Je tiens à remercier pour leur aide lors de la
réalisation de ce mémoire :
Marie-Laure Bernadac, chargée de mission pour l'art
contemporain au musée du Louvre, Simon Njami, écrivain et
commissaire d'exposition, Elvan Zabunyan et Valérie
Mavridorakis Odile Blin, Soly Cissé, Viyé Diba,
Barthélémy Toguo, pour leur précieuse
collaboration, ainsi que Marie-Laure Delanef et Bertrand Guné.
Á Rigobert Aimé Ndjeng et à Jacques
Joulia.
« La synthèse nécessaire du passé et
la projection sur l'avenir sont problématiques. Nous tâtonnerons
encore. Nous chercherons toujours à comprendre
l'incompréhensible, à saisir l'insaisissable. Mais que l'on ne se
méprenne pas sur ce long rappel. Africa Remix est avant tout
une exposition d'art contemporain. Néanmoins, aborder le fait
contemporain en Afrique conduit inévitablement à relire
l'histoire. Il implique également de créer un cadre
théorique qui rende les différents aspects de cette exposition
accessibles à un large public. C'est ainsi que, plutôt que
d'aborder une énième fois la question de l'existence d'une
création africaine contemporaine, homogène et solidaire,
avons-nous choisi de nous intéresser aux artistes et à leurs
productions. De mettre en avant les individus, plutôt que de les noyer
dans les brumes d'un débat qui ne les concerne pas
nécessairement. Nous n'entendons pas, de façon abstraite,
définir ce que serait le fait contemporain en Afrique. Au contraire,
c'est à travers les oeuvres et elles seules qu'apparaîtront les
réponses, ou du moins les pistes d'une réflexion
renouvelée1. »
« La culture est au début et à la fin du
développement2. »
SOMMAIRE
1 Simon Njami, « Chaos et métamorphoses
», in AFRICA REMIX L'art contemporain d'un continent, cat. expo.
Paris, éditions du Centre Georges Pompidou, 2005, p. 25.
2 Slogan lancé par Léopold
Sédar Senghor lors de la création du premier ministère de
la culture issu de l'ouvrage de Seck Assane, Sénégal,
émergence d'une démocratie moderne, 1945-2005 un
itinéraire politique, Paris, Karthala, 2005, p. 88.
1- De la genèse de l'exposition à la
« métamorphose du chaos » : les objectifs et les enjeux de la
plus importante exposition d'art contemporain africain à
Paris
A. Genèse et objectifs de l'exposition p
9
B. Parcours des commissaires p 12
C. Éligibilité des artistes p
18
D. Identité africaine, circonscription d'un
espace géographique
et syncrétisme dans l'exposition p 20
. Être un artiste africain aujourd'hui ? Quelle
appartenance géographique ? p 20
. L `inclusion de l'Afrique du Nord p 23
. La diaspora p 25
. Le syncrétisme dans l'exposition p 26
E. Quelle contemporanéité pour les
artistes africains ? p 29
2- Description de l'exposition et mise en perspective des
objectifs du projet curatorial initial, de ses réussites et de ses
faiblesses
A. Le contexte institutionnel p 33
. Historique croisé de l'exposition et de
l'institution p 33
. Missions de l'institution p 33
. Inscription de l'exposition dans cet espace p 34
B. Description de l'exposition. Données physiques
p 36
. Dimensions de l'espace d'exposition p 36
. Cloisons / cimaises / chicanes / pièces de
projection p 36
et dispositifs particuliers
. Plafond / sol / couleur des murs p 38
. Éclairage p 39
. Environnement sonore / technique p 40
. Signalétique / cartels / communication p 40
C. Description de l'exposition. Données
conceptuelles :
le paysage général de l'exposition,
détails et enjeux de l'accrochage
. Rôle de la scénographie dans la
présentation des oeuvres p 43
. Titre de l'exposition p 44
. Identité et histoire, Ville et terre, Corps et
esprit, Design, mode et musique p 46
. Artistes / données générales sur les
oeuvres p 51
. Cheminement / regroupement des artistes p 52
. Autour de l'exposition : colloque,
évènements, marketing p 53
. Itinéraire de l'exposition p 53
3 - L'art contemporain d'un continent : échec
d'une exposition géographique ou nouvelle posture face à l'art
contemporain africain ?
A. Historique des principales expositions «
africaines » p 56
B. Réception critique de l'exposition p
63
C. La réponses des commissaires p 66
4 - Quel avenir pour l'art contemporain en Afrique
après l'exposition Africa Remix ?
A. Africa Remix, et après ? La vision du
commissaire général p 70
B. Vers la construction d'un « noyau
endogène » africain.
L'apport des Cultural et Postcolonial
Studies p 72
C. La question des institutions et de la formation
:
Quel avenir pour l'art contemporain en Afrique ?
p 74
Conclusion p 81
Bibliographie p 83
Introduction
L'exposition Africa Remix, l'art d'un continent,
s'est déroulée au Centre national d'art et de culture Georges
Pompidou du 25 mai au 8 août 2005. Cette exposition collective a
été organisée par le Musée national d'art moderne -
centre de création industrielle. Présentée une
première fois à Düsseldorf au Museum Kunst Palast,
passée par Londres à la Hayward Gallery avant de venir à
Paris et de finir au Moderna Museet de Stockholm, au Mori Museum de Tokyo puis
à la Johannesburg Art Gallery de Johannesburg en juin 2007, elle
regroupait quatre-vingts deux artistes et plus de deux cents oeuvres. Depuis
Magiciens de la Terre en 1989 (qui proposait à la fois des
artistes Africains et Occidentaux), aucune exposition « africaine »
de cette envergure n'avait été proposée au public et elle
a constitué pour un grand nombre de visiteurs, une
révélation majeure et surprenante de la création de ce
continent. Saluée par de trés nombreux articles de presse en
France et à l'étranger comme une « mise en vue de
l'étonnant foisonnement créatif du continent Africain durant ces
dix dernières années »3, elle a toutefois
souffert de nombreuses critiques de la part de ses détracteurs la taxant
de foire tribale ou encore de vitrine d'exposition de l'Afrique du Sud. Elle a
en tout cas suscité un engouement considérable de la part des
visiteurs tout autant que de la part de la critique nationale et
internationale.
Lorsque j'ai visité cette exposition, je rentrais d'une
mission d'un an au Cameroun, et son aboutissement formel ainsi que le prestige
du lieu oü elle était présentée, m'ont fortement
interpelée. Elle contrastait évidemment avec l'échelle des
expositions que j'avais pu voir sur le continent Africain lors de mon
séjour ; et sa technicité, - j'entends par là le grand
nombre d'oeuvres vidéo et d'installations qui y étaient
montrées - m'a énormément séduite. Cette
séduction s'est certainement opérée principalement par le
contraste géographique et culturel qu'elle suscitait en moi après
mon séjour au Cameroun. Peu de temps après, des
résonnances critiques me sont apparues, à la suite des nombreux
témoignages d'artistes Africains avec lesquels je m'entretenais à
ce sujet. Cette exposition soulevait des ambiguïtés politiques,
sociologiques, esthétiques ou curatoriales, et en dehors de mon grand
intérêt pour l'Afrique et pour ses diverses expressions, les
riches polémiques qu'elle engendrait ont motivé le choix de ce
sujet pour mon mémoire de Master 2 professionnel « Métiers
et Art de l'exposition ». J'y ai vu une occasion unique d'embrasser et de
comprendre, dans un regard synthétique, toutes les tensions que je
pressentais dans les
nombreux voyages et rencontres que j'avais effectué en
Afrique. Je sentais également sourdre de cette exposition d'autres
tensions plus individuelles au fur et à mesure que je m'entretenais avec
ses principaux protagonistes. Ces tensions me semblaient liées aux
questions de la personnalité des commissaires d'exposition et par
conséquent à celle de la sélection des artistes. Ces
constatations me ramenaient ainsi sans cesse à la question qui
m'intéresse depuis des années : quel avenir pour l'art
contemporain en Afrique et comment participer au renouvellement de la forme des
expositions en Afrique et en Occident ?
J'essaierai donc dans ce mémoire de développer
mes arguments à travers certains points qui me paraissent importants
dans cette problématique comme l'emprunt des termes diaspora ou
syncrétisme utilisés par les commissaires de cette exposition.
Dans la première partie, nous essaierons de comprendre
les enjeux de cette exposition, par l'étude de sa genése et de
ses objectifs. S'il est clair qu'Africa Remix est avant tout une
exposition collective dont le but est de donner un panorama de la
création contemporaine africaine, il convient aussi de s'interroger sur
les critéres qui ont permis aux commissaires de rassembler ces artistes.
Qui sélectionne les artistes Africains et sur quels critères ?
Comment ces critères de sélection sont-ils définis ? La
question de l'identité africaine est bien sûr une des
étapes clefs de notre réflexion en ce qu'elle détermine le
cadre théorique de cette exposition. Qui est Africain et que signifie
l'inclusion des artistes d'Afrique du Nord et de la diaspora dans Africa
Remix ? Je m'interrogerai aussi sur la légitimité d'une
telle exposition « géographique ». Quelle Afrique est-elle
révélée dans cette exposition : une Afrique
géographique, historique, ethnologique ? Est-il justifié à
l'heure actuelle de présenter l'art d'un continent et de circonscrire
une exposition à un espace géographique ? Ces
considérations spatiales interrogent en même temps deux lieux : le
lieu de la provenance des artistes et le lieu de reconnaissance de leur art.
Marie-Laure Bernadac répond à la question « Pourquoi
l'Afrique ? » en affirmant « qu'elle était jusqu'à
présent le morceau du puzzle manquant de la nouvelle carte mondiale de
l'art »4. Pourquoi un tel manque sur la scene mondiale de l'art
contemporain ?
Dans cette même partie, je questionnerai aussi la notion
de contemporanéité. Que signifie exactement le vocable «
art africain contemporain » ? Si la contemporanéité
correspond à l'existence à la même période de
plusieurs êtres ou de plusieurs choses ou bien encore au
caractère actuel de quelque chose, de quelle
temporalité parle-t-on ici ? D'une temporalité collective qui
révélerait une communauté de pensée
esthétique et qui constituerait l'art contemporain africain ?
Dans la deuxième partie du mémoire, je
m'attacherai à décrire cette exposition le plus
précisément possible, puis je développerai dans un second
temps toutes les données conceptuelles qui la composent afin de
révéler concrètement certains points problématiques
ou significatifs de la scénographie de l'exposition.
Dans la troisième partie de mon exposé, nous
procéderons à un bref historique des principales expositions
« africaines » en Occident puis nous analyserons la réception
critique de l'exposition et les réponses des commissaires face à
ces critiques.
Dans la quatrième et dernière partie, je
m'interrogerai sur la manière dont les artistes Africains pourront par
la suite construire ce que Simon Njami appelle un «noyau endogène
» capable de résister à la grande uniformisation culturelle,
tout en procédant à des syncrétismes culturels,
esthétiques et conceptuels (syncrétisme que l'on pourrait
définir appliqué à l'art comme la création de
nouveaux ensembles culturels qui trouvent une nouvelle cohérence
à partir de plusieurs cultures différentes). Ces visions
conceptuelles ne vont pas sans se rapprocher du concept de
créolité cher à Patrick Chamoiseau et à ses
fondateurs antillais. Cet aller retour incessant entre noyau endogène et
syncrétisme intégrateur, entre afrocentrisme et
créolité, sera donc aussi un point important de notre
démonstration.
Enfin, le dernier point de ce mémoire tentera de
démontrer qu'une des suites logiques d'Africa Remix serait le
développement de structures dans les pays Africains, permettant ainsi
aux artistes de construire leurs propres critères esthétiques et
éthiques.
1- De la genèse de l'exposition à la
« métamorphose du chaos » : les objectifs et les enjeux de la
plus importante exposition d'art contemporain africain à Paris
Pour ce qui concerne la genése de l'exposition,
l'idée d'une grande exposition d'art contemporain africain
itinérante passant par Paris serait née d'un projet entre David
Elliott et Jean-Hubert Martin. Selon Marie-Laure Bernadac, « [...]
après les Magiciens de la terre et les positions très
critiques pour lesquelles avait opté la Revue Noire
vis-à-vis de cette exposition, il aurait été difficile
pour Simon Njami et Jean-Hubert Martin de concevoir ensemble cette exposition.
Donc David Elliott a demandé à Simon Njami de penser cette grande
exposition quand il était encore à Stockholm, puis comme il est
parti pour Tokyo, l'idée de l'itinéraire de l'exposition s'est
amorcée, en la proposant également à Jean-Hubert Martin
qui était à Düsseldorf. David Elliott a toujours eu comme
Simon une vision très large de l'art africain. Ce qui était
intéressant, c'est que nous avions Jean-Hubert Martin et sa vision
« post-magiciens », avec son évolution propre, Simon Njami
avec la Revue Noire, la biennale de la photographie de Bamako, et une
autre analyse, mais qui a apporté d'autres jeunes artistes, et David
Elliott qui avait comme moi une connaissance large avec notamment la sculpture
Shona d'Afrique du Sud et en tant qu'anglais, toutes les expositions qu'il
avait vu et organisé à Oxford, tout cela sans
aprioris...»5. La participation de cette derniére s'est
d'ailleurs effectuée dans un deuxiéme temps, sur la demande de
Bruno Racine. « J'avais été chargée, en 2002 par le
quai Branly, d'écrire un rapport pour définir la politique
à mener en matiére d'art contemporain, pour
réfléchir aux projets à mettre en place, aux grandes
orientations... Dans la conclusion de ce rapport, je disais qu'il était
absolument nécessaire d'organiser une grande exposition d'art africain
qui contrebalance l'image trés ethnographique de la création du
continent Africain, qui permette à la France de rattraper son retard et
qu'il était nécessaire que Paris se positionne dans cette
nouvelle scene artistique mondiale, transnationale dont l'Afrique était
certainement le dernier morceau du puzzle manquant»6. Quoi
qu'il en soit, l'idée de cette exposition serait donc plutôt
née de la rencontre de David Elliott et de Simon Njami (ce que confirme
également ce dernier).
Le premier objectif d'Africa Remix est de proposer
une vision globale de la création d'un continent. Ce premier objectif
est d'ailleurs reflété par le titre : L'art d'un
continent. Le communiqué de presse de l'exposition résume
l'ensemble des objectifs comme suit :
5 Voir entretien avec Marie-Laure Bernadac, Volume
annexes, annexe 27, p.127.
6 Entretien avec Marie-Laure Bernadac mené par
Clémentine Dirié le 7 juin 2005, article disponible en ligne sur
le site
http://www.paris-art.com.
« Après le monde chinois avec Alors, la Chine
? en 2003, le Centre Pompidou explore la scène artistique africaine
pour affirmer que :
- l'Afrique n'est pas un pays mais un continent. L'art
Africain illustre la complexité et la multiplicité des influences
religieuses, coloniales, ethniques, etc.,
- l'art contemporain africain se positionne, au même
titre que l'art contemporain européen, pas seulement comme une
représentation uniquement esthétique mais aussi comme une
illustration historique, politique, idéologique.
Ainsi, l'exposition réunit des artistes vivants en
Afrique ainsi que des artistes massivement répandus dans le monde
entier, principalement pour des raisons historiques. Les artistes originaires
d'Afrique restent attachés au continent : l'Afrique est plus qu'un
territoire, c'est une identité. Á la fois proche et lointaine,
l'Afrique demeure un sujet de fascination et de fantasmes. Africa
Remix invite à réfléchir à ce qu'est
l'Afrique, à découvrir ce continent en sortant des sentiers
battus et des lieux communs»7. Nous constatons donc ici
qu'Africa Remix s'articule autour de deux points nodaux :
l'identité géographique africaine et l'affirmation de cette
identité sous tous ses aspects. Nous nous plaçons donc sous un
angle collectif : l'identité africaine ; et individuel : l'artiste mis
en exergue pour sortir d'un certain carcan identitaire. Néanmoins, il ne
s'agit pas ici d'une exposition thématique mais d'une autre forme
d'exposition sur l'Afrique que Marie-Laure Bernadac nomme, en hommage à
Michel Leiris, « L'Afrique fantôme ». L'Afrique n'est, selon
elle, pas un theme, et elle argumente son propos de la manière suivante
: « Au-delà de la situation géographique, le critére
est surtout celui du lien, même indirect, avec l'Afrique, soit que les
artistes y habitent, soit qu'ils en sont directement ou indirectement
originaires. Ils ont forcement pris dans un héritage, un environnement
et un contexte. Il y a un enracinement dans l'histoire africaine, qui est
d'ailleurs aussi diverse qu'il y a d'Afriques. On a essayé de montrer
les parallèles possibles entre les histoires particulières et les
histoires collectives»8.
Concernant les objectifs de cette exposition, nous pouvons
donc dire qu'il s'agit d'une sorte de dialectique de l'un et du multiple, d'une
unité dans la diversité, qui conduit à une contradiction,
exprimée par Simon Njami dans la phrase suivante: « Le discours de
l'exposition est justement contradictoire : ce serait plutôt de dire :
bien que les artistes
7 Communiqué de presse de l'exposition :
http://www.Centrepompidou.fr/Pompidou/Communication.nsf/docs/ID7CAB9B59A2F72701C1256FE4005146
08/$File/CP%20AFRICA%20REMIX.pdf.
8 Interview de Marie-Laure Bernadac par
Clémentine Dirié, op.cit., p.10.
d'Africa Remix viennent grossièrement du
même endroit, ils ont des parcours différents et on ne peut pas
les résumer à leur origine commune»9.
Enfin, un des partis pris de l'exposition est de faire sortir
les artistes Africains d'une vision autodidacte, cosmogonique voire magique de
leurs pratiques. Dans le texte « Chaos et
métamorphoses»10 , Simon Njami explicite la nouvelle
posture qu'il envisage pour Africa Remix, à l'opposé de
celle adoptée par Jean-Hubert Martin pour les Magiciens de la
terre, nécessaire en son temps, mais aujourd'hui
dépassée. Dans le même texte, il définit trois
périodes clefs dans l'évolution de la conception de l'art
Africain par les artistes euxmêmes :
- Les années 1960 oü les artistes, portés
par le grand oeuvre de Léopold Sédar Senghor ou de Cheikh Anta
Diop se recentrent sur leur identité africaine, sur leurs racines et
leurs origines,
- les années 1980 oü il n'est plus question
d'afrocentrisme mais d'une uniformisation identitaire ou seule compte
l'affirmation d'être un artiste parmi d'autres,
- et enfin la période actuelle où « l'art
africain contemporain se situe au point de rencontre de l'éthique et de
l'esthétique, et renoue avec le lien politique»11.
L'artiste Africain s'exprime aujourd'hui pour questionner, au
même titre que tous les artistes de la scène internationale, notre
environnement politique, économique, sociologique ou encore religieux,
afin d'en restituer une oeuvre personnelle mais fédératrice
d'énergies et de discours partagés.
B. Parcours des commissaires
Nous nous concentrerons ici sur les deux commissaires
directement concernés par l'exposition Africa Remix à
Paris : Simon Njami, commissaire général pour l'ensemble des
expositions, et Marie-Laure Bernadac, commissaire d'exposition pour le Centre
Pompidou. Nous présenterons aussi brièvement les deux autres
commissaires responsables de l'exposition à Tokyo et à
Düsseldorf, c'est-à-dire respectivement David Elliott, et
Jean-Hubert Martin.
9 « L'Afrique n'est plus une thématique »,
entretien avec Simon Njami, préparé par Cédric Vincent et
Frédéric Wecker, in art 21 magazine, n°3,
juillet/août 2005, p.14.
10 Simon Njami, «Chaos et métamophoses
», op.cit., p.3.
11 Idem, Interview de Marie-Laure Bernadac par
Clémentine Dirié, op.cit., p.10.
. Simon Njami - Commissaire général d' Africa
Remix
Simon Njami est né en 1962 en Suisse, de parents
camerounais. Il se présente luimême comme un écrivain et un
critique d'art avant d'être commissaire d'exposition. Il a
édité plus d'une dizaine de livres dont des romans : Cercueil
et Cie (1985), Ethnicolor (1987), African Gigolo (1989)
; des biographies : James Baldwin ou le devoir de violence
(1991) ou encore C'était Léopold Sédar
Senghor (2006) ; des catalogues de biennale : Black Paris - Kunst und
gesichichte einer schwarzer diaspora (2007) ou Biennale photographique
de Bamako 2003 ; et enfin des ouvrages pour les enfants : Les enfants
de la cité et Les clandestins (1989). Il a
également commis nombre d'articles, d'essais et de textes pour des
expositions et des événements d'art contemporain dans le monde
entier et coédité de nombreux ouvrages parmi lesquels
Anthologie de l'Art africain au XXème siècle
en 2002. Il est à l'origine en 1991 de la création avec
Jean-Loup Pivin et Pascal Martin Saint Léon du magazine sur les arts
africains la Revue Noire. Il est également commissaire
indépendant et consultant en Arts Visuels auprès de Cultures
France. Il a aussi organisé en 2001, 2003 et 2005 les rencontres de la
photographie contemporaine à Bamako puis Africa Remix la
même année. En 2007, Simon Njami a été commissaire
du Pavillon Africain Check List Luanda Pop de la
52ème biennale d'art internationale de Venise. Il a aussi
organisé d'autres expositions comme L'Afrique par
elle-même, à Paris, Washington, et Londres en 1998 et 1999,
El Tiempo de Africa à Las Palmas (2000) et à Madrid
(2001), ou encore Fagments of Africa, ARCO, Madrid (2004), ainsi que
la section africaine de la biennale de Sao Paulo en 2004. Personnage
très controversé de l'art contemporain africain, éternel
détracteur et tout à la fois ami de Jean-Hubert Martin, d'Okwui
Enwezor ou d'André Magnin, Simon Njami a su s'imposer sur la scene
artistique internationale comme une référence absolue dans l'art
contemporain africain. Dans un même temps très critiqué par
ses pairs, et connu pour ses volées de bois vert et ses prises de
position tranchées, les artistes parlent volontiers d'un «
réseau Simon Njami », auquel il vaudrait mieux appartenir pour
prétendre à certaines opportunités d'exposition. Ces
critiques sont peut-être proférées sous le coup de la
jalousie ou de rancoeurs d'artistes non sélectionnés pour
certaines expositions, mais Simon Njami reste un pilier de l'art contemporain
africain en France et à
l'étranger, au même titre qu'André Magnin et
ou que Jean-Hubert Martin, personnages qui ont su donner à voir et
à penser, dans un territoire quasi vierge où tout semblait «
à faire ».
. Marie-Laure Bernadac - Commissaire d'exposition pour le
Centre Pompidou
Née en 1950 à Paris, titulaire d'une
maîtrise d'histoire et diplômée de l'École du Louvre,
Marie-Laure Bernadac a été successivement documentaliste au MNAM,
Musée National d'Art Moderne, conservateur au Musée Picasso (de
1980 à 1992) puis au MNAM et au Centre Georges Pompidou (responsable du
cabinet des estampes) jusqu'en 1997. Elle fut ensuite directeur adjoint des
Musées de Bordeaux et du CAPC, Musée d'art contemporain de
Bordeaux. Elle est, depuis 2007, chargée de l'art contemporain au
Musée du Louvre. Elle a été commissaire de plusieurs
expositions sur Picasso, Louise Bourgeois, Anish Kapoor, Jenny Holzer, ou
Miquel Barcelo ; et d'expositions incontournables comme
Féminin-masculin, le sexe de l'art en 1995, et
Présumés innocents, l'art contemporain et l'enfance en
2000. Pour cette dernière exposition, elle a été mise en
examen, six ans plus tard, avec le directeur des musées de
l'époque (aujourd'hui directeur de l'École Nationale des
Beaux-arts de Paris), Henry-Claude Cousseau, pour « diffusion d'images
à caractére pornographique » et « corruption de mineur
». Auteur de plusieurs ouvrages sur Picasso et Louise
Bourgeois, Marie-Laure Bernadac a publié en 2007 un catalogue sur
cette dernière, et a organisé conjointement une exposition
rétrospective au Centre Pompidou : Louise Bourgeois, du 5 mars
au 2 juin 2008.
Personnage incontournable de l'art contemporain, elle dit
à propos de sa rencontre avec l'art contemporain africain et
d'Africa Remix : « Je connaissais déjà
Barthélémy Toguo, Mounir Fatmi... Il y avait un certain nombre
d'artistes que je ne connaissais pas qui ont été choisis par
Simon Njami. Nous avons crée un comité : Simon Njami, Jean-Hubert
Martin, Roger Malbert, David Elliott et moi-même. Simon Njami connaissait
déjà très bien la photographie puisqu'il avait
organisé plusieurs expositions et je connaissais les artistes par les
livres, tous les artistes des Magiciens de la terre puisque que
j'avais vu cette exposition sans connaître les artistes personnellement.
Il y a un certain nombre de choses que j'ai découvert par les
catalogues, par les expositions à Venise, à la Documenta oü
j'ai vu les oeuvres, mais surtout j'ai voulu rajouter, élargir, le choix
des artistes à l'Afrique du Nord. J'ai rencontré directement les
artistes sur les biennales : un besoin de vérifier humainement la
sélection effectuée. Donc entre ce
mélange de culture livresque, de visites d'expositions et de contacts
personnels, j'ai aussi découvert les artistes lorsque je suis
allée à Dakar, à Bamako, sur le terrain. Il s'agissait de
vérifier des intuitions théoriques, conceptuelles, vues sur des
images, avec les oeuvres, avec des artistes, engager des discussions etc.
»12 .
. Jean-Hubert Martin - Commissaire d'exposition pour le
Museum Kunst Palast, Düsseldorf
Successivement directeur de la Kunsthalle de Berne de 1982
à 1985, directeur du Musée d'art moderne, du Centre Pompidou de
1987 à 1990, directeur artistique du Château d'Oiron (1991-1994),
puis directeur du Musée national des arts d'Afrique et d'Océanie,
Jean-Hubert Martin est depuis lors directeur du Museum Kunst Palast de
Düsseldorf. Il a été le commissaire de très
nombreuses expositions emblématiques telles que les Magiciens de la
terre en 1989, Partage d'exotismes à la Biennale de Lyon
en 2000 et Autels en 2001 au Museum Kunst Palast de Düsseldorf.
Á propos des Magiciens de la terre, l'actuel directeur du
Museum Kunst Palast de Düsseldorf se prête à la petite
histoire mille fois ressassée. « Lorsque j'ai
présenté l'idée au début des années 1980
dans le cadre d'une Documenta, elle a été balayée.
C'était impensable pour des gens de l'art contemporain. C'était
une telle remise en question d'un réseau. Ayant voyagé
trés jeune en Asie, j'ai dû avoir prématurément ce
sentiment de la mondialisation qui est aujourd'hui une tarte à la
crème. »
Cette grande exposition, controversée ou adulée,
déterminera la trajectoire internationale de Jean-Hubert Martin. Bien
qu'homme d'institution, il s'est souvent retrouvé à la marge.
« Il n'a pas eu que des succés, mais ce qui
frappe, c'est sa bonne humeur stratégique et bon enfant », remarque
son ami Thierry Raspail, directeur du Musée d'art contemporain de Lyon.
« Jean-Hubert Martin est sans cesse en recherche, il traque le sens,
quitte à remettre en question ses certitudes.», observe
André Magnin, son collaborateur sur les Magiciens de la terre.
« C'est un électron trés, trés libre, qui a compris
que ce sont les artistes qui font les institutions et non l'inverse. Pour lui,
la conversation avec un artiste ne s'arrête pas à 19 heures. Son
intérêt pour l'art ne se résume pas non plus à un
abonnement Air France Paris-New York.», résume l'artiste Bertrand
Lavier. Jean-Hubert Martin revient à Beaubourg en 1987, et organise les
Magiciens de la Terre. « Beaucoup ont compris que
12 Voir entretien avec Marie-Laure Bernadac, op. cit.,
p.9.
s'ils critiquaient l'exposition bille en tête, ça
pourrait paraître raciste. Ce qui était terrible, c'étaient
les dîners parisiens. Mes oreilles bourdonnaient. Pendant cinq à
six ans, j'étais une bête curieuse.», rappelle-t-il,
amusé. Son mandat sera ponctué de différends plus ou moins
abrupts avec les présidents successifs du Centre. Au terme de son
investiture, Jean-Hubert Martin se retrouve au Château d'Oiron
(Deux-Sèvres), un « placard ». Il s'en accommodera, inscrivant
le site au cadastre des collections de référence.
L'effet ricochet des Magiciens de la Terre
détermine son arrivée en 1994 au Musée des arts d'Afrique
et d'Océanie, à Paris. Il est ensuite écarté par le
conseiller du président Chirac, Jacques Kerchache. En 2000, année
où il signe la Biennale de Lyon avec Partage d'exotismes, il
rejoint le Museum Kunst Palast de Düsseldorf. A Düsseldorf, il jouit
d'un espace d'exposition de 3 000 m2, d'un vrai budget, de la structure souple
d'une fondation et d'un contexte local riche qui lui permettra en 2004 de
participer à l'organisation d'Africa Remix.
. David Eliott - Commissaire d'exposition pour le Mori Art
Museum
David Elliott est né en 1949 au Royaume-Uni.
Aprés avoir étudié l'histoire à l'université
de Durham, et l'histoire de l'art à l'Institut Courtault, David
Elliott devient directeur du Museum of Modern Art d'Oxford de
1976 à 1996. La programmation d'Elliott à Oxford
englobe des artistes d'Amérique latine, d'Asie, d'Afrique du Sud ou de
l'Europe de l'est. Par la suite, il devient directeur du Museum of Modern Art
de Stockholm (1996 à 2001). Pendant cette période,
il a été président du Comité International de la
biennale de Dakar 2000, puis président de 1998 à 2004 du CIMAM
(International Committee of ICOM for Museums of Modern and Contemporary Art).
Il a été commissaire de plusieurs expositions d'envergure comme
Art and Power, qui en 1990, explorait la problématique du
rapport entre art et régimes totalitaires en Europe dans la
première moitié du XXème siècle. De 2001
à 2006, David Elliott est directeur du Mori Art Museum de Tokyo,
un immense musée privé entièrement dédié
à l'art contemporain, à l'architecture et au design, de la zone
asiatique en particulier. Il a été nommé directeur de
l'Istanbul Museum of Modern Art en janvier 2007, poste qu'il a
abandonné en octobre 2007. Il sera le directeur artistique de la
17ème Biennale de Sydney en mai 2010. Dans le catalogue de la
biennale de Dakar 2000, David Elliott note cette phrase qui correspond assez
bien à la problématique de notre sujet
tout en reflétant la pensée de ce commissaire :
« En réalité, nous n'en sommes qu'au début de la
définition et de la théorisation de ce que constitue l'art
africain moderne et contemporain. Son histoire n'a pas encore été
écrite. [...] Dans quelle mesure la biennale de Dakar peut y contribuer
? Nous traversons une période critique. L'avenir de la biennale de
Johannesburg n'est plus assuré, quant à celle du Caire, qui est
sa seule concurrente dans les arts visuels en Afrique, elle se concentre sur
l'art du Moyen-Orient et du monde islamique. Si on considère les
catalogues de la biennale de Dakar qui a vu le jour en 1989, on
considère que des progrès considérables ont
été accomplis. Les artistes sont sélectionnés sur
des critères beaucoup plus larges»13.
Pour clore cette sous-partie, notons seulement, qu'aucun de
ces commissaires n'était Africain (vivant et exerçant en
Afrique), comme pour la plupart des expositions sur l'Afrique organisées
en Occident (à l'exception de l'exposition itinérante South
meets West d'Abdoulaye Konaté en 1999). Olu Oguibe est d'origine
nigériane, et de nationalité américano-nigériane,
Salah Hassan est d'origine soudanaise et Okwui Enwezor est nigérian et
américain. Beaucoup d'artistes critiquent ces commissaires en les
traitant péjorativement de « bountys », noirs à
l'extérieur et blancs à l'intérieur, considérations
trés triviales certes, mais « arguments » fréquemment
avancés lors de conversations entre artistes. Ils leur reprochent
surtout leur flexibilité identitaire qui les fait se présenter
tantôt comme Africains en Afrique, tantôt comme Occidentaux en
Occident. Ces réflexions identitaires font écho à un
certain champ de pensée. Bien au-delà de l'empathie, il impose
une appartenance non feinte à l'Afrique pour défendre « son
» art, comme le défendait Sékou Touré14
lors du discours qu'il a prononcé au deuxiéme congrés des
artistes et des écrivains noirs à Rome en 1959. « Pour
être efficace dans l'action, vous devez vous-même faire partie
intégrante de l'Afrique et de sa pensée ; vous devez appartenir
à cette énergie populaire qui s'est mobilisée pour la
libération, le progrés, le bonheur de l'Afrique. Hors de
l'Afrique, partout oü l'on se bat pour le droit de l'artiste ou de
l'intellectuel, on est personnellement concerné par l'Afrique et on ne
fait qu'un avec son peuple dans la grande
13 David Elliott, « Dakar : Une vraie
dynamique », DAK'ART 2000, Biennale de l'art africain
contemporain, Dakar, 2000, p.12-13.
14 Ahmed Sékou Touré (9 janvier
1922, Faranah - 26 mars 1984, Cleveland) est le premier
président de la République Guinéenne en
poste après l'indépendance, obtenue de la France en
1958. Il restera président de la Guinée, jusqu'en
1984.
bataille de l'humanité souffrante. » Nous arrivons
ici aux délicates questions de l'identité africaine et de
l'éligibilité des artistes. Il convient donc d'interroger ces
derniers pour voir si l'exposition Africa Remix a réellement
ouvert, comme le dit Simon Njami, « des pistes vers une réflexion
renouvelée ».
Après avoir évoqué le parcours
précis des commissaires d'exposition d'Africa Remix, nous
allons essayer de comprendre comment ont été
sélectionnés les artistes pour Africa Remix. Ainsi, nous
démontrerons que les critères de sélection des artistes
dépendent à la fois de la vision des commissaires, mais aussi de
tout un environnement esthétique et intellectuel, qui forge ces
critères. Cet environnement englobe un certain nombre de
paramétres, afférents à l'écriture de l'histoire de
l'art africain contemporain par ces protagonistes, Occidentaux ou non, et aux
points de vue voire aux dictats qu'ils développent pour tenter de
définir un art contemporain africain (si définition il peut y
avoir). Nous rentrons donc ici dans le noyau dur de la problématique de
ce mémoire : comment définir l'art contemporain africain ? Et
à ce titre, comment sélectionner des artistes sensés
représenter cet art dont les contours flou et glissants nous
échappent, malgré les nombreuses tentatives de
théorisation auquel il est soumis ?
C. Éligibilité des artistes
La plupart des artistes Africa Remix ont
déjà participé à des expositions organisées
par les commissaires précités15. En étudiant
leur participation à 6 manifestations majeures : Magiciens de la
terre, Partages d'exotismes, Check List Luanda Pop,
Les Afriques ou Joburg Art Fair, nous nous apercevons de la
récurrence de certains artistes comme Ghada Amer, Bili Bidjocka, Amal
Kenawy ou Barthélémy Toguo dans ces expositions. Pour la
procédure de sélection, la plupart des artistes ont du faire
parvenir au Centre Pompidou, à Marie-Laure Bernadac, des dossiers de
sélection comprenant, de manière classique, des photographies des
oeuvres précédemment réalisées et un exposé
sur leur projet d'exposition. « Il fallait qu'à chaque fois, les
choix soient validés par l'ensemble des commissaires, chacun apportait
ses « dossiers » mais en général tout le monde
était
15 Voir Volume annexes, annexe 23 Liste
comparée des artistes Africa Remix, p.85.
d'accord. Il y a eu quelques tensions intéressantes sur
la présence des « Magiciens » dans l'exposition : Simon Njami
était assez contre car il voulait sortir cette exposition cette
conception ; nous avons fait aussi deux ou trois concessions quant à la
collection Jean Pigozzi, mais en même temps nous voulions absolument
exposer Bruly Brouabé et d'autres artistes de sa
génération représentés par Jean-Hubert
Martin16.» On voit ici, d'après cette citation de la
commissaire du Centre Pompidou que des tensions se sont
révélées quant à la sélection des artistes.
Mais n'est-ce pas justement la force d'Africa Remix, que de rassembler
des artistes défendus par des personnages porteurs de visions
singulières et différentes ?
Du point de vue des artistes, puisque c'est bien d'eux qu'il
s'agit, et de « leurs individualités » mises en avant dans
cette exposition, les avis divergent. Soly Cissé explique qu'il avait
entendu parler de ce projet d'exposition par Simon Njami dès 2003. Il a
également du envoyer son projet et l'argumenter de Dakar, mais certains
artistes semblaient prévenus officieusement par certains commissaires et
semblaient déjà « présélectionnés
». Simon Njami, interrogé par Philippe Dagen explique sa
démarche : « Depuis plus de vingt ans, je voyage en Afrique et je
rencontre des artistes. Certains se sont donc imposés naturellement dans
le temps comme les piliers de l'exposition. D'autres ont été
choisis en fonction du concept de l'exposition »17. Se pose
alors la question suivante : comment les artistes peuvent-ils se positionner
face à ces concepts, à ces critères de sélection
dont les frontières sont en perpétuelle mutation ? Comment
articuler leurs oeuvres avec cette relecture de l'histoire qui implique
également de « créer un cadre théorique qui rende les
différents aspects de cette exposition accessibles à un large
public » ? Certains artistes rejettent complètement cette
étiquette et refusent catégoriquement de se laisser enfermer dans
ce grand tiroir « d'artiste contemporain Africain ». C'est le cas
d'Hassan Musa, qui avait refusé de participer à l'exposition
Partage d'exotismes et dont la lettre adressée à
Jean-Hubert Martin avait été publiée par Thierry Raspail
dans le catalogue de l'exposition. Cette lettre résume, de mon point de
vue, assez bien, le complexe identitaire dans lequel se trouvent plongés
certains artistes et conclue parfaitement notre exposé sur la question
de la sélection des artistes.
« Peut-être que mon intérêt pour l'art
africain est lié à mon séjour en France durant ces deux
dernières décennies. Il m'est arrivé de nombreuses fois,
en tant qu'artiste, qu'on me renvoie à mes origines africaines et
à une certaine image de l'Afrique. J'ai été contraint, -
moi artiste venant de l'Afrique ! - de considérer l'art africain
plutôt comme une entrave à mes projets artistiques que comme un
cadre propre à leur épanouissement. « C'est quand même
ton identité et tes racines ! » s'indignait un ami jamaïcain
qui a toujours résidé à Londres, à qui je disais
qu'il n'y avait pas d'art africain. Aujourd'hui, je me dis que tant mieux si
mon nom figure dans les fichiers de quelques organisateurs d'expositions d'art
africain. Ces quelques dizaines de personnes dispersées dans les
capitales européennes, souvent liées à des organismes
internationaux, et impliquées, d'une manière ou d'une autre, dans
la présentation des production artistiques extra-européennes en
Occident, sont la seule possibilité pour les créateurs africains
de montrer leur travail au monde. « No problem » si les «
artistes Africains » concernés sont en conformité avec les
normes de l'art-africaniste du moment oü il s'agit de leur choix, mais
moi, quand je dis que je ne suis pas d'accord avec ces normes, je risque de me
retrouver ignoré, voire maudit, par les seules institutions qui
pourraient m'aider à montrer mon travail18.»
Quels sont donc ces normes, ces critères Occidentaux
mis à l'oeuvre pour la sélection des artistes ? C'est au travers
des questions de la diaspora, de la contemporanéité africaine, et
du syncrétisme, termes qui constituent le cadre théorique de
cette exposition que nous allons tenter de répondre à cette
question.
D. Identité africaine, circonscription d'un espace
géographique et syncrétisme dans l'exposition
. Être un artiste Africain aujourd'hui ? Quelle
appartenance géographique ?
« En disant que ce sont les ancêtres des
Négres, qui vivent aujourd'hui principalement en Afrique Noire, qui
ont inventé les premiers les mathématiques, l'astronomie, le
calendrier, les sciences en général, les arts, la religion,
l'agriculture, l'organisation sociale, la
médecine, l'écriture, les techniques,
l'architecture (...) en disant tout cela on ne dit que la modeste et stricte
vérité, que personne, à l'heure actuelle, ne peut
réfuter par des arguments dignes de ce nom. Dès lors le
Nègre doit être capable de ressaisir la continuité de son
passé historique national, de tirer de celui-ci le
bénéfice moral nécessaire pour reconquérir sa place
dans le monde moderne, sans verser dans le nazisme à rebours, car la
civilisation dont il se réclame eût pu être
créée par n'importe quelle race humaine - pour autant que l'on
puisse parler d'une race - qui eût été placée dans
un berceau aussi favorable, aussi unique19. »
« Et simplement, encore une fois, dans cette zone
géographique-là, les réponses sont différentes de
celle de l'Amérique latine parce que le principe historique a
été différent. Mais ce que je dis souvent, c'est comment
pourrait-on définir une espèce « d'homoafricanus »
quand en Afrique il y a l'Algérie , la Tunisie , le Maroc ,
l'Égypte , l'Afrique du Sud , etc. ? Donc, ça, c'est une
impossibilité. Qu'il y ait des artistes Africains, oui, qu'il y ait un
art africain, non. Tous ceux qui sont dans une espèce
d'essentialité, dans une espèce de nature première, se
fourrent le doigt dans l'oeil. Il y avait, il y a eu tout un débat sur
l'authenticité. Vous êtes né ici, vous vivez là,
vous êtes plutôt dans la brousse, vous parlez aucune langue entre
guillemets « coloniale », vous êtes vraiment Africain.
Ça, c'est des âneries aberrantes. Il suffit de regarder
l'histoire. Même avant l'arrivée des premiers Européens,
l'Afrique était déjà un vaste bastringue de circulation.
Le Maroc venait saccager Tombouctou , les Zoulous voulaient prendre... donc les
gens se mélangeaient20. »
Bien loin des conceptions historiographiques de Cheikh Anta
Diop, Africa Remix, pose la question de la géographie
africaine, dans ce « vaste bastringue de circulation ». Le sous-titre
L'art d'un continent implique la présentation exhaustive de
l'art de tout un continent. Mais de quel berceau favorable proviennent ces
artistes ? L'Afrique21 est
19 Cheikh Anta Diop, Nations
Nègres et Culture, Présence Africaine, Paris, 1999,
p.401.
20 Simon Njami, retranscription d'une interview
télévisuelle accordée à TV5 Monde. Source :
http://www.tv5.org/TV5Site/publication/galerie-16-10-Simon_Njami.htm
21 Elle englobe les pays suivants : Afrique de
l'Est : Burundi, Comores, Djibouti, les Îles Éparses (France),
l'Érythrée, l'Éthiopie, le Kenya, Madagascar, Malawi,
Maurice, Mayotte (France), le Mozambique, La Réunion (France), le
Rwanda, les Seychelles, la Somalie, la Tanzanie, l'Ouganda, la Zambie, le
Zimbabwe ; Afrique Centrale : l'Angola, le Cameroun, le Centrafrique, le
Tchad, le Congo, la République démocratique du Congo, la
Guinée équatoriale, le Gabon, Sao Tomé-et-Principe ;
Afrique du Nord : l'Algérie, l'Égypte, la Libye, le
communément décrite comme « le grand
continent » d'une superficie de 30 206 704 km2 pour 944
millions d'habitants. Le nom Afrique engendre lui-même des
interrogations puisqu'il pourrait provenir à la fois du mot
berbére « Ifren » (une divinité berbère et aussi
une tribu berbère, les Banou Ifren), du nom « Afridi » (une
tribu qui vivait en Afrique du Nord près de Carthage) ou encore du
berbère « Taferka » (terre, propriété
terrienne). Celui qui vit sur une propriété terrienne est
nommé « Aferkiw », cela a donné africanus en
latin, dont le territoire correspond à la province romaine d'Afrique. Ce
nom a donné en arabe ÇíÞíÑÅ
« ifrîqîyâ » qui désignait jadis l'actuelle
Tunisie et aurait donné la désignation de l'Afrique dans son sens
moderne. Au même titre que l'étude du mot Europe nous plongerait
dans une complexité géographique et historique, ce bref
écart étymologique nous fait prendre conscience de la
difficulté de circonscrire un espace continental. Plus espace mental
qu'espace physique, la conception de l'Afrique est à la fois
déterminée par l'histoire de ses peuples et par ceux qui ont
fabriqué son histoire - guerres tribales et religieuses, commerce
triangulaire et esclavagisme, création des états africains puis
projections fantasmagoriques d'un Occident coupable, fasciné et
effrayé par ce grand continent -, et par des réalités
physiques qui la définissent. L'Afrique dont la majorité de ses
habitants, comme le souligne Simon Njami, « n'ont pas l'age de leur nation
», l'Afrique qui existe aussi par ses accords interétatiques et
régionaux (la CEDEAO22, l'UEMOA23,
l'OUA24, ou encore la Communauté des États
sahélo-sahariens), l'Afrique qui n'en finit pas de muter et de changer
de formes... Il existe bien des Afriques, et non une Afrique qu'il semble
difficile de réduire à un cliché, le temps d'une
exposition, sur catalogue glacé....
