Thème :
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L'eau, source de conflits
: cas de la Guinée, quelles
?
approches de solutions
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MEMOIRE POUR L'OBTEN TION DU MASTER EN
GESTION INTEGREE DES RESSOURCES EN EAU
(GIRE) Présenté et soutenu publiquement
le par
Mamadou Hafiziou BARRY
Enseignant- chercheur à l'Institut Polytechnique
de Conakry Promotion GIRE 2008 - 2009
TABLE DES MATIERES
Dédicace 3
Remerciements 4
Liste des cartes 5
Liste des tableaux 5
Liste des abréviations 5
Résumé 6
I- Introduction 7
I.1 Analyse du contexte et pertinence de l'étude 7
I.2 Objectifs de l'étude 8
I.4 Résultats attendus 8
I.5 Méthodologie 8
II- Généralités 10
II.1 Présentation de la Guinée 10
II.2 Ressources en eau 14
II.3 Menaces et risques sur les ressources en eau 18
II.4 Eaux internationales : Enjeux .19
III- Usages de l'eau et typologie des conflits
19
III.1 Usages de l'eau 19
III.2 Notion de conflits liés à l'eau et leurs
types 21
III.3 Conflits transfrontaliers 26
IV- Analyse du système de pilotage de l'eau en
Guinée 26
IV-1 Politiques et législations nationales de l'eau 26
IV-2 Instruments de gestion 30
V- Approches de solutions 31
V-1 Prévention des conflits 31
V-2 Règlements des conflits 34
VI- Analyse 36
VII- Conclusion et recommandations 37
VIII- Bibliographie 39
IX- Annexes 40
IX-1 Budget du Projet 40
IX-2 Photos 41
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DEDICACE
mon père, feu El adj Mamadou Oury
BARRY, pour son amour et son attachement
indéfectible à ma formation.
Que son âme repose en paix !!
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REMERCIEMENTS
Tout d'abord, je rends grâce au Tout Puissant Allah qui m'a
donné la santé, la force et le courage sans lesquels je n'aurai
pu achever cette formation.
Mes remerciements à :
- Ma chère mère Hadja Issatou
BARRY, pour l'affection qu'elle n'a cessée de garder pour moi
et les prières interminables pour mon succès ;
- Mon cher oncle, Honorable El Hadj Gouraissiou
BARRY, Député, pour son soutien constant ;
- Mes frères et soeurs pour le soutien moral et
matériel.
Je tiens à adresser mes sincères remerciements
à la Direction Générale du 2iE, à
l'Agence Universitaire de la Francophonie et au Service Culturel de
l'Ambassade de France en Guinée, qui m'ont permis de
bénéficier d'une formation de qualité en vue d'être
plus utile à la nation guinéenne et à l'Afrique.
Mes sincères remerciements à Dr Ibrahima
Moriah CONTE, Recteur de l'Université de Conakry ainsi que son
staff pour leur soutien financier en vue de la finalisation de ce master.
Mes hommages à Dr Siné DIAKITE,
Chef de département de Génie Civil, dont le sens
élevé d'amour pour la formation m'a permis de participer à
ce programme ainsi qu'à celui organisé par l'Agence
suédoise pour le développement international (ASDI).
J'adresse également mes vifs remerciements à
l'ensemble des encadreurs du Master GIRE
pour la qualité de l'encadrement sans lequel cette
formation n'aurait pu voir le jour.
Qu'il me soit permis de remercier Docteur Harouna
KARAMBIRI pour l'attention particulière qu'il a toujours
accordée en ma modeste personne.
J'exprime par la même occasion, ma profonde gratitude
à Monsieur Tofangui KONE, pour sa disponibilité
malgré la distance durant toute la formation.
Mes remerciements également à Mesdames
Léa OUATTARA et Victorine OUEDRAOGO pour avoir faciliter la
communication avec mes professeurs.
Mes remerciements vont aussi à Monsieur Mamadou
Bobo DIALLO, responsable du CNF Conakry pour sa
disponibilité.
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Liste des cartes
Carte 1 : Relief et hydrographie de la
Guinée 14
Carte 2 : les bassins versants en Guinée
16
Liste des tableaux
Tableau 1: Projection de la population pour les
horizons 2010 et 2015 11
Tableau 2: Principales villes de concentration
des populations de 1996 à 2010 12
Tableau 3: Principales spéculations
agricoles 13
Tableau 4: Principales données sur les
bassins fluviaux de Guinée 15
Tableau 5 : Ressources en eau renouvelables
(intérieur de la Guinée) 15
Tableau6:Ressources en eau superficielles
(organismes de bassin en Km3/an) 16
Tableau 7 : Type d'aquifères et
débits des forages d'exploitation 17
Tableau 8: Evaluation des usages de l'eau
à long terme 20
Tableau 9 : budget 40
Liste des abréviations
ABN : Autorité du Bassin du Niger
AEP : Adduction d'eau potable
CEDEAO : Communauté Economique des Etats
de l'Afrique de l'Ouest
CTRN : Conseil Transitoire de Redressement
National
DNH : Direction Nationale de l'Hydraulique
DPE : Domaine Public de l'Eau
FAO : Organisation Mondiale pour l'Alimentation
et l'Agriculture
GIRE : Gestion Intégrée des
Ressources en Eau
GWP : Global Water Partnership
GWP/AO : Global Water Partnership/Afrique de
l'Ouest
OERS : Organisation des Etats Riverains du
Fleuve Sénégal
OMVG : Organisation pour la Mise en Valeur du
Fleuve Gambie
OMVS : Organisation pour la Mise en Valeur du
Fleuve Sénégal
ONG : Organisation Non Gouvernementale
ONU : Organisation des Nations Unies
PNE : Partenariat National de l'Eau
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
RE : Ressources en Eau
SEG : Société des Eaux de
Guinée
TGI : Tribunal de Grande Instance
TPI : Tribunal de Première Instance
UNEP/DHI: Programme des Nations Unies pour
l'Environnement/Centre for Water and Environnement UNESCO:
Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture
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RESUME
L'importance de l'eau n'est plus à démonter dans
la survie des écosystèmes naturels. Cependant, l'eau est devenue,
à l'échelle planétaire, une ressource rare et
convoitée. La Guinée, château d'eau de l'Afrique de
l'Ouest, constitue comme son nom l'indique le principal pourvoyeur de la Sous-
région en cours d'eau. Il existe plus de 10 bassins versants
transfrontaliers dont les cours d'eau prennent leurs sources en Guinée.
Cette position dominante peut être source de conflits avec les pays
dépendants des eaux guinéennes. Les conflits liés à
l'utilisation des ressources en eau peuvent avoir diverses origines : Fleuves
transfrontaliers, ouvrages hydrauliques, mauvaise répartition entre les
activités humaines ou pénurie.
Sur le plan national, les conflits ont pour origine la
multiplicité des usagers, l'absence de cadre de concertation entre ces
usagers, la mauvaise gestion des ressources en eau et opposent le plus souvent
usagers et agents de la Société des Eaux de Guinée (SEG)
mais aussi les usagers eux-mêmes. Ces conflits sont également
observés entre les agriculteurs et les éleveurs pour le
contrôle des points d'eau.
Du point de vue juridique et institutionnel, on note l'absence de
dispositions pratiques visant la gestion des conflits liés à
l'eau.
Cette étude dont le but est d'attirer l'attention des
décideurs et des usagers sur la multiplicité des conflits
liés à l'eau et leurs conséquences sur la gestion des
ressources en eau, propose des solutions, en relation avec la GIRE, visant
à juguler le phénomène.
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I- INTRODUCTION
L'importance de l'eau n'est plus à démontrer pour
la survie des écosystèmes naturels et la vie sur notre
planète.
L'eau n'obéit pas au découpage des
régions administratives, et elle fait fi des frontières qu'elle
traverse. Elle devient ainsi un instrument de pouvoir aux mains des pays
situés en amont des cours d'eau qui peuvent en maîtriser le
débit.
Ainsi, la Guinée qui compte de nombreux fleuves
transfrontaliers figure dans ce cas. On dénombre 23 bassins fluviaux
dont 14 internationaux. Cette position dominante peut être source de
conflits avec les pays voisins.
La concurrence perpétuelle pour l'usage de l'eau, de
même que les différents secteurs de l'économie (industrie,
agriculture, usage domestique...) entre les Etats, l'accroissement de la
population, la multitude des acteurs et des usages, des activités
économiques en plein essor et des niveaux de vie améliorés
sont autant de raisons qui mènent à des conflits autour de la
ressource en eau. Ces mêmes causes produisent les mêmes effets au
plan national.
Face à la multitude des bassins partagés et la
problématique de l'accès équitable à l'eau en
Guinée, le présent mémoire, qui s'inscrit dans le cadre du
Master GIRE de l'Institut International d'Ingénierie de l'Eau et de
l'Environnement (2ie) se veut une première du genre en Guinée et
entend présenter de façon sommaire les usages de l'eau et la
notion de conflits, la typologie de conflits, une analyse du système de
pilotage de l'eau et des approches de solutions. Le rapport se termine par une
analyse, une conclusion et des recommandations autour du sujet.
I.1 Analyse du contexte et pertinence de
l'étude
La gestion des ressources en eau est marquée en
Guinée par l'inexistence d'une politique nationale de l'eau. Par contre,
il faut remarquer l'existence d'une lettre de politique sectorielle de l'eau et
de l'assainissement. Il existe également un code de l'eau dont
l'application pose problème.
Le système actuel de pilotage de l'eau utilise une
approche basée sur une gestion sectorielle. En effet, divers
départements interviennent comme elles le désirent dans le
secteur. On peut citer par exemple, les départements de l'hydraulique et
de l'énergie, de l'agriculture, de l'élevage, des transports, des
eaux et forêts, des mines,... A ceux- ci s'ajoutent aussi les
collectivités locales, les organismes de bassins (OMVS, OMVG, ABN). Il
existe plusieurs codes dont les distorsions font légion. Ces codes ont
été rédigés sans grande considération de
l'interdépendance qui existe entre les divers
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secteurs. Ce sont par exemple, les codes de l'environnement,
de l'eau, des mines, pastoral, forestier, domanial, Cette situation
entraîne des difficultés dans le cadre de la gestion de l'eau.
Sur le plan de la gestion transfrontalière, la
Guinée est partie à plusieurs agences de bassin et participe
ainsi à toutes les opérations de planification de projets visant
la gestion des ressources en eau. Néanmoins, face au besoin sans cesse
croissant en eau et en énergie tant pour les villes de Guinée que
pour les pays partageant les mêmes espaces de bassins qu'elle, des
risques peuvent se dessiner lors de la formulation, la réalisation et le
partage des bénéfices.
