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Développement urbain et prolifération des quartiers précaires à Abidjan: le cas du quartier Banco 1 (commune d'Attécoubé )( Télécharger le fichier original )par Kouame Prosper YAO Institut national polytechnique Houphouët Boigny de Yamoussoukro - Ingénieur des techniques en batiment et urbanisme 2010 |
INDEX DES PHOTOGRAPHIES
Photo 1 : vue panoramique d'une partie du quartier Banco1 INTRODUCTIONL'urbanisation est un acte majeur dans la recherche du bien-être des populations en termes d'amélioration de leur condition de vie par la mise en place d'une politique soutenue en matière de planification urbaine. Cet acte, bien naturellement, devra être le leitmotiv de tous pays soucieux du droit à un environnement sain et du droit à la personne humaine. L'urbanisation, s'appuyant sur toutes les méthodes de planification urbaine, met en exergue le mode et l'orientation de développement d'un Etat sur le plan économique en général et en particulier, sur le plan sociologique, culturel, psychologique, architectural, urbanistique, industriel, etc. Un pays urbanisé se caractérise par l'aspect extérieur et le nombre de villes qu'il possède et ensuite le nombre de citadins qui s'y trouvent. La taille et l'importance d'une ville dépend du nombre et de la qualité des infrastructures qu'elle regorge. L'on parlera alors d'une petite, moyenne ou grande ville, non pas parce qu'elle s'étend sur une surface relative, même si ce volet est à considérer, mais parce qu'elle offre à l'urbain, toutes les commodités lui facilitant une meilleure condition de vie. Or, à Abidjan, il nous est donné de constater que dans la quasi-totalité des communes, il existe des quartiers précaires construits sur des sites formels et informels présentant souvent des risques. L'existence de ces quartiers à risque dégrade non seulement l'aspect cohérent de l'aménagement projeté par l'urbaniste, mais aussi, met en exergue le niveau de paupérisation d'une frange de la population, notamment les plus défavorisées. Abidjan, jadis appelée « la perle des lagunes » est aujourd'hui le reflet d'une ville non planifiée et désorientée ; résultat d'une croissance démographique non maîtrisée. Il n'y a plus de repère. Les bidonvilles existent partout sous le regard impuissant des pouvoirs publics. Par conséquent, la cohabitation disharmonieuse entre les quartiers normalisés (classiques ou huppés) et les quartiers constitués d'habitats spontanés (précaires ou non) nous amène à effectuer une analyse critique de la situation. Ainsi, dans l'étude qui va suivre, nous tenterons d'identifier dans un premier temps, les causes qui ont engendré la prolifération des quartiers précaires et dans un deuxième temps énoncer quelques solutions pour régler le problème des quartiers précaires existant dans des zones à risque. CONTEXTE ET CADRE DE L'ETUDEL'urbanisation de la majorité des pays développés ou industrialisés date des premiers siècles pour certains et bien longtemps, avant Jésus-Christ, pour d'autres. En effet, la Grèce, un Etat d'Europe du sud faisant partie de ces pays, est située dans l'extrême sud des Balkans, avec pour capitale Athènes. Ce pays est considéré comme le berceau de la culture européenne. C'est sur son territoire et dans ses cités (Grèce antique) que seraient nés la philosophie, la démocratie, le théâtre, et d'autres ouvrages architecturaux. On lui doit aussi l'invention des Jeux olympiques. A cette époque déjà, la Grèce s'est faite remarquée par son architecture de grande qualité et son développement en matière de planification urbaine qui attirent, aujourd'hui encore, de nombreux touristes. S'agissant de la plupart des pays d'Afrique subsaharienne, il est à noter que l'urbanisation est un phénomène récent. En Côte d'Ivoire, les données disponibles ne permettent pas de remonter loin dans le temps pour se situer sur l'origine de cette urbanisation (INS, 2001). C'est véritablement à partir de 1975 qu'il y a eu le premier recensement général de la population et de l'Habitat et qu'on a pu établir une base de données sur l'évolution de la démographie urbaine. Depuis cette date, le taux de croissance démographique urbaine n'a cessé de croître (Tableau 1). Tableau 1 : Evolution de la population urbaine en Côte d'Ivoire
Source : INS (2001), Urbanisation-Tome 13, Page 13. Cependant, il est à noter que cette évolution démographique de la Côte d'Ivoire dans les villes dépend d'un certain nombre de facteurs :
Il faut rappeler aussi que la ville d'Abidjan qui a été érigée en une commune de plein exercice subdivisée initialement en dix communes locales depuis la loi n° 80-1180 du 17 octobre 1980 instituant l'organisation municipale, est aujourd'hui associée à trois sous-préfectures (Anyama, Bingerville et Songon) formant ainsi le District d'Abidjan selon la loi 2001-478 du 9 août 2001 portant statut du District d'Abidjan et ensuite à d'autres localités telles que Jacqueville, Dabou et Grand Bassam. Toutes ces localités réunies forment « le Grand Abidjan ». Sous ce vocable, la ville d'Abidjan qui couvrait 442 km2 s'étend désormais sur un territoire urbanisable de 550 km2. Les superficies actuellement urbanisées couvrant environ 200 km2 en 2010 (36,4%)1, alors que selon les résultats du Recensement Général de la Population et de l'Habitation (RGPH) de 1998, Abidjan avait un taux d'urbanisation de 95,8%. Par ailleurs, selon l'INS (2001), la ville d'Abidjan qui comptait en 1912 et en 1998, une population respective de 1400 et 2 877 948 habitants, compte en 2003, selon les chiffres officiels publiés par le District d'Abidjan en 2004, environ 4 millions d'habitants (3 660 682), représentant un taux de croissance démographique de 4%, soit une progression annuelle de 160 000 habitants équivalente à 27 000 ménages. Abidjan et ses banlieues reçoivent donc toutes ces populations estimées en 2006 à 5 060 858 d'habitants (District d'Abidjan, 2004). 1 Source : les dossiers thématique de l'Institut de Recherche de Développement (IRD, 2010), http://www.ird.fr. Parmi ces populations, les plus défavorisées et démunies s'installent principalement dans les quartiers spontanés qu'ils créent eux-mêmes sur des terrains classés non constructibles et présentant pour certains des risques d'origine anthropique ou naturelle. Ces zones sont d'ailleurs par excellence, les sites privilégiés de ces populations. On s'installe donc comme on veut et comme on peut (photo 2), en dépit des risques évidents que présentent ces zones. Ces populations majoritairement analphabètes quelque soit leurs origines, ignorent l'existence des normes de construction et les règles d'urbanisme en vigueur. C'est donc dans ce contexte que le quartier Banco 1 a été choisi pour mener cette étude. Photo 2 : Baraques servant de logement
à des populations démunies à Abidjan |
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