Plus concrétement et en ce qui concerne les artistes et
l'analyse de leur appartenance aux différentes zones
géographiques africaines, nous pouvons constater que 24 artistes
exposés sont issus de la « diaspora » (nous entendons par
diaspora des artistes immigrés qui résident et exercent hors de
leur pays d'origine) et que 62 résident en Afrique. La majorité
viennent d'Afrique de l'Ouest (23 artistes soit environ 27%) et des pays du
Maroc ; Sahara Occidental : le Soudan, la Tunisie, les
Canaries (Espagne) ; Dépendances européennes en Afrique du nord :
Ceuta (Espagne), Madère (Portugal), Melilla (Espagne) ; Afrique Australe
: le Botswana, le Lesotho, la Namibie, l'Afrique du Sud, le Swaziland ;
Afrique de l'Ouest : le Bénin, le Burkina Faso, le Cap-Vert, la
Côte d'Ivoire, la Gambie, le Ghana, la Guinée, la
Guinée-Bissau, le Libéria, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le
Nigeria, Sainte-Hélène (R.U), le Sénégal, la Sierra
Leone et le Togo.
22 CEDEAO, Communauté économique des
États d'Afrique de l'Ouest.
23 UEMOA, Union économique et monétaire
Ouest Africaine.
24 OUA, ou UA, Union Africaine.
Maghreb (12 artistes soit 20%). Nous pouvons noter aussi une
surreprésentativité des artistes d'Afrique du Sud (13 artistes
soit 21% du nombre total des artistes) par rapport aux autres régions de
provenance des artistes que nous classons comme suit : Maghreb, Afrique
Saharienne, Afrique de l'ouest, Afrique de l'Est, Afrique Australe, Afrique du
Sud et Océan Indien25. Par contre, on peut derechef noter que
beaucoup de pays d'Afrique ne sont pas représentés dans cette
exposition : le Botswana, le Burkina-Faso, Cabinda, les Comores, le Congo,
Djibouti, l'Érythrée, la Gambie, la Guinée, la
Guinée-Bissau, la Guinée Équatoriale, le Lesotho, le
Libéria, la Lybie, Malawi, la Mauritanie, la Namibie, le Niger,
l'Ouganda, le Rwanda, São-Tomé-et-Principe, la Somalie, le
Swaziland, le Tchad, le Togo, la Zambie et Zanzibar soit environ la
moitié des pays de la zone Afrique. Peut-on alors parler de l'art d'un
continent ? Est-on jamais exhaustif en voulant présenter l'art de tout
un continent, notion à la base bien glissante et très discutable
comme nous venons de le démontrer ? Simon Njami se défend de
cette prétention en répondant : « Africa Remix
n'est pas un salon de la création africaine qui présenterait
une vision panoramique de l'art en Afrique, mais un essai, au sens le plus
littéraire du terme »26.
L'exhaustivité « géographique »
n'était pas le but de cette exposition et la
surreprésentativité de certains pays peut-être
assimilée à un manque de structures dont souffrent certains pays
en Afrique. D'autres pays comme l'Afrique du Sud, mieux dotés que leurs
voisins, pourraient ainsi « produire » de l'art contemporain à
une autre échelle ? Pour Jean-Loup Amselle, l'Afrique est « un
continent à deux vitesses », et le nombre limité de certains
artistes semble être fortement lié au manque de lieux de
monstration, de production et d'enseignement de l'art.
25 Voir Volume annexes, annexe 20 Liste des artistes
par zones géographiques, p.82.
26
Enfin, nous pouvons ajouter que cette exposition, dans ses
aspects positifs, permet un élargissement de la vision de l'artiste
Africain. Elle rassemble des artistes qui ont tous un lien avec l'Afrique,
aussi ténu qu'il soit (on pense à des artistes comme Zoulikha
Bouabdellah, née et grandie en Russie ou à Yinka Shonibare,
né à Londres), des artistes blancs d'Afrique du Sud ou encore des
artistes métis (bien que cette problématique de la couleur de
peau soit dépassée, fort heureusement, depuis des années
dans les expositions « africaines », elle ne semble pas toujours
être une évidence).
« Africa Remix », propos de Simon Njami recueillis par
Héliane Bernard et Alexandre Faure, Neuf de coeur, Paris,
éditions du Seuil, n°4, 2005, p.13.
. L'inclusion de l'Afrique du Nord
Depuis quelques années, les artistes des pays du
Maghreb, ou de l'Afrique du Nord, sont intégrés dans les
expositions d'art africain. Marie-Laure Bernadac, affirme que « Cette
exposition, intitulée Africa Remix, englobe pour la
première fois, je crois, sous la notion « d'art africain », ou
la désignation « Afrique contemporaine » des pays d'Afrique du
Nord. ». Or, il n'en est rien. Déjà en 2000, la biennale de
Dakar s'enorgueillait d'intégrer des artistes d'Afrique du Nord dans sa
programmation : « Et pour la première fois cette année, les
oeuvres, présentées en plus grand nombre, couvrent le continent
dans toute sa longueur puisqu'elles vont de l'Afrique du Sud à la
Tunisie et au Maroc»27. D'autres expositions comme Die
Andere Reise : Afrika und die Diaspora de Yacouba Konaté en 1996
présentait des artistes maghrébins comme l'algérienne
Houria Niati. Historiquement, les premiers contacts transsahariens
s'établirent entre le VIIIème et le
Xème siècle au travers notamment des civilisations
Berbères (Khârijites, Almoravides). Ce furent essentiellement des
échanges commerciaux ayant naturellement suscité des dynamiques
d'échanges des cultures (linguistiques, religieuses, etc.). Autant de
facettes d'une histoire et d'un quotidien marqués également par
les réminiscences douloureuses de l'esclavage en terre d'islam. Bref, si
la question de l'appartenance identitaire de l'Afrique du Nord au continent
Africain est un débat quasi millénaire, nous pouvons ajouter que
cette question a été largement étudiée par des
scientifiques, des écrivains, des intellectuels qui se sont
demandé quelle culture était partagée par ces deux zones
géographiques. Par-delà les incontournables aspects historiques,
pour mieux comprendre aujourd'hui la timidité voire la frilosité
des relations culturelles entre le Maghreb et l'Afrique noire, on peut
s'interroger sur des problématiques communes, développées
par des grandes figures littéraires comme l'avantgardiste Martiniquais
Frantz Fanon, précurseurs du panafricanisme incarné par Lumumba
ou le prix Nobel nigérian Wole Soyinka. Une des étapes majeures
de cette intégration de l'Afrique du Nord dans l'Afrique continentale
s'opère également avec les travaux de l'historien et
anthropologue Sénégalais Cheikh Anta Diop évoqués
plus haut comme historiographiques mais aussi instigateurs d'un lien conceptuel
et scientifique nouveau entre ces deux zones géographiques et
culturelles. En invitant à considérer l'Égypte comme une
civilisation négro-africaine, et comme le lieu d'origine des autres
civilisations, et
27 David Elliott, « Dakar : Une vraie dynamique
», op.cit., p.16.
bien que ses thèses soient encore aujourd'hui
trés controversées, il propose un nouveau regard sur la relation
de l'Afrique du Nord avec le reste du continent. Père de
l'afrocentricité, décrit comme « le restaurateur de la
conscience noire », ses recherches ont peut-être permis
d'étendre cette conscience africaine au nord de l'Afrique.
Aujourd'hui, si un certain dynamisme des échanges
économiques Afrique-noire / Maghreb est reconnu, le bilan des
initiatives culturelles demeure assez disparate. Autrefois
dénommée « l'Afrique blanche » (désignant les
territoires méditerranéens : Maroc, Algérie, Tunisie,
Libye et Égypte), l'intégration de l'Afrique du Nord dans cette
exposition est symboliquement cruciale et nous semble devoir être
encouragée. Comme le dit Zoulikha Bouabdellah dans un entretien qu'elle
a accordé à Sarah Ligner en 2006 : « Notre continent, c'est
l'Afrique. Et de toute façon, il suffit de descendre au sud de
l'Algérie, de se déplacer de deux cent kilomètres, on
arrive dans le désert, et là, on ne se dit plus qu'on est Arabe,
mais qu'on est Africain. C'est l'africanité qui prime. Je pense que
même si l'éducation qu'on a en Afrique du Nord n'est pas
tournée vers l'Afrique, des qu'on a l'occasion de prouver qu'on est
Africain, il faut le faire. C'est pour cela moi que j'assume
complétement d'être dans Africa
Remix»28.
. La diaspora
La diaspora désigne la dispersion d'une
communauté ethnique ou d'un peuple à travers le monde. Parmi les
diasporas les plus connues, on peut citer la diaspora juive, la diaspora
irlandaise, la diaspora palestinienne, la diaspora libanaise, la diaspora
africaine etc. Le nombre de personnes en situation de diaspora peut être
estimé à 600 millions, soit 10 % de l'humanité. Le rapport
de la Commission globale sur les migrations internationales (ONU) évalue
à 200 millions le nombre de migrants (dans un rapport de 2005). On peut
multiplier par trois ce chiffre pour évaluer le nombre de diasporiques,
citoyens ou non des pays d'accueil. À l'origine, ce terme ne recouvrait
que le phénomène de dispersion proprement dit. Aujourd'hui, par
extension, il désigne aussi le résultat de la dispersion,
c'est-à-dire l'ensemble des membres d'une communauté
dispersés dans plusieurs pays. Á
28 Sarah Ligner, La place des artistes
contemporains africains à travers l'analyse de l'exposition Africa
Remix, École du Louvre, mémoire d'étude, sous la
direction de Madeleine Leclerc, 2006-2007, « Entretien avec Zoulikha
Bouabdellah », p. 114.
ce titre, le terme de diaspora utilisé par les
commissaires de l'exposition Africa Remix se rapproche de celui
d'immigration, qui me semblerait plus approprié à la situation de
certains artistes Africains expatriés. L'immigration désigne
l'entrée, dans un pays, de personnes étrangères qui y
viennent pour y séjourner et y travailler. De plus, le mot immigration
vient du latin immigrare qui signifie «
pénétrer dans », ce qui symboliquement et transposé
à l'art contemporain pourrait aussi convenir. C'est-à-dire que
ces artistes migrent pour vivre et travailler dans un autre pays, y
pénètrent et choisissent leur propre position, leur propre
degré d'implication voire d'éloignement de leur culture
d'origine. De plus, la diaspora africaine désigne
précisément une population qui résulte de la
déportation d'Africains à l'époque de la traite
esclavagiste du XVIème au XIXème
siècle et de leurs descendants à travers le monde. Il convient
donc d'être prudent face à ce terme de diaspora bien qu'il
permette dans le contexte d'Africa Remix de « consacrer une
identité africaine horslimite»29. D'ailleurs, on peut
citer ici l'exposition organisée par Olu Oguibe et Salah Hassan en 2001
lors de la 49ème biennale de Venise : Authentic /
Ex-centric : Africa in and out qui traitait de la question de la diaspora
et de l'intégration de ces artistes dans les expositions d'art
contemporain africain en Occident et en Afrique.
Ce terme de diaspora nous amener au deuxième point
théorique important de ce mémoire : le syncrétisme
à l'oeuvre dans cette exposition. L'artiste africain, porte donc en lui
une culture africaine, quelle qu'elle soit, et se positionne à la
croisée de plusieurs identités qu'il intégre dans ses
oeuvres et qui constituent son être, son noyau dur identitaire. A l'image
de son commissaire général, cette exposition est chargée
d'un métissage culturel, et bien plus encore d'un syncrétisme qui
se joue de tous les clichés et déjoue les faux-semblants et les
projections Occidentales sur ce qu'est être Africain ou pas. D'ailleurs,
Simon Njami, lors de ses communications, se plait à déstabiliser
son public en racontant cette anecdote : « Je suis né à
Lausanne de parents Camerounais. J'habite à Paris, ou j'ai passé
plus de la moitié de ma vie. A Lausanne, j'étais
considéré comme un Camerounais. Plus tard, à Paris,
j'étais Suisse. Quand je suis retourné au Cameroun, je suis
devenu Européen, et finalement, aux États-Unis ou j'enseigne
parfois, je suis surpris de découvrir
que je suis Français. Cet être multiple, aux
identités diverses, n'est néanmoins qu'une seule personne : moi,
à Lausanne aussi bien qu'à Douala, à Paris ou à San
Diego»30.
Jusqu'oü la personnalité d'un commissaire
transparait-elle dans le cadre théorique d'une exposition ? Qu'entend
Simon Njami par syncrétisme et comment ce syncrétisme est-il
manifesté dans le contenu de l'exposition ?
. Le syncrétisme dans l'exposition
« Les danses, les oeuvres d'art, les joueurs de dominos
aux maillots de corps d'un blanc immaculé, cette façon
particulière de sourire, de marcher, ces cultes qui participaient
à la fois de la plus pure chrétienté et du plus primitif
animisme, se rassemblaient pour forger une culture autre et à la fois
semblable. Ce que j'appellerai la culture de la mémoire inventée,
et que d'autres appellent le syncrétisme31. » Cette
phrase de Simon Njami en 1993, donne déjà l'essence de sa
conception du fait syncrétique. Initialement, le syncrétisme
désigne une philosophique ou une religion basées sur le
mélange de plusieurs doctrines différentes. Tout d'abord
appliqué à une coalition guerrière, il s'est étendu
à toutes formes de rassemblement de doctrines disparates. Lors d'une
coexistence culturelle, le syncrétisme est un métissage culturel,
c'est-à-dire, une véritable création de nouveaux ensembles
culturels qui trouvent une nouvelle cohérence à partir de
plusieurs cultures différentes. Pour parler des syncrétismes
africains, Simon Njami évoque volontiers l'histoire : « Donc quand
l'Europe est arrivée, à fortiori, il y a eu tout un tas de
religions qui sont des syncrétismes, des remix. Le vaudou , c'est quoi
si ce n'est un remix, mais quelque chose qui est « authentiquement »
entre guillemets africain. Donc il n'y a pas d'authenticité si ce n'est
celle du mélange et de l'appropriation. Ce que les Brésiliens
appelaient l'anthropophage, l'anthropophagie, c'est ça
l'Afrique»32 . Notons ici que Simon Njami assimile le terme
syncrétisme au terme remix. Lorsque qu'il emploie le terme
syncrétique, (que Simon Njami affectionne particulièrement et qui
revient dans nombre de ses communications), nous pouvons donc entendre
également métissage ou hybridation. Deux
30 Simon Njami, « Mozart and me », in:
Looking both ways, art of the contemporary African Diaspora, New York,
Museum of African Art, 2003, p.15.
31 Simon Njami, « Caraïbes ou
l'invention de la mémoire », in Revue Noire, mai
1993.
32 Simon Njami, retranscription d'une interview
accordée à TV5 Monde, op. cit., p.21.
oeuvres reflétent tout particulièrement cette
pensée dans l'exposition : celles de Paulo Capela et d'Abdoulaye
Konaté. Dans L'Initiation, ce dernier présente sept
figures brodées qui sont la métaphore, selon l'artiste, des sept
régimes de croyances auxquels le 20ème siècle a
été soumis. Au bas de chaque tableau se trouvent des symboles
relatifs à la cosmogonie dogon. Le dernier illustre une initiation
encore en vigueur liée à la mort. Dans ces représentions,
des symboles mystiques issus de différentes cultures sont
associés sur un même pan de tissu. Ils témoignent du
syncrétisme religieux qui s'est opéré entre l'Afrique et
les autres cultures, tout en critiquant les hégémonies
religieuses qui constituent pour lui une entrave au développement des
pays africains.
Paolo Capela, artiste autodidacte Angolais, confronte dans
Che Guevarra, une installation de 1999, l'expérience religieuse
et l'immédiateté socio-historique. Il constitue des autels
syncrétiques qui mélangent des éléments de ses
croyances religieuses et des symboles de ses convictions politiques. Non sans
rappeler formellement la démarche archiviste, tentaculaire de Georges
Adeagbo, l'oeuvre de Paolo Capela, semble phagocyter une somme de
références mystico-politiques avant d'en recracher un substrat
esthétique singulier et puissant, oü peuvent s'enraciner de
nouvelles croyances hybrides. Mais la presque totalité des propositions
d'Africa Remix pourraient être citées comme exemple
d'oeuvres syncrétiques, si l'on postule que ce terme permette
d'élargir encore la vision portée sur les artistes Africains.
Leur démarche mélange aujourd'hui Afrique traditionnelle et
Afrique moderne, remixe les lieux communs sur l'Afrique et les Africains, et
mets en scene leurs différences dans une hybridation qui nous invite
à repenser l'identité africaine.
Le terme de diaspora permet ainsi d'élargir le cercle
de l'art contemporain africain géographiquement tandis que le vocable
syncrétisme le fait rayonner, au-delà d'un simple frottement
culturel, vers de nouveaux « ensembles culturels qui trouvent une nouvelle
cohérence ».
E. Quelle contemporanéité pour les artistes
Africains ?
Traiter du fait contemporain est aussi complexe pour une
exposition « Occidentale » que pour une exposition « africaine
». L'expression « art contemporain » est habituellement
utilisée pour désigner les pratiques et réalisations
d'artistes d'aujourd'hui, ainsi que les musées, institutions, galeries
montrant leurs oeuvres. Elle signifie donc simultanéité entre
deux choses. Donc, est contemporain ce qui est dans le même temps que le
sujet. Vincent Descombes33 en donne une définition qui nous
aide à préciser notre pensée. Il distingue deux notions
temporelles dans l' « actualité de l'art contemporain » :
« le contemporain » et « l'actuel ». Le contemporain, du
point de vue philosophique apparaît tout d'abord comme « la pointe
avancée du monde moderne ». Le contemporain est le présent
le plus récent. L'actualité est donc un des matériaux de
construction du contemporain. Deuxièmement, le fait contemporain peut
aussi relever de la philosophie du temps. Or, le temps est fait de changements,
et là oü rien ne change, il n'y a pas de temps. Le contemporain est
donc ici conçu comme un « concours entre plusieurs changements
actuels », et être contemporain, c'est « partager la même
actualité historique ». Comprendre ce qui est contemporain suppose
donc un certain recul critique. Il y donc toujours de l'histoire dans le
présent, ce que Marc Bloch appelle une relation « avec un
passé tout voisin du présent ». N'est-ce pas ce qu'avance
Simon Njami lorsque dans son texte introductif il dit que « aborder le
fait contemporain en Afrique conduit inévitablement à relire
l'histoire » ? Nous opterons donc pour cette définition de la
contemporanéité. Pour finir avec les propositions conceptuelles
du philosophe Vincent Descombes, l'actualité en revanche, étudie
« l'absolu contemporain du contemporain ». L'actualité est ce
qui se produit effectivement, ce qui nous affecte sans que les journaux en
parlent forcement. Elle incite à une prise de position et sa
temporalité est plus celle du critique d'art que de l'historien de
l'art. L'histoire fait le tri à sa suite car le point de vue
immédiat qu'elle suscite peut conduire à l'erreur ou aux
malentendus. Dans l'actualité, « les vérités sont
passagères », dans l'histoire, « leur durée de
validité est beaucoup plus longue ». Enfin, il résume sa
démonstration ainsi : « L'actualité sert à cerner les
problématiques présentes, donc à construire le
contemporain. Le contemporain est une relation entre tous les
ingrédients de l'actualité ».
Mais appliquée à l'art, cette notion, sans
perdre son caractère philosophique, revêt un caractére
esthétique. Ce caractére devient polémique, puisque les
acteurs n'ont peutêtre pas le recul nécessaire pour effectivement
analyser les oeuvres dans un rapport d'historien d'art. D'oü toute la
polémique que peut engendre le titre de l'exposition que nous
étudions. En partant du fait que l'histoire de l'art contemporain
africain est en train de s'écrire, et « qu'aborder le fait
contemporain en Afrique conduit inévitablement à relire
l'histoire» 34, cette exposition nous questionne sur
l'intégration des expressions du passé dans cette
contemporanéité, c'est-à-dire sur le dialogue entre les
pratiques d'hier et d'aujourd'hui dans l'art africain. Mais pourquoi les
artistes Africains devraient à tout prix intégrer des formes
d'expression du passé dans leurs ? S'il y a toujours de l'histoire dans
le présent, cette histoire ne peut-elle pas se manifester de
façon subtile dans les oeuvres, de manière intrinsèque,
sans compiler à tout prix des techniques anciennes et des médiums
plus modernes ? Nous ne nous étendrons pas plus sur ce sujet très
dense de « l'Afrique moderne » et de « l'Afrique ancienne »
qui nécessiterait un analyse complète, mais nous pouvons conclure
ainsi : dans n'importe quelle exposition occidentale, les
générations sont mélangées et aucun complexe
théorique n'impose aux commissaires de sélectionner des artistes
jeunes ou vieux, vivants ou morts, actuels, contemporains ou « ultra
contemporains ». Bref, débattre de ce fait contemporain nous semble
ici dépassé, car si les intentions de cette exposition sont bien
de donner un panorama de la création contemporaine actuelle et de lui
permettre de se positionner, « au même titre que l'art contemporain
européen, pas seulement comme une représentation uniquement
esthétique mais aussi comme une illustration historique, politique,
idéologique. », le terme contemporain semble ici employé
à juste titre. Être contemporain, c'est tout simplement
être, avec peut-être, pour les artistes Africains une somme
d'identités qui s'hybrident, mais qui leur permet aussi de restituer des
oeuvres chargées de tout ce qui compose leur histoire, leur
environnement et leur individualité. La frontière avec les
artistes d'une autre « catégorie » devient donc très
mince voire inexistante et la contemporanéité des artistes
sélectionnés ne semble pas être un handicap ou une
incohérence théorique dans l'exposition. Les artistes Africains,
existent en même temps que leurs sujets, ce qui en fait des êtres
contemporains comme nous tous.
Nous avons donc vu dans cette première partie quels
étaient les différents enjeux de l'exposition Africa
Remix. Ces enjeux résident principalement dans l'envergure du
projet et dans l'acception de termes comme diaspora, syncrétisme et
contemporanéité dans le cadre théorique du projet.
Cependant, cette acception est également forgée par les
critères personnels du commissaire général mais aussi par
les critéres d'une esthétique européenne
particulière. L'intention initiale des commissaires, - et nous avons pu
observer que la vision de Simon Njami prime clairement sur celle des autres
protagonistes, les convictions de Jean-Hubert Martin ayant été
l'objet de discussions et de rejets, puis de concessions pour pouvoir exposer
certains artistes phares d'Africa Remix, exposition à laquelle
lui seul pouvoir les persuader de participer -, est de métamorphoser le
« chaos » Africain, par des « pistes de réflexion
renouvelées ». Á propos de ces « réflexions
renouvelées », que l'on peut aussi appeler des critéres,
Hassan Musa, toujours dans sa lettre de refus de participer à
l'exposition Partage d'exotismes, explique : « Moi, artiste
né en Afrique (çà c'est une catégorie !), je pense
que ce que l'on appelle l'art africain contemporain n'est qu'une
évolution possible de la tradition européenne, et que si,
à notre époque, on favorise la production artistique des
Africains au lieu de celle des Esquimaux ou des Amérindiens, cela ne
tient pas à la qualité artistique de cette production africaine,
mais plutôt aux circonstances de l'évolution de la pensée
esthétique européenne. Le jour viendra ou l'esthétique
européenne tournera le dos à l'art africain pour d'autres
catégories plus aptes à porter ses attentes. [...] La principale
attente esthétique européenne est éthique (nous n'avons
plus de sacré depuis que nous avons mis le Christ au musée,
écrit P.Gaudibert qui voyait dans l'art africain une immense
réserve de sacré). L'éthique permet aux hommes de se
définir par rapport à eux-mêmes, de définir les
limites entre le bien et le mal, de fixer les normes de la vie et de l'art etc.
Or si l'obsession de l'éthique de l'Europe se focalise sur l'Afrique,
c'est peut-être parce que c'est en Afrique où les Européens
se sont comportés, et se comportent encore aujourd'hui, d'une
manière dénuée d'éthique. Ainsi, ces âmes
troublées se livrent régulièrement au lavage des pieds des
africains dans ces manifestations artistiques européennes ou l'Africain
est consacré artiste ayant son « faire-valoir » dans le sang
!»35.
Ainsi, la sélection des artistes et le cadre
théorique de l'exposition, correspondraient à des critères
troublés par les histoires respectives et en même temps
liées de l'Europe et de l'Afrique ; et par la personnalité des
commissaires, peut-être submergés, eux aussi, par leurs propres
dualités et leurs propres complexes identitaires. Comment sortir de ces
questions récurrentes ? Africa Remix a-t-elle réellement
renouvelé des pistes de réflexion sur l'art contemporain africain
? Après avoir défini et étudié ses partis pris,
nous allons tenter de la décrire physiquement et conceptuellement dans
sa forme, ce qui va nous permettre de révéler ses
réussites et ses faiblesses, puis d'en dresser un bilan.
2- Description de l'exposition et mise en perspective
des objectifs du projet curatorial initial, de ses réussites et de ses
faiblesses.
A. Le contexte institutionnel
. Historique croisé de l'exposition et de
l'institution
Lorsque l'idée d'organiser une exposition
itinérante sur l'art contemporain africain est née entre Simon
Njami et David Elliott, son passage à Paris est apparu comme une
évidence. L'itinéraire de cette exposition étant
corrélé avec la présence de certaines personnes clefs en
Europe, en Asie et en Afrique comme nous l'avons vu plus haut, (Jean-Hubert
Martin au Museum Kunst Palast de Düsseldorf ou Marie-Laure Bernadac
à Paris), le Centre Pompidou s'est imposé d'emblée, tant
par son rayonnement international que par le soutien que Bruno
Racine36 pouvait apporter à cette initiative. Rappelons
également que l'exposition Alors la Chine ? 37
organisée dans la cadre de l'année de la Chine en France en 2003
et qui se proposait d'exposer « la vitalité de la création
contemporaine chinoise»38 avait remporté un franc
succès avec plus de 120 000 visiteurs. Si certaines affinités
36 Bruno Racine a été nommé le 1
août 2002 président du Centre national d'art et de culture Georges
Pompidou avant d'être remplacé par Alain Seban en avril 2004.
37 Alors, la Chine ?, du 25 juin au 13
octobre 2003, Galerie sud, niveau 1, Centre Pompidou, Paris.
38 Source :
http://www.Centrepompidou.fr/Pompidou/Communication.nsf/docs/ID28F7489739360EDDC1256D550035F3
B2/$File/chine3.pdf, page 2.
humaines ont motivé les commissaires d'Africa
Remix pour que cette exposition soit montrée à Paris, cette
étape correspond également à une stratégie de
visibilité et d'envergure afférente au lieu
privilégié qu'est le Centre Pompidou. Je reviendrais donc
brièvement sur l'historique et la description de ce lieu d'exposition
inauguré en 1977 et né de la volonté du Président
Georges Pompidou de créer au coeur de Paris une institution culturelle
originale « entièrement vouée à la création
moderne et contemporaine où les arts plastiques voisineraient avec le
théâtre, la musique, le cinéma, les livres, les
activités de parole... »39.
. Missions de l'institution
Fidèle à sa vocation interdisciplinaire, et
à sa mission principale : donner à connaître l'ensemble des
productions de la création du XXème siècle et
les prémisses de celle du XXIème, le Centre Pompidou
propose annuellement au public dans son bâtiment une trentaine
d'expositions ainsi que de nombreuses manifestations - cycles de cinéma
de fiction, de documentaires, conférences et colloques, concerts,
spectacles de danse, activités pédagogiques - de niveau
international, activités dont un grand nombre circule ensuite, tant en
France qu'à l'étranger.
. Inscription de l'exposition dans l'espace
L'exposition Africa Remix s'est
déroulée du 25 mai au 8 août 2005 à la galerie 1 du
niveau 640 du Centre Pompidou. Le niveau 6 comporte trois galeries,
un restaurant et une librairie pour une surface totale de 7500 m2,
surface égale à celle des 6 autres plateaux de l'édifice.
La surface totale de la galerie 1 est de 2200 m2. Le niveau 6 a
accueilli 11 expositions ces trois dernières années dont une
exposition que l'on peut qualifier de « géographique » :
Los Angeles 1955-1985 - Naissance d'une capitale artistique, du 8 mars
au 17 juillet 2006, encore qu'il s'agissait ici d'une ville et non pas d'un
continent. S'il est vrai qu'une des principales missions du Centre Pompidou a
toujours été de permettre la
39 Source : Toutes les informations relatives
à l'historique du Centre Georges Pompidou proviennent du site :
http://www.Centrepompidou.fr/Pompidou/Communication.nsf/0/88D31BDB4FE7AB60C1256D970053FA6F?O
penDocument&sessionM=9.1&L=1.
40 Voir Volume annexes, annexe 2 Plan
général et plan du niveau 6, p.5.
circulation de ses expositions à l'international et
d'accueillir des expositions provenant de l'étrange (volets annuels
« échanges internationaux » et « expositions
itinérantes à l'étranger » dès 1977 avec des
manifestations cycliques, notamment de cinéma : italien, turc,
britannique, suisse etc., ou encore des expositions telles que Design
japonais 1950- 1995 en 1995 et La photographie américaine, de
1890 à 1965, à travers la collection du Museum of Modern Art, New
York l'année suivante41), aucune exposition n'a
été clairement circonscrite à un continent. Seule
l'exposition Et alors la Chine ? en 2003 proposait une vision de la
création d'un pays en particulier, mais dans un contexte singulier qui
était celui de l'année de la Chine.
Néanmoins, Africa Remix répond à
une des missions du Centre Pompidou, qui est l'action internationale.
Dès 1989, le Centre Pompidou proposait les Magiciens de la
terre, exposition pionnière reconnue aujourd'hui comme le point de
départ d'une nouvelle vision de la scène artistique
internationale.
En dehors de ces considérations relatives à la
politique d'exposition de Centre Pompidou, nous savons aussi que l'inscription
de l'exposition Africa Remix au niveau 6 de la galerie 1 a
été imposée par la direction du Centre, et que le choix
initial des commissaires se portait sur un espace plus important que celui qui
leur a été finalement attribué42.
Enfin, et concernant la réception du lieu par le
public, nous pouvons ajouter que le niveau 6 de la galerie 1 du Centre Pompidou
accueille généralement des expositions prestigieuses : Airs
de Paris en 2007 ou Traces du sacré cette année en
200843. Les expositions temporaires jouent un rôle primordial
dans la vie et le succès du Centre : elles dynamisent sa
visibilité auprès du public et contribuent au renouvellement de
sa singularité. Cet espace d'exposition posséde donc une
mémoire positive qui a certainement influencé la perception de
l'exposition par les visiteurs. La coursive qui offre une vue assez
exceptionnelle sur Paris tend aussi à favoriser l'aspect ludique et
agréable de la visite de cette exposition.
41 Voir Volume annexes, annexe 4 Historique des
expositions et des manifestations consacrées à des scènes
étrangères ou à des échanges internationaux,
à des expositions itinérantes, et à des coproductions avec
des institutions étrangères au Centre Pompidou entre 1995 et
2005, p.7.
42 Voir entretien avec Marie-Laure Bernadac, annexe
27, op.cit., p.9.
43 Voir Volume annexes, annexe 3 Les expositions au
Niveau 6 du Centre Pompidou de 2005 à 2007, p.6.
B. Description de l'exposition. Données
physiques44
. Dimensions de l'espace d'exposition
L'exposition Africa Remix se déploie sur 2200
m245. La hauteur des plafonds de l'espace d'exposition est de 7
metres entre planchers (comme pour l'ensemble des étages). La longueur
totale de la galerie est d'environ 55 metres pour 40 metres de largeur (22
mètres au niveau de la baie vitrée) soit 15 400 m3.
L'espace se subdivise ensuite en un dédale de couloirs et d'espaces
cloisonnés conçus par la scénographe Nathalie
Crinières46. On peut dénombrer quatre couloirs
principaux qui s'étendent longitudinalement jusqu'à la baie
vitrée du fond de la galerie. On parcourt ces « esplanades »
en serpentant au fil des U qu'elles constituent dans l'espace initialement
rectangulaire de la galerie47.
. Cloisons / cimaises / chicanes / pièces de
projection et dispositifs particuliers
Nathalie Crinières, en concertation avec les
commissaires d'exposition et surtout avec Marie-Laure Bernadac a choisi de
scinder l'espace de la galerie 1 à l'aide d'un nombre total de 70
cloisons de 340 ou 480 cm d'épaisseur. Ce sont des cloisons double face,
double peau d'une épaisseur de 14 ou 60 cm (15 cimaises) avec pour
certaines de la laine de verre à l'intérieur pour l'isolation
phonique des salles de projection vidéo. Elles sont
réalisées en Placoplatre et sont constituées d'une
ossature métallique en acier galvanisé. Les salles de projection
servent à la fois à isoler les vidéos mais leurs parois
assurent aussi l'accrochage d'oeuvres à l'extérieur des salles.
Si l'on prend pour exemple la salle de
44 Pour tous les artistes et les oeuvres citées
dans cette partie, se référer au Volume iconographique,
classement par ordre alphabétique des artistes.
45 Voir Volume annexes, annexe 5 Différentes
vues de l'exposition, p.18.
46 Nathalie Crinière est
diplômée de l'école Boulle en Architecture
intérieure et de l'école Nationale supérieure des Arts
Décoratifs de Paris en design industriel. Après avoir
étudié à La Georgia Tech Institute of Technologie
d'Atlanta en Géorgie, elle passe ensuite un an à Barcelone en
Espagne dans l'agence de Pepe Cortes, architecte d'intérieur.
De retour à Paris, après un passage dans différentes
agences, elle exerce d'abord en indépendant avant de monter sa SARL :
l'agence NC Nathalie CriniOre. Elle a scénographié
plusieurs expositions pour le Centre Pompidou dont l'exposition
Aurélie Nemours en 2004 et Rainer Werner Fassbinder en
2005. L'exposition Oum Kalsoum à l'Institut du monde arabe est
la dernière exposition organisée par l'agence Nathalie
Crinière en juin 2008.
Voir aussi Volume annexes, annexe 12 CV de l'agence NC, p.44.
47 Voir Volume annexes, annexe 6 Plans
intermédiaires (n° 1 / 15), p.23, annexe 7 Plan final n° 25,
p.26 et annexe 8 Maquette de l'exposition Africa Remix (photographie
du plan à l'échelle 1/200e), p.28.
projection de Soly Cissé, on note qu'elle est attenante
au mur ouest de la galerie 1 sur sa largeur, et que la cloison
extérieure, côté travée, permet l'accrochage de
l'oeuvre Swimmer de Berry Bickle. Ces 15 cloisons plus larges offrent
aussi un rythme particulier à l'espace en donnant une présence
plus importante à certaines séparations. Elles peuvent permettre
aussi, suivant leur longueur, d'isoler certaines oeuvres des autres
phoniquement ou visuellement. On peut ainsi supposer qu'il s'agit là
d'un choix scénographique pour palier à la promiscuité des
oeuvres.
L'ensemble de ces dispositifs scéniques constituent des
dizaines de chicanes qui ralentissent le parcours des visiteurs ou au contraire
de larges couloirs permettent de prendre un certain recul par rapport aux
oeuvres (rarement plus de deux metres...) tout en offrant une perspective sur
les baies vitrées au fond de la galerie et donc sur la ville.
Ces cloisons participent aussi à la constitution de 14
dispositifs de projection vidéo dont 9 cabines entièrement
isolées et 5 cabines de projection à demi fermées. La
taille de ces salles varie de 11 mètres par 5 pour les plus grandes
(Moataz Nasr ou Ingrid Mwangi) à 5 mètres sur 4 pour les plus
petites (Goddy Leye ou Michèle Magema). 2 cloisons pour les
vidéos respectives de Zoulikha Bouabdellah et de Patrice Félix
Tchicaya ont du être équipées de trappes et de supports
écran pour encastrer les projections dans les « murs
»48.
A noter également que l'installation de Mounir Fatmi,
Obstacles49, a nécessité l'élaboration
d'un plan particulier étant donné la complexité de sa
structure ainsi que les installations d'Ito Barrada, Body Isek Kingelez et de
Dilomprizuliké qui reposaient sur des socles (ronds pour les deux
premiers et rectangulaire pour le dernier).
Enfin, certaines salles de projection sont
équipées de vélums de type smoke-out (norme de
sécurité) à une hauteur maximale de 330 centimètres
(Salle de projection, salles d'Amal et Abdel El Ghany Kenawy ou de Zineb
Sedira) ou de plafonds avec laine de verre pour obtenir une meilleure isolation
(Ingrid Mwangi et Moataz Nasr). Les murs des salles de projection sont peints
en noir ou blanc. En noir : Goddy Leye, William Kentridge, Joël
Andrianomearisoa, Abdel Ghany et Amal Kenawy ; en blanc : Michèle
Magema, Zineb Sedira, Ingrid Mwangi, et Yinka Shonibaré50.
. Plafond / sol / couleur des murs
48 Voir Volume annexes, annexe 11 Trappes Africa
Remix, p.40.
49 Voir Volume annexes, annexe 12 Plan de
l'installation de Mounir Fatmi, p.42.
50 Voir Volume annexes, annexe 10 Description des lots
N° 1, 2 et 3, p.30.
Le plafond de la galerie 1 du niveau 6 est constitué
d'un ensemble complexe d'ossatures métalliques. Conformément
à la priorité qui a été donnée lors de la
construction de libérer l'espace intérieur des gaines techniques
et des organes de circulation en les rassemblant au niveau du plafond des
salles, un ensemble de tubulures de différentes diamètres,
couleur inox ou blanches, sont visibles au dessus des cimaises
installées pour l'exposition. Au-delà de ces gaines, on discerne
le plafond de l'étage à sept metres de hauteur. Le sol est
recouvert de résine gris clair depuis la construction de
l'édifice mais la salle de cinéma, la salle de musique et la
cabine de Moatsz Nasr ont été recouvertes de moquette grise pour
l'exposition. Celle de William Kentridge présente une épaisse
moquette noire.
Certains murs sont peints dans « des couleurs ne
rappelant pas spécialement l'Afrique»51 . Les peintures
employées sont de phase aqueuse haut de gamme de type hydrotex et la
gamme est assez soutenue : bleu, orange, rouge, vert... Les couleurs exactes
sont : Bleu de Kossou, Rouge Paris, Orange coloquinte, Vert ciboulette, Bleu
Luzien et Brun Lozère, ainsi que le Gris petit cheval (nuanciers La
Seigneurie). L'ensemble des murs est gris petit cheval sauf quelques pans comme
suit 52:
- Brun Lozère : Chéri Samba,
- Bleu Luzien : Abdoulaye Konaté, Paulo Capela, Berry
Bickle, Cyprien Tokoudagba, Benyounès Sematati, Julie Mehretu,
- Rouge Paris : Franck K. Lundangui, Abu Bakarr Mansary,
- Orange coloquinte : Cheikh Diallo,
- Ocre : Yinka Shonibaré (couleur faisant partie
intégrante de l'installation),
- Bleu, blanc, rouge : Zoulikha Bouabdellah (couleur faisant
partie intégrante de l'installation). Au départ, ces trois
couleurs devaient être pailletées mais l'idée a
été abandonnée faute de budget.
Ici, les couleurs ne semblent correspondre à aucune
logique particulière si ce n'est participer au rythme et à
l'habillage de l'espace. Étant donné la thématique
tripartite de l'exposition, on aurait été tentés de penser
que les couleurs des cimaises auraient pu correspondre aux trois sections
auxquelles les artistes appartenaient mais il n'en est rien.
La seule intention de la scénographe et des
commissaires était d'utiliser des couleurs pour égayer l'espace
(exposition africaine tout de même), sans pour autant tomber dans des
lieux communs coloristes ou des indications trop lourdes sur les intentions des
artistes. Notons également qu'à titre d'exemple, le mur sur
lequel étaient exposées les oeuvres de Chéri Samba au
Museum Kunst Palast de Düsseldorf était de couleur ocre, la salle
Cheikh Diallo était approximativement de la même couleur orange,
le mur autour de l'installation de Yinka Shonibaré était blanc et
enfin, celui qui servait de support aux oeuvres de Julien Tokoudagba
était noir. Bref, hormis l'installation de Cheick Diallo, il n'y a pas
de correspondances à noter entre l'exposition de Paris et celle de
Düsseldorf au niveau de la couleur des murs.
. Éclairage
L'ensemble de l'exposition est éclairée par un
système de spots sur rails fixés longitudinalement tout le long
des travées et des couloirs à environ 5 mètres du sol. Les
éclairages sont la plupart du temps indirects, plutôt doux, et
accrochés en ligne, à part pour quelques oeuvres qui jouissent
d'un faisceau direct comme Sasa de El Anatsui (ce pan de tissu
monumental rebrodé d'aluminium et de fils de cuivre justifie
certainement cette éclairage brut qui en fait scintiller la surface) ou
Waiting for Bus de Dilomprizuliké, installation fantomatique
qui s'étale en biais sur plusieurs metres au milieu d'un large couloir.
Pièce maîtresse de l'exposition, cette installation s'inscrit avec
insistance dans l'espace grace à cette lumière vive. Pour
confronter le visiteur à la rudesse de ses aquarelles,
Barthélémy Toguo a choisi aussi un éclairage violent mais
diffus qui sature l'espace et marque un temps fort dans l'exposition. Il en va
de même pour Mounir Fatmi avec Obstacles, qui tout au
début de l'exposition, nous aveugle de lumière et de messages
initiatiques (pour pénétrer dans l'exposition).
Enfin, trois oeuvres requièrent un éclairage
spécifique. Down by the River d'Ingrid Mwangi qui associe dans
un même espace une vidéo et une installation (large bande de terre
ocre rouge saupoudrée au sol où sont inscrits des mots).
L'extrémité de la bande de terre est faiblement
éclairée par une lampe suspendue au plafond qui affleure le sol
terreux. La vidéo se joue à l'autre extrémité de la
pièce, ce qui permet ainsi que les deux entités ne se parasitent
pas l'une l'autre. African Adventure de Jane Alexander a la
particularité d'être entiérement
éclairée sur tout son long par trois lustres pompeux en cristal
sensés participer à l'évocation du riche passé
colonial de l'Afrique du Sud. Enfin, l'installation History as an aspect of
oversight in the process of progessive blindness d'Andries Botha comporte
un temps fort lumineux en présentant un mur de béton trés
fortement éclairé qui soutien une vitrine contenant des
reproductions de têtes d'Africains.
Bref, l'éclairage peut-être
considéré comme un des points forts de cette exposition. Il
participe à désenclaver certaines oeuvres majeures de la
promiscuité dans laquelle elles sont engoncées et sa structure
linéaire accentue le parcours à suivre pour appréhender la
plus grande partie des oeuvres. Il joue un rôle de stimuli visuel qui
évite d'omettre certaines pieces et de relâcher trop tôt une
attention déjà bien sollicitée. Moins qu'un succés,
il s'agit peut-être là d'une tentative réussie d'aller
à l'encontre de contraintes scénographiques trés
pesantes.
. Environnement sonore / technique
Comme dit précédemment, la plupart des salles de
projection sont construites avec des cloisons de 60 cm d'épaisseur et
remplies de laine de verre. De plus, 11 d'entre elles sont chapeautées
de plafonds qui protègent les autres installations du parasitage sonore
ou lumineux. On peut voir encore ici des installations spécifiques dues
à la promiscuité des oeuvres. En termes d'installations
techniques, on peut noter la présence d'un important appareillage
technique qui concerne 25 artistes soit un tiers des protagonistes. 43 lecteurs
DVD, plus de 10 écrans plasmas, 15 projecteurs vidéo composent le
parc technologique de l'exposition avec des installations plus ou moins
complexes selon les artistes53.
. Signalétique / cartels / communication
La signalétique de l'exposition comprend :
- un texte générique introductif à
l'extérieur de l'exposition en vinyle adhésif noir directement
apposé sur le mur ainsi qu'un texte de titrage et un texte
d'introduction des commissaires,
53 Voir Volume annexes, annexe 17 Liste des
installations audiovisuelles, p.59.
