, c'est-à-dire que la personne a placé les
psychotropes au centre de sa vie et qu'elle ne vit que pour cela. Les
substances la dominent totalement et la personne n'est plus maître de sa
vie.
Figure1 : Le cercle vicieux de l'assuétude
L'individu qui au départ possède des
antécédents personnels, vit donc dans un contexte
socio-économique défini. Tout au long de sa vie, il est
susceptible de se trouver dans les situations favorables ou défavorables
qui engendrent des émotions. Les émotions de l'individu peuvent
lui donner du plaisir ou du déplaisir et elles peuvent créer de
l'angoisse, et un sentiment d'impuissance faisant en sorte qu'il se sente
dépassé. L'individu adopte alors une façon qui lui est
propre de fonctionner et de rechercher des solutions pour apaiser la souffrance
engendrée par ces émotions négatives. Il recherche ces
solutions en fonction de sa compréhension du problème. Deux
possibilités s'offrent à lui : il peut choisir des solutions
adaptées ou des exutoires.
Le premier choix consiste à développer ou
à mettre à profit des habiletés qui permettent une
réelle satisfaction et un sentiment de confiance et de
compétence.
Le second choix consiste à opter pour les exutoires.
Ces exutoires apportent une satisfaction apparente, sans toutefois
répondre adéquatement aux besoins réels. Elles procurent
un apaisement momentané mais elles impliquent une
détérioration progressive de la situation de vie, le
déracinement de la personne et la perte du sentiment d'efficacité
et de l'estime de soi.
Lorsque l'effet de l'exutoire est passé, l'individu se
retrouve face aux mêmes difficultés. L'angoisse et le sentiment
d'être dépassé reviennent. L'individu applique les
mêmes solutions pour soulager sa souffrance. Cellesci engendrent d'autres
difficultés, et le problème perpétue. Un continuum s'est
installé.
L'anxiété est ainsi prise comme exemple des
émotions négatives. Elle est donc la porte d'entrée dans
le cycle. L'exutoire constitue le recours aux substances psychoactives qui
procurent du bien-être, de l'euphorie, diminuent la peur en
décrispant ainsi des échanges sociaux, réinstaurent
l'impression de puissance. L'anxiété diminue. Les contraintes
sont dégagées. Cela ne dure qu'un bout de temps : en effet,
l'effet de cet exutoire diminue et les difficultés
réapparaissent. C'est le retour de la tension qui engendre à
nouveau des émotions négatives qu'on fuyait au départ. Et
comme les substances psychoactives constituent les voies qui soulagent
rapidement, on en fait encore recours. Et ainsi recommence le cercle
vicieux.
L'assuétude possède des caractéristiques
particulières bien déterminées. Elle est
l'incapacité de choisir ou de ne pas choisir de faire quelque chose.
C'est aussi le désir de fuir la réalité ou le désir
de simplification et de facilité. L'assuétude amène
l'individu à rechercher la solution adéquate à son
angoisse à l'extérieur de soi. Elle créé le besoin
d'avoir une satisfaction immédiate. D'après certains chercheurs,
c'est à la fois le sentiment d'être incapable d'affronter sa vie
et un besoin de sécurité. C'est aussi une tendance à
être dépendant et passif. L'assuétude suscite chez
l'individu un besoin de pouvoir sur les autres.
2.2.2. Synthèse théorique
La théorie de l'assuétude de Stanton (1982)
stipule que l'individu consomme de la drogue pour éviter de faire face
à la réalité désagréable parce que toutes
les drogues ont en commun l'effet d'éliminer les ennuis, la douleur et
l'angoisse.
Face à la souffrance engendrée par les
émotions négatives résultant des situations quotidiennes,
l'individu recherche des solutions en fonction de sa tolérance. Deux
éventualités se présentent à lui : solutions
adéquates ou exutoires.
- Solutions adéquates consistent à
développer des sentiments de confiance et compétence et des
habiletés pour une authentique satisfaction, bref à être
résilient ;
- Exutoires consistent à recourir aux psychotropes qui
apportent une satisfaction superficielle et momentanée. Lorsque l'effet
des exutoires devient caduc, l'individu se retrouve face aux mêmes
difficultés. Pour apaiser sa souffrance, il opte pour les mêmes
exutoires et le problème se pérennise.
2.3. Etat de la question
Beaucoup de travaux ont porté sur les drogues mais peu
se sont réellement intéressés aux facteurs intervenant de
façon essentielle dans la genèse des conduites de consommation de
drogues.
Nous avons organisé notre revue des travaux autour de
deux axes principaux : l'axe des travaux relatifs aux événements
de vie vécus et l'axe des travaux relatifs aux consommations de
drogues.
2.3.1. Axe des travaux relatifs aux
événements de vie
L'hypothèse d'un lien entre les stimuli issus de
l'environnement et le phénomène de la maladie a été
formulée depuis la préhistoire. Cependant depuis l'époque
contemporaine, plusieurs études ont été
élaborées dans le but
de préciser principalement cette relation constatée
entre les événements de vie malheureux et les diverses
incommodités.
Séville(1977) montre, dans une étude
longitudinale de trois ans sur 132 patients, non seulement que les
épisodes de psoriasis sont liés à des
événements de vie, mais que les rechutes sont d'autant moins
fréquentes que le stress lié à ces
événements est identifié par les malades.
Il est sans doute plus surprenant de constater que la crise
d'appendicite peut survenir aussi à la suite des
événements de vie significativement vécus par certains
patients. C'est dans cette optique que l'étude de Creed a
été accomplie en 1981.
L'étude rétrospective (Creed, 1981) a
apporté des éléments intéressants sur la liaison
entre stress et crise d'appendicite. Malgré les signes cliniques
évidents qui avaient conduit à l'intervention, les chirurgiens
ont trouvé chez 50% des patients un appendice présentant une
faible réaction inflammatoire, contrairement à ce qui
était trouvé chez les autres patients. Avec la
méthodologie de Brown et Harris (1978) et s'intéressant aux
événements vécus par tous les opérés dans
les treize semaines précédant les premières douleurs
abdominales,Creedconstate que les sujets ayant les appendicites typiquement
connues au moment de l'intervention, avaient expérimenté des
événements sévères, au cours de la période
explorée, contrairement aux autres opérés dont les
événements étaient comparables à ceux
trouvés dans un groupe témoin. Les types
d'événements trouvés dans le premier groupe, avaient une
connotation très sévère. Contrairement aux attentes, les
malades dont l'appendice présentait une faible réaction
inflammatoire avaient tendance à ressentir, après l'intervention,
un plus grand nombre de symptômes physiques banaux, se
rétablissaient moins vite et avaient été plus nombreux
à présenter des symptômes d'ordre psychiatrique au moment
et après l'intervention, que les autres.
Depuis quelques années, le rôle
déclencheur éventuel d'événements de vie
éprouvants dans les maladies auto-immunes a été l'objet de
certaines études.
La littérature sur les stress des examens est
également très fournie. On peut rappeler par exemple le travail
de Kiecolt-Glaser et al. (1984) chez des étudiants en
médecine en période d'examen. Les auteurs avaient constaté
une baisse du nombre relatif de lymphocytes (sur le nombre total de globules
blancs), une diminution relative des lymphocytes T, sans modification du
rapport T "helper" sur T suppresseurs (CD4/CD8), une atténuation des
réponses aux mitogènes, enfin une diminution de l'activité
des cellules "naturel killer". Cette dernière était d'autant plus
basse que les étudiants avaient subi, avant l'investigation, des
changements vitaux plus intenses ou souffraient d'un isolement social plus
accusé.
Toujours dans la même dynamique, une récente
recherche a été effectuée par Morell-Dubois en 2006.
L'objectif de cette recherche (MorellDubois, 2006) était
d'étudier les événements de vie stressants chez les
patients présentant une maladie auto-immune en comparaison avec une
population de témoins sains, et de rechercher un lien potentiel entre
ces événements de vie et le premier symptôme ou
l'aggravation de la maladie. L'étude épidémiologique
clinique descriptive comportait un entretien avec le patient, un recueil de
l'histoire clinique dans le dossier des patients, les événements
de vie étant replacés secondairement dans l'histoire clinique,
à l'aveugle du patient. L'entretien est semi-structuré avec 2
échelles d'évaluation : l'inventaire d'événement de
vie de Paykel (1997) qui est une échelle de recueil et
d'évaluation d'événements de vie validée sur le
plan international, et le Mini International Neuropsychiatric Interview
(Pinninti, Madison, Musser &Rissmiller, 2003) qui permet aux personnes
« non initiées » d'avoir une première approche
diagnostique psychiatrique.Soixantedix-sept patients porteurs de maladie
auto-immune et trente et un témoins
sains, appareillés en sexe et en âge ont
été inclus. Morell-Dubois a retrouvé chez 71,43 % des
patients, des événements de vie stressants survenant 1 à
10 mois avant les premiers signes ou l'aggravation sévère d'une
maladie auto-immune (délai inférieur à 6 mois chez 89 %
des patients). Chez les témoins sains, l'auteur n'a retrouvé
qu'un pourcentage d'événements de vie stressants de 32,26% dans
les 2 ans avant l'entretien. La comparaison par un test de Chi 2 a fait
apparaître une différence significative à un niveau
élevé : p = 0.0002.Ces résultats permettent de conclure
que les événements de vie stressants pouvaient donc
s'intégrer dans les mécanismes multifactoriels
physiopathologiques des maladies auto-immunes au même titre que d'autres
facteurs de risque (infections virales, vaccinations....), ou constituer un
facteur précipitant ou déclenchant sur un terrain
prédisposé.
L'influence des événements de vie traumatiques
dans les maladies auto-immunes a été inéluctablement
prouvée. Cependant, certains chercheurs pensent que c'est plutôt
la délinquance juvénile qui est la conséquence
immédiate des événements de vie stressants
vécus.
Djassoa(1990) a travaillé sur le
phénomène de la marginalité juvénile à
Lomé. Il aborde l'importante question des conséquences à
long terme de perturbations de l'attachement chez les jeunes. Il illustre,
l'insécurité affective que connaissent les jeunes qui ont subi
des carences précoces.
En effet, il parvient à la conclusion selon laquelle
toute perturbation du milieu familial n'est pas la cause directe ni
nécessaire de la délinquance juvénile. C'est le
bouleversement psychique qu'il est susceptible d'engendrer chez le jeune qui
rend compte de la marginalité. Ainsi à partir de l'analyse de
contenu d'un échantillon de dossiers de 20 mineurs au Centre
d'Observation et de Réinsertion Sociale de Cacavelli à
Lomé, il a isolé certains facteurs pouvant conduire à la
marginalité juvénile à Lomé :
- Les facteurs sociologiques tels que l'éclatement de
la cellule familiale auxquels s'associent la désintégration de la
cellule familiale traditionnelle et
l'éveil du besoin d'argent par l'introduction de
l'économie de marché, entraînant des conflits
insurmontables entre la vie de famille et les activités
financièrement rentables.
- Les facteurs psychologiques : le milieu familial
perturbé est vécu comme une situation d'insécurité
affective. Une telle insécurité se traduit par divers processus
psychologiques de manières diverses qui peuvent se combiner, s'intriquer
: le sentiment d'abandon affectif, la carence d'objets identificatoires,
l'angoisse de morcellement, l'intolérance à la frustration.
- Les facteurs psychopathologiques : ils se résument
à un trouble relationnel précoce qui serait de type abandonnique,
et s'exprimant sous forme de carence affective.
Tout comme les maladies auto-immunes et la délinquance
juvénile, les pathologies psychosomatiques peuvent résulter de la
survenue des événements de vie traumatiques.
