A- Choix de la problématique
La problématique objet du présent
mémoire sera déterminée sur la base de l'inventaire des
problèmes réalisé au terme de l'état des lieux de
base. Les problèmes dégagés peuvent se regrouper en deux
grandes problématiques importantes dont la résolution permettrait
une gestion plus structurée, plus concertée et plus harmonieuse
des crises politiques en Afrique. Il s'agit de :
- Problématique du mauvais fonctionnement interne de
l'Union Africaine et son effet sur la gestion des crises politiques en Afrique
;
- Problématique de l'absence de collaboration entre l'UA
et l'ONU dans la gestion des crises politiques en Afrique.
Ces deux problématiques sont d'une importance capitale
pour la résolution des crises politiques qui secouent le continent noir.
Néanmoins, notre travail se concentrera sur la question de la
collaboration qui mérite d'exister entre l'Union Africaine et l'ONU dans
la gestion des crises politiques en Afrique. Sans nier la pertinence de la
première problématique qui s'est dégagée, nous
choisissions la seconde que nous étayerons par les crises libyenne et
ivoirienne.
Cette problématique se justifie par plusieurs raisons.
B- Justification de la problématique
Il importe de rappeler au début de cette partie que
notre problématique concerne la gestion des crises politiques en Afrique
par l'ONU et l'Union Africaine. Plusieurs motifs sous-tendent ce choix.
D'abord, il est important de mettre en exergue l'importance
de cette problématique. En effet, l'Afrique est rongée par de
nombreuses crises qui ne cessent de s'aggraver au fil du temps. Dans son
ouvrage « La résolution des conflits en Afrique », Zartman
(1990) distingue six grandes causes de conflits en Afrique : « les luttes
pour le pouvoir consécutives à la décolonisation (Angola,
Zimbabwe, Namibie et Sahara) ; les problèmes liés à la
consolidation de l'État-Nation après l'indépendance
(Shaba, Ogaden, Angola, Tchad) ; les conflits entre mouvements de
libération nationale rivaux (les divers mouvements au Tchad) ; les
litiges frontaliers nés de l'identification d'un territoire mal
défini comme du conflit entre le Bénin et le Niger relative
à l'île de Lété, entre le Mali et le Burkina Faso,
entre le Cameroun et le Nigeria, en dépit du dogme de
l'intangibilité des frontières admis par l'Organisation de
l'Unité Africaine ; les rivalités structurelles ou
traditionnelles (par exemple entre le Maroc et
l'Algérie) ; l'emballement des moyens et l'introduction d'armes
étrangères».
Mais depuis quelques années, l'Afrique est
confrontée à de récurrentes crises politiques qui naissent
généralement des coups d'Etat militaires ou des contestations.
Ces contestations sont soit consécutives aux contentieux
électoraux (cas du Gabon en 2009, de la Côte d'Ivoire en 2010, de
la République Démocratique du Congo en 2011) ; soit avec pour
objectif de renverser un régime en place (cas du printemps arabe en
2011). Certaines de ces crises internes qui sont dans le fond purement
politiques se transforment en conflits armés (cas de la Libye et de la
Côte d'Ivoire). L'ONU et l'Union Africaine sont désormais
confrontées au problème de règlement de ces crises
politiques. Le chapitre VIII de la charte des Nations Unies règle la
question de la collaboration qui doit exister entre ces deux organisations,
mais ce mécanisme de règlement des conflits reste sujet à
des difficultés dans son application. Il s'avère donc important
pour nous que cette problématique soit étudiée.
Ensuite, notre choix a également été
guidé par l'actualité de cette problématique. Les conflits
et les crises constituent un problème récurrent en Afrique, dont
ils continuent de dominer l'actualité. L'année 2011 -
année de la fin de notre formation - aura été
particulièrement marquée par la dose importante de crises et de
tensions politiques nées en Afrique. Et 2012 a commencé par
connaitre les siennes. Dans un tel contexte, nous estimons que l'étude
de la présente problématique est non seulement importante, mais
surtout un acte d'utilité publique. Car elle pourra participer à
une meilleure gestion des conflits encore en cours et de celles qui
naîtront. C'est surtout pour rester coller à l'actualité
que nous avons pris comme cas d'étude, les crises libyenne et
ivoirienne. Le choix de ces deux conflits ne s'est pas basé sur des
considérations de ressemblances ou
de dissemblances qui existeraient entre eux, mais il faut
surtout noter que ces derniers constituent les deux crises majeures de
l'année 2011 en Afrique. Et leur règlement continue de faire
couler beaucoup d'ancre et de salive ; notamment en ce qui concerne le
rôle joué par l'UA et l'ONU dont l'intervention ne peut passer
inaperçue.
Enfin, c'est l'originalité de cette
problématique qui nous a séduit. La recherche documentaire dans
le répertoire des mémoires antérieures de l'ENAM nous a
permis de constater que l'étude de la gestion concertée et
complémentaire des crises politiques par l'ONU et l'Union Africaine
reste encore un terrain vierge. Certes, il existe des mémoires sur le
règlement des conflits ou encore sur le maintien de la paix et de la
sécurité, mais ils sont traités en rapport à une
organisation internationale précise. La problématique de la
collaboration de l'ONU avec l'Union Africaine dans la gestion des crises
politiques est purement nouvelle.
La problématique justifiée, il faut maintenant la
spécifier afin d'en déterminer la démarche à suivre
pour sa résolution.
II- Démarche de résolution de la
problématique
Avant de déterminer les séquences de
résolution de la problématique, nous énumérerons
les problèmes spécifiques du travail.
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