- 3 textes dits « pédagogiques » introduisant
chaque changement de section dans l'exposition,
- environ 200 cartels écriture jaune, rose, bleu et
vert sur fond blanc (couleur en fonction de la section à laquelle
appartiennent les oeuvres soit respectivement Identité et histoire ;
Corps et esprit ; Ville et terre ; Mode, design et musique). Ces cartels
indiquent le titre de l'oeuvre, le lieu, la date et la technique
employée et se déclinent en trois langues. 50 cartels
développés concernant les oeuvres clefs de l'exposition sont
également dispatchés dans l'espace54. Nous pouvons
également noter qu'au niveau du graphisme, la proposition retenue pour
l'ensemble des visuels de l'exposition est celle du catalogue 60 pages, avec
une composition plutôt géométrique et vivement
colorée (couleurs très « technologiques » rose, jaune
et bleu rappelant des faisceaux lumineux de type néons). Les couleurs
choisies pour les trois sections de l`exposition correspondent à ces
trois couleurs. Elles correspondent à des teintes classiques du nuancier
Pantone (soit un bleu Pantone 192-3, un jaune Pantone 1-3 et un rose Pantone
128-1). Marie-Laure Bernadac était tout à fait opposée
à cette charte graphique qu'elle jugeait « hideuse » : «
J'étais totalement contre des le départ et je pense que c'est
à cause de çà si nous avons eu aussi peu de monde. Le
graphiste était soutenu par le président et nous n'avons pas pu
intervenir. Très mauvaise affiche et trés mauvaise communication
réalisée. La seule chose que j'ai pu obtenir est que le catalogue
différe du reste de la communication...»55 . Il y a donc
un graphisme différent pour le catalogue général qui n'a
aucun point commun avec le reste des éléments de communication de
l'exposition. Notons que les visuels des autres expositions à
Düsseldorf, Londres et Tokyo étaient indépendants et
différents de ceux de Paris : très sobres pour le Museum Kunst
Palast et la Hayward Gallery et plus excentrique (peut-être conforme
à une certaine interprétation graphique des oeuvres africaines
par le graphiste japonais) pour le Mori Museum56.
Pour conclure sur la description physique de l'exposition,
nous pouvons préciser que des films pour atténuer la
lumière du jour ont été installés sur les baies
vitrées du fond de la galerie soit 26 pièces de 141 par 380 cm en
moyenne (Société Protec Solaire). Plus
54 Voir Volume annexes, annexe 14 Demande de devis,
note d'intention et graphisme, p.54.
55 Voir entretien avec Marie-Laure Bernadac, Volume
annexes, annexe 27, op.cit., p.9
56 Voir Volume annexes, annexe 15 Visuels, p.50.
généralement, le montage de l'exposition s'est
déroulé du 4 avril au 23 mai 2005 57 et le montant
total des travaux s'est élevé à 217 450 euros et 172 000
euros pour l'ensemble des publications58 . Le principal
mécéne de l'exposition est la firme Total. Nous ne savons pas
à quelle hauteur s'est engagé la firme dans le budget de
l'exposition mais la premiere page du catalogue 340 pages est
réservé au mot de son Président-Directeur
Général Thierry Desmarest qui proclame : « A travers le
soutien qu'il apporte à l'exposition Africa Remix au Centre
Pompidou, Total souhaite témoigner de son attachement au continent
africain, et permettre à tous d'en découvrir et d'en
apprécier la créativité et le dynamisme artistique
contemporain. » Attachement bien compréhensible quand on sait que
Total a enregistré un bénéfice net de 12,585 milliards
d'euros en 2006 (un chiffre en hausse de 5% par rapport à 2005). C'est
le plus gros profit jamais déclaré par une entreprise en France
et le pétrole de la zone Afrique représente près de 30 %
du total des productions du groupe. D'ailleurs, à mon sens, un des coups
d'éclat de l'exposition est le tour joué par Mohamed El Baz
quelques jours avant l'ouverture de l'exposition (en toute conscience de Simon
Njami) : Dans son installation Niquer la mort / Love supreme (2004),
l'artiste a écrit sur les murs « TOTAL.EMENT AFRICAIN OUA.H OUA.H
OUA.H ». L'OUA ou Organisation de l'Unité Africaine appelée
aujourd'hui UA, Union Africaine, est présidé par l'ancien chef
d'état nigérian Olusegun Obasanjo (remplacé par Umaru
Yar'Adua en 2007). Au mois de juin 2005, le Nigéria signa un accord
octroyant à Total 40% de participation dans l'exploitation d'une
nouvelle base de prospection offshore. Olusegun Obasanjo fut invité en
tant que président de l'UA au vernissage de l'exposition Africa
Remix.
C. Description de l'exposition. Données conceptuelles
: le paysage général de l'exposition, détails et enjeux de
l'accrochage
. Rôle de la scénographie dans la
présentation des oeuvres
« Les 2200 m2 de l'espace d'exposition sont organisés
selon un parcours adapté au contenu de l'exposition, avec une alternance
de salles spécifiquement dédiées aux
57 Voir Volume annexes, annexe 17 Calendrier
détaillé d'exécution des travaux sur site, p.58.
58 Voir Volume annexes, annexe 18 Budget de
l'exposition, p.63.
installations des différents artistes, et des espaces
plus ouverts regroupant peintures et photographies. Le parcours est basé
sur l'idée de deux grandes esplanades permettant de dégager de
vastes perspectives et desservant de part et d'autres les salles
dédiées aux installations. Chaque installation est introduite par
une cimaise en épie légèrement saillante sur l'esplanade
et permettant la signalisation de la salle59.» La description
de Nathalie Crinières ci-dessus correspond assez bien à la
réalité de l'exposition. Par contre, on ne sent pas vraiment,
lors de sa visite, la respiration provoquée par les « deux grandes
esplanades permettant de dégager de larges perspectives ». Au bout
de la première esplanade se trouve la structure El Anatsui / Cheikh
Diallo (5 mètres de long) qui ne participe pas à l'ouverture sur
la baie vitrée. De plus, chaque élément
scénographique participe à la création de chicanes
(initialement, une chicane est un tracé en zigzag créé sur
une route pour obliger les véhicules à ralentir) qui obligent les
visiteurs à zigzaguer tout au long du parcours et à
s'arrêter à différents endroits stratégiques pour
observer les oeuvres. Là aussi, on peut s'interroger sur le freinage
intentionnel ou non causé par tous ces obstacles dans le parcours du
visiteur comme pour ralentir sa course vers la sortie. L'ultra sollicitation
sensorielle provoquée par le nombre des oeuvres et leur
diversité, par la couleur des murs et plus généralement
par l'ensemble des structures scénographiques ne permet pas, à
mon sens, la respiration et la fluidité nécessaires pour jauger
chaque pièce, et apprécier l'ensemble de l'exposition.
. Titre de l'exposition
Au départ, et selon le souhait de Simon Njami,
l'exposition devait s'intituler Chaos et métamorphoses. Elle
devait proposer une vision singulière sur la création africaine
contemporaine en mettant l'accent sur la notion de syncrétisme
esthétique et conceptuel qui s'est opéré en Afrique depuis
une quinzaine d'années. Peut-être en évocation à
La métamorphose des dieux d'André Malraux qui
écrivait dans ses Antimémoires en 1967 : « Le monde
de l'art n'est pas celui de l'immortalité, c'est celui de la
métamorphose». Le concept de ce titre, repoussé par les
autres organisateurs de l'exposition, est développé
59 Nathalie Crinières, in « Demande de
devis, note d'intention et esquisses », voir Volume annexes, annexe 16,
p.54.
par Simon Njami dans le texte du même nom qui figure
dans le catalogue de l'exposition60. Après un passage
introductif sur les lieux communs qui fédèrent le reste du monde
sur une certaine idée géographique et historique de l'Afrique,
Simon Njami affirme : « Il y a bien quelque chose, au-delà de
l'histoire et de la géographie, qui unit toutes ces nations. Elles
vivent toutes dans le chaos engendré par l'histoire et s'en accommodent
à leur manière ». Ce chaos, bien loin d'être un
scandaleux handicap, aboutit selon lui à la création « d'un
continent en mutation perpétuelle. Une montagne en formation ». La
métamorphose africaine prend donc racine dans ce chaos pour former
« ce syncrétisme culturel qui fonde toute
contemporanéité [...] elle nous contraint à assister
à sa propre métamorphose ». La notion de remix porte donc
aussi sur l'hybridation des themes, sur des générations
d'artistes mêlées et sur des identités diverses, faisant de
l'Africain une espèce de mutant. Texte passionnant sur le devenir de
l'Afrique et titre bien éloigné de celui qui a été
finalement attribué. Africa Remix61 a
été adopté et correspondait à des contraintes
d'ordre linguistique (la tournure anglophone s'adaptait mieux à
l'itinéraire international de l'exposition et évitait des
problémes de traduction et de compréhension) ; et marketing,
puisqu'il conférait ainsi à l'exposition une image plus jeune,
plus moderne, et pouvait de ce fait introduire dans le concept de
l'évènement différentes strates sémiologiques ainsi
que des « outils » originaux : compilation musicale
éditée pour l'occasion par le Centre Pompidou ou le « AFRICA
REMIX » SAMPLER62 du catalogue d'exposition. Par cette
référence musicale, l'institution peut aussi toucher un public
plus large et plus jeune, sensible à cette terminologie anglo-saxonne,
musicale et festive. Pour revenir à l'aspect syncrétique de
l'exposition, il fallait un titre, qui, selon le commissaire principal, «
mette en lumière l'histoire des transformations »63 .
Ainsi, ces deux termes accolés, dans leur seule analyse
sémantique, nous amènent à nous poser une myriade de
questions : qu'est ce qui est remixé en réalité dans cette
exposition ? Est-ce l'Afrique qui remixe plusieurs visions
60 Simon Njami, « Chaos et métamorphoses
», op.cit., p3.
61 Un remix désigne, en musique, une
version modifiée d'un morceau réalisée en studio avec des
techniques d'édition audio, destinée en général aux
DJ pour les clubs.
62 « AFRICA REMIX » SAMPLER, que l'on peut trouver
aux pages 242 à 283 du catalogue d'exposition 340 pages a
été conçu par Thomas Boutoux et Cédric Vincent
comme un texte-sampler organisé à travers 130 entrées qui
découpent et fragmentent la constitution de l'art africain contemporain.
Ces entrées sont en réalité de courts textes qui
présentent tout à la fois des acteurs ou des groupes de personnes
majeurs de la politique, de la négritude, du panafricanisme, de la
« renaissance africaine », bref des arts et de la culture de
l'Afrique moderne.
63 Interview de Marie-Laure Bernadac par
Clémentine Dirié, op.cit., p.10.
d'elle-même pour rassembler ses morceaux épars ?
Est-ce le spectateur qui revisite sa façon de penser et de voir l'art
africain et les africains ? (ce qui lui permettrait en ce cas et
idéalement de prendre conscience de la multiplicité de l'Afrique
souvent considérée comme un pays « uniculturel » et non
pas comme un continent multiculturel). Sont-ce les commissaires qui remixent
plusieurs formes d'expositions sur l'art africain déjà
jouées auparavant, comme pour en extirper une version inédite ?
Ou bien est-ce les artistes qui livrent de nouvelles versions de leurs propres
oeuvres pour s'adapter au concept de cette exposition ? Simon Njami affirme
dans un entretien accordé au journal Le Monde du 26 mai, que
« dans le titre, Remix compte autant qu'Africa [...] ce
sont les rapports entre les cultures africaines et Occidentales qui sont
décisifs et la façon dont les artistes se définissent dans
le contexte de la mondialisation. Ils dessinent de nouvelles cartes, ils ont
besoin de savoir qui ils sont et de dire qui ils sont, avec d'autant plus de
force que, jusqu'ici, ils ont été peu écoutés
». On constate donc que ce titre est loin d'induire seulement des
interrogations comme le proposait Alors la chine ? en 2003, mais qu'il
offre des éléments de réponse et des pistes de
réflexion. Il s'oppose également aux Magiciens de la
terre, en affirmant que quinze ans plus tard, l'artiste africain est bel
est bien sorti d'un rapport magico-cosmogonique à l'art. L'artiste
africain est devenu un DJ capable de réemployer des
éléments divers et de les recycler, de les recomposer de
manière à intégrer, sans signe extérieur
d'apparentement géographique, le marché mondial de l'art
contemporain. Il en va ainsi pour des oeuvres comme Sasa de El Anatsui
qui récupère des bouchons de bouteille pour créer une
tenture somptueuse et scintillante ou pour Romuald Hazoumé qui
réemploie des bidons en plastique pour ériger des totems qui
racontent symboliquement l'histoire du Bénin. Pour autant, le
Remix évoqué ici ne se cantonne pas à l'art de la
récupération qui a fait école en Afrique auprès de
nombreux artistes. Fer de lance de toute une génération
daptaïste64, Simon Njami s'insurge en affirmant que «
certaines personnes limitent l'Afrique à la récupération
et construisent toute une théorie de l'art africain autour
64 Du néologisme créé par
l'artiste Sénégalais Dary Lo soit une adaptation imposée
et forcenée des artistes africains à leur environnement et qui
les pousse à la récupération matérielle et
conceptuelle : « La récupération est l'instance même
de l'oeuvre » nous dit l'artiste dans l'article « Tout est
prétexte à la création », Entretien avec Dary Lo,
Africultures, n°48 - mai 2002, L'Harmattan, Paris, p. 66 - 67.
du concept de friche »65. Nous pouvons aussi voir
dans ses propos une attaque franche contre la théorie que
développe Jean-Loup Amselle dans son ouvrage L'art de la
friche66.
Enfin, l'idée de remix dans l'art contemporain est
répandue tout autant que l'idée de syncrétisme. On se
souvient de l'exposition Playlist au Palais de Tokyo en 2004 qui
posait déjà cette question de l'hybridation dans l'oeuvre et de
son caractère composite. Nicolas Bourriaud, commissaire de l'exposition
déclarait à ce sujet que « l'artiste est un genre de
sémionote, un inventeur de trajectoires parmi les signes
»67 . Si l'objectif de cette exposition est de rallier les
artistes africains à une expression universelle et non identifiable, le
titre choisi permet cette intégration grâce à ce
métissage et à cette hybridation où, comme
l'écrivait le martiniquais Édouard Glissant : « il n'y a
plus de centre, que des périphéries, et chaque
périphérie devient un centre en soi. »
. Identité et histoire ; Ville et terre ; Corps et
esprit ; Design, mode et musique
Les oeuvres de l'exposition Africa Remix sont
regroupées en trois sections sur les thèmes suivants :
Identité et histoire, Ville et terre, Corps et esprit, Design, Mode et
Musique. Dans le catalogue général de l'exposition, il n'existe
pas de couleur particulière de la typographie en fonction des sections
mais dans le deuxième catalogue de 60 pages, Identité et histoire
correspond à la couleur jaune, Corps et esprit à la couleur bleu,
et Ville et terre à la couleur rose. Une quatrième section :
Mode, design et musique regroupe en vert les trois artistes suivants :
Joël Andrianomearisoa, Cheikh Diallo et Balthazar Faye. Sur le plan de
l'exposition en page 3, des points de couleur correspondent aux artistes et
chaque couleur correspond à leur section respective68. On
s'interroge alors sur le caractère autoritaire de l'exposition qui nous
oblige, par cette répartition tripartite, à enfermer chaque
oeuvre dans un champ symbolique oü elle viendrait se loger. Pourtant, pour
Simon Njami, chacun devait pourtant être seul juge des rapprochements
à opérer. « Les visiteurs qui vont entrer dans l'exposition
en cherchant l'Afrique vont être totalement perdus parce qu'ils vont
être confrontés, d'une pièce à l'autre, à des
méthodes différentes,
65 « L'Afrique n'est pas une thématique »,
entretien avec Simon Njami mené par Cédric Vincent et
Frédéric Wecker, in art 21 magazine, n° 3,
juillet/août 2005, p.14.
66 AMSELLE Jean-Loup, L'art de la friche,
essai sur l'art contemporain africain, Paris, Flammarion, 2005.
67 Nicolas Bourriaud, « Qu'est-ce qu'un artiste
(aujourd'hui) ? » in Qu'est-ce que l'art aujourd'hui ?, Beaux-Arts
magazine, Paris, 2002, p.14.
68 Voir Volume annexes, annexe 9 Plan
de l'exposition du catalogue 60 p. Africa Remix, p.29.
à des discours et des médias différents,
et vont être forcés de s'arrêter devant chaque pièce
à cause de la pièce précédente et ainsi de suite.
Chaque pièce menant à une autre en continuant et agrandissant ce
questionnement sur la nature de ce que l'on voit69. » Et c'est
effectivement ce qui se produit lors de la visite. Conformément aux
intentions scénographiques de Nathalie Crinières, les cimaises en
épie légèrement saillantes incitent les visiteurs à
stopper leur déambulation et à rentrer dans les salles. Elles
remplissent leur fonction et orientent leur cheminement, bien plus que les
cartels et leurs couleurs, sensés nous rappeler à tout moment
à quelle section appartient l'oeuvre que nous sommes en train d'admirer.
Car pour résumer, il y a les artistes jaunes, bleus ou roses, et cette
identification immédiate grâce aux couleurs parait un peu trop
didactique, voire redondante. Entre la couleur des murs, les cartels, les
panneaux pédagogiques, les cimaises en épis et les
éclairages suggestifs, on se demande parfois où est le
libre-arbitre pour le visiteur et comment il peut être seul juge de ce
qu'il voit. Bref, Simon Njami, à propos du choix de ces trois parties
ajoute que : « ces thématiques sont communes à tout art, et
qu'elles sont des réponses plastiques apportées par ces artistes
à des questions universelle »70. Dans la partie qui
suit, nous allons détailler brièvement le contenu de chacune de
ces parties en résumant le texte de présentation que Simon Njami
propose à leur sujet dans le catalogue de l'exposition.
Identité et histoire (29
artistes71) : Cette première partie de l'exposition
présente des oeuvres qui mêlent la question de la mémoire
personnelle, à celle de la mémoire collective. Selon Simon
Njami72, on pourrait définir l'identité comme un
étant-dans-lemonde. Ainsi la carte d'identité n'informe
pas sur ce que nous sommes mais plutôt sur l'endroit d'où nous
venons. Cette identité renvoie à une identification par rapport
à un tout : la nation. C'est cette première notion qui participe
à la construction des nations africaines modernes, qui émergent
des turbulences de l'histoire du 20ème siècle.
L'Afrique actuelle n'est que le fruit d'une histoire corrigée par
d'autres. De là l'impossibilité pour l'Africain de
69 « L'Afrique n'est pas une thématique. »,
entretien avec Simon Njami, op. cit., p.11.
70 Simon Njami in « Á propos de
l'exposition Africa Remix, l'art contemporain d'un continent », revue
Gradhiva, n°2, 2005, p.144.
71 Pour les trois sections, voir Volume annexes,
annexe 20 Liste des artistes par section et parcours sélectifs, p.65.
72 Simon Njami « Identité et histoire
», in AFRICA REMIX L'art contemporain d'un continent, Paris,
éditions du Centre Georges Pompidou, 2005, p. 84-85.
se penser, dans un premier temps, autrement qu'en
réaction à autrui, en l'occurrence au colonisateur. Á
l'aube des Indépendances, il s'agit d'une affirmation collective
où l'identité africaine ou arabe semble être alors le mot
d'ordre. Dans les années 1980, la question n'est plus d'élaborer
une Afrique postcoloniale, mais de définir la place de l'Africain en
tant qu'individu dans un contexte plus global.
Ainsi s'oppose, d'une part, une mémoire collective qui
scelle l'appartenance à un lieu, comme dans l'oeuvre Tabla de
Moataz Nasr ou l'installation History has an aspect of oversight in the
process of progressive blindness de Andries Botha, ou encore la sculpture
For those left behind de Willie Bester, sur lequel l'oeil critique et
citoyen de l'artiste va s'exercer ; et d'autre part, une mémoire
personnelle où se confrontent pêle-mêle la sexualité,
le politique, le féminisme, la race, les origines, comme dans les
oeuvres Dansons de Zoulikha Bouabdellah ou Oyé, Oyé
de Michèle Magema.
La construction d'une identité propre passe tout
naturellement par l'identification du milieu dans lequel nous évoluons
et entraîne la reconnaissance de l'autre. C'est ce rôle qu'assument
les artistes comme Yinka Shonibare, Fernando Alvim ou Hassan Musa qui, chacun
à leur manière, revisitent les grands mythes de la culture
Occidentale. Dans son installation Victorian Philanthropist's Parlour,
Yinka Shonibare offre une image hybride de la culture victorienne. Quant
à Fernando Alvim, il fait de Belongo, son drapeau de la nation,
un commentaire politique et historique. Enfin, le tableau Great American
Nude d'Hassan Musa évoque une remise en question de la
représentation esthétique de l'histoire Occidentale.
Ville et terre (29 artistes) : Ici, comme
dans la section précédente, sont mises en scène des
notions en apparence contradictoires. Si la ville et la terre sont souvent
opposées, cette division en Afrique, peut-être plus qu'ailleurs,
s'avère artificielle. La ville est une aberration de la terre. En
Afrique, à quelques exceptions près, il n'y a que la capitale qui
remplit les fonctions organiques d'une ville. La ville africaine est un
conglomérat de sensibilités, d'humanités et de
perceptions, vers laquelle convergent les villageois qui ont
décidé de s`y installer de manière provisoire. Comme pour
ceux qui partent à l'étranger il ne s'agit que d'une
parenthèse nécessaire qui parfois peut durer une vie
entière.
Les photographies de Pascale Marthine Tayou montrent cette
urbanité rurale qui lie la fonctionnalité de l'une au
caractère bucolique de l'autre. Cette notion de chantier, d'espace
en perpétuelle mutation se retrouve dans les
photographies d'Otobong Nkanga ou dans le Township Wall d'Antonio Ole.
Dans un même temps, la capitale est le lieu de rassemblement de la nation
sans distinction d'ethnie et de fortune, la ville est un décor
fabriqué, comme le montrent les images numériques d'Allan de
Souza et les maquettes de Bodys Issek Kingelez. Dans son installation, On
waiting the bus, Dilomprizulike se fait commentateur social. Les
silhouettes fabriquées à partir d'objets de
récupération sont à la fois acteurs et matière. La
terre ou la nature sont une permanente totalité comme on peut le voir
dans les photographies de Tracey Derrick, tandis que la ville est un ensemble
fragmentaire. Dans son triptyque, Three cities, Rodney Place nous
parle du rêve inavoué d'une intégration sud-africaine au
grand continent.
Les artistes africains, qu'ils vivent sur leur terre natale ou
loin de leurs origines, sont tous des naufragés volontaires. Dans cet
exil intérieur, il n'existe plus de ville ou de campagne, mais une terre
natale qui confond tout et ramène à l'équilibre
initial.
Corps et esprit (24 artistes) : Dans cette
section sont réunies des oeuvres dont la préoccupation est la
représentation. Si elle associe le corps et l'âme, c'est parce
que, en Afrique, ces entités sont inséparables. Dans ce contexte,
il est plutôt question de l'esprit. Pour peu que le corps soit un
instrument, il n'en demeure pas moins le moyen unique par lequel nous
apparaissons aux autres.
Dés lors qu'il devient un élément de
création artistique, le corps cesse d'être la matière que
nous percevons pour devenir autre chose. Lorsque Frédéric Bruly
Bouabré, philosophe autoproclamé d'une nouvelle
spiritualité africaine, exprime ses théories dans ses dessins, le
corps humain y figure. L'initiation dépeinte par Abdoulaye Konaté
est illustrée par sept formes humaines qui sont la métaphore,
selon l'artiste, des sept régimes de croyances auxquelles le
20ème siècle a été soumis. Le corps
africain n'est africain que parce qu'il est revendiqué comme tel. Les
portraits qui jalonnent le Pédiluve n°4 de Bili Bidjocka
sont autant de spectateurs actifs qui nous renvoient à nous-mêmes.
Tandis que les aquarelles de Barthélémy Toguo ou les collages de
Wangechi Mutu, en déformant le corps classique, nous renvoient à
une réflexion sur les êtres mutants, les extra-terrestres que sont
devenus, métaphoriquement, les Africains. Cette notion de mutant nous
renvoie d'ailleurs au texte « Chaos et métamorphoses » de
Simon Njami. Le corps devient une toile vierge sur laquelle l'artiste transpose
sa vision de notre humanité.
Nous sommes ici dans le domaine de la représentation,
c'est-à-dire dans celui où l'on se projette, où l'on se
présente aux autres. Et où l'on négocie les conditions de
son appartenance au monde.
Mode, design et musique (3 artistes) : Cette
section regroupe trois artistes designers : Joël Andrianomearisoa, Cheikh
Diallo et Balthazar Faye. Leur participation à cet
évènement témoigne de la volonté des organisateurs
d'élargir le champ des expressions et d'en faire une exposition
pluridisciplinaire. Musique, cinéma, littérature, design, mode
sont mis ici à l'honneur. « L'exposition est pluridisciplinaire car
la création l'est »73 déclare Simon Njami.
Déjà, dans la Revue Noire, Simon Njami et son
équipe abordaient des domaines très variés comme la
photographie, le design, la mode ..., dans la ligne éditoriale mais
aussi dans des numéraux spéciaux comme celui sur Joël
Andrianomearisoa : Une première Joël Andrianomearisoa Tableau
d'art, photographie, architecture, design, mode de cet artiste
multi-média ou le numéro d'anthologie : Revue Noire
n°21 Kinshasa, Zaïre qui incluait un CD inédit "Revue
Noire à Kin". L'exposition Suites Africaines au Couvent des
Cordeliers à Paris témoigne aussi de la même
démarche pluridisciplinaire que Simon Njami a toujours eu et qui
déhiérarchise les expressions tout en fédérant les
créateurs de tout ordre. Les produits dérivés de
l'exposition comme le CD 16 titres « AFRICA REMIX, L'ALBUM » sont
aussi le reflet de cette volonté.
. Artistes / données générales sur les
oeuvres
L'exposition Africa Remix présente les oeuvres
de 82 artistes soit près de 200 oeuvres (188 exactement). Un calcul
rapide nous indique le nombre d'oeuvres au m2 soit 11 ! Certaines sont
regroupées ou très petites mais cette information nous renseigne
sur la densité de cette exposition. La plupart des oeuvres sont
récentes. Certaines sont postérieures à 2000 comme
l'installation de Jane Alexander African Adventure (1999-2000) qui
avait été conçue à l'origine pour le Mess des
officiers britanniques au Château de Good Hope au Cap en Afrique du Sud.
Certains dessins de William Kentridge ou de Frédéric Bruly
Brouabré datent des années 1980 et 1990, tout comme les toiles
présentées par Cyprien Tokoudagba, Georges Lilanga di Nyama et
Sunday Jack Alpan. L'oeuvre de ce
73 Simon Njami, « Chaos et métamorphoses
», op.cit. p3.
dernier, Le chef de police avait déjà
été présenté en 1989 pour les Magiciens de la
terre... D'autres oeuvres ont été créées
spécialement pour l'exposition (plus de vingt) comme Témoins
de douleurs (version War), de Soly Cissé, Bricoler l'incurable
de Mohamed El Baz, The room of tears de Bili Bidjocka ou encore
les installations d'Abdoulaye Konaté, Joël Andrianomearisoa ou
d'Andries Botha. Le bar musical de Balthazar Faye et le salon de lecture de
Cheick Diallo ont aussi été conçus pour l'exposition.
Notons enfin, que 16 oeuvres ont été prêtées par la
collection Jean Pigozzi (au même moment où Africa Remix
se déroulait à Paris, une exposition au Grimaldi Forum à
Monaco rassemblait un grand nombre d'oeuvres de la collection
C.A.A.C74).
Nous avons procédé dans la partie ci-dessus
à une description des oeuvres clefs de cette exposition en même
temps que nous avons évoqué leur appartenance à chaque
section proposée par les commissaires d'exposition. Nous allons donc
nous attacher dans la partie suivante à la question du cheminement dans
l'exposition et à la répartition des artistes, par section dans
cet espace. Nous effectuerons ensuite une brève étude de
l'origine géographique des artistes et de leur
représentativité dans l'exposition.
. Cheminement75 / regroupement des
artistes
Pour pénétrer dans l'exposition Africa
Remix, il existe deux options. Face à la galerie 6 du niveau 1, se
trouvent deux entrées : une en face de nous, qui nous projette
directement dans l'installation Obstacles de Mounir Fatmi, et une,
plus discrète sur la gauche qui donne directement sur les oeuvres de
Chéri Samba. La plupart des visiteurs, moi y compris, ont
pénétré dans la salle Mounir Fatmi lors de la visite. Dans
la première esplanade qui s'offre devant nous, les 17 premiers artistes
exposés appartiennent à la section Identité et histoire.
Dans son texte introductif, Simon Njami nous dit : « Africa Remix
est avant tout une exposition d'art contemporain. Néanmoins, aborder le
fait contemporain en Afrique conduit inévitablement à relire
l'histoire. Il implique également de créer un cadre
74 Contemporary Art African Collection,
initiée par Jean Pigozzi et André Magnin après
l'exposition les Magiciens de la terre, elle comporte six milles
pièces et privilégie des artistes autodidactes. Elle couvre un
large champ de médiums et d'artistes africains.
75 Nous revenons ici, comme dans la partie
Description physique de l'exposition / Rôle de la scénographie et
de l'espace dans la présentation des oeuvres, sur le cheminement dans
l'exposition en abordant ce point d'un point de vue plus conceptuel que
technique.
théorique qui rende les différents aspects de
cette exposition accessibles à un large public. » Pour
pénétrer plus avant, les commissaires nous invitent donc à
une relecture de l'histoire à travers ces premieres oeuvres. Le
troisième tiers de la travée et le fond de la galerie
correspondent à la section Ville et terre (22 artistes). Passée
cette introduction historique, il semble s'agir tout à la fois de
l'exode rural, du rapport des africains à la notion de « ville
», de l'immigration et de ce que Simon Njami classe sous le règne
des artistes de la « diaspora ». La troisième partie de
l'exposition (la deuxième esplanade qui méne vers la sortie)
présente des artistes appartenant à Corps et esprit avant de
revenir vers la section Identité et histoire. Pourquoi finir sur la
section du début, comme si la boucle était bouclée par les
questions identitaires et historiques ? Ainsi, la dernière oeuvre
à laquelle le visiteur soit confronté est la peinture Le
Monde vomissant de Chéri Samba, planète rouge à
tête négroïde portant des continents pailletés et
dorés sur ses flancs, et vomissant simultanément le continent
américain sur lequel est peint un char d'assaut camouflé.
Á moins de repasser par la salle des Obstacles de
Mounir Fatmi...
. Autour de l'exposition : coioque, évènements,
marketing
L'exposition Africa Remix a permis de mettre en place
un certain nombre de réflexions et d'échanges autour des
questions qu'elle soulevait76. Ainsi, un colloque de deux jours (les
15 et 16 juin 2005) a été organisé en collaboration avec
le Musée du quai Branly, désireux, selon Marie-Laure Bernadac de
« prendre le train en marche ». « J'avais effectué un
rapport pour le quai Branly pour organiser une grande exposition d'art
contemporain à Paris, au moment où il était question que
je gère leur politique d'art contemporain africain [...], le quai Branly
ne m'a jamais répondu mais j'avais également envoyé cette
proposition à Bruno Racine. Il m'a alors convoqué en me disant
qu'il était tout à fait partant et qu'il fallait absolument
organiser cette exposition [...], c'est là que le quai Branly, furieux
de voir que l'on organisait une exposition de cette ampleur, et désireux
de se positionner théoriquement s'est raccroché au
projet77. » Conjointement, une rencontre a été
organisée avec quatre artistes : Ingrid Mwangi, Pascale Marthine Tayou,
Mounir Fatmi et Wim Botha le 26 mai ainsi qu'un cycle de cinéma «
Fictions Afrique » du 25 mai au 27 juin. Toute une gamme de produits
dérivés : CD, pochettes, sets de tables, affiches, cartes
76 Voir Volume annexes, annexe 24, Colloque /
évènements / produits dérivés, p.89.
77 Voir entretien avec Marie-Laure Bernadac, Volume
annexes, annexe 27, op.cit., p.9
postales étaient proposés aux visiteurs, en plus
des deux catalogues d'expositions : une version « réduite » de
60 pages et un catalogue plus conséquent de 340 pages.
. Itinéraire de l'exposition
L'intérêt d'Africa Remix, du point de
vue des commissaires organisateurs, était à la base de pouvoir
être vu dans plusieurs pays du monde. Comme nous l'avons
déjà évoqué précédemment, cette
exposition s'est déplacée sur trois continents :
- Museum Kunst Palast, Düsseldorf, Allemagne, du 24 juillet
au 7 novembre 2004, commissaire d'exposition : Jean-Hubert Martin,
- Hayward Gallery, Londres, Royaume-Uni, du 10 février au
1 avril 2005, commissaire d'exposition : Roger Malbert,
- Centre Pompidou, Paris, France, du 25 mai au 8 août 2005,
commissaire d'exposition : Marie-Laure Bernadac,
- Mori Art Museum, Tokyo, Japon, du 27 mai au 31 août 2006,
commissaire d'exposition : David Elliott,
- Moderna Museet, Stockholm, Suède, du 14 octobre 2006 au
14 janvier 2007, commissaire d'exposition : Simon Njami,
- Johannesburg Art Gallery, Johannesburg, Afrique du Sud, du
1er février au 5 juillet 2007, commissaires d'exposition :
Clive Kellner, Simon Njami.
On notera que le format de l'exposition a été
trés différent suivant les lieux (beaucoup plus d'espace pour
celle de Düsseldorf soit près de 1000 m2 en plus), avec,
selon Simon Njami, une exposition très aboutie à Tokyo : «
l'Africa Remix idéale tant en termes d'espace que de
scénographie et de fréquentation ». Selon Marie-Laure
Bernadac, « Elles sont toutes différentes, très
différentes. Il y a la même base mais chaque exposition, et je
l'ai toujours revendiqué, se devait d'être vivante, de s'enrichir,
d'être présentée différemment. De plus, il ne s'agit
pas du même public, du même contexte et des mêmes
institutions »78. Enfin, rappelons que la grande victoire du
commissaire général Simon Njami est que cette exposition ait pu
être vue en Afrique du Sud par un public africain. Il aurait
souhaité qu'elle soit montrée dans d'autres pays mais
aprés que plusieurs lieux aient été envisagés,
seule la Johannesburg Art Gallery présentait une structure
satisfaisante
78 Interview de Marie-Laure Bernadac par
Clémentine Dirié, op.cit., p.10.
pour accueillir l'exposition. Des difficultés
administratives, politiques et organisationnelles dans les autres pays
proposés n'ont pas permis ce parcours en Afrique.
Pour ce qui est de la définition du parcours, le Japon
est venu se rajouter après que David Elliott est été
nommé directeur du Mori Museum. Rogert Malbert a rejoint l'équipe
des commissaires pour l'exposition à Londres, et bien sûr
Jean-Hubert Martin à Düsseldorf, porteur d'une vision bien
particulière sur l'art africain contemporain. L'intérêt de
cette exposition réside donc dans la pluralité des visions
portées par les différents commissaires
sélectionnés. « Simon Njami a vraiment donné au
projet une orientation post Revue Noire, une implication
contemporaine, un peu anti-magiciens de la terre, pour aller vite, alors que
Jean-Hubert défendait son point de vue « Magiciens ». David
Elliott et moi-même étions entre les deux. On reconnaît donc
qu'il s'agit d'un commissariat composite, hétéroclite et que
chacun vient avec sa formation, sa génération, son
expérience79. » Dans la préface de l'exposition
Les Afriques : 36 artistes contemporains au Musée des Arts
derniers d'Olivier Sultan à Paris, Simon Njami note : « Dès
le début des années 1990, on note deux tendances dans ce que l'on
nomme la création contemporaine africaine : une tendance
internationaliste soutenue par la Revue Noire qui refuse tout exotisme
et africanisme triomphant, traduite dans la collection de l'allemand Hans
Bogatze ; et l'autre, « authentique », héritée des
Magiciens de la terre, et largement représentée dans une
collection comme celle de John Pigozzi »80.
Aprés avoir mis en lumière les réussites
et les faiblesses de l'exposition Africa Remix, nous allons proposer
dans la partie qui suit un aperçu des différentes expositions et
évènements liés à la « catégorie »
art contemporain africain depuis les Indépendances. Ce panorama nous
permettra de voir quelles autres tentatives et formes de monstration de l'art
contemporain africain ont été développées. Puis,
nous dresserons un bilan de l'exposition Africa Remix, avant de
développer notre position sur l'avenir contemporain en Afrique
après cette exposition.
79 Interview de Marie-Laure Bernadac par
Clémentine Dirié, op.cit., p.10.
80 Simon Njami, « Préface - l'histoire de
l'art contemporain africain » in Les Afriques : 36 artistes
contemporains, Paris, éditions Autrement, 2004, p.13.
3- Africa Remix : échec d'une exposition «
géographique » ou nouvelle posture face à l'art contemporain
africain ?
Dans son texte d'introduction, Simon Njami suggére que
c'est « à travers les oeuvres et elles seules qu'apparaîtront
les réponses, ou du moins les pistes d'une réflexion
renouvelée »81. Nous avons vu dans la partie descriptive
de cette exposition qu'en dehors de la sélection des artistes qui
était soumise à la fois aux visions particulières et
subjectives des commissaires ainsi qu'à des critéres conceptuels
propres à l'Occident, la scénographie ne participait pas à
mettre en valeur les oeuvre d'Africa Remix. D'un point de vue
théorique, nous allons voir, en retraçant un historique des
principales expositions sur l'art Africain, si cette exposition propose
réellement « les pistes d'une réflexion renouvelée
».
A. Historique des principales expositions « africaines
»
Dans cette partie, j'essaierai de donner un aperçu non
exhaustif mais néanmoins précis des expositions qui ont
contribué à écrire l'histoire de l'art contemporain
africain. Émaillée d'évènements particuliers et des
visions personnelles de ceux qui ont contribué à l'écrire,
elle prend sa source aprés les Indépendances, à partir des
années 196082. Cette position est infirmée par une
exposition comme The Short Century. Independance and Liberation Mouvements
in Africa 1945-1994, exposition itinérante qui interrogeait
l'histoire d'un art moderne africain qui serait né au moment des
Indépendances. Le parti pris que nous avançons ici sera de
considérer les expositions qui nous semblent sortir de certains lieux
communs ethnologiques ou historiques et qui proposent une vision
singulière de l'art africain de leur époque. Cette étude
nous permettra aussi de mettre à jour les divergences entre les
conceptions anglo-saxonnes et européennes et de retranscrire la
pluralité des démarches et des concepts qui composent cette
histoire.
Marie-Laure Bernadac souligne le caractère «
aventureux du domaine dans lequel on travaille, dans la mesure oü il n'y a
pas encore de repéres ni de théories pour étayer le
81 Simon Njami, « Chaos et métamorphoses
», op.cit., p. 3.
82 Pour toutes les expositions et les
évènements cités, voir Volume annexes, annexe 25 Un
historiques des expositions / évènements depuis 1960, p.93.
choix artistiques et définir des concepts
»83. Pourtant, dès 1966, Léopold Sédar
Senghor crée le premier FESMAN à Dakar, avec pour objectif de
« parvenir à une meilleure compréhension internationale et
interraciale, d'affirmer la contribution des artistes et des écrivains
noirs aux grands courants universels de pensée et de permettre aux
artistes noirs de tous les horizons de confronter les résultats de leurs
recherches ». Cet évènement sera à la base de la
création de nombreuses structures en Afrique par des africains et de
l'avènement d'initiatives pour montrer l'art africain aux africains
(trop peu à notre avis et c'est là tout l'objet de notre
démonstration). Pourtant, il semble falloir effectivement attendre les
années 1980 pour que l'Occident élargisse sa définition de
l'art contemporain africain. La première grande exposition qui viendra
jalonner cette histoire est Primitivism in 20th art : Affinity
of the tribal and the modern au Museum of Modern Art de New-York en 1984.
Se fait sentir alors une volonté de confronter les influences des
artistes modernes Occidentaux aux objets de leur inspiration, et de
révéler la puissance inspiratrice des oeuvres qui les ont
influencées. Tribal, primitif, l'art africain commence à
manifester son importance dans l'art de l'Occident, pas encore pour ses
caractéristiques propres, mais pour sa propension à inspirer les
artistes Occidentaux. « La définition du monde n'est plus l'apanage
exclusif des pays riches. [...] La nécessité d'enfin parler de
l'art africain semble de plus en plus une évidence. Á la
contextualisation ethnographique doit se substituer la
décontextualisation84. » Nous pouvons noter tout de
même deux expositions qui ont tenté de montrer l'art contemporain
africain sur le continent européen avant les années 1980 :
Contemporary African Art à Londres en 1967 et Art
sénégalais d'aujourd'hui aux Galeries Nationales du Grand
Palais à Paris en 1974. Mais c'est avec l'emblématique
Magiciens de la terre, en 1989, que cette « catégorie
» devient vraiment un genre, et un enjeu pour les commissaires
d'expositions européens. Cette manifestation, « premiere exposition
d'art contemporain africain » selon son commissaire Jean-Hubert Martin,
apporte un regard nouveau en associant des artistes et des artisans africains,
autour de critères géographiques et temporels. Elle associe aussi
des artistes d'Afrique mais aussi de l'Occident. Elle ne semble pas avancer de
critères esthétiques précis pour rassembler ces artistes
(si ce n'est l'aspect magique et sensationnel des oeuvres qu'elle
présente). Le
83 Marie-Laure Bernadac, « Débat. Á
propos de l'exposition Africa Remix, l'art contemporain d'un continent
», in Gradhiva, n°2, 2005, p.146.
84 Simon Njami, « Préface - l'histoire de
l'art contemporain africain » in Les Afriques : 36 artistes
contemporains, op. cit., p.54.
commissaire préfèrera d'ailleurs le terme de
créateur à celui d'artistes pour présenter les
participants. Cette exposition, très critiquée, et qui a
peut-être valu le poste de directeur du Centre Pompidou à
Jean-Hubert Martin, s'est vue reprochée sa vision primitiviste et trop
proche des arts traditionnels ou artisanaux d'Afrique, replongeant ainsi l'art
africain dans une vision ethnologique et primitiviste de l'art. Elle a permis
en revanche de créer une réelle solidarité entre le
continent noir et le reste du monde, par le biais de la magie et de la
beauté mystique des oeuvres exposées
révélées au grand public. Á partir de là, la
question : « qu'est-ce que l'art africain contemporain ? » a pu
être posée, et de plus en plus d'expositions ont tenté d'y
répondre. L'initiation de la biennale de Dakar est d'ailleurs
arrivée à point nommé pour donner un point de
repère continental à ces questions, dans un contexte flou et
incertain, désorienté par l'apparition de cette nouvelle «
catégorie » à classer ou à explorer. Cette
manifestation dont le but est de promouvoir les arts aborde dans un premier
temps la littérature (1990), puis les arts plastiques en 1992.
Dak'art s'ouvre depuis peu à peu aux artistes d'Afrique du
Nord, à ceux de la diaspora, et tente tant bien que mal de survivre face
aux difficultés politiques qui l'enserre. Elle tient en tout cas le haut
du pavé, et reste à l'heure actuelle la seule biennale d'art
contemporain pérenne du continent, complétée par les
rencontres photographiques de Bamako dirigées par Simon Njami depuis
1997. On a vu cette année émerger la foire Joburg Art
Fair à Johannesburg à l'initiative de Simon Njami et la
biennale du Caire continue à se produire. Mais depuis la disparition de
la biennale de Johannesburg en 199785, le grand continent peine
à voir émerger et perdurer des évènements
d'envergure liés à l'art contemporain. Pourtant que ce soit en
Afrique, en Europe ou sur le continent Américain, les points de vue se
sont multipliés depuis les années 1980. Alors que des expositions
comme Africa Hoy / Africa Now de la collection Jean Pigozzi ou
Neue Kunst aus Afrika ont tenté de prouver « la
qualité et l'originalité » de l'art africain, l'exposition
Africa Explores the 20th Century de Susan Vogel en 1991
à New York a fait voler en éclats les conceptions ethnographiques
de ses prédécesseurs. Elle rassemblait plus de cent trente
oeuvres et Susan Vogel proposait de les classer suivant cinq thèmes :
l'art traditionnel, le nouvel art fonctionnel, l'art urbain, l'art
international et l'art révolu. Le propos était de montrer un
siècle d'art africain, - libre au spectateur de faire le tri sans cadre
théorique et esthétique précis -, quitte à se
rapprocher
85 La première édition en 1995
proposait une présentation internationale d'artistes tandis que la
deuxième édition, dont le commissaire était Okwui Enwezor
en 1997, interrogeait la place des espaces périphériques de
création au sein d'une géographie mondiale de l'art.
formellement d'un cabinet de curiosité plutôt que
d»une véritable traduction du fait contemporain africain.