Sur le plan méthodologique, une étude
intéressante (Adams et al., 1994)a été
effectuée sur le rôle respectif des événements de
vie éprouvants (stress majeurs) et des tracas quotidiens (stress
mineurs) dans la sévérité et les fluctuations d'un jour
à l'autre de la symptomatologie du lupus, sur une population de 41
sujets. Les auteurs ont utilisé la technique de l'agenda pour faire
évaluer par les patients eux-mêmes, jour après jour, sur
une durée totale de 56 jours, l'intensité de divers
symptômes somatiques, le niveau de stress quotidien, mais aussi la
présence d'une humeur dépressive, d'anxiété, et de
sentiments de colère. Cette technique a l'avantage de pouvoir tester les
deux relations de causalité, psycho-somatique et somato-psychique, en
corrélant les mesures d'un type effectuées le jour j avec les
mesures d'un autre type effectuées le jour j+1. Il ressort de cette
étude que l'intensité moyenne des symptômes sur la
période d'observation des 56 jours dépend bien plus de l'impact
des stress quotidiens pendant la même période que de l'impact des
événements de vie éprouvants ayant éventuellement
précédé la poussée. Par
ailleurs, la symptomatologie physique du jour j est
prédite par les stress subis et par l'humeur dépressive du jour
j-1, même si la plus grande partie de la variance est expliquée
par l'intensité des symptômes physiques de la veille. Enfin, les
auteurs constatent qu'environ 1/5 de la population étudiée
présente des corrélations significatives entre le stress ou les
variables émotionnelles et les symptômes physiques : ce
sous-groupe peut être considéré comme définissant
une population de sujets répondeurs au stress, ce qui laisse entendre
que dans toute affection à composante psychosomatique la part
attribuable à des facteurs psycho-émotionnels est très
variable d'un sujet à un autre.
Tout autant surprenant pour l'homme de la rue que pour les
médias, les troubles de l'érection peuvent s'ensuivre
après la survenue des événements de vie désastreux
chez certaines personnes.
La recherche de Vincent, Bonierbale, Porto, Colson et
Lançon (2004) avait pour objectif l'étude du rôle des
événements récemment vécus par l'individu dans la
survenue d'un trouble de l'érection. Lavulnérabilité des
sujets, vis-à-vis d'une anxiété qui induit un
défaut d'adaptation aux événements extérieurs, a
été envisagée. L'échantillon compte un groupe de 26
patients souffrant de troubles de l'érection secondaires et un groupe de
20 témoins, correctement appariés. Le questionnaire
d'événements de vie mis au point par Amiel-Lebigre (1986) a
permis de lister les événements vécus durant les cinq
années précédant l'installation du trouble de
l'érection pour les patients et durant les cinq années
précédant le jour de passation du questionnaire pour les
témoins et auxquels les sujets attribuaient une note d'impact
émotionnel sur une échelle de 0 à 100. Les auteurs ont
également mesuré les scores d'anxiété des sujets
à l'aide du State-Trait AnxietyInventory ou STAI (Spielberger, 1983).
Les résultats montrent une accumulation d'événements de
vie durant l'année précédant l'installation des troubles
de l'érection plus importante chez les patients que chez les
témoins. L'analyse
détaillée de ce pic événementiel,
montre que les événements les plus représentés sont
ceux appartenant au domaine affectif et ceux représentant une perte. Les
auteurs constatent également que les patients attribuèrent
fréquemment un impact fort à ce type
d'événement.
Les évènements de vie sont repérés
dans la hiérarchisation proposée par Rihmer (1996) comme des
facteurs de risque suicidaire secondaires. En effet, en opposition aux facteurs
de risque primaires (trouble psychiatrique, traits de personnalité
impulsifs ou violents, antécédents personnels et familiaux de
conduites suicidaires), les facteurs environnementaux ne sont pas suffisamment
spécifiques du risque suicidaire, d'autant qu'ils sont largement
retrouvés dans la population générale.
Les facteurs de risque environnementaux les plus souvent
retrouvés chez les sujets qui réalisent des gestes suicidaires
sont : la survenue de pertes parentales précoces (dans l'enfance),
l'isolement social et affectif, l'exclusion, les problèmes financiers,
la perte d'emploi, le chômage, une maladie grave, la prison, les
situations d'échecs d'autant qu'elles sont vécues de façon
humiliante, les déceptions sentimentales, les situations de stress
(professionnel, émotionnel, affectif), les disputes ou bagarres avec les
amis ou proches, les fugues.
Plusieurs études montrent par exemple que les
adolescents, qui se sont suicidés, ont fait face durant l'année
précédent à plus de conflits interpersonnels, de pertes et
de problèmes légaux ou disciplinaires.
On attribue souvent une valeur causale à un
environnement socio-économiquedéfavorable dans l'apparition d'une
conduite suicidaire. Chez les adolescents présentant des
problèmes psychologiques et psychiatriques (au sens large), on retrouve
plus souvent un faible niveau éducatif des parents, un faible niveau de
revenus, un nombre élevé d'enfants dans la famille, une grande
mobilité de résidence. Toutefois, il semble que le statut
socio-économique n'exerce pas une influence directe, mais qu'il
intervienne à travers la diminution des liens familiaux et sociaux
à laquelle il
est souvent associé. Tout comme la distension des liens
affectifs, la perte des repères et le sentiment de relégation
semblent plus pertinents que les difficultés économiques et
sociales, l'isolement (peu d'amis et de confidents)dont font état les
adolescents suicidants est bien plus un sentiment d'isolement qu'un isolement
réel.
La maladie Alzheimer fait partie de la liste non exhaustive des
maladies auxquelles les événements de vie malheureux peuvent
prédisposer.
Le programme Alzheimer, de recherche et de données
permet d'apporter un regard clinique essentiel à une
compréhension globale de la maladie. Une proportion de 59 malades
Alzheimer (Poillot, Menecier&Ploton, 2011) ont été
comparés à 31 sujets témoins, afin de rechercher une
association entre événements de vie stressants vécus et
révélation clinique ultérieure d'une maladie d'Alzheimer.
Un questionnaire de 11 items, relatifs à des événements de
vie difficiles a été élaboré. Les témoins
ont cumulé moins d'évènements de vie difficiles (Chi2=7,72
; p <0,05) pouvant agir sur l'économie psychique. Des facteurs
pathogènes apparaissent, les malades ont plus souvent été
placés avant l'âge de dix ans (Chi2=5,06 ; p <0,01) et
reconnaissent plus d'antécédents familiaux de nature
psychiatrique (Chi2=5,06 ; p <0,05). La présence
d'évènements de vie difficiles peut influencer les
capacités du sujet à effectuer un travail de deuil ainsi,
l'élaboration des pertes liées au vieillissement peut être
rendue difficile et dépasser les capacités psychiques du sujet.
Un facteur protecteur est mis en évidence : une pratique spirituelle en
référence à une forme de foi et/ou d'adhésion
philosophique (Chi2=5,64 ; p <0,05).
Somme toute, beaucoup de travaux ont été
effectués sur les événements de vie significatifs qui
organisent la vie de tous les jours des personnes. Les hypothèses
évoquées varient d'un auteur à un autre et suivant
différentes écoles. Depuis les travaux de Séville
(1977),Creed (1981),Kiecolt-Glaser et al. (1984),Morell-Dubois(2006),en passant
par ceux de Djassoa (1990), Adams et al.(1994),jusqu'à ceux de Vincent,
Bonierbale, Porto, Colson et
Lançon (2004),Rihmer (1996),Poillot, Menecier et Ploton
(2011) ; il est surprenant de constater que toutes les
éventualités évoquées par ces auteurs confirment de
près l'existence d'une relation entre les événements de
vie malheureux et les maladies. D'aucuns évoquent comme
séquelles, les maladies auto-immunes, les maladies psychosomatiques, les
pathologies graves comme l'Alzheimer ou les démences. Pour d'autres, ce
sont les troubles de l'érection, la délinquance juvénile
ou le suicide qui sont les conséquences de ces événements
de vie traumatiques.
2.3.2. Axe des travaux relatifs aux consommations de
drogues
Du jour au lendemain, plusieurs études se construisent
sur les drogues. Les tendances s'intéressent soit à leur
genèse, soit à leur évolution ou soit aux complications
psychiatriques que les drogues sont susceptibles de provoquer à court ou
à long terme. Nous nous sommes intéressé de près
aux recherches essayant de repérer les facteurs psychologiques et
socioculturels intervenant de façon décisive dans le
déterminisme des conduites de consommation de drogues.
Hall et al. (1990) ont réalisé une
étude prospective auprès des alcooliques. Dans leurs
explications, les alcooliques ont associé leur rechute à un
état de stress. Cette étude, s'intéressant
également aux situations ou événements qui peuvent
déclencher la rechute des alcooliques, relève la prudence avec
laquelle il faut considérer les explications des toxicomanes. Cela
signifie qu'il peut avoir d'autres variables intrinsèques à la
personnalité du toxicomane que lui-même peut ignorer.
Outre que l'état de stress peut conduire à la
reprise des conduites alcooliques, les états émotionnels
pénibles et les désaccords nés des relations
interpersonnelles déclenchent aussi la rechute dans l'alcoolisme.
Marlatt et Larimer(1990) dans leur étude initiale sur
les alcooliques, ont demandé aux personnes qui avaient rechuté de
décrire les situations qui avaient déclenché cette
rechute, au moment du suivi. Ils ont constaté que les
situations relevées par les alcooliques pouvaient
être classées en catégories et que près des trois
quart des rechutes étaient associés à trois d'entre elles
: les états émotifs désagréables, la pression
sociale et les conflits interpersonnels.
Les facteurs sociaux et familiaux sont non négligeables
dans le déterminisme des conduites de consommation de drogues.
Tremblay et al. (2000) ont mis en évidence des
facteurs socio-familiaux et l'influence des pairs sur la cause et la poursuite
des conduites toxicomaniaques chez les toxicomanes.
Parfois, certaines recherches incriminent manifestement les
problèmes émotifs et les problèmes personnels vécus
par les individus pour expliquer le retour aux consommations de drogues.
Westermeyer et Boedicker (2000), ont montré que le
retour à la consommation après une période d'abstinence
tient à des pressions internes, aussi bien qu'externes :
problèmes émotifs (anxiété, dépression,
colère), fuite des problèmes personnels ou soulagement de la
douleur, disponibilité de la drogue.
Depuis les années 2000, les troubles de la
personnalité sont identifiés comme jouant un rôle
prééminent dans l'apparition des conduites de consommation de
drogues.
Franques et al. (2000) ont cherché à
étayer l'hypothèse d'une relation entre abus de cannabis et
personnalité dans une étude longitudinale sur un an. Cette
étude qui avait pour objectif d'étudier la relation entre la
consommation du cannabis et l'évolution symptomatologique d'une
pathologie psychotique de début récent, a porté sur 93
patients âgés de 15 à 26 ans. Les résultats ont
montré que la consommation d'importantes quantités de cannabis se
retrouve chez les psychopathes. Ils concluent que la personnalité
antisociale est une personnalité à haut risque pour la
consommation du cannabis.
En 2001, C'est Dulit qui s'inscrit dans cette approche selon
laquelle le rôle des troubles de la personnalité dans les
addictions aux drogues est prépondérant.
Dulit (2001) a pu montrer dans une étude portant sur la
consommation de substances psychoactives chez les états limites que si
la toxicomanie ne faisait plus partie des symptômes de diagnostic de
personnalité-limite, le cours de la maladie devenait plus favorable. Il
ajoute que ces patients peuvent engendrer lors des sevrages soit des
symptômes psychotiques, soit des troubles anxieux, soit des états
dépressifs majeurs sur l'un des quatre pôles : cognitif, affectif,
psychotique ou comportemental.
Dans le souci de répertorier les facteurs probables
d'explication des habitudes de consommation de drogues, il est apparu un
élément essentiel : la prégnance des traumatismes
antérieurs.
Une étude (Nardeau& Bertrand, 2001) menée
à Montréal dans le cadre d'un projet sur l'inadaptation grave et
persistante chez les toxicomanes, a montré que pratiquement, les
rechutes sont fréquentes et font partie intégrante du processus
de rémission. Les auteurs ont ainsi pu identifier, suite aux entrevues
de deux heures avec chacune de ces femmes toxicomanes, que ces rechutes sont
dues aux mêmes facteurs associés que l'on retrouve dans la
progression de la consommation, mais aussi au contexte qu'évoquent les
situations de traumatisme dans l'enfance.
La toxicomanie des jeunes adultes peut être la
conséquence de la perturbation du climat affectif familial, qui se veut
apaisant et sécurisant à travers l'amour, la sympathie, la
tendresse, la solidarité, la cordialité et la bienveillance des
membres de la famille.
