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INTRODUCTION GENERALE
Le climat économique et financier international a
commencé à se dégrader à partir du premier choc
pétrolier de 1973. Le phénomène s'est poursuivi
après le choc intervenu en 1979, malgré une timide reprise
économique amorcée au début des années 80 par les
pays industrialisés.
Dans les pays en développement en général
et ceux d'Afrique subsaharienne en particulier, les effets de cette crise ont
été ressentis d'autant plus durement que leurs économies
sont demeurées désarticulées et fortement
dépendantes de l'extérieur.
En effet, les années 1980 ont souvent été
décrites comme la décennie perdue du développement pour
beaucoup de pays en voie de développement, crises alimentaires et
famines sévissant fortement en Afrique. A cette époque, les
progrès en télécommunications permettent aux populations
des pays riches d'être le témoin des conséquences des
sécheresses et des guerres civiles ; ceci va résulter en une
mobilisation massive des populations des pays développés vis
à vis des populations touchées dans les pays en voie de
développement.
Dans la perspective de renversement de cette tendance, les
chefs d'Etats africains, par l'adoption en Avril 19801 du plan
d'action de Lagos, accordent une priorité à l'autosuffisance
alimentaire et, par conséquent, considèrent le
développement rural comme un domaine privilégié
d'activités productives recelant d'énormes potentialités
de croissance économique.
L'examen de la situation alimentaire des pays d'Afrique en
général et du Bénin en
particulier montre que les disponibilités alimentaires
résultent des productions nationales mais également des
importations et de l'assistance alimentaire. C'est ainsi que ces
différents pays bénéficient de l'aide alimentaire fournie
par les pays développés qui connaissent une surproduction
agricole, liée à la performance de leur agriculture.
Dans ce cadre, l'aide alimentaire est considérée
comme un moyen dans le processus complexe de la sécurité
alimentaire. Fondamentalement, l'aide alimentaire permet d'accroître
l'offre ; à travers son ciblage sur certain bénéficiaires,
elle renforce l'accessibilité de ces populations ; par son type de
distribution employé (par exemple : réserve et/ou stock
d'urgence), elle peut
1 Cours d'Intégration Economique 2009-2010 de
Michel DEDEHOUANOU.
contribuer à la stabilité, du fait de ces
contributions et de la reconnaissance de la nécessité d'atteindre
un certain niveau de sécurité alimentaire dans les Pays en voie
de Développement. C'est pourquoi il nous a donc paru important
d'étudier les relations existants entre l'aide alimentaire et la
production agricole au Bénin. Le présent mémoire,
intitulé «Aide Alimentaire au Bénin : enjeux et perspectives
sur la production céréalière», s'inscrit bien dans
cette logique, il est structuré en trois chapitres :
- le premier dresse le cadre théorique et
méthodologique de l'étude ;
- le deuxième présente l'analyse empirique de
l'aide alimentaire ;
- le troisième présente l'analyse des
résultats de notre étude avant d'aboutir aux recommandations de
politique économique qui en découlent.
CHAPITRE 1 : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
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SECTION 1 : CADRE THEORIQUE
Paragraphe 1- Problématique
La situation économique actuelle du Bénin est
l'aboutissement de profonds changements qu'a connus le pays au cours de la
dernière décennie (libéralisation économique,
dévaluation...). La mise en place du troisième Programme
d'Ajustement Structurel (PAS 1995-1997), la poursuite de la politique de
libéralisation de l'économie, et dans le secteur agricole par la
forte croissance de la production cotonnière et des exportations.
En effet, l'économie béninoise est
fondamentalement liée à l'agriculture (31.8% du PIB), et
représente 88% des recettes d'exportation et 70% de sa population active
se consacre à cette activité (INSAE, 2008). La population qui
s'adonne à l'agriculture est estimée à 3,2 millions
d'habitants dont 51% de femmes (INSAE, 2002). La plupart des agriculteurs
béninois sont des petits exploitants dont la taille des exploitations
varie du Nord au Sud.
Malgré cela, la production agricole du Bénin
assure en général l'autosuffisance pour les tubercules et les
légumineuses, tandis qu'elle est déficitaire en ce qui concerne
le riz et les productions animales surtout celles d'origine halieutique
malgré son fort potentiel de production sur pratiquement tout le
territoire. Au total, productions vivrières, animales et halieutiques
procurent des ressources globalement suffisantes pour mettre le pays à
l'abri de la famine, mais les familles rurales ont de plus en plus des
difficultés à joindre les deux bouts.
En vue de parvenir à une relative satisfaction de la
demande de produits alimentaires, une aide alimentaire externe est
nécessaire pour combler le déficit alimentaire. C'est ainsi que
bon nombre de pays se sont proposés d'aider directement le Bénin,
à travers le transfert de ressources alimentaires, à faire face
à une crise persistante de déficit alimentaire et nutritionnel.
Dans la question de l'aide alimentaire il y a la question sous-jacente de
l'insécurité alimentaire, car, considère t-on à
tort ou à raison comme le fondement même de cette idée de
l'aide alimentaire.
C'est pourquoi le Bénin bénéficie, depuis
plusieurs décennies, de l'aide alimentaire par le biais des accords,
bilatéraux et multilatéraux, signés avec les pays amis et
les institutions
internationales en vue de soutenir ces activités
économiques et sociales (constructions, de marché, hôpital,
d'école...) à travers des projets de développement.
A propos de la philosophie de l'aide alimentaire. Les points de
vue divergent selon les observateurs :
- certains pensent que l'aide alimentaire peut créer des
impulsions positives sur la croissance économique et garantir la
sécurité alimentaire ;
- pour d'autres, elle décourage la production, entretient
la paresse et, par conséquent, crée une fâcheuse situation
de dépendance alimentaire, voire économique.
Face à une telle controverse nous restons perplexes sur la
pertinence. A cet égard certaines interrogations nous paraissent
nécessaires : quel est l'état de la sécurité
alimentaire au Bénin ? Quel est l'impact de l'aide alimentaire sur la
production au Bénin ? Existe-il un niveau optimal d'aide alimentaire par
rapport à la production agricole au Bénin ? C'est à ces
interrogations que s'atèle cette étude qui apportera des essais
de réponses à travers des objectifs précis.
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