Après cette exposition « post-ethnographique », vient une
autre exposition plus « géographique » : Seven Stories
about Modern Art à Londres en 1995. Organisée par
Clémentine Deliss et précédée de séminaires
et de discussions à la Whitechapel Gallery, elle aborde l'art
contemporain africain par le biais de 7 pays (Nigéria, Soudan,
Sénégal, Ouganda, Afrique du Sud, Ethiopie et Kenya) qui
deviennent des sections dont le choix et la présentation des oeuvres
sont confiées à sept commissaires (ou artistes)
différents. Cette exposition propose une pluralité des regards
plutôt qu'une vision unique et introduit une liberté
supplémentaire dans la conception des expositions « africaines
». D'autres expositions marqueront l'écriture de cette histoire
comme Fusion : West African Artists at the Venice Biennale
organisée par Susan Vogel et présentée à la
50ème Biennale de Venise en 1993. Cette exposition propulse
sur LA scene de l'art contemporain mondial des artistes africains (la biennale
n'avait accueilli, depuis sa création, qu'une fois des artistes
africains), comme par la suite celle de la biennale 2001 : Authentic /
Ex-centric d'Olu Oguibé et Salah Hassan ou Fault Lines,
Contemporary African Art and Shifting Landscapes par Giliane Tawadros,
commissaire d'origine égyptienne (biennale de Venise, 2003). La
52ème biennale internationale d'art contemporain de Venise
présentait pour la première fois de façon officielle dans
sa programmation, un Pavillon Africain. Check-List Luanda Pop
consacrait 30 artistes issus de la collection Sindika Dokolo, la
première collection africaine privée d'art contemporain
située à Luanda, Angola. Simon Njami et Fernando Alvim,
directeurs de la Triennale de Luanda, ont conçu ce projet comme un
manifeste dont l'objet essentiel était « l'expression, loin des
modes ou des conventions établies. Check-List est un espace de
réflexion, de confrontation et de proposition ». Pourtant se
satisfaire de l'adage selon lequel l'oeuvre d'art parlerait d'ellemême,
c'est oublier qu'un manifeste artistique se doit d'être porteur d'une
révolution d'ordre esthétique ou conceptuelle. Et à ce
titre, cette exposition manquait de structuration dans le discours, même
si, lors de cet évènement, l'attribution du Lion d'Or au
portraitiste malien Malick Sidibé viendra consacrer les artistes
africains comme faisant partie intégrante de cette nouvelle carte
mondiale de l'art. Pour revenir aux expositions qui ont contribué
à écrire cette histoire de l'art contemporain africain, nous
pouvons évoquer aussi The Short Century en 2001
organisée par la commissaire d'origine soudanaise Salah Hassan qui
tentait d'esquisser une histoire de la modernité africaine et
l'exposition Museum of 100
Days, d'Okwui Enwezor à la Documenta XI de
Kassel la même année. Unpacking Europe
présentée à Rotterdam en 2001 dont Salah Hassan et
Iftikhar Dadi étaient les commissaires, proposait quant à elle un
regard critique sur l'histoire de l'Europe. Elle interrogeait sa relation avec
les autres peuples, et aussi les enjeux d'une tentative de définition de
l'identité européenne actuelle. D'ailleurs, lors d'un entretien
avec Okwui Enwezor, Simon Njami lui avait suggéré, comme
thématique de la Documenta de Kassel en 2001, d'imaginer les
pérégrinations en Occident d'un commissaire africain qui
ramènerait un échantillon de l'art non africain pour cette
exposition. Le commissaire se plaçait ainsi dans la position d'un
missionnaire ou d'un scientifique proposant une vision ethnologique d'une
civilisation, à la manière dont les Occidentaux ont
procédé en Afrique durant de nombreuses décennies. Pour la
Documenta XI de Kassel, Okwui Enwezor a finalement opté pour la
présentation de cinq plateformes de réflexions en marge des
oeuvres. Ces plateformes abordaient le contexte socio-économique,
politique et historique de celles-ci : 1) la démocratie inachevée
; 2) la justice transitionnelle et le processus de vérité et de
réconciliation ; 3) créolité et créolisation ; 4)
quatre villes en état de siège : Freetown, Johannesburg, Kinshasa
et Lagos ; 5) l'exposition elle-même86 . Cette
présentation faisait pénétrer pour la premiere fois une
exposition d'art contemporain africain dans une dimension proche des
Cultural Studies anglo-saxonnes. On peut y voir là la
différence majeure avec d'autres expositions européenne qui n'ont
pas mené, à ma connaissance, une réflexion aussi
poussé sur le contexte historique et politique de l'art contemporain
africain.
Enfin, nous pouvons conclure que certaines expositions ont
tenté d'éviter les pièges des idées reçues
et des notions faciles en proposant des visions plus centrées sur un
sujet en particulier ou au contraire plus ouvertes sans enfermer les artistes
dans une problématique précise. Nous pensons alors à
Gendered Visions : The Art of Contemporary Africana Women Artists en
1996 à New York par Salah Hassan ou aux expositions d'Olivier
86 «1) democraty unrealized, 2) experiments
with truth : transitionnal justice and the process of truth and reconciliation
3) créolité and creolization 4) under siege: four African cities
- Freetown, Johannesburg, Kinshasa, Lagos 5) passages through the construction
of exhibition», Okwui Enwezor, «Plateforms: five constellation,
domains of knowledge and artistic production, circuits and research», in
Documenta 11:plateform 1-6., Ostfildern-Ruit, Hatje verlag, 2002, p.44-55.
Sultan plus engagées comme Des hommes sans Histoire
: Histoire et spoliation des biens culturels à travers les oeuvres
d'artistes contemporains ou Africa Urbis, toutes deux au
Musée des Arts Derniers à Paris en 2005 et 2006. Olivier Sultan,
électron libre de l'art contemporain africain, a créé le
Musée des Arts Derniers à Paris en 2003 dans le XVe
arrondissement de Paris et lui a donné pour mission d'offrir une autre
vision de la création africaine, « actuellement en plein renouveau
». « Les artistes africains d'aujourd'hui s'approprient les
techniques contemporaines (vidéo, photo, installation, performance) et
opérent un mouvement constant entre leur continent et l'Occident,
rencontrant ainsi un nouveau public international. S'ils sont
déjà connus dans les pays anglo-saxons et par les amateurs d'art
africain, ces créateurs sont parfois promus sous une étiquette
ethnique, comme si l'origine était ici le seul critére
d'appréciation d'un artiste, avant même que l'on se pose la
question : quelle est leur démarche artistique singulière ? Il
nous a semblé urgent d'ouvrir un espace de qualité qui leur soit
consacré, afin de renforcer la place de la production artistique des
plasticiens africains et surtout contemporains sur la scène
internationale87. » Oliver Sultan fait partie d'un groupe de
passionnés, tout comme Aude Minard avec sa galerie / appartement La
Galerie Africaine, qui tentent de donner une autre dimension à l'art
contemporain africain, avec des lieux autogérés et
dégagés de certaines contraintes institutionnelles. Ces
expositions sont plus modestes, certes, mais elles existent et participent
elles aussi à écrire cette histoire de l'art contemporain
africain. « Il n'existe pas une mais des Afriques. Il s'agit alors
d'entendre le terme d' « art contemporain africain » dans l'acception
d'une pluralité d'identités artistiques qui se côtoient et
se rencontrent sur l'acte même de créer, au-delà de tout
dénominateur commun, instauré par paternalisme ou ethnocentrisme.
C'est l'un des objectifs de cette exposition : donner à voir
l'écriture de chaque artiste comme témoin d'un travail et d'un
savoir au présent sur la matière, les formes, la lumière,
à rebours des clichés réducteurs d'une Afrique «
exotique.88»
Bref, chacune de ces expositions, à partir des
Magiciens de la terre, a tenté de donner sa vision de l'Afrique
ou des Afriques en essayant d'éviter le piège des idées
reçues et des « clichés réducteurs ». Les
projets cités ont eu pour conséquence d'ancrer un
87 Olivier Sultan, texte de présentation du
Musée des Arts Derniers sur le site
http://www.art-z.net.
88 Olivier Sultan, « Avant-propos », in
Les Afriques : 36 artistes contemporains, éditions Autrement,
Paris, 2004, p.7.
discours théorique sur des bases contemporaines qui
faisaient défaut aux interprétations que générait
l'art africain. Les résultats n'ont pas toujours été
à la hauteur des espérances des uns et des autres, mais l'Afrique
a été donnée à voir, sous différentes
formes, et un véritable débat a été alimenté
durant ces dernières années sur ce qu'est l'art africain
contemporain et surtout sur la manière dont nous, Occidentaux, d'origine
africaine ou non, le concevons. Mais il est peut-être temps de
dépasser aujourd'hui ces tentatives de rapprochement entre l'art
international et l'art africain et d'intégrer l'Afrique non pas comme un
miroir de nous même (c'était d'ailleurs le theme de la
dernière biennale de Dakar), mais comme un autre nous même, en
privilégiant les expériences individuelles et en sortant d'une
certaine territorialité. C'est ce que tentait de faire Africa
Remix en mettant « en avant les individus, plutôt que de les
noyer dans les brumes d'un débat qui ne les concerne pas
nécessairement »89.
Nous allons étudier maintenant les principales
critiques adressées à cette exposition pour pouvoir en dresser un
bilan et envisager l'après Africa Remix. Enfin, nous appuierons
notre regard critique sur cette exposition en proposant notre vision des voies
à suivre pour un renouvellement de l'art contemporain en Afrique et en
dehors de l'Afrique.
89 Simon Njami, « Chaos et métamorphoses
», op.cit., p.3.
B. Réception critique de l'exposition
Dans l'ensemble, Africa Remix a été
adulée par la critique française et internationale. Son
envergure, sa pluridisciplinarité, sa construction et son
itinéraire en font une exposition unique. « Des expositions sur
l'art contemporain africain, à cette échelle, ne se produisent
que tous les dix ans dans le monde. Les opportunités de voir des oeuvres
africaines en Afrique sont encore moins communes. De telles expositions ne
viennent pas sur le continent alors qu'il s'agit de nos artistes »
déclarait Clive Kellner à l'occasion de son ouverture à
Johannesburg. « Africa Remix, Enfin un panorama de l'art actuel d'un
continent que le monde ignore mais qui n'ignore rien du reste du monde
»90 titrait Philippe Dagen dans Le Monde du 4 juin
2005, « Quatre-vingt artistes du grand continent montrent leurs oeuvres
à Paris. Au coeur d'un monde brutal, tous ont fui l'exotisme pour faire
vivre le spectacle de la réalité avec ses ombres et ses
lumières »91, s'exclamait Béatrice Conte dans
Le Figaro du 18 juin 2005 ou encore pouvait-on lire : « L'Afrique
à show. Mondialisme, spectaculaire mais disparate : l'exposition
Africa Remix fait escale à Beaubourg pour un aperçu de
l'art contemporain sur le continent africain »92 dans un
article d'Elisabeth Leibovici. A l'étranger, les critiques sont aussi
assez unanimes. Le Time titrait par exemple « Africa's Art
and Soul » et plus loin « The largest show of contemporary
African artists ever seen in Europe »93 dans un article de
février 2005, alors que le journal belge De Tijd intitulait un
article du 22 juin 2005 « Afrika zonder grenzen »94.
Certains chroniqueurs soulevaient tout de même les problématiques
que nous avons citées comme Florence Alexis, qui dans un article du
Monde95 déclarait « Pour tous se pose la
question de l'identité. Mais ce débat n'est intéressant
que si nous n'essayons pas de parler à leur place. La France a la
mauvaise habitude de dire aux gens ce qu'ils sont ou ce qu'ils ne sont pas.
» Mais dans l'ensemble les critiques étaient plutôt
favorables, saluant la richesse de l'exposition et « sa vitalité
qui s'empare sans complexes de l'art avec parfois arrogance et
90 Philippe Dagen, « Hassan Musa, ou la confusion
des mondes », in Le Monde 2, 4 juin 2005, supplément au
Monde n°18774 du samedi 4 juin 2005.
91 Béatrice Comte, « Dernières
nouvelles d'Afrique », in Le Figaro Magazine, 18 juin 2005.
92 Elisabeth Leibovici, « L'Afrique à show
», in Libération, 31 mai 2005.
93 Maryann Bird, « Africa's art and soul »,
« La plus grande exposition sur les artistes africains contemporains
jamais vus en Europe » in Time, 22 février 2005.
94 Pieter Van Bogaert, « Afrika zonder grenzen
», « Afrique sans frontières », in De Tidjd, 22
juin 2005.
95 Citation de la commissaire d'exposition Florence
Alexis dans un article de Martine Valo, « L'Art Africain à l'heure
du siècle », in Le Monde 2 du 18 juin 2006, p.40.
défi »96. Du côté des
artistes, certaines positions extrémistes comme celle de Romuald
Hazoumé attaquent l'exposition avec virulence. « Je trouve que
c'est l'expo la plus nulle de toutes les expos qui aient existé [...]
C'est tellement ridicule aujourd'hui de se limiter à cette expo, qui,
pour moi, a été seulement une expo d'opportunistes,
d'arrivistes97. » Soly Cissé, lors d'un entretien que
j'ai mené avec lui à Dakar déclarait, après avoir
défendu l'exposition, que : « Il était nécessaire que
cette exposition ait lieu ... mais il faut que ce soit la dernière : on
arrive à terme de ces visions européennes sur l'art contemporain
africain, il y a trop d'hypocrisie de la part de l'intelligentsia africaine qui
défend tout et son contraire...».
Des spécialistes comme Maureen Murphy98 ont
aussi pris des positions très tranchées quant à cette
exposition. Nous allons ainsi analyser ses critiques qui nous semblent
rassembler les principales attaques dont l'exposition a souffert, puis observer
de quelle manière les commissaires d'Africa Remix y ont
répondu.
Dans un article paru dans la revue du Musée du quai
Branly Gradhiva99, l'historienne assène de fortes
critiques à l'exposition et à ses commissaires :
- Elle lui reproche tout d'abord son rapprochement avec «
l'imaginaire développé à la fin du
XIXème siècle autour de l'Afrique » et son
emprunt à « l` approche primitiviste et anthropologique, un temps
réservée aux arts traditionnels de l'Afrique ». Selon elle,
cette vision exotique ne diffère pas de celle de Jean-Hubert Martin et
des Magiciens de la terre. Nous avons vu plus haut que les
commissaires d'Africa Remix avaient tenté de s'écarter
avec plus ou moins d'efficacité de cette vision et qu'ils avaient
essayé d'intégrer une certaine conception Magiciens de la
terre pour permettre à des artistes qui y avaient participé
d'être présents dans l'exposition. Deuxièmement, les
commissaires d'Africa Remix
96J.-L.P, in Madame Figaro, « L'Afrique
c'est chic », 18 juin 2005.
97 Sarah Ligner, La place des artistes
contemporains africains à travers de l'analyse de l'exposition Africa
Remix, École du Louvre mémoire d'étude, sous la
direction de Madelaine Leclerc, « Entretien avec Romuald Hazoumé
», 2006-2007, p. 119.
98 Maureen Murphy est historienne de l'art,
chargée de cours à l'École du Louvre et à
l'Université Paris X Nanterre. En 2006, elle soutient une thèse
à l'Université de Paris1 Panthéon-Sorbonne
intitulée Stratification et déplacements d'un imaginaire : les
arts d'Afrique dans les musées et les expositions, à Paris et
à New York, des années 1930 à nos jours. Elle a
travaillé au Musée du quai Branly sur l'exposition "D'un regard
l'autre". Elle est aujourd'hui chargée de mission pour les expositions
à la Cité Nationale de l'Histoire de l'Immigration et chef de
projet de l'exposition inaugurale "Les étrangers en France au temps de
l'exposition coloniale" (mai-octobre 2008).
99 Maureen Murphy, Débat « Á propos
de l'exposition Africa Remix, l'art contemporain d'un continent
», in Gradhiva n° 2, Paris, p.142-143.
semblent avoir une connaissance rigoureuse des expositions qui
l'ont précédé et peut-on remettre en question aussi
vivement leurs réflexions sur le sujet ?
- Elle critique ensuite la sélection éclectique
des artistes de « générations totalement différentes
», dont « le parcours et les conditions de travail dans leurs pays
respectifs n'ont rien à voir », ce qui ferait d'Africa Remix
un « brassage de tous les genres connus depuis les Magiciens de
la terre ». Mais faut-il catégoriser les artistes pour montrer
l'art africain ? Déjà, les trois sections choisies pour orienter
la réflexion du visiteur semblaient un peu lourdes. Fallait-il refaire
une exposition de type Africa Explores the 20th Century ou Museum
of 100 days de la Documenta XI de Kassel ? Nombre d'expositions ont
essayé d'engager une autre posture et Africa Remix a
également tenté ce pari.
- Elle avance aussi que cette «
décatégorisation » entrainerait l'avènement d'une
spécificité commune à toutes les oeuvres derriere leur
apparente diversité et viendrait « postuler l'idée d'une
essence de l'art africain ». Simon Njami renouerait ainsi avec « les
théories de la négritude institutionnalisées au
Sénégal et en France ». Si Simon Njami cite Senghor,
devrait-il faire table rase du passé et des différentes
étapes de cette histoire de l'art contemporaine africaine ? Africa
Remix semble bien loin en tout cas dans ses intentions de «
l'engouement Occidental pour un exotisme de la pauvreté » qu'elle
dénonce. En citant Wole Soyinka et sa célèbre phrase
« un tigre ne proclame pas sa négritude », Maureen Murphy ne
sait peut-être pas que le concept de tigritude s'adaptait à un
contexte précis, soit à la critique du concept de
négritude, (dans Myth, Literature and the African world
publié en 1976) et que l'auteur est d'ailleurs revenu entre temps sur
cette expression, et même lors du colloque Africa Remix auquel
il a participé. « Titillé » par Simon Njami sur cette
expression, il a mesuré ses propos avec humour en disant que depuis, les
choses avaient évoluées. En outre, cette exposition ne
défendait pas à tout prix ce concept de négritude mais en
empruntait seulement certaines références. Le souhait initial
était de mener une réflexion autour d'une appartenance à
un continent, à une culture, mais en élargissant les contours de
cette réflexion grâce aux notions de diaspora et de
syncrétisme. - Nous rejoindrons par contre Maureen Murphy dans ses
critiques proférées à l'encontre du choix
scénographique. « Une scénographie de la cacophonie »,
qui est due comme nous l'avons vu à des restrictions d'espace et
à une sélection des artistes faite de compromis et d'engagements
qu'il était ensuite difficile de décliner, sous peine de
décevoir fortement certains artistes qui avaient été
sélectionnés sur dossier...
Dans un autre article paru dans Parachute100, elle
reprend les mêmes arguments et utilise le même champ lexical :
anhistorique, cacophonie, exotisme de la pauvreté... mais elle va plus
loin dans son analyse en attribuant les défaillances de l'exposition
à un « non-dit, « ce péché » lourdement
imprégné de culpabilité que représente la
colonisation ». Africa Remix serait donc une exposition
anhistorique, cacophonique, victime de ses fantasmes postcoloniaux et corrompue
par sa propre culpabilité envers le colonialisme, tous ces
défauts exacerbés par la présence de son
mécène, Total, qui viendrait alourdir « l'expression de la
fascination de la France pour ses anciennes colonies ». Comment les
commissaires ont réagi à ces critiques : tout simplement dans une
lettre ouverte publiée également dans Gradhiva à
la suite de l'article de Maureen Murphy et de la façon suivante...
C. Réponse des commissaires
Simon Njami, Marie-Laure Bernadac et Jean-Hubert Martin ont
tout trois répondu aux critiques de Maureen Murphy dans
Gradhiva. On se demande d'ailleurs comment dans le même
numéro, le texte critique de l'historienne et la réponse des
commissaires aient pu être rassemblés aussi rapidement.
L'historienne leur a-t-elle adressé directement son texte pour qu'ils
puissent y répondre derechef ? Bref, Simon Njami répond en six
points précis. Il se déclare tout d'abord « perplexe de la
manière manichéenne dont elle a perçu le projet ». Il
revient ensuite sur la scénographie en s'excusant auprès des
artistes « dont les oeuvres n'ont eu droit qu'à un couloir »
et il ne lui conteste pas le fait que les oeuvres manquaient d'espace, ce qui
est également notre principale critique sur cette exposition.
Deuxièmement, concernant la sélection des oeuvres qui ne seraient
pas inédites, hormis celle de Cheikh Diallo, Njami rétorque que
plus de vingt oeuvres ont été spécialement
créées pour Africa Remix.
Troisièmement, il revient sur ce qu'elle nomme «
l'imaginaire développé à la fin du
XXème siècle autour de l'Afrique » en
expliquant que « cette exposition est une somme, des réflexions
que j'ai entamé il y a plus de quinze ans sur le sens de la
contemporanéité en
100 Maureen Murphy, « Africa Remix, l'art contemporain d'un
continent, Centre Georges Pompidou, Paris », in Parachute, para-para-020,
article en ligne :
http://www.parachute.ca/para_para/20/para20_Murphy.html?src=http://www.parachute.ca/public/+100/120.ht
Afrique » et de rajouter : « Je crois la
connaître de l'intérieur comme de l'extérieur et avoir
passé plus de temps avec les artistes africains qu'elle n'en aura jamais
l'occasion ». Quatrièmement, concernant le rapprochement qu'elle
fait entre Africa Remix et les Magiciens de la terre, et en
avançant qu'il est difficile d'exposer côte à côte
des artistes vivant en Afrique et d'autres nés en Occident, et
que cette juxtaposition réitère le clivage primitif / moderne, il
rétorque : « Qu'un africain qui soit né à Moscou
comme c'est le cas de l'Algérienne Zoulikha Bouabdellah semble un
problème. Or, si cela constitue un problème, c'est que
l'exposition aura au moins atteint l'un de ses objectifs. Le fait qu'une jeune
Algérienne née à Moscou côtoie un Ivoirien
âgé vivant en Côte-d'Ivoire dans une même exposition
ne postule pas de l'idée « d'une essence de l'art africain »,
bien au contraire ». Cinquièmement, concernant le soupçon
que Maureen Murphy fait peser sur Simon Njami et à son « engouement
Occidental pour un exotisme de la pauvreté » selon les mots de
Jean-Loup Amselle dans son essai L'Art de la friche, Simon Njami
conclue en disant qu'il pensait pouvoir échapper au moins à cette
critique et « Que l'on ne soit pas capable de comprendre un texte est une
chose admissible. Mais que l'on soit aveugle au point de prétendre que
l'exposition « traduit une fascination de la friche » est simplement
incompréhensible à mes yeux ».
Pour Marie-Laure Bernadac, « La manipulation des textes
est hélas un fait trop courant dans la presse pour être
relevée, mais lorsque cette pratique va de pair avec un contresens
majeur sur les enjeux d'un projet artistique, il est alors nécessaire
d'intervenir ». Elle répond à Maureen Murphy sur deux
postulats avancés par cette dernière :
- On ne peut plus faire à notre époque une
exposition collective à caractère national ou
géographique, car les artistes sont aujourd'hui nomades et l'art est
au-delà des frontières.
- On ne peut pas exposer l'art africain sans tenir compte des
théories postcoloniales.
Elle juge ces arguments « un peu courts et hypocrites
», et explique qu'ils ne sont pas employés à l'égard
des autres nations et des autres continents, et qu'une exposition collective
n'est pas la mise en application d'un concept ou d'une théorie. Pour
moi, ces contre-arguments sont difficilement recevables puisque les
études postcoloniales s'appliquent au contexte particulier des
ex-colonies dont font partie tous les pays d'Afrique (et on peut
considérer que la place accordée à Stuart Hall lors du
colloque témoignait de ce souhait de tenir compte justement des
études postcoloniales) ; et deuxièmement parce que
un des objectifs de l'exposition était de créer
un cadre théorique permettant justement au public d'appréhender
au plus juste les oeuvres proposées.
Après avoir repris à peu de chose près
les éléments défensifs de Simon Njami concernant la
scénographie de l'exposition, la sélection des artistes de la
diaspora et la production d'oeuvres inédites pour l'exposition,
Marie-Laure Bernadac rappelle le succès qu'a connu cette exposition et
que « malgré ses imperfections », elle a tout de même
permis à un large public de rencontrer ces artistes africains...
Pour terminer, la réponse de Jean-Hubert Martin s'est
avérée plus courte que celles de ses deux coorganisateurs.
Certainement fatigué d'enregistrer les mêmes critiques depuis des
années sur les Magiciens de la terre, sur Partage
d'exotismes et ici sur Africa Remix, il déclare simplement
au sujet des Magiciens « qu' il n'a jamais eu la naïveté
eurocentrique de croire qu'elle pourrait (cette exposition) inspirer
et insuffler une nouvelle dynamique en Occident », que « si ce genre
d'idées a eu cours dans les années 1930, du temps de
Georges-Henri Rivière, elles me semblent bien révolues ».
Concernant notre sujet d'étude et plus précisément le
champ lexical employé par l'historienne, il répond que «
Cette manifestation était annoncée comme une exposition d'art
contemporain, un genre suffisamment connu pour qu'il soit superflu de
l'affubler de la palissade d' « anhistorique ». Il termine son
exposé en affirmant : « J'attends toujours qu'on m'explique ce que
serait une exposition contextualisée. Serait-ce de mettre quelques
photos d'environnement et des textes « scientifiques » à
côté des oeuvres ? De même que les expositions ne peuvent
susciter un contexte, elles ne visent pas forcement à donner une vision
homogène d'une réalité. Elles peuvent au contraire vouloir
mettre en valeur l'hétérogénéité de
certaines pratiques artistiques sur le continent africain. C'est pourquoi tous
les organisateurs d'Africa Remix n'ont eu de cesse d'insister dans
leurs textes sur leur défiance vis-à-vis de toute «
idée d'essence de l'art africain ».
Au travers de ces échanges et de ces débats
acharnés, émergent et se cristallisent tous les enjeux que
sous-tend une telle exposition. Ils mêlent à la fois la
personnalité complexe et duale des commissaires d'expositions, les
susceptibilités scientifiques où chacun connaît mieux que
l'autre l'histoire de cet art contemporain africain qui est toujours en train
de s'écrire et de muter, et la culpabilité peut-être d'un
pays qui n'a effectivement
pas intégré les recherches scientifiques
anglo-saxonnes pour pouvoir opérer un réel recul sur l'art
contemporain de ses anciennes colonies. Nous pouvons constater tout de
même que les commissaires ont reconnu, au-delà de ces conflits,
les principales faiblesses de l'exposition : la promiscuité des oeuvres
et la dichotomie entre un fort désir de créer un cadre
théorique et de laisser à la fois le plus de place possible
à un éclectisme temporel et géographique dans
l`exposition. De même que pour Check List Luanda Pop à la
dernière biennale de Venise, Simon Njami n'a-t-il pas trouvé une
parade incroyable à toutes les attaques en déclarant : « Je
ne sais pas ce qu'est l'Afrique, expliquez-moi ce qu'est l'Afrique ! » ?
Il adopte une définition très ouverte de l'art contemporain
Africain, ce qui le dégage d'un certain nombre de responsabilités
face à l'organisation de ces expositions.
4 - Quel avenir pour l'art contemporain en Afrique
après l'exposition Africa Remix ?
A. Africa Remix, et après ? La vision du commissaire
général
En juin 2008, une conférence intitulée «
Après Africa Remix ? » s'est déroulée au
Musée du quai Branly, au salon de lecture Jacques Kerchache, à
l'initiative de Bernard Müller101. Simon Njami était
invité à livrer ses réflexions sur l'après
Africa Remix. Nous allons ici résumer son intervention, ce qui
va permettre d'opérer une synthése de sa pensée face
à l'art contemporain africain et offrir une perspective à
Africa Remix.
Lors de son allocution, Simon Njami porte une critique assez
farouche aux Magiciens de la terre, en partant du postulat d'Hegel
selon lequel « L'Afrique n'a pas accédé à son
histoire » et qui correspondrait à la vision « Magiciens
». Cette exposition « assez globalisante »
selon lui, (dont Jean-Hubert Martin disait ne pas avoir trouvé de
commissaires hors-Europe qui partageaient ses goûts et qui auraient pu la
coorganiser avec lui) aurait conduit à une attitude
hégémonique, à un « universalisme européen des
lumières qui porterait la civilisation aux autres peuples ». Il est
intéressant de voir comme tous les points de repéres quant
à la définition de l'art contemporain africain partent des
Magiciens de la terre, et comme cette exposition semble servir de
noeud critique d'oü émergeraient toutes les réflexions
depuis quelques années. Simon Njami se sert ensuite d'anecdotes
personnelles pour évoquer la difficulté d'être africain
(« Je ne danse pas très bien, je ne parle pas trop mal donc pour le
plus grand nombre, je ne peux pas être africain »). Il évoque
le cinéma « calebasse », la dichotomie entre ce que vous
êtes et ce que vous montrez, et critique la vision d'André Magnin
pour lequel « si un artiste africain a fait les Beaux-Arts, il n'est pas
africain. » Il développe ensuite sa pensée en expliquant que
les « spécialistes de la spécialité » excluent
de l'Afrique tout de go le Maghreb, certains médiums comme la
vidéo, et certains artistes qui comme Marlène Dumas ou Kendell
Geers sont des africains blancs. C'est aprés avoir critiqué un
certain nombre de points de vue qu'il
101 Bernard Müller est chercheur indépendant,
docteur en anthropologie, et rattaché au Centre « Genèse et
transformation des mondes sociaux », à l'École des hautes
études en sciences sociales, où il est chargé de
conférences. Il conçoit par ailleurs des évènements
artistiques internationaux accompagnés de programmes de recherche. Il a
été également chargé de l'organisation de la
rencontre avec Wole Solinka lors du débat «Postcolonial
Studies» du colloque Africa Remix avec lequel il a
collaboré pendant de nombreuses années.
défend Africa Remix, exposition qui essayait
de définir l'Afrique, comme une « illusion lyrique au-delà
de l'histoire et de la géographie » et dont « l'unité
objective provenait de la colonisation et non pas d'une unité
endogéne ». Dans ce contexte, l'artiste africain est un être
hybride, dans l'obligation de se réinventer en permanence, et c'est
« dans cette hybridité que se niche l'acte créateur ».
Les meilleurs artistes africains, selon lui, se plongent dans leur
identité, dans « la somme des particularismes » comme le
disait Aimé Cézaire. Africa Remix a donc oeuvré
pour que l'Occident reconnaisse ces individualités, ces artistes
capables de rassembler leurs identités pour en forger une expression
universelle et tout à la fois singulière. Elle constitue une
étape dans une longue marche débutée avec la Revue
Noire, et qui consiste selon lui, à développer la critique
et non pas l'exotisme. Il expose ensuite sa vision de ce qui pourra lui
succéder : « l'art contemporain africain est mal perçu en
Afrique, et il faut que les africains en donnent une définition
endogène » (nous verrons par la suite l'importance de ce terme dans
son discours), « qu'ils saisissent leur parole et lui donne du pouvoir
pour combattre la tendance européenne qui est de faire exister seulement
ce dont on a conscience ». Les artistes africains ne doivent pas non plus
tomber dans l'écueil du mimétisme, du « vin de palme light
», qui priverait leur expression des qualités majeures de leurs
oeuvres. L'art contemporain est, selon Simon Njami, très ennuyeux en
Occident car il est uniquement lié au marché, alors que les
artistes africains, à cause des contextes politiques, économique,
religieux difficiles dans lesquels ils évoluent sont plus graves. C'est
cette lourdeur de l'acte de créer qui donne de l'épaisseur
à tout ce qui se passe dans les pays africains. En Occident, (il cite
Pierre Restany) « L'art s'est coupé de sa force tellurique, il
s'est coupé de la vie ». L'inquiétude se porte maintenant
sur les politiques africains en matière d'art et de culture, et c'est ce
que nous verrons dans la dernière partie de ce mémoire.
B. Vers la construction d'un « noyau endogène
» africain. L'apport des Cultural et Postcolonial Studies
Nous retiendrons dans le discours de Simon Njami ce vocable
« noyau endogène » qui nous semble approprié à
ce que nous souhaitons décrire. Endogène signifie qui a son
origine à l'intérieur (d'un pays, d'une collectivité),
c'est-à-dire que sans se couper du reste du monde, il est important pour
les artistes africains de définir eux-mêmes ce qu'ils sont et ce
vers quoi ils souhaitent se tourner. La construction de cette identité
nouvelle après la colonisation a nourri de nombreuses études et
s'accompagne d'une réflexion rigoureuse sur des réalités
d'ordre économique, sociale et politique. C'est un débat ancien
qui a d'ailleurs été abordé lors du colloque Africa
Remix sous la forme « Les Postcolonial Studies en question »
avec l'intervention de Stuart Hall102. Le thème du
postcolonialisme fait partie ou a fait parti de la construction de ce noyau.
Issu des recherches menées sur la littérature indienne
d'expression anglaise, il est lié à l'émergence et
l'affirmation de nouvelles identités dans les ex-pays colonisés.
L'histoire de ces pays ; longtemps considérés comme des
territoires en marge, en périphérie d'une tutelle colonisatrice
qui impose sa langue, et de ce fait sa culture ; nous invite à repenser
le rôle prééminent qu'a joué l'Europe dans le
concept de modernité en se l'appropriant. Cette modernité, qui
n'appartenait jusqu'alors qu'au vieux continent, se voit remise en question par
les études postcoloniales afin de construire une histoire universelle
par la critique des relations entre culture, pouvoir et identité
culturelle. Ces études ont donc permis de repenser la notion de
modernité et le rapport entre l'Afrique et l'Europe. Il est vrai que la
construction de ce noyau endogène semble bien plus avancée dans
la culture anglo-saxonne qu'en France, et l'interaction de l'art contemporain
et de ces recherches transparait dans les expositions proposées par des
commissaires anglo-saxons. On pense alors à Trades, routes history
and geography, à la biennale de Johannesburg qui comme la Documenta
XI de Kassel, (expositions organisées toutes deux par Okwui Enwezor)
abordait les questions de la métamorphose des cultures et de la
création d'une nouvelle identité hybride mais endogène.
Lors du colloque Africa Remix organisé au Centre Pompidou en
2005, Stuart Hall, interrogé par Mark Alizart au sujet de la
méconnaissance des postcolonial studies par
les penseurs français déclarait : « C'est
des lors aux penseurs appartenant à des cultures colonisées que
revient l'analyse d'un tel processus de l'oubli. C'est grace à leur
travail sur l'altérité et l'identité que la construction
de la différence permet de constituer une pensée de l'interstice
qui, articulant la mémoire d'un passé et le présent de
l'histoire, l'origine et le déplacement, vient (r)établir
l'importance des représentations de l'ethnicité, de la race, de
la classe et du genre » 103. C'est certainement de cet
interstice que peut émerger ce noyau endogène, capable de
stimuler et de dynamiser la création en Afrique et de donner ainsi une
meilleure visibilité aux artistes africains sur le continent, puis en
Occident. Une visibilité plus juste entre altérité et
identité. « Aucun de nous n'est en marge de la culture universelle.
Elle existe, elle est là et elle peut nous enrichir. Elle peut aussi
nous perdre » disait Aimé Césaire. Quelles sont aujourd'hui
les solutions concretes qui permettraient aux artistes africains d'être
et de rayonner dans leur entièreté, dans leur complexité
et avec leurs propres critères ?
Dans un entretien accordé à la chaîne TV5
Monde à l'occasion du passage d'Africa Remix à
Johannesburg, Barthélémy Toguo énonce ce que sont pour lui
les solutions pour la création africaine. « S'il y avait des
structures, s'il y avait des lieux - vitrine sur le continent qui portent le
travail de ceux qui sont restés à l'étranger, par la
diffusion, par des expositions itinérantes, là on pourrait
arriver à équilibrer ou à éviter cette immigration
vers l'Occident. Moi personnellement, j'ai créé un centre d'art
qui va être fonctionnel dans les années à venir qui sera
déjà une vitrine pour montrer aussi le travail des artistes du
continent et du monde à partir de l'Afrique, que ça soit
l'Afrique devienne aussi une scene, au même titre que Berlin , New York,
Paris, ou Londres. Que ces villes ne soient pas que les seules plaques de
visibilité de l'art contemporain. Il faut que les Africains
eux-mêmes ne capitulent pas. Il faut que nous-mêmes on puissions
créer des partenariats entre le Sénégal et le Bénin
, le Bénin et le Cameroun , des centres d'art et puis chercher des
partenariats aussi à l'extérieur de l'Afrique pour montrer aussi
notre travail. Il y a de très bonnes choses mais est-ce que nos
états, est-ce que nos politiques en Afrique réalisent ? Il faut
que cette exposition à Johannesburg (Africa Remix) puisse aussi
être un exemple qui va aider d'autres pays à pouvoir mettre en
place des structures pour accueillir des expositions d'art contemporain.
»
Dans la dernière partie de ce mémoire, nous
allons donc dresser un bref historique de l'histoire des institutions
artistiques en Afrique104 puis voir quelles sont les structures
majeures qui existent sur le continent avant d'évoquer les projets qui
pourraient dynamiser la création africaine sur le continent.
C. La question des institutions et de la formation : quel
avenir pour l'art contemporain en Afrique ?
Il nous parait donc impératif, pour développer
d'une manière plus saine la place des artistes contemporains africains
sur la scene de l'art mondial, d'implanter en Afrique des lieux d'art
pérennes et riches d'échanges. Ces lieux prennent
déjà la forme d'interfaces entre les artistes et les populations,
de zones de rencontres entre artistes africains et Occidentaux, ou de
structures permettant d'accueillir des artistes en leur offrant des espaces
appropriés à leurs recherches et à leurs désirs de
création. Ils sont malheureusement trop peu et passent souvent par des
institutions Occidentales à l'étranger. Pour le cas précis
de la France, les Alliances Françaises et les Instituts Culturels
Français, soutenus par le Ministère des Affaires
Étrangères et par Cultures France, sont les principaux lieux
où les artistes africains peuvent s'exprimer et montrer leurs oeuvres.
Tout comme les Goethe Institut, ces structures offrent
généralement des lieux d'exposition et de débats autour
des questions culturelles et artistiques. Leur mission est à la fois de
faire rayonner la culture française à l'étranger mais
aussi d'encourager les collaborations et les échanges culturels avec les
acteurs du pays où ils sont implantés. Mais ces lieux,
créés en général au sortir des
Indépendances, sont chargés du passé colonial et d'une
certaine manière « politisés » de par leurs
orientations spécifiques. Ces dernières années, des
efforts considérables sont fournis pour permettre des échanges
équilibrés avec les pays africains, mais ils ne suffisent pas
pour offrir une pluralité de visions, de champs d'expressions aux
artistes en Afrique. Les politiques culturelles africaines sont encore aux
104 Compte tenu des difficultés d'obtenir des sources
récentes et exhaustives sur ces institutions en Afrique, nous nous
référons à un numéro spécial du magazine
Médianes édité par l'association Cultures et
développement (créée en 1961 avec l'aide du
Ministère de la coopération de l'époque). La
majorité des informations contenues dans ce numéro ancien (1999)
paraissent encore d'actualité.
Voir Volume annexes, annexe 26 Écoles et workshops en
Afrique. D'après le N° spécial Médianes,
Automne 99 / numéro double 14/15, p.108.
balbutiements d'une cohésion rendant possible la mise
en place d'infrastructures stables, et même un pays comme le
Sénégal, qui rayonne pourtant à l'international
grâce à Dak'Art comme un haut lieu d'art et de culture,
n'est pas en mesure actuellement d'offrir un statut à ses artistes
(notons que de nombreuses lois sont à l'étude au niveau
ministériel). Rappelons ici, comme le soulignait Simon Njami que la
plupart des habitants de ces états n'ont pas l'age de leur nation et que
ces politiques peinent à se structurer depuis les Indépendances.
Nous ne dresserons pas ici un portrait des politiques culturelles en Afrique,
mais nous pouvons seulement constater que des efforts sont à faire pour
développer les arts sur le continent et que ces efforts dépendent
d'une réelle volonté politique, qui mesurerait l'importance de la
culture, de l'art, et donc de l'art contemporain... pour les peuples africains.
Comme le disait Léopold Sédar Senghor : « La culture est au
début et à la fin du développement »105,
et l'Afrique manque encore cruellement de témoignages concrets de cette
volonté politique. Reste que depuis les années 1930 / 1940, on
peut observer en Afrique la constitution d'écoles, qui étaient
encore éloignées de véritables courants de pensée
autonomes, car écrasées à l'époque par le poids du
colonisateur et de ses critères esthétiques. Mais elles ont
existé et existent encore pour certaines, ce qui a permis à toute
une génération d'artistes d'émerger dans le contexte
colonial. Rigobert Aimé Njeng106, artiste de
quatre-vingt-deux ans vivant au Cameroun, immense peintre et totalement inconnu
par ses pairs raconte : « Avant les Indépendances, je peignais avec
des morceaux de brique écrasée, du bleu de teinture et du charbon
; je réalisais des portraits pour des colons qui, au début
lorsqu'ils ont découvert ma passion secrete, m'ont testé pour
voir si c'était bien moi qui les réalisais. Aprés
l'Indépendance, je côtoyais tout un tas d'Occidentaux et un ami
Grec m'a montré des oeuvres de Picasso. Il est devenu ma
référence et je n'ai pas cessé d'étudier sa
peinture. Je vivais quasiment en simultané ce qui se faisait en Europe,
sans le voir, sinon sur des reproductions. Je faisais évoluer ma
peinture en échangeant avec ces représentations. Mais
j'étais seul avec mes oeuvres... ». Ce témoignage
démontre que nombre d'artistes en Afrique ont entamé leurs
démarches avant les Indépendances mais trés peu
d'écoles ou de structures leur permettaient d'échanger et de se
rencontrer. Le vieux Ndjeng est un artiste parmi des centaines en Afrique qui
sont quasiment inconnu des artistes de la nouvelle génération
bien que leur
105 Slogan lancé par Léopold Sédar Senghor
lors de la création du premier ministère de la culture, op. cit.,
p3.
106 Rigobert Aimé Njeng s'est vu honoré d'une
rétrospective qui retraçait sa vie et son oeuvre en 2004, Les
pères de la peinture Camerounaise au Bonapriso Center for the Arts
de Douala.
histoire porte en elle une avant-garde et une modernité
riche et dense. Ainsi, avant les années 1950, le peintre nigérian
Aina Onabulu est considéré comme le premier artiste moderne
africain. Vient ensuite l'école incontournable de
Poto-Poto107, ainsi que des expériences individuelles
d'électrons libres de l'art africain comme le sénégalais
Iba Ndiaye108.
Mais il faut bien constater que la majorité de ces
structures sont le fait d'européens exilés. Sydney Littlefield
Kasfir en dresse un inventaire dans son ouvrage L'art contemporain
africain109 et précise que mises en place dès la
fin des années 1940, elles se développent dans les années
1960 dans toute l'Afrique, et jusqu'à aujourd'hui. Parmi les plus
importantes : the Polly Street Center en Afrique du Sud, celle de Ulli Beier et
Suzanne Wenger à Oshogbo au Nigéria, the Workshop School de Frank
McEwen au Zimbabwe et le Hangar de Pierre Romain-Desfossés au Congo.
Cédric Vincent, interprète le contenu de cette liste dans une
chronique bibliographique des Cahiers d'études africaines de l'EHESS
qu'il écrit au sujet de cet ouvrage. « En général, ce
sont des professionnels de l'art, ou proche du milieu de l'art, venus de
l'étranger et qui rassemblent un groupe d'artistes africains non
formé autour d'eux. Malgré leurs histoires particulières,
les ateliers reposent sur la même formule : mettre en place un lieu qui
permette de libérer, ou réanimer, les forces créatrices
innées des Africains. L'enseignement académique des écoles
d'art altérant la créativité, il s'agit de ne pas couper
l'artiste de son répertoire. Le résultat est une
esthétique donnant la priorité à la figuration,
plutôt narrative. [...] Le chapitre « Art et marchandise »
donne à ces Européens une place importante dans
l'émergence de ce nouvel art africain sur la scene internationale. La
reconnaissance d'un artiste est liée non seulement à son talent
mais aussi, semble-t-il, à la rencontre du bon mécène au
bon moment. Dans l'absence de système de galerie, il est certain que le
médiateur culturel est déterminant pour la production et la
manière dont celle-ci sera perçue par un public. Les expositions
d'art africain ont donné la visibilité principalement aux
artistes des ateliers et
107 École de peinture fondée en 1951 par Pierre
Lods. De grands peintres congolais tels qu'Eugene Malonga ou Guy Fila ont
perfectionné leur art dans ce lieu devenu culte. Cette école est
la référence de l'art et de la peinture au Congo.
108 Né en 1928 à Saint-Louis au
Sénégal, Iba Ndiaye est un peintre qui a très tôt
fait une carrière internationale. En 1948 il est à Paris
où il fréquente les clubs de jazz et entreprend des études
d'architecture à l'École des Beaux Arts. C'est auprès du
sculpteur Zadkine qu'il découverte de la sculpture traditionnelle du
Continent africain. Il commence à voyager en Europe et visite les
musées d'art. Á son retour au Sénégal en 1959, Il
accepte de participer à la création de l'École des Arts du
Sénégal où restera enseignant jusqu'en 1966.