Sévon(2002), dans son étude sur « l'impact
du climat affectif familial sur la personnalité de l'enfant : cas des
toxicomanes de Lomé », a montré que l'âge actuel, le
type de famille et la position occupée dans la fratrie ne sont pas des
facteurs déterminants dans l'explication de l'étiologie de la
toxicomanie. Cependant, il ressort que le phénomène est
essentiellement masculin, que la consommation se fait en groupe et la plupart
des toxicomanes le sont devenus lorsqu'ils vivaient encore avec leurs parents
géniteurs. D'après les facteurs subjectifs, le désir
d'attirer l'attention des
parents constitue un facteur déterminant. Enfin, parmi
les facteurs psychologiques, la disqualification du père (absence
physique et / ou psychique) et la surprotection maternelle sont les facteurs
prépondérants entraînant le trouble de l'organisation de la
personnalité pouvant déboucher sur la dépendance à
la drogue.
Dans la poursuite des recherches et suite aux diverses
expériences, certains chercheurs font prévaloir les
résultats positifs, obtenus suite aux attentions, soins et services
additionnels accordés aux femmes, dans l'issue favorable des traitements
d'alcoolisme et de toxicomanie des femmes.
Ashley (2003) a effectué une étude portant sur
le traitement des femmes qui ont des problèmes importants d'alcoolisme
et de toxicomanie.Pour ce faire, elle a examiné 38 études sur le
traitement des femmes, dont 7 étaient aléatoires, et cerné
plusieurs composantes du traitement qui étaient associées
à des résultats positifs : garderies, services prénataux,
programme pour femmes seulement, services additionnels et ateliers axés
sur les femmes, soins de santé mentale, et soins de santé
intégrés. Les études ont trouvé des associations de
ces six composantes de l'achèvement du traitement : la durée du
séjour, la diminution de la consommation d'alcool et des drogues, la
réduction des symptômes touchant la santé mentale, une
meilleure issue de la grossesse, l'emploi, l'état de santé auto
déclaré et la réduction des risques de contracter le
VIH.
Par ailleurs, la consommation de drogues peut être
considérée comme une réponse à la mauvaise estime
de soi et à la détresse psychologique des jeunes adultes.
Hattah (2007), a fait ressortir les situations et les effets
tirés des substances psychoactives qui maintiennent la conduite de
consommation, en dépit de la connaissance des conséquences
néfastes que ces produits engendrent.Cette étude a permis de
cerner la consommation de drogue comme répondant à un certain
nombre de facteurs à savoir la nervosité, les soucis, la
tristesse, la fatigue, la déprime, les frustrations, la
difficulté à réaliser son
rêve, l'image négative de soi, qui sont à
l'origine de la consommation des drogues.
Outre que les situations désagréables et l'image
négative de soi facilitent l'apparition des conduites de consommation de
drogues, les traits de personnalité sont de plus en plus primés
dans le déclenchement des consommations de drogues.
Allouky(2008) dans une étude portant sur 38 alcooliques
au Centre Hospitalier Universitaire de Kara a relevé les
conséquences organiques et psychologiques que peuvent entraîner
l'alcoolisme. Il a trouvé que la dépendance à l'alcool
conduit à des décompensations psychopathologiques (troubles
anxieux, dépressifs et psychotiques). Il a également
relevé que l'addiction à l'alcool est liée à des
facteurs externes et internes et que les facteurs internes rendent compte de la
vulnérabilité de l'individu. Il a en effet identifié les
traits de personnalité associés à l'abus de l'alcool. De
plus, il a identifié chez ces sujets de nombreuses complications
neurologiques de l'alcoolisme chronique.
Au total, les drogues demeurent un domaine de
prédilection à la fois pour les consommateurs et pour les
chercheurs, qui tentent tant bien que mal de repérer les facteurs
psychologiques, sociaux et physiques intervenant dans le déclenchement
des conduites de consommation de drogues. Les travaux des différents
auteurs, que nous avons cités, tentent d'élucider et de justifier
les consommations de drogues par des facteurs antérieurs aux habitudes
de consommation et non pas comme étant à l'origine d'autres
troubles ultérieurs, selon certaines littératures. Que se soient
Hall et al. (1990), Marlatt et Larimer(1990), Tremblay et al.
(2000), Westermeyer et Boedicker (2000), Franques et al. (2000),
Dulit (2001), Nardeau et Bertrand (2001), Sévon (2002), Ashley (2003),
Hattah (2007) et Allouky(2008) ; tous s'accordent pour incriminer soit les
troubles de la personnalité dans ses modalités de
personnalité antisociale et borderline, soit les émotions
désagréables et les états de stress, soit les facteurs
socio-familiaux affectifs.
2.3.3. Synthèse des travaux
L'étude catamnestique de Séville (1977) a
montré sans doute aucun que les épisodes de psoriasis sont
liés scrupuleusement aux événements de vie vécus
alors que celle de Adams et al. (1994) constata plutôt la symptomatique
du lupus après la survenue des événements de vie
éprouvants et des tracas quotidiens.
Par ailleurs, Creed (1981) a confirmé l'existence d'une
liaison entre le stress et l'appendicite dans sa recherche.
La mise en évidence de l'influence des
événements de vie traumatiques dans les maladies
auto-immunitaires a été réalisée par Morell-Dubois
(2006) dans une récente étude épidémiologique
clinique utilisant principalement l'entretien.
L'étude de Djassoa (1990) s'est résumée
à évaluer le bouleversement psychique que peut engendrer la
perturbation du milieu familial sur certains sujets et le
phénomène de marginalité juvénile qui peut en
résulter. Mais, cette étude n'a pas identifié la
pharmacodépendance qui peut découler de cette
marginalité.
Le suicide (Rihmer, 1996), les troubles de l'érection
(Vincent, Bonierbale, Porto, Colson& Lançon, 2004) et la maladie
d'Alzheimer (Poillot, Menecier&Ploton, 2011) sont les diverses
incommodités évoquées, comme étant
corrélées avec les événements de vie vécus
significativement par les personnes.
Les études effectuées auprès des
alcooliques de Hall et al. (1990) et de Marlatt et Larimer (1990) se sont
intéressées aux facteurs responsables de la rechute et se sont
limitées à l'alcoolisme. Elles ont pu relever comme facteurs
déclencheurs de la rechute, le stress, les états émotifs
désagréables, la pression sociale et les conflits
interpersonnels.
Les travaux de Westermeyer et Boedicker (2000) ont
indiqué que les problèmes émotifs traduisant la
détresse psychologiquesont les facteurs avantcoureurs des conduites de
consommation de drogues. Néanmoins, ces travaux
ne relatent pas les événements auxquels ont
été soumis ces sujets avant le début des consommations.
Franques et al. (2000) ont conclu à l'issu de leur
étude que la personnalité antisociale est une personnalité
à haut risque pour la consommation du cannabis.
La recherche menée par Nardeau et Bertrand (2001) chez
les femmes toxicomanes met en relation les situations de traumatismes
vécus dans l'enfance et la toxicomanie.
Les études de Sévon (2002) et Hattah (2007) ont
révélé respectivement l'importance du climat affectif dans
la personnalité du toxicomane et les facteurs qui maintiennent la
consommation des drogues notamment la nervosité, les soucis, la
tristesse, les frustrations. Ces études se sont particulièrement
intéressées d'une part au climat affectif familial des
toxicomanes sans pour autant préciser les traumatismes liés
à ce climat familial et d'autre part aux facteurs de maintien des
conduites de consommation de drogues.
D'une part, les recherches effectuées mettent en
évidence la présence d'un lien les événements de
vie et les maladies ; d'autre part, les facteurs psychologiques, sociaux et
familiaux orientent les individus dans les habitudes de consommation de
drogues.
2.4. Synthèse et spécification du
problème
A l'issue de l'analyse des travaux, il ressort que plusieurs
études ont tenté d'exposer les facteurs de rechute de la prise
des drogues. Très peu d'études ont persisté sur les
facteurs déclenchant la prise de drogues. Les quelques-unes
effectuées ont évoqué comme facteurs : le stress, les
émotions désagréables, la pression sociale, les soucis, la
tristesse, les frustrations, la perturbation du climat affectif familial, les
traits de personnalité et même la personnalité
elle-même. Outre les consommations de drogues, les
événements de vie malheureux ont fait l'objet d'une
pléthore d'études. Suite à cela, il est
apparu que les événements de vie stressants ou
traumatisants contribuent à développer des pathologies diverses
notamment les maladies psychosomatiques, les maladies auto-immunes, la maladie
d'Alzheimer, les démences, les troubles de l'érection, la
délinquance juvénile et le suicide.
Toutefois, ces recherches n'ont pas justement mis en relation
les types d'événements de vie significativement vécus au
cours des 12 derniers mois ayant précédés le début
de la consommation et les conduites de consommation des drogues. C'est ce qui
nous a motivé à entreprendre cette étude sur la nature du
lien existant entre les différents événements de vie
vécus et la consommation des drogues.
2.5. Question fondamentale de la recherche
Les événements de vie stressants, traumatisants
bref significatifs survenus au cours des 12 derniers mois ayant
précédés le début de la consommation n'ont-ils pas
fragilisé et favorisé chez les jeunes adultes les conduites de
consommation de drogues ?
Plus précisément, nous nous sommes posé les
questions suivantes :
- Les événements de
vieconjugaux, familiaux, sociaux, sanitaires et financierssignificatifs
entraînent-ilsune détresse psychologique chez les jeunes adultes
?
- Les événements de vie conjugaux et
familiauxfavorisent-ilsplus la détresse psychologique chez les jeunes
adultes que les événements sociaux, sanitaires et financiers ?
- La détresse psychologique observée chez les
jeunes adultes conduitelle à la consommation des drogues ?
2.6. Hypothèses de la recherche
2.6.1. Hypothèse théorique
Les événements de vie significatifs survenus au
cours de la vie fragilisent les jeunes adultes et favorisent chez eux les
conduites de consommation de drogues.
2.6.2. Hypothèses de travail
Pour répondre à ces questions fondamentales que
nous nous sommes posé, nous avons élaboré des
hypothèsesde travail :
1. Les événements de vie conjugaux, familiaux,
sociaux, sanitaires et financiers significatifs entraînent une
détresse psychologique chez les jeunes adultes.
2. Les événements de vie conjugauxet familiaux
significatifs favorisentplus la détresse psychologiqueque les
événements sociaux, sanitaires et financiers chez les jeunes
adultes.
3. La détresse psychologique observée chez les
jeunes adultes conduit aux consommations de drogues.
2.7. Objectifs de la recherche
2.7.1. Objectif général
L'étude des conduites de consommation de drogues chez
les jeunes adultes liées aux événements de vie
significatifs est une contribution à la compréhension de
l'étiologie des conduites de consommation des drogues en vue d'une prise
en charge psychosociale meilleure et globale.
2.7.2. Objectifs scientifiques
A l'issue de cette étude, nous voulons atteindre les
objectifs suivants :
- Décrire les conduites de consommation de drogues
observées chez les jeunes adultes ;
- Décrire les événements de vie
significatifs survenus avant le début des conduites de consommation de
drogues ;
- Evaluer la détresse psychologique des jeunes adultes
toxicomanes suite aux événements de vie significatifs
vécus ;
- Estimer l'indice derelation entre les
événements de vie significatifs et la détresse
psychologique observée chez les jeunes adultes toxicomanes ;
- Identifier la corrélation entre la détresse
psychologique et la consommation des drogues chez les jeunes adultes.
2.7.3. Objectifs d'application
Dans la pratique, nous voulons parvenir aux objectifs suivants
:
- Participer à l'amélioration et à la
précision des diagnostics des conduites de consommation de drogues ;
- Procurer aux professionnels de la santé les
éléments essentiels sur les pharmacodépendants pour une
meilleure prise en charge psychologique et psychosociale ;
- Contribuer à une amélioration de la
qualité de vie des patients toxicomanes ;
- Faciliter les réinsertions sociales et professionnelles
des patients toxicomanes.
DEUXIEME PARTIE
METHODOLOGIE
Chapitre III : CADRE ET POPULATION DE L'ETUDE
3.1. Description du site
Nous avons mené notre étude au Centre
Hospitalier National Spécialisé en Santé Mentale
d'Aného. Ce centre est un établissement spécialisé
dans la prise en charge des malades mentaux au Togo. Les malades qui y sont
traités proviennent de toute l'étendue du territoire national et
des pays avoisinants. Créé en 1904 et réorganisé en
1931, il est érigé en établissement autonome depuis
1996.