Pour parvenir à une gestion concertée de la
ressource eau, le Gouvernement Guinéen, à l'instar de ses pairs
de la Sous- région et du monde, s'est inscrit dans la dynamique de la
GIRE depuis son lancement à Ouagadougou en mars 1998 par la
conférence Ouest Africaine sur l'eau. Depuis cette date, la
Guinée travaille à la formulation d'une feuille de route GIRE
avec l'appui de l'UNEP/DHI Center, de la CEDEAO et du GWP/AO. Ce document a
été validé le 3 mars 2011 en présence de toutes les
parties prenantes et des partenaires techniques et financiers. Cette
étude s'inscrit dans le cadre de la sensibilisation des décideurs
et des acteurs sur la nécessité de poursuivre et de finaliser le
processus engagé. Les travaux de recherche vont servir de base de
travail pour le Comité Scientifique et Technique du Partenariat National
de l'Eau en Guinée (PNEGUI).
I.2 Objectifs de l'étude
v' Objectif général : Contribuer
à rendre plus efficient le système de pilotage de l'eau en
Guinée.
v' Objectif spécifique : Contribuer
à la prise de conscience des risques liés à
la multiplication de conflits autour de la gestion des ressources en eau en
Guinée.
v' Résultats attendus :
- Etablir une base de connaissance sur la problématique
eau et conflits en Guinée ;
- Diffuser cette base de connaissance auprès des
décideurs et professionnels de l'eau.
I.4 Méthodologie
- Visites de terrain et entretien avec quelques usagers :
Ces visites qui se sont déroulées à Conakry
et dans certaines préfectures ont consisté à rencontrer
les acteurs suivants :
A Conakry, la collecte des données ont été
menés au niveau des Directions nationales : + de l'Environnement ;
+ de l'Assainissement et du Cadre de vie ;
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+ de l'Hydraulique ;
+ des Mines et de la Géologie ; + de l'Agriculture ;
+ des Eaux et Forêts
+ du Plan et de la Statistique.
Egalement, nous avons recueillis des données auprès
des services ci- après :
+ Société des Eaux de Guinée ; +
Electricité de Guinée ;
+ Service National d'Aménagement des Points d'Eau ;
+ Bureau Guinéen de Géologie Appliquée ;
+ Conseil National de Transition (Organe législatif de
transition) ;
Des rencontres ont été également
organisées avec quelques usagers à Conakry et à
Dubréka (à 50 Km de Conakry). Les personnes physiques et morales
rencontrées sont les gestionnaires et les usagers de quelques forages
à Conakry et une coopérative agricole à Dubréka.
Des contacts ont été aussi établis avec des fermiers de
cette préfecture.
Une conférence débat a été
animée, à l'intention des enseignants chercheurs, des
étudiants et d'autres invités de haut niveau, le samedi 4 juin
2011 à l'Institut Polytechnique de Conakry pour partager les
résultats de la recherche.
Prenant en compte, les remarques et suggestions, ce
présent rapport final a été élaboré.
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II- GENERALITES
II-1 Présentation de la Guinée
La République de Guinée, située en
Afrique occidentale, couvre une superficie de 245 857
km2. Elle est limitée à l'ouest par
l'océan Atlantique et partage ses frontières avec six autres
pays: la Guinée- Bissau au nord-ouest, le Sénégal au nord,
le Mali au nord et nord-est, la Côte d'Ivoire à l'est, et le
Libéria et la Sierra Leone au sud.
La Guinée se caractérise par la grande
diversité de sa structure géologique avec des reliefs et
morphologies très contrastés. On distingue quatre grandes
unités géomorphologiques bien différenciées de
l'Ouest vers l'Est qui vont des formations récentes aux plus
anciennes:
Le climat, de type tropical, est caractérisé par
une saison sèche qui dure de quatre à sept mois et une saison
pluvieuse de cinq à huit mois selon les régions naturelles
décrites ci-dessous. La pluviométrie moyenne annuelle est
égale à 1 651 mm et varie de 1 200 mm en haute Guinée
à 4 200 mm en basse Guinée. Les températures moyennes
annuelles sont comprises entre 21°C et 27°C. L'humidité
relative moyenne annuelle de l'air est supérieure à 60 pour cent,
avec un minimum de 29 pour cent en moyenne Guinée (Labé) et un
maximum de 98 pour cent en basse Guinée (Conakry).
L'évapotranspiration moyenne annuelle va de 1 500 mm à 1 650 mm.
Les vents dominants sont la mousson et l'harmattan, soufflant de l'océan
Atlantique et du Sahara respectivement.
Quatre grandes régions naturelles peuvent être
distinguées. Ces régions ont des caractéristiques
géographiques et écologiques différentes et correspondent
chacune à un type de climat avec des particularités de
température, pluviométrie, sol, faune et flore:
La Guinée Maritime ou Basse
Guinée est la bande côtière entre la
GuinéeBissau au nord et la Sierra Leone au sud (environ 300 km), d'une
largeur comprise entre 100 et 150 km environ. Elle couvre 15 pour cent de la
superficie totale du pays. Les marais maritimes occupent une superficie
d'environ 360 000 ha, dont 260 000 ha de mangroves (les plus importantes
d'Afrique de l'ouest). Le climat tropical humide est bimodal, avec une saison
pluvieuse qui débute en avril - mai et se prolonge jusqu'en novembre.
Les précipitations atteignent leur maximum en août et peuvent
dépasser 4 000 mm/an à la capitale Conakry. La saison
sèche, très marquée, commence fin novembre.
La Moyenne Guinée, couvre 26
pour cent de la superficie totale du pays et est, avec le massif du
Fouta-Djalon, la région la plus montagneuse de la Guinée. Son
altitude est partout supérieure à 750 m et dépasse 1 200 m
en certains endroits de l'axe
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Dalaba - Mali. Son point culminant est le Mont Loura (1 538
m). Cette région est considérée comme le château
d'eau d'Afrique de l'ouest car de nombreux fleuves et rivières y
prennent leur source: les fleuves Sénégal et Gambie au nord, les
fleuves Koliba, Rio Grande, Fatala et Konkouré à l'ouest, les
fleuves Kaba, Kolenté au sud, et le fleuve Niger à l'est. Le
climat est marqué par une amplitude thermique diurne relativement forte
pouvant atteindre 19°C à Labé (8°C-37°C).
L'hivernage dure de cinq à huit mois entre Koundara et Mamou avec des
précipitations inférieures à 1 300 mm au nord et
légèrement supérieures à 2 000 mm au sud.
La Haute Guinée, qui
s'étend sur 39 pour cent de la superficie totale du pays, se situe entre
la Guinée forestière et le Fouta-Djalon sur le rebord occidental
de la vaste cuvette du Niger. Cette région, d'une altitude moyenne de
500 mètres, a un relief peu marqué ce qui explique
l'étalement des cours d'eau. Le climat est du type soudanien avec une
pluviométrie annuelle comprise entre 1 600 mm au sud et 1 200 mm au
nord. L'amplitude thermique saisonnière est importante, les
températures extrêmes pouvant varier de 14°C en saison
pluvieuse à 37°C en saison sèche.
La Guinée forestière,
couvre 20 pour cent de la superficie totale du pays. Son relief est
tourmenté et le point culminant de la Guinée, 1 752 m, se trouve
au mont Nimba. Le climat est caractérisé par la longueur
exceptionnelle de la saison des pluies (entre sept et neuf mois) et une
pluviométrie moyenne de l'ordre de 2 500 mm/an [Aquastat ; 2005].
Brève présentation du contexte
socio-économique
La population guinéenne serait de 9,5 millions en 2010
et atteindrait 11,2 millions en 2015. Le taux de croissance annuel moyen issu
du recensement de décembre 1996 est de 3,2% et la densité
varierait de 38,6 hbt/Km2 en 2010 à 45,45 hbt/Km2
en 2015. Cette population est plus ou moins uniformément répartie
entre les quatre régions naturelles.
Tableau 1: Projection de la population pour les horizons
2010 et 2015
N°
|
Régions
|
Superficie en km2
|
Populations
|
Densité
|
Taux de croissance
|
2010
|
2015
|
2010
|
2015
|
1
|
Basse Guinée
|
44.254
|
2.417.736
|
2.894.556
|
54,63
|
65,41
|
3,6
|
2
|
Moyenne Guinée
|
54.089
|
2.139.266
|
2.352.463
|
39,55
|
43.49
|
1,9
|
3
|
Haute Guinée
|
98.343
|
2.172.723
|
2.536.998
|
22,09
|
25,80
|
3,1
|
4
|
Guinée Forestière
|
49.171
|
2.761.638
|
3.389.980
|
56,16
|
68,94
|
4,1
|
République de Guinée
|
245.857
|
9.491.363
|
11.173.997
|
38,6
|
45,45
|
3,2
|
Source : Ministère du Plan et
Coopération : Direction Nationale des Statistiques
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La population urbaine a pratiquement doublé de 1996
à 2010 en passant de 1 700 923 habitants à 3 087 075 habitants
avec une forte concentration dans l'agglomération de Conakry qui
représente de nos jours environ 54% de ladite population.
L'une des principales conséquences de ce mouvement
d'urbanisation est
l'accroissement exponentiel de la demande en services sociaux de
base dont l'eau potable et l'assainissement dans les dites localités
alors que l'offre suit péniblement.
Tableau 2: Principales villes de concentration des
populations de 1996 à 2010
N°
|
Régions naturelles
|
Villes
|
Population
|
1996
|
2010
|
1
|
Guinée Maritime
|
Conakry
|
1.092.936
|
1.675.776
|
Kindia
|
96.074
|
231.538
|
Fria
|
44.369
|
66.205
|
2
|
Moyenne Guinée
|
Labé
|
49.512
|
103.390
|
Mamou
|
49 479
|
97.965
|
3
|
Haute Guinée
|
Kankan
|
100.192
|
180.639
|
Faranah
|
34.472
|
41.304
|
4
|
Guinée Forestière
|
N'Zérékoré
|
107.329
|
255.800
|
Guéckédou
|
79.140
|
312.215
|
Macenta
|
47.360
|
122.189
|
Total population des dix principales villes
|
|
1 700 923
|
3 087 075
|
Source: Ministère du Plan et
Coopération : Direction Nationale des Statistiques
L'une des principales préoccupations du Gouvernement,
révélée par la stratégie de réduction de la
pauvreté 2007-2010, est le niveau élevé de
pauvreté. Près de la moitié de la population (49,2%) vit
en dessous du seuil de pauvreté, c'est-à-dire avec 387.692 FG
(196 USD) par personne et par an. Parmi ces individus pauvres, 19,1% vivent en
extrême pauvreté, c'est-à-dire disposent d'un revenu
au-dessous de 228.900 FG (116 USD) par personne et par an. De plus, la
pauvreté est inégalement répartie entre les zones urbaines
et rurales du pays. La pauvreté continue d'être un
phénomène rural. En effet 60% des Guinéens vivant dans ce
milieu sont pauvres et contribuent à 86 % à la pauvreté
globale. De même, la pauvreté urbaine semble prendre de l'ampleur.