109Sydney Littlefield Kasfir,
L'art contemporain africain, Paris,
Thames & Hudson, 2000.
aux autodidactes, investis par des valeurs
d'authenticité. Cette pratique du mécénat et l'imposition
d'un filtrage esthétique se retrouvent avec la collection Pigozzi, et
l'influence qu'elle exerce sur la façon dont l'art africain est
défini et perçu au sein du monde de l'art110.
»
Cette démonstration de Cédric Vincent
témoigne des orientations qui ont pu infiltrer, par le biais de ces
écoles européanisées, la création africaine,
écran en ce temps là des projections plus ou moins saines de
leurs concepteurs. L'histoire de Pierre Lods et de l'école de Poto-Poto
en est un parfait exemple.
Bref, à l'heure actuelle, seule l`Afrique du Sud semble
offrir un tissu institutionnel public et privé favorable à la
création africaine. Encore que ce propos soit tempéré par
cette déclaration de Clive Kellner : « Les musées et les
institutions sont des réserves de savoir collectif qu'il nous faut
construire. C'est notre prochain défi. C'est une chose d'avoir une
exposition, mais c'est temporaire. Nous avons besoin d'un nouveau Musée
d'art africain pour le nouveau siècle ». Ailleurs, des initiatives
privées et notamment venant d'artistes africains désireux
d'investir leur énergie, et leur argent, dans leur pays d'origine pour
aider au développement de l'art, méritent d'être
cités. C'est le cas du centre d'art Bandjoun Station à
Bandjoun au Cameroun de Barthélémy Toguo qui ouvrira
prochainement ses portes. Barthélemy Toguo explique sur le site internet
de son projet111 : « Car, au regard des multiples obstacles que
rencontre l'Afrique et sa Diaspora, nous Africains ne pouvons nous offrir
« le luxe » de capituler, de geindre et d'attendre. Il est primordial
que nous imaginions NOUS-MÊMES nos solutions dans tous les domaines
(agricole, sanitaire, économique, social, culturel, politique,
éducatif, sportif...). Ainsi, nos pays africains doivent se doter d'un
grand nombre de structures vivantes et innovantes, afin de stimuler la
création, l'envie de culture, pour en développer les pratiques et
les faire fructifier. » Dans un article du journal Le Monde, il
déclare aussi : « Si rien n'est fait, il arrivera avec l'art
contemporain africain ce qui s'est passé avec l'art traditionnel :
désormais, il faut aller voir dans les musées en Europe et aux
États-Unis. Dans les pays africains, aujourd'hui, la
110 Cédric Vincent, «Kasfir, Sydney Littlefield. -
L'art contemporain africain », in Cahiers d'études africaines,
172, 2003,
http://etudesafricaines.revues.org/document1551.html.
111
http://www.bandjounstation.com
culture n'est pas perçue comme une priorité. Il
manque une volonté politique ».112 Il pose aussi par
cette phrase la question de la fuite des oeuvres africaines en Occident. La
question de l'exposition des oeuvres d'art en Afrique et de leur conservation
est également problématique bien qu'elle fasse l'objet d'un autre
débat. Mentionnons tout de même que les pays africains essaient de
palier à aux handicaps qu'elles constituent. Au Mali par exemple,
grâce aux initiatives de Samuel Sidibé113, le
Musée de Bamako s'est vu doté d'une extension de
500m2. Les rencontres de Bamako y ont eu lieu et Samuel
Sidibé a organisé un concours panafricain d'art visuel
réservé aux artistes de moins de quarantecinq ans. Quatre
artistes dont Abdoulaye Konaté ont été primés puis
montrés lors de l'exposition Visions Contemporaines au
Musée de Bamako. Cet évènement témoigne de la
volonté de certains états de s'engager dans la culture et l'art
en Afrique et ce type d'initiatives se multiplient. Le musée de
l'IFAN114 au Sénégal devrait aussi voir naître
une nouvelle aile consacrée à l'art contemporain et aux
résidences d'artistes.
Certaines initiatives privées sont aussi
déjà bien ancrées en Afrique et fonctionnent tant bien que
mal. C'est le cas par exemple de l'espace Doual'Art à Douala au Cameroun
ou la Princesse Marilyn Douala Bell et Didier Schaub accomplissent depuis des
années un véritable travail de galeristes, de
mécènes, de concepteurs d'évènements comme la
première édition de la Biennale des arts visuels DUTA et
réunissent des personnalités autour de débats riches et
pertinents comme les symposiums « Ars et Urbis »115 en
2005 et 2008. On pense également à des lieux comme L'appartement
22 d'Abdellah Karroum à Rabat, au Maroc. Mais l'opiniâtreté
de ces structures a un prix, quelquefois cher payé, pour continuer
d'exister. Menaces des autorités en place, quelquefois fermeture
forcée des lieux et scellés sur les portes pour racketter de
l'argent au propriétaires, mise en retenue des oeuvres en douane lors de
l'organisation des expositions ... Les difficultés s'accumulent et ces
initiatives de qualité se retrouvent parfois bien isolées sur le
continent. L'expérience
112 Catherine Bedarida, Harry Bellet et Philippe Dagen, «
Les artistes africains veulent se libérer des clichés »,
Le Monde n°18766, jeudi 16 mai 2005, p.26.
113 Samuel Sidibé est, depuis 1987,
directeur du Musée national du Mali à Bamako, le plus important
musée d'Afrique subsaharienne (hors Afrique du Sud). Il a
effectué des études d'histoire de l'art et d'archéologie
à l'université de Clermont-Ferrand et il est titulaire d'un
doctorat de 3e cycle en histoire des sociétés
africaines de l'université de Paris-I. Très engagé dans la
lutte contre le pillage et le trafic illicite du patrimoine culturel malien, il
est membre de la commission des acquisitions du musée du quai Branly,
à Paris.
114 IFAN, Institut fondamental d'Afrique noire.
115 Les symposiums « Ars et Urbis » sont des moments
privilégiés de réflexion entre experts internationaux
(architectes, urbanistes, artistes, sociologues, critiques d'art,
opérateurs culturels...) sur les perspectives, réelles comme
imaginaire de développement des villes du Sud.
des artistes d'Exit Tour116 en 2006
à Dakar témoigne aussi de ces aberrations. Lors de cette
biennale, sept artistes décident de relier Douala à Dakar, en
visitant tous les lieux et les opérateurs d'art sur leur trajet.
Arrivés aux portes du Sénégal, ils se voient tous refuser
l'entrée sur le pays, sauf Dunja Herzog, la seule européenne qui
voyage avec eux. Elle sera la seule présente, lors de cet
évènement, pour témoigner de cette injustice. Sans parler
des artistes invités en Europe ou hors du continent Africain et qui
n'arrivent pas à obtenir des visas de sortie, et surtout
d'entrée, même sous couvert d'évènements majeurs.
Les expériences positives et les projets ont toujours existé en
Afrique et se multiplient mais requièrent une énergie et une
combativité extrême pour continuer. Un réseau de
résidences s'organise aussi mais l'exemple du Village des Arts à
Dakar nous alerte sur le « parcours du combattant » que connaissent
ces structures. Après la construction du stade L.S Senghor, le village
installé par les ouvriers chinois à la périphérie
de Dakar se trouve inoccupé. Les artistes demandent donc au gouvernement
de pouvoir investir ce lieu et d'en faire une résidence d'artistes. Dix
années plus tard, des tensions entre les occupants de la
résidence et le ministère ont conduit les artistes à
refuser un surinvestissement de la résidence par les politiques pour ne
pas subir des choix qui ne seraient pas les leurs. Ils disposent donc d'un
budget de fonctionnement annuel, mais personne n'a le statut adéquat
pour percevoir cet argent. Le Village existe donc mais végète, se
détériore peu à peu et le turn-over des artistes ne se
fait plus car leur situation économique les oblige à vivre et
à dormir dans les minuscules ateliers qui leur sont attribués
faute de mieux. Les artistes ne tournent pas car ils n'ont nulle part oü
aller.
Au niveau des formations artistiques, quelques écoles
d'art existent et certaines formations, notamment universitaires verront le
jour prochainement. C'est le cas de la création dans les quatre
années à venir de l'Institut Supérieur des Métiers
de la Création de Dakar, « centre d'excellence de formation de haut
niveau pour les créateurs et les professionnels d'Afrique, de
l'océan Indien, des Caraïbes, de la diaspora » à
l'Université Cheikh Anta Diop. L'idée de cette formation, est
née en association avec les Centres nationaux de formation
professionnelle de la culture, et la Cité du Design de
Saint-Étienne à la suite de la première
116 Exit Tour est un projet d'expositions, de
découvertes et d'échanges à travers 7 pays d'Afrique de
l'Ouest initié par 7 artistes plasticiens du Cameroun. Ce projet est
né à Art Bakery lors de résidences d'artistes près
de Douala. Exit Tour est une aventure humaine unique en son genre mais
aussi un travail de mise en réseau des artistes et des opérateurs
culturels qui va tisser des liens transfrontaliers entre les personnes et
institutions artistiques rencontrées.
« Université d'été francophone des
arts » du 12 au 20 Octobre 2007, à Dakar, conçue sur le
thème : « la transmission des savoirs et la diversité
culturelle : les formations artistiques à l'Université ».
Pour l'heure d'autres comme le conservatoire des arts et métiers
multimédia de Bamako sont déjà en place. Il faut que cette
liste enfle pour que les arts continuent de s'épanouir dans ces
états à la vitalité et aux ambitions débordantes.
Les nouvelles générations ont soif de culture et d'art, et
beaucoup de jeunes artistes font le choix de rester en Afrique pour contribuer
à l'écriture de l'histoire de l'art africain, mais aussi pour
participer à cet art vivant et farouche qui sait résister
à des pressions multiples.
Conclusion
Le développement de lieux pour créer et pour
diffuser l'art contemporain en Afrique s'avère indispensable. Nous nous
heurtons aujourd'hui à cette limite dans l'élaboration de cadres
théoriques qui concernent l'art contemporain africain : il faut que ceux
qui le vivent trouvent des solutions pour diffuser leurs idées et leur
offrir une réelle visibilité, sans quoi cette «
catégorie » restera modelée par des protagonistes qui ne
sont qu'indirectement liés à ces réalités. Ces
visions « extra-africaines » sont saines et indispensables, d'autant
plus que beaucoup de commissaires sont issus d'une double culture, mais il faut
une contrepartie, un pendant pivot pour que la scene de l'art contemporain
africain soit réellement renouvelée. Pour créer de tels
lieux, de telles zones de frottements et d'échanges, il faut un
engagement des états mais aussi des acteurs privés :
mécènes, sponsors, associations, fondations qui permettent leur
multiplication. Car il est vrai que la situation est plutôt alarmante en
Afrique. Lors de mon dernier séjour à Dakar, je me suis
entretenue à plusieurs reprises avec Ousseynou Wade, le
secrétaire général de la biennale de Dakar, qui `a
donné certaines informations sur la politique culturelle du pays. Alors
que le Sénégal du temps de Léopold Sédar Senghor
allouait 30% de son budget aux Arts et à la Culture, la part
allouée en 2008 n'est plus que de 0,6%... Cette année, la
biennale de Dakar a rencontré d'énormes difficultés pour
avoir lieu et deux mois avant son ouverture, le comité (très
orienté par le Ministère de la Culture) a nommé comme
commissaire d'exposition Magueye Kassé, professeur à
l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, personnage important et
passionnant certes de la vie culturelle Dakaroise, mais vierge de toute
organisation d'exposition. Ce dernier, qui déclarait lors de la
cérémonie d'ouverture de la biennale que « l'art doit
suggérer un mode de vérité au-delà de la fonction
esthétique » a su gérer au mieux cette
8ème édition de la biennale, mais sa nomination
jugée hasardeuse a été lourdement attaquée. Des
formations, des galeries, des centres d'art émergent comme la fondation
privée Zinsou au Bénin récemment, la liste des exemples
est longue ...et les énergies se mobilisent. Mais la priorité
reste la formation artistique en Afrique.
artistes africains. Mais l'art africain contemporain ne peut
pas être réduit à une conséquence, qui répond
quelquefois à des discours de frustration. Il faut aujourd'hui inventer,
se projeter pour que les perspectives internationales ne soit pas une
défaite déguisée pour un petit groupe d'artistes
élus. La diaspora africaine, au-delà de la curiosité des
artistes et de leur désir d'altérité, correspond aussi
à des désillusions et à un trop long chemin pour
être reconnus dans les pays africains. Même lorsque vient la
reconnaissance en Occident, certains artistes ne peuvent pas exposer dans leur
pays d'origine et ne jouissent d'aucun statut particulier (expérience
dont Pascale Marthine Tayou a fait les frais en 2004 lorsque, à la suite
d'une exposition en Europe et désireux de la faire voyager au Cameroun,
il a retrouvé ses oeuvres vendues sur un trottoir du marché
artisanal après une confiscation par les douanes portuaires).
Viyé Diba, lors d'un entretien que nous avons eu à Dakar en
juillet dernier, m'expliquait que selon lui, ces expatriations relévent
du « miroir aux alouettes » et qu'elles témoignent d'une fuite
de la responsabilité d'éduquer et de développer la culture
dans les pays africains de la part des artistes. L'art est libre, et nomade, et
nous ne jugeons pas le désir des artistes africains d'aller vers
l'autre, comme le dit Stuart Hall, « entre identité et
altérité ». Mais si nous souhaitons que l'art en Afrique
soit comme en Occident, « un espace commun traversé par les mailles
légéres d'un filet de discours »117, et que
toutes les chances du dialogue soient encouragées.
L'altérité participe à l'identité, mais pour
reprendre une dernière fois la phrase de Léopold Sédar
Senghor citée au début de ce mémoire, « La culture
est à la fin et au début du développement » et
l'altérité ne peut se vivre que dans la liberté des choix
et des moyens d'expression.
Pour que certaines notions défendues par l'exposition
Africa Remix soient réellement caduques. Pour que les
prochaines expositions laissent vraiment la place aux artistes africains de se
définir eux-mêmes, jusqu'à ce que la
nécessité de définir leur art ne soit plus une
priorité, selon leur propre choix ...
117 Daniel Sotiaux, « Ces artistes qui ont choisi de se
mélanger, de s'ouvrir aux autres », in afrik'arts, le magazine
des arts visuels, décembre 2002 - N° 02, p 86.
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- MURPHY Maureen, NJAMI Simon, BERNADAC Marie-Laure, MARTIN
Jean-Hubert, « Débat. Á propos de l'exposition Africa Remix,
l'art contemporain d'un continent », Gradhiva, n°2, 2005, p.
142-146.
- VINCENT Cédric, « Africa Remix. Down Tempo »,
Art Press, n°312, 2005, p. 27-31.
- VINCENT Cédric, WECKER Frédéric, «
Art contemporain africain, un concept en sursis », Art 21,
n°3, 2005, p. 10-21.
- BOURRIAUD Nicolas, « Qu'est-ce qu'un artiste (aujourd'hui)
? » in Qu'est-ce que l'art aujourd'hui ?, Beaux-Arts magazine,
Paris, 2002, p.14.
- SOTIAUX Daniel, « Ces artistes qui ont choisi de se
mélanger, de s'ouvrir aux autres », in afrik'arts, le magazine
des arts visuels, décembre 2002 - N° 02, p 86.
- CHARLES DOMINIQUE Marie, DERYNG Xavier, « Les Nouveaux
Sophistes (Les Magiciens de la Terre) », Ligeia : dossiers sur
l'art, 5-6, 1989, p.12-20.
- « Dossier : les Magiciens de la Terre », Art
Press, n°136, 1989, p.33-54.
Périodiques étrangers (classement par
date)
- MONTES Javier, « En las minas del Rey Salomon »,
ABC, 23 juillet 2005. - MAHLER Anne-Marie, « Die Welt erbricht
», Blick, 20 juillet 2005.
- GAMBARO Fabio, « Tutto il nuevo dell'l Africa,
l'intervista parla l'antropologo Jean Loup Amselle », La
Republica, 11 juillet 2005.
- VAN BOGAERT Pieter, « Africa zonder grenzen », De
Tijd, 22 juin 2005.
- BIRD Maryann, « Africa's art and soul »,
Time, 22 février 2005
Travaux universitaires et mémoires de muséologie
- CELIUS Carlo Avierl, La critique des expositions :
Magiciens de la terre (1989) Paris, École du Louvre mémoire
d'étude, sous la direction de Marie-Clarté O'Neill,
Héléne Lassalle, Manuelle Cossé Jeanmaire, 1995.
- CHAVARIBEYRE Anne, Regard sur un art non Occidental : l'art
africain contemporain, 1989-97, Rouen, DESS Développement culturel,
mémoire sous la direction de Véronique Goudinoux, 1998.
- GALLIMARDET Lorraine, Emergence, exposition et
réception de l'art contemporain africain : l'exemple à part
d'Ousmane Sow, Paris, École du Louvre, monographie de
muséologie, sous la direction de M. Colardelle et E.Féau,
2006.
- LIGNER Sarah, La place des artistes contemporains africains
à travers de l'analyse de l'exposition Africa Remix, École
du Louvre, mémoire sous la direction de Madeleine Leclerc, 2006-2007.
- TOURETTE Bénédicte, Le mouvement de la
reconnaissance de l'art contemporain africain en France : l'exemple du
musée national des arts d'Afrique et d'Océanie, Rennes,
Maîtrise Sciences et techniques, métiers de l'exposition,
mémoire sous la direction d'Odile Blin, 1998.
Audiovisuel
- Á l'ombre des masques, documentaire de
Valérie Gaillard, France, 2005, 52 mn, coproduction Arte France, Le
Centre Pompidou, Les Films du tambour de Soie.
- C'est loin d'ici ? Film d'Éric Watt, France,
2004, 52 mn, production le Lieu Unique.
Colloque
- Colloque Africa Remix, juin 2005, Centre Pompidou,
Paris, France. Mercredi 15 juin : Exposer l'art contemporain, histoires et
acteurs. Jeudi 16 juin : les « postcolonial studies ».
Enregistrements consultables au centre Pompidou sur demande.
- Colloque Panel discussions during the Africa Remix
exhibition, Johannesburg Art Gallery, Johannesburg, Afrique du Sud. June
27 2007: Panel 1: Africa Remix curators and artists; July 2007: Panel 2:
Digital Africa; August 2007, Panel 3: Museums in Africa; September 2007:
African intellectuals; September 2007: Panel 5: Art historian's conference.
Internet
- AFRICA FOCUS, « Africa Focus : Africa Remix à
Beaubourg ».
Page consultée le 25 mars 2008.
http://www.fluctuat.net/blog/1922-Africa-Focus-Africa-Remix-a-Beaubourg
- ANDRIAMIRADO Virginie, « Les artistes africains n'ont pas
la reconnaissance qu'ils devraient avoir », entretien de Virginie
Andriamirado avec Florence Alexis, commissaire de l'exposition
Présence africaine en France montée en partenariat avec
M à Bordeaux où elle a été présentée,
18 janvier 2007.
Page consultée le 4 juillet 2008.
http://www.africultures.col/index.asp?menu=affichearticle&no=4699
- ART ZONE, « Africa Remix: Contemporary Art of a Continent
».
Page consultée le 25 mars 2008.
http://www.artzone.co.za/templatelevel2.asp?parentseq=2643
- DIRIÉ Clémentine, « Interview. Marie-Laure
Bernadac », 20 juillet 2005.
Page consultée le 2 juin 2008.
http://www.paris-art.com/intervdetail-2634.html
- LE MONDE, Blog « Amateurs d'art », avril 2005.
Page consultée le 25 mars 2008.
http://lunettesrouges.blog.lemonde.fr/lunettesrouges/2005/04/africaremix1.html
- LEROUGE Ophélie, « Sortir des « arts premiers
», entretien avec Marie-Laure
Bernadac », mai 2005.
Page consultée le 23 juin 2008.
http://www.fluctuat.net/2537-Marie-Laure-Bernadac
- LEROUGE Ophélie, « Africa Remix. Art contemporain,
oü en est l'Afrique ? », mai 2005. Page consultée le 4 juillet
2008.
http://www.fluctuat.net/2546-Africa-Remix
- LEROUGE Ophélie, « Sortir des « arts premiers
», entretien avec Marie-Laure
Bernadac », mai 2005.
Page consultée le 16 août 2008.
http://www.fluctuat.net/2537-Marie-Laure-Bernadac
- LEROUGE Ophélie, « Africa Remix. Art contemporain,
oü en est l'Afrique ? », mai 2005. Page consultée le 16
août 2008.
http://www.fluctuat.net/2546-Africa-Remix
- TV5, « Dossier Africa Remix ». Page
consultée le 3 mars 2008.
http://www.tv5.org/TV5Site/publication/publi-14-.htm
- UNIVERSES IN UNIVERSE, « Africa Remix, Contemporary art of
a continent ».
Page consultée le 25 mars 2008.
http://www.universes-in-universe.de/specials/africa-remix/english.htm
- VINCENT Cédric, «Kasfir, Sydney Littlefield. -
L'art contemporain africain », in Cahiers d'études africaines,
172, 2003.
Page consultée le 15 août 2008.
http://etudesafricaines.revues.org/document1551.html.
- KELLNER Clive, « AFRICA REMIX présentée
à Johannesburg », CULTURES France. Page consultée le 25 mars
2008.
http://www.culturesfrance.com/evenement/ev378.html
Université de Rennes 2 -- Haute Bretagne UFR
Arts Lettres et Communication
Centre Pompidou
25 Mai -- 8 Août 2005
Volume annexes
Mémoire présenté pour l'obtention
du Master 2 professionnel « Métiers et Art de l'exposition
» Delphine Calmettes Sous la direction d'Elvan
Zabunyan Année universitaire 2007 -- 2008
Sommaire des annexes
Annexe 1 Architecture du bâtiment p 3
Annexe 2 Plan général et plan du
niveau 6 p 5
Annexe 3 Les expositions du Centre Pompidou au
niveau 6
de 2005 à 2007 p 6
Annexe 4 Historique des expositions p 7
Annexe 5 Différentes vues de l'exposition
p 18
Annexe 6 Plans intermédiaires (N° 1
/ 15) p 23
Annexe 7 Plan final N°25 p 26
Annexe 8 Maquette de l'exposition Africa
Remix p 28
Annexe 9 Plan du catalogue 60 p. Africa
Remix p 29
Annexe 10 Description des lots N°1, 2 et 3
p 30
Annexe 11 Trappes Africa Remix p 40
Annexe 12 Plan de l'installation de Mounir Fatmi
p 42
Annexe 13 CV de l'agence NC p 44
Annexe 14 Couleur des murs p 49
Annexe 15 Visuels p 50
Annexe 16 Demande de devis, note d'intention et
graphisme p 54
Annexe 17 Liste des installations audiovisuelles
p 59
Annexe 18 Calendrier détaillé
d'exécution des travaux sur site p 61
Annexe 19 Budget de l'exposition p 63
Annexe 20 Liste des artistes par section et
parcours sélectifs p 65
Annexe 21 Liste des oeuvres p 77
Annexe 22 Liste des artistes par zone
géographique p 82
Annexe 23 Liste comparée des artistes p
85
Annexe 24 Colloque / évènements /
produits dérivés p 89
Annexe 25 Un historique des expositions /
évènements p 93
Annexe 26 Écoles et workshops en Afrique.
D'après le N° spécial
Médianes, Automne 99 / numéro double 14/15
p 108
Annexe 27 Retranscription de l'entretien
mené avec
Marie-Laure Bernadac p 127
HISTORIQUE : LE CONCOURS INTERNATIONAL
1970 : sur la base du programme répondant aux objectifs
du Président Georges Pompidou et conçu par l'équipe de
Sébastien Loste, le concours international d'architecture est
lancé. Le jury, placé sous la présidence de Jean
Prouvé, constructeur de réputation internationale, choisit pour
lauréats Renzo Piano, Richard Rogers et Gianfranco Franchini,
assistés du bureau Ove Arup and Partners. La délégation
pour la réalisation du Centre Beaubourg est créée fin
1971, puis prend le titre, par décret du ministère des Affaires
culturelles, d'Établissement public constructeur du Centre Beaubourg.
Robert Bordaz est nommé président du conseil d'administration de
l'Établissement public du Centre Beaubourg.
LA CONSTRUCTION ET L'OUVERTURE AU PUBLIC
Les travaux débutent en avril 1972, la construction de
la charpente métallique en septembre 1974. Parallèlement, les
institutions futures du Centre se définissent. Dès juillet 1972,
le Centre de création industrielle est intégré au Centre
Beaubourg. En 1974, le transfert des collections du Musée national d'art
moderne, situé avenue du Président Wilson, est projeté.
Après presque 5 années de travaux, le 31 janvier 1977, le Centre
national d'art et de culture Georges Pompidou est inauguré par Monsieur
Valéry Giscard d'Estaing, Président de la République. Le 2
février, il est ouvert au public. Depuis 1977, le Centre Pompidou a
reçu plus de 150 millions de visiteurs.
LES COÛTS
Coût de la construction (en MF, 1972)
Achat du terrain : 85 MF. Bâtiment principal et
équipement : 750 MF. Ircam : 100 MF. Place Stravinsky : 28 MF. Divers :
30 MF. Total : 993 MF.
Coûts des travaux de rénovation
(octobre 1996/janvier 2000)
Subvention de l'état : 440 MF (francs 1994)
actualisés à 482 MF (francs 1999). Subventions
d'équipement courant de l'établissement : 54 MF. Parrainages et
mécénats : 40 MF. Budget total : 576 MF (francs 1999).
UNE ARCHITECTURE ORIGINALE
Les couleurs
Arrimées à l'extérieur du bâtiment,
se détachent les gaines techniques de quatre couleurs : bleu : air
(climatisation) ; vert : fluides (circuits d'eau) ; jaune : gaines
électriques ; rouge : communications (ascenseurs...),
sécurité (pompes incendie...).
La circulation
La priorité a été donnée à la
plus grande mobilité fonctionnelle possible en libérant l'espace
intérieur des gaines techniques et des organes de circulation
(escaliers, ascenseurs, etc.).
LES CONCEPTS DU BÂTIMENT
Renzo Piano, Richard Rogers et Gianfranco Franchini, les
architectes du Centre Georges Pompidou, ont conçu le bâtiment
comme un "diagramme spatial évolutif".
Un bâtiment en deux parties :
1- une infrastructure de 3 niveaux où sont
regroupés des locaux techniques et des services,
2- une vaste superstructure en verre et en acier de 7
niveaux, y compris la terrasse et la mezzanine, concentrant la plupart des
secteurs d'activités du Centre, à l'exclusion de l'Ircam
situé place Stravinsky.
Les concepteurs du Centre Georges Pompidou ont cherché
à optimiser la mobilité de l'espace pour en favoriser
l'interdisciplinarité.
LA STRUCTURE DU BÂTIMENT
La charpente métallique est constituée de 14
portiques supportant 13 travées, de 48 m de portée chacun,
espacés de 12,80 m. Sur les poteaux, et à chaque niveau, viennent
s'articuler des éléments en acier moulé, les
"gerberettes", qui mesurent 8 m de long et pèsent 10 tonnes. Les
poutres, d'une longueur de 45 m, s'appuient sur ces "gerberettes" qui
transmettent les efforts dans les poteaux et sont équilibrées par
des tirants ancrés dans des barrettes. Chaque étage a une hauteur
de 7 m entre planchers. La superstructure, en verre et en acier, enveloppe les
grands espaces banalisés.
FICHE TECHNIQUE DU BÂTIMENT
Surface du terrain : 2 hectares,
Surface du Centre : 103 305 m2,
Superstructure : 7 niveaux,
Hauteur : 42 m (côté rue Beaubourg), 45,5 m
(côté piazza), Longueur : 166 m, largeur : 60 m,
Infrastructure : 3 étages,
Profondeur : 18 m, longueur : 180 m, largeur : 110 m.
Matériaux mis en oeuvre :
Terrassement : 300 000 m3
Béton armé : 50 000 m3
Ossature métallique : 15 000 tonnes d'acier
Façades, surfaces vitrées : 11 000 m2
Surfaces opaques : 7 000 m2
Plan général
Plan du Niveau 6
Expositions du Centre Pompidou au niveau 6 de 2005
à 2007
2007
-- Du 25/04 au 15/08 : « Airs de Paris ».
2006
-- Du 11/10 au 15/01 : Robert RAUSCHENBERG « Combines
(1953-1964) ». -- Du 04/10 au 05/02 : Yves KLEIN « Corps, couleur,
immatériel ».
-- Du 14/06 au 21/08 : David SMITH « Sculptures 1933-1964
».
-- Du 08/03 au 17/07 : « Los Angeles 1955-1985 - Naissance
d'une capitale artistique». -- Du 08/03 au 17/07 : « Morphosis
».
2005
-- Du 07/12 au 10/04 : Charlotte PERRIAND.
-- Du 05/10 au 09/01 : « Dada ».
-- Du 25/05 au 08/08 : « Africa Remix - L'Art contemporain
d'un continent ». -- Du 27/04 au 29/08 : Robert MALLET-STEVENS «
Architecte (1886-1945) ». -- Du 08/12 au 06/03 : Jean HELION.
Historique des expositions et manifestations au Centre
Pompidou consacrées à des scènes
étrangères ou à des échanges
internationaux, à des expositions itinérantes, et à des
coproductions avec des institutions étrangères entre 1995 --
2005
Extrait de : HISTOIRE DU CENTRE GEORGES POMPIDOU :
CHRONOLOGIES Source :
http://www.centrepompidou.fr/archives/chronologies/index.html
Expositions ou évènements liés à
notre sujet.
1980
- ABIDJAN, DOUALA, LOME, KINSHASA
« Sculptures funéraires de Koffi
Mourouffie »
1995
Expositions et manifestations au Centre Pompidou
consacrées à des scènes étrangères ou
à des échanges internationaux
- 10-19 mars
Festival Cinéma du réel.
- 22 mars-24 octobre
Cycle Le cinéma grec.
- 8 novembre 1995-8 janvier 1996
Picasso-Afrique. État
d'esprit.
Expositions itinérantes à l'étranger
avril
- mai, PÉKIN, PALAIS DES BEAUX-ARTS
Juin, HONG KONG, MUSÉE D'ART MODERNE et TAIPEI,
MUSÉE D'ART MODERNE
Rétrospective Balthus, en collaboration avec
l'Afaa.
- 18 mai-15 octobre
MONTRÉAL
Roger Tallon, designer industriel. De la TV au TGV.
- CAGLIARI, LUXEMBOURG
Sous la Lune II.
- HELSINKI, MUSÉE D'ART MODERNE ; DÜSSELDORF, KUNST
MUSEUM
Louise Bourgeois.
- LA HAYE, GEMEENTE MUSEUM
Rétrospective Piet Mondrian.
- WASHINGTON, NATIONAL GALLERY; NEW YORK, MOMA
Rétrospective Piet Mondrian.
Coproductions avec des institutions étrangères :
- Henri Matisse, produite par la National Gallery of
Victoria de Melbourne, la Queensland Art Gallery de Brisbane et la National
Gallery of Australia de Canberra.
- PHILADELPHIE, PHILADELPHIA MUSEUM OF ART Brancusi, en
collaboration avec le Philadelphia Museum of Art.
Autres manifestations itinérantes:
- MOSCOU
Bibliothèques sans frontières,
séminaire organisé par la Bpi.
1996
Expositions et manifestations au Centre Pompidou
consacrées à des scènes étrangères ou
à des échanges internationaux
- 10 janvier-15 avril
Cycle Le cinéma suisse.
- 14 février-29 avril
Design japonais. 1950-1995.
- 8-17 mars
Festival Cinéma du réel.
- 21 mars-27 mai
La photographie américaine, de 1890 à 1965,
à travers la collection du Museum of Modern Art, New York.
- 17 avril-14 octobre
Cycle Le cinéma turc.
- 10 juillet-30 septembre
De Beuys à Trockel. Dessins contemporains du
Kunstmuseum de Bâle
Prague II. Photographes tchèques.
- 6-21 octobre
5e Biennale internationale du film sur l'art.
- 23 octobre 1996-3 mars 1997 7
Cycle Le cinéma tchèque et slovaque.
- 6 novembre-16 décembre
Vidéodanse.
- 19 décembre 1996-7 avril 1997
Face à l'Histoire. 1933-1996. L'artiste moderne face
à l'événement historique. Engagement, témoignage,
vision.
Expositions itinérantes à l'étranger
- janvier-mai
NEW YORK, MOMA
Constantin Brancusi. 1876-1957.
février-mars
ESSEN, MUSEUM FOLKWANG
avril-mai
BUDAPEST, GALERIE NATIONALE
László Moholy-Nagy. Compositions
lumineuses.
Photogrammes. 1922-1943.
- février-avril
ATLANTA, MICHAEL C. CARLOS MUSEUM
mai-juillet
DETROIT, ART INSTITUTE
Dessins surréalistes : visions et techniques.
- novembre 1996-janvier 1997
TAIPEI, FINE ARTS MUSEUM
Face à face.
Coproductions avec des institutions étrangères
- mars-mai
TOKYO, MUSÉE NATIONAL D'ART MODERNE
juin-août
KYOTO, MUSÉE NATIONAL D'ART MODERNE
La Dimension du corps. 1920-1980. En collaboration
avec les musées nationaux d'art moderne de Tokyo et Kyoto, produite par
la chaîne publique de télévision NHK.
- mai-juillet
OSAKA, SUNTORY MUSEUM
Design japonais 1950-1995. En collaboration avec le
Philadelphia
Museum of Art et le soutien de la E. Rhodes and Leona B.
Carpenter Fondation.
- septembre-décembre
LONDRES, ROYAL ACADEMY OF ARTS
Les ponts habités. Produite par la Royal Academy
of Arts avec la collaboration du Centre Pompidou.
- 3 novembre 1996-31 janvier 1997
MUNICH, HAUS DER KUNST Francis Bacon.
Rétrospective. En collaboration avec le British Council.
1997- 2000 : Le Centre Pompidou hors les murs
1997
- 13 sept.-26 oct. 97
Asie : La collection du Centre Georges Pompidou. Les
chefsd'oeuvre du Musée national d'art moderne. Au musée
d'Art contemporain de Tokyo.
- 02 nov. 97-18 janv. 98
Asie : Le Paris des photographes. 1905-1997.
Présentée au Musée Bunkamura de Tokyo, puis au
Suntory Museum d'Osaka.
- 28 oct. 97-11 janv. 98
Amérique : Figures de peintres, conçue
à la Biblioteca Luis Angel Arago de Bogotá, puis au Museo Rufino
Tamayo de Mexico.
Fermeture du Centre pour une durée de 27 mois :
rénovation de 70 000 mètres carrés et dégagement de
8 000 mètres carrés par le déménagement des bureaux
hors du Centre.
- 19 déc. 96-7 avr. 97 Face à
l'histoire.
Expositions et manifestations au Centre Pompidou
consacrées à des scènes étrangères ou
à des échanges internationaux
- 7-16 mars
Festival Cinéma du réel. - 19 mars-29 septembre
Cycle Le cinéma japonais. - 26-28 juin
Théâtre nô, par la troupe Umekawa.
Expositions itinérantes à
l'étranger
- 23 mai-14 septembre WOLFSBURG, KUNSTMUSEUM
Bruce Nauman. Image. Texte. 1966-1996.
- 10 juillet-28 septembre BARCELONE, FONDATION TÀPIES
László Moholy-Nagy. Compositions
lumineuses,
photogrammes. 1922-1943.
- 24 juil.-28 septembre
BOGOTA, BIBLIOTECA LUIS ANGEL ARANGO
28 octobre 1997-11 janvier 1998
MEXICO, MUSEO RUFINO TAMAYO
Figures de peintres, réalisée avec le
concours de l'Afaa.
- 13 octobre 1997-11 janvier 1998 MILAN, FONDATION MAZZOTTA
Kandinsky dans la collection du Mnam.
- 28 octobre 1997-12 janvier 1998
MADRID, CENTRO DE ARTE REINA SOFIA
Fernand Léger. 1881-1955.
- 11 novembre 1997-31 janvier 1998 NEW YORK, ARCHITECTURAL
LEAGUE
Charlotte Perriand dans la collection du Mnam-CCI.
- TOKYO, MUSÉE D'ART CONTEMPORAIN
L'art en jeu.
Coproductions avec des institutions étrangères
- 13 sept-26 octobre
TOKYO, MUSÉE BUNKAMURA
2 novembre 1997-18 janvier 1998
OSAKA, SUNTORY MUSEUM
Le Paris des photographes. 1905-1997, produite par Asahi
Shimbun.
- 20 octobre-14 décembre
TOKYO, MUSÉE D'ART CONTEMPORAIN
La collection du Centre Pompidou. Les chefs-d'oeuvre du
Musée national d'art moderne au musée d'Art contemporain de
Tokyo. Réalisée par le Centre Pompidou, le musée
d'Art contemporain
de Tokyo, Asahi Shimbun et TV Asahi.
Autres manifestations itinérantes
- 23 mai-1er juin
septembre 1997-janvier 1998
THESSALONIQUE, TOKYO
5e Biennale internationale du film sur l'art.
1998
- 13 fév.-24 mai 98
Amérique : Joan Miró. Collection du Centre
Georges Pompidou à Mexico, Centro cultural Arte contemporaneo.
-1 5 fév.-12 mai 98
Amérique : Fernand Léger (1881-1955)
présentée à New York, Museum of Modern Art.
- 16 mars 98
Installation sur la Piazza du Pot doré de Jean-Pierre
Raynaud grâce à la donation de la fondation Cartier.
- 12-30 juin 98 Première édition du Festival Agora
organisé par l'Ircam.
- 3 oct.- 3 nov. 98
Asie : « Charlotte Perriand » présentée
à Tokyo, Living Design Center Ozone.
-17 oct. 98-11 janv. 98
Amérique : Premises : Invested Spaces in Visual
Arts, Architecture and Design from France. 1958-1998.
Présentée à New York, Guggenheim Museum Soho.
Expositions et manifestations au Centre Pompidou
consacrées à des scènes étrangères ou
à des échanges internationaux
- 8 mars-15 décembre
6e Biennale internationale du film sur l'art.
- 13-22 mars
Cinéma du réel ; le Festival fête sa 20e
édition.
- Expositions itinérantes à l'étranger 13
février-12 mai MEXICO, CENTRO CULTURAL ARTE CONTEMPORÁNEO
Joan Miró, collection du Centre Pompidou.
-15 février-12 mai
NEW YORK, MOMA
Fernand Léger.1881-1955
-18 novembre 1998-24 janvier 1999
NEW YORK, INTERNATIONAL CENTER OF PHOTOGRAPHY MIDTOWN
Man Ray, la photographie à l'envers.
- 6 octobre-29 novembre
DÜSSELDORF, KUNSTSAMMLUNG NORDRHEIN-
WESTFALEN
Max Ernst, sculptures, maisons et paysages.
- 17 juillet-6 octobre
LONDRES, HAYWARD GALLERY
18 octobre 1998-24 janvier 1999
HELSINKI, NYKYTAITEEN MUSEO
Bruce Nauman. Image. Texte. 1966-1996.
Coproductions avec des institutions étrangères
- 3 octobre-3 novembre
TOKYO, LIVING DESIGN CENTER OZONE
Charlotte Perriand, produite à partir d'un
concept de Charlotte Perriand et de Pernette Perriand-Barsac, avec le concours
du musée des Arts décoratifs (Paris) et la collaboration du
Centre Pompidou et du Design Museum (Londres).
- 17 octobre 1998-11 janvier 1999
NEW YORK, GUGGENHEIM MUSEUM SOHO
Premises : Invested Spaces in Visuals Arts, Architecture and
Design from France, 1958-1998, collaboration de Nancy
Spector (art visuel), John Hanhardt (programmation
cinéma), Christine van Assche (programmation vidéo), Marie-Laure
Jousset et Raymond Guidot (design).
- 17 octobre 1998-24 janvier 1999
NEW YORK, SOLOMON R. GUGGENHEIM MUSEUM
Rendez-vous/Masterpieces from Centre Pompidou and the Guggenheim
Museum, réalisée conjointement par le Centre Pompidou et le
Guggenheim Museum, en partenariat avec Nokia
et Air France, et avec le soutien de la fondation Florence
Gould, des services culturels de l'ambassade de France à New York et du
Federal Council on the Arts and Humanities.
Autres manifestations itinérantes
- 5-31 mai
TAIWAN, MUSÉE DE TAIPEI ET MUSÉE DE TAÏCHUNG
5e biennale La Nuit.
1999
- 15 jan. 99-02 janv. 00
Europe : Les Années Supports/Surfaces dans les
collections du Centre Georges Pompidou, Musée national d'art
moderne présentée à la maison de la culture de Namur,
Belgique (15 janv.-21 fév.) ; au Muzeum Sztuki w Lodzi de Lodz, Pologne
(20 juin-9 mai) ; au Palazzo delle Esposizioni de Rome, Italie (5 sept.-25
oct.) ; au Porin Taïdemuseo de Pori, Finlande (11 nov. 1999-2 janv.
2000).
- 02 avr. -27 juin 99 Europe : Kandinsky. Die Welt
klingt présentée à la Kunsthalle de Tübingen
(Allemagne).
-10 sept.-21 nov. 99 Europe : Robert et Sonia Delaunay.
Collections du Centre Georges Pompidou, Musée national d'art
moderne à la Hamburger Kunsthalle de Hambourg (Allemagne).
Expositions et manifestations au Centre Pompidou
consacrées à des scènes étrangères ou
à des échanges internationaux
- 5-14 mars
Festival Cinéma du réel.
Expositions itinérantes à l'étranger
- 15 janvier-21 février
NAMUR, MAISON DE LA CULTURE 20 mars-9 mai
LÓDZ, MUZEUM SZTUKI
5 septembre-25 octobre
ROME, PALLAZO DELLE ESPOSIZIONI 11 novembre 1999-2 janvier
2000
PORI, PORIN TAÏDEMUSEO
Les années Supports/Surfaces dans les collections du
Centre Pompidou. Musée national d'art moderne.
- 12 février-26 avril
MADRID, CENTRO DE ARTE REINA SOFIA
Man Ray, la photographie à l'envers. 1919-1948.
- 2 avril-27 juin
TÜBINGEN, KUNSTHALLE
Kandinsky. Die Welt klingt
- 4 juin-11 août
STOCKHOLM, ARKITEKTUR MUSEET
23 septembre-24 octobre
MILAN, TRIENNALE DE MILAN
Une ville invisible. Maquettes de la collection architecture
du Centre
Pompidou. Musée national d'art moderne- Centre de
création industrielle
- 10 septembre-21 novembre
HAMBOURG, HAMBURGER KUNSTHALLE
Robert et Sonia Delaunay, collections du Centre Pompidou.
Musée national d'art moderne.
Coproductions avec des institutions étrangères
- 26 mai-19 septembre
BONN, KUNST UND AUSTELLUNGSHALLE
David Hockney, Espace/Paysage, en collaboration avec la
Kunst und Austellungshalle de Bonn et The British Council.
Autres manifestations itinérantes
- 27-30 janvier TEL-AVIV
Vidéodanse - 4-5 mars
BEYROUTH
Colloque « Choix francophones, en hommage à Georges
Schéhadé ».
2000
Réouverture du Centre, deux journées «
Avant-première », en présence de Catherine Trautmann,
ministre de la Culture et de la Communication, et de Jean-Jacques Aillagon,
président du Centre. 70 000 visiteurs.
-12 janv.-17 avr. 00
Le temps, vite: exposition pluridisciplinaire associant
les
sciences, la technologie, l'art et la philosophie. 10
- 10-19 mars
Festival Cinéma du réel
- 4 octobre 2000-5 mars 2001
Cycle Typiquement british. Le cinéma
britannique
Expositions itinérantes à l'étranger
- 8 juillet-10 septembre
VERONE, GALLERIA D'ARTE MODERNA E CONTEMPORANEA
8 décembre 2000-24 janvier 2001 BUDAPEST, LUDWIG MUSEUM
Brassaï
- 27 juillet-23 octobre
ROME, PALAZZO DELLE ESPOSIZIONI 29 novembre 2000-25
février 2001 BARCELONE, CCCB
Le temps, vite
- 21 août-29 octobre
RIO DE JANEIRO, CENTRO CULTURAL BANCO DO BRASIL
Supports/Surfaces dans les collections du Centre Pompidou
-16 octobre-3 novembre
JOHANNESBURG, STANDARD BANK GALLERY
Marc Chagall. 1947-1985
- 20 octobre 2000-21 janvier 2001 BARCELONE, MUSÉE
PICASSO Robert et Sonia Delaunay
CANBERRA, ART GALLERY OF NEW SOUTH WALES
World Without End Photography and the 20th Century
- TEL-AVIV, TEL AVIV MUSEUM OF ART
Pierre Bonnard
Autres manifestations itinérantes
- 22-25 mai
ÉCOSSE
Colloque « Building bridges, linking cultures »
2001
-15 mars-02 juil. 01
Les années pop, exposition pluridisciplinaire sur
la création de 1958 à 1968.