3.1.1. Présentation du centre
Le Centre Hospitalier National Spécialisé
à l'origine se composait de six (06) cellules d'isolement servant
d'hébergement aux malades. Le régime d'internement était
rigoureux. En 1960 a été ébauchée la construction
d'un pavillon de seize (16) nouvelles cellules qui ne seront fonctionnelles
qu'à partir de 1964. Dans les années 1980, d'autres
bâtiments verront le jour, conférant à
l'établissement une capacité d'accueil de 120 lits.
Jusque-là, le centre ressemblait à une maison d'arrêt. En
1995, grâce aux apports de l'Etat, le centre s'est engagé dans un
vaste programme de réaménagement dans le but de rendre les soins
plus efficaces et le séjour plus agréable aux patients. De 2002
jusqu'à ce jour, le centre est structuré comme suit :
- Service administratif
- Cinq (05) Unités Fonctionnelles
- Unité Psychologique
- Unité de Pharmacie
- Unité de gestion et de dons de médicaments
- Unité Sociale
- Centre Médico-Psychologique (à Lomé)
Les ressources
Les ressources humaines
Débuté avec 1 infirmier et 3 manoeuvres, le
personnel soignant compte aujourd'hui : 1 Médecin psychiatre, 2
Psychologues de la Santé, 1 Assistant médical, 4 Infirmiers
d'Etat, 3 Infirmiers auxiliaires, 1 Technicien de laboratoire, 1 Assistant
social, 1 Agent de promotion sociale, 15 Aidessoignants.
Les ressources matérielles
Elles comprennent l'équipement d'une part et les
consommables d'autre part.
Les ressources financières
Les caisses du centre sont alimentées par les
ressources propres provenant des services vendus, de la session des
médicaments essentiels et génériques et de la subvention
d'exploitation de l'Etat.
Paquet des activités
Le centre s'occupe essentiellement de l'administration des soins
curatifs aux malades mentaux à titre interne comme externe.
3.1.2. Problèmes
Les problèmes auxquels le centre est confronté
sont essentiellement : l'insuffisance de locaux, d'équipements
techniques et logistiques, et le manque de moyens pour la prise en charge des
indigents stabilisés et non libérés pour cause
d'abandon.
3.2. Population
3.2.1. Population cible
Notre population cible est constituée de tous les patients
toxicomanes du Togo.
3.2.2. Population d'étude
Notre population d'étude est constituée de tous
les patients toxicomanes du Centre Hospitalier National
Spécialisé et qui ont été hospitalisés, qui
ont honoré leur rendez-vous de contrôle ou qui ont consulté
durant l'année 2010.
Les critères de sélection
Critères d'inclusion
Pour être sélectionné, le patient
toxicomane doit être présent au Centre Hospitalier National
Spécialisé et doit accepter être enquêté ou il
doit être accessible à son numéro de
téléphone et doit accepter être enquêté ; il
doit être lucide et coopérant et doit pouvoir parler
français ou éwé.
Critères de non inclusion
Les patients qui ont refusé toute rencontre ou qui sont
restés inaccessibles au téléphone, non lucides, non
coopérants et ne parlant pas ni français ni éwé
n'ont pas été pris en compte dans notre échantillon.
3.3. Echantillon d'étude
Nous avons donc considéré tous les patients
toxicomanes qui ont été hospitalisés,qui ont honoré
leur rendez-vous de contrôle ou qui ont consulté au Centre
Hospitalier National Spécialisé durant l'année 2010, soit
97 cas. Mais, compte tenu de nos critères de sélection, des
complications psychiatriques, du manque de lucidité et de collaboration
de certains patients toxicomanes, nous n'avons pu retenir que 82 cas.
Chapitre IV : VARIABLES ET METHODES
4.1. Variables et Indicateurs
4.1.1. Variable indépendante
La variable indépendante de la présente
étude est : Types d'événements de vie
Elle a pour modalités :
Modalité 1 : Conjugaux
Ses indicateurs sont :
- Infidélité
- Conflit conjugal
- Interruption de la vie conjugale
- Séparation, divorce - Décès du conjoint
- Difficultés relationnelles, disputes
- Mésentente sévère
Modalité 2 : Familiaux
Ses indicateurs sont :
- Conflits relationnels
- Séparation d'avec la famille, éloignement -
Disputes entre les parents et/ou les enfants - Négligence ou
défaillance des parents
- Maladies, Handicap des parents
- Violences familiales,Rupture familiale - Difficultés
communicationnelles
Modalité 3 : Sociaux Ses
indicateurs sont :
- Isolement, oisiveté
- Décès d'un ami proche
- Modification importante du statut social
- Manque d'emploi, départ à la retraite
- Manque d'aptitudes personnelles, difficultés à
s'exprimer - Déménagement, changements de
voisins
- Absence d'aide en cas de besoin
- Conflits avec la loi
Modalité 4 : Sanitaires Ses
indicateurs sont :
- Accident, agression
- Maladies et problèmes de santé en
général
- Maltraitances physiques, sexuelles, psychologiques
- Baisse des capacités physiques
Modalité 5 : Financiers
Ses indicateurs sont :
- Diminution significative des revenus
- Difficultés financières pour assumer logement,
alimentation, soins de santé et besoins personnels
- Payement des impôts ou des dettes, remboursement d'un
prêt
4.1.2. Variable additionnelle
La variable additionnelle de la présente étude est
:Détresse psychologique
Elle a pour indicateurs :
- Fatigue, maux de tête
- Colère, nervosité
- Sentiment de tristesse, isolement
- Insomnie, cauchemars
- Désintérêt, sensation de peur,
- Sensations soudaines de panique, soucis - Ralentissement
psychomoteur
- Autodépréciation, indifférence aux proches
- Ennui, dégoût de vivre,
4.1.3. Variable dépendante
La variable dépendante de la présente étude
est : Dépendance aux drogues (alcool, tabac, cannabis,
cocaïne, héroïne)
Elle a pour Indicateurs :
- Consommation répétée de substances
psychoactives
- Besoin impérieux de consommer la substance
- Tolérance vis-à-vis de la substance
- Poursuite de la consommation de la substance malgré la
connaissance de ses effets néfastes
- Effort infructueux d'arrêter ou de réduire
l'utilisation de la substance
- Apparition de syndrome de sevrage à l'arrêt ou
diminution de la consommation de la substance
4.2. Méthodes de collecte des données
Dans le cadre de notre étude, nous avons opté
pour la méthode d'enquête parmi les méthodes de collecte
des données distinguées par Mucchielli (1984). Nous avons fait
recours à la méthode d'enquête pour recueillir les
informations dont nous avons besoin.
Parmi les moyens offerts par la méthode
d'enquête, nous avons choisi l'entretien, le questionnaire et
l'observation et nous avons élaboré un guide d'entretien, un
questionnaire des événements de vie. Nous nous sommes
également servi du questionnaire Drug Abuse Screening Test-20 (Skinner,
1982) et de l'échelle de détresse psychologiqueK6 de Kessler
(2002).
> Guide d'entretien
Notre guide d'entretien est composé de 5 grandes
parties. La première partie nous permet de recueillir les informations
sociodémographiques de nos sujets. La deuxième partie nous permet
de collecter des informations sur la nature des relations affectives,
familiales et sociales avant et après la prise des drogues.La
troisième partie concerne l'histoire des drogues. Il s'agit notamment
des types de drogues consommées, la rencontre avec ces substances, le
début de la consommation, la durée de la consommation, les
modalités, les fréquences et les habitudes de consommation, les
effets attendus de la consommation de ces substances et la motivation pour le
sevrage. Les deux dernières parties concernent les
événements de vie vécus et la détresse
psychologique observée.
> Questionnaire des événements de
vie
Plusieurs événements de vie regroupés dans 5
catégories sont énumérés
dans un tableau. L'objectif de ce questionnaire est de
repérer les
événements de vie auxquels les sujets
pourraient avoir été confronté au
cours des 12 derniers
mois ayant précédés le début des conduites de
consommation de drogues et d'évaluer leur
retentissement sur ces sujets. Ce questionnaire des événements de
vie comporte 23 items auxquels les sujets doivent répondresoit par oui
soit par non. A chaque fois qu'il s'agit d'une réponse positive, le
sujet doit évaluer subjectivement et rétrospectivement l'impact
psychologique de cet événement sur sa personnalité. Le
retentissement psychologique de l'événement peut prendre trois
modalités. D'abord, la premièremodalité c'est que
l'événement n'a pas eu d'impact psychologique sur le sujet, donc
il n'y a pas de eu retentissement. Ensuite, le retentissement peut être
modéré. Et enfin, le retentissement peut être
sévère.
> Questionnaire DAST-20
Le questionnaire Drug Abuse Screening Test-20 (Skinner, 1982)
a pour but d'évaluer le niveau de dépendance aux drogues. Il est
composé de 20 items auxquels les sujets doivent répondre soit par
l'affirmative soit par la négative. Les points sont attribués
selon les réponses données. A chaque réponse affirmative,
on attribue 1 point alors que 0 point est attribué à chaque
réponse négative. La somme des points obtenus au test donne un
score total correspondant à un niveau de dépendance donné.
Pour un score de 0 point, il n'y a pas de dépendance. Un score compris
entre 1 et 5 correspond à une dépendance faible. La
dépendance devient modérée si le score est compris entre 6
et 10. Si le score se situe entre 11 et 15, la dépendance est
élevée mais elle devient sévère pour un score
compris entre 16 et 20.
> Echelle de détresse psychologique
K6
L'échelle de détresse psychologique K6 est une
échelle construite par
Kessler (2002) pour mesurer la détresse
psychologique chez les sujets. Cette
échelle est composée de 6
questions. L'échelledes choix de réponses aux
questions est
une échelle 0 à 4 qui se présente sous la forme suivante
:0 =
« jamais », 1 = « rarement », 2 = « parfois
», 3 = « la plupart du temps, 4
80
=« tout le temps ».Les scores obtenus sur
l'échelle de détresse psychologique K6, qui résultent de
la somme des scores obtenus aux six questions, varient de 0 à 24; plus
la cote est élevée, plus la détresse psychologique est
prononcée. Un score de 7 ou plus à l'échelle de K6
correspond à la valeur du quintile supérieur de l'échelle
et indique un niveau de détresse psychologique élevé.
4.3. Méthodes d'analyse des données
Pour analyser nos données, nous avons utilisé les
méthodes qualitatives et les méthodes quantitatives.
Parmi les méthodes qualitatives, nous avons
utilisé l'analyse de contenu sous sa forme logico sémantique qui
se veut une méthode capable d'effectuer l'exploitation totale et
objective des données informationnelles. Nous nous sommes
également servi du logiciel TROPES pour analyser de façon
minutieuse les discours obtenus auprès des toxicomanes.
Parmi les méthodes quantitatives, nous avons
utilisé les méthodes statistiques car elles nous permettent de
calculer les fréquences, les pourcentages, les indices de relation entre
les variables de nos hypothèses notamment le khi deux (X2),
le coefficient de contingence et l'analyse de la variance.
Pour y parvenir, nous nous sommes servi des logiciels
statistiques EpiData pour saisir nos données et SPSS pour analyser et
traiter ces données.
Le khi deux ÷2
Le but est d'étudier la dépendance entre deux
variables qualitatives. Le khi deux s'obtient par la formule :
( n1 - n1') 2 ( n2 - n2') 2
÷21 = +
n1' n2'
n1 = Effectifobservé
n1'= Effectif de la norme
n2 = Effectif de l'échantillon - Echantillon
observé n2'= Effectif de l'échantillon - Effectif de la norme Il
peut se calculer aussi de la façon suivante :
×2ddl = ? ( ni - ni') 2
ni'
ni = effectif observé
ni' = effectif théorique
ddl = degré de liberté
Lorsque ni < 10 on utilise la correction de Yates : en
remplaçant ( ni - ni')2 par (ni - ni'- 0,5)2
ni ni'
Nos résultats sont lus au seuil 0.05
L'hypothèse nulle (Ho) est celle d'indépendance
entre les indicateurs de deux modalités si le khi deux calculé
est inférieur au khi deux lu sur la table de ce test.
L'hypothèse alternative (Hl) qui
suppose l'existence d'une liaison entre les caractères des deux
modalités si le khi deux calculé est supérieur au khi deux
lu sur la table.
Le coefficient de contingence : C
Il permet de voir si la relation est élevée ou
faible entre les variables étudiées. Elle varie entre 0 et 1
Sa formule est : C = X2
X2 + n
n = Total de toutes les entrées du tableau
L'analyse de la variance à un facteur
Le but est d'étudier la dépendance entre deux
variables dont l'une est quantitative et l'autre qualitative.