On note que l'incidence de la pauvreté est de 21 % à Conakry et
27% dans les centres urbains de l'intérieur du pays.
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Sur le plan du potentiel économique, la Guinée
est dotée d'abondantes ressources naturelles, dont 30 % des
réserves mondiales connues de bauxite, ainsi que des gisements de
diamants, d'or et d'autres métaux et de fer. Elle possède
également un important potentiel en ressources en eau, en terres et de
sites pour l'aménagement de plusieurs barrages hydroélectriques.
Le secteur agricole qui contribue pour environ 24% au PIB depuis 2003 emploie
au moins 80% de la population active. Bien que diversifiée,
l'agriculture reste dominée par les productions vivrières dont
certaines données figurent au tableau 3 et a connu un taux de croissance
moyen de 3,4% environ depuis 2004.
Tableau 3: Principales spéculations
agricoles
Spéculations
|
Production en tonnes
|
Rendement (T /ha)
|
Base
|
Riz
|
1 439 197
|
1,9
|
2007
|
Maïs
|
546 765
|
1,56
|
2007
|
Manioc
|
1 068 518
|
7,84
|
2007
|
Fonio
|
231 093
|
1,16
|
2007
|
Arachide
|
284 494
|
1,42
|
2007
|
Source : Politique nationale de
développement agricole vision 2015- juillet 2007
Les principales cultures industrielles sont respectivement le
coton, l'anacarde, le café, l'huile de Palme, l'hévéa et
la cola. Les sous-secteurs de l'élevage, pêche, forêts et
sylviculture connaissent des taux de croissance se situant entre 2 et 3%.
L'économie de la Guinée est fortement
dépendante du secteur minier (bauxite, alumines, diamants, or) et des
transactions internationales. En 2007, ces deux postes budgétaires ont
rapporté respectivement 572,42 milliards GNF et 472,65 milliards GNF,
soit 42% des recettes totales de l'Etat qui étaient de 2477,28 milliards
(source : Ministère de l'économie et du plan- cadrage
macro-économique -novembre 2008).
L'analyse comparative de certains indicateurs
économiques de 2007 de la Guinée avec ceux des pays limitrophes
montre que le pays se classe en quatrième position en termes d'indice de
développement humain et en deuxième position après la
Côte d'Ivoire dans le domaine de l'afflux des investissements directs
étrangers.
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Carte 1 : Relief et hydrographie de la
Guinée
II-2 Ressources en eau
Les ressources en eau de la Guinée ont fait l'objet
d'une évaluation nationale non exhaustive au cours de ces
dernières décennies, les informations et données
disponibles y relatives sont à considérer avec quelques
réserves sur le plan qualité. (De même, les données
et informations diffèrent grandement d'une source à l'autre).
II-2-1 Les eaux pluviales
La pluviométrie s'étale de 6 à 9 mois sur
l'ensemble du territoire national avec une moyenne annuelle des
précipitations variant de 4 000 mm/an à l'ouest à 1 200
mm/an à la limite Nord du pays. On estime le volume d'eau moyen annuel
reçu durant cette période à environ 430 milliards de
m3. Les valeurs de l'infiltration et de l'évaporation ne sont
pas bien cernées.
II-2-2 Les eaux de surface
Le réseau hydrographique de la Guinée comprend
1165 cours d'eau ayant pour origines le Massif du Fouta Djallon et la Dorsale
guinéenne. Ces 1165 cours d'eau sont regroupés en 23 bassins
fluviaux dont 9 nationaux et 14 transfrontaliers.
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Tableau 4: Principales données sur les bassins
fluviaux de Guinée
N°
|
Bassins fluviaux
|
Superficie bassin
versant km2
|
Longueur en km
|
Volume annuel 106m3
|
Bassins transfrontaliers et Pays riverains en
aval
|
1
|
Kogon
|
8.502
|
379
|
9682
|
|
2
|
Tinguilinta
|
5.031
|
160
|
6276
|
|
3
|
Kapatchez
|
2.906
|
105
|
1356
|
|
4
|
Fatala
|
6.092
|
205
|
7884
|
|
5
|
Konkouré
|
18.692
|
339
|
22044
|
|
6
|
Soumba
|
392
|
39
|
1200
|
|
7
|
Killy
|
300
|
31
|
1323
|
|
8
|
Forécariah/Bofon
|
2.226
|
103
|
378
|
|
9
|
Mellakouré
|
1.049
|
50
|
315
|
|
10
|
Kolenté
|
5.178
|
210
|
6686
|
Sierra Léone
|
11
|
Koliba/Corubal
|
18.122
|
407
|
12961
|
Guinée Bissau
|
12
|
Gambie
|
12.038
|
211
|
3599
|
Sénégal
|
13
|
Sénégal
|
18.672
|
450
|
13500
|
Mali
|
14
|
Kaba
|
5.427
|
91
|
3437
|
Sierra Léone
|
15
|
Niger
|
97.168
|
661
|
46899
|
Mali
|
16
|
Sassandra
|
10.839
|
87
|
7032
|
Cote d'Ivoire
|
17
|
Cavally
|
2.116
|
75
|
1293
|
Cote d'Ivoire
|
18
|
Mani
|
2.506
|
157
|
2144
|
Libéria
|
19
|
Diani
|
9.333
|
246
|
7947
|
Libéria
|
20
|
Loffa
|
1.684
|
64
|
1419
|
Libéria
|
21
|
Makona
|
8.384
|
262
|
7127
|
Sierra Léone
|
22
|
Mano
|
10
|
3
|
5
|
Libéria
|
23
|
Kayanga-Geba
|
20
|
5
|
6
|
Sénégal
|
TOTAL
|
236.690
|
|
164.503
|
|
Source : Direction Nationale de l'Hydraulique
Le régime d'écoulement de la plupart de ces
cours d'eau est intermittent pendant la saison sèche. Les
résultats des observations et mesures hydrométriques
effectuées jusqu'à ce jour permettent d'estimer le volume annuel
écoulé de ces cours d'eau à 164,500 milliards de
m3 d'eau dont 107,500 milliards de m3 (65%) pour les
cours d'eau transfrontaliers. Cependant, la quantité d'eau qui sort hors
du territoire n'est pas connue de même que les eaux retenues dans les
multiples zones humides. L'évaporation de surface et
l'évapotranspiration n'ont pas fait non plus l'objet d'observations et
de mesures directes. On ne dispose pas suffisamment d'informations sur les
débits de ces cours d'eau ni leur variabilité interannuelle.
D'autres sources telles que Aquastat qui est le système
d'information de la FAO sur l'eau et l'agriculture fournissent les
données suivantes concernant la Guinée.
Tableau 5 : Ressources en eau renouvelables
(intérieur de la Guinée)
Ressources en eau renouvelables intérieures de la
Guinée
|
Précipitation (mm/an)
|
1 651
|
Superficie totale (Km2)
|
245 857
|
Précipitation (Km3/an)
|
405,9
|
Eaux superficielles produites à l'intérieur
(Km3/an)
|
226
|
Eaux souterraines produites à l'intérieur
(km3/an)
|
38
|
Ressources en eau renouvelables intérieures
(Km3/an)
|
226
|
Flux d'eau superficielle entrant dans le pays
|
0
|
Flux quittant le pays (Km3/an)
|
102,2
|
Source :
www.fao.org/nr/aquastat/
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Carte 2 : les bassins versants en
Guinée
Source : Centre d'Etudes et de Recherche en
Environnement
Les flux d'eau sortants de la Guinée
représentent environ une fois et demie la totalité des ressources
superficielles en eau produites à l'intérieur des autres pays
membres de l'Organisation pour la Mise en valeur du Fleuve
Sénégal (OMVS), qui est estimée à 73,8
km3. Ils représentent également 35% de ceux produits
par les autres Etats de l'Autorité du Bassin du Fleuve Niger (ABN).
Tableau 6 : Ressources en eau superficielles
générées à l'intérieur des organismes de
bassin (Km3/an)
Ressources en eau superficielles
générées à l'intérieur des organismes de
Bassin (Km3/an)
|
Pays
|
OMVS
|
ABN
|
Bénin
|
|
10
|
Burkina Faso
|
|
8
|
Cameroun
|
|
268
|
Côte d'Ivoire
|
|
74
|
Guinée
|
226
|
226
|
Mali
|
50
|
50
|
Mauritanie
|
0.1
|
|
Niger
|
|
1
|
Nigeria
|
|
214
|
Sénégal
|
23.8
|
|
Tchad
|
|
13.5
|
Total
|
299,9
|
864.5
|
Source :
www.fao.org/nr/aquastat/
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II-2-3 Les eaux souterraines
Les résultats des travaux réalisés dans
ce domaine ne permettent la connaissance des ressources en eau souterraines du
pays que de manière indicative. Les éléments importants
tels que le renouvellement des eaux, la nature des aquifères et leur
localisation nécessitent encore un effort en matière
d'étude et d'analyse. Au niveau national, on estime souvent lesdites
ressources en eau à 13 milliards de m3 alors que les sources
extérieures l'évaluent à environ 38 milliards de
m3. Les types d'aquifères répertoriés ainsi que
les débits des forages d'exploitation sont présentés dans
le tableau 7.
Tableau 7 : Type d'aquifères et débits des
forages d'exploitation
Type d'aquifères
|
Faciès
|
Aquifères
|
Capacités hydrauliques
|
Aquifères généralisés
|
Recouvrement superficiel
|
Vases Alluvions fluvio- lacustres
|
Ressources faibles, Débits de 7 à 13
m3/h Max. AEP : 150 m3/h Qualité variable
|
Aquifères discontinus
|
Granite
|
Altération Socle fracturé
|
Profondeur 30 à 60 m Débits de 2 à 9
m3/h Max. AEP : 90 m3/h Bonne qualité
|
Schistes
|
Zones altérées Socles fracturés
|
Profondeur 20 à 50 m
Débits de 4 à 9 m3/h
Max. AEP : 36 m3/h
Qualité variable, médiocre sur la côte
|
Roches volcaniques
|
Ressource localisée
|
Profondeur 50 m Débits de 4 m3/h Max. AEP : 18 m3/h
Qualité variable
|
Aquifères mixtes
|
Grès
|
Altération sableuse Zone fracturée
|
Profondeur 20 à 50 m
Débits de 4,5 m3/h
Max. AEP : 150 m3/h
Bonne qualité et médiocre sur la côte
|
Source : Bureau Guinéen de
Géologie Appliquée
II-2-4 Surveillance quantitative et qualitative des
ressources en eau
Le suivi quantitatif des eaux atmosphériques et de
surface est assuré respectivement par la Direction Nationale de la
Météorologie et la Direction Nationale de l'Hydraulique qui
établissent les prévisions à court, moyen et long
terme.