- 14-15 juin 01 Expositions et manifestations au Centre
Pompidou consacrées à des scènes étrangères
ou à des échanges internationaux
- 31 janvier-26 février
Vidéodanse
- 9-18 mars
Festival Cinéma du réel
- 21 mars-5 juin
Cycle Turin, berceau du cinéma italien
Expositions itinérantes à
l'étranger
- 22 février-29 avril
LONDRES, HAYWARD GALLERY
Brassaï
- 24 février-7 avril
MONTRÉAL, MUSÉE D'ART MODERNE The Third
Memory
- 24 février-7 avril
NEW YORK, DRAWING CENTER Rosemarie Trockel
- 25 mars-27 mai
UTSUNOMIYA, MUSÉE DES BEAUX-ARTS
10 juin-15 juillet
TSU, MUSÉE DES BEAUX-ARTS 21 juillet-2 septembre
AKITA, MUSÉE D'ART MODERNE 8 septembre-28 octobre
TOKYO, MUSÉE YASUDA KASAI 3 novembre-9 décembre
TAKAMATSU, MUSÉE DES BEAUX-ARTS
Raoul Dufy
- 28 avril-25 août
TILBURG, FONDATION DE PONT Rosemarie Trockel
- 7 juillet-23 septembre
TAIPEI, FINE ARTS MUSEUM L'oiseau caché dans la
pierre
- 19 septembre-18 novembre
LAS PALMAS, CENTRE ATLANTIQUE D'ART MODERNE Denise
René, l'intrépide. Une galerie dans l'aventure de l'art abstrait.
1944- 1978
- 23 septembre-21 octobre
COLOGNE, INSTITUT FRANÇAIS/ WALLRAF-RICHARTZ MUSEUM
- 3 octobre 2001-27 janvier 2002
SO PAULO, PAVILLON LUCAS NOGEIRA GARCEZ Parade
- 3 octobre 2001-10 février 2002
LAUSANNE, MUSÉE DE LA MAIN
Pareil, pas pareil
- 13 octobre-30 décembre
COLUMBIA, MUSEUM OF ART
Albert Marquet
- 16 novembre 2001-15 janvier 2002
MADRID, CENTRO CULTURAL DEL CONDE DUQUE Cassou
- BEYROUTH
Colloque « Nouvelles technologies et société :
l'enjeu de la conservation du savoir ».
2002
- 06 mars-24 juin 02
La révolution surréaliste
- 13-23 oct. 02 Première édition de
Résonances, forum de rencontre sur les technologies artistiques
créé par Bernard Stiegler.
Expositions et manifestations au Centre Pompidou
consacrées à des scènes étrangères ou
à des échanges internationaux
- 6 janvier-11 février
Vidéodanse
- 8-17 mars
Festival Cinéma du réel
- 2-27 maiSignes de la Biélorussie
- 4 décembre 2002-24 février 2003
Cycle Gels et dégels. Une autre histoire du
cinéma soviétique (1926-1968)
Expositions itinérantes à l'étranger
- 24 janvier-31 mars
LONDRES, WHITECHAPEL ART GALLERY 25 avril-30 juin
MADRID, PALACIO VELÁZQUEZ DEL CENTRO DE ARTE REINA
SOFIA
19 juillet-6 octobre
PORTO, FONDATION SERRALVES
21 octobre 2002-12 janvier 2003
TURIN, CASTELO DI RIVOLI
Nan Goldin
- 25 janvier-7 avril FORT LAUDERDALE, MUSEUM OF ART
27 avril-7 juil.
ATHÈNES, GEORGIA MUSEUM
Albert Marquet
- 23 février-2 juin
NEW YORK, NEW MUSEUM OF CONTEMPORARY ART 22 juin-29 septembre
TILBURG, FONDATION DE PONT
Marlene Dumas
- 28 février-26 maiBARCELONE, MUSEO PICASSO
Paris-Barcelone
- 25 mars-2 juin
MILAN (TRIENNALE D'ARCHITECTURE) 17 septembre-9
décembre
MADRID, CENTRO DE ARTE MODERNA Jean Nouvel
- 19 avril-7 juillet
TOKYO, METROPOLITAN ART MUSEUM 20 juillet-23 septembre
NIIGATA, MUSÉE PRÉFECTORAL D'ART MODERNE
5 octobre-15 décembre
HIROSHIMA, MUSÉE DÉPARTEMENTAL DES BEAUX-ARTS
Marc Chagall
- 27 avril-14 juillet
SAINT LOUIS, SAINT LOUIS ART MUSEUM Henri Matisse-Ellsworth
Kelly. Dessins de plantes - 9 juillet-13 octobre
TAIPEI, MUSÉE D'ART CONTEMPORAIN Pareil, pas
pareil
- 20 juillet-24 novembre
DÜSSELDORF, KUNSTSAMMLUNG NORDRHEIN
WESTFALEN
La Révolution surréaliste
- 27 juillet-29 octobre
MEMPHIS, DIXON GALLERY AND GARDEN 8 octobre 2002-5 janvier
2003
SAN ANTONIO, MUSÉE MAC NAY Albert Marquet
- 20 septembre 2002-1er janvier 2003 VIENNE, KUNSTHALLE
Cher peintre. Peintures figuratives depuis l'ultime
Picabia
Autres manifestations itinérantes - 7-9 juin
DELEMONT-LA GRANGE
Vidéodanse
- 31 octobre-3 novembre 12
COLOGNE, LUDWIG MUSEUM Biennale du film sur l'art
2003
- 25 juin-13 oct. 03 Alors, la Chine ? dans le
cadre des années croisées Chine-France.
Expositions et manifestations au Centre Pompidou
consacrées à des scènes étrangères ou
à des échanges internationaux
- 29 janvier-24 février
Vidéodanse
- 7-16 mars
Festival Cinéma du réel
- 25 juin-13 octobre
Alors, la Chine ?
Expositions itinérantes à l'étranger
- 15 janvier-6 avril
FRANCFORT, SCHIRN KUNSTHALLE
Cher peintre. Peintures figuratives depuis l'ultime
Picabia
- 13 février-19 mai NEW YORK, MOMA
Matisse-Picasso
- 15 février-13 avril
VARSOVIE, UJAZDOWSKI CASTEL
Nan Goldin
- 16 février-15 mai CAGLIARI, EXMA Adalberto Libera
- 24 mars-14 mai GENÈVE, FORUM MEYRIN
Sous la lune II
- 28 mars-8 juin
VADUZ, KUNSTMUSEUM
27 juin-12 octobre
LAUSANNE, FONDATION DE L'HERMITAGE
Frantisek Kupka 1871-1957
- 28 avril-21 juillet
SAINT-PÉTERSBOURG, MUSÉE D'ART RUSSE
10 août-28 septembre
WUPPERTAL, VON DES HEYDT MUSEUM
Le Paris russe
- 15 mai-20 juillet
LONDRES, BARBICAN CENTER
The Poetics Project. 1977-1997. Mike Kelley/Tony
Oursler
- 6 juin-7 septembre
GRONINGEN, GRONINGER MUSEUM Philippe Starck
- 21 juin-21 septembre
VIENNE, ALBERTINA
12 décembre 2003-7 mars 2004
WOLFSBURG, KUNSTMUSEUM
Brassaï
- 6 septembre-25 octobre
ATLANTA, CENTRE D'ART CONTEMPORAIN
Nouvelles vagues. Sélection de la collection Nouveaux
Medias du Centre Pompidou
- 10 octobre-7 décembre
TAIPEI, FINE ARTS MUSEUM
Sous la lune II
- 25 octobre 2003-18 janvier 2004
KRISTIANSTAD, THE REGIONAL MUSEUM
Sur le mur
- 1er novembre 2003-25 janvier 2004
TOKYO, OPERA CITY ART GALLERY
Jean Nouvel
- SUÈDE, KRISTIENSTAD
Alors, la Chine?
Coproductions avec des institutions étrangères
- 13 février-5 mai
LONDRES, TATE MODERN
25 juin-30 septembre
NEW YORK, MOMA
Max Beckmann, un peintre dans l'histoire,
réalisée en collaboration
avec la Tate Gallery de Londres, le MoMA de New York.
Autres manifestations itinérantes
- BOGOTA
29 avril-10 mai Missions d'expertise
- 9-27 juin
Vidéodanse - 5-13 août BERLIN
Stand IFLA
- 19 novembre-6 décembre
TEL-AVIV, MUSÉE D'ART
Vidéodanse
13
2004
- 3 mars-28 juin 04
Joan Miró, 1917-1934. La naissance du monde
- 12-24 octobre 04 Asie : Dans le cadre des années
croisées France-Chine, présentation à Hong-Kong par le
Centre Pompidou du rideau de scène créé par Picasso en
1917 pour Parade.
Expositions et manifestations au Centre Pompidou
consacrées à des scènes étrangères ou
à des échanges internationaux
- 21 janvier-16 février
Vidéodanse 2004 : 130 films dont 90
inédits
- 4 février-19 avril
Cycle Vous avez dit «Bollywood»
- 5-14 mars
Festival Cinéma du réel
- 30 juin-4 octobre
Concours international d'architecture du Centre Pompidou-Metz -
27 octobre-14 novembre
Cycle La saison polonaise. Regards sur le cinéma
d'animation
Expositions itinérantes à l'étranger
- 14 janvier-15 février
KYOTO, MUSÉE DE L'UNIVERSITÉ
Roland Barthes. Dessins
- 31 janvier-14 mars
Adalberto Libera, I disegni del Centre Pompidou e
dell'Archivio di Stato
ROME, ARCHIVIO DELLO STATO
- 1er février-12 avril
VENISE, FONDATION BEVILACQUA LA MASA
Roni Horn
- 7 février-18 avril SYDNEY, ART GALLERY
8 mai-18 juillet
BRISBANE, QUEENSLAND ART GALLERY
7 août-17 octobre
MELBOURNE, NATIONAL GALLERY OF VICTORIA
Man Ray
- 14 février-4 avril
OSAKA, SUNTORY MUSEUM
Jean Nouvel
- 26 février-26 mars
LONDRES, ARCHITECTURAL ASSOCIATION SCHOOL OF ARCHITECTURE
Jean Renaudie - 19 avril-9 maiMOSCOU, PETIT
MANÈGE
10 octobre-12 décembre
MAGDEBOURG, KUNSTMUSEUM KLOSTER UNSER LIEBEN FRAUEN
Paris des photographes
- 6 mai-29 août
MONTRÉAL, MUSÉE DES BEAUX-ARTS
Jean Cocteau, l'enfant terrible
- 20 juin-5 septembre
MÜNSTER, WESTFÄLISCHES LANDESMUSEUM FÜR KUNST
Frantisek Kupka. Die Sammlung des Centre Pompidou.
Musée national d'Art moderne
- 23 juin-15 août
BERLIN, MARTIN-GROPIUS-BAU
10 septembre-13 décembre
DUBLIN, IRISH MUSEUM OF MODERN ART
Sophie Calle. M'as-tu vue
- 24 juin-5 septembre
LONDRES, HAYWARD GALLERY
Jacques-Henri Lartigue. Photographs. 1901-1986
- 27 juillet-3 octobre
TAIPEI, FINE ART MUSEUM
4 novembre-16 décembre
GYEONGNAM, GYEONGNAM ART MUSEUM
30 décembre 2004-10 février 2005
GYEONGGIDO, GYEONGGGI PROVINCIAL MUSEUM Matisse-Picasso.
Ateliers découvertes
- 6-25 septembre
Voyage dans la ville. Sous la lune II
GENÈVE, UNIVERSITÉ UNI-MAIL
- 10 septembre-12 décembre
Henri Matisse : Process and Variation
TOKYO, THE NATIONAL MUSEUM OF WESTERN ART - 10 octobre-20
novembre
PÉKIN, MUSÉE NATIONAL D'HISTOIRE NANKIN
Design d'en France
- 12 octobre-24 octobre
HONG KONG, CENTRE COMMERCIAL IF
Rideau de Parade
- 20 octobre-28 novembre
SAINT-PÉTERSBOURG, MUSÉE DE L'ERMITAGE
Rouault
- 23 octobre- 22 décembre
Signes des écoles d'art
FRIBOURG, ECOLE DU MULTIMÉDIA ET D'ART
14
Coproductions avec des institutions étrangères
- 24 juillet-7 novembre
DÜSSELDORF, STIFTUNG MUSEUM KUNST PALAST - 10
février-17 avril 2005
LONDRES, HAYWARD GALLERY
avril-juin 2006
TOKYO, MORI ART MUSEUM
Africa Remix. L'art contemporain d'un
continent, réalisée en coproduction avec le Stiftung Museum
Kunst Palast, Düsseldorf, la Hayward Gallery, Londres, et le Mori Art
Museum, Tokyo.
- 10 septembre-12 décembre
TOKYO, MUSÉE D'ART OCCIDENTAL
Henri Matisse. Processus et variation, avec la
collaboration du musée d'Art occidental de Tokyo.
Autres manifestations itinérantes - 22-27
août
BUENOS AIRES
70e congrès de l'IFLA.
2005
- 25 mai-8 août 05
Africa Remix. L'art contemporain d'un
continent, première exposition d'envergure sur la création
africaine contemporaine.
- 14 juin 05-03 avr. 06
Big Bang : présentation pour la premiere fois
des oeuvres des collections dans un parcours thématique,
interdisciplinaires et non chronologique.
- 5 oct. 05-9 janv. 06
Dada, exposition d'ampleur sans précédent
rassemblant plus de 1 000 oeuvres de 1916 à 1924.
- 21 oct. 05-30 janv. 06
Politique en régions : Braque-Laurens au
musée des Beaux-arts de Lyon.
Expositions et manifestations au Centre Pompidou
consacrées à des scènes étrangères ou
à des échanges internationaux
- 4-16 mars
Festival Cinéma du réel
- 25 mai-8 août
Africa Remix, l'art contemporain d'un
continent
- 15 septembre-24 octobre
Euro Visions. Les nouveaux Européens par dix
photographes de MagnumExpositions itinérantes à
l'étranger
- 8 janvier-18 février
GYEONGGI-DO, GYEONGGI MUSEUM Matisse-Picasso
- 18 janvier-27 février
NING BO, PAVILLON TIAN YI 12-25 mars
GUANGZHOU, GUANGDONG MUSEUM OF ART
11-30 mai
HONG KONG, MUSEUM OF HISTORY 13-23 avril
WUHAN, INSTITUT DES BEAUX-ARTS 28 juillet-19 septembre
PÉKIN, NATIONAL MUSEUM OF CHINA Le Paris des
photographes
- 29 janvier-24 avril
AIX-LA-CHAPELLE, LUDWIG FORUM Sophie Calle. M'as-tu
vue
- 18-25 février
SHANGHAI, MUSEUM OF ART -15 mars-15 avril
GUANGZHOU, MUSEUM OF ART - 28 avril-15 juin
PÉKIN, MILLENNIUM ART MUSEUM Nouvelles Vagues
- 26 février-29 mai
MOSCOU, GALERIE TRETIAKOV 30 juin-20 octobre
SAINT-PÉTERSBOURG, MUSÉE RUSSE Chagall
- 18 mars-19 juin
BARCELONE, MUSÉE PICASSO Jean Hélion
- 11 avril-28 mai
GENÈVE, FORUM MEYRIN
16 novembre 2005-15 janvier 2006 ATHÈNES, MEGARON
Matisse-Picasso
- 21 mai-26 août
STOCKHOLM, MUSÉE D'ARCHITECTURE
8 novembre 2005-8 janvier 2006 LAUSANNE, VALLÉE DE LA
JEUNESSE Sous la lune II
- 14 juillet-9 octobre
NEW YORK, NATIONAL ACADEMY OF DESIGN
Jean Hélion
- 6 août-25 septembre
TOKYO, METROPOLITAN MUSEUM
OF PHOTOGRAPHY 15
Brassaï 1899-1984
- 28 septembre 2005-8 janvier 2006
BARCELONE, CAIXA FORUM
Les Nouveaux Médias. Un art du temps et de l'espace
- 17 décembre 2005-19 mars 2006
HUMLEBAEK, LOUISIANA MUSEUM OF MODERN ART Brassaï. The
Photographer of the Night
Coproductions avec des institutions étrangères
- 15 mars-15 mai
ZAGREB, MUSÉE D'ART CONTEMPORAIN ; BUDAPEST, MUSÉE
LUDWIG
Énigme de la modernité. Collections du Centre
Pompidou de 1955 à nos jours.
Autres manifestations itinérantes
- CORK
Vidéodanse, Institute for Choreography and Dance.
- OSLO
71e congrès de l'IFLA.
- BOGOTA, CALI, CARTHAGÈNE, MEDELLIN
Vidéodanse
2006
- 08 mars-17 juil. 06
- 05 avr. 06-29 janv. 07
Le mouvement des images-Art et Cinéma,
nouvelle présentation thématique des collections du Mnam qui
propose une relecture de l'art du XXe siècle à travers le
cinéma.
- 08 juin 06
Événement « Première pierre ».
- 05 oct. 06-5 fév. 07
Yves Klein, corps, couleurs, immatériel.
Expositions et manifestations au Centre Pompidou
consacrées à des scènes étrangères ou
à des échanges internationaux
- 8 mars-17 juillet
Los Angeles 1955-1985. Naissance d'une capitale
artistique.
- 8 mars-17 juillet Morphosis
- 10 mars-23 mars Festival Cinéma du réel
Expositions itinérantes à l'étranger
- 29 avril-23 juillet
TAIPEI, FINE ARTS MUSEUM
Les nouveaux médias. Un art du temps et de l'espace
- 13 mai-11 juin
PÉKIN, NATIONAL ART MUSEUM OF CHINA
Brassaï. The Photographer of the Night
- 20-27 mai
ROME, MAXXI
Concours international d'architecture du Centre Pompidou-Metz -
20 mai-4 septembre
LOS ANGELES, MOCA
Robert Rauschenberg
- 20 juin-6 août
SAÕ PAULO, OCA
Charlotte Perriand
- 28 juin-27 août
MUNICH, STAATLICHE GRAPHISCHE SAMMLUNG
18 septembre-19 novembre
LONDRES, WHITECHAPEL GALLERY
Hans Bellmer, anatomie du désir
- 14 septembre-7novembre
GYEONGNAM, ART MUSEUM
Voyage dans la ville. Sous la lune II
- 20 septembre-10 décembre
MIAMI, MIAMI ART CENTRAL
Video: An Art, A History 1965-2005. New Media Collection
Centre Pompidou
- 23 septembre-12 novembre
BERLIN, MARTIN-GROPIUS-BAU
Peintures/Malerei- 30 septembre-3 décembre
HONG KONG, HONG KONG MUSEUM OF ART
Artists and their Models Masterpieces from the Centre
Pompidou, Paris
- 1er novembre 2006-21 janvier 2007 LONDRES, TATE MODERN
David Smith. A Centennial
- 7 novembre 2006-31 janvier 2007) LAUSANNE, VALLÉE DE LA
JEUNESSE Matières molles
- 1er décembre 2006-25 janvier 2007 ATHÈNES,
MEGARON
L'oiseau caché dans la pierre
-14 décembre 2006-25 février 2007
SYDNEY, MUSEUM OF CONTEMPORARY ART
Centre Pompidou. Video Art. 1965-2005 - 17
décembre 2005-19 mars 2006
HUMLEBAEK, LOUISIANA MUSEUM OF MODERN ART Brassaï. The
Photographer of the Night
16
Coproductions avec des institutions étrangères
- 19 février-14 mai
WASHINGTON, NATIONAL GALLERY OF ART
18 juin-11 septembre
NEW YORK, MOMA
Dada, organisée avec la National Gallery of Art
de Washington et en collaboration avec le MoMA de New York.
Autres manifestations itinérantes
- 23-24 février
SÉVILLE
Vidéodanse
- 12-21 mai
SAITAMA
Vidéodanse, Saitama Arts Theatre.
- 6 septembre-1er octobre
CAMPINAS, ESPAÇAO CULTURAL CPFL Vidéodanse au
Brésil
Annexe 5
Différentes vues de l'exposition Africa
Remix*
* Pour le nom et la description des oeuvres, voir annexe 21,
Liste des oeuvres, p.78.
Vue 1 : Ghada Amer, à gauche, Zoulikha
Bouabdellah à droite.
Vue 2 : Hassan Musa à gauche, Patrice
Félix Tchicaya au fond à gauche et Yinka Shonibare au fond
à droite. Au premier plan, Aimé Ntakiyika.
19
Vue 3 : au sol, projection de Myriam Mhindou, à
gauche Tracey rose et à droite Loulou Cherinet.
Vue 4 : à gauche, Moshekwa Langa, au fond El
Anatsui. En arrière plan à gauche, Antonio Olé.
Vue 5 : au premier plan Yto Barrada, photographies de
Allan de Souza.
Vue 6 : Goncalo Mabunda, Douts, Bodys Isek Kingelez et
en oeuvre en suspension Titos.
Vue 7 : au premier plan : Yto Barrada, à gauche,
photographies de David Goldblatt, au centre : Romuald Hazoumé. Á
droite : Antonio Olé.
Vue 8 : au centre : Dilomprizuliké. Á
gauche : Paulo Capela, à droite : Cyprien Tokoudagba.
Vue 9 : à gauche : Barthélemy Toguo, au
centre : Dilomprizuliké. A droite : Berry Bickle.
Vue 10 : à gauche : Barthélemy Toguo, au
centre : Dilomprizuliké. A droite : Berry Bickle.
Plans intermédiaires N°1 / 15
Plan final N°25
Maquette de l'exposition Africa
Remix
|
Plan du catalogue 60 p. Africa Remix
29
Descriptif des lots N°1 / 2 / 3
Trappes Africa Remix
Plan de l'installation de Mounir Fatmi
CV de l'agence NC Nathalie
Crinières*
Scénographie
* Sélection d'expositions
Juin 2008
Exposition Oum Kalsoum
Maîtrise d'ouvrage : Institut du monde arabe
Lieu : Institut du monde arabe- Paris - Surface : 1200 m2
Ouverture : 16 Juin 2008
Juin 2008
Exposition Grace Kelly
Maîtrise d'ouvrage : Grimaldi Forum- Monaco
Lieu : Hôtel de ville- Paris - Surface : 600m2
Ouverture : 9 Juin 2008
Mai 2008
Exposition Peter Doig
Maîtrise d'ouvrage : ville de Paris
Lieu : Musée d'art moderne- Paris - Surface : 1000m2
Ouverture : 29 Mai 2008
Avril 2008
Exposition Agora 3ème édition « Alerte
!», architecture urbanisme design Maîtrise d'ouvrage :
ville de Bordeaux
Lieu : hangar 14, Bordeaux- Paris - Surface : 4000m2
Ouverture : 11 Avril 2008
Avril 2008
Exposition Valérie Mréjen
Maîtrise d'ouvrage : Galerie Nationale du Jeu de Paume
Lieu : Galerie Nationale du Jeu de Paume - Paris - Surface :
360m2 Ouverture : 14 Avril 2008
Mars 2008
Exposition Marie Antoinette
Maîtrise d'ouvrage : rmn
Lieu : Galeries Nationales du Grand Palais, Paris - Surface :
1500m2 Ouverture : 14 mars 2008
Février 2008
Exposition Les inquiets
Maîtrise d'ouvrage : Centre Pompidou
Lieu : Centre Pompidou - Beaubourg, Paris - Surface : 250m2
Ouverture : 12 février 2008
Ouverture : 3 février 2008
Janvier 2008
Stand Galerie Dutko
Maîtrise d'ouvrage : Monsieur Dutko
Lieu : Foire des Antiquaires, Bruxelles - Surface : 100m2
Ouverture : 18 janvier 2008
Décembre 2007
Exposition L'âge d'or des sciences
arabes
Maîtrise d'ouvrage : Musée national d'art moderne et
contemporain d'Alger Lieu : MAMA - Alger - Surface : 1700m2
Ouverture : 21 décembre 2007
2007
Exposition L'enfer de la bibliothèque nationale -
Eros au secret Maîtrise d'ouvrage : BNF
Lieu : BNF François Mitterrand - Paris - Surface :
700m2
Ouverture : 3 décembre 2007 Novembre 2007
Exposition La méditerranée des
phéniciens de Tyr à Carthage
Maîtrise d'ouvrage : L'institut du Monde Arabe
Lieu : L'institut du Monde Arabe - Paris - Surface : 1300m2
Ouverture : 5 novembre 2007
Octobre 2007
Exposition Alfred Kubin
Maîtrise d'ouvrage : MAM & Paris-Musée
Lieu : Musée d'art Moderne de la Ville de Paris - Paris -
Surface : 350m2 Ouverture : 19 octobre 2007
Octobre 2007
Exposition Hélène Schjerfbeck
Maîtrise d'ouvrage : MAM & Paris-Musée
Lieu : Musée d'art Moderne de la Ville de Paris - Paris -
Surface : 350m2 Ouverture : 19 octobre 2007
Octobre 2007
Exposition Le design pense à vous...
Maîtrise d'ouvrage : APCI
Lieu : Cité des Sciences - Paris - Surface : 350m2
Ouverture : 10 octobre 2007
Exposition Trésors de la Société
nationale de Géographie Maîtrise d'ouvrage : BNF
Lieu : BNF - Richelieu - Paris - Surface : 400m2
Ouverture : 17 septembre 2007
Maîtrise d'ouvrage : Grimaldi Forum
Lieu : Grimaldi Forum - Monaco - Surface : 3500m2 Ouverture :
12 juillet 2007
Juin 2007
Exposition Le Rock'n'Roll / 39-59
Maîtrise d'ouvrage : Fondation Cartier
Lieu : Fondation Cartier - Paris - Surface : 650m2 Ouverture
: 21 juin 2007
Mars 2007
Exposition Atget
Maîtrise d'ouvrage : Bibliothèque nationale de
France Lieu : site Richelieu - Paris - Surface : 400m2 Ouverture : 27 mars
2007
Mars 2007
Exposition Samuel Beckett
Maîtrise d'ouvrage : Centre Pompidou
Lieu : Centre Pompidou - Beaubourg, Paris - Surface : 1000m2
Ouverture : 14 mars 2007
Exposition artem à Nancy
Maîtrise d'ouvrage : Institut français
d'architecture Lieu : Palais de Chaillot, Paris - Surface : 500m2 Ouverture
: 14 novembre 2006
Novembre 2006
Exposition Antonin Artaud
Maîtrise d'ouvrage : Bibliotheque nationale de France
Lieu : BNF site François-Mitterrand, Paris - Surface :
1000m2 Ouverture : 6 novembre 2006
Juillet 2006
Exposition Wonder of Japan
Maîtrise d'ouvrage : Musée Van Gogh, Amsterdam Lieu
: Musée Van Gogh - Surface : 600m2
Ouverture : 7 juillet 2006
Mai 2006
Exposition Il modo Italiano
Maîtrise d'ouvrage : Musée des Beaux-Arts de
Montréal
Lieu : musée des Beaux-Arts de Montréal - Surface :
1800m2 Ouverture : mai 2006
Mai 2006
Exposition HyperSensoriel
Maîtrise d'ouvrage : Atelier Renault des Champs
Elysées Lieu : Paris - Surface : 700m2
Ouverture : 20 mai 2006
Avril 2006
Exposition Nicolas Michelin architecte
urbaniste
Maîtrise d'ouvrage : La galerie d'architecture 46
Lieu : La galerie d'architecture, de Paris - Surface : 120m2
Ouverture : 13 avril 2006
Avril 2006
Exposition Géricault, la folie d'un
monde
Maîtrise d'ouvrage : Musée des Beaux-Arts de Lyon
Lieu : musée des Beaux-Arts de Lyon - Surface : 2000m2
Ouverture : 13 avril 2006
Avril 2006
Exposition Almodovar : exhibition
Maîtrise d'ouvrage : cinématheque de Paris Lieu :
cinémathèque de Paris - Surface : 700m2 Ouverture : 6 avril
2006
Avril 2006
Exposition Italia nova, une aventure de l'art
italien
Maîtrise d'ouvrage : rmn
Lieu : Galeries Nationales du Grand Palais, Paris - Surface :
1500m2
Ouverture : 5 avril 2006
Janvier 2006
Exposition Isabelle Huppert, la femme aux portraits
Maîtrise d'ouvrage : Paris Musée, LVMH
Lieu : Couvent des cordeliers à Paris - Surface : 610m2
Ouverture : 9 janvier 2006
Décembre 2005
Stand Tara, une goélette pour la planète
Maîtrise d'ouvrage : agnes b.
Lieu : Salon nautique à Paris - Surface : 700m2
Ouverture : 2 décembre 2005
Novembre 2005
Exposition Ni vu, ni connu
Maîtrise d'ouvrage : Muséum d'Histoire Naturelle
Lieu : Lyon - Surface : 1200m2
Ouverture : 18 Novembre 2005
Octobre 2005
Exposition L'âge d'or des sciences arabes
Maîtrise d'ouvrage : Institut du Monde Arabe Lieu : Paris -
Surface : 1200m2
Ouverture : 24 octobre 2005
Juin 2005
Exposition Panorama 6
Maîtrise d'ouvrage : Le Fresnoy, studio national des arts
contemporains Lieu : Tourcoing - Surface : 2000m2
Ouverture : 3 juin 2005
Mai 2005
Exposition La Loire, l'Abbaye et les poissons
Maîtrise d'ouvrage : Abbaye Royale de Fontevraud
Lieu : Fontevraud
Ouverture : 28 mai 2005 47
Mai 2005
Exposition Africa Remix
Maîtrise d'ouvrage : Centre Pompidou
Lieu : Centre Pompidou, Paris - Surface : 2200m2
Ouverture : 24 mai 2005
Avril 2005
Exposition Impressionnisme et naissance du
cinématographe Maîtrise d'ouvrage : Musée des
Beaux-Arts de Lyon
Lieu : Musée des Beaux-Arts, Lyon - Surface : 2000m2
Ouverture : 13 avril 2005
Avril 2005
Exposition Rainer Werner Fassbinder
Maîtrise d'ouvrage : Centre Pompidou
Lieu : Centre Pompidou, Paris - Surface : 700m2 Ouverture :
12 avril 2005
Mars 2005
Exposition Sartre
Maîtrise d'ouvrage : Bibliotheque nationale de France
Lieu : BNF site François-Mitterrand, Paris - Surface :
1000m2 Ouverture : 8 mars 2005
Novembre 2004
Exposition Paris sur les ondes
Maîtrise d'ouvrage : Mairie de Paris
Lieu Hôtel de ville, Paris - Surface : 350m2 Ouverture
: 8 Novembre 2004
Juin 2004
Exposition Panorama 5
Maîtrise d'ouvrage : Le Fresnoy, studio national des arts
contemporains Lieu : Tourcoing - Surface : 2000m2
Ouverture : 11 juin 2004
Juin 2004
Exposition Aurélie Nemours Maîtrise
d'ouvrage : CNAC-GP Lieu : Paris - Beaubourg
Ouverture : 8 juin 2004
Annexe 14
Couleur des murs
Annexe 15
Visuels Africa Remix Paris / Londres / Düsseldorf
/ Tokyo
? Visuel / charte graphique catalogue 340 p. Paris, Centre
Pompidou. Dimensions : 24 x 30 cm :
? Visuel / charte graphique catalogue 60 p. Paris, Centre
Pompidou. Dimensions : 27,5 x 27 cm:
? Visuel / charte graphique Düsseldorf, Museum Kunst
Palast:
? Visuel / charte graphique Tokyo, Mori Museum:
Annexe 16
Graphisme, note d'intention et demande de
devis
|
Liste des installations audiovisuelles
Calendrier détaillé d'exécution
des travaux sur site
Budget de l'exposition
Liste des artistes par section et parcours
séléctifs
Mounir Fatmi IDENTITÉ ET HISTOIRE
Né en 1970 à Tanger, Maroc. Vit et travaille
à Paris et à Tanger.
OEuvre (s) : Obstacles
Obstacles est une oeuvre en évolution sur laquelle
Mounir Fatmi travaille depuis quatre ans. Pour cette installation, il explique
que l'obstacle, « privé de sa fonction, (...) devient sculpture,
une sculpture tellement fragile que d'un simple faux mouvement elle peut
s'effondrer. Ce sentiment de peur de l'échec renvoie le public aux
exigences d'une société qui valorise la performance, une
société qui demande toujours d'aller plus loin, plus haut, plus
vite à n'importe quel prix ».
Cette oeuvre symbolise les obstacles que les artistes
africains rencontrent pour s'exprimer, que ce soient les censures nationales,
ou le besoin de se dégager d'une « particularité africaine
» que le public attend parfois de leur travail.
Joël Andrianomearisoa DESIGN, MODE ET
MUSIQUE
Né en 1977 à Madagascar. Vit et travaille à
Paris et Madagascar
OEuvre (s) : Les Portes, 2004 - 2005 (The Doors, 2004 -
2005)
Joel Andrianomearisoa est un jeune artiste malgache dont le
travail est pluridisciplinaire : ses créations utilisent le
vêtement, la sculpture, l'architecture, la vidéo ou le design.
Dès l'âge de douze ans, cet artiste hors norme a
suivi à Madagascar des cours à l'Académie de mode et
à l'Institut des Métiers d'Arts Plastiques. Après avoir
fait ses preuves dans le monde de la haute couture, et reçu le prix
« Jeune Talent d'Antananarivo », l'artiste poursuit des études
d'architecture à Paris.
Son insatiable créativité s'exprime dans
l'expérimentation des mélanges entre les différents champs
artistiques qui l'inspirent.
« J'applique le concept d'archi-couture, des formes
géométriques, radicales, des vêtements objets la plupart du
temps noirs. Dans cette ligne apparaît aussi un travail exceptionnel au
niveau des matériaux, des tissages exclusifs ».
Ses collections de couture sont novatrices et les
défilés spectaculaires. L'artiste travaille fréquemment
pour des créations théâtrales, cinématographiques et
télévisées à la réalisation de costumes et
de décors.
Les Portes est une installation composée de suites de
carrés suspendus de couleur noire de plusieurs dimensions qui invite le
visiteur à se faufiler entre ces formes géométriques
austères. Par ces portes de tissu, l'artiste nous propose
d'expérimenter les relations étroites entre le vêtement et
l'architecture et par là-même entre le corps et l'espace.
Yinka Shonibare IDENTITÉ ET HISTOIRE
Né en 1962 à Londres. Vit et travaille à
Londres.
OEuvre (s) : Victorian Philanthropist's Parlour, 1996 -
1997 (Le salon du philanthrope victorien)
Yinka Shonibare reproduit, ici, à l'identique, un salon
de l'époque victorienne. Seuls les tissus recouvrant murs et mobiliers
font référence à l'identité africaine de cet
artiste anglais d'origine nigériane. Ce tissu « wax », dont
les motifs imprimés sont des footballeurs noirs, est lui-même
remis en question dans son authenticité. Car il est le produit des
colons européens qui l'ont introduit sur le marché africain au
18e siècle.
Jouant des symboles prétendument identitaires, l'artiste
met en valeur le métissage des cultures et rappelle la
réalité coloniale sur laquelle s'est construite la bourgeoisie
anglaise.
Samuel Fosso IDENTITÉ ET HISTOIRE
Né en 1962 à Kumba, Cameroun. Vit et travaille
à Bangui, République Centrafricaine.
OEuvre (s) : Le Chef (Celui qui a vendu l'Afrique aux
colons) (The Chief who Sold Africa to the Colonizers)
Né au Cameroun en 1962, Samuel Fosso vit d'abord au
Nigeria avant de rejoindre son frère à Bangui en
République Centrafricaine. A dix ans, il est cordonnier, puis entre en
1975 dans le studio d'un photographe comme apprenti. Les Indépendances
africaines se sont accompagnées d'un énorme engouement pour la
photographie, notamment avec l'ouverture de studios sur tout le continent
africain, où se précipitait la jeunesse.
Samuel Fosso ouvre son premier studio à treize ans et
débute, en marge de son activité commerciale, un travail
personnel autour de l'autoportrait qu'il réalise avec les chutes de
pellicules utilisées pour ses clients. Il se met en scène dans
les poses et les vêtements à la mode des « sapeurs » du
Congo, et envoie ses clichés à sa famille.
Il développe son travail en passant à la
couleur. Les costumes et les mises en scène se diversifient : il pose en
marin, travesti en femme, pirate ou joueur de golfe. Son oeuvre devient alors
plus critique : il se sert de son image et du déguisement pour exprimer
des thématiques identitaires.
Dans « Le Chef (Celui qui a vendu l'Afrique aux colons)
», habillé d'une peau et d'une toque de léopard, le cou
cerné de colifichets, et photographié sur fond de tissus
africains, il se joue des clichés occidentaux pour représenter
les chefs africains, en même temps qu'il fait allusion au dictateur de
l'ex-Zaïre Mobutu. Cette photo renvoie enfin au rôle des chefs
coutumiers africains dans la traite négrière
précoloniale.
Hassan Musa IDENTITÉ ET HISTOIRE
Né en 1951 au Soudan. Vit et travaille à
Domessargues dans le Gard, France.
OEuvre (s): Great American Nude, 2002 (Le grand nu
américain)
Hassan Musa, artiste soudanais, travaille la peinture sur de
grands morceaux de tissus assemblés, mais il est aussi calligraphe,
graveur et illustrateur de livres pour enfants. Il a obtenu un diplôme
d'art à l'école de Khartoum, puis il est venu en France où
il a soutenu une thèse en histoire de l'art. Grand connaisseur de l'art
classique et moderne européen, il est aussi enseignant et critique d'art
pour des revues internationales.
Ce « faiseur d'images », tel qu'il se
définit, ne veut pas se laisser enfermer dans une seule catégorie
artistique. C'est un touche-à-tout et un « bricoleur » de
l'image. « On bricole quand on est en terrain inconnu, quand on a pas de
réponse toute faite issue de l'histoire de l'art ou des traditions
à une situation nouvelle. Il faut donc inventer les outils, les
méthodes et les gestes pour trouver une solution. »
A la question sur son identité, Hassan Musa dit qu'il est
une « personnalité à tiroirs : le tiroir de la calligraphie
arabe, celui de la peinture européenne, le tiroir de l'aquarelle
chinoise,
etc. ». Son travail d'artiste se nourrit de tous ces
éléments qui font partie de lui.
A propos de sa double culture, soudanaise et française,
l'artiste explique qu'il n'a qu'une seule culture : celle de l'économie
de marché qui domine le monde, que ce soit les pays occidentaux ou
l'Afrique. Ainsi, il revendique l'art classique européen comme un
héritage personnel et artistique.
Dans Great American Nude, qui représente un Ben Laden
avec un corps de femme sur un drapeau américain, les
références à la peinture occidentale sont nombreuses.
L'artiste a pris pour modèle une partie d'un nu féminin de
Boucher, artiste français du 18e siècle, alors que le drapeau et
le visage de Ben Laden, utilisé comme une icône effrayante des
temps modernes, font référence au Pop Art américain,
mouvement artistique de la deuxième moitié du 20e
siècle.
Pour le tableau Worship objects, ou objets de culte, l'artiste
s'est représenté avec des ailes d'ange, en protecteur de la
mémoire de Sarah Bartman, au centre du tableau. Montrée comme
objet de curiosité dans les foires européennes du début du
siècle, les restes de son corps, mis en bocaux après sa mort,
étaient encore visibles jusqu'à très récemment au
musée de l'Homme en tant que « spécimen ethnologique de la
race noire ».
Hicham Benohoud IDENTITÉ ET HISTOIRE
Né en 1968 à Marrakech, Maroc. Vit et travaille
à Marrakech.
OEuvre (s) : Version soft, 2003
Artiste marocain, professeur d'arts plastiques, Hicham Benohoud
se consacre depuis peu à plein temps à la photographie.
La Salle de classe est un ensemble de photographies
réalisées entre 1994 et 2001 : « Pour ce projet, j'ai
demandé à mes élèves de poser pour moi dans un
espace réorganisé. J'ai finalement capté des images
insolites dont la spécificité était d'être
totalement inventées ».
Avant de faire poser ses élèves, il dessine leur
position et celle des objets qu'il souhaite les voir manipuler puis s'en tient
strictement à sa composition. Ces étranges mises en scène
révèlent le pouvoir du professeur sur ses élèves,
et plus largement le thème du pouvoir social : « Au Maroc, la
question du pouvoir est omniprésente. J'entends par là le pouvoir
de la religion, des traditions, de la figure du père, de l'homme en
général. En France, le pouvoir est plus diffus. Je ne dis pas
qu'il est forcément égal pour tous, mais aussi petit qu'il soit,
chaque individu possède son arc de pouvoir. On parle d'ailleurs du
pouvoir des enfants sur leurs parents, ce qui n'est pas envisageable au Maroc
».
Dans la série d'autoportraits Version Soft, Hicham
Benohoud s'est photographié avec divers objets collés sur son
visage. Ces matériaux, comme aimantés par le visage, traduisent
la pression de la société sur l'individu.
« Au départ de ce travail, je répondais
à l'invitation en résidence d'une galerie à Bruxelles.
J'étais censé photographier la ville selon mon point de vue
d'artiste marocain. Formulée
comme telle, cette proposition ne m'a pas
intéressé. Elle a toutefois permis une réflexion plus
profonde sur le fait de savoir si je me définissais en tant qu'artiste,
ou bien en tant qu'artiste musulman, voire africain. Il s'agissait dès
lors d'interroger ma culture, et plus particulièrement l'Islam, à
travers un travail artistique ».
L'artiste utilise son visage et son corps comme des supports
d'expression : ses images sont fortes, presque dérangeantes. « Je
sens quelque part que le combat est l'espace où se situe mon oeuvre
», nous dit-il.
Zoulikha Bouabdellah IDENTITÉ ET
HISTOIRE
Née en 1977 à Moscou, Russie. Vit et travaille
à Paris.
OEuvre (s) : Dansons, 2003 (Let's Dance)
Zoulikha Bouabdellah est une jeune artiste algérienne
et française. Née à Moscou à l'époque
où les échanges étaient fréquents entre
l'Algérie socialiste et l'URSS, elle a surtout grandi à Alger,
dans le Musée des beaux arts où résidait sa famille.
« Ma mère était conservateur, donc, en allant
à l'école, je devais traverser tout le bâtiment qui est
énorme ; et deux fois par jour, j'avais l'occasion de voir les tableaux
exposés. »
En 1993, alors que la guerre civile éclate, la famille
de l'artiste se résout à quitter l'Algérie pour venir en
France. A seize ans, elle découvre la France, obtient ensuite le
diplôme de l'École nationale supérieure des arts de Cergy,
et demande la nationalité française.
L'artiste se sert de la vidéo et de la photographie
pour exprimer sa double culture : « Je me sens en totale symbiose dans les
deux. Je peux être accusée de schizophrénie ! C'est pas
grave car je suis bien dans ma peau. »
2002. La Marseillaise avait été alors
sifflée, et le match arrêté. « On a dit ensuite : les
Algériens ont hué la Marseillaise. J'en étais
complètement affectée car ceux qui l'ont sifflée, ce sont
des Français ! »
En réaction à ce « malaise » de la
société française, l'artiste s'est filmée, trois
foulards bleus, blanc, rouge noués autour du bassin, effectuant la danse
du ventre orientale sur l'hymne national.
Elle ajoute que « c'est un travail en écho
à Delacroix, peintre français du 19e siècle, à son
oeuvre La Liberté guidant le peuple, et au principe de la peinture
occidentale qui est basée sur la ligne horizontale. Je l'associe
à la pensée musulmane qui est plutôt dans l'arabesque.
C'est la ligne horizontale de la peinture occidentale qui devient arabesque, et
vice versa ».
Ghada Amer IDENTITÉ ET HISTOIRE
Née en 1963 au Caire, Égypte. Vit et travaille
à New York.
OEuvre (s) : Wallpaper RFGA, 2003
Wallpaper RFGA est une toile peinte et brodée. Par
cette technique artisanale, l'artiste égyptienne Ghada Amer nous renvoie
aux activités traditionnellement réservées aux femmes.
Pourtant, ce « papier peint », au motif floral
décoratif se révèle plus virulent qu'il n'y paraît.
Derrière l'entrelacs de fils, se cache une scène érotique
entre deux femmes.
Puisée dans des revues pornographiques, cette image
crée une gêne inattendue et révèle le tabou sur
l'homosexualité féminine.
Par la surimpression des motifs et l'usage de la broderie,
l'artiste élabore une esthétique du caché, de l'intime.
Son oeuvre traite du statut de la femme en interrogeant les
représentations de l'univers féminin.
Myriam Mihindou IDENTITÉ ET HISTOIRE
Née en 1962 à Libreville, Gabon. Vit et travaille
à Rabat, Maroc.
OEuvre (s) : Folle, 2000 (Madwoman)
Projetée à même le sol, la vidéo
Folle suit le va-et-vient hésitant de deux jambes au-dessus d'une
faille. Cette mise en scène de l'artiste gabonaise Myriam Mihindou
exprime les difficultés du passage d'un territoire à l'autre,
fut-il géographique ou métaphorique. Elle symbolise la peur de
l'inconnu, du différent, de l'autre.
