I- INTRODUCTION
L'importance de l'eau n'est plus à démontrer pour
la survie des écosystèmes naturels et la vie sur notre
planète.
L'eau n'obéit pas au découpage des
régions administratives, et elle fait fi des frontières qu'elle
traverse. Elle devient ainsi un instrument de pouvoir aux mains des pays
situés en amont des cours d'eau qui peuvent en maîtriser le
débit.
Ainsi, la Guinée qui compte de nombreux fleuves
transfrontaliers figure dans ce cas. On dénombre 23 bassins fluviaux
dont 14 internationaux. Cette position dominante peut être source de
conflits avec les pays voisins.
La concurrence perpétuelle pour l'usage de l'eau, de
même que les différents secteurs de l'économie (industrie,
agriculture, usage domestique...) entre les Etats, l'accroissement de la
population, la multitude des acteurs et des usages, des activités
économiques en plein essor et des niveaux de vie améliorés
sont autant de raisons qui mènent à des conflits autour de la
ressource en eau. Ces mêmes causes produisent les mêmes effets au
plan national.
Face à la multitude des bassins partagés et la
problématique de l'accès équitable à l'eau en
Guinée, le présent mémoire, qui s'inscrit dans le cadre du
Master GIRE de l'Institut International d'Ingénierie de l'Eau et de
l'Environnement (2ie) se veut une première du genre en Guinée et
entend présenter de façon sommaire les usages de l'eau et la
notion de conflits, la typologie de conflits, une analyse du système de
pilotage de l'eau et des approches de solutions. Le rapport se termine par une
analyse, une conclusion et des recommandations autour du sujet.
I.1 Analyse du contexte et pertinence de
l'étude
La gestion des ressources en eau est marquée en
Guinée par l'inexistence d'une politique nationale de l'eau. Par contre,
il faut remarquer l'existence d'une lettre de politique sectorielle de l'eau et
de l'assainissement. Il existe également un code de l'eau dont
l'application pose problème.
Le système actuel de pilotage de l'eau utilise une
approche basée sur une gestion sectorielle. En effet, divers
départements interviennent comme elles le désirent dans le
secteur. On peut citer par exemple, les départements de l'hydraulique et
de l'énergie, de l'agriculture, de l'élevage, des transports, des
eaux et forêts, des mines,... A ceux- ci s'ajoutent aussi les
collectivités locales, les organismes de bassins (OMVS, OMVG, ABN). Il
existe plusieurs codes dont les distorsions font légion. Ces codes ont
été rédigés sans grande considération de
l'interdépendance qui existe entre les divers
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secteurs. Ce sont par exemple, les codes de l'environnement,
de l'eau, des mines, pastoral, forestier, domanial, Cette situation
entraîne des difficultés dans le cadre de la gestion de l'eau.
Sur le plan de la gestion transfrontalière, la
Guinée est partie à plusieurs agences de bassin et participe
ainsi à toutes les opérations de planification de projets visant
la gestion des ressources en eau. Néanmoins, face au besoin sans cesse
croissant en eau et en énergie tant pour les villes de Guinée que
pour les pays partageant les mêmes espaces de bassins qu'elle, des
risques peuvent se dessiner lors de la formulation, la réalisation et le
partage des bénéfices.
Pour parvenir à une gestion concertée de la
ressource eau, le Gouvernement Guinéen, à l'instar de ses pairs
de la Sous- région et du monde, s'est inscrit dans la dynamique de la
GIRE depuis son lancement à Ouagadougou en mars 1998 par la
conférence Ouest Africaine sur l'eau. Depuis cette date, la
Guinée travaille à la formulation d'une feuille de route GIRE
avec l'appui de l'UNEP/DHI Center, de la CEDEAO et du GWP/AO. Ce document a
été validé le 3 mars 2011 en présence de toutes les
parties prenantes et des partenaires techniques et financiers. Cette
étude s'inscrit dans le cadre de la sensibilisation des décideurs
et des acteurs sur la nécessité de poursuivre et de finaliser le
processus engagé. Les travaux de recherche vont servir de base de
travail pour le Comité Scientifique et Technique du Partenariat National
de l'Eau en Guinée (PNEGUI).
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