Trois types de réseaux d'observations sont
exploités par la Direction Nationale de la
Météorologie
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|
· Un réseau de 12 stations synoptiques
divisé en 2 catégories
v' Les stations synoptiques principales au nombre de 5 : Conakry,
Kindia, Labé Kankan et N'Zérékoré ;
v' Les stations synoptiques secondaires au nombre de 7 :
Boké, Mamou, Siguiri, Koundara, Faranah, Kissidougou et Macenta.
· Un réseau de stations agro-climatiques qui
effectuent les mêmes observations que les stations synoptiques toutes les
3 heures de 6 heures à 18 heures, plus l'état de la
phénologie.
· Un réseau de postes pluviométriques. Il
existe 200 pluviomètres installés et qui observent les pluies
à 8 heures et 18 heures.
On note que tous ces réseaux sont fortement
dégradés par manque d'entretien et de renouvellement des
équipements et le suivi s'effectue sporadiquement en fonction des
ressources financières mobilisées.
Quant au suivi quantitatif des eaux de surface, il est
assuré essentiellement par des stations limnimétriques au nombre
d'une centaine environ et quelques enregistreurs électroniques et de
télétransmission. Le nombre, l'état et la densité
des appareils du réseau nécessitent d'être
évalués et adaptés aux normes existantes.
Sur le plan du suivi de la qualité des eaux de surface
et souterraines, seules les eaux des ouvrages d'exploitation destinés
à l'alimentation humaine sont analysées. On note donc que la
qualité des eaux n'est pas suivie de manière
systématique.
II-2-5 Le bilan d'ensemble
La Guinée possède des ressources en eau
abondantes mais il y a un besoin d'établir une vision nationale
partagée sur les potentialités réelles existantes et
d'établir un dispositif adéquat de suivi quantitatif et
qualitatif afin de fournir les données fiables pour la planification, la
gestion et les utilisations.
II-3 Les menaces et risques sur les ressources en
eau
Les menaces et risques qui pèsent sur les ressources en
eau sont de natures et d'ampleurs diverses. Les principales menaces qui portent
sur les eaux de surface sont leur réduction quantitative par suite des
phénomènes d'ensablement, l'accroissement de
l'évaporation, la modification des régimes hydrologiques. Au
niveau qualitatif, les eaux superficielles sont affectées par la
pollution organique et chimique et l'eutrophisation. Ces menaces sont
répertoriées dans tous les bassins mais leur ampleur et
intensité ne sont pas connues.
Les eaux souterraines subissent également les
principales menaces portant sur l'accroissement de l'évaporation
liée à la déforestation, la contamination pathogène
par
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|
défaut d'assainissement et la pollution organique par
les diverses unités industrielles. On ne dispose cependant pas de
données au niveau national concernant la localisation, l'ampleur et
l'intensité des menaces qui pèsent sur les ressources en eau
souterraines.
L'abondance des ressources en eau comporte également
plusieurs risques qui sont respectivement les crues et les inondations
affectant les personnes et les biens, les tornades fréquentes et la
prolifération des vecteurs de maladie : paludisme, bilharziose,
typhoïde, choléra et onchocercose, etc. Les régimes des
précipitations avec un maximum en août - septembre et le
caractère physiographique de certains bassins fluviaux (Niger,
Makona,...) entraînent à chaque saison de pluies plusieurs cas
d'inondations dont en particulier le long du Niger à Faranah, du
Tinkisso à Dinguiraye, du Milo à Kankan et de la Makona à
Guéckédou.
L'impact des changements climatiques se caractérise par
deux principales menaces sur les ressources en eau qui sont le glissement des
isohyètes vers le sud traduisant une diminution de la
pluviométrie du Nord au Sud, un régime climatique sub-
guinéen qui devient en général plus sec.
La connaissance et la maîtrise des menaces et risques
nécessitent un système d'information performant et une
mobilisation des acteurs à tous les niveaux dans le cadre de politiques
nationales et de plans d'aménagement plus adaptés [Transition
vers la GIRE, 2010].
II-4 Eaux internationales: enjeux
La Guinée est comprise dans les bassins des fleuves
Niger, Sénégal et Gambie. Elle est membre de l'Autorité du
bassin du Niger (ABN) et de l'Organisation de Mise en Valeur du fleuve Gambie
(OMVG). Après s'être retirée de l'Organisation des
États riverains du Sénégal (OERS) pendant plusieurs
années, elle a réintégré sa famille naturelle au
sein de la nouvelle Organisation pour la Mise en Valeur du
Sénégal (OMVS) en 2006. Au sein de ces organismes de bassin, la
Guinée travaille en étroite collaboration avec les autres Etats
parties pour la formulation des programmes et projets. Malgré
l'existence de ces cadres de concertation, des conflits sont parfois
notés entre les populations le long des frontières.
III- Usages de l'eau et typologie des conflits III- 1.
Usages de l'eau
III-1.1. Les usages domestiques
En Guinée, comme partout ailleurs, l'eau occupe une
place centrale au sein des activités domestiques. Elle est
utilisée pratiquement chaque instant pour les besoins suivants : Boire,
manger, cuisiner, se laver, faire la vaisselle, ...
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L'utilisation de l'eau est suivie d'une production d'eaux
usées dont le traitement avant rejet dans la nature est
préconisé pour éviter la pollution des sols, des eaux de
surface et des eaux souterraines.
III-1.2. Les usages agricoles
En 2000, les prélèvements en eau étaient
évalués à 1 518.106 m3/an.
L'irrigation et l'élevage utilisent la plus grande part de ces
prélèvements soit un total de 1 365.106
m3/an. Ces prélèvements sont de l'ordre de 90% des
ressources en eau [Aquastat ; 2005].
III-1.3. Les usages industriels et des
collectivités
Les collectivités et les industries font respectivement
les prélèvements suivants : 117. 106 et 35.
106 m3/an. Ces prélèvements sont
respectivement de l'ordre de 7.7% et 2.3% de l'ensemble des
prélèvements [Aquastat ; 2005].
III-1.4. Les usages urbains
A Conakry et dans les villes de l'intérieur du pays,
l'eau est utilisée pour l'arrosage des quelques rares espaces verts qui
existent, le dépoussiérage des rues, l'arrosage des stades. Elle
est aussi utilisée pour les piscines et les jets d'eau dans les
hôtels et au palais du peuple à Conakry. On y rencontre
également des piscines privées dans certains domiciles. En cas
d'incendie, les pompiers utilisent l'eau, à travers des bouches
d'incendie, pour l'exercice de leur mission dans les rares quartiers encore
alimentés. Dans les quartiers dépourvus d'eau, ils utilisent le
stock de leur camion pour exercer leur rôle.
Le tableau suivant donne une évaluation des usages
à long terme.
Tableau 8: Evaluation des usages de l'eau à long
terme
Secteurs (prélèvements d'eau)
|
1996 (millions de m3/an)
|
2025 (millions de m3/an)
|
Eau potable
|
|
63,7
|
|
584
|
Population urbaine
|
|
27
|
|
415
|
Population Rurale
|
|
36,7
|
|
169
|
Secteur Agricole
|
|
0,3
|
|
1,11
|
Secteur d'élevage
|
|
20,8
|
|
55,5
|
Secteur de l'énergie
|
|
819
|
29
|
245
|
Secteur industries et mines
|
|
> 14
|
1
|
200
|
Total
|
>
|
918
|
32
|
394
|
Source : Etude 2005 portant sur la
création du PNE en Guinée d'après Rapport Iwaco 2001
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En dehors de ces usages, l'eau est utilisée en
Guinée comme support (navigation). La navigation est surtout
pratiquée sur les fleuves Niger, Milo et Niandan en Haute
Guinée.
En ce qui concerne la navigation sur les cours d'eau
internationaux, l'Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve
Sénégal (OMVS) travaille à la mise en oeuvre d'un projet
de navigation sur le fleuve Sénégal.
III-2 Les conflits liés à l'eau et leurs
types
On parle de conflit, litige ou différend lorsque l'on
est en présence de deux ou plusieurs prétentions contradictoires
ou inconciliables sur un objet déterminé, ici l'eau. Une partie
avance une prétention qui est contestée par l'autre. Tant que la
prétention d'une partie n'a pas fait l'objet de contestation par l'autre
partie, il n'y a pas de conflit mais simplement un risque de conflit. Le risque
de conflit désigne la situation qui précède la naissance
d'un conflit [GARANE, 2008].
On note deux types de conflits liés à l'eau :
- Les conflits d'usages : dans ce cas de figure,
une partie s'oppose à l'utilisation de l'eau par une autre. C'est
l'utilisation concurrente.
- Les conflits liés à la protection de
l'eau : ce type de conflit est noté lorsque, par exemple, la
population voisine d'une usine s'insurge contre la pollution occasionnée
par celle- ci.
III-2-1 Les causes des conflits liés à
l'eau
Les causes de conflits liés à l'eau sont
nombreuses. Parmi elles, on y dénombre : la mauvaise organisation, la
mauvaise répartition des ressources, les intérêts
égoïstes des parties lors de la construction des ouvrages, le
manque d'eau dans les agglomérations, la cherté des factures
d'eau, la corruption qui gangrène la société de gestion de
l'électricité (Electricité de Guinée - EDG) et les
branchements clandestins.
III-2-2 Acteurs et usages de l'eau
En Guinée, plusieurs acteurs interviennent dans le
secteur de l'eau. On peut citer parmi ces acteurs : les départements
ministériels (Hydraulique et Energie, Environnement, Agriculture et
Elevage, Mines et Géologie, Santé publique, Défense
Nationale, Eaux et Forêts ....), les collectivités locales, les
ONG. Cette gestion sectorielle de la ressource entraîne des gaspillages
à cause du manque de coordination. Cette situation, renforcée par
le caractère embryonnaire du processus GIRE engagé depuis avril
2010, conduit le plus souvent à des conflits d'usages entre les
différents acteurs. La gestion de l'eau est
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donc très difficile dans ce cas de figure à cause
du fait que les responsabilités des acteurs chevauchent le plus
souvent.
III-2-3 Typologie des conflits
Les conflits liés à l'eau résultent d'une
interaction entre la ressource elle-même et les pratiques liées
à son utilisation. En Guinée, la présence de plusieurs
acteurs caractérisés chacun par des comportements
différents les uns des autres et des besoins souvent antagoniques font
que la ressource constitue une source potentielle de conflit si cette situation
perdure.