Dans cette vidéo, le passage de la frontière est
rythmé, ou ritualisé, par les mouvements
répétés des pieds. La question de la limite, au coeur du
travail de l'artiste, interroge ici le rôle social et culturel du rite
d'initiation.
Julie Mehretu IDENTITÉ ET HISTOIRE
Née en 1970 à Addis-Abeba, Éthiopie. Vit et
travaille à New York.
OEuvre (s) : Enclosed Resurgence, 2001
Enclosed Resurgence est une peinture de l'Éthiopienne
Julie Mehretu. Abstraite à première vue, cette toile
révèle une superposition de dessins, plans et lignes qui
synthétisent la structure d'une grande ville. Composée de plans
architecturaux de stades, d'aéroports ou de centres commerciaux, et
autres lieux de rassemblement des foules, elle symbolise une
société urbaine organisée et fonctionnelle. Mais une
impression de chaos se dégage du tableau, évoquant, par l'effet
de fumées et de lignes centrifuges, une explosion qui n'est pas sans
rappeler le drame du 11 septembre, à New York, où l'artiste
vit.
Wanchegi Mutu IDENTITÉ ET HISTOIRE
Née en 1972 à Nairobi, Kenya. Vit et travaille
à New York.
OEuvre (s): In Killing Fields Sweet Butterfly Ascend,
2003
Artiste kenyane vivant à New York, Wanchegi Mutu
crée des personnages féminins hybrides à l'aide de
collages d'images provenant de revues ethnographiques, féminines ou
érotiques. Dans In Killing Fields Sweet Butterfly Ascend, l'artiste
compose l'image d'une femme mutante et sensuelle. Une bouche pulpeuse, un buste
ou une chevelure assemblés évoquent la pratique de la chirurgie
esthétique et la très contemporaine médiatisation de la
femme objet. Cette muse des temps modernes s'inscrit dans un univers ambigu et
poétique qui emprunte au monde de l'enfance : un jeu sanglant se
déroule dans un champ de papillons.
« Le camouflage et la mutation sont des thèmes
importants dans mon travail. Nous portons tous des costumes quand nous partons
au combat. »
Balthazar Faye MODE, DESIGN, MUSIQUE
Né en 1941 à Dakar, Sénégal. Vit et
travaille à Paris.
OEuvre (s) : Bar musical pour «Africa Remix», 2004
(Africa Remix Music Bar, 2004)
Le jeune designer Balthazar Faye est sénégalais
et allemand ; et vit à Paris. Privilégiant l'utilité sur
l'ornementation, il dessine des meubles qui se distinguent par une ligne
très sobre, très belle.
« J'essaie de créer des meubles et des objets
simples et chaleureux, dépouillés, où les rares
ornementations viennent de la matière de l'objet, de sa peau, et que ces
ornementations aient un sens ou une fonction déchiffrables. »
Travaillant à la fabrication de meubles aussi bien en
Europe qu'en Afrique, il est passionnant de l'entendre raconter les
expériences très différentes qu'il vit ici et
là-bas. Alors que la chaîne de production du meuble en Europe est
parfaitement rôdée et technologique, « quand on fait un objet
destiné à être fabriqué en Afrique, on ne peut pas
le penser de la même manière qu'ici ».
Là-bas, l'artiste réunit, autour de la pièce
à produire, différents corps de métiers,
ébénistes, fondeurs, etc., qui n'ont parfois jamais
travaillé ensemble. Le résultat, plus artisanal, bouleverse le
concept traditionnel du design européen : les meubles,
réalisés en série, ne sont jamais parfaitement identiques
par rapport au prototype. Pour l'artiste, c'est ce qui fait aussi leur
valeur.
Pour Africa Remix, Balthazar Faye a
créé avec ses collègues africains un salon où le
public peut s'asseoir pour écouter des musiques africaines
contemporaines. Il nous explique son projet : « On communique beaucoup sur
les designers, mais trop rarement sur ceux qui, avec les moyens du bord et dans
des conditions très précaires, façonnent et
réalisent les idées de ces derniers. J'ai donc choisi de marier
de la photo et du mobilier pour rendre hommage à ces artisans et
témoigner à ma manière de leur activité. J'aime que
les objets racontent leur propre histoire et à travers elle celle de
ceux qui les ont fabriqués ».
Ingrid Mwangi CORPS ET ESPRIT
Née en 1975 à Nairobi, Kenya. Vit et travaille
à Ludwigshafen, Allemagne. OEuvre (s) : Down by the River, 2001
(Au bord du fleuve)
Down by the River, d'Ingrid Mwangi, reprend le titre d'une
célèbre chanson de western. La couleur rouge prédomine
dans cette installation qui décrit un massacre.
La vidéo d'un corps flottant, tête plongée
dans l'eau rougie, défile au dessus d'un rectangle de terre,
suggérant une pierre tombale. Tracé dans la terre, un texte
raconte comment le sang des victimes se mélange et s'écoule dans
l'eau de la rivière.
« Je me sers de l'art pour réveiller les
consciences », dit-elle. Par cette scène, l'artiste
représente la violence qui secoue le continent africain.
Néanmoins, cette oeuvre poétique se veut aussi un signe d'espoir
puisque la couleur rouge est, en Afrique, symbole de vie et de
fertilité.
Cyprien Tokoudagba CORPS ET ESPRIT
Né en 1939 à Abomey, Bénin. Vit et travaille
à Abomey.
OEuvre (s) : Grenouille - Emblème du dieu de l'eau
Tohoussou, 1998 (Frog - Emblem of the Water God Tohoussou)
Les peintures de Cyprien Tokoudagba se réfèrent
à la religion vodun, née au Bénin, et à laquelle il
fut initié enfant :
« Quand j'étais petit, on m'a envoyé chez
un prêtre voodoo, un maître de l'initiation. Une fois
là-bas, on ne peut pas faire marche arrière. Nous avons appris
comment faire de la magie, comment utiliser la force des mots [...] et les
secrets des plantes. Dans le voodoo, chaque famille d'initiés prie un ou
plusieurs dieux. »
Cet artiste autodidacte, né en 1939, se passionne
depuis toujours pour le dessin et la sculpture. Sa carrière
débute véritablement par une première commande de
restauration du mur d'un temple vodun dédié au dieu Tohoussou. Il
sera par la suite nommé restaurateur au Musée d'Abomey.
Grenouille - Emblème du dieu de l'eau Tohoussou est une
toile de grand format, datant de 1998, qui représente l'un des dieux
principaux du panthéon vodun. Restant fidèle à la
représentation traditionnelle, cette oeuvre interpréte la
divinité dans un style personnel oü les signes circulaires,
symboles de l'eau, encadrent la figure.
« Pour moi, l'art c'est quelque chose qui vient du plus
profond de soi. L'art est la représentation des pensées et du
savoir. »
Wim Botha IDENTITÉ ET HISTOIRE
Né en 1974 à Pretoria, Afrique du Sud. Vit et
travaille à Pretoria.
OEuvre (s) : Commune : Onomatopoeia, 2004
Installation, technique mixte. Dimensions variables
Michael Stevenson Contemporary, Le Cap (Afrique du Sud)
Commune : Onomatopoeia, du Sud-Africain Wim Botha, recrée
l'intérieur d'une habitation d'Afrikaners.
72
déroule en Afrique depuis prés de quatre
siècles. Mais ces objets européens, rappelant le passé
colonial, ne sont pas enracinés à la terre africaine.
Le motif de la hyène, symbole de malédiction, se
répète à plusieurs reprises. Des dessins décrivent
une meute d'hyènes déchiquetant une proie sur une table de
dissection placée au centre de la pièce.
Exprimant l'histoire sanglante de l'apartheid sur un thème
cérémoniel, l'artiste interroge les conditions d'une
nationalité.
Mohamed El Baz IDENTITÉ ET HISTOIRE
Né en 1967 à El Ksiba, Maroc. Vit et travaille
à Lille.
OEuvre (s) : Bricoler l'incurable. Niquer la mort / Love
Suprême, 2004
Depuis les années 1990, Mohamed El Baz se consacre
à un projet expérimental qu'il intitule Bricoler l'incurable.
Chaque exposition est un « détail » de ce projet, telle
l'installation Niquer la mort / Love Suprême.
Spécialement conçue pour l'exposition Africa
Remix, cette oeuvre réunit des images empruntées aux
médias, des portraits d'inconnus, des vidéos, des enregistrements
sonores et un atlas où les capitales mondiales sont
représentées comme des cibles.
Cette oeuvre énigmatique, en forme de charade, renvoie
à notre statut difficile de spectateur de l'actualité mondiale.
Dans ce contexte politique, l'artiste interroge le rôle de l'oeuvre
d'art, son processus de création, de recyclage et d'exposition.
Michèle Magema IDENTITÉ ET
HISTOIRE
Née en 1977 à Kinshasa, République
Démocratique du Congo. Vit et travaille à Neuilly-surMarne et
Paris.
OEuvre (s) : Oyé Oyé, 2002
Oyé Oyé de Michèle Magema est une
installation composée de deux vidéos se faisant face. Cette jeune
artiste vint en France à l'âge de six ans pour y rejoindre son
père alors réfugié politique : « Dans cette oeuvre,
je me présente vêtue de l'uniforme bleu et blanc imposé par
le régime dictatorial de l'ex-président du Zaïre. En
caricaturant la marche militaire, je confronte l'image de mon corps
tronqué avec celle du président Mobutu Seseko. Lorsque j'ai
quitté le Congo, j'ai emporté avec moi les souvenirs des saluts
au drapeau, des chants dédiés au président, et cet
uniforme bleu et blanc. Cette oeuvre détermine l'incidence du pouvoir
politique du président Mobutu sur ma vie d'artiste. »
73
Chéri Samba IDENTITÉ ET
HISTOIRE Né à Kinto M'Vuila, RDC. Vit et travaille
à Kinshasa et Paris.
OEuvre (s) : Collège de la Sagesse, 2004 (The
School of Wisdom)
Chéri Samba est sûrement l'artiste africain le
plus connu en Occident. Né au Zaïre en 1956, il est l'un des
premiers artistes « extra-européens » à être
exposés en Europe et participa à l'exposition Magiciens de la
Terre au Centre Pompidou.
Se réclamant « artiste populaire »,
Chéri Samba est un autodidacte qui a débuté sa
carrière en exposant ses tableaux sur le trottoir, devant son atelier.
Ses premiers spectateurs et acheteurs étaient ses voisins des faubourgs
populaires de Kinshasa.
« Ce que je fais, tout le monde peut le comprendre. C'est
pour cela que j'ai appelé ma peinture populaire »,
explique-t-il.
Les tableaux de Chéri Samba s'inspirent de son
quotidien. Dans un premier temps, il reprend anecdotes et aventures du peuple
de « Kin ». Puis, devenu un artiste international, ses toiles
témoignent d'un regard amusé ou critique sur le monde
globalisé.
« Pour moi, une peinture doit être universelle. Elle
peut être socioculturelle ou politique. »
Il nous dit encore que « la façon dont l'Occident
comprend ces oeuvres est trés différente de la manière
dont les gens les perçoivent en Afrique ».
Les toiles exposées pour Africa Remix sont
récentes. Vivement colorées, pailletées, elles n'en
expriment pas moins la violence des échanges mondiaux dans Le Monde
Vomissant, ou encore la tragique situation de l'Afrique dans La Faillite.
Dans le tableau Collège de la sagesse, l'artiste nous
donne une vision cynique de l'égalité des peuples sur la
planète.
Les oeuvres de Chéri Samba dénoncent souvent les
travers du monde. Il se présente en artiste prophétique : «
Mon travail, c'est de redresser les consciences. Je suis un messager en quelque
sorte ».
Liste complète des artistes Africa Remix
et couleurs par section
Identité et histoire
Corps et esprit
Ville et terre
Mode, design et musique
Akinbiyi Akinbode Akpan Sunday
Jack Alexander Jane Alvim Fernando
Amer Ghada
Andrianomearisoa Joël
Assubuji Rui Carlos
Baladi Lara
Barrada Yto Basto Luis
Benohoud Hicham
Bester Willie Bickle
Berry Bidjocka Bili Botha
Andries Botha Wim
Bouabdellah Zoulikha
Bruly Bouabré Frédéric
Capela Paulo
Cherin Chéri
Cherinet Loulou
Cissé Soly
D. Omar
Derrick Tracey deSouza Allan
Diallo Cheikh Dilomprizulike Douts Mohamadou
N'Doye
Dumas Marlène
El Anatsui
El Baz Mohamed
El Noshokaty Shady Fakhir
Ymane
Fatmi Mounir
Faye Balthazar
Fosso Samuel
Gaba Meschac
Gastelli Jellel
Goldblatt David
Hazoumé Romuald
Kenawy Amal
Kenawy Abd El Ghany
Kentridge William
Kingelez Bodys Isek
Konaté Abdoulaye
Langa Moshekwa 75
Mansaray Abu Bakarr Mehretu
Julie
Mihindou Myriam
Mokofeng Santu
Mthethwa Zwelethu
Musa Hassan
Mutima N`Dilo Mutu
Wangechi Mwangi Ingrid Naim Sabah
Nasr Moataz
Nkanga Otobong
Ntakiyica Aimé
Okutzeto Senam Olé
Antonio Onyango Richard
Owusu-Ankomah
Perrier Eileen Place
Rodney Pume Francis Rose Tracey
Samba Chéri
Santimano Sergio
Sedira Zineb
Semtati Benyounès
Shonibare Yinka
Tayou Pascale Marthine Tchicaya
Patrice Félix
Tillim Guy
Titos
Toguo Barthélémy Tokudagba
Cyprien Tuggar Fatimah Weangaï
Ernest
Annexe 21
Liste des oeuvres
Annexe 22
Liste des artistes par zones
géographiques
Artistes de la « diaspora* » : 24
Artistes résidant en Afrique / Océan
Indien : 62
Répartition des artistes par zones
géographiques (lieux de résidence)
|
Europe
|
23
|
Amérique du Nord
|
4
|
Maghreb
|
6
|
Afrique saharienne
|
6
|
Afrique de l'Ouest
|
23
|
Afrique de l'Est
|
2
|
Afrique Australe
|
9
|
Afrique du Sud
|
13
|
Océan Indien
|
0
|
* Voir la partie « Diaspora » dans le corps du
mémoire.
Artistes
|
Zone géographique
de résidence
|
Pays d'origine
|
Pays de résidence
|
Akinbiyi Akinbode
|
Europe
|
Nigéria / né en GB
|
Allemagne
|
Akpan Sunday Jack
|
Afrique de l'Ouest
|
Nigéria
|
Nigéria
|
Alexander Jane
|
Afrique du Sud
|
Afrique du Sud
|
Afrique du Sud
|
Alvim Fernando
|
Europe
|
Angola
|
Belgique
|
Amer Ghada
|
Amérique du nord
|
Égypte
|
Etats-Unis
|
Andrianomearisoa J.
|
Europe
|
Madagascar
|
France
|
Assubuji Rui Carlos
|
Afrique Australe
|
Mozambique
|
Mozambique
|
Baladi Lara
|
Afrique Saharienne
|
Liban
|
Egypte
|
Barrada Yto
|
Maghreb
|
France / Maroc
|
France / Maroc
|
Basto Luis
|
Afrique Australe
|
Mozambique
|
Mozambique
|
Benohoud Hicham
|
Maghreb
|
Maroc
|
Maroc
|
Bester Willie
|
Afrique du Sud
|
Afrique du Sud
|
Afrique du Sud
|
Bickle Berry
|
Afrique Australe
|
Zimbabwe
|
Zimbabwe
|
Bidjocka Bili
|
Europe
|
Cameroun
|
France / Belgique
|
Botha Andries
|
Afrique du Sud
|
Afrique du Sud
|
Afrique du Sud
|
Botha Wim
|
Afrique du Sud
|
Afrique du Sud
|
Afrique du Sud
|
Bouabdellah Zoulikha
|
Europe
|
Algérie / née en Russie
|
France
|
Bruly Bouabré F.
|
Afrique de l'Ouest
|
Côte-d'Ivoire
|
Côte-d'Ivoire
|
Capela Paulo
|
Afrique Australe
|
Angola
|
Angola
|
Cherin Chéri
|
Afrique de l'Ouest
|
Congo
|
Congo
|
Cherinet Loulou
|
Europe
|
Suède / Ethiopie
|
Suède
|
Cissé Soly
|
Afrique de l'Ouest
|
Sénégal
|
Sénégal
|
D. Omar
|
Maghreb
|
Algérie
|
Algérie / France
|
Derrick Tracey
|
Afrique du Sud
|
Afrique du Sud
|
Afrique du Sud
|
deSouza Allan
|
Amérique du Nord
|
Kenya
|
Etats-Unis
|
Diallo Cheikh
|
Afrique de l'Ouest
|
Mali
|
Mali / France
|
Dilomprizulike
|
Afrique de l'Ouest
|
Nigéria
|
Nigéria
|
Douts Mohamed
|
Afrique de l'Ouest
|
Sénégal
|
Sénégal
|
Dumas Marlène
|
Europe
|
Afrique du Sud
|
Pays-Bas
|
El Anatsui
|
Afrique de l'Ouest
|
Ghana
|
Nigéria
|
El Baz Mohamed
|
Maghreb
|
Maroc
|
France
|
El Noshokaty Shady
|
Afrique Saharienne
|
Egypte
|
Egypte
|
Fakhir Ymane
|
Europe
|
Maroc
|
France
|
Fatmi Mounir
|
Maghreb
|
Maroc
|
Maroc / France
|
Faye Balthazar
|
Europe
|
Sénégal
|
France
|
Fosso Samuel
|
Afrique de l'Ouest
|
Cameroun
|
RDC
|
Gaba Meschac
|
Europe
|
Bénin
|
Pays-Bas
|
Gastelli Jellel
|
Europe
|
Tunisie
|
France
|
Gera Mawi Mazgabu
|
Afrique de l'Est
|
Ethiopie
|
Ethiopie
|
Goldblatt David
|
Afrique du Sud
|
Afrique du Sud
|
Afrique du Sud
|
Hazoumé Romuald
|
Afrique de l'Ouest
|
Bénin
|
Bénin
|
Hlungwani Jackson
|
Afrique du Sud
|
Afrique du Sud
|
Afrique du Sud
|
Kenawy Amal
|
Afrique Saharienne
|
Egypte
|
Egypte
|
Kenawy Abd El Ghany
|
Afrique Saharienne
|
Egypte
|
Egypte
|
Kentridge William
|
Afrique du Sud
|
Afrique du Sud
|
Afrique du Sud
|
Kingelez Bodys Isek
|
Afrique du l'Ouest
|
Ex-Zaïre
|
RDC
|
Konaté Abdoulaye
|
Afrique de l'Ouest
|
Mali
|
Mali
|
Langa Moshekwa
|
Afrique du Sud
|
Afrique du Sud
|
Pays-Bas
|
Leki Dago Ananias
|
Afrique de l'Ouest
|
Côte-d'Ivoire
|
Côte-d'Ivoire / France
|
Leye Goddy
|
Afrique de l'Ouest
|
Cameroun
|
Cameroun / Pays-Bas
|
Lundangi Franck K.
|
Europe
|
Angola
|
France
|
Mabunda Gonçalo
|
Afrique Australe
|
Mozambique
|
Mozambique
|
Magema Michèle
|
Europe
|
RDC
|
Paris
|
Mansaray Abu Bakarr
|
Afrique de l'Ouest
|
Sierra Leone
|
Sierra Leone / Pays-Bas
|
Mehretu Julie
|
Amérique du Nord
|
Ethiopie
|
Etats-Unis
|
Mihindou Myriam
|
Maghreb
|
Gabon
|
Maroc
|
Mokofeng Santu
|
Afrique du Sud
|
Afrique du Sud
|
Afrique du Sud
|
Mthethwa Zwelethu
|
Afrique du Sud
|
Afrique du Sud
|
Afrique du Sud
|
Musa Hassan
|
Europe
|
Soudan
|
France
|
Mutima N`Dilo
|
Afrique Australe
|
Angola
|
Angola
|
Mutu Wangechi
|
Amérique du Nord
|
Kenya
|
Etats-Unis
|
Mwangi Ingrid
|
Europe
|
Kenya
|
Allemagne
|
Naim Sabah
|
Afrique Saharienne
|
Egypte
|
Egypte
|
Nasr Moataz
|
Afrique Saharienne
|
Egypte
|
Egypte
|
Nkanga Otobong
|
Afrique de l'Ouest
|
Nigéria
|
Nigéria / France / Pays-Bas
|
Ntakiyica Aimé
|
Europe
|
Burundi
|
Belgique
|
Olé Antonio
|
Afrique Australe
|
Angola
|
Angola
|
Onyango Richard
|
Afrique de l'Est
|
Kenya
|
Kenya
|
Owusu-Ankomah
|
Europe
|
Ghana
|
Allemagne
|
Perrier Eileen
|
Europe
|
Ghana
|
Royaume-Uni
|
Place Rodney
|
Afrique du Sud
|
Afrique du Sud
|
Afrique du Sud
|
Pume Francis
|
Afrique de l'Ouest
|
RDC
|
RDC
|
Rose Tracey
|
Afrique de l'Ouest
|
Afrique du Sud
|
Afrique du Sud
|
Samba Chéri
|
Afrique de l'Ouest
|
RDC
|
RDC / France
|
Santimano Sergio
|
Afrique Australe
|
Mozambique
|
Mozambique
|
Sedira Zineb
|
Europe
|
Algérie / né en France
|
Grande-Bretagne
|
Semtati Benyounès
|
Europe
|
Maroc
|
France
|
Shonibare Yinka
|
Europe
|
Nigérian / né à Londres
|
Grande-Bretagne
|
Tayou Pascale M.
|
Europe
|
Cameroun
|
Belgique
|
Tchicaya Patrice Félix
|
Europe
|
Congo / né en France
|
France
|
Tillim Guy
|
Afrique du Sud
|
Afrique du Sud
|
Afrique du Sud
|
Titos
|
Afrique Autstrale
|
Mozambique
|
Mozambique
|
Toguo Barthélémy
|
Afrique de l'Ouest
|
Cameroun
|
Cameroun / Allemagne / Belgique
|
Tokudagba Cyprien
|
Afrique de l'Ouest
|
Bénin
|
Bénin
|
Tuggar Fatimah
|
Amérique du Nord
|
Nigéria
|
Etats-Unis
|
Weangaï Ernest
|
Afrique de l'Ouest
|
Centrafrique
|
Centrafrique
|
ANNEXE 23
Liste comparée des artistes ayant participé
à l'exposition Africa Remix ainsi qu'à d'autres
expositions : Magiciens de la terre / Partages d'exotismes /
Les Afriques / Check Liste Luanda Pop / Joburg
Artfair
|
Artistes ayant participé au moins à 2 de ces
expositions
|
Artiste
|
Magiciens de la terre, 1989
|
Partages d'exotismes, 2000
|
Les Afriques, 2005
|
Check List ..., 2007
|
Joburg Art Fair, 2008
|
Akinbiyi Akinbode
|
|
|
|
|
|
Akpan Sunday Jack
|
|
|
|
|
|
Alexander Jane
|
|
X
|
|
|
|
Alvim Fernando
|
|
|
X
|
|
|
Amer Ghada
|
|
X
|
|
X
|
|
Andrianomearisoa J.
|
|
|
|
|
|
Assubuji Rui Carlos
|
|
|
|
|
|
Baladi Lara
|
|
|
|
|
|
Barrada Yto
|
|
|
|
|
|
Basto Luis
|
|
|
|
|
|
Benohoud Hicham
|
|
|
|
|
|
Bester Willie
|
|
|
|
|
|
Bickle Berry
|
|
|
|
|
X
|
Bidjocka Bili
|
|
|
X
|
X
|
X
|
Botha Andries
|
|
|
|
|
|
Botha Wim
|
|
|
|
|
|
Bouabdellah Zoulikha
|
|
|
X
|
X
|
|
Artiste
|
Magiciens de la terre, 1989
|
3UUUJI-Mrlif RAff/P M, 2000
|
Les Afriques, 2005
|
&KfF1421 DAM , 2007
|
Joburg Art Fair, 2008
|
Bruly Bouabré F.
|
X
|
|
X
|
|
|
Capela Paulo
|
|
|
|
X
|
|
Cherin Chéri
|
|
|
|
|
|
Cherinet Loulou
|
|
|
|
X
|
X
|
Cissé Soly
|
|
|
|
|
|
D. Omar
|
|
|
|
|
X
|
Derrick Tracey
|
|
|
|
|
|
deSouza Allan
|
|
|
|
|
|
Diallo Cheikh
|
|
|
|
|
|
Dilomprizulike
|
|
|
|
|
|
Douts Mohamed
|
|
|
|
|
X
|
Dumas Marlène
|
|
|
|
X
|
|
El Anatsui
|
|
|
|
|
|
El Baz Mohamed
|
|
|
X
|
|
|
El Noshokaty Shady
|
|
|
|
|
|
Fakhir Ymane
|
|
|
|
|
|
Fatmi Mounir
|
|
|
X
|
X
|
|
Faye Balthazar
|
|
|
|
|
|
Fosso Samuel
|
|
|
|
|
|
Gaba Meschac
|
|
|
X
|
|
|
Gastelli Jellel
|
|
|
|
|
X
|
Goldblatt David
|
|
|
|
|
|
Hazoumé Romuald
|
|
X
|
|
|
|
Kenawy Amal
|
|
|
|
X
|
X
|
Artiste
|
Magiciens de la terre, 1989
|
30.A0J14/174f RAff/P M, 2000
|
Les Afriques, 2005
|
&KfF1421 DAM , 2007
|
Joburg Art Fair, 2008
|
Kenawy Abd El Ghany
|
|
|
|
|
|
Kentridge William
|
|
|
X
|
|
|
Kingelez Bodys Isek
|
X
|
|
X
|
|
|
Konaté Abdoulaye
|
|
|
|
|
|
Langa Moshekwa
|
|
|
|
|
|
Leki Dago Ananias
|
|
|
|
|
X
|
Leye Goddy
|
|
|
|
|
|
Lilanga Di Nyama Georges
|
|
|
|
|
|
Lundangi Franck K.
|
|
|
|
|
|
Mabunda Gonçalo
|
|
|
|
|
|
Magema Michèle
|
|
|
X
|
|
X
|
Mansaray Abu Bakarr
|
|
|
|
|
|
Mehretu Julie
|
|
|
|
|
|
Mihindou Myriam
|
|
|
|
|
X
|
Mokofeng Santu
|
|
|
|
X
|
|
Mthethwa Zwelethu
|
|
|
X
|
|
|
Musa Hassan
|
|
|
|
|
|
Mutima N`Dilo
|
|
|
|
X
|
|
Mutu Wangechi
|
|
|
|
|
|
Mwangi Ingrid
|
|
|
X
|
X
|
X
|
Naim Sabah
|
|
|
|
|
|
Nasr Moataz
|
|
|
|
|
|
Nkanga Otobong
|
|
|
|
|
|
Ntakiyica Aimé
|
|
|
|
|
|
Artiste
|
Magiciens de la terre, 1989
|
30.A0J14/174-f RAff/P M, 2000
|
Les Afriques, 2005
|
&KfF1421 DAM , 2007
|
Joburg Art Fair, 2008
|
Okutzeto Senam
|
|
|
|
|
|
Olé Antonio
|
|
|
|
|
|
Onyango Richard
|
|
|
|
|
|
Owusu-Ankomah
|
|
|
|
|
|
Perrier Eileen
|
|
|
|
|
|
Place Rodney
|
|
|
|
|
|
Annexe 24
Colloque / événements / produits
dérivés Africa Remix
Colloque
AFRICA REMIX, LE COLLOQUE :
LES MERCREDI 15 ET JEUDI 16 JUIN 2005, GRANDE SALLE, NIVEAU -1
Le Centre Pompidou et le musée du Quai Branly
s'associent pour proposer un colloque international, organisée en
liaison avec l'exposition Africa Remix, l'art contemporain d'un
continent.
Colloque organisé avec le soutien de l'Afaa (Association
française d'action artistique). Deux journées, deux ambitions
:
La première journée propose de donner la parole
à ceux, de toutes générations, qui font, analysent et
exposent l'art africain contemporain. Il s'agit de faire prendre conscience,
enfin, de la fécondité, de la multiplicité des pratiques,
des réflexions critiques, des conditions d'exposition qui se
développent sur le continent africain, dans un moment où la
circulation mondiale des oeuvres et des hommes va de pair peut-être avec
un durcissement des identités. Il n'y a ici nul souci
d'exhaustivité évidemment, mais la volonté d'inverser le
regard et d'être à l'écoute. En soirée, on essayera
d'interroger d'un point de vue muséographique, quelques-unes des grandes
expositions africaines, présentées ces dernières
années et plus largement les problématiques
générales qui sont à l'oeuvre. On citera par exemple
«Magiciens de la terre» au Centre Pompidou en 1989, de Jean- Hubert
Martin, «Crossing» d'Olu Ogibe en Floride en 1997, « Authentic /
Ex-Centric : Africa in and out of Africa» à Venise en 2001 de Salah
Hassan ou « The Short Century » de Okwui Enwezor à Munich en
2001 jusqu'à « Africa Remix » de Simon Njami.
La deuxième journée interrogera la situation des
«postcolonial studies », qui se sont développées
essentiellement dans le monde anglo-saxon depuis trente ans environ et qui sont
restées relativement ignorées de la recherche intellectuelle
française. Elles ont eu l'ambition de répondre à deux
problémes distincts et liés tout à la fois : la question
du terrain et de l'analyse - rendre compte des pays qui accédaient
à l'indépendance - et la question théorique-
rénover les problématiques des sciences humaines, dont
l'ethnologie, soupçonnées d'ethnocentrisme. Ces
«postcolonial studies » se sont donc employées à
inventer des modèles susceptibles de témoigner de ces nouvelles
réalités sociologiques et politiques. On essayera d'en comprendre
la généalogie et la pertinence et d'évaluer les critiques
dont elles commencent à être l'objet aujourd'hui.
· Mercredi 15 juin :
EXPOSER L'ART AFRICAIN CONTEMPORAIN: HISTOIRES ET
ACTEURS
1/ MATINÉE: 11H
Ouverture par Bruno Racine, président du Centre Pompidou
et Stéphane Martin, Président du musée du quai Branly.
- Introduction
Simon Njami, commissaire général de
l'exposition Africa Remix. Marie-Laure Bernadac, conservateur en chef du
Patrimoine, chargée de mission pour l'art contemporain au Musée
du Louvre, co-commissaire de l'exposition Africa Remix. Jean-Hubert Martin,
directeur du Museum Kunst Palast à Düsseldorf.
- Présentation
Salah Hassan, commissaire d'exposition, historien d'art et
professeur d'histoire de l'art et d'études africaines à
l'université de Cornell, New York State. Entretien avec Gilane Tawadros,
directrice de l'INIVA, Londres.
2/ APRÈS-MIDI : 14H30 à 18H30
Ntone Edjabe, critique d'art, D.J. et directeur de la revue
«Chimurenga», Le Cap, Afrique du Sud.
Raphael Chikukwa, directeur de la galerie nationale d'Harrare,
Zimbabwe.
Mounira Khemir, photographe, commissaire d'exposition et
historienne de l'art, Tunis/Paris. Mai Adu El Dhab, critique d'art et
commissaire d'exposition, Le Caire, Egypte.
Samuel Sidibé, critique d'art, directeur du musée
national de Bamako, Mali.
3/ SOIRÉE : 20H30
Expositions : des Magiciens de la Terre à
Africa Remix
Ouverture: Germain Viatte, directeur du département du
patrimoine et des collections du musée du quai Branly.
Avec Orlando Britto, commissaire d'exposition à
l'Espacio C, Santander, Espagne. Elvan Zabunyan, commissaire d'exposition et
historienne de l'art contemporain et les intervenants présents durant
cette première journée.
Table ronde modérée par Maureen Murphy,
musée du quai Branly et Thomas Boutoux, Critique d'art.
· Jeudi 16 juin : LES «POSTCOLONIAL
STUDIES» EN DÉBAT
1/ MATINÉE: 11H -13H
Wole Soyinka, écrivain, prix Nobel de
littérature.
Entretien avec Bernard Müller, chargé de mission au
musée du quai Branly.
2/ APRÈS-MIDI 14H30 18H30
90
Message d'Olivier Poivre D'Arvor, directeur de l'Afaa.
Stuart Hall, professeur émérite de sociologie
à la OPEN University, Londres.
Jonathan Friedman, professeur d'anthropologie à
l'EHESS et à l'université de Lund, Suede. Achille Mbembé,
professeur d'anthropologie et de sociologie à la WISER, Johannesburg,
Afrique du Sud.
Jean-Loup Amselle, directeur d'études au centre
d'études africaines de l'EHESS, rédacteur en chef des «
Cahiers d'Etudes Africaines ».
Modération : Mark Alizart, Centre Pompidou et Nanette
Snoep, musée du quai Branly. Coordination : Lorraine Dumenil
Évènements
RENCONTRE
JEUDI 26 MAI, 19H30, PETITE SALLE NIVEAU -1
En prélude aux deux journées de colloque, une
rencontre aura lieu avec Ingrid Mwangi, Pascale Marthine Tayou, Mounir Fatmi et
Wim Botha, artistes présentés dans l'exposition «Africa
Remix ». Entrée libre dans la limite des places disponibles
PROGRAMMATION DE CINÉMA FICTIONS
D'AFRIQUE
25 MAI - 27 JUIN 2005, CINÉMA 1, NIVEAU 1, CINEMA 2,
NIVEAU -1
Les premieres images de l'Afrique ont été
filmées par des Occidentaux dans le sillage des missions d'exploration
et des expéditions militaires, puis dans le cadre des productions
coloniales. Plus encore peut-être que les fantaisies exotiques ou les
récits d'aventures qui se multiplient avec l'avènement du
parlant, ce sont les images documentaires - films amateurs, reportages
filmés, travelogues... - qui apportent, sous couvert
d'authenticité, un fondement imaginaire aux représentations
stéréotypées de l'Afrique véhiculées par les
cultures des sociétés industrialisées. Il faudra attendre
les années 1950 et la naissance d'un cinéma africain pour que,
à travers le regard de cinéastes puis d'artistes apparus en
différents points du continent ou dans les communautés
dispersées à travers le monde, s'imposent de nouvelles images
opposant, aux fictions élaborées par et pour l'homme occidental,
d'autres fictions dans lesquelles l'Afrique n'aurait plus statut d'objet mais
désormais de sujet.
En partenariat avec RFI et l'association Racines
Conseillère artistique : Catherine Ruelle
tarif : 5 euros
tarif réduit : 3 euros
Accès gratuit pour les adhérents du Centre
Pompidou
Produits dérivés
Les produits « clin d'oeil » de l'exposition
:
Les Éditions du Centre Pompidou ont conçu trois
produits « clin d'oeil » pour une évocation
décalée de l'exposition « Africa Remix » exprimant le
nomadisme, la faune, la magie et les couleurs du continent africain.
· Etiquettes de bagages, imitation zèbre ou girafe:
8,50 euros
· Porte-clés « gri-gri africain»: 14,90
euros
· Pochette de 4 sets de table, format vinyl : 28,50
euros
Vente exclusive au Centre Pompidou
CD-Audio : « AFRICA REMIX, L'ALBUM »
un CD 16 titres en collaboration avec le Centre Pompidou. «AH FREAK
IYA», OU L'EFFERVESCENCE MUSICALE DU CONTINENT AFRICAIN.
Les chansons incluses dans l'album Africa Remix « Ah
Freak Iya» ont été ingénieusement
sélectionnées par Lucy Duran, directrice des programmes world
music à la BBC. Youssou N'Dour, mais aussi Mory Kante ou l'Orchestre
Baobab ont participé à cet album ainsi que d'autres artistes tout
aussi talentueux et prometteurs comme Ghorwane que l'on découvre en
exclusivité sur cet album.
L'ensemble nous offre un savoureux aperçu de la profusion
de styles qui ont cours aujourd'hui dans la musique africaine.
Laissez-vous guider à travers les rythmes du
Sénégal, du Mali, du Congo, de la Mauritanie, de
l'Algérie, du Zimbabwe et d'Afrique du Sud !
Avec :
1. Tatouages, Silence on rêve
2. Awilo Longomba, Coupé Bibamba
3. Nairobi's rednose, Districkt Fanya Tena
4. Malouma, Mreïmida
5. Thandiswa, Lahl' Umlenze
6. Kekele, Affaire Mokuwa
7. Mory Kante, Mama
8. Ghorwane, Ubiwilitolo
9. Thomas Mapfuno, Nherera
10. Oumou Sangare, Djorolen
11. Youssou n'Dour, Plus Fort
12. Manecas Costa, Paraiso di Gumbe
13. Mariem Hassan con Leyoad, Wajadu
14. Orchestre Baobab, hommage à Tonton Ferrer
15. Kandia Kouyate, Sanougnaoule
16. Konono n°1, Paradiso En coll. Avec Milan Music, Prix :
env. 20 euros
Carterie
18 cartes postales
Affiches de l'exposition
92
Annexe 25
Historique des expositions / évènements
autour de l'Afrique depuis 1960
Les principales expositions / évènements
en lien avec le sujet.
Les expositions
Il s'agit des expositions ayant eu lieu dans le monde entier,
depuis les années 1960.
1962
Art from the Commonwealth: Commonwealth Institute,
Londres, Royaume-Uni
1966
- FESMAN Festival mondial des Arts Nègres :
Tendances et Confrontations, Musée Dynamique, Dakar,
Sénégal, (Organisé à l'initiative de
Léopold Sédar Senghor, il a constitué un
événement sans précédent dans l'histoire
culturelle, pour la première fois une affirmation solennelle et festive
de la négritude. Sa seconde édition s'est déroulée
à Lagos (Nigéria) en 1977. Le troisième Festival mondial
des Arts nègres (Fesman III) aura lieu à Dakar du 1er
au 22 décembre 2009 sur le thème de la "Renaissance africaine".
Stevie Wonder en sera l'invité d'honneur).
1967
Contemporary African Art, Transcription Centre et Camden
Arts Center, Londres, Royaume-Uni
1969
- Contemporary African Art, Studio International,
Londres, Royaume-Uni & New York, États-Unis
- Contemporary African Art, Otis Institute, Los Angeles,
États-Unis 1974
- African Art Today: Four Major Artists.
African-American Institute, New York, États-Unis - Contemporary
African Art: Museum of African Art, Washington, États-Unis
- Contemporary African Arts: Field Museum of Natural
History, Chicago, États-Unis
93
- Art sénégalais d'aujourd'hui, Galeries
Nationales du Grand Palais, Paris, France
1977
- African Contemporary Art, The Gallery of art,
Washington, États-Unis
1978
- Christliches Africa : Kunst und Kunsthandwerk in
Schwarzafrika, Haus Völker und Kulturen, St. Augustine, Allemagne
1979
- Moderne Kunst aus Afrika : Horizonte '79 Festival der
Weltkulturen, Berlin, Allemagne
1980
- Moderne Kunst in Afrika: Tropenmuseum, Amsterdam,
Pays-bas
1984
- Primitivism in 20th century art.
Affinity of the tribal and the modern, Museum of Modern Art, New York,
États-Unis. Commissaire d'exposition: William Rubin
- L'art en Afrique est la vie, Galerie Altana, Hamburg,
Allemagne
- Sanaa: Contemporary Art from East Africa, Commonwealth
Institute, Londres, RoyaumeUni
1985
- Tributaries (sur l'Afrique du Sud), Johannesburg,
Afrique du Sud
1986
- From Two Worlds: Whitechapel Art Gallery, Londres,
Royaume-Uni
1987
- L'art Naïf Africain : Musée d'Art
Naïf Max Fourny, Halle Saint-Pierre, Paris, France
1988
- Art pour l'Afrique, exposition internationale d'art
contemporain, Musée National des Arts Africains et Océaniens,
Paris, France
- Kunst uit een andere wereld (Art d'un autre
monde), Musée d'Ethnologie, Rotterdam, Pays-Bas
1989
- Bild/konst i södra Afrika (Art/Images en
Afrique du Sud), Stockholm, Suède
- Magiciens de la Terre, Centre Pompidou / Mnam/
Grande Galerie et Grande halle de la Villette, Paris, France. Commissaire
d'exposition: Jean-Hubert Martin.
- The Other Story: Afro-Asian Artists in Post-War
Britain: Hayward Gallery, London, Royaume-Uni. Commissaire d'exposition:
Rasheed Araeen
- Lotte or the Trasformation of the Art Object: Grazer
Kunstverein et Académie d'Art, Vienne, Autriche
- Art from the Frontline, sur l'Afrique Australe,
Frontline States-Karia Press, Londres, Royaume-Uni
- Contemporary African Artists: The Studio Museum in
Harlem, New York, États-Unis
- Wegzeichen: Kunst aus Ostafrika (1974-89) (Signes:
Art de l'Afrique de l'Est (1974- 1989)), Museum für Völkerkunde,
Frankfurt-an-Main, Allemagne
1991
- Africa Explores the 20th Century,
Center for African Art, New York, États-Unis et Prestel-Verlag, Munich,
Allemagne. Commissaire d'exposition : Susan Vogel
- Africa Hoy/Africa Now : Jean Pigozzi
Collection, Centro Atlantico de Arte Moderno, Las Palmas de Gran Canaria,
Espagne. Commissaire de l'exposition: André Magnin
- Art and Ambiguity: Prospectives on the Brenthurst
Collection of Southern African Art, Johannesburg Art Gallery, Johannesburg,
Afrique du Sud
- Mit Pinsel und Meissel, Zeitgenössische afrikanische
Kunst (Signes du temps : Art nouveau d'Afrique) : Museum für
Volkerkunde, Frankfurt am Main, Allemagne
- A Grain of Wheat: Commonwealth Institute, Londres,
Royaume-Uni
- Il Sud del Mondo : L'altra arte contemporanea :
Mazzotta, Milan, Italie
- Contemporary Bushmen art of Southern Africa: Kuru
Cultural Project, Botswana 95
- Desplazamientos : Centro Atlantico de Arte Moderno,
Las Palmas de Gran Canaria, Espagne
- Transmission: Rooseum, Malmô, Suisse
1992
- Africa Hoy/Africa Now : Jean Pigozzi
Collection, Groningen Museum, Groningen, Hollande et Centro Cultural de Arte
Contemporaneo, Mexico City, Mexique. Commissaire de l'exposition: André
Magnin
- Home and the World: Architectural Sculpture by Two
Contemporary African Artists: The Museum for African Art, Collana Focus on
African Art, New York, États-Unis
- La naissance de la peinture contemporaine en Afrique
centrale (1930-70) : Musée Royal de l'Afrique Centrale, Tervuren,
Bruxelles, Belgique
- Paris Connections : Artistes d'Afrique et des
Caraïbes à Paris, San Francisco, États-Unis
1993
- Africa Hoy/Africa Now: Jean Pigozzi
Collection, Out of Africa, Saatchi Gallery, Londres, Royaume-Uni
- Fusion: West African Artists at the Venice Biennale:
Museum for African Art, New York, États-Unis et 50ème
Biennale de Venise, Italie, 1993
- La grande vérité, les astres
africains : Musée des Beaux-Arts de Nantes, France. Commissaire
d'exposition : André Magnin
- Creative Impulses/Modern Expressions-Four African
Artists : Skunder Boghossin, Rashid Diab, Mohammed Omer Khalil, Amir Nour,
Ithaca. Herbert F. Johnson Museum of Art, New York, États-Unis.
Commissaire d'exposition: Salah Hassan
1994
- F.R.A.C. Réunion, Lieux De Mémoire :
artistes : Jack Beng-Thi, Michael Elma, Alain Padeau, Eric Pongérard,
Edouard Rajaona, Alì M'roivili dit Napalo, Malla Chummun Raymyead.
Île de La Réunion, France. Commissaire d'exposition : Antonio
Picariello
- Otro Païs : Escalas Africanas : Centro Atlantico
de Arte Moderno, Las Palmas de Gran Canaria, Espagne
- Rencontres Africaines : Exposition d'Art Actuel :
Institut du Monde Arabe, Paris, France - Seen/Unseen (voir/ne pas
voir) : Bluecoat Gallery, Liverpool, Royaume-Uni
96
1995
- Black Looks, White Masks : Ministerio de Asuntos
Exterioires, Tabapress, Madrid, Espagne
- Seven Stories About Modern Art in Africa :
Whitechapel Gallery, Londres, Royaume-Uni (1995), Gugghenheim Museum, New York,
États-Unis, (1996). Commissaire d'exposition: Clémentine
Deliss
- Vital: Three Contemporary African Artists: Artistes:
Cyprien Tokoudegba, Touhami Ennadre et Farid Belkahia, Tate Gallery, Liverpool,
Royaume-Uni
- Big City: Artists from Africa, Serpentine Gallery,
Londres, Royaume-Uni
- An inside story : African Art of Our Time : Japan
Association of Art Museums, Tokyo, Japon (1995) ; Setagaya Art Museum, Tokyo,
Japon (1995) ; Tokushima Modern Art Museum, Tokyo, Japon (1996); Himeji City
Museumm of Art, Tokyo, Japon (1996); Koriyama City Museum of Art, Tokyo, Japon
(1996); Genichiro Museum of Contemporary Art, Marugame Inokuma, Japon (1996);
The Museum of Fine Arts, Gifu , Japon (1996).