Soient J observations: zj ; j = 1 à J,
d'un caractère Z.
On notera z la moyenne de ce caractère,
définie par: z = 1 Ezj
i= 1
J
On notera V(Z) ou ó2 ( Z
) la variance de Z, définie par: V ( Z) = E(
zj-z)2
j= 1
On appellera :
Y la variable quantitative
yik la valeur de Y pour l'observation i du
groupe k.
K le nombre de groupes
Ik le nombre d'observations dans le groupe
k.
K
)
I le nombre total d'observations
réalisées ( I = EIk
k= 1
1
yk = Zdyik
I k i= 1
est la moyenne de Y dans le groupe k.
Ik
1
y = yik
k= 1 i=1
est la moyenne globale de Y.
K Ik
K I
Remarque :y = E
1
E yik
k= 1 I k i= 1 k=1
Ik
) =
K
yk
La moyenne globale est donc une moyenne des moyennes des groupes
pondérées par leurs effectifs.
1 Ik
Vk ( Y ) =
ó2k( Y = E( y
k -yk)
I k i = 1
|
2 est la variance de Y à
l'intérieur du groupe k.
|
1 K Ik
V (Y ) = ó2 ( Y )
= EE( yik -y)
I k= 1 i=1
|
2 est la variance totale de Y.
|
L'idée est la suivante :
Si le facteur de groupe induisait des différences sur
la variable Y, toutes autres influences mises à part, on
obtiendrait une dispersion de Y qui traduirait ces groupes: On aurait
donc une dispersion entre les groupes petite par rapport à la
dispersion à l'intérieur des groupes.
Mesure de la dispersion :
- La dispersion est mesurée par la variance.
- On peut d'ores et déjà établir une
décomposition intéressante de la variance totale de
Y:
K K
I I
k k
V Y
( ) = V Y
( ) + ( )
y y
-
k k
I
k = I
1 k = 1
|
2
|
|
On remarque que le premier terme de cette somme est la
moyenne des variances internes aux groupes pondérées par leurs
effectifs, il s'agit donc d'une variance interne moyenne, ou: variance
dans les groupes. Quant au second terme, c'est clairement la variance
des moyennes des différents groupes, soit une variance entre
les groupes.
La décomposition ci-dessus de la variance de Y
s'interprète donc tout simplement comme:
Variance totale = Variance dans
les classes + Variance entre les classes On
notera:
K I
- la variance dans les classes: V Y
d ( ) =
k= 1
k
V Y
( )
k
I
K I
-
I ( y k - y
k
) 2
1
la variance entre les classes: V Y
e ( ) =
=
k
Le critère et le test:
dispersion
L'idée est la suivante: si le rapport
est grand, on admet la
entre
dispersion dans
significativité de l'influence dépistée du
facteur de groupe sur la variable Y. Formule du
test
Sous l'hypothèse que le facteur de groupe n'induit aucune
différence sur Y entre les groupes (i.e. aucun effet
spécifique, autrement dit tous les bk = 0), la
statistique suivante: F
V e ( Y ) .K K
V d ( Y) .I I - K
- 1 suit une loi bien précise: la loi de
Fisher à respectivement K-1 et I-K
degrés de liberté, notée F (K-1, I-K).
On calcule donc la statistique F sur les
observations, et l'on regarde si elle est tombée dans une région
"peu probable" de cette loi (i.e. par exemple une région dans laquelle
F ne devrait tomber que dans 5% des cas, et où la
densité de probabilité est faible). Si c'est le cas, on est
enclin à considérer que l'hypothèse de non-influence est
trop peu plausible, et donc à admettre l'hypothèse d'une
influence du groupe sur Y. A contrario, si F est
tombée en dehors de la région "peu probable", tout paraît
normal, et l'on n'a pas à rejeter l'hypothèse de non-influence.
On ne considère donc pas que le groupe ait une influence significative
sur Y.
On compare donc F au fractile d'ordre 95% ou 99% de la
loi F(K-1,I-K), noté f0.95(K-1,I-K) ou
f0.99 (K-1, I-K).
TROISIEME PARTIE
PRESENTATION, ANALYSE,
INTERPRETATION
ET DISCUSSION DES RESULTATS
Chapitre V : PRESENTATION ET ANALYSE DES
RESULTATS 5.1. Tableaux simples
Tableau 2
Répartition des patients selon le sexe
Sexe Effectif Pourcentage
Masculin 74 90,25%
Féminin 8 9,75 %
Total 82 100 %
Au vu des statistiques de ce tableau, il ressort que sur
82patientsinterrogés, 90,25 % sont des hommes alors queseulement 9,75 %
sont desfemmes. Ces proportions nous indiquent que la population
enquêtée,sur les habitudes de consommation de drogues,est
inégalement répartie. On note quasiment un
déséquilibre entre le nombre d'hommes et celui de femmes. Le
nombre d'hommes est 9 fois supérieur à celui des femmes.
Tableau 3
Répartition des patients selon l'âge
Age
|
Effectif
|
Pourcentage
|
17 - 25 ans
|
22
|
26,82 %
|
26 - 29 ans
|
24
|
29,26 %
|
30 - 35 ans
|
20
|
24,40 %
|
36 ans et plus
|
16
|
19,52 %
|
Total 82 100 %
Du tableau précédant, la structure par âge
montre,de façon générale, que la grande majorité
des sujets enquêtés appartientà la catégorie jeune.
Toutefois, la tranche d'âge la plus représentéeau sein de
cet échantillon est la tranche 26 - 29 ans soit au total 29,26 %. Cette
catégorie d'âge est suivie de celle de 17 - 25 ans avec un
pourcentage de 26,82 % de l'effectif total. La tranche d'âge la moins
représentée est celle de 36 ans et plus. Elle représente
19,52 % de l'effectif. Il fautégalement noter que la catégorie
d'âge de 30 - 35 ans représente uneproportion aussi importante que
toutes les autres avec un pourcentage de 24,40 %.
Tableau 4
Répartition des patients selon la profession
Profession
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Sans profession
|
29
|
35,37 %
|
Employés
|
11
|
13,41 %
|
Commerçants
|
10
|
12,20 %
|
Apprenants
|
16
|
19,51 %
|
Artistes
|
9
|
10,98 %
|
Elèves/Etudiants
|
7
|
8,53 %
|
Total
|
82
|
100 %
|
Les patients enquêtés ont fait cas de leur
profession. Les cas les plus
représentés sont les sans
profession qui occupent35,37 % de l'effectif total et
88
les apprenants qui représentent19,51 %. Cependant, il
faut noter que ces deux premières proportions sont suivies par les
employés avec un pourcentage de13,41 %, les commerçants avec
12,20 % et les artistes 10,98 %. Toujours selon ce tableau, 8,53 %de
l'échantillonsont des élèves et / ou des étudiants
concernés aussi par les phénomènes de consommation de
drogues.
Tableau 5
Répartition des patients selon le type de famille dont
ils sont issus
Type de famille
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Monogame
|
10
|
12,20 %
|
Polygame
|
46
|
56,10 %
|
Monoparentale
|
5
|
6,10 %
|
Recomposée
|
21
|
25,60 %
|
Total
|
82
|
100 %
|
Selon ce tableau, plus de la moitié des patients
enquêtéssoit 56,10 % de l'échantillon sont issus d'une
famille polygame. Cette forte proportion est suivie de 25,60 % qui
représentent le pourcentage des patients issus d'une famille
recomposée. Les données collectéesprécisent
également que d'autres patients sont issus des familles monogame et
monoparentale. Toutefois, leur proportion est relativement plus faible que
celui des patients naissant dans les familles polygame et recomposée.
Les pourcentages sont respectivement de 12,20 % pour les patients qui
proviennent d'une famille monogame et de 6,10 % pour les patients issusd'une
famille monoparentale.
Tableau 6
Répartition des patients selon la fratrie dont ils
sont issus
Fratrie Effectif Pourcentage
2 - 6
|
20
|
24,40 %
|
7 - 12
|
35
|
42,68 %
|
13 et plus
|
27
|
32,92 %
|
Total
|
82
|
100 %
|
Au regard de ce tableau, on constate que près de 42,68
% des patients toxicomanes enquêtés au Centre Hospitalier National
Spécialisé proviennent d'une famille ayant une fratrie comprise
entre 7 et 12 membres. Il s'agit de la proportion la plus représentative
de l'échantillon. Cet important quota est suivi de 32,92 % qui
représentent le pourcentage des patients toxicomanes issus d'une fratrie
dont le nombre est de 13 et plus. La fratrie de 2 - 6 membres occupe la
dernière place avec un pourcentage de 24,40 %. En résumé,
les toxicomanes proviennent davantage des familles ayant une fratrie moyenne et
supérieure que des familles à fratrie comprise entre 2 et 6
membres.
Tableau 7
Répartition des patients selon la situation
matrimoniale
|
Situation matrimoniale
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Célibataire
|
31
|
37,80 %
|
Marié
|
39
|
47,56 %
|
Séparé /
|
12
|
14,64 %
|
Divorcé
|
|
|
Total
|
82
|
100 %
|
Les toxicomanes ont renseigné leur état
matrimonial. La situation matrimoniale « marié » est plus
observée que les autres états : célibataire,
séparé ou divorcé. Elle a un pourcentage qui atteint
presque la moitié soit 47,56 % de l'effectif total. La situation «
célibataire » est la deuxième plus renseignée avec
une proportion de 37,80 %. Toujours selon ce tableau, les toxicomanes
enquêtés qui sont séparés ou divorcés, sont
aussi concernés par le phénomène des drogues à un
pourcentage de 14,64 % de l'échantillon.
Tableau 8
Répartition selon les différentes drogues
consommées
Drogues consommées
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Alcool
|
50
|
60,97 %
|
Tabac
|
33
|
40,24 %
|
Cannabis
|
42
|
51,22 %
|
Cocaïne
|
15
|
18,29 %
|
Héroïne
|
7
|
8,54 %
|
Les résultats du tableau 8précédant
signalent ce qui suit :
- L'alcool est la drogue la plus consommée par les
toxicomanes de notre échantillon. Il occupe à lui seul un fort
pourcentage de 60,97 %.
- Le cannabis est la deuxième substance psychoactive la
plus consommée par les sujets enquêtés. Il
représente 51,22 %. Toutefois, le cannabis est la drogue illicite la
plus consommée par les toxicomanes de notre échantillon parmi
toutes les drogues illicites.
- Le tabac vient en troisième position des substances
psychoactives consommées avec un pourcentage de 40,24 %. Il est suivi de
la cocaïne (18,29 %) et de l'héroïne (8,54 %).
Tableau 9
Répartition des patients selon la durée de
consommation des drogues
Durée de la consommation
|
Effectif
|
Pourcentage
|
1 - 5 ans
|
15
|
18,29 %
|
6 - 9 ans
|
27
|
32,93 %
|
10 - 14 ans
|
23
|
28,05 %
|
15 ans et plus
|
17
|
20,73 %
|
Total
|
82
|
100 %
|
Le tableau 9 nous indique que la majorité des
toxicomanes sont de vieux usagers de la drogue. La grande
majorité(environ 81,71 %) de ces vieux usagers sont dans la drogue il y
a au moins 6 ans. Parmi eux, 32,93 % ont une durée de consommation
comprise entre 6 et 9 ans alors que 28,05 % ont une durée comprise entre
10 et 14 ans. La proportion de 20,73 % représente les
toxicomanes qui consomment la drogue, il y a 15 ans et plus. A
côté de ces vieux usagers de la drogue, on constate que les
toxicomanes, qui utilisent la drogue il y a moins de 6 ans (plus
précisément entre 1 et 5 ans),représentent 18,29 % de
l'échantillon.