De façon générale, Il existe en effet,
plusieurs types de conflits liés à l'eau. Ce sont :
+ les conflits entre personnes publiques (Etats,
Etats fédérés, Collectivités locales,
établissements publics) ;
+ les conflits entre personnes publiques et
personnes privées (Etat- personnes privées, collectivité
locale- personnes privées, établissements publics-personnes
privées) ;
+ les conflits entre personnes privées
(individus, associations, entreprises, ONG) [GARANE, 2008].
Les conflits liés à l'eau en Guinée
obéissent à cette classification générale.
III-2-4 Causes des conflits internes :
' Les barrages : la construction de ces ouvrages
de grande envergure entraine
toujours des contradictions. En effet, les populations qui
vivaient aux abords du site sont délogées avec toutes les
conséquences que cela comporte pour leur culture et leurs conditions de
vie. Cela conduit le plus souvent à un appauvrissement de la population
concernée. Lors de la construction du barrage de Garafiri dans la
Région de Kindia, les populations environnantes avaient
été déplacées mais les conditions de leur
relocalisation n'ont guère été satisfaisantes pour
elles.
' Accès des femmes au niveau des points d'eau :
A Conakry et dans certaines
agglomérations à l'intérieur du pays, les
populations sont obligées de faire le rang autour des forages et les
quelques rares robinets de la Société des Eaux de Guinée
(SEG) pour l'obtention d'une quantité minimale d'eau. On y rencontre le
plus souvent les femmes et les enfants. Le non respect du tour, la mauvaise
organisation et les frustrations sont les principales causes du
déclenchement des conflits. Ces derniers se manifestent d'abord par des
disputes banales et se terminent par des coups de poing. Ces frustrations et
bagarres sont observées le plus souvent dans les quartiers pauvres de la
capitale.
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v' Pollution des eaux : les eaux
guinéennes sont protégées contre la pollution au
sens des articles 31 et 32 du chapitre 9, du Code de l'Eau.
L'évacuation et le déversement dans les eaux, l'immersion ou
l'élimination de déchets dans les eaux continentales sont
soumises à l'autorisation préalable du Ministre chargé de
l'Environnement en concertation avec celui de l'Hydraulique et de l'Energie
[Loi n°L/94/ 005/CTRN du 15 février 1994].
Le manque de signature des décrets d'application de ce
code fait que les entreprises évoluent souvent sans une grande
considération pour la protection des eaux. Par exemple, on note des
problèmes de pollution des eaux à l'aval de l'Usine d'alumine de
Fria. On retrouve dans les eaux de la soude issue des fuites
enregistrées lors du processus de fabrication de l'alumine. En
conséquence, les animaux sont victimes ainsi que les populations
utilisant ces eaux. Les eaux souterraines sont également
contaminées à certains endroits. Si cette pollution n'est pas
maîtrisée, elle pourrait être source de conflits entre les
populations et l'usine.
En Haute Guinée notamment à Siguiri (environ 800
Km au Nord Est de Conakry), à cause de l'exploitation artisanale d'or et
de diamant, les eaux sont polluées dans ces endroits et entrainent des
maladies au sein des populations.
A Kamsar, dans la Préfecture de Boké, la
Compagnie des Bauxites de Guinée avait causé en 2008 une grande
pollution de la mer à cause d'une importante fuite au niveau de
l'usine.
v' La distribution de l'eau : l'Organisation des
Nations Unies a indiqué que « le
droit à l'eau consiste en un approvisionnement
suffisant, physiquement accessible et à un coût abordable, d'une
eau salubre et de qualité acceptable pour les usages personnels et
domestiques de chacun » [ONU ; 2002]. Malgré cette prescription,
l'on constate que « dans les zones urbaines, la source d'eau la moins
coûteuse et la plus fiable est souvent celle disponible auprès du
service d'approvisionnement qui entretien le réseau. Les ménages
pauvres sont moins susceptibles d'être raccordés à ce
réseau et courent un risque plus grand d'obtenir leur eau à
partir de diverses sources non potables » [PNUD ; 2006]. C'est le cas de
la banlieue de Conakry laissée pour compte depuis la fin des
années 1990. Les marges de manoeuvres des populations sont
limitées. Soit elles se procurent de l'eau à partir de forages
privés, soit elles utilisent des puits traditionnels avec tous les
risques que cela comporte, soit elles achètent au niveau des rares
robinets qui laissent passer encore quelques gouttes d'eau, soit elles
achètent des camions citernes pour les constructions.
Cette distribution mal organisée augmente la frustration
des populations et leur hostilité vis- à- vis de la
Société des Eaux de Guinée.et soulèvent des
conflits.
v' Les coûts élevés de l'eau :
la distance qui sépare les populations du lieu
d'approvisionnement fait gonfler les prix. A mesure que l'eau
passe par les intermédiaires, qui ajoutent leurs propres coûts
de transport et de commercialisation, les
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prix montent. Les personnes pauvres habitant les bidonvilles
payent généralement 5 à 10 fois plus cher le litre d'eau
que les personnes riches habitant la même ville [PNUD ; 2006]. Il
convient de noter que les coûts d'abonnement sont très
élevés en Guinée vu le niveau de vie des populations. A
ces coûts, il convient d'ajouter les lenteurs dans la mise en place des
branchements. Cette situation entraîne des fraudes sur le réseau.
De nos entretiens, nous avons relevé plusieurs formes. Ce sont :
a) Le vol des compteurs : pour pouvoir
bénéficier de la facturation forfaitaire, la majeure partie des
populations de la banlieue de Conakry a entrepris le
démantèlement systématique des compteurs sous la
complicité de certains agents de la SEG. Cette facturation forfaitaire
permet aux populations d'utiliser de manière abusive l'eau créant
des déficits énormes dans le recouvrement des investissements
;
b) Les abonnements clandestins : certaines
personnes, en complicité avec des plombiers qui parfois sont
bénévoles, parfois des agents de la SEG, font des piquages sur le
réseau pour l'approvisionnement en eau de leurs domiciles. Ces
opérations se font le plus souvent nuitamment à l'abri des
regards indiscrets.
c) Les by pass : certains individus
utilisent des by pass pour contourner le compteur pendant une bonne partie du
mois pour réduire ainsi les coûts qu'ils doivent payer à la
SEG ;
d) Le calage et le camouflage des compteurs :
pour réduire leurs factures, certains abonnés font
recours à cette pratique. Certains enterrent les compteurs rendant ainsi
difficile la lecture des données par les agents de la SEG.
v' L'eau, ressource sacrée : dans
certaines régions de la Guinée, les têtes de
source sont protégées. Ainsi, l'accès
à ces têtes de source passe par un rituel digne de nom. Par
exemple, la tête de source du Bafing en Guinée (Mamou) est sous la
garde des sages de la localité. La succession au niveau de la chefferie
se fait de manière héréditaire. Pour dissuader les plus
récalcitrants, des croyances sont développées autour de la
profanation des sources. L'on entendrait dire par exemple, celui qui profane
cette source se retrouvera aussitôt aveugle.
Du point de vue culturel, l'eau est aussi utilisée pour
les ablutions, les baptêmes des nouveaux nés, les mariages, ....
Elle intervient aussi dans l'initiation. Si de ce point de vue, elle
présente des avantages pour la société, du
côté de l'éducation, elle présente des contraintes.
En effet, à cause du manque d'eau, beaucoup hésitent à
envoyer leurs enfants à l'école, c'est le cas surtout de leurs
filles. Ces cas sont notés très souvent dans les zones rurales
où le taux d'analphabétisme est élevé.
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III-2-5 Les conflits internes les plus
récurrents
v' Conflits entre paysans et éleveurs :
dans la plupart des régions de la Guinée, les
populations pratiquent le maraîchage et l'agriculture le long des cours
d'eau. Ces mêmes cours d'eau sont utilisés par les éleveurs
pour l'abreuvement de leur bétail. Cette situation entraine la
destruction des cultures. Les paysans et les éleveurs se rejettent la
responsabilité. Les mécontentements se terminent souvent par des
conflits violents. Dans certaines régions comme au Fouta Djallon, ces
deux acteurs se concertent et définissent ensemble la zone à
cultiver et la zone de pâturage.
v' Conflits entre usagers urbains : la crise
d'eau que traverse la Guinée depuis plus d'une décennie est
à l'origine des longues files d'attentes autour des quelques rares
robinets ou des forages privés. Le non respect de la file et la
volonté de certaines personnes de s'approvisionner une grande
quantité d'eau sont entre autres les principales causes de ces conflits.
A cela s'ajoutent les frustrations dues à la grande durée des
attentes au sein des rangs. Ces conflits opposent souvent les femmes et les
enfants.
v' Conflits entre usagers et agents de la
société de gestion de l'eau : ces conflits opposent les
abonnés et les agents chargés de l'acheminement des factures. En
effet, certains usagers, face à la rareté de l'eau
s'énervent contre les agents facturiers qu'ils accusent de multiplier
leur consommation faisant fi de la pénurie. Ces derniers se
défendent en disant qu'ils ne sont que des facturiers. La tension monte
d'un cran et tout le quartier se jettent sur les agents. La police intervient
pour contenir la foule. On y dénombre souvent des cas de blessures.
v' Conflits entre usagers d'eau et l'Etat :
depuis le début des années 2000, la Guinée
traverse une crise récurrente d'eau. Dans les quartiers de la haute
banlieue de Conakry, l'eau y est rare sinon quasi inexistante. Cette situation
entraîne des frustrations. Des manifestations violentes ont souvent
caractérisé les protestations des populations. Les rues sont
barricadées, des jets de pierres perpétrés. Lors de la
grande contestation en 2007 pour l'accès à l'eau et
l'amélioration des conditions de vie, la population, suite à un
mode d'ordre de l'Inter centrale syndicale, avait bravé
l'autorité. Des scènes indescriptibles de violences et de
destructions d'édifices publics avaient eu lieu à travers tout le
pays. L'on entendait les populations scander le slogan : « Yé
mouna, Tè mouna » c'est- à - dire « pas d'eau, pas de
courant ». A Conakry et dans plusieurs villes de l'intérieur du
pays, l'on assiste, lors de la grande marche du 22 janvier 2007, a une
répression dont le bilan s'établit à plusieurs dizaines de
victimes par balles.
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v' Conflits entre usagers ruraux : ces
conflits sont souvent notés autour des points d'eau, de la gestion des
sources des cours d'eau et des pompes à motricité humaine. La
gestion des installations est souvent à la base de ces conflits.