- Sign Traces Calligraphy: Five contemporay artists from
North Africa, London-Barbican Centre, Londres, Royaume-Uni &
Amsterdam-Treoenmuseum Kit, Pays-Bas
- Persons and Pictures: the Modernist Eye in Africa:
Newtown Galleries, Newtown, Johannesburg, Afrique du Sud
- New Visions: Recent Works by Six African Artists: Zora
Neale Hurston National Museum of Fine Arts, Eatonville, Washington,
États-Unis
1996
- Archetyp'Art Italia-Africa, Galleria Comunale
d'Arte, Termoli, Italie. Artistes: Mimmo Paladino, Massimo Pulini, Gilberto
Zorio, Santolo De Luca, Roberto Nottoli, Roberto Lucca
Taroni, Ngwenya Valente Malangatana, Mickael Elma, Alain Padeau,
Thierry Fontaine, Alim'Roivili dit Napalo, Sandile Zulu. Commissaire Antonio
Picariello
- Colours: Kunst aus Südafrika (couleurs: art
d'Afrique du Sud) : Haus der Kulturen der Welt, Berlin, Allemagne
- In/Sight: African Photographers (1940 to the Present),
Guggenheim Museum, New York, Etats-Unis
97
- Neue Kunst aus Afrika (art nouveau
d'Afrique) : Heidelberg et Haus der Kulturen der Welt, Berlin, Allemagne.
Commissaire d'exposition: Alfons Hug
- Die Anderen Modernen, Haus Kulturen der Welt,
Berlin, Allemagne. Commissaire d'exposition: Alfons Hug
- Die Andere Reise: Afrika und die Diaspora
(l'autre voyage : l'Afrique et la diaspora) : Holzhausen, Vienne,
Autriche. Artistes : T. Atnafu, Xenobia Bailey, Renee, Houria Niati, Etiye
Dimma Poulsen from Ethiopia. Commissaire d'exposition: Salah
Hassan.
1997
- Gendered Visions: The Art of Contemporary
Africana Women Artists, Herbert F. Johnson Museum of Art, Cornell
University, New York, États-Unis. Commissaire d'exposition: Salah
Hassan
- Veilleurs de Monde : Gbedji Kpontolè - Une aventure
béninoise : Centre Culturel Français, Cotonou,
Bénin
- Die Anderen Modernen : Zeitgenössische Kunst aus
Afrika, Asien und Lateinamerika : Hauses der Kulturen des Welt, Berlin,
Allemagne
- Crossing: Time, Space, Mouvement : Miami,
États-Unis (1997); Track 16 Gallery, Santa Monica, États-Unis
(1998); Indianapolis, États-Unis (1999)
- Modernities & Memories, 47ème
Biennale de Venise, Italie
- Suites Africaines, Couvent des Cordeliers,
Paris, France. Commissaire d'exposition :Simon Njami
- Lumière noire: Art contemporain, Château
de Tanlay-Yonne, France
- Image and Form: Prints, Drawings and Sculpture from
Southern Africa and Nigeria, School of Oriental and African Studies,
Université de Londres, Londres, Royaume-Uni
- Inklusion : Exklusion, Kunst im Zeitalter von
Postkolonialismus und globale Migration (intrusion: exclusion, l'art
à l'âge du postcolonialisme et de la mondialisation),
Steirischer Herbst, Gratz, Autriche. Commissaires d'exposition: Peter Weibel,
Rasheed Araeen
98
1998
- Africa Africa: Vibrant New Art from a Dynamic
Continent: Tobu Museum of Art, Tokyo, Japon
- Body & Soul, Stadsgalerij Heerlen, Pays-Bas
- Transatlantico: Centro Atlantico de Arte Moderno, Las
Palmas de Gran Canaria, Espagne
- Transforming the Crown: African, Asian & Caribbean
Artists in Britain (1966-1996), New York, États-Unis
- Snap me one! : photographies, Münchner
Stadtmuseum, Städtisches Museum Abteiberg, Mönchengladbach et Iwalewa
Haus, Bayreuth, Allemagne; National Museum for African Art, Smithsonian
Institution, Washington, États-Unis (1999)
1999
- Africa by Africa: A Photographic View, Barbican
Centre, Londres, Royaume-Uni
- Contemporary African Art from the Jean Pigozzi
Collection: Sotheby's, Londres, Royaume-Uni
- South meets West, Kunsthalle / Musée
historique Berne, Suisse et National Museum, Accra, Ghana. Artistes: Jane
Alexander (République d'Afrique du Sud), Fernando Alvim (Angola),
Meschac Gaba (Bénin), Kendell Geers (République d'Afrique du
Sud), Tapfuma Gutsa (Zimbabwe), Atta Kwami (Ghana), Goddy Leye
(Cameroun), Zwelethu Mthethwa (République
d'Afrique du Sud), Tracey Rose (République d'Afrique du Sud), Yinka
Shonibare (Nigeria), Pascale Marthine Tayou (Cameroun), Yacouba Touré
(Côte d'Ivoire), Minnette Vari (République d'Afrique du Sud),
Dominique Zinkpe (Bénin). Commissaire d'exposition: Yacouba
Konaté
- Transatlantic Dialogue: Contemporary Art In and Out of
Africa, Ackland Art Museum, Washington, États-Unis; DuSable Museum
of African American History, Chicago, ÉtatsUnis
- Tagewerk: Bilder zur Arbeit in Afrika (une
journée de travail: images du travail en Afrique), Museum für
Völkerkunde, Frankfurt am Main, Allemagne
2000
- TransAfricana : Artisti contemporanei , Bologne,
Italie
- Il ritorno dei Maghi : Il Sacro nell'arte africana
contemporanea, Milan, Italie
- Partage d'Exotismes : Biennale d'Art Contemporain
de Lyon, France. Commissaire d'exposition: Jean-Hubert Martin
- Insertion: Self and Other, Apexart, New York,
États-Unis
- Continental Shift: A Voyage Between Cultures. An
Exhibition of Contemporary Art, Ludwig Forum for International Art,
Aachen, Alemagne; the Bonnefanten Museum, Maastricht, Pays-Bas; the National
Gallery, Heerlen, Pays-Bas ; the Museum of Modern and Contemporary Art,
Liége, Belgique
- La Cour Africaine : Mobiliers et objets contemporains
: manifestation « L'Afrique en création », salle des Malades,
Lille, France
- Mostra Africana de Arte Contemporânea :
Fundação Cultural Palmares e Associação Cultural
Videobrasil, Sao Paulo, Brésil
- El Tiempo de Africa : Centro Atlantico de Arte
Moderno, Madrid, Espagne. Commissaire d'exposition : Simon Njami
- EXITCONGOMUSEUM : Royal Museum for Central Africa,
Tervuren, Belgique
- Blick-Wechsel : Afrikanische Videokunst
(changement de vision : vidéo africaines) : Ifa Gallery, Bonn,
Allemagne
2001
- Authentic/Ex-Centric : Forum For African
Arts, Ithaca, New York et exposition lors de la 49ème Biennale de
Venise, Italie. Commissaires d'exposition : Salah Hassan et Olu
Oguibe
- Africas : The Artist and the City - A Journey and an
Exhibition : Centre de Cultura Contemporania de Barcelona, Espagne
- African Styles : Kleidung und Textilien aus Afrika :
Iwalewa-Haus, Bayreuth, Allemagne
- Unpacking Europe: Towards a Critical Reading:
Musée Boymans Van Beuningene, Rotterdam, Pays-Bas. Commissaires
d'exposition: Salah Hassan et Iftikhar Dadi
- Art populaire : Fondation Cartier pour l'art, Paris,
France
- The Short Century : Independance and Liberation
Movements in Africa 1945-1994, Prestel, Munich, Allemagne et New York,
États-Unis ; Haus der Kulturen der Welt, Berlin, Allemagne; Museum of
Contemporary Art, Chicago, États-Unis ; P.S.1 Contemporary Art Center
& The Museum of Modern Art, New York, États-Unis . Commissaire
d'exposition : Salah Hassan
- Documenta XI, Museum of 100 Days,
Kassel, Allemagne. Commissaire d'exposition: Okwui Enwezor
2002
- Afrikanische Reklamekunst : Iwalewa-Haus, Bayreuth,
Allemagne
- Die Welt ist ein Maskentanz : Afrikanische Künstler
in der Sammlung Greiffenberger (le monde est une danse masquée
: artiste africain dans la collection Greiffenberger) : Iwalewa-Haus,
Bayreuth , Allemagne
- africa apart : Afrikanische Künstlerinnen und
Künstlern konfrontieren Aids (artistes (hommes et femmes)
africains affrontent le SIDA) : Neue Gesellschaft für bildende Kunst,
Berlin, Allemagne
2003
- A Fiction of Authenticity: Contemporary Africa Abroad,
Contemporary Art Museum: St-Louis, États-Unis
- Transferts, Palais des Beaux-Arts, Bruxelles,
Belgique
- Fault Lines : Contemporary African Art Shifting
Landscapes : inIVA, Londres, Royaume-Uni, et 50ème
Biennale de Venise, Italie. Commissaire d'exposition: Gilane
Tawadros
- Iwalewa Reload : Iwalewa-Haus, Bayreuth, Allemagne
- Roots & Routes : Afrikaner in Oberfranken,
Iwalewa-Haus, Bayreuth, Allemagne - Correspondances Afriques :
Iwalewa-Haus, Bayreuth, Allemagne
- Black President: The Art and Legacy of Fela
Anikulapo-Kuti , New Museum of Contemporary Art, Chelsea, New York,
États-Unis
- Ethiopian Passages: Dialogues in the Diaspora:
National Museum of African Art, Smithsonian Institution, Washington,
États-Unis
- Fuoriluogo 8 / Afritalia: Chiesa San Bartolomeo e
Galleria Limiti inchiusi, Campobasso, Italie
2004
- Looking Both Ways: Art of the Contemporary African
Diaspora: Museum for African Art, New York, États-Unis (2003-2004);
Peabody Essex Museum, Salem, États-Unis (2004); Cranbrook Art Museum,
Bloomfield Hills, États-Unis (2004); Museum Calouste Gulbenkian,
Lisbonne, Portugual (2005); Museum of African Diaspora, San Francisco,
États-Unis (2006)
- Africa Remix: Museum Kunst Palast,
Düsseldorf, Allemagne, (2004); Hayward Gallery, Londres, Royaume-Uni
(2005); Centre Georges Pompidou, Paris, France (2005); Mori Art Museum, Tokyo,
Japon (2006). Commissaire général: Simon Njami
- Africa Screams: The Evil in Cinema, Art and popular
Culture: Iwalewa-Haus, Bayreuth Allemagne (2004); Kunsthalle Wien,
Viennes, Autriche (2005); Museum der Weltkulturen, Frankfurt, Allemagne
(2005-2006)
- Black Box : les Afriques : Lille, France
- Les Afriques : 36 artistes contemporains,
FIAC, Paris, France. Commissaire d'exposition : Olivier Sultan
- L'Afrique à venir, Galerie Peter Herrmann,
Stuttgart, Allemagne - Africani in Africa, Palazzo Pazzi-Ammanti,
Florence, Italie
- Escape and Memory, Camera dei Deputati, Rome,
Italie
- Insights: Selections from the contemporary collection,
National Museum of African Art, Smithsonian Institution, Washington,
États-Unis
- Les Afriques, Tri Postal, Lille. Commissaire
d'exposition : Laurent Jacob - Der Black Atlantic : Haus der
Kulturen der Welt, Berlin, Allemagne
- L'arte africana dall'Algeria al Sudafrica, Toscane,
Italie
- Fagments of Africa, ARCO, Madrid, Espagne.
Commissaire d'exposition: Simon Njami
2005
- Beautés.afriques@nantes, Nantes,
France. Commissaire d'exposition : Patricia Solini
- Zeitgenössische Kunst aus Afrika und Europa im
Dialog , Iwalewa-Haus, Bayreuth, Allemagne
- Plakate in Afrika, Iwalewa-Haus, Bayreuth,
Allemagne
- Crossing Africa, sous l'une des arches du Viaduc des
Arts à Paris, France. Commissaire d'exposition : Aude Minart
- Gleichzeitig in Afrika... (Pendant ce temps en
Afrique...), Akademie der Bildenden Künste, Nürnberg, Allemagne
(2005) ; Universität der Künste, Berlin, Allemagne (2006)
- Mostra Pan-Africana de Arte Contemporânea :
Museu de Arte Moderna da Bahia, Brésil
- Africa Urbis : Perspectives urbaines :
Musée des arts derniers, Paris, France. Commissaire d'exposition:
Olivier Sultan
- TEXTures: word and symbol in contemporary African art:
Smithsonian Museum of African art, Washington, États-Unis
- African American vernacular photography, International
Center of Photography, New York, États-Unis
2006
- Olvida quién soy/Erase me from who I am: Centro
Atlántico de Arte Moderno, Las Palmas de Gran Canaria, Espagne
- Africa Nera : Protagonisti dell'arte africana , Castel
dell'Ovo, Naples, Italie
- Snap Judgments: New Positions in Contemporary African
Photography: International Center of Photography, New York,
États-Unis; International Center of Photography, New York,
États-Unis; Miami Art Central, Miami, États-Unis
- 100% Africa : Collection Jean Pigozzi au
Musée Guggenheim, Bilbao, Espagne (Octobre 2006-Février
2007)
- Des Hommes sans Histoire : Histoire et
spoliation des biens culturels à travers les oeuvres d'artistes
contemporains, Musée des Arts Derniers, Paris, France. Commissaire
d'exposition : Olivier Sultan
- Distant Relatives/Relative Distance : Michael
Stevenson Gallery, Le Cap, Afrique du Sud
2007
- Pavillon Africain Check List Luanda Pop de la
52ème Biennale internationale de Venise, Italie. Commissaire
d'exposition : Simon Njami
2008
- Joburg Art Fair, première édition du 13
au 16 mars 2008, deuxième édition du 2 au 5 avril 2009.
Commissaire d'exposition : Simon Njami
- Biennale de Dak'Art 2008 DAK'ART Afrique : Miroir
?, Dakar, Sénégal. Du 9 mai au 9 juin 2008
- 2ème Salon d'Art Contemporain Africain, du
vendredi 27 juin au dimanche 20 juillet, Bruxelles, Belgique. Commissaire
d'exposition : Olivier Sultan
Les événements
Sous le terme d'événements sont compris les
biennales, triennales et autres festivals artistiques ayant lieu en Afrique.
Ils sont regroupés par pays.
Afrique du Sud
- Joburg Art Fair, première édition du 13
au 16 mars 2008, deuxième édition du 2 au 5 avril 2009.
Commissaire d'exposition : Simon Njami.
- Tri Continental Film Festival, Johannesburg
- Biennale de Johannesburg : première
édition en 1995 (commissaire : Lorna Ferguson) et deuxième
édition Trade routes, history and geography (commissaire :
Okwui Enwezor) en 1997.
- Contemporary African Culture. D'abord une plateforme de
discussion (en 2005), elle donne lieu en 2006 à la première
exposition : Trans CAPE Le Cap
- Cape Town Triennial
- Cape Town World Cinema Festival
- Durban International Film Festival Durban - Time of the Writer
Festival, Durban Angola
- Triennale de Luanda
- TACCA - Territórios de Arte e Cultura
Contemporânea Africana, Luanda. Première édition de
novembre 2005 à mai 2006.
Bénin
- Boulev' Art : Artiste dans la rue, Cotonou et Abomey
- FESNAC: Festival National des Arts et de la Culture, Cotonou
-Festival Hip Hop Kankpé, Cotonou
Burkina Faso
- FESPACO : Le Festival Panafricain du Cinéma et de la
Télévision de Ouagadougou
Cameroun
- Duta : Biennale de la Photographie et des Arts Visuels,
Douala - Fescarhy : Festival de la caricature et de l'humour de
Yaoundé
- Le SUD (Salon Urbain de Douala): Le Salon
Urbain de Douala est un festival d'arts visuels qui regroupe des artistes du
Cameroun et du monde entier. Une vingtaine de projets, inspirés de la
ville de Douala et se déployant au coeur de la ville (art public,
installations dans la ville, animations dans la rue, mise en valeur du
patrimoine...) ont lieu sur une semaine. L'idée est à la fois
d'animer la ville, d'interroger les habitants sur leur univers quotidien, de
les faire participer aux projets en les intégrant le plus possible aux
réalisations, et de donner à Douala, ville où cohabitent
de nombreux artistes d'art contemporain, un rayonnement culturel international.
La première édition a eu lieu du 9 au 16 décembre 2007. Le
SUD est organisé par l'association Doual'art (Marilyn Douala Bell et
Didier Schaub).
République Démocratique du
Congo
- Salon africain de la bande dessinée et de la lecture
pour la jeunesse, Kinshasa - Karika'fête : Fête de la caricature et
de l'humour dessiné de Kinshasa
Côte d'Ivoire
- Biennale d'Abidjan : n'a eu lieu qu'en 1993
- BINA : Biennale Internationale des Naïfs, Abidjan
- FAR : Festival des Arts de la rue de Grand Bassam, Grand
Bassam
- COCO BULLES : Festival International du Dessin de presse et de
la Bande dessinée de Grand-Bassam
- MASA : Marché des Arts du Spectacle Africain, Abidjan.
Initiative de l'Agence Intergouvernementale de la Francophonie
Guinée Équatoriale
- Biennale Bantu. Á lieu depuis 1995, à Malabo La
8è édition a eu lieu en juillet 2007.
Kenya
- Africa Cinéma Week, Nairobi
- Biennale de Malindi, au FN Centre de Malinda, a eu lieu du 29
décembre 2006 au 31 janvier 2007
- LAMU CULTURAL FESTIVAL, a eu lieu à Lamu en 2001
- MABOOMBOOM : Kenya Arts Festival, Nairobi, a eu lieu en
2003.
Madagascar
- Mois de la photo, Antsiranan
Mali
- Rencontres de la Photographie Africaine de Bamako
-Festival du Théâtre de Réalités,
Bamako
Senegal
- FESMAN : Festival Mondial des Arts Négres. A Dakar,
capitale d'un jeune Etat nouvellement indépendant, s'est tenu le Premier
Festival Mondial des Arts Nègres du 1er au 24 avril 1966. Le second
Festival tenu à Lagos, au Nigeria, du 15 janvier au 12 février
1977, a été celui de la confirmation, « un rendez-vous
d'honneur pour la concertation et non pour l'affrontement, pour la recherche,
sous l'arbre à palabres des points de convergence de nos cultures
respectives nourries à la même source, des mêmes
indestructibles ferments ».
Depuis lors, malgré la tenue du premier pré -
colloque du Festival Mondial des Arts Nègres à Dakar du 13 au 15
décembre 1980, aucun festival de l'envergure de ceux déjà
réalisés n'a pu être organisé. Une troisième
édition de ce festival sur le thème de la « Renaissance
africaine » a été programmée par le Président
Abdoulaye Wade du 1er au 22 décembre 2009.
- Dak'art : la première édition de la biennale
de Dakar, qui a eu lieu en 1992 regroupait des artistes d'art contemporain du
monde entier. Suite à son succès et aux vues du manque de
rayonnement de l'art contemporain africain sur la scène internationale,
il a été décidé que les éditions suivantes
seraient consacrées uniquement à l'art contemporain africain.
Cette biennale attire des amateurs et professionnels de l'art du monde entier,
et permet à des artistes de l'Afrique entière de se faire
connaître. La dernière édition s'est déroulée
du 9 mai au 9 juin 2008 et s'intitulait : DAK'ART Afrique : Miroir
?
- 1992 : Dak'art 1992
- 1994 : Daka'art 1994
- 1996 : Dak'art 1996
- 1998 : Dak'art 1998
- 2000 : Dak'art 2000, Impressions d'Afrique.
Président du conseil scientifique : Sylvain Sankalé,
Président du Comité international : David Elliott
- 2004 : Dak'art 2004, L'art africain contemporain à
l'heure de la mondialisation. - 2006 : Dak'art 2006. Commissaire
général : Yacouba Konaté
- 2008 : Dak'art 2008 Afrique : Miroir ? Commissaire
général : Pr Maguèye Kassé
- FESNAC : Festival National des Arts et de la Culture, Dakar
- Festival du film de quartier FORUT, Dakar
Tchad
- Fest'Africa, N'djamena
Tanzanie
- EASTAFAB: East African Art Biennale. Première
édition en 2003, Dar es Salaam Togo
- Journées photographiques de Lomé
- Ewolé : rencontres et résidences Internationales
d'Arts Visuels, Lomé - Festival AFRICARAP (festival international de Hip
Hop de Lomé)
Zanzibar
- ZIFF : Zanzibar International Film Festival
Annexe 26
Écoles et workshops en Afrique. D'après
le N° spécial Médianes, Automne 99 /
numéro double 14/15
Annexe 27
Marie-Laure Bernadac, entretien mené le 23 avril
2008, au Musée du Louvre à Paris.
Quel est votre rapport à l'art contemporain africain ?
Votre engagement est-il passé par des rencontres particulières
avec des artistes, des acteurs de cette scène ?
Je connaissais déjà Barthélemy Toguo,
Mounir Fatmi... Il y avait un certain nombre d'artistes que je ne connaissais
pas qui ont été choisis par Simon Njami. Nous avons crée
un comité : Simon Njami, Jean-Hubert Martin, Roger Malbert, David Eliott
et moi-même. Simon connaissait déjà trés bien la
photographie puisqu'il avait organisé plusieurs expositions et je
connaissais les artistes par les livres, tous les artistes des Magiciens de
la terre puisque que j'avais vu cette exposition sans connaître les
artistes personnellement. Il y a un certain nombre de choses que j'ai
découvert par les catalogues, par les expositions à Venise,
à la Documenta où j'ai vu les oeuvres, mais quand j'ai voulu
rajouter, élargir, le choix des artistes à l'Afrique du Nord,
j'ai rencontré directement les artistes sur les biennales notamment
celle en Corée, (la première fois où il y avait cette
relation Europe Afrique), un besoin de vérifier humainement la
sélection effectuée. Donc entre ce mélange de culture
livresque, visites d'expositions et de contacts personnels, j'ai aussi
découvert les artistes lorsque je suis allée à Dakar,
à Bamako, sur le terrain. Il s'agissait de vérifier des
intuitions théoriques, conceptuelles vues sur des images avec les
oeuvres, avec des artistes, engager des discussions...
Et également saisir l'environnement social,
économique, politique des artistes invités...
C'est vrai que j'ai toujours englobé la diaspora dans
l'art africain. Je n'ai jamais enfermé l'art africain dans cette
idée d'artistes qui vivent exclusivement en Afrique mais j'envisage
plutôt l'Afrique dans sa globalité : nord-sud, métissages,
artistes installées ou nés en Europe... Il s'agit selon moi d'une
vaste constellation jamais enfermée ni dans le pays ni dans les
origines.
Cela renvoie à l'idée de circonscription
d'un espace... Quant est-il de la genèse de cette exposition. On parle
d'une conversation entre Jean Hubert Martin et David Eliott en Afrique du Sud.
Est-ce vraiment le point de départ de l'exposition ?
Plutôt David Eliott et Simon Njami... car aprés
les Magiciens de la terre et les positions très critiques pour
lesquelles avait opté La Revue Noire vis-à-vis de cette
exposition, il aurait été difficile pour Simon Njami et
Jean-Hubert Martin de concevoir ensemble cette exposition. Donc David a
demandé à Simon de penser cette grande exposition quand il
était encore à Stockholm, puis comme il est parti pour Tokyo,
l'idée de l'itinéraire de l'exposition s'est amorcée, en
la proposant également à Jean-Hubert Martin qui était
à Düsseldorf. David Eliott a toujours eu comme Simon une vision
trés large de l'art africain.
127 Ce qui était intéressant, c'est que nous
avions Jean-Hubert Martin et sa vision « postmagiciens », avec son
évolution propre, Simon avec La Revue Noire, Bamako, et une
autre analyse mais qui a apporté d'autres jeunes artistes, et David qui
avait comme moi une connaissance large avec notamment la sculpture Shona
d'Afrique du Sud et en tant qu'anglais, toutes les expositions qu'il avait vu
à oxford, tout cela sans aprioris...
Vous avez en quelque sorte joué tous deux le
rôle de médiateurs par rapport aux visions plus tranchées
de Jean-Hubert Martin et de Simon Njami ?
J'étais d'accord avec David Elliott pour rajouter des
jeunes artistes comme Adel Abdessemed, ce qui a été
refusé, Malika Bouhabdellah, Douts, Mounir Fatmi, Mohammed El Baz...
Comment s'est articulée la conception de l'exposition,
c'est-à-dire des rencontres, des réunions ?
Oui, il fallait qu'à chaque fois, les choix soient
validés par l'ensemble des commissaires, chacun apportait ses «
dossiers » mais en général tout le monde était
d'accord. Il y a eu quelques tensions intéressantes sur la
présence des « Magiciens » dans l'exposition : Simon Njami
était assez contre car il voulait sortir de la conception des magiciens,
nous avons fait aussi deux ou trois concessions quant à la collection
Pigozzi, mais en même temps nous voulions absolument exposer
Frédéric Bruly Brouabé et d'autres artistes de sa
génération.
Au niveau de l'espace qui a été attribué
pour l'exposition, comment cela s'est-il décidé au niveau de
l'institution ?
J'avais effectué un rapport pour le Quai Branly, au
moment oü il était question que je gère leur politique d'art
contemporain africain (finalement, ils n'ont pris personne ce que je trouve
assez spécial, mais c'est un autre sujet), et une des priorités
que j'avais mis en avant était l'ouverture du musée par une
grande exposition d'art contemporain africain. Il fallait que Paris fasse
vraiment le point pour exposer des artistes majeurs comme Meschac Gabat de
langue française qui était parti aux Pays-Bas, ou
Barthélemy Toguo ... Le Quai Branly ne m'a jamais répondu mais
j'avais également envoyé cette proposition à Bruno Racine.
Il m'a alors convoqué en me disant qu'il était tout à fait
partant et qu'il fallait absolument organiser cette exposition. En même
temps, le Louvre m'avait déjà contactée pour m'occuper de
l'art contemporain et Jean Hubert Martin que je connais très bien
m'avait mis au courant qu'il était en train de monter une exposition
d'art contemporain africain à Düsseldorf. Je lui ai alors dit qu'il
devait la montrer aussi à Paris.
Il était plutôt pessimiste. J'ai appelé
Bruno Racine en lui expliquant ce projet qui devait passer à Londres,
à Tokyo mais pas à Paris. Alfred Pacquement m'a donc
demandé de m'occuper du commissariat au Centre Pompidou. Quand ils ont
vu son ampleur à Düsseldorf, Londres et Tokyo, le choix de l'espace
s'est immédiatement porté sur l'espace 1, il n'y a pas eu
d'hésitation. Mais pour être honnête, s'il n'y avait pas eu
le soutien de
Bruno Racine, Pompidou n'avait pas envie de prendre cette
exposition, il y avait des résistances : aucun conservateur ne
connaissait les artistes, ils avaient dix ans de retard sur la mondialisation,
sur le post-colonialisme... Marc Alizard et tous ceux qui ont travaillé
sur le colloque m'ont énormément aidé.
C'est là que le Quai Branly, furieux de voir que l'on
organisait une exposition de cette ampleur, et désireux de se
positionner théoriquement s'est raccroché au projet. J'avais
déjà organisé un colloque au Quai Branly sur
l'expérience métisse oü j'avais invité Édouard
Glissant. Là aussi, je m'étais rendue compte des conflits que
cela soulevait avec le Quai Branly...
Pour revenir à l'espace d'exposition, une
scénographe, Nathalie Criniéres nous a été
attribuée. Nous sommes allées à Düsseldorf et nous
avons beaucoup travaillé sur les oeuvres, et elle m'a proposé
d'organiser l'exposition trés simplement autour d'allées, et
çà m'a beaucoup plu car c'était à la fois une sorte
de « ville » qui s'adaptait convenablement aux oeuvres vidéo
avec cette ouverture sur la ville à la fin. Avec un côté un
peu géométrique compensé par des couleurs et qui allait
à l'encontre d'un aspect fouillis, bricolage qu'il y avait à
Düsseldorf avec tout ce faux bois, assez « marché africain
» qui parasitait les oeuvres.
C'est donc elle qui a fait la proposition précise
des découpages de l'espace, des couleurs ?
Oui, je sais que çà a été assez
critiqué alors que c'était assez discret et joli et on ne
critique pas ce genre d'interventions quand il s'agit d'une autre
exposition.
Les couleurs n'étaient pas forcement africaines et
donnaient un peu de diversité et de chaleur par rapport aux
différentes sections. Il fallait changer l'atmosphére en fonction
de chacune et cette proposition s'adaptait bien nos intentions.
Que pensez-vous du graphisme des différents outils de
communication et du catalogue D'Africa Remix ?
J'étais totalement contre des le départ et je
pense que c'est à cause de çà si nous avons eu aussi peu
de monde. Le graphiste était soutenu par le président et nous
n'avons pas pu intervenir. Très mauvaise affiche et très mauvaise
communication réalisée. La seule chose que j'ai pu obtenir est
que le catalogue différe du reste de la communication... Nous avons
rajouté des illustrations sur les textes, remanié le dictionnaire
de Thomas Boutoux et de Cédric Vincent. J'ai énormément
travaillé sur le catalogue pour qu'il soit un véritable
instrument de travail en le sauvant au dernier moment avec un graphisme plus
simple et agréable. Bref, j'ai été complétement
contre cette présentation et d'ailleurs les gens n'y ont rien compris.
Je n'aimais pas non plus ce qu'avait choisi Jean-Hubert Martin et encore moins
Simon Njami avec la photographie de Samuel Fosso mais en même temps,
c'était une meilleure communication. On peut ne pas aimer ce choix mais
l'efficacité aurait été bien meilleure !
Oui, il y avait un réel fossé entre les
différentes communications, très classiques et très sobres
à Londres et en Allemagne et faussement technologique avec ces couleurs
fluorescentes à Paris...
129 C'est exact, je vous montre aussi les visuels du Mori
Museum. Je n'ai pas eu le catalogue ce qui m'a contrariée mais j'ai
reçu les cartons d'invitations. Ils sont assez jolis et plus
ludiques...
Au niveau formel, et avec ces deux années de recul,
auriez vous changé quelque chose à cette exposition ?
Il y a des artistes que je n'aurai pas
sélectionnés. C'était un consensus collectif. J'aurai
restreint la sélection car la disposition était trés
serrée. L'échec de cette scénographie c'est la
difficulté à montrer certains artistes qui étaient
là pour faire « plaisir » à certaines personnes et
qu'on a montré dans le couloir...
Comme Sunday Jack Akpan par exemple ?
Oui, tout à fait. Mais en même temps, un artiste
comme par exemple Benyounès Semtati qui avait réalisé des
fusains sur papier découpé a vendu toutes ses oeuvres et
çà lui a sauvé la vie. On fait des erreurs mais il faut se
mettre aussi à la place de l'artiste. Il y avait en tout cas trois ou
quatre oeuvres mal placées.
Les critiques étaient effectivement acerbes sur cette
notion de couloir...
C'est vrai, j'ai répondu à ces critiques, mais il
ne faut pas exagérer, une seule était exposée dans un
couloir.
Oui, notamment l'article de Maureen Murphy auquel tous les
commissaires ont répondu ouvertement.
Nous n'avions pas la place ! En ce moment pour Louise
Bourgeois, il manque de l'espace pour dix oeuvres et nous les avons
placées en réserve. Mais pour Africa Remix, nous avions
un espace quatre fois plus petit qu'à Düsseldorf ! Soit 500 m2 en
moins. Après il s'agit bien sûr du choix des commissaires, mais
pour des artistes vivants montrés pour la premiere fois à paris,
il aurait été trés dur de mettre leurs oeuvres en
réserve ! Soit on les montre mal, et j'ai pris le parti d'être du
côté des artistes et aucun ne s'est plaint.
Avez-vous vu les autres expositions ?
Oui, Düsseldorf et Londres mais malheureusement pas
Stockholm et Tokyo. Personnellement, j'ai retravaillé avec chaque
artiste surtout sur les oeuvres vidéo par exemple sur celle de Pascale
Marthine Tayou complètement différente à Düsseldorf
et très bien présentée à paris. Bref, nous sommes
reparties à la base sur leurs plans avec Nathalie Crinières qui a
souhaité englober de manière harmonieuse toutes ces «
boîtes » vidéo et il n'y avait pas beaucoup de solutions.
Nous souhaitions commencer par Mounir Fatmi pour sauter les obstacles et
poursuivre avec Yinka Shonibaré puis finir par les grandes salles avec
en grand les oeuvres de William Kentridge, enfin j'ai voulu mettre en avant les
choses qui me paraissaient importantes, des gens que le public devait
découvrir comme Mohamed El Baz. Les artistes qui étaient
présents ont vraiment participé à la scénographie
et ont eu leur mot à dire.
130 Mais ensuite Jean Hubert martin arrivait avec des petites
sculptures alors qu'avec Simon Njami, nous étions d'accord au niveau de
la disposition des oeuvres et il fallait en rajouter de Düsseldorf ce qui
a posé un certain nombre de problémes. J'étais d'accord
pour un Chéri Samba mais pour certains, beaucoup moins.
Françis Sumégné du Cameroun par exemple
était annoncé et n'a pas été
exposé...
Oui, nous nous sommes posé des questions sur un certain
nombre d'artistes puis nous nous sommes dit que ce n'était pas le
contexte approprié pour les exposer... Au dernier moment, Simon Njami a
tranché. Nous voulions éviter de revenir en arrière sur
les Magiciens de la Terre.
Ma dernière question : quelle exposition pourrait
faire suite à Africa Remix ?
Cette exposition était selon nos souhaits de
départ la dernière de ce type. Toutes les critiques que nous
avons reçues de ghettoïsation ... prouvent qu'il fallait la faire
comme une synthése de toutes celles qui l'avait
précédée et surtout parce qu'il n'y en avait jamais eu
à Paris, tous les artistes en ont été satisfait car elle
leur a permis un rayonnement international au-delà de cette
problématique africaine mais je n'imagine plus du tout organiser une
exposition d'art africain contemporain. Ils seront à l'avenir des
artistes de la planéte sélectionnés au même titre
que des artistes d'Europe ou d'Asie.
Donc pour vous ce titre Africa Remix répondait bien
à cette intention de remixer toutes les expositions qui avaient eu lieu
auparavant ?
Plutôt le remix de différentes tendances ou
personnes : le mélange de visions entre Simon Njami, Jean Hubert Martin,
et moi-même ! Et surtout de mener à des réflexions profonde
sur ce que signifie actuellement cette cartographie éclatée :
comment cette planète bouge et comment nous devons penser à nous
resituer pour considérer l'art occidental, c'est ce que je dis dans mon
texte, ce renversement de partie du point de vue identitaire et le
positionnement de l'artiste au sortir des différentes écoles
africaines. Les prémices de l'art africain moderne en quelque sorte, il
manque des sources historiques.
Créer l'histoire de l'art contemporain africain en
quelque sorte ?
Ce serai trés intéressant d'organiser une
exposition sur ce theme : les prémices de l'art contemporain africain
avec les écoles coloniales, celle de Poto-Poto, montrer les transitions
qu'il y a eu avant, des années 1960 aux années 1980.
Le maillon manquant !
Oui exactement, c'est ce que j'ai toujours défendu dans
mes textes !
Université de Rennes 2 -- Haute Bretagne UFR
Arts Lettres et Communication
Centre Pompidou
25 Mai -- 8 Août 2005
Volume iconographique*
Mémoire présenté pour l'obtention
du Master 2 professionnel « Métiers et Art de l'exposition
» Delphine Calmettes Sous la direction d'Elvan
Zabunyan Année universitaire 2007 -- 2008
* Ce document présente des photographies des oeuvres
« Africa Remix » citées dans le mémoire par artiste et
par ordre alphabétique.
Sunday Jack Alpan, Chef de police (3
galons), 1989 Ciment armé et retravaillé
184,5 x 54 x 41 cm
Musée d'Art Contemporain de Lyon
Jane Alexander, African Adventure,
1999-2002 Installation, technique mixte et sable du bush Environ 400 x
900 cm Courtoisie l'artiste
Fernando Alvim, Belongo, 2003
Drapeau belge avec inscriptions cousues 190 x 190 cm
Courtoisie Collection Sindika Dokolo
Ghada Amer
Black and White Kiss, 2003 Acrylique, gel et broderie
sur toile
200 x 213 cm
Ovitz Family Collection, Santa Monica.
Joël Andrianomearisoa, Les Portes,
2004-2005 Installation textile avec vidéo
Dimensions variables
Courtoisie l'artiste
Yto Barrada, Colline du Charf, Lieu
dit du tombeau d'Antée, Tanger, 2000 Photographie couleur 103 x
103 cm
Courtoisie l'artiste et galerie Polaris, Paris
Willie Bester, For those left behind,
2003 Métal recyclé
470 x 218 x 140 cm
Courtoisie l'artiste
Bili Bidjocka, The room of tears / Pediluve
#4, 2003
Installation vidéo sonore
Berry Bickle, Swimmer, 2004 4
photographies couleur
Tissus, technique mixte
84 x 119 cm (chacune)
Courtoisie l'artiste
Andries Botha, History as an aspect of
oversight in the process of progressive blindness, 2004 Installation,
technique mixte Dimensions variables Courtoisie l'artiste
Zoulikha Bouabdellah, Dansons, 2003
Installation vidéo DVD
(durée 5 `)
Dimensions variables
Courtoisie l'artiste
Frédéric Bruly
Brouabré, Mythologie bété,
1987-1988 Ensemble de 19 dessins Crayon et stylo bille sur carton
d'emballage 14,5 x 9,6 cm (chacun) Paris, Centre Pompidou, Musée
national d'art moderne
Paulo Capela, Che Guevara, 1999
Installation, technique mixte
Environ 200 x 200 cm
Courtoisie Camouflage
Soly Cissé, Monde perdu I - XVI,
2003 16 dessins Fusain sur papier 47,50 x 52 cm
(chacun) Courtoisie l'artiste
Cheikh Diallo, Salle de lecture pour
«Africa Remix», 2004 Mobilier divers (métal,
matériaux recyclés et plastique) Dimensions variables
Courtoisie l'artiste
Dilomprizulike, Waiting for bus,
2003 Installation, technique mixte et vidéo 16 personnages, 180 cm
de hauteur environ et 275 cm de longueur Courtoisie l'artiste
El Anatsui, Open(ing) Market, 2004
Installation, technique mixte
Dimensions variables
Collection de l'artiste, Courtesy October Gallery, Londres
Mohamed El Baz, Bricoler l'incurable.
Niquer la mort / Love supreme, 2004 Installation avec vidéo,
technique mixte Dimensions variables Courtoisie l'artiste
Mounir Fatmi, Obstacles, 2003-2005
Installation, technique mixte avec vidéo Dimensions variables
Courtoisie l'artiste
Balthazar Faye, Bar musical pour
«Africa Remix», 2004 Mobilier divers (technique
mixte) Dimensions variables Courtoisie l'artiste
Amal et Abdel Ghany Kenawy, Frozen
Memory, 2003
Installation vidéo
Dimensions variables Courtoisie les artistes
William Kentridge, Sans titre
(Anamorphose), 2001 Fusain sur papier monté sur cylindre
métallique 92 x 106 cm Courtoisie l'artiste, Goodman Gallery,
Johannesburg et Marian Goodman Gallery, New York
Body Isek Kingelez, Projet pour le Kinshasa
du IIIe millénaire, 1997
Bois, papier, carton 100 x 332 x 332 cm Courtoisie Fondation
Cartier pour l'art contemporain, Paris
Abdoulaye Konaté, L'initiation,
2004 7 éléments Tissus, technique mixte 265 x 180 cm
(chacun) Courtoisie l'artiste
Goddy Leye, Dancing with the Moon,
2002
Projection de DVD, miroirs, lumière bleue, ventilateur
Dimensions variables
Courtoisie l'artiste et Centre d'Art Contemporain, Friburg
Georges Lilanga Di Nyama, Uishi na majirani
zako vizure ili ukipat wan na shida watakusaidia, 1992 [Aie de bonnes
relations avec tes voisins, il t'aideront quand tu seras dans le
besoin] Acrylique sur bois et bois peint Dimensions variables CAAC
(Contemporary African Art Collection), Collection Jean Pigozzi,
Genève
Franck K. Lundangi, Femme à
l'enfant, 2003 Technique mixte sur toile
162 x 80 cm
Courtoisie l'artiste
Michèle Magema, Oyé
Oyé, 2002 Installation, projection de 2 DVD en
boucle (durée 5') Dimensions variables Courtoisie l'artiste
Abu Bakarr Mansaray, The Sector 2000,
2000 Stylo, crayon noir et crayon de couleur sur papier 56 x 75 cm
Courtoisie l'artiste
Julie Mehretu, Enclosed Resurgence,
2001 Encre et acrylique sur toile 122 x 152 cm Collection
particulière, New York
Hassan Musa, Great American Nude, 2002
Encre sur tissu
204 x 357 cm
Courtoisie l'artiste
Wangechi Mutu, A passing Thought such
Frightening Ape, 2003 Encre et collage sur feuille de Mylar 172 x
127,5 cm Courtoisie l'artiste et Suzanne Vielmetter Los Angeles Projects
Ingrid Mwangi, Down by the river,
2001
Installation (technique mixte) avec projection DVD
(durée 22') en boucle Dimensions variables Courtoisie
l'artiste
Moataz Nasr, Tabla,
2003 Installation : projection de DVD, environ 100 tablas (tailles
diverses) Dimensions variables Courtoisie l'artiste
Octobong Nkanga, Tripped bared II, V, VIII,
IX, X, 2003 5 photographies couleur
50 x 80 cm chacune
Courtoisie l'artiste
Antonio Ole, Townshiphall n° 10,
2004
Assemblage en 16 parties de tôles ondulées, portes,
fenêtres et autres matériaux de récupération 180
x 120 cm (chacune) Courtoisie l'artiste
Rodney Place, Three Cities Triptych (Cape
Town, Joahnnesburg, Durban), 2002 Technique mixte, résine
Cape Town et Johannesburg: 123,5 x 82 x 8 cm
Durban: 123,5 x 123,5 x 8 cm
Courtoisie l'artiste
Chéri Samba, Le Monde
vomissant, 2004 Acrylique sur toile 200 x 260 cm CAAC
(Contemporary African Art Collection), Collection Jean Pigozzi,
Genève et Collège de la sagesse, 2004
Acrylique sur toile 200 x 250 cm CAAC (Contemporary
African Art Collection), Collection Jean Pigozzi, Genève
Zineb Sedira, Mother, Father and I,
2003
Installation, 3 projections de DVD
Dimensions variables
Commande du Contemporary Art Museum, Saint-Louis, Missouri, USA
Courtoisie The Agency, Londres et galerie Kamel Mennour, Paris
Benyounès Semtati, Sans titre ,
1999
Fusain sur papier découpé 184 x 454
cm Courtoisie l'artiste
Yinka Shonibare, Victorian Philantropist's
Parlour, 1996-1997 Installation, technique mixte
Dimensions variables
Collection Eileen Harris, Norton et Peter Norton, Santa Monica
Allan de Souza, A blurring of the world, a
refocusing seconds, minutes, hours, days, maybe years later, with everything
put together differently in ways he doesn't understand,
2003 Photographie couleur 50,80 x 119,40 cm Courtoisie Talwar Gallery,
New York
Pascale Marthine Tayou, L'urbanité
rurale, 2004-2005 Installation, technique mixte + vidéo
Dimensions variables
Courtoisie l'artiste
Patrice Félix Tchicaya, Fin de
cycle, 2000-2001 Installation vidéo et sonore, 3 DVD,
miroirs Dimensions variables Courtoisie l'artiste
Barthélémy Toguo, Innocent
Sinners, 2004 Installation, technique mixte avec vidéo
640 x 720 x 500 cm
Courtoisie l'artiste, Galerie Anne de Villepoix, Paris et
Institute of Visual Arts, Bandjoun, Cameroun
Cyprien Tokoudagba, Vodoun Dangbe,
1995 Acrylique sur toile 181 x 255 cm CAAC (Contemporary African Art
Collection), Collection Jean Pigozzi, Genève
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