Tableau 10
Répartition des patients selon la nature des relations
familiales avant et après la prise de drogues
Relations familiales avant la prise de
drogues
Bonnes Acceptables Mauvaises
|
Total
|
|
|
Effectif 36 27 19 82
Pourcentage 43,90 % 32,93 % 23,17 % 100
%
Relations familiales après la prise de
drogues
Bonnes Acceptables Mauvaises Total
Effectif 13 20 49 82
Pourcentage 15,85 % 24,39 % 59,76 % 100
%
L'analyse de ce tableau montre que les relations familiales ne
sont pas les mêmes avant et après la prise de drogues. Sur les 82
patients enquêtés sur la nature des relations familiales avant la
prise de drogues, 43,90 % déclarent avoir de bonnes relations
familiales, 32,93 % les estiment acceptables et 23,17 % pensent que leurs
relations familiales étaient mauvaises. Les données changent
après la prise de drogues selon les toxicomanes. Les relations
familiales deviennent plus mauvaises qu'auparavant soit une proportion de 59,76
% déclarée. De 32,93 %, les relations familiales acceptables
passent à 24,39 %. Les relations familiales qui demeurent bonnes
malgré la prise de
drogues représentent 15,85 % selon les déclarations
effectuées par les toxicomanes enquêtés.
Tableau 11
Répartition des patients selon les types
d'événements de vie significativement vécus
Types d'événements de
vie significativement vécus
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Conjugaux
|
29
|
35,37 %
|
Familiaux
|
19
|
23,17 %
|
Sociaux
|
15
|
18,29 %
|
Sanitaires
|
11
|
13,41 %
|
Financiers
|
8
|
9,76 %
|
Total
|
82
|
100 %
|
Les événements de vie vécus
significativement diffèrent d'un patient à un autre. Le tableau
11 nous l'indique convenablement. Il en ressort que 35,37 %de l'effectif total
ont connu des événements de vie significatifs d'ordre conjugal au
cours des 12 derniers mois ayant précédés le début
des consommations des drogues. Ils sont d'ailleurs les plus
représentés dans l'échantillon. Toujours sur les 82
patients interrogés, 23,17 % ont connu des événements
familiaux significatifs. Ils sont suivis de 18,29 % qui ont connu plutôt
des événements de vie sociaux stressants ou traumatiques. Les
patients qui ont connu des événements de vie financiers
significatifs sont les plus faibles et représentent 9,16 % après
les 13,41 % qui ont vécu des événements de vie sanitaires
significatifs avant le début des consommations de drogues.
Tableau 12
Répartition des patients selon la détresse
psychologique
|
|
Détresse psychologique
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Oui Non
|
56 26
|
68,29 % 31,71 %
|
Total
|
82
|
100 %
|
L'analyse de ce tableau révèle que :
- la majorité des patients enquêtés (68,29
%) ont connu une détresse psychologique à la survenue des
événements de vie significatifs avant le début des
consommations de drogues soit 56 patients sur 82.
- le reste de l'échantillon soit 31,71 % n'ont pas connu
de détresse psychologique bien qu'ayant vécus des
événements de vie.
En résumé, presque les trois quartsdes patients
enquêtés ont développé une détresse
psychologique après la survenue des événements de vie.
Tableau 13
Répartition des patients selon le score et le niveau
de dépendance aux drogues
Score et niveau de dépendance aux
drogues
|
Effectif
|
Pourcentage
|
1 - 5 (Faible)
|
10
|
12,20 %
|
6 - 10 (Modéré)
|
19
|
23,17 %
|
11 - 15 (Elevé)
|
23
|
28,05 %
|
16 - 20 (Sévère)
|
30
|
36,58 %
|
Total
|
82
|
100 %
|
Au regard du précédant tableau, on remarque que
la proportion des patients faiblement dépendants aux drogues est basse
avec un pourcentage de 12,20 %. Par contre, la proportion des patients
sévèrement dépendants aux drogues est élevée
soit un quota de 36,58 %. Ces derniers sont suivis d'un taux de 28,05 % pour
les dépendants élevés et de 23,17 % pour les
dépendants modérés.
Tableau 14
Répartition selon les effets attendus après la
prise des drogues
Effets attendus
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Recherche du bien-être, bonheur
|
45
|
54,88 %
|
Lutte contre l'anxiété
|
22
|
26,83 %
|
Lutte contre la tristesse
|
25
|
30,49 %
|
Fuite de la réalité difficile
|
36
|
43,90 %
|
L'analyse de ce tableau montre que plusieurs effets sont
attendus après la prise des drogues et varient d'un patient à un
autre. Pour la majorité des toxicomanes enquêtés, la
principale raison de la prise des drogues est la recherche du bien-être
ou du bonheur. Cette seule raison représente 54,88 %. Elle est suivie
d'abord, de la fuite de la réalité difficile, qui occupe une
proportion de 43,90 %, puis de la lutte contre la tristesse (30,49 %) et enfin
de la lutte contre l'anxiété (26,83 %).
5.2. Tableaux croisés
Tableau 15
Relation entre le type de familleet la détresse
psychologique
|
Types de famille
|
|
Total
|
Détresse psychologique
|
Monogame
|
Polygame
|
Monoparentale
|
Recomposée
|
|
Oui
|
4 (8%)
|
33 (66%)
|
1 (2%)
|
12 (24%)
|
50
|
Non
|
6
|
13
|
4 (12,5%)
|
9
|
32
|
|
(18,75%)
|
(40,63%)
|
|
(28,12%)
|
|
Total
|
10
|
46
|
5
|
21
|
82
|
ddl=3 X2cal=4,91 X2lu=7,81
DNS(S.05)
Les résultats du tableau 15 montrent que:
- parmi les 50 patients qui ont connu une détresse
psychologique après la survenue des événements de vie,
plus de la moitié soit 66 % (33 patients) sont issus d'une famille
polygame, et 24 % d'une famille recomposée alors que seulement 2 % des
patients en détresse psychologique, sont issus d'une famille
monoparentale et la proportion des patients provenantd'une famille monogame est
de 8 % ;
- 40,63 % des patients (soit 13 patients sur 32), n'ayant pas
connu de détresse psychologique après la survenue des
événements de vie significatifs, proviennent d'une famille
polygame, 28,12 % d'une famille recomposée, 18,75 % d'une famille
monogame et seulement 12,5 % d'une famille monoparentale.
Malgré ces statistiques, le khi deux calculé
prouve que la différence n'est pas significative statistiquement au
seuil P=.05. Il n'y a donc pas de liaison entre le type de famille et la
détresse psychologique.
Tableau 16
Relation entre les événements de vie
significatifs vécuset la détresse psychologique
Evénements de vie significativement vécus
durant les
12 derniers mois avant le début des
consommations
|
|
|
|
|
|
Total
|
Détresse psychologique
|
Conjugaux
|
Familiaux
|
Sociaux
|
Sanitaires
|
Financiers
|
Oui
|
25
|
16
|
8
|
4
|
3 (5,36%)
|
56
|
|
(44,64%)
|
(28,57%)
|
(14,29%)
|
(7,14%)
|
|
|
Non
|
4
|
3
|
7
|
7(26,92
|
5 (19,23%)
|
26
|
|
(15,39%)
|
(11,54%)
|
(26,92%)
|
%)
|
|
|
Total
|
29
|
19
|
15
|
11
|
8
|
82
|
ddl=4 X2cal=12,03
X2lu=9,48DS(S.05) C=0,35
Il ressort de ce tableau que sur les 82 patients, 56 d'entre eux
ont connu une détresse psychologique contre 26 qui ne l'ont pas
connu.
Sur les 56 patients ayant connu une détresse
psychologique, 44,64 % ont connu des événements de vie d'ordre
conjugal et 28,57 % ont connu des événements d'ordre familial.
Toujours sur ces 56 patients, 14,29 % des patients ont connu durant les 12
derniers mois ayant précédé le début des
consommations de drogues des événements de vie sociaux, 7,14 %
des événements de vie sanitaires et 5,36 % des
événements de vie financiers.
Des 26 patients n'ayant pas connu de détresse
psychologique après la survenue des événements de vie,
26,92 % ont vécu des événements sociaux, 26,92 %
également ont vécu des événements sanitaires, 19,23
% ont connu des événements financiers, 15,39 % ont vécu
des événements conjugaux et 11,54 %familiaux.
La différence est significative statistiquement au
seuil P=.05. Il y a donc une relation de dépendance entre les
événements de vie significativement vécus et la
détresse psychologique observée. Cette liaison est
confirmée par le coefficient de contingence C=0,35.
En résumé, les événements de vie
significatifs affectifs et familiaux sont plus représentés dans
la détresse psychologique que les événements de vie
significatifs sociaux, sanitaires et financiers.De façon
générale, les événements de vie significativement
vécus par les patients entraînent une détresse
psychologique chez les jeunes adultes.
Tableau 17
Relation entre la détresse psychologique et le score
de dépendance aux drogues
Détresse psychologique
|
Effectifs
|
Moyenne
|
Variance
|
Ecart- type
|
Somme
|
Oui
|
56
|
15,02
|
13,07
|
3,62
|
841
|
Non
|
26
|
6,61
|
15,05
|
3,88
|
172
|
T de Student 2.42
Signification 0.00
Suite à la détresse psychologique connue ou non
et aux scores de dépendance aux drogues obtenus par les patients, le
test T de est significatif au seuil 0.00. On conclutdonc que le score de
dépendance aux drogues dépend de la détresse psychologique
observée chez les patients. La détresse psychologique
observée chez les patients a provoqué les conduites de
consommation de drogues.
Tableau 18
Relation entre les événements de vie
significatifs vécus et le score de dépendance aux drogues
La loi statistique de Fischer calculée F(4,77) est
égale 85,79 avec une probabilité de 0,00 qui est
inférieure au seuil 0,05 dont la valeur critique lue
Evénements de vie
|
Effectifs
|
Moyenne
|
Variance
|
Ecart-type
|
Somme
|
Conjugaux
|
29
|
17,59
|
3,39
|
1,84
|
510
|
Familiaux
|
19
|
13,74
|
4,09
|
2,02
|
261
|
Sociaux
|
15
|
9,66
|
8,09
|
2,84
|
145
|
Sanitaires
|
11
|
5,54
|
8,27
|
2,88
|
61
|
Financiers
|
8
|
4,5
|
6
|
2,45
|
36
|
|
|
Analyse de la variance (ANOVA)
|
|
Source
|
Somme des carrés
|
ddl
|
Variance
|
F
|
Signification
|
Intergroupe
|
15,31
|
1
|
15,31
|
|
|
Intragroupe
|
1096
|
80
|
13,70
|
89,40
|
,000
|
de F(4,77)=2,49. Ce qui est inférieur à la
valeur calculée F(4,77)=85,79. On conclut donc que le score de
dépendance aux drogues dépend des événements de vie
stressants ou traumatisants vécus.
Les événements de vie significatifs survenus au
fil des jours ont fragilisé les jeunes adultes et ont favorisé
chez eux les conduites de consommations de drogues.
Chapitre VI : INTERPRETATION ET DISCUSSION DES
RESULTATS
6.1 Interprétation des résultats
Dans cette partie de notre travail, nous allons donner une
signification psychologique aux résultats obtenus en nous inspirant de
la théorie de l'assuétude de Stanton. Il s'agit principalement
d'expliquer le lien entre les événements de vie significatifs
vécus et les conduites de consommations de droguesobservées chez
les jeunes adultes.
La théorie de l'assuétude de Stanton (1982)
stipule que l'individu consomme de la drogue pour éviter de faire face
à la réalité désagréable parce que toutes
les drogues ont en commun l'effet d'éliminer les ennuis, la douleur et
l'angoisse.
6.1.1. Sexe, âge et profession
Les résultats obtenus au tableau 2 montrent que la
grande majorité des sujets interrogés sont des hommes. Ce fait
indique que le phénomène de la consommation des drogues demeure
un phénomène masculin par essence. Depuis de nombreuses
années, c'est l'observation la plus plausible qui est faite par les
chercheurs.