III-3 Conflits transfrontaliers : même
si la Guinée est membre de plusieurs organismes de bassin ayant la
charge de la gestion transfrontalière des ressources en eau
partagées, des inquiétudes demeurent sur la durée de vie
de ces organismes. En effet, ces institutions sont confrontées à
plusieurs problèmes d'ordre organisationnel. On peut citer entre autres
le retard ou parfois le non paiement des cotisations par certains Etats,
l'instabilité politique, le manque de financement extérieur
dû à la crise économique mondiale. La corruption et la mal
gouvernance dans certains Etats membres constituent aussi des facteurs de
blocages pour certains projets sous- régionaux. La situation politique
difficile que la Guinée traverse depuis 2003 contribue au ralentissement
de plusieurs projets de grande envergure. Les risques de conflits peuvent
être récurrents surtout avec les constructions futures de barrages
en amont par la Guinée. Si les débits sont
considérablement entamés, des conflits peuvent éclater
entre les Etats. Le défi majeur réside dans la construction et le
partage des bénéfices des barrages quand on sait que la
Guinée, abritant leurs sites, payera le plus lourd tribu à cause
de leurs impacts considérables sur l'environnement.
IV- Analyse du système de pilotage de l'eau en
Guinée
D'une manière générale, le système
de pilotage de l'eau est bâti autour de trois rationalités
différentes : politiques et législation, cadre institutionnel et
instruments de gestion.
La Guinée ne déroge pas à la règle
car elle dispose, au niveau politiques et législation, de lettres de
politique sectorielle de l'eau et de l'assainissement. Cependant, il n'existe,
à ce jour, aucune politique nationale de gestion des ressources en eau.
On note aussi l'existence de nombreux codes : de l'eau, de l'environnement,
forestier, domanial, minier, ... Mais, il convient de remarquer que la plupart
de ces codes souffrent non seulement de manque de décrets et
d'arrêtés d'application mais aussi pour certains d'insuffisance de
qualité rédactionnelle.
IV-1 Politiques et législations nationales de
l'eau
L'Etat guinéen s'est efforcé, au cours de ces
deux dernières décennies, à l'amélioration des
dispositions stratégiques concourant à une meilleure gestion des
ressources naturelles et en particulier les ressources en eau. C'est ainsi que
furent adoptés une loi sur l'eau en 1994, la politique sectorielle de
l'eau et de l'Assainissement en août 1996,
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de nombreux autres codes (code de l'environnement, code
forestier, code minier, code foncier et domanial, etc.) et des
stratégies nationales de mise en oeuvre des conventions internationales
relatives au changement climatique et à la diversité biologique
et aux zones humides, etc. L'ensemble de ces décisions est soutenu dans
leur application par de nombreux plans (Plan d'Action des Ressources en Eau,
Plan d'Action d'Hydraulique Villageoise, Plan National d'Action pour
l'Environnement, Plan d'Action Forestier National, Plan Foncier et Domanial,
etc.).
Il est également important de souligner l'appartenance
du pays aux trois organismes de bassins qui sont : l'Organisation pour la Mise
en Valeur du fleuve Gambie (OMVG) qui regroupe la Guinée, la
Guinée Bissau, la Gambie et le Sénégal, l'Organisation
pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal (OMVS) comprenant la
Guinée, le Mali, la Mauritanie, le Sénégal et
l'Autorité du Bassin du Niger (ABN) regroupant les Etats de
Guinée, Mali, Niger, Nigeria, Côte d'ivoire, Burkina Faso,
Bénin, Cameroun et Tchad. Ces organismes ont accumulé un capital
de compétences qui est susceptible d'être mieux valorisé au
niveau de tout le territoire national.
Malgré cet effort important, les menaces qui
pèsent sur les ressources en eau s'intensifient et on assiste à
un net affaiblissement du dispositif de gouvernance et du système
d'information par suite de faible allocation de ressources financières,
d'une démotivation des ressources humaines, d'une absence d'un programme
pluriannuel d'intervention et d'un dispositif de suivi évaluation, la
poursuite d'une gestion sectorielle non concertée des ressources
naturelles. En outre, la gestion des ressources en eau s'effectue en marge des
stratégies de développement nationales dont celles de la
réduction de la pauvreté et du processus de
décentralisation. Aucune disposition visant à juguler les
conflits n'est prévu dans les politiques et législations
existantes.
Dans ce contexte la politique nationale de l'eau et les
stratégies y afférentes restent à construire en
Guinée. En effet, mis à part les différents codes qui
contiennent des éléments de politique relatifs à l'eau, le
pays ne s'est pas doté d'une véritable politique de l'eau
conformément aux orientations de la gestion intégrée des
ressources en eau. Un document de politique et stratégies
élaboré suivant un processus largement participatif impliquant
les acteurs étatiques, la société civile, le secteur
privé et les partenaires techniques et financiers qui donne la vision de
la gestion de l'eau du pays et les choix stratégiques est la base pour
le développement harmonieux des diverses dispositions y relatives :
codes, décrets, plans d'aménagements, organisation
administrative, financement, etc.
Les préalables à une telle action
nécessite que soit mis en place un cadre de partenariat entre les
acteurs du gouvernement et ceux des partenaires techniques et financiers
en vue de promouvoir les réformes et outils nécessaires
à une meilleure gestion des
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ressources en eau. En outre, la gestion de l'eau étant
l'affaire de tous les citoyens guinéens, il est indispensable qu'un
cadre national d'examen des différentes propositions de réformes
soit mis en place. Ce cadre comprendra les représentants des acteurs et
parties prenantes tels que l'Administration centrale, les collectivités
décentralisées, les entités administratives
déconcentrées, les ONG significatives, le secteur privé,
les confessions religieuses, etc. La Commission nationale de l'eau,
prévue dans le cadre de la loi sur l'eau, restera dans cette nouvelle
approche, une structure strictement interministérielle chargée en
dernier ressort de valider les propositions entérinées par ledit
cadre.
- Cadre institutionnel de la gestion des ressources en
eau
Le cadre institutionnel comprend principalement deux niveaux
qui sont l'administration ministérielle et les collectivités
locales (communes urbaines et communautés rurales de
développement).
V' L'Administration ministérielle
Elle est représentée dans la gestion des
ressources en eau par le ministre en charge de l'hydraulique. La loi sur l'eau
de 1994 détermine le champ de sa mission principale en ces termes :
« les ressources en eau sont définies comme l'ensemble des eaux
continentales de la Guinée dans toutes les phases du cycle de l'eau et
leur gestion rationnelle est définie comme l'ensemble des mesures
à prendre afin d'en assurer l'inventaire quantitatif et qualitatif
permanent, la protection, la mise en valeur et l'utilisation rationnelles,....
». L'Administration de l'eau comprend par ailleurs tous les autres
départements ministériels dont les activités concourent
à réaliser la gestion rationnelle de l'eau, leurs
démembrements au niveau central et régional ainsi que les
établissements publics et sociétés d'Etat
créés pour promouvoir un aspect particulier de ladite gestion.
Les démembrements de l'Administration
ministérielle les plus impliqués dans la gestion des ressources
en eau sont les directions nationales de l'hydraulique, de la
météorologie, de l'énergie, des eaux et forêts, de
l'environnement, du génie rural , de la santé publique, de
l'aménagement du territoire , de l'administration du territoire, de
l'agriculture et les structures spécialisées comme le Bureau
guinéen de géologie appliquée, le Service national
d'aménagement des points d'eau , la Société des eaux de
Guinée et Electricité de Guinée, etc.
V' Les collectivités locales
Le processus de décentralisation entrepris depuis 1986
a permis de créer 38 communes urbaines et 303 communautés rurales
de développement. Les compétences transférées
à ces collectivités par la loi sont :
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V' salubrité et hygiène publique ;
v' protection de l'environnement ;
V' gestion de l'eau et des points d'eau ;
v' projets de développement à la base et
participation de la collectivité locale ;
v' programmes d'investissements et de développement
social, économique et culturel ;
v' gestion de la distribution d'eau potable.
Les compétences ainsi définies entraînent
un repositionnement des missions et attributions de toute l'Administration
ministérielle dans un esprit de complémentarité avec les
collectivités territoriales en tenant compte du principe de
subsidiarité. Il convient de préciser que ces dispositions sont
appliquées de façon laconique à travers le pays.
- Cadre juridique
Le cadre juridique de l'eau en Guinée est régi par
plusieurs codes : eau, environnement, minier, pastoral, domanial...
Mais, il existe plusieurs contradictions entre ces
différents codes. Par exemple, il existe une contradiction entre les
dispositions des articles 23 et 24 du Code de l'eau et celles des articles 64
et 91 du Code minier en ce qui concerne la détermination de
l'autorité compétente pour l'établissement des
périmètres de protection, notamment des points d'eau, ainsi que
la protection et l'utilisation des eaux souterraines.
En effet, les dispositions combinées des articles 23 et
24 du Code de l'eau prévoient que les modalités
d'établissement des périmètres de protection, de
délimitation des zones de sauvegarde notamment des eaux souterraines et
des points d'eau, ainsi que la délivrance des autorisations de forages
sont déterminées par arrêté du Ministre de
l'Hydraulique.
De son côté, l'article 64 du Code minier
prévoit que ces modalités en ce qui concerne notamment les points
d'eau sont déterminés par arrêté conjoint du
Ministre chargé des mines et du Ministre chargé des domaines.
L'article 91 du même code, quant à lui,
prévoit un arrêté du Ministre des Mines, notamment pour les
forages et l'utilisation de puits pour les usages domestiques.
L'article 91 du Code minier en attribuant compétence au
Ministre chargé des mines pour autoriser les utilisations des ressources
en eau de faible importance se met également en contradiction avec les
dispositions combinées des articles 6, 8 et 9 du Code de l'eau, celles-
ci attribuant compétence en cette matière au Ministre
chargé de l'Hydraulique.
Une autre contradiction, plus frappante cette fois, concerne
le conflit d'attributions qui a toujours existé entre le
Ministère de l'Agriculture, des Eaux et Forêts et le
Ministère de
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l'Environnement. C'est ainsi que, tout en se prévalant
des dispositions du Décret n° 065/PRG/SGG du 4 octobre 2004 portant
attributions et organisation de son département, le Ministre de
l'Environnement a successivement pris un arrêté et une
décision nommant des Chefs de service, des Conservateurs du Centre
National des Aires protégées et des Chefs de Section.
De son côté, le Ministre de l'Agriculture, des
Eaux et Forêts a pris un arrêté pour nommer aussi des cadres
à ces postes déjà attribués par le Ministre de
l'Environnement. Cela illustre à suffisance que l'incohérence
entre les codes est à la base de plusieurs conflits dont les
conséquences sont incalculables pour les ressources naturelles.
Dans le souci d'harmoniser les codes minier et de l'eau, les
Ministres des Mines et de l'Hydraulique ont pris l'Arrêté Conjoint
n° 1647/MMG/MHE/SGG/01 du 24 avril 2001. Mais la valeur juridique de cet
arrêté pose problème vis- à- vis d'un Décret
ou d'une Loi.
