INTRODUCTION
La population de l'Afrique sub-saharienne est passée de
578,5 millions en 1995 à 659 millions en 2000 avec une croissance
annuelle d'environ 2.5 % (World Bank, 2001). Elle ne cesse de s'accroître
et suivant les projections de la Banque Mondiale, ce chiffre sera de 1,500
milliards d'habitants en 2020. Cette croissance créera une forte demande
en besoins alimentaires.
En effet, dans de nombreux pays en développement, les
taux de chômage réels seraient de l'ordre de 40 à 50 % soit
400 à 500 millions de personnes (GERM, 2001) et 792 millions de
personnes souffrent de la sous-alimentation dans les pays en
développement (Sedes, 2002).
Au cours des années à venir, l'agriculture
africaine devra relever un défi: celui de subvenir aux besoins d'une
population en croissance rapide. Il lui faudra accroître suffisamment la
production vivrière et les revenus pour assurer la
sécurité alimentaire en Afrique sub-saharienne.
Le défi de la recherche agricole est énorme.
Elle doit accroître la productivité et la
compétitivité de l'agriculture en améliorant les
rendements des cultures, la qualité des produits tout en conservant
l'environnement.
Parmi les principales cultures devant conduire à cette
sécurité alimentaire figure le niébé, Vigna
unguiculata (L.) Walp, l'une des légumineuses à graines les
plus cultivées en Afrique occidentale.
Pour les pays de la zone sahélienne, tel que le Niger, la
production de niébé qui était de 589.000 tonnes en 2005
est passée à 1.042.000 tonnes par an en 2007 (INS, 2008).
Les graines de cette légumineuse, constituent la source
de protéines la moins onéreuse pour la plupart des populations
africaines. En effet, les graines de niébé contiennent la plupart
des acides aminés nécessaires à l'alimentation humaine,
à l'exception des acides aminés soufrés (Smart 1964).
C'est donc un aliment de haute valeur nutritive qui pourrait
aider les populations locales dans leur effort vers l'autosuffisance
alimentaire. Dans les sols riches et irrigués, les rendements sont
élevés et sa commercialisation représente une source de
revenus importante. Au delà de son intérêt alimentaire, le
niébé revêt donc un intérêt économique
certain.
En effet outre les bactéries, les champignons, les
nématodes, les virus responsables de la détérioration de
la qualité des semences, de la fonte des plantules, des pourrissements
des graines et d'autres maladies des racines, des feuilles, le
niébé subit également la pression parasitaire d'une faune
entomologiquement importante dont les coléoptères Bruchidæ
représentent un des groupes les plus redoutables.
Dans la zone sahélienne et soudano-sahélienne,
deux espèces de Coléoptère Bruchidæ
séminivores, Callosobruchus maculatus Fab. et Bruchudius
atrolineatus Pic. représentent les principaux ravageurs des graines
du niébé (Vigna unguiculata L. Walp.) en stockage.
Les stades larvaires de ces insectes ravageurs se
développent à l'intérieur des graines et consomment les
réserves contenues dans les cotylédons. Un taux d'infestation
initial des graines de 10 % par des larves de ces bruches suffit pour
détruire en quelques mois 60 à 70 % de la récolte du
niébé (Gauthier, 1996). Les pertes occasionnées par ces
insectes Coléoptères Bruchidæ limitent
considérablement la production du niébé en rendant
très difficile sa conservation après la récolte.
Selon les travaux réalisés au Nigeria (Caswel,
1961 ; Prevett, 1961) et au Niger (Alzouma, 1981), des stocks entiers de
niébé peuvent être détruits au bout de trois
à quatre mois de stockage dans les greniers traditionnels en tiges de
mil ou en argile, et dans les sacs de jute par ces deux espèces de
bruches. Dans une étude réalisée au Nigeria, les pertes
annuelles dues aux bruches sont évaluées à 30 millions de
dollars (Singh et al. 1983).
Au Niger même si on estime les dégâts a 30%
de la production, ce qui est vraisemblablement en dessous de la
réalité et en tenant compte du prix approximatif d'un sac de 100
kg à la période de récolte (environ 10 000 FCFA), les
pertes pourraient s'évaluées à 30 milliards de FCFA
(Alzouma, 1981)
En outre, au cours de leur développement, les larves de
bruches éliminent l'azote sous forme d'acide urique toxique qui
s'accumule à l'intérieur des graines, ce qui rend le
niébé parasité impropre à la consommation
(Gauthier, 1996).
Le problème est donc important et la question est de
savoir comment limiter de tels dégâts. Les méthodes de
lutte utilisées jusqu'à présent ont surtout porté
sur le contrôle de populations d'insectes ravageurs dans les stocks
après récolte. Dans les centres de stockage important, des
insecticides sont souvent utilisés ; au niveau paysan, des plantes
insecticides ou répulsives, des cendres et des
huiles... sont utilisés. Dans la plupart des cas, ces
traitements sont peu efficaces, car les attaques des C. maculatus et
B. atrolineatus debutent, comme chez les autres bruchidae (Labeyrie,
1962) dans les champs puis se poursuivent dans les stocks. Les graines sont
donc contaminées à la récolte.
Il est donc très important de connaître la biologie
de ces espèces enfin de mener une lutte efficace contre ce
fléau.
Aussi, la mise au point de toute stratégie de lutte
anti-ravageur, tant préventive que curative, nécessite une
connaissance préalable des facteurs dont dépendent leur biologie
et leur comportement.
Depuis les théories d'Andrewartha et Birch (1954) on
sait que les facteurs climatiques jouent un rôle important sur la
dynamique des populations d'insectes. Parmi ces facteurs, la
thermopériode, la photopériode et l'hygropériode tiennent
une place prépondérante dans la régulation des fonctions
physiologiques des insectes.
En étudiant les paramètres démographiques
de C. maculatus en conditions naturelles au Burkina Faso, Sanon (1997)
a montré que l'accroissement de températures et de
l'humidité relative entraîne chez cette espèce, une
augmentation de la capacité intrinsèque d'accroissement et une
diminution du temps de génération.
Le présent travail s'inscrit dans cette méme
logique et traite des paramètres biodémographiques de C.
maculatus provenant des différentes zones agro écologiques
du Niger.
Depuis très longtemps on sait que les paysans utilisent
certaines plantes de la nature dont Boscia senegalensis dans la
protection des stocks de niébé et plusieurs études ont
été menées pour améliorer son utilisation. Dans
cette étude il est question de déterminer les paramètres
démographiques des adultes expérimentés de C.
maculatus afin de comparer avec d'autres paramètres
déterminés dans une atmosphère sans Boscia
senegalensis.
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