Le tableau 3 nous renseigne sur les tranches d'âge. Il
faut noter que la tranche d'âge la plus représentée dans
notre étude est celle de 26 - 29 ans. Cette tranche d'âge est
suivie par celle de 17 - 25 ans. Ces deux tranches d'âge occupent
à elles seules plus de la moitié de l'effectif total. Ces faits
montrent, sans doute aucun, que le phénomène de la consommation
de drogues concerne singulièrement la population jeune. La jeunesse est
une époque de la vie humaine comprise entre l'enfance et la
maturité. C'est une période de croissance ou de
développement progressif au cours de laquelle les choses nouvellement
établies n'ont pas encore atteint leur plénitude. Il faut
préciser qu'au cours de cette étape, les jeunes se posent
beaucoup de
questions existentielles auxquelles ils ne trouvent pas de
réponse pour la plupart du temps. Durant ce temps de vie, les jeunes se
créent de grands besoins et sont portés à une satisfaction
immédiate et complète. Il s'agit par exemple de la
nécessité de s'affirmer devant l'entourage et, très
souvent, du doute de sa capacité de réussir. Face à ces
difficultés passagères, les jeunes cherchent des solutions
promptes. Selon Stanton (1982), tout individu adopte une façon qui lui
est propre de fonctionner et de rechercher des solutions à un
problème en fonction de sa compréhension. Face à ces
difficultés rencontrées pendant la jeunesse, les jeunes optent
pour la consommation des drogues pour s'affirmer devant l'entourage ou pour
renforcer leur performance. Malheureusement, ces solutions apportent une
satisfaction apparente, sans pour autant répondre convenablement aux
nécessités.L'ignorance et la naïveté rendent les
jeunes plus vulnérables auxdifficultés existentielles. Et face
à ces contrariétés et complexités de la vie et
surtout de la jeunesse, les jeunes manifestent indubitablementla peur et la
détresse.Or les drogues sont connues pour leursubtilité
d'éliminer l'angoisse et de faire oublier les ennuis.Pour les jeunes, le
principal mobile de la fréquente consommation des drogues est
d'échapper à l'anxiété, à la
mélancolie et aux ennuis que créent les difficultés
existentielles. En consommant de la drogue pour éviter de faire face
à la réalité déplaisante et pénible, les
jeunes arrivent à un point où leurs problèmes ne peuvent
plus se régler parce qu'ils les ont évités ; et cela
crée également l'angoisse. Ainsi, ils font recours encore
à la drogue pour oublier cette angoissenouvelle qui corrode leur vie du
jour au lendemain.
Les résultatsdu tableau4 montrent que les sans
profession et les apprenants sont significativement plus dominants dans notre
échantillon.L'oisiveté (représentée par les sans
profession) occupe la grande proportion et revêt une signification
très essentielle et importante. La consommation des drogues devient
impérativement un centre d'intérêt et de plaisir pour la
majorité des toxicomanes. L'usage des drogues produit
considérablement du plaisir et permet de réduire voire
d'annihiler totalement
toutes les activités susceptibles d'être une
source de plaisir. La consommation de drogues organise désormais
l'oisiveté à tel point qu'elle conduit très rapidement
à une dépendance sévère vis-à-vis des
substances psychoactives. La fierté et le bien-être, que
concède un emploi stable et rémunéré, sont
désormais garantis par l'usage régulier des drogues. La
consommation des drogues devient le centre d'intérêt le plus
prisé et le plus apprécié à telle enseigne que tous
les autres centres d'intérêt sont éludés au profit
de l'usage des substances psychoactives. Le recours à la consommation
des drogues constitue un exutoire selon Stanton (1982). C'est la voie la plus
courte qui procure une satisfaction apparente et
éphémère.
L'absence d'emploi ou d'occupation professionnelle conduit
certains sujets à prendre de la drogue et cette oisiveté renforce
davantage les conduites de consommation de drogues chez les sans profession.
Les apprenants utilisent aussi la drogue, mais dans le but de développer
leur performance.
Pour se frayer une place non moins importante dans le monde du
travail et garantir de surcroît l'avenir, les jeunes s'adonnent
très tôt et facilement à des métiers
d'apprentissage. Ces jeunes apprenants se sentent investis des obligations et
des nécessités de subvenir adéquatement aux besoins de
leurs parents et de leurs plus jeunes frères et soeurs bref de toute la
famille. Pour se donner toutes les chances de réussir son métier
d'apprentissage, il faut durement travailler. Les capacités et les
performances, dont nous disposons, ont des limites raisonnables. Pour surpasser
ces limites et travailler durement, les jeunes apprenants optent pour des
exutoires. Ils s'adonnent essentiellement à la drogue pour augmenter
leur performance et développer de grandes capacités de travail.
Les drogues confèrent à ces apprenants un sentiment de
toute-puissance et une aptitude d'infatigabilité devant le travail.
Lorsque l'effet de l'exutoire est passé, les apprenants se retrouvent
face aux mêmes difficultés. L'angoisse et le sentiment
d'être dépassé reviennent. Les apprenants appliquent les
mêmes solutions pour soulager leur souffrance et développer leur
performance. Celles-ci engendrent d'autres difficultés, et le
problème perpétue. C'est ce que Stanton (1982)
appelle le cycle de l'assuétude.
6.1.2. Type de famille, fratrie et situation
matrimoniale
Les résultats du tableau 5 nous montrent que les
familles polygame et recomposée sont les familles les plus
représentées dans notre échantillon.Très souvent,
la famille polygame est une famille à problèmes. La famille
recomposée aussi n'épargne pas pour autant ses membres des
controverses et des rivalités fraternelles. Au contraire, elle
prédispose aux situations angoissantes et désavantageuses que
rencontrent ces membres. En toute évidence, la famille recomposée
est aussi une source de problèmes déconcertants. Ces deux types
de famille génèrent souvent de moult crises. Pour sortir de ces
innombrables crises, les membres de ces familles optent pour les solutions
très éphémères. Il s'agit notamment du recours aux
psychotropes qui apportent une satisfaction superficielle et momentanée
lors des crises de ces familles. Lorsque l'effet de ces substances devient
caduc, les membresdes familles polygame et recomposée se retrouvent face
aux mêmes difficultés et problèmes. Ils sont tentés
de recourir aux mêmes solutions passagères et les
difficultés s'éternisent malheureusement.
Le tableau 6 révèle des résultats
surprenants sur la fratrie des familles. La fratrie de 7 à 12 membres
est majoritairement représentée.Les chercheurs s'accordent pour
dire que le groupe idéal est celui de 2 à 6 membres. A
l'intérieur d'un groupe, chaque membre émet des énergies
en termes de messages vers les autres membres en utilisant le langage aussi
bien verbal que le langage non verbal. Si les intérêts personnels
des membres du groupe ne sont pas en harmonie avec les intérêts
communs du groupe, il y a conflit. Et face à ce conflit, les membres les
plus vulnérables cherchent des solutions immédiates, apparemment
apaisantes et s'adonnent aux substances psychoactives pour se procurer le
bien-être et la satisfaction
momentanée.Malheureusement, ils tombent dans le cycle
de l'assuétude de Stanton (1982). C'est un continuum qui recommence sans
arrêt et qui n'a pas de fin sans intervention. Cette assuétude
détourne l'individu des autres centres d'intérêt et de
plaisir. La consommation des drogues devient un élément nodal
dans la vie de ces personnes.
Les résultats du tableau 7 montrent un pourcentage
élevé de mariés et de célibataires. Les
mariés de notre échantillon vivent dans tout type de famille. Ils
sont manifestement exposés aux crises familiales. Sur le plan affectif,
les mariésrencontrent beaucoup de difficultés à accommoder
les sentiments et les émotions dans le foyer. Tout contrat de couple
repose implicitement sur des idéaux amoureux : « être heureux
ensemble, prendre du plaisir ensemble, tisser un lien intime et solide ».
Toutefois, après la lune de miel de quelques mois voire quelques
années, ce contrat change déplorablement
d'idéauxdirecteurs et devient une source de conflits intenses entre les
mariés. Les difficultés relationnelles, les disputes, les
infidélités et / ou les séparations sont autant
d'événements significatifs qui organisent désormais la vie
de couple. Une seule solution apparaît : fuir la réalité
agaçante et contrariante. Les mariés se tournent vers la drogue
pour oublier ces difficultés existentielles qui empirent de jour en
jour, tout comme leur consommation. Ces personnes en arrivent à un point
où leur consommation devient le point central de leur vie parce qu'elles
ne trouvent plus aucune satisfaction dans leur vie. Ces mariés essaient
de retrouver leur plaisir dans les psychotropes qu'elles consomment, si bien
que les psychotropes consommés deviennent leur seule satisfaction. Ils
perdent progressivement l'envie de faire des choses pourtant aimées
auparavant pour se consacrer à leur consommation qui,désormais,
occupe le temps et structure leur vie agréablement mais de façon
très éphémère.
Par contre, les célibataires,étant de jeunes
adultes, cherchent à devenir autonomes et à s'affirmer devant
toute la communauté de la famille surtout durant les moments de crises
familiales. Pour y arriver, les jeunes
célibatairesconsomment la drogue pour réguler
leurs émotions et faire dissiper toute angoisse. Les drogues sont
connues pour éliminer les ennuis, la douleur et la peur. C'est la seule
solution que trouvent les jeunes célibataires pour résoudre leurs
problèmes.
6.1.3. Drogues, durée de consommationet effets des
drogues
Les résultats du tableau 8signalent que l'alcool, le
tabac et le cannabis (drogue illicite) sont les drogues les plus
consommées par les toxicomanes de notre échantillon. Ce fait
s'explique spontanément par la facilité d'accès de ces
différentes drogues sur le marché à travers leur faible
coût de vente.
Le tableau 9 nous renseigne sur la durée de
consommation des drogues effectuée par les toxicomanes de notre
échantillon. Il est important de préciser que la majorité
des toxicomanes utilisent la drogue il y a au moins 6 ans. Cette longue
durée de consommation de la drogue nous renseigne que non seulement la
drogue procure du plaisir aux usagers mais aussi ces usagers sont totalement
dépendants de la drogue. Il s'agit du cycle de l'assuétude selon
Stanton (1982) qui se développe progressivement. En effet, la porte
d'entrée dans le cycle de l'assuétude est l'anxiété
ou la mélancolie. Face à ces émotions négatives, la
solution est le recours aux psychotropes qui procurent du bien-être, de
l'euphorie et diminuent la peur en décrispant ainsi les échanges
sociaux. L'anxiété ou la mélancolie diminue. Les
contraintes sont ainsi dégagées. Cela ne dure qu'un laps de temps
: en effet, l'effet de cet exutoire diminue entièrement et les
difficultés resurgissent soudainement. C'est le retour de la tension qui
engendre à nouveau des émotions négatives qu'on fuyait au
départ. Et comme les psychotropes constituent les voies qui soulagent
rapidement, on en fait encore recours. Et ainsi recommence le cercle vicieux de
l'assuétude.
Il ressort des résultats du tableau 14 que la plupart
de nos toxicomanes ont déclaré avoir utilisé les drogues
pour retrouver le bien-être ou le bonheur.
L'autre effet recherché abondamment, qui suit
immédiatement celui du bienêtre, est la fuite de la
réalité difficile. C'est une preuve indéniable que les
toxicomanes utilisent la drogue pour retrouver le bonheur perdu après la
survenue des événements de vie négatifs significatifs qui
organisaient leur vécu existentiel. Les toxicomanes utilisent
essentiellement la drogue comme une arme de lutte contre les difficultés
de la vie dans le but de retrouverà nouveau la joie de vivre.Nous savons
avec Stanton (1982) que toutes les drogues ont en commun l'effet
d'éliminer l'angoisse et de faire oublier les ennuis de toutes sortes et
la douleur chez l'individu. D'ailleurs, les récentes recherches
effectuées montrent que toutes les drogues,qu'il s'agisse des
dépresseurs, des stimulants ou des perturbateurs, ont la
propriété d'augmenter dans le cerveau la libération d'une
molécule fabriquée par les neurones, la dopamine. Lorsque que la
quantité de la dopamine augmente dans les structures nerveuses, quelle
qu'en soit la raison, nous ressentons du plaisir et considérons que tout
va bien, même si par ailleurs notre corps souffre. C'est pourquoi les
toxicomanes consomment régulièrement les substances psychoactives
pour tenter de rendre ce côté permanent de la drogue. Par contre,
lorsque les consommateurs recherchent cet effet à long terme, ils
entrent dans le cycle de l'assuétude de Stanton (1982).
6.1.4. Evénements de vie, détresse
psychologique et dépendance aux drogues
A travers la différence significative obtenue par le
khi deux calculé, le tableau 16 attestequ'il y a une relation de
dépendance entre les événements de vie significatifs
vécus et la détresse psychologique observée chez les
jeunes adultes.
Le tableau 17 montre,par l'analyse de la variance, que le
score de dépendance aux drogues dépendde la détresse
psychologique observée chez les toxicomanes.
Ces résultats clarifient la relation de
dépendance entre les événements de vie significatifs
vécus, la détresse psychologique et la dépendance aux
drogues des toxicomanes. Toutefois, il est primordial de préciser que
les résultats du tableau 18 confirment davantage cette relation de
dépendance entre les événements de vie significatifs
vécus et la dépendance aux drogues observée chez les
jeunes adultes.