IV-2 Instruments de gestion
Du point de vue des instruments de gestion, il existe une base
de connaissances des ressources même si son actualisation est plus que
nécessaire. L'évaluation des ressources en eau, la
modélisation dans la gestion des RE, le développement
d'indicateurs de gestion et l'évaluation des écosystèmes
sont autant d'instruments de gestion dont la maitrise pose encore quelques
difficultés. L'utilisation optimisée et le recyclage des eaux
sont aussi soumis aux mêmes difficultés. Aucune politique
d'éducation et de communication, d'incitation économique et de
subvention n'est engagée dans le sens de la promotion de ces valeurs
dont l'efficacité dans l'utilisation de l'eau est notoire. On note
l'absence de plan de gestion intégrée des ressources en eau, la
non-conformité des plans sectoriels ou sous- sectoriels d'utilisation
des ressources en eau (plans de gestion des bassins, des eaux souterraines, des
zones côtières). S'agissant de l'amélioration de
l'approvisionnement en eau potable, malgré les efforts de l'Etat,
beaucoup reste encore à faire, vu l'ampleur du déficit. Au plan
des instruments de changement social, il faut noter l'existence d'un cursus
scolaire universitaire sur la conception et la gestion des réseaux d'eau
potable et d'assainissement. Mais ce cursus mérite d'être
renforcé par la formation des formateurs en vue de palier au
vieillissement du personnel enseignant. Au primaire et au secondaire, quelques
notions liées à l'eau et au comportement qu'il faut adopter pour
sa préservation existent. Ces notions doivent être
renforcées dans le dispositif pour permettre une meilleure appropriation
des enjeux par les enseignants.
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V- APPROCHES DE SOLUTIONS POUR LES CONFLITS LIES A
L'EAU (GIRE)
Pour les conflits liés à l'eau, les approches de
solutions sont de deux natures : les outils de prévention (avant le
conflit) et les outils de règlement (lorsque le conflit est
déjà né).
V.1 La prévention des conflits
v' Prévention des conflits liés à
l'utilisation de l'eau au niveau national
Au plan national, les règles sont établies autour
de la délimitation du domaine public de l'eau et de la priorisation des
utilisations de l'eau :
- La délimitation de chaque dépendance
du domaine public de l'eau (DPE) a pour but d'empêcher les
empiètements des particuliers sur le DPE (champs, habitations), ce qui a
pour effet de limiter les conflits éventuels. Les ressources en eau de
la République de Guinée font partie intégrante du Domaine
public naturel de l'Etat. En tant que telles, et sous réserve des
dispositions du présent Code, elles ne sont pas susceptibles
d'appropriation. Cependant elles peuvent faire l'objet d'un droit d'utilisation
de nature précaire et limitée soumis au régime de
l'autorisation préalable [Art 4, Code de l'eau]. Malgré ces
dispositions et en raison de la non prise des décrets et
arrêtés d'application, la pression humaine étant de plus en
plus forte, les populations n'hésitent pas à défricher
à des fins culturales, les bas fonds des cours d'eau et lacs ou
même de s'installer dans le lit du cours d'eau. Par exemple, le lac de
Taouyah à Conakry, autrefois lieu de rendez vous d'oiseaux et de
crapauds de toutes sortes, est aujourd'hui en voie de disparition ;
- La priorisation des besoins dans l'utilisation de
l'eau : cette priorisation est régie par les dispositions de
l'Article 6 du Code de l'eau qui dispose un droit d'accès
inaliénable aux ressources en eau et leur utilisation à des fins
domestiques. Il prévoit également que cette utilisation ne doit
pas empiéter les autres. Cependant, l'Article 7 prévoit que
« toutes les autres utilisations sont soumises à l'obtention
préalable d'un permis ou d'une concession.» A ce niveau, il faut
dire que cette disposition n'a pas connu de véritable application suite
à la multiplicité des intervenants dans l'octroi de permis
d'exploitation. C'est le cas des eaux souterraines dont l'exploitation est
régie à la fois par les Codes minier et de l'eau.
v' Prévention des conflits liés à
l'utilisation des eaux transfrontalières
Ces règles concernent l'utilisation et la participation
équitables et raisonnables de l'eau ainsi que les dommages significatifs
liés à l'eau pouvant être causés aux autres
Etats.
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En effet, les Etats du cours d'eau doivent utiliser les
ressources en eau du cours d'eau en tenant compte des intérêts de
tous les autres Etats du cours d'eau concerné. Il ne s'agit pas d'une
utilisation égalitaire mais d'une utilisation qui préserve les
intérêts de chaque Etat. Les facteurs et circonstances pertinents
à prendre en compte pour déterminer le caractère
équitable et raisonnable de l'eau sont :
- les facteurs géographiques, hydrographiques,
hydrologiques, climatiques, écologiques et autres facteurs de
caractère naturel ;
- les besoins économiques et sociaux des Etats du cours
d'eau intéressé ; - la population tributaire du cours d'eau dans
chaque Etat du cours d'eau ; - les effets de l'utilisation ou des utilisations
du cours d'eau dans un Etat du
cours d'eau sur d'autres Etats du cours d'eau ;
- les utilisations actuelles et potentielles du cours d'eau ;
- la conservation, la protection, la mise en valeur et
l'économie dans l'utilisation des ressources en eau du cours d'eau ainsi
que les coûts des mesures prises à cet effet ;
- l'existence d'autres options, de valeur comparable,
susceptibles de remplacer une utilisation particulière, actuelle ou
envisagée.
Aussi, il est fait obligation aux Etats de veiller à ce
que les activités qui ont lieu sur leur territoire n'aient pas de
conséquences négatives ou préjudiciables pour
l'environnement soit d'autres Etats soit d'espaces non soumis à
juridiction nationale. Cette règle est connue sous le nom de principe
des effets extraterritoriaux non dommageables à l'environnement
[GARANE, 2008].
Cette disposition concerne l'utilisation des eaux
partagées. Comme nous l'avons déjà signalé, la
Guinée est le principal pourvoyeur de la sous- région en cours
d'eau. Le code de l'eau fait cas du partage de ces ressources en son article 55
qui stipule que la Guinée doit respecter sur son territoire les
principes et normes admis par la communauté internationale en
matière d'eau partagée. Elle est tenue de prévenir la
pollution des cours d'eau transfrontaliers.
v' Prévention des conflits liés à la
protection de l'eau au niveau national
Si les conflits d'usage de l'eau sont les plus
fréquents dans nos sociétés, ils ne sont pas cependant les
seuls. On rencontre aussi les conflits liés à la protection de
l'eau, en ce que certains acteurs sont à l'origine de pollutions. Ces
règles sont les suivantes :
+ La protection générale des ressources en eau ;
+ La réglementation de l'occupation du domaine public de
l'eau ; + L'étude et la notice d'impact environnemental ;
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+ La réglementation des activités agro-pastorales
;
+ La protection particulière des sources d'eau
destinée à la consommation (les périmètres de
protection immédiate, rapprochée et éloignée).
Généralement, plusieurs conflits suite à
la violation de ces règles. Par exemple, au niveau des activités
agro-pastorales de la Guinée, on rencontre des conflits liés
à l'eau dans plusieurs régions. Cette situation est due à
la non application effective de la réglementation en la
matière.
v' Prévention des conflits liés à la
protection des cours d'eau internationaux
Une obligation générale pèse sur tous les
Etats du cours d'eau en matière de protection et de préservation
qui va au-delà des cours d'eau et des mesures de prévention pour
éviter les pollutions du cours d'eau. Les règles
édictées à cet effet sont applicables pour la protection
des cours d'eau contre les situations dommageables et la protection des cours
d'eau en cas de situation d'urgence.
En effet, les situations dommageables sont celles qui,
résultant d'activités humaines ou naturelles, risquent à
moyen ou long terme, de causer des dommageables à
l'écosystème du cours d'eau (envasement, érosion,
intrusion d'eaux salées, sécheresse, désertification,
maladies hydriques). Les Etats du cours d'eau doivent prévenir et lutter
contre de tels phénomènes. La surveillance continue de
l'état du cours d'eau fournit des renseignements pertinents sur ces
phénomènes.
Pour les situations d'urgence, il s'agit de celles qui causent
ou menacent de causer de façon imminente, des dommages graves à
l'écosystème du cours d'eau ou aux Etats (accident naturel ou
humain).
v' Les outils de prévention de conflits
liés à l'eau selon l'approche GIRE (Source : Toolbox du
GWP)
La GIRE propose, pour une prévention d'éventuels
conflits liés à l'eau eu égard à son importance,
d'autres outils facilitant l'échange d'informations entre les diverses
parties prenantes dans le domaine de l'eau, adaptés à
différents contextes et types de personnes. Ces outils sont souples dans
leur application. Ce sont :
- Les échanges individuels (téléphone,
courrier, réunions, ...) ;
- Les documents (bulletins, revues, manuels, journaux ....) ;
- Les Systèmes d'Information Géographique ;
- Les ateliers d'échanges des meilleures pratiques dans le
contexte de la GIRE au niveau local ;
- Les programmes radio et présentations vidéos ;
- Le développement des capacités au niveau des
villages grâce à des discussions avec les agriculteurs et les
chefs de villages ;
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- Les visites techniques et d'étude nationales et
régionales permettant aux professionnels et aux praticiens
d'échanger des résultats de la GIRE.
- Les négociations basées sur les
intérêts : ces outils sont parfois utilisés par des
personnes ne disposant pas d'assistance, mais le plus souvent elles permettent
à une partie neutre de créer et de gérer le processus.
V.2 Le règlement des conflits
v' Le règlement des conflits au niveau
national
Après l'éclatement du conflit, on fait recours
à de nouveaux outils qui ont trait à un règlement
judiciaire. Pour ces conflits, le règlement judiciaire peut se traiter
soit en matière civile, soit en matière pénale.
En matière civile, le tribunal de première instance
(TPI) et le tribunal de grande instance (TGI) sont compétents pour
trancher les litiges entre les particuliers.
En Guinée, le manque de réglementation et de
compétence des tribunaux sur les questions d'eau font que la plupart des
contradictions sont résolues à l'amiable ou ne connaissent pas de
plainte par simple ignorance des citoyens ou par manque de confiance à
la justice.
v' Le règlement des conflits relatifs aux cours
d'eau internationaux
Il y a obligation générale de règlement
pacifique des différends liés à l'utilisation des
ressources en eau partagées. Nous avons trois types de règlements
:
+ L'obligation de négociation +
Le règlement diplomatique + règlement
juridictionnel
v' Procédure de règlement des conflits dans
le cadre de quelques organisations de bassin auxquelles la Guinée est
membre :
+ Autorité du Bassin du Niger (ABN)
« Tout différend pouvant surgir entre les Etats
membres dans l'interprétation ou l'application de la présente
convention est réglé à l'amiable par voie de
négociations directes. A défaut, le différend est
porté par l'une des parties devant le Sommet (des Chefs d'Etats et de
Gouvernement) qui statue en dernier ressort.»