Ces résultats sont approuvés par la
théorie de l'assuétude de Stanton (1982) qui repose sur
l'interrelation entre les facteurs physiques, psychologiques et sociaux des
sujets et le rôle que la substance joue dans leur vie.Selon cette
théorie, les drogues ont toutes en commun l'effet d'éliminer
l'angoisse et de faire oublier les ennuis de toutes sortes et la douleur chez
l'individu. C'est pourquoi les toxicomanes les consomment
régulièrement pour tenter de rendre permanent ce
côté de la drogue.
6.2. Discussion
L'objectif de notre étude s'articulait comme suit :
« identifier l'indice de relation entre les événements de
vie significatifs et la consommation de drogues observée chez les jeunes
toxicomanes ». A l'issue de la présentation des résultats et
de leur interprétation, il est fondamental de discuter de la
méthodologie adoptée pour la réalisation de ce travail et
de discuter des résultats obtenus par rapport aux travaux
antérieurs.
6.2.1. Discussion de la méthodologie
Nous avons effectué une étude prospective sur
les événements de vie significatifs vécus par les jeunes
adultes et la consommation de drogues observée chez ces toxicomanes.
Nous nous sommes servi de l'entretien, du questionnaire et de l'observation
pour collecter les données sur un échantillon de 82 toxicomanes
obtenus suite à nos critères de sélection au Centre
Hospitalier National Spécialisé. L'analyse de contenu et les
méthodes statistiques nous ont permis de confirmer et de valider toutes
nos hypothèses. De plus, presque tous nos objectifs sont atteints sauf,
manifestement, les objectifs d'application. Toutefois, la petitesse de la
taille de notre échantillon et le cadre d'étude limité au
Centre Hospitalier National Spécialisé ne nous permettent pas de
faire une généralisationsans réserve de nos
résultats. Il conviendrait d'effectuer une étude plus exhaustive
et, si possible, d'allure nationale.
6.2.2. Discussion des résultats
Les résultats de notre étude énoncent
expressément que les événements de vie significatifs ont
entraîné,chez les jeunes adultes,une détresse psychologique
qui a conduit aux conduites de consommation de drogues. En d'autres termes, les
événements de vie significatifs ontfragilisé les jeunes
adultes et ont favorisé chez eux la dépendance aux drogues.
Plusieurs recherches ont été effectuées
pour mettre en évidence les relations entre les événements
de vie vécus, généralement négatifs et les
conduites de consommationsde drogues. Nos résultats s'harmonisent avec
ceux deMc Glothin (1975), O'Farrel (1989), Gorman et Brown (1992), Elisha et
Galaif(2001), Ondersma (2002), Chen (2003), Bader (2004), Fernandez, Bonnet,
Jauffret, Niel et Pedinielli, (2006).
Pour Mc Glothin(1975), les sujets dépendants au
cannabis sont souvent issus de familles désunies quoique de
statutsocioéconomique plus élevé ; les relations
parents-enfants sont décrites comme pauvres bienque les parents se
montrent libéraux ; bien souvent, les pères abusent d'alcool et
de tabac, etles mères de tranquillisants.Toutefois, nous
précisonsque Mc Glothin s'est limité seulement à la
dépendance au cannabis alors que nous, nous avons élargi la
dépendance à plusieurs autres drogues les plus fréquemment
utilisées.
O'Farrel (1989) rapporte que les événements de
vie liés à la diminution des relationssont, le plus souvent non
pas,la conséquence de l'addiction mais sa cause. On observe
unaccroissement du nombre d'événements stressants dans
l'année qui précède l'entrée en addiction aux
drogues.
Nos résultats vont également dans le même
sens que les travaux de Gormanet Brown (1992). Selon leurs résultats,
les caractéristiques du rapport entre événements de vie et
dépendances aux drogues sont : la spécificité
del'événement de vie, la vulnérabilité du sujet et
le diagnostic spécifique.
En 2001, Elisha et Galaif, et un an plus tard, en 2002,
Ondersma ont trouvé que certains événements de vie
négatifs prédisposent aux dépendances aux drogues.Il
s'agit particulièrement du suicide d'un ami, du rejet des parents ou de
l'épouse, des difficultés relationnelles, de l'instabilité
ou de la diminution de lasatisfaction professionnelle, des négligences
parentales envers les enfants mais également des
événements de vietraumatiques (abus sexuels, par exemple).Mais,
les recherches de Elisha et Galaif (2001) et de
Ondersma (2002) diffèrent quelque peu de la nôtre,
à partir du moment oünous avons trouvé que les
événements de vie significatifs entraînent, certes,
les conduites de consommations de drogueschez les jeunes adultes
mais à travers la détresse psychologique causée par ces
événements de vie.
Nos résultats sont conformes avec ceux de Chen (2003).
En effet, selon Chen (2003), les dépendances aux drogues,qu'il s'agisse
du début et/ou du maintien, surviendraient après unexcès
d'événements stressants négatifs,
comme conflit familial, séparation, divorce,
changementprofessionnel, perte, stress émotionnel ; pour diminuer la
tension engendrée par ces événements.
L'étude de Bader (2004), réalisée
auprès d'adolescents et de jeunes adultes présentant des troubles
des comportements addictifs et interrogés sur
leursreprésentations mentales au sujet de leur constellation familiale
et des modèlestransgénérationnels, montre que les
adolescents et les jeunes adultes présentant des comportements addictifs
ont vécu desévénements de vie stressants négatifs
dans leurs familles (conflits familiaux, séparations,pertes non
résolues). Le modèle transgénérationnel mis en
évidence est celui du manque destructuration des figures parentales.Les
résultatsde Baker concordentaussi avec nos résultats.
Fernandez, Bonnet, Jauffret, Niel et Pedinielli (2006) ont
montré que la dépendance au cannabis est favorisée par des
événements de vie traumatisants, une transmission familiale
transgénérationnelle caractérisée par une
cohésion familiale et un support familial défaillants et une
surreprésentation familiale des problèmes psychologiques,
organiques et des décès sur trois générations.
Plusieurs études correspondent à nos
résultats. Cependant, nos travaux diffèrent des travaux de
Vincent et al. (2004) qui ont montré qu'une accumulation
d'événements de vie durant l'année
précèdentl'installation des troubles de l'érection chez
les patients plutôt que les conduites de consommations de drogues.
Nos résultats diffèrent également des
travaux de Sévon (2002). D'après ces résultats,
l'âge actuel, le type de famille et la position occupée dans la
fratrie ne sont pas des facteurs déterminants dans l'explication de
l'étiologie de la toxicomanie. Cependant, il ressort que le
phénomène est essentiellement masculin, que la consommation se
fait en groupe et la plupart des toxicomanes le sont devenus lorsqu'ils
vivaient encore avec leurs parents géniteurs. D'après les
facteurs subjectifs évoqués par les sujets, le désir
d'attirer l'attention des parents constitue un facteur déterminant.
Parmi les
facteurs psychologiques, la disqualification du père
(absence physique et / ou psychique) et la surprotection maternelle sont les
facteurs prépondérants entraînant le trouble de
l'organisation de la personnalité pouvant déboucher sur la
dépendance à la drogue. Les résultats de notre
étude montrent par contre que les événements de vie
significatifs d'ordre affectif et familial survenus avant le début des
conduites de consommation de drogues sont, avec la détresse
psychologique qu'ils entrainent chez les jeunes adultes, les facteurs
déterminants des conduites de consommation de drogues.
- Portée et limites de nos résultats
A travers notre étude, nous avons montré la
relation de dépendance entre les événements de vie
significatifs et les conduites de consommations de drogues. Mais, cette
relationde dépendance n'est pas axiomatique. D'ailleurs, d'autres
facteursinterviennent considérablement dans cette relation de
dépendance, en l'occurrence le sensde l'événement de vie
et la détresse psychologiquecausée par cet
événement.Du coup, nous nous gardons de toute
généralisation des résultats, vusaussi la petite taille de
notre échantillon et le cadre d'étude limité au Centre
Hospitalier National Spécialisé.
6.3. Suggestions
A l'issue de notre étude, nous formulons des
suggestions, d'abord à l'endroit des autorités politiques et
administratives, ensuite à l'endroit de la population et enfin à
l'endroit des toxicomanes.
A A l'endroit des autorités politiques et
administratives
- Réduire l'offre et la demandede la drogue en luttant
contre le trafic et le commerce des drogues illicites,
- Encouragerla création des centres de prise en charge des
toxicomanes,
- Promouvoir la multiplication des structures
spécialisées de prise en charge des toxicomanes,
- Développer des politiques de soins et d'aides
adaptés dans la prise en charge des toxicomanes en se
référant aux psychologues.
A A l'endroit de la population
- Collaborer avec les spécialistes afin de leur
permettre de mieux comprendre les événements que vivent les
toxicomaneset de pouvoir les aider à abandonner la consommation des
drogues,
- Eviter de stigmatiser les toxicomanes car les condamner les
conduit davantage vers les drogues.
A A l'endroit des toxicomanes
- Prendre conscience des conséquences que vous encourez en
consommant les drogues,
- Se rendre disponibles pour se faire aider par les
spécialistes dans le but abandonner les pratiques addictives,
- Participer activement aux thérapies proposées
par les spécialistes pour
vous aider à abandonner les
conduites de consommations de drogues,
- Faire appel aux spécialistes pour vous aider quand
vous vous sentez
menacés par l'envie irrépressible de prendre
les produits psychoactifs.
La toxicomanie n'est pas certes une maladie mais c'est le
nouveau cancer de la société. Depuis quelques décennies,
c'est le fléau le plus ravageur de toutes les couches sociales de la
population, malgré les multiples prouesses matérialisées
par la communauté internationale et plus spécifiquement, les
actions menéespar les pays les plus concernés par ce
phénomène.
Au Togo, plusieursrecherches encourageantes et d'innombrables
initiatives louables ont été réalisées dans le
cadre de la lutte contre les conduites de consommations de drogues et le
commerce des drogues illicites. Cependant, beaucoup reste à faire pour
tenter véritablement d'endiguer ce phénomène d'enjeu
sociétal majeur.
Notre étude a porté sur 82 toxicomanes du Centre
Hospitalier National
Spécialisé et avait pour objectif de mettre en
relation les événements de vie
significatifs vécus et les conduites de consommations de
drogues. A l'issue de
cette étude, les résultats auxquels nous sommes
parvenusont surprenants :
- le phénomène de la toxicomanie demeure par
essence un phénomène masculin, touche beaucoup plus les jeunesque
les sujets relativement plus âgés et concerne davantage les sans
profession et les apprenants plutôt que les employés, les
commerçants, les artistes, les élèves et les
étudiants ;
- les toxicomanes proviennent pour la plupart du temps des
familles polygames et recomposées, appartiennent à des familles
de fratries très élargies, environ 7 à 12 membres, et les
mariés et les célibataires sont plus représentés
dans l'échantillon que les séparés et / ou les
divorcés ;
- l'alcool, le tabac et le cannabis sont les drogues les plus
consommées par les toxicomanes de notre échantillon, la
durée de consommation des drogues effectuée par la
majorité des toxicomanes (soit 81,71 %) est de 6 ans et plus, de plus
les deux principales raisons évoquées pour la prise de drogues
selon les sujets sont : la recherche du bien-être ou du bonheur et la
fuite de la réalité difficile ;
- les événements de vie significatifs vécus
ont fragilisé les jeunes adultes et ont favorisé chez eux la
dépendance aux drogues.
Cette étude permet de mieux comprendre la relation de
dépendance quiexiste entre les événements de
vie significatifs et les conduites de
consommations de drogues.
A partir des résultats obtenus, nous estimons avoir
confirmé toutes nos hypothèses et avoir atteint aussi, la
majorité de nos objectifs, sauf bien entendu, les objectifs
d'application.
La poursuite de cette étude permettra d'obtenir un
échantillon plus conséquent pour valider ces résultats
préliminaires obtenus. Toutefois, gardons à l'esprit que
l'amélioration de la qualité et de la nature des relations
familiales et leur valorisation conduiraient indubitablement à
créer davantage le bien-être ou le bonheur au sein des familles et
par ce fait, à réduire le phénomène de la
toxicomanie dans nos sociétés.
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ANNEXES