Source : Convention révisée créant
l'Autorité du bassin du Niger (Faranah, octobre 1987), article 20.
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+ Organisation de Mise en Valeur du fleuve
Sénégal (OMVS)
« A défaut d'entente entre les Etats, tout
différend qui surgirait entre eux, quant à
l'interprétation ou l'application de la présente convention, sera
résolu par la conciliation ou la médiation. A défaut
d'accord, les Etats contractants devront saisir la Commission de conciliation
et d'arbitrage de l'organisation de l'unité africaine. En dernier
ressort, ils saisiront la Cour Internationale de Justice de la Haye ».
Source : Convention relative au statut du fleuve Sénégal (11 mars
1972), article 18
v' Les outils de règlement des conflits selon
l'approche GIRE (Source : Toolbox du GWP)
La GIRE propose pour un règlement efficace des conflits,
les outils suivants :
.. La modération : cet outil est
souvent utilisé dans des situations qui impliquent plusieurs parties,
questions, dont certaines floues, et parties prenantes. Une personne impartiale
participe à la conception et à la conduite de réunions
destinées à résoudre les problèmes, pour aider les
parties à diagnostiquer, à créer et à mettre en
oeuvre des solutions communes.
+ La médiation : est un processus de
négociation basé sur les intérêts. Les parties
choisissent un médiateur acceptable pour les `'guider» dans la
conception d'un processus et l'obtention d'un accord sur des solutions
mutuellement acceptables.
+ L'enquête : vise à clarifier
et à faire des recommandations concernant des différences sur les
données ou les désaccords profonds au moyen d'un ou plusieurs
experts extérieurs.
+ L'arbitrage : les parties présentent
des arguments à un arbitre « juge », et remettent la formation
d'une solution à une partie extérieure.
+ L'estimation : C'est un outil important de
soutien de gestion de conflit. Il peut faciliter le processus de partage des
bénéfices. Même si les estimations ne sont pas possibles en
termes financiers, l'exercice d'estimation des avantages, même
qualitatifs, permet de trouver de meilleures solutions.
+ La modélisation d'une vision partagée
: Sur la base d'hypothèses, il permet d'envisager des
idées sur les meilleurs investissements ou sur les meilleures options.
Cet outil doit être utilisé avec précaution dans des
situations de conflits.
+ Outils d'accès au consensus :
L'établissement du consensus est une stratégie ou
approche utilisée dans le cadre du dialogue intersectoriel portant sur
la politique de l'eau. Il est utilisé essentiellement dans des
situations de moyens ou faibles conflits et tensions. Il peut être utile
lors d'un conflit majeur où les parties ont engagé des approches
légales ou onéreuses qui ont échoué.
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VI- Analyse
Vu la description que nous venons de faire des
déterminants, différents types et causes des conflits liés
à l'eau, et les recommandations de la GIRE pour une prévention et
au pire des cas pour une meilleure gestion de ces conflits, nous pouvons dire,
en résumé, que les conflits ont pour cause :
- La gestion sectorielle de l'eau ;
- L'absence de réglementation claire en matière de
gestion de l'eau ;
- La pénurie d'eau dans la plupart des
agglomérations alors que le pays est qualifié de «
château d'eau de l'Afrique de l'Ouest » ;
- La mauvaise gouvernance du secteur ;
- L'absence de cadre de concertation entre les différents
acteurs ;
- La faible allocation des ressources financières au
secteur de l'eau
- La faiblesse de la qualité rédactionnelle de
certains codes ;
- Le manque de décrets d'application des différents
codes existants ;
- Le manque de connaissances des ressources hydriques existantes
; - L'instabilité institutionnelle ;
-
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VII- Conclusion et recommandations
Environ 1 milliard de personnes dans le monde, soit un
sixième de la population mondiale, vivent dans l'extrême
pauvreté et sont affectées par la maladie, la sous-alimentation,
l'absence d'eau potable, la misère et la marginalisation. Le mode de vie
des personnes les plus démunies est focalisé sur leur
subsistance. Un grand nombre de familles démunies occupent des terres
sur lesquelles elles n'ont aucun droit, vivent dans des agglomérations
de squatters ou des bidonvilles, ou cultivent des terres marginales qui
appartiennent à d'autres et où l'accès à une eau
sûre est insuffisant, voire inexistant. Souvent, les femmes et les jeunes
filles ne peuvent prétendre à aucun bien familial ou du
ménage. Les ménages les plus pauvres sont rarement
raccordés à des infrastructures d'approvisionnement en eau et
d'assainissement ou à un réseau de distribution
d'électricité. Les modalités de paiement des services
(eau, électricité), composées des frais d'installation et
d'un abonnement mensuel, sont souvent trop onéreuses pour les
populations démunies [L'eau, une responsabilité partagée,
2ème Rapport mondial sur la mise en valeur des ressources en eau,
UNESCO].
La Guinée, à l'instar de beaucoup de pays de la
planète est confrontée à une pénurie d'eau
malgré d'abondantes ressources en eau. Cette ressource fugace par
excellence dessert, à partir de la Guinée, la plupart des pays de
la sous- région. A ce titre, elle nécessite une bonne gestion
tant au niveau local, national et transfrontalier. Comme nous l'avons
démontré, sa mauvaise gestion a entrainé des conflits au
niveau national et constitue une menace de conflits transfrontaliers vue sa
position stratégique dans la sous- région et la perspective de
développement de ses secteurs énergétique et
d'alimentation en eau (construction de barrages).
L'eau parce qu'elle est une ressource stratégique,
à usage multiple et de plus en plus rare sera toujours à
l'origine de conflits tant au plan national qu'international. Mais, ce qui est
le plus déterminant, c'est la capacité pour les peuples à
surmonter ces conflits pour faire de l'eau un facteur de paix et de
coopération plutôt qu'un facteur de conflit et de confrontation.
Le dialogue au niveau national et la coopération au niveau international
peuvent grandement y contribuer [GARANE, 2008].
Ce dialogue devrait donc être élargit à
tous les acteurs pour leur permettre de participer à la
définition des problèmes, à la recherche de solutions et
à la mise en oeuvre. Cette approche a plus de chance de réussir
à cause de l'appropriation par les acteurs des résolutions
prises.
Au terme de cette étude, nous recommandons :
- La poursuite de la transition de la Guinée vers la GIRE
;
- L'élaboration et l'adoption d'une politique nationale de
l'eau en concertation avec tous les acteurs concernés ;
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- La révision et l'harmonisation de tous les codes des
secteurs de gestion et d'utilisation de l'eau ;
- La mise en place d'un cadre national de concertation pour
prévenir les conflits ; - L'amélioration de l'accès
à l'eau potable pour les populations ;
- La mise en place des tribunaux de l'eau et leur
opérationnalisation ;
- Le renforcement du principe de subsidiarité ;
- Le développement d'un programme d'information des
acteurs sur les principes et outils de la GIRE ;
- L'application des principes et outils de la GIRE en
matière de prévention et de règlements des conflits
liés à l'eau.
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VIII- BIBLIOGRAPHIE
- Aquastat, base de données de la FAO,
2005
- Arrêté Conjoint n°
1647/MMG/MHE/SGG/01 du 24 avril 2001
- Bureau Guinéen de Géologie
Appliquée, Conakry 2010
- Code de l'eau, Loi n°L/94/ 005/CTRN du 15
février 1994
- Convention relative au statut du fleuve
Sénégal (11 mars 1972), article 18.)
- Convention révisée créant
l'Autorité du bassin du Niger (Faranah, octobre 1987), article
20 - Décret n° 065/PRG/SGG du 4 octobre 2004
- Direction Nationale de l'Hydraulique, Conakry
2010
- Etude 2005 portant sur la création du PNE en
Guinée, Rapport Iwaco 2001
- GARANE A., 2008 : Prévention et
règlement des conflits liés à l'eau : aspects juridiques
et sociaux, 39p (cours Master GIRE, 2008)
- GWP, 2005 : Plan de Gestion
Intégrée des Ressources en Eau : manuel de formation et guide
opérationnel, version française
- Ministère du Plan et Coopération
: Direction Nationale des Statistiques, Conakry 2010
- Niasse M., 2004: Prévenir les conflits
et promouvoir la coopération dans la gestion des fleuves
transfrontaliers en Afrique de l'Ouest. La revue en sciences de
l'environnement sur le WEB, Vol 5
N°1
- PNUD, 2006 : Rapport mondial sur le
développement humain 2006. Au-delà de la pénurie :
Pouvoir, pauvreté et la crise mondiale de l'eau
- Direction Nationale de l'Agriculture :
Politique nationale de développement agricole vision 2015-
juillet 2007
- UNESCO, L'eau, une responsabilité
partagée, 2ème Rapport mondial sur la mise en valeur des
ressources en eau
- Direction Nationale de l'Hydraulique :
Transition vers la Gestion Intégrée des Ressources en
Eau, version provisoire ; juillet 2010
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IX- ANNEXE
IX-1 Budget du projet Tableau 9 : budget
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Actions
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Résultats attendus
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Coût en GNF
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1. Frais de déplacement
pour la collecte des
données et les entretiens (Conakry et Dubréka)
et Photocopie de documents
|
- Des données sur le
sujet collectées ;
|
1
|
000
|
000
|
2.
|
Connexion Internet
|
- Recherche effectuée ;
- Documents envoyés
|
|
500
|
000
|
3.
|
Impession et
reprographie et reliure
|
- Un document original +
50 copies disponibles
|
1
|
000
|
000
|
4.
|
Location Vidéoprojecteur
|
- Equipement
fonctionnel disponible
|
1
|
000
|
000
|
5.
|
Chemises à rabat
|
|
|
250
|
000
|
6.
|
Blocs notes
|
|
|
350
|
000
|
7.
|
Pause déjeuner (atelier de restitution)
|
|
3
|
500
|
000
|
8.
|
Déjeuner (atelier de
restitution)
|
|
6
|
000
|
000
|
9.
|
Primes (participants)
|
|
1
|
000
|
000
|
Total
|
|
|
14
|
600
|
000
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Arrêté le présent budget à quatorze
millions six cent mille francs guinéens. Soit mille neuf cent quarante
sept (1 947 $US).
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IX-2 Photos
Photo1 : forage public à Conakry Photo2 : forage
privé envahi par les habitants (23h 45 TU)
Photo3 : un tuyau défectueux du réseau de
distribution d'eau potable à Conakry
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